girls night out → alexie

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Cleo n’a pas réellement eu d’adolescence. Entre le traumatisme lié à la mort de ses parents, le fait de devoir changer de continent et puis de devoir bosser pour aider sa mère adoptive, il n’y avait tout simplement pas le temps de sortir faire la fête avec ses amis collégiens. Et puis après, il n’avait pas été question d’aller la faire avec ses collègues qui avaient l’habitude des sales histoires. Elle bossait avec eux parce qu’elle n’avait pas le choix mais elle ne faisait clairement pas partie de leur milieu. Bref, tout ça pour dire que maintenant qu’elle peut enfin souffler un peu et se le permettre, l’écossaise se rattrape autant que possible. Ce soir-là, elle est en compagnie d’Alexie – Alex pour les intimes, à ne pas confondre avec l’autre Alex -, elles avaient d’abord commencé la soirée dans un bar et puis, après quelques – disons un certain nombre – de shots, elles avaient décidé de migrer vers la fête foraine de Wellington. Heureusement que le bar où elles ont débuté la soirée ne se trouve pas loin, sans quoi il lui aurait sans doute été impossible de se rendre jusque-là à bicyclette. D’ailleurs, il faudrait qu’elle songe à appeler un taxi lorsque viendrait l’heure de rentrer. Ou appeler son mari mais elle n’a pas envie de le déranger, elle peut se débrouiller seule, c’est une grande fille.

Bref, un gobelet rempli de bière dans une main, une clope dans l’autre, Cleo est assise en équilibre sur une espèce de barrière, attendant sagement son tour dans la file d’attente pour monter sur des montagnes russes tellement grandes qu’elles lui font penser à Nessie, le gentil monstre nageant dans un lac pas loin de chez elle. La rouquine balance la tête en rythme avec la musique avec peut-être un peu trop d’enthousiasme puisqu’elle tombe à la renverse, renversant tout le contenu de son gobelet par terre par la même occasion mais en se cramponnant à sa cigarette.

« Wow la vache. La pièce vient de tourner un coup. »

Sauf qu’elles ne se trouvent pas dans une pièce mais quelle importance ? Elle tend la main à Alex pour qu’elle l’aide à se relever et réalise seulement à ce moment-là que sa main qui tenait le gobelet même pas cinq secondes plus tôt ne tient plus rien à présent.

« Merde… ma bière… »

Elle pourrait sortir de la file pour aller en chercher une autre mais ça serait bête de perdre leur place. D’autant plus que ça avance enfin.

Qui peut bien avoir envie de vomir ? Voilà la question qui retient toute l’attention de Cleo tandis qu’elle bascule en arrière en reversant tout – surtout son gobelet, en fait – sur son passage. Mais celle-ci sort très vite de sa tête au moment où elle se rend compte qu’il n’y a plus de bière dans ledit gobelet. Ô tristesse, ô désespoir, quelle injustice… alors elle tend la main à Alexie pour qu’elle l’aide à se relever mais celle-ci la fait attendre parce qu’elle tient leurs deux verres. Quelque chose cloche dans cette situation et elle ne parvient pas à mettre le doigt dessus. Mais il faut dire qu’elle n’essaye pas vraiment non plus. Alors elle attend. Mais pas trop longtemps non plus, ce qui est une bonne chose parce qu’elle commence tout doucement à se geler les miches par terre. Puis, dès qu’elle est remise sur ses pieds, son amie se met à lui parler de Destination Finale. Oui, bien sûr qu’elle a vu le 3, elle les a tous vus et elle est d’accord sur le fait que le 3 soit indéniablement le meilleur.

« Ouais t’as raison, on devrait pas parler de ça juste avant de monter là-dedans. Mais par précaution, on devrait demander à tous ces clowns s’ils n’ont pas l’intention de filmer pendant qu’on y sera et leur confisquer leur jouer. » déclare-t-elle en désignant les autres personnes présentes dans la file d’attente du doigt.

Mais comme la file d’attente se met enfin à avancer, elle n’y pense pas plus longtemps, ce qui est tout aussi bien. L’écossaise n’a certes pas une longue expérience des montagnes russes mais elle sait quand même que c’est mieux de se placer à l’arrière. Ou en tout cas, elle comprend l’explication selon laquelle ça serait mieux ; c’est un peu comme quand on s’assied dans un bus à accordéon, quand on s’installe tout dans le fond, on ressent chaque virage et soubresaut plus intensément qu’à l’avant. Bref, elle prend Alexie par le bras – elle qui est si distante quand elle est sobre, là elle pense pouvoir se permettre ce très léger rapprochement – et l’entraîne vers le dernier wagon tandis qu’elle s’étonne d’avoir fini son verre.

« T’en fais pas, on en reprendra une à la sortie. »

Elles s’installent et Cleo vérifie à plusieurs reprises que la sécurité reste bien en place tout comme elle le devrait. Impecc’, c’est parti. La rouquine se met à siffler ce qui incite les autres à faire de même.

C’est promis, si elle a une vision, elle n’en parlera pas. Déjà parce que ça la ferait flipper de façon monumentale. Et dans ces cas-là, Cleo est plutôt du genre taiseuse. Par contre, elle est tout à fait d’accord sur le fait que le solarium, c’est nul. Et sûrement que ça file le cancer, même, oui. De toute façon, elle voudrait même essayer qu’elle ne pourrait pas, elle n’est pas rousse pour rien et si c’est pour finir aussi rouge qu’une tomate alors non merci. Mais la rouquine a l’impression de toujours parler de ça aussi n’en dit-elle rien pour l’instant. Elle se contente de ricaner bêtement et de rebondir sur ce qu’Alexie vient de dire au sujet de l’eau du robinet.

« Le gouvernement essaye de te contrôler grâce à ça, tu le sais ? »

C’est ce qu’elle a entendu dire dans un film en tout cas et ça ne lui paraît pas plus idiot qu’autre chose. Bref, puisque tout ces gens râlent parce qu’elles les bousculent un peu pour avoir les places qu’elles veulent et que son amie essaye tant bien que mal de s’excuser en leur faisant croire qu’elle a fait de la figuration dans Game of Thrones, Cleo se sent obligée d’ajouter un :

« C’est ça, valar morghulis. »

Et lorsqu’un type lui répond « valar dohaeris », elle est prise d’un fou rire. Quel geek ! Ce qu’elle est aussi mais soit, c’est un détail. Toujours est-il qu’elles ont les places qu’elles veulent et ça, c’est cool. Tandis qu’elles s’harnachent, Alexie lui confie qu’elle n’a jamais regardé un seul épisode de Game of Thrones et lui pose une question à laquelle elle répond de but en blanc :

« Oui. Mais c’est pas très grave, faut pas faire quelque chose juste parce que tout le monde le fait. »

Le genre de comportement qu’elle n’avait jamais réussi à supporter. Les moutons ça craint, ne leur en déplaise. Et puis ça commence à bouger. Pour l’instant tout va bien. La jeune femme lui annonce qu’elle est certaine de vomir à un moment donné et tout ce que l’écossaise trouve à dire, c’est :

« Ah ouais ? Alors tourne la tête de ce côté-là, steuplaît. »

Donc dans le vide et tant pis pour les trois crétins qui seraient assis en-dessous. De son côté tout baigne. La montée leur permet d’avoir une super vue et la descente… aussi mais c’est tout de suite beaucoup moins fun. Elle hurle comme elle n’a probablement encore jamais hurlé.

« Tu crois qu’on va mourir ?? »

Parvient-elle quand même à placer entre deux cris.

Mais non, pas grâce aux films d’horreur. Quoique, peut-être que oui, aussi. Il parait que les films sont tous politisés alors peut-être bien qu’on essaye également de prendre le contrôle de leurs cerveaux grâce aux films d’horreur. Ceci expliquerait pourquoi c’est sûrement le genre qui sort le plus souvent… Sauf qu’avec tout ça, Cleo a perdu le fil de sa pensée et ne sait plus très bien d’où cette conversation à bien pu partir ni ce qu’elle voulait dire sur le sujet. Tant pis. De toute façon, après en être pratiquement venues aux mains pour avoir la place tant convoitée, c’est à présent le moment de monter dans l’attraction. Pour l’instant tout est cool, tranquille, relax. Jusqu’à ce que la sécurité s’abaisse et que la rouquine soit submergée par une mini-bouffée de panique. Ce qui la pousse à vérifier que ça ne risque pas de céder au pire moment mais tout à l’air en règle. De prime abord, en tout cas. De toute façon, il est déjà trop tard pour descendre. C’est à peu près à ce moment-là qu’Alexie lui fait le serment de ravaler son vomi. Ah, certes, on a connu plus glamour mais qui ne l’a jamais fait ?? Elle hoche la tête tandis que l’engin se met en marche.

Et puis, la question que tout le monde se pose inévitablement à un moment ou à un autre dans une situation telle que celle-ci, franchit ses lèvres. Vont-elles mourir ? Oui comme tout le monde mais pas aujourd’hui. En tout cas, ça, c’est ce qu’Alexie pense et ça rassure un peu Cleo. Qui n’a ensuite plus l’occasion d’ouvrir la bouche si ce n’est pour crier. Hurler serait plus juste, comme si on était en train de l’égorger mais il faut bien admettre que ça aide. A ne pas vomir, voire à ne pas tomber dans les pommes. Dans le fond, c’est assez drôle comme sensation. Un peu comme quand elle pousse le moteur de sa voiture à fond sur une route pratiquement déserte. Ce qui lui a valu son retrait de permis soit dit en passant mais soit. Et puis, aussi subitement que ça a commencé, ça s’arrête. Et c’est genre radical, au point que l’écossaise commence à se plaindre un peu pour ses pauvres reins. Telle une petite vieille. Ça ne l’empêche pourtant pas de faire un high five avec Alexie, oui, elles sont toujours en vie et personne n’a été malade, il faut fêter ça !

« La maison hantée, ça m’a l’air cool. Mais on devrait se reprendre un verre avant. »

Bien sûr, quelle bonne idée quand on voit Alexie se prendre les pieds dans on ne sait quoi. Mais ce n’est pas bien grave, Cleo est là pour l’aider comme en témoigne le fait qu’elle la prenne par le bras. Elle qui, sobre, n’est pas du tout tactile, ça la change pas mal. Puis il faut bien admettre qu'à deux, c'est plus facile de retrouver son équilibre.

Spoiler:

Que ça soit la remarque du jeune type à la sortie du manège ou la réponse de son amie, Cleo ne sourcille pas, on pourrait même aller jusqu’à dire que ça lui en touche une sans faire bouger l’autre. C’est qu’elle a passé la trentaine récemment, certes, mais elle ne se sent pas vieille pour autant. La réelle question qu’on peut se poser, c’est comment se sentir vieux quand on passe tout son temps libre à jouer à la console avec des gens qui ont souvent la moitié de votre âge mais pas que, quand votre frigo est vide mais votre congélateur est lui rempli de pizzas surgelées et de pots de Ben&Jerry’s et quand vous ne conduisez pas un break familial mais vous vous déplacez à vélo ? Non seulement Cleo ne se sent pas vieille mais elle ne se sent même pas adulte du tout. D’ailleurs, si c’était le cas, elle ne serait probablement pas là en ce moment donc c’est une chance. Bref, la rouquine les pilote toutes les deux jusqu’à un stand parce qu’il n’est pas question d’affronter une maison hantée sans reprendre un verre quand Alexie émet l’envie de prendre quelque chose à manger aussi. C’est à cet instant qu’elle se rend compte qu’elle mangerait bien quelque chose aussi.

Si on entre dans le délire d’Alex, alors elle aurait besoin d’M&M’s qu’elle pourrait jeter au sol dans l’espoir de faire tomber l’une ou l’autre goule qui aurait décidé de s’en prendre à elles sauf que bon, elle doute quand même de trouver ça ici. Peut-être qu’il lui reste un fond de paquet dans son sac ? Elle vérifierait ; en attendant, elle écoute son amie qui se met soudain à parler d’eau bénite. Cette idée lui paraît pleine de bon sens. Elle passe d’abord commande, son choix s’étant finalement porté sur du popcorn et a ensuite une illumination.

« Y a des toilettes, là. On peut aller y chercher de l’eau et puis dire deux-trois mots en latin pour la bénir, s’il faut. C’est comme ça que ça marche, non ? »

Sûrement. D’ailleurs, dans Buzzfeed Unsolved, Ryan se promenait toujours avec de l’eau bénite sur lui. A la différence que lui allait dans des endroits supposés vraiment hantés et pas dans une fête foraine mais soit, détail.

« Tu sais parler latin, toi ? »

Parce qu’elle non, c’est bien là que réside tout le problème. Même si, si elle le voulait vraiment, elle pourrait aller rechercher le salut des gladiateurs fait à César dans l’arène dans un coin de sa tête.

L’espace d’une seconde, Cleo est totalement subjuguée par les connaissances en latin d’Alexie. Wow, que de talent. Puis tout s’écroule lorsque son amie sort Buffy et surtout Supernatural comme références. Okay, Buffy c’est de leur génération et la rouquine mentirait si elle affirmait n’avoir jamais regardé un seul épisode des aventures de la chasseuse de vampire mais Supernatural… c’est comme pour Doctor Who, elle ne comprendrait jamais le succès que ces séries ont. Bref, répéter « satanica » en boucle, voilà ce qu’elle retient de tout ça. Elle peut le faire, ça. Les deux jeunes femmes s’attardent devant le stand et Cleo se décide à prendre du popcorn ainsi que son autre verre. Du sel, ah, voilà un élément familier ! D’après ses propres connaissances en matière d’exorcisme – qui se résument à tous les films d’horreur qu’elle a pu voir et notamment un en particulier qui n’est autre que Le Dernier Exorcisme -, alors oui, ça devrait faire l’affaire. Même si, sur l’instant, elle regrettait un peu de n’avoir jamais acheté de crucifix gadget qui fait de la fumée, comme dans le film parce que ça en jette un max et que, si vous étiez une personne qui se croit réellement possédée alors ça vous ferait un drôle d’effet, non ? Soit, on s’égard un peu et pour en revenir à nos moutons, si le sel ne suffisait pas, alors elles pourraient toujours aller voir sur internet. Ça oui, on trouve de tout sur le net. Même un mari, c’est dire. L’écossaise hoche gravement la tête tandis qu’Alexie rengaine son téléphone après quelques tentatives infructueuses pour déverrouiller son téléphone.

« Ah, t’inquiètes, le sel et les satanica en boucle devraient suffire, je tiens pas trop à retourner en prison. »

Non parce que même dans cet état, le lance-flammes improvisé lui semble un peu extrême. Et puis bon, c’est pas complètement idiot de vouloir nuire à un démon avec du feu ? Ça doit pas tellement l’impressionner puisqu’il paraît que les flammes de l’enfer font partie des pires et que l’enfer, ben c’est chez lui. Elle regarde ensuite son amie engloutir son hot-dog en mâchonnant son pop-corn puis Alexie annonce qu’elle est prête à affronter la maison hantée alors c’est parti ! C’est d’un pas pour le moins incertain que les deux jeunes femmes s’approchent de l’attraction où la file d’attente est tout de même bien plus raisonnable que celle du rollercoaster. Pas moins populaire, juste qu’il n’y a rien à attendre, juste à avancer dans un mini-dédale plongé dans la pénombre. Instinctivement, la rouquine s’accroche de nouveau à son amie. Pas par crainte de se retrouver par terre, ce qui risquait pourtant d’arriver mais parce qu’elle se doutait qu’à partir du moment où elles auraient franchi la porte d’entrée, tout un tas de goules et de fantômes leur sauteraient au visage. Une chance qu’Alexie assure leur protection.

Maintenant qu’elle y pense, c’est vrai que Cleo n’a pas tellement ébruité cette histoire d’arrestation. Pourtant, d’un côté ça fait un peu badass mine de rien. Et de l’autre… hé bien disons qu’elle n’a même pas passé la nuit au poste de police et que si on l’y toutefois emmenée, c’était surtout pour immobiliser sa voiture et lui donner la possibilité de se retourner afin de pouvoir rentrer chez elle malgré l’heure tardive. Ce qui fait que pour l’aspect rebelle de la situation, on repassera. M’enfin bref, ça donne en échange assez drôle avec Alexie qui tente alors de deviner la raison pour laquelle la rouquine aurait fait de la prison. Elle a l’air de voir Cleo en pirate. Du web, pas ceux qui ravagent des champs, violent des femmes et font accessoirement du bateau dans les Caraïbes. Dommage, elle était à peu près sûre qu’elle casserait la baraque dans le rôle de Jack Sparrow. Mais bon soit, elle était pas mal en pirate du web non plus. Et puis c’est vrai qu’elle télécharge pas mal mais elle n’a encore jamais reçu de mail ou d’avertissement d’aucune sorte à ce propos alors est-ce qu’on peut tellement dire que ça lui colle à la peau ? La théorie du meurtre l’amuse carrément, en revanche.

« Non mais un jour peut-être, qui sait ? C’est juste que je roulais trop vite. »

A trois heures du mat’ avec personne dans la rue. Même dans cet état, elle parvient tout de même à se dire que c’est idiot. Les flics sont des idiots, une preuve de plus, voilà. Dans tous les cas, l’heure n’était pas aux différentes plaintes envers les flics mais bien celle d’entrer dans la fameuse maison hantée. Il faut dire qu’il n’y avait pas foule contrairement aux montagnes russes. Ce qui était tant mieux, évidemment, moins on attend mieux c’est pour le coup. La phrase d’Alexie lui fait resserrer un peu son étreinte autour de son bras pour lui prouver qu’elle a compris et qu’elle est d’accord, qui plus est. C’est clair que c’est le genre d’erreur qu’elles sont trop intelligentes pour reproduire. C’est donc ainsi qu’elles avancent. Au début tout va bien, c’est plutôt soft mais les cris des gens devant elles laissent entendre que ça ne sera plus aussi tranquille très longtemps et ça aussi, ça joue pas mal en faveur de l’attraction, évidemment. Si le classique squelette tombant du plafond les fait sourciller, c’est plus parce que le truc leur fonce dessus, sinon on pouvait totalement s’y attendre, c’était même un peu décevant. Ce qui perturbe davantage Cleo en revanche, ce n’est pas le bruit de la tronçonneuse mais l’odeur d’essence qui flotte dans l’air. Cependant, pas le temps de dire ouf que son amie la tire déjà derrière elle en prétextant que le latin ne leur serait d’aucun secours. Le sel non plus. Et elle avait sûrement raison, à moins de le lui souffler directement dans les yeux. L’écossaise se laisse donc entraîner et, sans trop y réfléchir, jette sa bière au visage du maniaque à la seconde où elle l’aperçoit. Ce qui le déroute un peu. Gagné ! C’était justement l’effet escompté. Bon, elle n’a plus de boisson mais elle est parvenue à semer leur assaillant, c’est déjà pas mal. En tout cas l’un d’entre eux.

« Je trouve qu’on fait une super équipe, on devrait faire ça plus souvent, tu trouves pas ? On devrait peut-être même en faire notre métier. »

Sauf qu’Alexie a un métier qui lui plaît, elle. Et que ça n’en est pas vraiment un, de toute façon.

Faire du vélo pour une compétition ? Alors ça, ça lui ferait mal. Non, si la rouquine fait du vélo c’est un peu – beaucoup – par obligation. En dehors de ça, elle n’est pas très branchée sport. Et c’est toujours quand elle explique ça que les gros lourds de son boulot lui demandent si même le sport en chambre ne la branche pas. La réponse est non. Comment pourrait-il en être autrement quand c’est précisément dans cette industrie que l’on travaille tous les jours ? Et encore, elle s’estime heureuse de ne pas être actrice, le dégoût doit être d’autant plus réel pour elles. Enfin bref, là n’est pas la question ; non, Cleo ne faisait pas du vélo dans un but sportif ou encore dans celui de garder la ligne – ce dont elle se fiche bien, par ailleurs. Elle aime conduire et elle le fait aussi bien dans la vraie vie que sur Need for Speed or c’est là tout le problème. Quand on a l’idiotie de croire que toutes les routes du monde ne sont qu’un gigantesque circuit de formule 1, ça pose problème.

« Hum non. En vrai, si j’avais le choix, j’irais même chez mon voisin en voiture, crois-moi. »

Ce qui n’arrivera de toute façon jamais car elle ne connait même pas son voisin, il ne lui semble pas l’avoir vu une seule fois. Pourtant, ça va faire deux ans qu’elle est à Island Bay. Mais qui sait, peut-être qu’un jour ou l’autre, elle pourrait avoir besoin d’un œuf ou d’un peu de farine… Quelle bonne blague, on y croit !

Quoi qu’il en soit, une fois à l’intérieur de l’attraction, les deux jeunes femmes font tout de suite moins les fières. Bien que leurs réactions laissent rêveur. Oui bon, peut-être que ça ne fonctionnerait pas aussi avec une menace bien réelle mais qui sait ?? A moins qu’on parle de l’espèce de démon chelou du film Jeeper Creepers ou encore de Michael Myers, ça devrait quand même le faire ! Bien qu’en se penchant un peu plus sur la question, ils sont tout de même assez peu nombreux, les méchants de slashers qui sont tout à fait humains… L’écossaise approuve Alexie en opinant du chef une fois que celle-ci – après avoir magistralement balancé sa chaussure à la tête du mec à la tronçonneuse – décrète que c’est tout de même très hypocrite de les traiter de cinglées. Tout ça pour ça. Son amie n’a pas tort. Quand tout à coup, Cleo, telle la blonde de service dans les films d’horreur, se prend les pieds dans le tapis. Ou dans un câble ou même encore autre chose, il fait aussi sombre là-dedans que dans le derrière d’une vache alors comment pourrait-elle savoir ?

« Cours pour ta vie, Alex. Sauve-toi ! »

Wow, elle n’aurait jamais cru être capable d’autant d’altruisme, et pourtant…