girls night out → alexie

Comme si ce n’était pas entièrement de sa faute, le type qui tient le stand n’a pas l’air ravi de s’être fait tirer dessus. Enfin, on parle plutôt là d’un accident et sûrement que devant un tribunal ça passe mais puisqu’il n’y a pas mort d’homme, pas de tribunal. Et puis on ne va clairement pas en faire un plat. Cleo laisse Alexie choisir son prix qui n’est autre que deux couronnes. C’est mignon, elle pense aussi à elle. La rouquine sourit à cette pensée tandis que son amie lui tend un gobelet. D’elle ne sait quoi et en plus, elle a un peu l’impression qu’il s’est matérialisé entre les mains de son amie par magie puisqu’elle était bien trop concentrée pour prêter attention à autre chose que la cible sur laquelle elle devait tirer. Mais peu importe puisqu’elle a soif.

« T’es vraiment trop douée, merci ! »

Là-dessus, elle vida son verre cul sec avant de se mettre à faire la grimace. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Un truc un peu épais et sucré mélangé à une sacrée dose de whisky. Sacrilège, pour elle, le whisky se boit seul sous peine de le gâcher ce qui est très exactement le cas de cette boisson qui lui donne un peu envie de vomir.

Elle s’en empêche toutefois car son amie vient tout juste de lui poser sa couronne sur la tête et, bien que ça ne soit qu’un morceau de plastique, elle se doit tout de même d’y faire honneur. Raison pour laquelle elle redresse fièrement la tête à son tour. Et puis Alexie émet ensuite l’idée d’aller faire un tour au palais des glaces et puisque le mec du stand n’a plus trop l’air de vouloir d’elles non plus – j’insiste mais il aurait tout de même dû le voir venir -, l’écossaise accepte volontiers la proposition. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles auraient fait des ravages sur cette fête foraine. Elles prennent donc la direction du palais des glaces, passent par la caisse où absolument personne ne fait la file - tant mieux, ça leur permet d’entrer plus vite – et commencent à se perdre dans ce dédale de vitres en plexiglass. En temps normal, voilà bien quelque chose qui ne requiert pas beaucoup d’intelligence : il suffit d’avancer bras tendus devant soi pour ne pas se manger de vitre au passage mais il semblerait que même ça, elle n’en est pas capable puisqu’elle avance oui, mais en se cognant littéralement à tous les obstacles. Affligeant.

Pour une obscure raison, inconnue d’elle-même, Cleo déteste les labyrinthes. Et ça ne date pas d’hier ; même lorsqu’elle était enfant, elle avait horreur de ça. Ce qui tombait mal étant donné qu’il y en avait un dans le jardin des McLeod. Avec des animaux taillés dans le buis montant la garde. Exactement comme dans Shining, oui. Peut-être est-ce pour cette raison qu’elle les avait en horreur. Mais peut-être pas parce qu’elle ne connaissait pas encore Shining à cette époque. Toujours est-il qu’elle passait son temps à se perdre et à paniquer. Cette attraction a donc le chic de faire remonter une espèce de syndrome post-traumatique. Mais léger, je vous rassure, elle ne va pas non plus se mettre à hurler pour qu’on la sorte de là. En revanche, sentant l’angoisse la gagner un brin, Cleo se met alors à chercher la sortie tandis qu’Alexie se cogne partout. Puis se met à lui raconter que ce n’est pas la première fois que ça lui arrive mais que les conditions étaient un peu différentes la première fois puisque c’était un soir de réveillon de Noël et qu’elle avait cru apercevoir le père-noël par la fenêtre. Vraiment très intéressant et l’écossaise continue de lui prêter une oreille attentive tout en poursuivant son chemin, ce qui explique que le son de sa voix se fasse de moins en moins fort.

Et voilà comment on se retrouve séparées au beau milieu d’un labyrinthe de glaces. Et même de plexiglas. Cela dit, son amie n’est pas loin, elle la voit à quelques mètres d’elle. Et la voit également lui foncer dessus et se prendre une nouvelle vitre de plein de fouet. Cleo grimace en songeant que ça doit faire mal. Comme si cette vitre était capable d’étouffer n’importe quel bruit, l’écossaise se met alors à crier très fort :

« Fais le tour ! »

Toujours pas sûre que ce niveau de décibels lui permette de se entendre, elle se met ensuite à faire de grands gestes extrêmement confus pour lui indiquer la direction à prendre. Le tout en se cognant à chacune des parois qui l’entoure, évidemment, sans quoi, ça n’aurait rien de drôle. Comme quand elle était gamine dans le jardin de ses parents, Cleo décide de ne pas bouger d’un pouce en attendant l’arrivée d’Alexie car il n’y a qu’un seul trajet, n’est-ce pas ? Elles vont bien finir par se rejoindre. Du moins l’espère-t-elle, sinon il lui faudra bien aller de l’avant.