I feel empty (Joséphine)

I feel empty

JOSEPHINE & ALEXIE

I don't think you should believe in me the way that you do, Cause I'm terrified to let you down, If I walked on water, I would drown ✻✻✻ "Gastro, coincée dans mon lit, on s'appelle plus tard. " Assise dans ce lit d’hôpital qu'elle occupe depuis le milieu de la nuit, Alexie essuie les traces de larmes sous ses yeux rougies et cernés et appuie sur Envoyer. Ce message est pour Gus, quand il ne la verra pas au boulot il va certainement l'appeler, si elle ne décroche pas il réessayera et elle n'aura pas la force de décrocher... Aussi proche soit-elle de son meilleur ami elle ne lui a jamais parler de ce "détail" la concernant, du projet bébé implanté dans son couple, de ses injections à répétition pour tenter de duper son infertilité, de ses fausses couches. C'est la troisième, hier encore elle était enceinte de 4 semaines et 5 jours, la première fois elle n'avait pas dépassé la troisième semaine, la seconde fois elle était à 3 semaines et 3 jours, cette fois elle avait attendu la quatrième semaine pour en parler à Adam, elle ne supportait plus le regret dans ses yeux lorsque les tests s’avéraient négatifs, ni sa joie quand un positif apparaissait et enfin son regard quand elle perdait l'embryon. Alors elle lui a dit une fois le premier mois passé, espérant que c'était la bonne, bien sûr il s'est emballé une nouvelle fois, elle était heureuse de la voir fou de joie mais elle savait aussi que c'était toujours trop tôt pour sortir le champagne, elle lui a dit et il s'est renfermé en marmonnant : "Ne sois pas si défaitiste, tu vas nous porter la poisse." Aïe. Cinq jours plus tard elle est réveillée en pleine nuit par des douleurs qu'elle ne connaît que trop bien et elle pense qu'il avait raison.

Perdue entre ses pensées et le vide abyssal de son utérus lorsque la porte de sa chambre s'ouvre elle se reconnecte au présent et elle essuie les traces de larmes sur ses joues craignant de voir débarquer l'un de ses proches mis au courant par son conjoint, mais heureusement c'est un lit qui fait son entrée, elle n'avait même pas remarqué que le lit voisin au sien était manquant. L'infirmier s'excuse de l'intrusion, parle à voix basse à la jeune femme allongée sur l'autre lit puis quitte la pièce comme si elles étaient contagieuses. Alexie n’apprécie pas vraiment le silence, surtout ici, surtout dans ces moments-là, alors elle se tourne vers sa "camarade de chambre", ça serait plus amusant si elles étaient en colo de vacances. "Salut... je m'appelle Alex." Elle préfère engager la conversation tout de suite, après tout elles vont surement passer la journée ensemble, il est possible qu'Alex se remette à pleurer à un moment autant que ça soit moins gênant en faisant connaissance avec celle qui visiblement ne peut que comprendre ce qu'elle vit. "Sache qu'on a droit aux meilleurs yaourts du service, celles qui repartent avec un bébé n'ont droit qu'au yaourt nature avec un sachet de faux sucre ou à une compote. Nous on a droit aux yaourts de marques et parfois même aux îles flottantes." Ce genre de discours c'est sa façon de gérer les choses. ✻✻✻

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I don't think you should believe in me the way that you do, Cause I'm terrified to let you down, If I walked on water, I would drown ✻✻✻ Malgré la tentative de la jeune femme pour maîtriser les sanglots dans sa voix, Alexie les perçoit et ça la ramène à sa propre douleur, elle ne la connaît pas mais elle aimerait que leurs lits soient plus proches pour juste poser sa main sur la sienne... des femmes comme elles il y en a tellement et pourtant elles ressentent toute ce même sentiment de solitude. La brune étouffe le silence de la chambre avec sa logorrhée absurde et si pendant un instant elle pense que la rousse va se contenter de hausser les épaules et l'ignorer, Joséphine se tourne finalement vers elle en lui demandant ce qu'elle entend par : "nous". Alex a presque un doute... elles sont dans le pôle gynécologie-obstétrique de l’hôpital mais elle se demande soudain si par manque de place ils ne lui ont pas mis une voisine venue se faire retirer l’appendice. Mais non, impossible, la douleur dans le regard de la jeune femme est trop semblable au sien pour qu'elle ne soit pas dans le bon service. "Nous, les femmes qui repartent avec moins d'espoirs encore." Elle hausse légèrement les épaules puis prend une grande inspiration pour ravaler la douleur de cette constatation. "Mais bon il paraît qu'au service oncologie ils ont carrément droit à un buffet, c'est plutôt compréhensible." son humour est cynique, sombre et douteux, reflet de ses sentiments qui oscillent entre peine et colère. "Pardon, je raconte n'importe quoi pour penser à autre chose. Ils ont fait le grand ménage dans mon utérus... c'est plus violent que la fois précédente. Et j'avais un peu plus d'espoir que la dernière fois." Les premières fois on lui avait seulement donné un cachet qui lui avait provoqué des contractions douloureuses mais cette fois ils avaient estimé que le cachet ne serait pas suffisant alors ils ont vraiment fait le ménage... Sa tête retombe sur ses oreillers et elle jette un regard sur l'annulaire gauche de sa voisine, une alliance scintille.  "Tu es venue seule ?" Elle la tutoie par automatisme, les pirouettes de la politesse et les bonnes manières qui s'accordent sur le fait de ne pas poser de questions intrusives à de parfaits inconnus sont bien loin.✻✻✻

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I don't think you should believe in me the way that you do, Cause I'm terrified to let you down, If I walked on water, I would drown ✻✻✻ Elle est ébahie, ils ont laissé une femme sur le point de donner la vie dans cette chambre en compagnie d'une autre qui vient de perdre celle qu'elle espérait donner. L'idée du siècle... "Quelle bande de crétins... J'espère qu'il ne fera pas ses nuits avant ses 3 ans. Et qu'elle aura des crevasses si elle allaite. Et... qu'il ressemblera au collègue de son père ou à leur facteur." grommelle Alexie en levant les yeux au ciel, elle tente d'imaginer comment ça serait de partager à cet instant la chambre avec une femme sur le point de vivre le plus beau jour de sa vie tandis qu'elle vit le pire... ça serait encore pire. Cependant alors qu'elles parlent buffet, un sourire étire les lèvres de Joséphine et même s'il est triste, ça reste un sourire et ça donne à envie de faire pareil. "Je suis sûre qu'ils vont rien manger en plus. Ou tout revomir, c'est du gaspillage." et alors elle esquisse à son tour un sourire, le premier depuis des heures, il n’atteint pas ses yeux et il lui est douloureux, ses joues semblent presque protester mais aussi petit soit-il c'est un sourire et c'est un exploit.  "Je suis sûre qu'il y a des concombres en bâtonnets... et des muffins. On devrait aller s'incruster."  ça c'est l'idée du siècle, elle a bien envie de se lever en plus bien qu'elle ne soit pas certaine d'en avoir la force et qu'on lui ai en plus demandé de rester coucher. "Fausse couche." confirme Alex en hochant la tête, le dire a voix haute lui semble soudain moins douloureux, peut-être que c'est parce que la personne en face ne lui demande pas avec un soupçon de pitié dans la voix ou dans le regard. "Et toi ? Tu es là depuis longtemps ?" Alexie n'a aucune notion du temps qui s'est écoulé depuis son admission cette nuit mais elle espère ne pas avoir à rester une journée de plus bien que le futur silence de son appartement l'angoisse déjà et la conversation qu'elle risque d'avoir avec Adam aussi. "Mon fiancé travaille aussi, je dois t'avouer que ça m'arrange." Elle ferme les yeux un instant pour chasser le mal de crâne qui menace de pointer le bout de son nez. "Je ne suis pas prête pour avoir la fameuse conversation du : "C'est pas grave ma chérie, la prochaine ça sera la bonne." surtout parce qu'il n'y aura pas de prochaine fois." Elle arrête tout, les traitements, les injections, les jours comptés sur le calendrier, les essais, les échos : Stop. ça fait deux ans, elle s'épuise, lui aussi et ils se détruisent lentement. Alex se croyait solide mais c'est finalement trop difficile, elle ne veut plus lutter et se battre contre son corps.✻✻✻

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I don't think you should believe in me the way that you do, Cause I'm terrified to let you down, If I walked on water, I would drown ✻✻✻ C'est moche mais dresser la liste des choses négatives qui peuvent entacher la magie d'une naissance est un remède comme un autre. Elle ne se sent même pas coupable. Et quand Joséphine soupire qu'elle pourrait prétendre avoir un cancer pour pouvoir s'incruster au buffet puis s'excuse de cette remarque la brune ne s'en offusque pas. "Ne t'excuse pas, tu as le droit de dire tout ce que tu veux, on a tous les droits quand on est bloqué ici, cancer ou pas cancer." Bien sûr qu'Alex sait qu'il faut qu'elle s'estime chanceuse de ne pas être mourante, de ne pas avoir de cancer ou de sclérose en plaques ou d'être paralysée. Il y a des gens bien moins chanceux qu'elle, elle en a conscience mais ce n'est pas une raison pour qu'elle ne puisse pas elle aussi se sentir plus bas que terre, triste et en colère. Elle a des raisons de l'être et Joséphine aussi... Alex apprend que ça fait déjà trois jours qu'elle est ici et que le destin de son utérus est en sursis. "Oh... ça craint." Et le prix du meilleur discours compatissant revient à Alexie avec ce commentaire si réconfortant. "Ton mari et toi vous avez déjà parlé du fait d'avoir des enfants ?" Alex aimerait pouvoir lui dire qu'elle ressortira de l’hôpital un jour avec un bébé dans les bras, qu'elle portera la vie, que tout se passera bien et que les miracles existent, mais elles ne sont pas dans un téléfilm de Noël. Et si les miracles existent parfois ils craignent quand même. Alex en a eu trois des résultats miracles... "C'est ma troisième." confirme-t-elle d'ailleurs lorsqu'elle lui demande si c'est sa première fausse couche. Elle joue un peu nerveusement avec l'ourlet du drap qui couvre une partie de son corps, Joey ne l'oblige pas à se confier mais ça fait du bien de lui parler, c'est plus simple avec qu'avec Adam ou même qu'avec ses soeurs ou encore le psy qu'on lui propose à chaque fois qu'elle ressort de cet hôpital. "Je prends un traitement depuis un peu plus d'un an. Et le peu de fois où ça a fonctionné mon corps a repris ses droits. Je ne veux plus essayer de tomber enceinte, je dois accepter que je suis comme ça et surtout il doit l'accepter." Il l'avait accepté... au début de leur relation elle lui avait dit, Adam avait dit que ce n'était pas important, puis ça l'était devenu, plus que tout, plus qu'elle certainement. Elle essuie d'un revers le début d'une larme prête à s'échappe avant de soupirer pour se ressaisir. "Tu mérites un buffet avec des muffins." déclare-t-elle soudain en se redressant sur son lit, elle s'en extirpe en lentement en grimaçant, l'impression qu'un boxeur s'est défoulé sur son utérus est présente mais l'envie de se lever est plus forte. "On va aller t'en chercher un." Elle ne sait pas où, peut-être pas auprès des patients en pleine chimiothérapie mais si au moins elles pouvaient gagner la cafétéria... "Tu peux marcher ? Je te pousse sur le fauteuil si tu veux, y en a qu'un seul je crois... Mais on peut faire chacune son tour." propose Alex en allant récupérer au ralenti sa veste de jogging accrochée à un cintre, au rythme où elle avance, atteindre ne serait-ce que l'ascenseur devrait l'occuper une petite demi-heure déjà.✻✻✻

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I don't think you should believe in me the way that you do, Cause I'm terrified to let you down, If I walked on water, I would drown ✻✻✻ Alexie écoute sa voisine avec beaucoup d'attention, son histoire ressemble un peu à la sienne et sans que Joséphine le sache ça donne le sentiment à la brune d'être encore moins seule. Lorsque d'ailleurs elle lui retourne la question sur l'envie d'Adam d'avoir des enfants elle soupire avant d'expliquer : "Je n'avais pas l'intention non plus d'avoir des enfants un jour, on m'a diagnostiqué une endométriose quand j'étais ado. Je ne suis pas stérile à proprement parler mais on m'a toujours dit que ça serait très compliqué pour moi de parvenir à tomber enceinte puis de mener une grossesse à terme, alors j'ai décidé très jeune que je ne voulais pas d'enfant. C'est plus facile de se dire qu'on n'en veut pas plutôt que d'assumer le fait qu'on ne peut "presque" pas." Elle mime les guillemets, la notion du presque c'est pour elle envolée. "Et je l'ai dit à Adam dès le début de notre relation, il était d'accord puis... il s'est levé un matin avec ce besoin de devenir papa. J'ai refusé avant de finir par me laisser convaincre..." Ça a l'air tellement simple pour certaines de tomber enceinte. Alexie avait même entendu une femme se plaindre de l'avoir été sous contraceptif à deux reprises. La loterie de dame nature n'est jamais juste. 
 
Puisque son humour est trop cynique pour parvenir à vraiment lui changer les idées, Alex décide d'opter pour la nourriture comme lot de consolation, seulement elles sont dans un hôpital, pas dans un hôtel 4 étoiles... elle pourrait envoyer un message à Adam pour lui demander de lui ramener tous les muffins qu'il trouvera sur son chemin mais elle n'est pas pressée de le voir revenir. Cependant elles vont quand même devoir trouver une autre solution que la promenade dans les couloirs et Joséphine lui démontre pourquoi. "Aïe, la cicatrice de guerrière..." commente Alex en s'approchant du lit de sa voisine qui lui dévoile son incision. "Moi je porte une couche." avoue Alexie en fronçant le nez. "J'ai même pas encore trente ans, je pensais pas en arriver là si tôt." un rire s'échappe à son tour de ses lèvres alors qu'avec autant de douceur que possible elle prend place sur le fauteuil a côté du lit de la jeune femme. "T'as raison, on va avoir  l'air de deux zombies en cavales, on va se faire attraper avant même d'avoir senti l'odeur des gâteaux." Il vaut finalement peut-être mieux rester dans cette chambre, la pièce semble presque moins terne maintenant que Joséphine partage l'espace avec elle-même si on est encore loin du club med. "On peut peut-être faire venir la cafétéria à nous." propose Alex tandis que Joséphine sonne le personnel de service. La brune serait bien sortie de cette pièce mais c'est risqué, Joséphine est coincée ici depuis trois jours, ils ne lui ont pas demandé de rester pour le plaisir et elle ne reste pas non plus clouée dans ce lit et dans cette chambre pour la douceur des draps et l'ambiance de l'étage. "Ils accepteront peut-être de faire room service pour compenser l'absence d'une vue sur la mer." rajoute-t-elle avec un léger sourire alors que justement une infirmière frappe puis entre dans la chambre en leur demandant si tout va bien. Alex la reconnaît, c'est elle qui l'a admise cette nuit... c'était déjà elle la fois d'avant aussi. "On va prendre deux muffins Karen s'il vous plaît." la femme en blouse rose la dévisage l'air à la fois amusé et perplexe. "Oh je vous en prie, faites un effort, j'ai trois tampons sur ma carte fidélité, ça me donne bien droit à un muffin non ? Et ma copine aussi." L'infirmière soupire et Alexie sait qu'elle vient de gagner la bataille. "Je vais prendre Myrtille. Et toi Joey ?"✻✻✻

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I don't think you should believe in me the way that you do, Cause I'm terrified to let you down, If I walked on water, I would drown ✻✻✻ "Quand j'étais ado c'était... horrible, surtout avant qu'on sache d'où ça venait. J'étais à l'agonie pendant trois jours, chutes de tension, vomissements, crampes..." et ses sœurs qui ne comprenaient pas comment elle pouvait souffrir autant de cette période quand elles n'avaient que quelques douleurs. Quelle joie. Un cycle si douloureux et pourtant si inutile. "J'étais à la limite de partir vivre dans la forêt pour épargner ma famille." plaisante-t-elle. Aujourd'hui heureusement elle a fini par apprendre à gérer, elle a un rituel bien établi, des bouillottes prêtes aux combats et un stock de médicament qu'elle a fini par découvrir. Elle parvient à calmer les douleurs mais pas à tromper ses ovules trop petits... et quand elle y arrive... son utérus proteste comme scandalisé d'avoir été dupé. 

Elle ne pensait pas pouvoir rire de la situation et pourtant lorsque Joséphine en vient à lui montrer sa cicatrice et que comme surenchère Alex lui avoue porter une couche l'hilarité de la rousse est contagieuse. "Et c'est vraiment pas aussi confortable que je l'imaginais." rit-elle en grimaçant, elle gigote sur sa chaise pour trouver une position plus agréable. 

Parce qu'il faut bien que la chance soit de leur côté à un moment l'infirmière accepte presque sans broncher de leur faire remonter deux muffins, quand, elles l'ignorent mais savoir qu'elles les auront à un moment c'est déjà mieux que rien. Et parce qu'elles font presque les choses à l'envers après avoir évoqué le plus sombre et peut-être le plus intime des sujets, Joey oriente la conversation sur quelque chose de plus léger. "Wow tout doux le plan drague, je pensais pas qu'on en était déjà à ce stade. C'est le moment où je t'ai dit que je portais une couche qui t'a fait fondre ?" plaisante Alex, son humour devient moins cynique, son sourire plus spontané et elle oublierait presque le poids de son utérus indéniablement vide qui pèse sur elle depuis le milieu de la nuit. "Je suis soigneuse au zoo de wellington, je viens de passer au poste de référente du secteur des primates." Précise-t-elle juste parce que ça la fait sourire encore plus quand elle y pense. Promotion toute récente... C'était son plus grand rêve avant. En songeant au zoo Alex constate sans grande surprise que si elle pouvait se téléporter quelque part ça serait là-bas. "Mon fiancé me reproche d'aimer un peu trop mon travail." et d'être trop proche de Gus aussi. Sans le savoir le meilleur ami de la brune est très régulièrement au cœur des disputes, Alexie soupçonne même Adam d'avoir implanté le projet bébé dans leur couple dans l'unique but de se rassurer. "Et toi qu'est-ce que tu fais ? quand tu ne dragues pas des femmes en couches-culottes dans les hôpitaux je veux dire." ✻✻✻

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I don't think you should believe in me the way that you do, Cause I'm terrified to let you down, If I walked on water, I would drown ✻✻✻  Alexie n'est plus à une révélation intime près, alors lorsque à la fois intriguée et amusée Joséphine lui demande des précisions sur ce qu'elle porte sous sa blouse, la brune hoche la tête en ouvrant grand les yeux. "Oui oui une vraie couche ! Regarde moi ce machin." soupire-t-elle même en soulevant sa blouse d'hôpital pour exhiber sous les yeux de la rousse son dessous affriolant. "Je me suis réveillée avec, ils me l'ont enfilé pendant l'anesthésie je pense parce que sinon j'aurais mis mon veto, histoire de garder un peu de dignité." explique-t-elle sur un ton plus taquin que sérieux, en fait elle s'en moque, c'est peut-être plus confortable que les maxi serviettes en plus... enfin ça elle le découvrira en rentrant chez elle, il va lui falloir un jour ou deux pour retrouver cette fameuse dignité.

Sur une note un peu plus joyeuse elles abordent leurs carrières et ça tombe bien parce qu'à peine Alexie commence-t-elle a parler du zoo que son regard s'illumine. "Ça dépend des jours, la semaine dernière une girafe m'a léché l'oreille, ça c'était adorable en effet... Mais ensuite j'ai dû aller nettoyer l'enclos des hippopotames et là c'était beaucoup moins mignon, surtout que... mon odorat était surdéveloppé et..." alors que l’anecdote lui est venue naturellement sans douleur soudain ce souvenir relié à la vie qu'elle portait encore la semaine passée déforme ses traits par la peine, sa respiration se fait saccadée pendant ses quelques secondes où ses émotions à vif reprennent le dessus sur le reste. "Pardon..." lâche-t-elle dans un soupire tremblotant tandis qu'elle redevient maîtresse de sa douleur, elle l'enterre et esquisse un sourire qu'elle espère rassurant. "ça va, une vague passagère." elle se racle la gorge pour se redonner contenance et reprend : "bref quand les girafes me grignotent les oreilles c'est vraiment adorable." hors de question de laisser son utérus défectueux faire du zoo un espace aux souvenirs difficiles. "Ça doit être génial comme métier, tu travailles toujours sur le même genre de manuscrit ou tu édites par exemple aussi bien des romans que des biographies ?" s’intéresse-t-elle au métier de Joséphine auquel elle ne connaît pas grand-chose.

Comme sous l'influence d'un sérum de vérité Alexie se confie une nouvelle fois à Joséphine sur sa relation sans qu'elle ne lui demande quoi que ce soit, si elle doit un jour changer de carrière la brune lui conseillerait bien d'envisager la psychologie. Un nouveau point commun les réuni et il est vrai que cette coïncidence est troublante.  "Oui en effet, c'est presque flippant... si je te pince pour vérifier que tu es réelle tu vas me frapper ?" plaisante-t-elle tandis que soudain son portable sur sa table de chevet vibre, consciente qu'il est trop loin pour juste tendre le bras elle se lève puis soupire en y découvrant un message d'Adam. "Il va réussir à quitter plus tôt et il viendra me chercher directement." dit-elle en se rasseyant dans le fauteuil, elle n'avait pas besoin de préciser la teneur de son texto à Joséphine mais ça lui vient naturellement. "J'espère qu'il n'arrivera pas avant les muffins ou qu'il en ramènera si c'est le cas." ajoute-t-elle en lui souriant.✻✻✻

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I don't think you should believe in me the way that you do, Cause I'm terrified to let you down, If I walked on water, I would drown ✻✻✻ Elles abordent les sujets qui font monter les larmes aux yeux à ceux qui font presque pleurer de rire, Joséphine n'hésite pas à se moquer de la couche d'Alex. "Je devrais peut-être la faire signer, comme un plâtre." plaisante-t-elle en rabattant sa chemise d'hôpital. "Je pourrai même pas remettre mon pantalon par-dessus. C'est pour ça peut-être que peu de personnes âgées portent des jeans ! On vient d'élucider un mystère." Et quel mystère ! Elle n'ira pas vérifier sa théorie, pas aujourd'hui en tout cas, elle verra quand elle sera vieille. À parler avec Joséphine de son incontinence future et de son travail elle en oublie presque la nuit qu'elle vient de passer, jusqu'à ce que la réalité la refrappe de plein fouet, lui coupant le souffle sous le poids de la peine, mais la main que pose la rousse sur son épaule est réconfortante et après quelques secondes Alexie enterre à nouveau la douleur et remercie Joey d'un sourire en reprenant le flot de ses paroles, enfermer la douleur et ne plus y repenser, tout le monde lui dira que c'est la mauvaise méthode mais elle s'en fiche. "Je dois avouer qu'à côté de ça je n'ai même pas d'animaux chez moi. Et cette fois je ne peux pas blâmer mon fiancé." C'est vrai qu'il doit avoir les oreilles qui sifflent le pauvre, rien de très positif ne resort de la description qu'elle a faite de lui jusque-là. Et comme si elle l'avait invoqué, alors qu'elles parlent de la carrière de Joséphine l'arrivée d'un SMS d'Adam les coupe dans leurs conversations. Elle y répond brièvement, pas aussi emballée qu'elle devrait l'être à l'idée de sortir de l’hôpital, comme elle l'a déjà raconté à sa voisine elle n'est pas prête à affronter son regard, à supporter sa peine en plus de la sienne, il n'a pas les mots qu'elle veut entendre, elle a l'impression qu'ils ne se comprennent plus et qu'ils ne se comprendront plus et vient s'ajouter à ça maintenant le fait qu'elle n'a pas envie de laisser Joséphine seule. Heureusement elles sont rapidement distraites par l'arrivée de leur en-cas tant attendu et bien mérité. "Merci beaucoup." répète Alexie à l'infirmière, son regard pétille presque devant le plateau que lui dépose la jeune femme avant de s’éclipser. "Oui le timing est  parfait." Presque autant que celui de son téléphone qui vibre une nouvelle fois, elle craint d'y lire déjà la réponse d'Adam la prévenant qu'il sera là dans dix minutes mais non, ce qu'elle lit est plus réconfortant, ça la fait sourire pour de vrai, c'est un message de Gus, il lui dit seulement qu'il espère qu'elle ne lui a pas refilé sa gastro et qu'elle va lui manquer. Elle repose son portable un peu plus apaisée et reporte son attention sur Joséphine en prenant une énorme bouché de son muffin. "Il est délicieux." sourit-elle la bouche encore pleine. "Qu'est-ce que tu préfères lire alors ?" Alexie ne lit pas beaucoup, elle aimerait, mais elle n'est pas encore tombé sur LE livre qui la fera aimer lire. ✻✻✻

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