Let's go girl ! {ft. Luana}

Let’s go girl ! {ft. Luana}

« Oui maman, tout va bien et oui, j’ai réservé mon vol donc je serais là pour la semaine du 6 janvier…
- …
- Je n’ai besoin de rien pour l’instant mais si tu y tiens… J’aimerais bien avoir un bon dans un salon de massage ou peut-être une carte cadeau dans un magasin de décoration ? Mais je ne pense pas qu’on ait les mêmes magasins ici qu’en France… Papa ne t’a pas donné ma liste ? Vous ne deviez pas vous concerter ensemble ? »

Je soupirais en portant une main à mon front. Autant j’adorais mon père, autant l’organisation n’était vraiment pas son fort. Chaque année je donnais ma liste de cadeaux de noël à mes parents qui se contactaient pour faire en sorte de ne pas m’offrir la même chose – ladite liste étant chaque année très réduite – mais le mois de décembre était toujours très chargé et c’était la seule période de l’année où ils avaient du mal à s’échanger les informations.

« Écoute, prend quelque chose que je pourrais utiliser pendant que je serais chez toi. Une activité toutes les deux ou quelque chose dans le genre… Comme ça tu seras certaine que Papa ne me l’aura pas déjà offert. »

Tout en marchant en long et en large dans ma chambre – tic que j’avais à chaque fois que j’étais au téléphone – je jetais un coup d’œil à mon réveil avant de m’affoler :

« Écoute maman, il faut vraiment que je te laisse ! Je te rappelle la semaine prochaine, d’accord ? Prend soin de toi, je t’aime ! »

Et je raccrochais après l’avoir laissée me saluer à son tour. Je pouvais rester des heures entières au téléphone avec ma mère tellement nous étions proches mais aujourd’hui, je n’avais pas le temps puisqu’aujourd’hui, Luana et moi allions profiter de ce samedi soir pour faire un tour au marché des glaces. Oh que oui, le réveil aux aurores du lendemain allait fortement piquer mais cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vues et je comptais bien profiter de ces retrouvailles ! Je quittais alors mon jogging pour enfiler un jean ainsi qu’une paire de bottes et je troquais mon haut de pyjama contre un pull fin orné de dentelle. Après tout, même si nous profiterions de la patinoire, je comptais bien la traîner dans le bar à cocktail juste ensuite. Étant toutes deux célibataires, c’était une occasion de faire des rencontres, surtout dans un cadre magique ! J’enfilais ma veste ainsi qu’une écharpe, j’attrapais mon sac à main et je filais rejoindre ma voiture en quatrième vitesse en regardant une nouvelle fois ma montre. Avec tout ça, j’allais être en retard !

Et ça n’avait pas loupé ! Ce fut complètement essoufflée que j’arrivais devant mon amie. Non contente d’être partie en retard, j’avais eu énormément de mal à me dégoter une place sur le parking. Logique pour un samedi soir au marché de noël, me direz-vous. D’ailleurs, j’étais tellement désespérée que je m’étais garée sur le trottoir face à une résidence. J’espérais vraiment retrouver ma voiture à la fin de la soirée et ne pas avoir à aller la chercher à la fourrière. Disons que même si je m’étais préparée psychologiquement à passer une nuit blanche avant d’aller travailler – même si je fermais à 13h – je ne ressentais pas spécialement l’envie de galérer à trouver un taxi pour aller payer la caution de mon véhicule à pas d’heure…

« Pardonn, je suis très en retard, j’étais au téléphone avec ma mère et je n’ai pas vu l’heure ! » M’excusais-je avec les mains en prière et la tête basse à la manière japonaise.

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Let’s go girl ! {ft. Luana}

« Oui, elle va très bien merci ! On discutait de notre organisation de cette année pour Noël et évidemment des cadeaux de Noël. Mon père a encore oublié de lui transmettre ma liste. » Soupirais-je dans un sourire tout en étreignant mon amie en retour.

Je me tournais ensuite vers ledit vendeur qui semblait encore bien pâlot.

« Le pauvre, ne me dis pas que tu lui as raconté ce fameux conte de Noël ? » Demandais-je à mon amie, l’air faussement agacé et les mains sur les hanches comme pour la gronder.

La réaction des deux protagonistes ne laissait nulle place au doute. Je pouffais en sortant quelques billets de mon porte-monnaie.

« Il ne faut pas lui en vouloir, elle adore Noël et elle ne peut pas s’empêcher d’en parler à qui veut bien l’entendre. » Ou pas d’ailleurs. « Tenez, gardez la monnaie en compensation. »

J’attrapais ensuite le bras de mon amie pour la traîner avec moi en direction de cette fameuse galerie des glaces.

« Non, jamais. J’en ai beaucoup entendu parler mais ce sera la première fois que j’y entrerais ce soir. Et je suis contente que ça soit avec toi. »

Je riais à nouveau avec un air entendu. Oui, j’étais la pro des blagues nulles et des sous-entendus sexuels mais mes amis avaient l’habitude. Rien qu’à sa tête, je savais que cette galerie des glaces serait une première pour elle aussi. En tout cas, nous avions déjà toutes les deux des étoiles dans les yeux alors que notre soirée venait à peine de débuter, ça s’annonçait bien !

« Tu sais quoi ? Pour garder cette galerie vraiment spéciale et mystérieuse, je te propose que nous commencions par aller à la patinoire ! » Je lui désignais le chemin opposé. « Qu’y-a-t-il de plus féérique que de patiner dans un décor de Noël ? En plus, nous serons plus réchauffées pour profiter des sculptures de glace et bien évidemment, du bar à cocktail givré ! »

Un air malicieux s’était doucement inscrit sur mes traits tandis que je lui dévoilais mon programme de la soirée. De toute façon, il fallait traverser la galerie pour atteindre le bar donc autant faire les choses dans l’ordre. De plus, cela faisait une éternité que je n’avais pas enfilé de patins pour m’amuser sur la glace. Cela devait remonter à mes études en France… Cette prise de conscience me fit sourire. J’étais loin d’être une pro dans ce domaine mais jusqu’ici, je m’étais toujours débrouillée. De toute façon, c’était comme le vélo, non ? Ce n’était pas le genre de chose qui devait s’oublier facilement. Du moins, je l’espérais ! En quelques pas, Luana et moi nous retrouvâmes dans le vestiaire de cette patinoire en plein air et nous troquâmes nos chaussures contre des patins blancs. Sagement assise sur le banc, j’observais les gens qui déambulaient avec plus ou moins de grâce sur la patinoire. Il n’y avait pas à dire, certains avaient de véritables talents tandis que d’autres… tâchaient de tenir sur leurs jambes. J’étouffais un rire en voyant une femme s’agripper à son mari comme à une bouée, les jambes tremblantes. On aurait dit un poulain né de quelques minutes tentant de se mettre debout. Ce n’était pas très gentil de se moquer mais la comparaison m’était tout de suite apparue dans mon esprit. Je tournais la tête vers mon amie :

« Au fait, je ne t’ai jamais posé la question mais tu as déjà patiné ? Ou je vais te voler une autre première fois ? »

C’était trop tentant. Et puis c’était Luana, je savais que je pouvais me permettre ce genre de vanne avec elle.

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« Je serais chez mon père cette année. Je verrais ma mère la première semaine de janvier histoire qu’on se fasse notre repas de fête toutes les deux. »

C’était d’ailleurs le schéma qui se répétait presque chaque année. Ma mère était une femme que j’aimais et que j’admirais. C’était une artiste et une femme forte, indépendante, une fonceuse aussi. A vrai dire, j’avais beaucoup hérité de son caractère sur certains points. En revanche, malgré mon carriérisme, mes valeurs se tournaient plus naturellement vers la famille. Je n’avais jamais connu ma mère avec un homme depuis leur séparation avec mon père. Soit elle ne souhaitait pas me les présenter, soit elle était très cachotière. Quand je lui en parlais, elle restait toujours vague. Et puis, elle ne semblait pas non plus vouloir vivre une grande relation. Pour moi, Noël représentait la famille et mes demi-frères et ma demi-sœur ainsi que ma belle-mère en faisaient partie tout autant que mes parents. Alors je me sentais coupable lorsque je ressentais plus d’envie à passer le réveillon en Nouvelle-Zélande plutôt qu’en France même si je ne manquais jamais de rendre visite à ma mère dès les premiers jours de janvier. Luana me ramena sur terre en m’évoquant notre première fois commune à la galerie des glaces :

« Oh que oui je suis folle de toi ! Alors prépare-toi à passer la plus époustouflante des premières fois parce que tu vas avoir du mal à t’en remettre, Chérie ! »

Et je riais, fière de mon imitation machiste. J’attrapais même la taille de mon amie pour en rajouter une couche. Il n’y avait aucun doute, si je devenais un mec du jour au lendemain, je n’aurais aucun mal à être le plus lourdingue de tous ou probablement le plus friendzoné.

« Si elle fond, je te promets de te faire livrer un énorme morceau de glace dans une pièce glaciale pour que tu puisses toi-même créer ton œuvre ! »

Moi, sérieuse ? J’en étais parfaitement capable si on oubliait le fait que ce projet me coûterait une petite fortune. Cette galerie avait plutôt intérêt à tenir debout au moins jusqu’au lendemain ! Enfin, nous nous retrouvâmes dans le fameux vestiaire tandis que Luana m’annonçait qu’elle avait déjà patiné sur le même humour douteux que moi. Je pouffais. Son défi attisa mon côté joueur et je lui répondis sur le même ton qu’elle :

« Je ne connais pas ton niveau mais prépare-toi à faire chauffer la carte bleue ! »

Une lueur de défi brillait dans nos yeux à toutes les deux. Nous avions l’habitude de cette « guerre » entre nous et il fallait dire que ça boostait toujours nos chiffres au-delà de notre motivation. Je pensais même que nos recettes étaient meilleures lorsque nous étions en compétition. En serait-il de même sur la glace ? En revanche…

« Et si aucune de nous deux ne tombe, on fait quoi ? »

Ben oui, nous n’étions peut-être pas des pros mais nous étions sûrement assez douées pour tenir sur nos jambes. Tout en discutant des modalités du défi, je me levais et je commençais à avancer vers la patinoire. Un peu avant l’entrée de celle-ci se trouvait un vendeur muni d’un panier clignotant rempli d’accessoires en tout genre : des bonnets lumineux, des pin’s, des sucres d’orges… Mon âme d’enfant refit surface et je me dirigeais vers cet homme. Il ne fallut que quelques instants pour que je ne lui achète un bonnet de Noël pour me le visser sur la tête. Je me tournais ensuite vers Luana avec un immense sourire plaqué sur mes lèvres :

« C’est bon, je suis prête à entrer en scène ! »

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Let’s go girl ! {ft. Luana}

« Elle le sera, je peux te l’assurer ! »

Après tout, nous passions la soirée ensemble dans un cadre enchanteur. Y-avait-il le moindre risque qu’elle soit ratée ? Imaginer Luana avec un pic de glace dans les mains me fit pouffer. Nous aurions l’air de belles cruches toutes les deux devant un bloc de glace. Je pensais même que nous trouverions le moyen de le fendre en deux sans plus de cérémonie.

« A défaut, nous aurons un énorme stock de glace pilée ! »

Avec cette quantité, j’aurais de quoi me faire des mojitos tout le long de l’année et Dieu seul savait à quel point je raffolais de cette boisson ! Finalement, ce projet serait peut-être plus rentable que ce que je croyais… J’adorais partir dans des délires avec Luana puisque nous nous suivions toujours sans chercher à comprendre le pourquoi du comment. Notre amitié m’était précieuse.

« Je pense qu’on va surtout manger liquide ce soir mais soit, j’accepte les termes de notre accord. » Répondis-je solennellement.

Elle était bien confiante concernant cette fameuse course, quel était son niveau ? Elle m’avait dit qu’elle n’en était pas à son coup d’essai mais ce n’était pas comme si la Nouvelle-Zélande regorgeait de patinoires. J’avais hâte de la voir en pleine action ! Pour se faire, nous avançâmes vers notre arène du jour en faisant un stop nécessaire auprès du vendeur mobile. A peine avait-elle mis en place son serre-tête de renne que Luana posait déjà un pied sur la glace. L’enthousiasme de mon amie était palpable, presque autant que le mien en fait.

« Déjà pressée de tomber ? » M’enquis-je d’un air joueur.

Or, la fière allure de la blonde s’estompa quelque peu en faisant quelques pas sur la glace avant de s’agripper au rebord. Oh, finalement j’avais encore toutes mes chances de remporter ce duel ! Mon beau sourire fut néanmoins de courte durée lorsque je l’imitais. A en croire le sol bien lisse, ils venaient tout juste de passer la machine pour refaire glisser la patinoire. Je comprenais mieux… Pas que mon niveau soit excellent mais je me débrouillais tout de même mieux que ça pendant mon séjour en France. Je tapotais l’épaule de Luana en riant :

« On a l’air bien cruches après les paroles assurées de tout à l’heure ! »

Et j’éclatais de rire. Même des enfants nous doublaient à toute allure, la honte !

« Est-ce que tu veux que je te pousse vers un bel inconnu pour que tu lui tombes dans les bras ? » Demandais-je les yeux brillants.

Il fallait dire que les beaux gosses étaient de sortie ce soir ! Bon, la plupart étaient venus avec leur copine mais il y en avait forcément des célibataires. Oui, mon côté romantique reprenait le dessus. En même temps, quoi de plus normal au vu du cadre qui nous entourait ? J’aurais adoré tenir les mains d’un homme en marchant sur la glace, qu’il me rattrape si je venais à tomber, tout ça quoi… Je sortais de ma rêverie pour me reconcentrer. J’avais un défi à relever et pour ça, il fallait déjà que je lâche cette fichue rambarde ! Après quelques tours à galérer, je lâchais le rebord pour m’aventurer sur la glace. Quelle ne fut pas ma joie en me rendant compte que certains réflexes revenaient tous seuls ! Enfin, je patinais à nouveau ! Au vu de ma tête, on aurait dit une gosse à noël !

« Luana, regarde ! » M’exclamais-je.

Et j’accélérais l’allure. Rien de folichon mais c’était un bon début pour profiter correctement de cette patinoire.

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Let’s go girl ! {ft. Luana}

Luana n’avait pas tort sur ce point, il fallait que nous mangions. D’autant plus que je ne tenais absolument pas l’alcool, alors boire le ventre vide était loin d’être une merveilleuse idée ! Je me demandais vaguement s’ils vendaient de la nourriture au bar givré ou s’il fallait que nous trouvions quelque chose à manger parmi les chalets du marché de noël juste à côté. Il fallait dire que les odeurs enivrantes savaient parfaitement nous attirer en fonction de nos envies. C’était simple, il y avait autant de mets sucrés que salés donc j’étais certaine que mon amie et moi ne repartirions pas le ventre vide. Mais pour l’instant, nous avions un défi à relever et il était de taille en constatant nos piètres compétences sur la glace ! L’idée de la pousser sur l’homme ou la femme de sa vie la tentait presque autant que moi visiblement :

« Hm, mais perdre un défi en échange de l’amour de sa vie est assez équitable, non ? »

J’éclatais de rire. Nous ne connaissions pas les gens et il se pouvait très bien que je la pousse sur un gros macho ou une folle à lier sans le savoir. Le physique des gens n’indiquait pas qui ils étaient intérieurement.

« Ok je plaisante, on va dire qu’on utilise un joker si ça arrive ! »

J’observais autour de moi à la question de Luana. Oh que oui, il y avait bien un ou deux mecs sur qui j’aimerais bien « malencontreusement » tomber mais j’étais plus obnubilée par notre défi avec Luana pour le moment. Dans le meilleur des cas, si je venais à en rencontrer un, j’étais certaine d’être un peu trop occupée avec lui et de délaisser mon amie, ne serait-ce que l’espace d’un quart d’heure. Ce n’était pas ce que je voulais.

« Laissons faire le destin. Si jamais un beau gosse de la patinoire se retrouve dans le bar givré avec nous tout à l’heure, j’irais l’aborder ! »

Est-ce que je venais réellement de dire ça ? Mes facultés de drague étaient assez… médiocres. Disons que je ne savais jamais vraiment comment m’y prendre pour ne pas avoir l’air ridicule dès les premiers mots. Ce qui, entre nous, était stupide en arrivant bientôt dans la trentaine. Comment faisaient les hommes en général ? J’avais encore tout le loisir d’y songer dans les prochaines heures. En attendant, je retrouvais peu à peu mon aisance sur la glace. J’avais perdu Luana de vue mais je savais qu’elle s’entraînait autour de la patinoire, comme la plupart d’entre nous. C’était agréable de retrouver certains réflexes ! Une tape sur mon épaule me fit sursauter et je vis mon amie s’enfuir à toute vitesse. Mon visage s’éclaira d’un sourire joueur tandis que je pressais l’allure :

« Je vais t’attraper ! » M’enquis-je telle une gamine.

Après tout, c’était parfaitement ce que nous étions dans ce cas de figure. Je tâchais de garder l’équilibre alors que je slalomais entre les gens pour gagner du terrain. Le véritable jeu commençait maintenant que nous avions retrouvé notre aisance sur la glace ! Presque, j’y étais presque ! J’étais à un bras de Luana ! J’étais tellement focalisée sur elle que j’oubliais de faire attention à ce qu’il se passait autour de moi, si bien que lorsqu’une gamine voulut passer devant moi pour me doubler, je la heurtais de plein fouet. Nous fûmes toutes les deux projetée sur les fesses. La surprise passée, j’éclatais de rire en me repassant la scène dans la tête. La gamine, elle, commençait à avoir les larmes aux yeux. Je posais alors mes genoux sur la glace pour me mettre à sa hauteur et je lui tendis la main pour l’aider à se relever :

« Ho ho ho ! » Imitais-je en jouant avec le pompon de mon bonnet de noël pour la faire sourire. « La mère noël t’a renversée alors, pour s’excuser, elle te promet que tu auras plein de beaux cadeaux à Noël ! »

La petite m’observait avec de grands yeux mais elle ne semblait plus vouloir pleurer. Quelques secondes plus tard, sa mère vint à notre rencontre et je m’excusais également auprès d’elle avant qu’elles ne repartent toutes les deux. Je me relevais ensuite et j’époussetais mon pantalon de la glace qui s’était accrochée dessus.

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« Techniquement, c’est elle qui s’est imposée à moi donc je dirais qu’un petit animal sauvage m’a coupé la voie et que je l’ai remise sur ses pattes pour qu’elle reparte saine et sauve ! »

Quelle poésie ou l’art et la manière de retourner la situation en ma faveur ! Après tout je ne mentais pas, la fillette m’était effectivement passée devant sans faire attention et que dans la logique des choses : je l’avais percutée. Heureusement plus de peur que de mal et le petit faon avait pu retrouver sa maman. Le gage de Luana m’amusait :

« Ah ouais, donc non seulement je suis la victime dans l’histoire mais en plus il faut que je paie pour ça ? Et je suis sûre que tu me le demande pour me ridiculiser devant un de mes crushs de ce soir ! »

Je lui tirais puérilement la langue avant de rire.

« Tu sais quoi ? Je relève ce gage qui annule ma chute puisque non seulement je vais chanter mais en plus je vais le faire bien fort et sur trois tours de piste ! »

Que disions-nous déjà ? Ah oui, que nous étions de vraies gamines et bon Dieu, que ça faisait du bien de pouvoir se lâcher comme ça ! Je m’exécutais alors sans perdre une minute en patinant sur la glace pour prendre une vitesse de croisière. Une fois mon allure cadencée, je jetais un œil à mon amie avant d’entonner fièrement et en criant presque, une des plus traditionnelles chansons de Noël française :

« PETIT PAPA NOËL… QUAND TU DESCENDRAS DU CIEL… AVEC DES JOUETS PAR MILLIERS… N’OUBLIE PAS… MON PETIT SOULIER… »

Et je continuais mon tour sous les regards étonnés des passants avec une Luana qui avait bien pris soin de rester trèèès loin devant moi mais que je devinais morte de rire. Dans quelques instants, elle allait probablement devoir s’arrêter pour pouvoir respirer correctement. Du moins, c’était le genre de réaction que j’imaginais parfaitement ! Lors de mon second tour, je continuais toujours avec la même intonation :

« MON BEAU SAPIN… ROI DES FORETS… QUE J’AIME TA VERDUREUUUHH… »

Bien entendu, pour ne pas laisser ma comparse s’en tirer à si bon compte, je pris soin de patiner plus vite pour arriver à sa hauteur et lui attraper le bras pour la tenir par les épaules en continuant mon tour :

« Regarde Lu’, on est des stars ! » Soufflais-je.

Et c’était rien de le dire, la plupart des passants nous regardaient, amusés.

« Je continue ou tu es d’accord pour dire que les comptes sont remis à zéro ? »

Et pour la narguer, j’allumais les petites lumières de mon bonnet de noël. Avec elle, chaque instant devenait culte ! Je décidais alors de l’immortaliser en sortant mon téléphone portable de ma poche. Je dû lâcher l’épaule de Luana pour sélectionner l’appareil photo et je repris place à ses côtés en pointant le téléphone vers nous.

« On est magnifiques avec nos chapeaux de Noël, je te jure, on va tellement signer d’autographes après ce concert improvisé qu’il vaut mieux aussi prévoir une photo à nos fans ! Souris ! »

Le flash eut tôt fait de nous éblouir, ce qui me fit repartir dans de grands éclats de rires. La photo était magique !

« On va nous croire si on dit qu’elle a été prise sans une goutte d’alcool, tu penses ? »

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« Ah ouais, le Père Noël, rien que ça ! Je ne comprends pas puisqu’il a passé une bonne partie de la nuit avec moi l’an dernier pourtant… » M’enquis-je en me grattant le menton avec un faux air suspicieux.

Du moins, c’était ce que j’avais sous-entendu à Spencer lorsque je l’avais croisé la dernière fois au marché de Noël.

« C’est parce que nous sommes parfaites j’imagine ! »

Trop parfaites pour sortir avec quelqu’un de réel mais suffisamment pour l’imaginaire… Mouais, ce n’était pas si enviable que ça finalement… Mais Luana n’avait pas tort en affirmant que tout le monde nous regardait. En même temps, nous avions – j’avais ? – fait un sacré bazar sur cette patinoire en peu de temps. A croire que moins nous nous voyions et plus nous étions déchaînées lors de nos retrouvailles.

« C’est pas faux… Ça te dit de remédier à ça ? »

J’observais mon amie avec un air espiègle. Nous nous étions bien amusées à patiner comme des folles, il était temps d’enfin aller voir ce que nous voulions à la base et donc de nous promener dans la galerie des glaces. Nous quittâmes alors la piste pour rejoindre le vestiaire et récupérer nos chaussures. Il n’y avait pas à dire, retrouver de la stabilité était loin d’être déplaisant ! Je me levais du petit banc en bois et ce fut cet instant que mon estomac choisit pour se manifester. Je riais alors en frottant mon ventre.

« Je t’offre un snack avant d’y aller ? » Demandais-je en désignant un stand non loin d’ici.

Après tout, je lui devais bien ça puisque malgré mon gage, j’étais quand même tombée et les règles de notre pari étaient formelles. J’étais sans doute un peu trop tâtillons mais je savais reconnaître ma défaite et en accepter les conséquences. D’autant plus lorsqu’il s’agissait de nourriture mais pour ça nous nous étions bien trouvées avec Luana ! Nous nous dirigeâmes alors vers la cabane aux faux rondins de bois qui nous intéressait pour nous commander à manger. Personnellement, je choisissais une bruschetta savoyarde et je laissais mon amie choisir avant de régler le tout. Je n’avais aucun scrupule à m’empiffrer ce soir. Patiner m’avait ouvert l’appétit et le fromage ainsi que les pommes de terre étaient de saison, sans compter que je n’étais pas le genre de femme à commander une salade. En revanche, oui, c’était plus gros qu’un snack !

J’emboîtais le pas à Luana alors que nous nous dirigions vers l’entrée de la galerie. Par chance, nous fûmes autorisées à entrer avec nos repas improvisés et la visite débuta. Tout ici était absolument splendide ! Les jeux de lumières savamment installés mettaient en valeur les sculptures lisses et sans défauts qui s’offraient à nous. Les œuvres se succédaient par thèmes tandis que nous déambulions doucement pour en profiter un maximum. J’attrapais une nouvelle fois mon téléphone portable et j’en profitais pour photographier et/ou filmer certaines sculptures en promettant à Luana de les lui envoyer en rentrant. Je n’avais pas besoin d’un miroir pour parfaitement imaginer la tête que je devais faire en ce moment.

« Quel dommage qu’elles soient destinées à fondre… » Soufflais-je.

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Let’s go girl ! {ft. Luana}

Luana avait toujours le don de me mettre de bonne humeur. Pas que je sois morose habituellement, loin de là même, mais elle était capable de me rendre le sourire en un clin d’œil tout simplement en restant elle-même. J’éclatais de rire en faisant attention à ne pas faire tomber mon repas quand elle nous fit tourner et je l’observais, les joues rosies par le froid et la bonne humeur, marquer notre passage ici à sa manière.

« C’est une promesse !! » Surenchérissais-je en criant à mon tour.

Je me tournais ensuite vers mon amie pour rire à nouveau et je lui empoignais le bras pour continuer la visite. Les statues se succédaient, autant que les bêtises que nous nous racontions et les photos souvenirs en tous genres et très vite, nous arrivions à la fin du circuit. Un moment parfaitement synchronisé à la fin de nos snacks respectifs d’ailleurs. Nous étions alors fin prêtes à attaquer la dernière partie de cette soirée entre copines qui s’annonçait sous les meilleurs hospices. Je regardais Luana avec une lueur espiègle :

« Prête ? Je n’oublie pas ce qu’on s’est dit à la patinoire, s’il y a l’un de tes crush, compte sur moi pour te pousser vers lui ! »

Je riais sous cape tandis que nous nous approchions du bar. Une fois bien installées sur les tabourets, je commandais la première tournée au serveur. J’avais pour habitude de prendre du sans alcool mais pas ce soir. Non, ce soir je voulais profiter pleinement du temps qu’il nous restait avec Luana pour passer la soirée la plus amusante possible avec elle. Je demandais donc un cocktail surnommé « Ice Santa » qui collait parfaitement au thème de la soirée. Est-ce que je l’avais choisi uniquement pour son nom ? Oui. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il y avait dedans. D’ailleurs, j’avais envie que mon amie joue le jeu aussi, si bien que je lui retirais la carte des mains tout en m’affublant d’un sourire malicieux :

« Laissons la magie de Noël choisir pour nous ce soir. Et puis ça changera des cocktails qu’on a l’habitude de boire tout le reste de l’année. »

Je gardais la carte dans la main en prenant bien soin de la cacher des yeux de mon amie :

« Si tu veux, je peux te redonner les intitulés mais pas plus. Et tu dois me jurer que tu ne vas pas tricher ! »

Après tout, elle avait peut-être retenu une partie de la composition de certains verres ? Oh, je la connaissais aussi suffisamment pour savoir qu’elle était joueuse. Nous étions rivales dans nos boulots respectifs, il ne fallait pas l’oublier, mais nous étions aussi très fair-play. Je n’avais pas souvenir d’une quelconque tricherie entre nous et nous n’avions pas besoin de tout ça mais je pouvais bien la taquiner un peu, non ? Le serveur semblait même s’amuser de nos échanges. Une fois la commande définitivement passée, je balayais la salle du regard pour tenter de repérer quelques visages connus que nous aurions pu rencontrer à la patinoire, sans grand succès.

Codage par Libella sur Graphiorum