Un dimanche à savourer (Priam & Eve)

Le vide-grenier a permis d’enclencher les travaux aisément. La mise en vente sur internet a vidé un peu plus le garage. Le reste est parti à des associations caritatives, une en particulier qui s’occupe de femmes en situations de précarité, cause à laquelle Eve est sensible. La seconde association a été choisie par Priam. L’attente, alors que l’agencement avançait, leur a paru longue, mais ça y est, ils ont poussé la porte, ils se sont installés ! Les premières nuits ont été étranges pour Eve. Un nouveau cap à passer. La sensation d’être vraiment adulte. Plus personne pour lui dire quoi faire, plus personne pour s’inquiéter à chaque fois qu’elle rentre un peu tard. Une liberté qui induit une obligation, celle de s’assumer complètement. Financièrement, avec son job, elle le peut. Psychologiquement, il y a toujours ce vide dans les projets depuis qu’elle sait que voyager dans l’espace ne se fera jamais.

Même s’ils ont discuté de la colocation, de ce qu’elle pourrait être, cela n’était que théorie. Ils n’ont rien mis en place pour une organisation pratique. Tout est encore à faire. Du simple choix de la marque de liquide vaisselle à celui des menus pour les repas pris en commun. La question est même là, que doivent-ils partager au quotidien ? Couper le frigo en deux, cuisiner chacun sa gamelle sur les feux qui se jouxtent ? Quelle tenue passe de décente à indécente quand on se promène dans les couloirs. Et cetera. Des détails qui avaient échappés à Eve et qui la perturbe depuis l’emménagement.

Dimanche. Ils ont la journée tout à eux. Et ce n’est pas n’importe quel jour. C’est le premier dimanche qu’ils vont vivre chez eux. Petit déjeuner en commun, là c’est une évidence. Parce que les autres matins, Eve n’a pas encore réussi à caler son horaire correctement, en retard pour arriver à son boulot. Aujourd’hui, le temps leur appartient. 

Tu vis officiellement avec Eve depuis quelques jours. Vous avez été pris pendant un long moment dans la vente des meubles et divers objets de cette petite maison dans laquelle vous vivez tous les deux par conséquent vu que ça a prit beaucoup de temps vous n'avez pas encore eu l'occasion de vous poser réellement tous les deux. Aujourd'hui elle ne bosse pas et toi tu ne vas pas te concentrer sur ton nouveau bouquin, le deuxième tome d'une longue série tu l'espères, du coup en te réveillant ce matin tu es allé préparer le petit-déjeuner pour vous deux. Au programme rien d'exceptionnel juste des pancakes et quelques gaufres. Vu que vous avez acheté un gaufrier récemment tu as cherché la recette sur internet et depuis tu te fais plaisir régulièrement avec une bonne gaufre au caramel. Mais ce matin tu veux juste profiter de ta meilleure amie et de la bonne ambiance qu'il y a dans cette maison malgré que vous ne vous voyez pas énormément en fin de compte en vue de vos boulots respectifs. Entre elle qui bosse chez un tatoueur et toi qui es écrivain c'est délicat. Tu passes la majeure partie de ton temps enfermé dans ta chambre à écrire ton nouveau livre. Tu ne peux pas faire comme George R.R. Martin qui semble en panne d'inspiration vu qu'il n'a toujours pas sorti le nouveau tome du Trône de Fer. Toi tu ne veux pas laisser les fans de ton bouquin sur leur faim donc tu écris le plus rapidement possible histoire qu'ils puissent avoir une suite rapidement. Et ton bouquin plaît bien. Tu t'es fais pas mal de sous grâce à ton livre. Il se vend plutôt bien ce qui est d'ailleurs surprenant pour un premier livre. Ton éditeur et toi-même êtes les premiers surpris par cette vente incroyable de ton livre mais on ne va pas s'en plaindre au moins ça t'évite de devoir te trouver un petit boulot à côté en plus de ton boulot d'écrivain. Et ça, ça te fait grandement plaisir. Et là, alors que tu songes à tout cela tu entends Eve te rejoindre et tu lui souris tout en te tournant vers elle « Bonjour ma chérie. Comment ça va ? Bien dormi ? » Tu dis d'un ton joyeux tout en posant tes yeux sur elle. « Je nous prépare des pancakes et des gaufres, j'espère que ça te plaira. » Tu ajoutes en souriant...

Un débardeur et un short en guise de pyjama. C’est dans cette tenue qu’Eve, un peu ébouriffée de la nuit de sommeil arrive dans la cuisine. Priam est déjà là. « Salut. » Il est déjà en train de leur cuisiner quelque chose de savoureux, elle le sent à l’odeur. Il l'a renseigne sur ce qu'il prépare. Elle a maintenant des noms à mettre sur ce qui cuit : pancake et gaufre. « T’es parfait Priam ! Je me dis qu’après tout, être en retard le matin et partir en quatrième vitesse m’évite de prendre des kilos pour consommation abusive de gâteaux au p’tit déj. » Parce qu'elle est sûre, que les matins seraient copieusement entamés si elle avait ne serait-ce qu'une petite heure devant elle. « Mais le dimanche, je vote pour. » Annonce en guise de remerciement pour l'attention culinaire de son colocataire. Comme s’il était possible de refuser ce qui est en train de cuire.

« J’ai bien dormi, merci. Pas l’angoisse de se lever, d’avoir loupé le coche, ça fait du bien. Et toi ? La forme ? » Question un peu idiote quand on voit le jeune homme actif et tout sourire. Dans le but de partager les tâches, elle prévoit de s’occuper des boissons pendant qu’il termine la cuisson. « Tu veux thé ou café ? » Elle prend café le matin. C’est plus boostant trouve-t-elle pour entamer une journée sur les chapeaux de roues. En retard, vous avez dit en retard ? En quelques jours c’est devenu une obsession. Cela l'étonne d'une manière, ce n'est pas le job de ses rêves, il est purement alimentaire. D'un autre côté, Eve est passionnée et assidue dans tout ce qu'elle fait. De plus sa patronne est sympa ! Alors, le café du matin, voilà le meilleur carburant pour finir de se réveiller. Le thé, cela se savoure. On prend le temps du réveil dans le calme. Ce dimanche mérite qu’on sorte sur la table un belle assortiment de saveurs. Jus de fruits, confitures, miel, sirop d’érable, tout ce qu’elle trouve va finir sur la table. Elle ajoute même un vase avec des fleurs qui trônait jusque là dans la pièce d’à coté. C’est plus jolie un table fleurie. Il faut faire honneur au travail de cuisinier de Priam.
 

Tu prépares le petit-déjeuner te disant que ça fera plaisir à ta colocataire et meilleure amie de manger quelque chose de concret plutôt que de boire un simple bol de café comme elle a l'habitude de faire quand elle part bosser le matin. A vrai dire tu ne la croises que rarement voire même jamais le matin. Tu as des nuits plutôt aléatoires. Parfois tu te réveilles à sept heures, parfois à huit et parfois bien plus tard. Ton traitement bipolaire joue beaucoup sur ton sommeil et te fait pioncer jusqu'à tard ou alors jusqu'à très tôt dans la matinée, ça dépend. Mais en tout cas en semaine tu ne la vois quasiment jamais le matin. Il n'y a que le soir où vous pouvez vous poser tous les deux. La voilà d'ailleurs qui arrive et tu la salues chaleureusement « Salut. » Tu lui souris tendrement tout en la prévenant de ce que tu prépares « T’es parfait Priam ! Je me dis qu’après tout, être en retard le matin et partir en quatrième vitesse m’évite de prendre des kilos pour consommation abusive de gâteaux au p’tit déj. » Tu ricanes aussitôt en la fixant attentivement « crois-moi que tu prennes des kilos ne serait pas un drame. Tu es toute mince. Mais je suis content que le petit-déjeuner que je prépare te plaît. Je vais faire un caramel beurre salé à côté, tu aimes ça ? » Tu dis d'un ton joyeux à la belle. « Mais le dimanche, je vote pour. » Tu acquiesces en continuant de préparer votre repas. « Je penserai donc à faire ça plus souvent dans ce cas. Au moins ça nous fait plaisir à tous les deux donc c'est l'essentiel. » Tu dis d'une voix douce. « J’ai bien dormi, merci. Pas l’angoisse de se lever, d’avoir loupé le coche, ça fait du bien. Et toi ? La forme ? » Tu acquiesces en la scrutant « Tout va bien merci. J'ai écrit un petit peu hier. Puis je me suis couché assez tôt donc du coup ça explique pourquoi je me suis levé si tôt. » Tu réponds en riant. « Tu veux thé ou café ? » Tu te tournes vers elle avec un sourire. « Ni l'un ni l'autre. Je bois du jus de fruits multi-fruits le matin. Rien d'autre. Le café comme le thé je ne peux pas supporter ces trucs. » Tu réponds à la belle. « Tu voudrais une sauce au chocolat maison pour accompagner notre repas ou le caramel beurre salé te suffit ? » Tu demandes joyeusement à la belle...

Le petit déjeuner s’organise parfaitement entre les deux colocataires. Si Eve ne lâche pas son café des yeux, même si personne ne va se ruer dessus pour le voler, elle se met en devoir de servir le jus de fruits de Priam. Après tout ce qu’il a fait, il mérite amplement qu’elle soit au petit soin pour lui. Le roi Priam, le roi du petit déjeuner. Elle rit. Elle plaisante. Ce matin est la meilleure chose de cette semaine. Mais le caramel ! Je suis sûre que tu vas en faire une tuerie. Il propose aussi du chocolat. Elle réfléchit. L’offre est tentante. Ce n’est pas qu’elle est gourmande, simplement elle aime ce qui est savoureux. Ce sera trop. Soyons raisonnable. Le week end prochain, chocolat ! Parce qu’il a beau dire, elle est mince, mais à ce régime, ça ne durera pas longtemps. Il y a son footing, malheureusement ce n’est pas régulier, pas du tout quotidien, en particulier depuis qu’elle travaille au salon de tatouage. Il est nécessaire de s’organiser. Courir, elle ne doit pas abuser non plus, le médecin lui a déconseillé les efforts excessifs. Ne rien faire physiquement quand on a été une sportive, c’est impossible. Doser, c’est compliqué depuis son accident. Elle veut en faire trop, ça lui joue des tours parfois. Abuser du caramel, c’est jouable ça ? Oui ! Je suis contente que tu es pu écrire. C’est super. Il faut une sacrée discipline pour gérer son temps de rédaction. J’arrivais à le faire quand je faisais mes études. J’crois que maintenant, je n’arrive à rien. C’est bordélique. Je crois que la motivation y est aussi pour beaucoup et j’en ai pas des masses en fait. Donc je t’applaudis, pour ton taf culinaire et littéraire. Et Eve tape dans ses mains pour ovationner son ami.
 

Au fond tu as toujours été un bon cuisinier et vu que tu ne prends jamais un gramme il est clair que tu peux te permettre de manger à ta guise. Bon pas au point de te goinfrer jusqu'à l'engrais non plus comme on dit si bien. Mais tu te nourris sainement de sorte à avoir une bonne hygiène de vie. Bien évidemment il t'arrive d'aller dans des fastfoods et de manger un bon hamburger comme un peu tout le monde mais ça reste assez rare en fin de compte. "Le roi Priam, le roi du petit déjeuner." Tu ris gaiment en la scrutant tandis qu'elle reprend la parole "Mais le caramel ! Je suis sûre que tu vas en faire une tuerie." Tu acquiesces joyeusement « J'espère que ça te plaira. » Tu dis simplement en souriant à ta belle amie. Tu lui proposes donc de préparer du chocolat chaud avec le caramel et elle semble réfléchir un instant à la question ta belle amie "Ce sera trop. Soyons raisonnable. Le week-end prochain, chocolat ! " Tu acquiesces en riant « A ton service ma chérie. » Tu réponds avec enthousiasme. Tu penses alors un moment à Killian que tu as revu récemment en cette fin d'année 2019 et qui t'a même embrassé alors que vous patiniez côte à côte. Un moment qui restera éternellement gravé dans ta mémoire. "Je suis contente que tu aies pu écrire. C’est super. Il faut une sacrée discipline pour gérer son temps de rédaction. J’arrivais à le faire quand je faisais mes études. J’crois que maintenant, je n’arrive à rien. C’est bordélique. Je crois que la motivation y est aussi pour beaucoup et j’en ai pas des masses en fait. Donc je t’applaudis, pour ton taf culinaire et littéraire." Tu souris en la scrutant « Merci beaucoup ! J'espère que le deuxième tome plaira autant que le premier. » Tu commentes joyeusement tout en terminant le repas. Tu mets donc vos gaufres dans deux assiettes puis tu verses le caramel chaud fondant dessus tout en rajoutant quelques fruits notamment des fraises et des bananes histoire de donner une petite touche de fraîcheur à votre repas. Tu emmènes donc tout ceci jusqu'à la table de la salle à manger où tu sors des couverts tout en posant le verre de jus de fruits qu'elle t'a donné précédemment. « Eh bien bon appétit ma chérie. » Tu dis gaiment à la belle...

Merci. C’est la réponse normale quand on vous souhaite un bon appétit. C’est la réponse tout aussi normal quand vos mirettes se régalent devant l’assiette posée devant elle, avant que vos papilles s’extasient à leur tour. Priam a géré parfaitement. Eve ne va pas aligner les mercis, même si l’envie est là.

Installés dans la salle à manger, ils peuvent apprécier leur dimanche de repos. particulièrement agréable. Eve lui sourit entre deux bouchées. Partager un repas, c’est le moment privilégié pour partager une discussion. Eve hésite. Il y a un sujet qui lui trotte dans la tête depuis qu’elle travaille chez Maya. Une inquiétude que sa patronne a tenté de balayer, mais elle n’a pas totalement réussi. Eve a eu la mauvaise idée de passer devant d’autres salons de Wellington et de fureter sur le net à la recherche d’images de confrères. Elle tourne sa cuillère, brasse le couteau qui a servi à couper sa gaufre et garde les traces du caramel. La serviette n’est pas en reste, elle passe d’étendue sur ses genoux à un tas sur la table, puis retour un étage plus bas. Comment poser la question et avoir une réponse honnête ? Non pas que Priam pourrait lui répondre de façon complaisante, mais est-ce suffisant ?

Je me suis faite tatouée. Gros mensonge, mais c’est sorti comme la mauvaise idée de la semaine. Au final, c’est peut-être la solution, voir la réaction de Priam, cela lui donnera un aperçu de l’approche des gens à une telle action. Non, en fait pas du tout. Cela dépend de la raison de le faire, du dessin, de sa réussite, de la volonté d’affirmer ou communiquer sur un élément qui tient à coeur. Alors elle balance de nouvelles affirmations que Maya a tenté de contre-dire mes que ses collègues, aux quatre coins de la ville, réfutent par l’affichage de motifs sur leur corps. Tous ceux qui bossent dans un salon de tatouage sont tatoués. J’ai pas le choix.
 

Et finalement vous passez à table tous les deux, prêts à manger un très bon repas que tu as concocté toi-même. La cuisine a toujours fait partie de tes passions, ta mère t'a apprit très tôt à cuisiner. Enfin c'est plus précisément la mère de Hera ta sœur adoptive mais tu considères cette femme comme ta propre mère étant donné qu'elle t'a élevé. Tu es très proche d'elle comme de chacun des membres de ta famille. Et là, alors que tu manges tu songes à ta mère te disant qu'elle serait sûrement fière que tu cuisines comme ça toujours avec autant de passion dans les yeux. Elle a toujours apprécié cuisiner avec toi étant donné qu'elle apprécie les gens comme toi qui sont passionnés par ce qu'ils font de leur vie. C'est ton cas. Tu aimes tout un tas de choses notamment la littérature, l'écriture, la cuisine, le cinéma, les animaux et tout un tas d'autres choses. Ainsi quand tu bosses sur ton bouquin tu es cette satisfaction intérieure de pouvoir te dire que tu exerces ta passion en guise de métier et ça c'est une chance qui n'est pas donnée à tout le monde tu en es bien conscient mais tu n'es pas du genre à étaler ton bonheur devant tout le monde. Le repas se passe donc en silence pendant un moment jusqu'à ce que finalement ta belle amie se tourne vers toi "Je me suis faite tatouée." Tu la fixes avec un sourire, surpris mais malgré tout enchanté par cette nouvelle, tu n'as pas de préjugés sur les tatouages ou les piercings comparé à certains donc ça ne te dérange pas qu'elle te dise ça. « C'est vrai ? Où ça et quoi donc ? Je peux voir ? » Tu demandes curieux et enthousiaste. "Tous ceux qui bossent dans un salon de tatouage sont tatoués. J’ai pas le choix." Tu penches la tête sur le côté en entendant ses mots « on a toujours le choix ma chérie tu sais ? Se faire tatouer c'est bien mais faut que l'envie soit vraiment là... » Tu fais remarquer à la belle. « Est-ce que ça fait si mal qu'on le dit ? J'ai peur des piqûres donc je t'avouerai que je doute sauter le pas un jour. » Tu lui demandes curieux et intéressé..

C’était une très mauvaise idée de lancer ce mensonge concernant le tatouage. Elle aurait dû le savoir que l’une des questions qui allaient suivre serait : est-ce que je peux le voir ? Si Priam avait annoncé avoir cédé à cette pratique, elle aurait demandé de la même manière. Maintenant, elle devait se sortir de ce mauvais pas. La vérité aurait dû émerger à ce moment-là. Ce n’est pourtant pas ce qui vient à l’esprit d’Eve. Elle baisse le nez vers son assiette. Elle regarde la décoration et en vient à une idée. Elle s’enfonce dans ce mensonge au lieu de sourire en expliquant qu’elle voulait uniquement avoir un retour sur l’idée. « Ce n’est pas terminé. Je préfère attendre que ce soit achevé pour le montrer. » Tellement peu terminé que ce n’est même pas commencé ! Il y avait aussi l’option de dire qu’il était placé dans un lieu intime. C’était ça la bonne issue de secours ! Tant qu’au motif, aucune idée. Pas un des engins spatiales qu’elle griffonne parfois, ce serait étrange. Pas d’ailes, cela lui rappellerait trop l’échec et la déception immense de ne pas pouvoir intégrer l’armée de l’air. Il valait donc mieux attendre avant de s’étendre sur le sujet, l’esquiver tout simplement. « Je ne te le conseille pas. Un tatouage c’est des centaines de piqures au même endroit. Alors c’est loin d’être indolore. » Elle ne veut pas transmettre sa propre peur, déjà Priam ne semble pas vaillant devant l’idée. Elle est convaincue que cela doit être hyper douloureux. Alors, elle abonde facilement dans son sens. mais c’est surtout l’autre remarque de son ami qui l’amène à réfléchir. « Tu crois vraiment qu’on a toujours le choix ? » Elle n’a pas eu le choix, avoir un accident ou pas, mourir ou vivre, être pilote d’avion ou secrétaire. La fatalité, les lois de l’univers, le coup de pas de chance, les conséquences du reste. Quoiqu’elle aurait pu choisir un boulot de serveuse à la place de secrétaire, mais rien ne prouve qu’on l’aurait prise.

Tu ne te rends pas compte que cette histoire de tatouage est en réalité un mensonge crée de toute pièce par ta meilleure amie. Elle cherche à te tester, à voir comment tu appréhendes ces dessins sur la peau, c'est tout à son honneur mais tu n'es pas fan du mensonge donc si jamais tu apprends plus tard qu'elle t'a menti pas sûr que tu apprécieras beaucoup. Naïvement tu lui demandes donc de te montrer son tatouage « Ce n’est pas terminé. Je préfère attendre que ce soit achevé pour le montrer. » Tu acquiesces simplement tout en lui parlant de ton envie de te lancer toi aussi mais de ta peur des aiguilles « Je ne te le conseille pas. Un tatouage c’est des centaines de piqures au même endroit. Alors c’est loin d’être indolore. » Tu grimaces en acquiesçant « je sais bien j'en suis conscient. Il faut encore que je réfléchisse. Peut-être que je pourrai t'accompagner quand tu le termineras ? » Tu réponds à la belle à tes côtés. « Tu crois vraiment qu’on a toujours le choix ? » Tu hausses des épaules en la scrutant « c'est une conviction que j'ai oui. De mon point de vue on a toujours le choix. La liberté d'expression c'est important. Quand on veut faire quelque chose on le fait et quand on ne le veut pas on n'y est pas obligé. Moi je vois les choses comme ça. Tu es humaine, une femme, tu as ton droit à la parole. C'est ma façon de voir les choses. » Tu réponds en la jaugeant de tes grands yeux clairs... « Tu penses le contraire ? » Tu demandes finalement en fronçant les sourcils...

Eve serre les dents un instant se rendant compte qu’elle s’enfonce de plus en plus dans ce mensonge pour un tatouage. Pourquoi ne pas avoir demandé simplement : qu’est-ce que tu penses des tatouages ? De la pure stupidité, elle s’est piégée elle-même. Alors la proposition de l’accompagner lors de la prochaine séance, c’est complètement impossible. Elle fronce les sourcils, elle fait la moue. « Euh... je crois que je n’ai pas envie que tu m’entendes crier, pleurer, maudire cette idée. Et puis, Maya le fait entre deux rendez-vous, quand elle a le temps, donc au hasard du planning. Pour ça que ça n’avance pas vite. » Elle gagne du temps sur l’échéance de la fin de l’hypothétique tatouage.

Heureusement, la conversation dévie. Priam explique son point de vue. Elle acquiesce. « Je comprends ce que tu veux dire. Oui la liberté d’expression, pouvoir dire oui ou non à une offre, émettre un point de vue qui t’est propre. » Elle boit une gorgée avant de reprendre, concentrée sur le pire sujet de son existence. « Je pensais davantage aux faits qu’on subit, qui esquinte ta vie, qui la détruit, qui te laisse sur le carreau sans pouvoir reprendre le fil de ta vie tel qu’il était avant. Les trucs qui font qu’il y a un avant et un après qui ne pourra plus jamais ressembler à l’avant. » Elle ne sera jamais astronaute et elle ne remettra plus les pieds chez son frère. Le premier fait ne laisse aucun doute, que ce soit l’officier recruteur de l’armée et surtout son médecin personnel, ils sont formels là-dessus. Pour son frère, la manière dont il l’a chassée de chez lui laisse peu de place pour un retour en arrière. Même des excuses ne suffiront pas, il aura toujours en tête le fait de l’avoir surprise en train d’observer la nudité de sa femme. Elle en est quasiment sûre, il n’acceptera jamais ses excuses. En fait, c’est autant à lui d’en faire, il l’a quand même frappée. Ce n’est pas une attitude envers sa soeur plus jeune et plus fragile. Il aurait pu la renvoyer à l’hôpital, la remettre dans le coma en cognant trop fort.
 

Vous continuez donc à manger votre petit-déjeuner. Les gaufres se révèlent être délicieuses. Mais le mensonge de Eve ne risquera pas de te plaire lorsque tu apprendras qu'elle a menti sur cette histoire de tatouage. Tu as toujours eu horreur du mensonge, ne supportant d'être trompé. Là c'est encore différent, si tu venais à l'apprendre tu ne comprendrais juste pas pourquoi elle a menti sur un pareil sujet et ça te blesserait voilà tout. Mais pour l'heure tu lui proposes naïvement de l'accompagner à sa prochaine séance « Euh... je crois que je n’ai pas envie que tu m’entendes crier, pleurer, maudire cette idée. Et puis, Maya le fait entre deux rendez-vous, quand elle a le temps, donc au hasard du planning. Pour ça que ça n’avance pas vite. » Tu acquiesces en la fixant « Tu fais quoi exactement comme motif ? C'est quoi exactement ? » Tu demandes curieux en lui souriant. Tu lui donnes ensuite ton point de vue quant au fait qu'on a toujours le choix selon toi et que la liberté d'expression existe « Je comprends ce que tu veux dire. Oui la liberté d’expression, pouvoir dire oui ou non à une offre, émettre un point de vue qui t’est propre. » Tu acquiesces en la scrutant « Je pensais davantage aux faits qu’on subit, qui esquinte ta vie, qui la détruit, qui te laisse sur le carreau sans pouvoir reprendre le fil de ta vie tel qu’il était avant. Les trucs qui font qu’il y a un avant et un après qui ne pourra plus jamais ressembler à l’avant. » Tu grimaces comprenant qu'elle parle de sa vie passée, de son métier qu'elle désirait faire et qu'elle ne peut plus. De son passif tout simplement « Tu sais la vie peut être injuste. Parfois on a des projets et des rêves plein la tête. On a envie de faire certaines choses... Et tout d'un coup tout est bouleversé pour X ou Y raisons. C'est moche mais ça fait partie de la vie. Faut savoir accepter son Destin et son karma qu'ils soient bons ou mauvais. Moi je vois les choses ainsi. » Tu commentes à ta belle amie... « Tu penses à ton métier de rêve hein ? » Tu demandes en la jaugeant tout en continuant à manger...

Et maintenant Priam veut savoir quel motif Eve a choisi de se faire incruster dans la peau ! C’est tellement logique. La réponse devrait prendre cinq secondes. Après tout, le tatouage est censé être commencé et donc le choix fait. Sauf que... Pause petit déjeuner. Il faut bien se restaurer pour prendre des forces et affronter ce délire dans lequel elle a plongé la tête la première. Les secondes s’accumulent pour qu’elle puisse rassembler ses idées sur le bidule qu’elle serait prête à porter sur elle le reste de sa vie, le truc supportable, le truc qui fait beau, le truc qui donne envie, le truc qui donne de l’espoir. Un truc qui la caractérise. « C’est symbolique. » Priam aura du mal à lui arracher des éléments supplémentaires à cet instant, sur le tatouage parce qu'elle était dans le questionnement pour ce tatouage et la discussion n’a pas éclairé totalement sa lanterne, elle a bloquée Eve dans la corde. L’image qui lui vient n’a pas de contour précis. Du flou, celui qui habite sa tête. Du flou qui se replie sur lui-même pour laisser une noirceur monter sur scène. Priam a compris, il le sent que le fond de son interrogation sur le choix vient des profondeurs de son existence, de la tragédie, de la souffrance. « Ouais. » Un seul mot qui a du mal a sortir tant sa gorge est serrée. Oui, le métier dont elle a rêvé durant toute son enfance, son adolescence et le début de sa vie d’adulte ne fait plus parti de son avenir. Elle passe sa main sur son visage. Cet échec est porteur de larmes. Cet échec c’est sa vie. Elle va le porter toute sa vie. Comme on porte un tatouage. « Une plume. C’est une plume le tatouage. Une plume toute seule prise dans le tourbillon. Elle n’a plus d’oiseau pour l’emmener dans l’azur. Elle tourbillonne. Elle sait que la seule issue est la chute. Cela viendra, mais ce n’est pas elle qui décide, c’est le vent, c’est la vie. Tout ce qu’elle a le droit de faire, c’est laisser faire. Elle n’a de prise sur rien. Voler, à chaque battement d’aile, n’est plus que le rêve d’un rêve. » Elle a menti tout à l’heure à Priam sur ce potentiel tatouage qui lui accaparait l’esprit parce que tous les tatoueurs sur le web qu’elle a vu sont tatoués et que c’est tellement logique quand on bosse dans ce type d’établissement. Leur corps est leur vitrine. Mais maintenant, ce truc qui l'obsédait depuis plusieurs jours a trouvé sa solution. C’est devenu une certitude, un besoin, elle va demander à Maya de lui faire un tatouage et elle sait exactement quel dessin ce sera. C’est tellement évident. « Merci. Tu m'as aidé à y voir clair sur cette idée de tatouages, j'avais plein de doute, j'en ai plus. Et pour ce qui est d'avoir envie de vivre la vie qui me reste, je vais trouver parce que t’es un mec génial et avec toi à mes côtés, c'est plus facile. » Elle renifle un coup. Priam est jeune, mais sa vision de la vie est un sacré coup de pouce pour avancer.

 

Curieux, tu cherches naïvement à en savoir plus sur ce tatouage et son origine. Ce qu'il représente pour elle. T'es loin de te douter qu'elle a menti pour obtenir ton point de vue sur ses dessins corporels que beaucoup se font faire encore à l'heure actuelle. Tu ne te doutes pas parce que t'es jeune et naïf. Tu ne te doutes pas de la réalité parce que tu as une confiance aveugle en cette fille et que tu mettrais ta vie entre ses mains plutôt deux fois qu'une. Donc qu'elle te mente ça te paraît invraisemblable déjà parce que ça ne lui ressemble pas et qu'en plus mentir sur un sujet pareil c'est un peu con, selon toi. Donc clairement tu ne te poses même pas la question, tu veux juste savoir quel est le motif du tatouage histoire de visualiser la chose « C’est symbolique. » Tu acquiesces simplement voyant qu'elle est un peu troublée par tout ceci. Tu ne cherches donc pas plus loin et tu l'interroges sur son métier de rêve histoire de voir si c'est de ça dont il est question en ce moment : ce mal être qu'elle ressent. « Ouais. » Tu soupires tristement, gêné qu'elle n'arrive pas à tourner la page mais en réalité tu comprends parfaitement qu'elle ne puisse pas. Comment le pourrait-elle alors que tous ses rêves ont volés en éclats en l'espace d'un battement de cils ? C'est impossible de tourner la page, il faut du temps à toute chose et tu respectes ça. « Une plume. C’est une plume le tatouage. Une plume toute seule prise dans le tourbillon. Elle n’a plus d’oiseau pour l’emmener dans l’azur. Elle tourbillonne. Elle sait que la seule issue est la chute. Cela viendra, mais ce n’est pas elle qui décide, c’est le vent, c’est la vie. Tout ce qu’elle a le droit de faire, c’est laisser faire. Elle n’a de prise sur rien. Voler, à chaque battement d’aile, n’est plus que le rêve d’un rêve. » Tu grimaces tout en passant ta main sur la sienne dans un geste qui se veut complice et spontané afin de lui apporter ton soutien en ce moment compliqué pour elle. « Si jamais un jour la poésie te fait envie crois-moi tu seras bonne là-dedans. » Tu dis d'un ton plus léger histoire de détendre l'atmosphère. « Merci. Tu m'as aidée à y voir clair sur cette idée de tatouage, j'avais pleins de doutes, j'en ai plus. Et pour ce qui est d'avoir envie de vivre la vie qui me reste, je vais trouver parce que t’es un mec génial et avec toi à mes côtés, c'est plus facile. » Tu souris en la dévisageant longuement « C'est toi la meilleure ma chérie. Et je te dois énormément en retour, tu sais ? » Tu fais remarquer à la belle. « Je suis un peu perdu en ce moment. J'écris pour me changer les idées mais il y a quelqu'un dans mon esprit depuis plusieurs années maintenant. Je ne t'en ai jamais parlé mais c'est compliqué. Je suis amoureux. D'un mec en fait... » Tu commences timidement en lui lançant des coups d'œil par moment afin de guetter sa réaction. « Je l'ai rencontré dans la rue. J'ai eu un coup de foudre immédiat comme ça ne m'était jamais arrivé. Pendant un long moment je suis resté là à le regarder dans la rue puis un jour y a quelques mois en Mars 2019 j'ai été bloqué dans un ascenseur avec lui. J'ai eu la trouille mais il m'a rassuré. On a fait connaissance tout ça... Il est patineur artistique et s'appelle Killian. Il a un magnifique accent américain.... J'ai cru mourir tant il était charmant avec moi. Doux aussi. Il m'a donné son numéro et je lui ai donné le mien après qu'on ai été libéré de l'ascenseur et naturellement on a décidé de se revoir. Mais il est très occupé avec sa carrière donc pour l'instant ça ne s'est pas fait. J'espère le revoir bientôt.... » Tu commentes en la fixant. Ce que tu ne sais pas encore c'est que tu le verras aujourd'hui même en ce huit Décembre 2019 et que vous allez échanger un premier baiser, ton premier baiser en prime. Mais ça tu lui en parleras plus tard...

Sa description du tatouage qu’elle sait maintenant qu’elle fera, il suffira que Maya lui accorde un instant, a capté l’attention de Priam. Elle fronce un instant les sourcils. Se mettre à la poésie ? Elle n’y a jamais pensé. C’était les nombres qui la passionnaient, les équations et leur résolution, mais après tout, le ciel est porteur d’images, capable d’engendrer des merveilles. Décrire ne serait-ce que la spirale d’une galaxie et les feux des constellations. Voilà une source de réflexion ! « Tu me charries ? C’est gentil. » Elle rit doucement. « J’y penserai. »

C’est au tour de Priam de se libérer d’une histoire qui l’ébranle depuis longtemps. Elle interrompt son déjeuner pour être tout ouïe. Compliqué, il semble que leur vie, à l’un et l’autre, possède leurs lots de complications ! Mais pour son ami, c’est quelque chose qui peut s’avérer magnifique si cela se résout. Pour l’instant, cela semble le faire souffrir ! L’amour ! Tout un programme ! Eve comprend ce spontané, cet imprévu qui vous tombe dessus sans crier gare. Pour Priam c’est un homme dans la rue, pour elle se fut sa propre belle-soeur, cependant ce fut une sensation fulgurante, un désir, mais les sentiments ne se pas lancinants. Elle est encore en quête de son âme soeur. Elle sourit à son ami quand l’histoire devient plus positive. Ils se sont rencontrés, ils se sont parlés, ils ont échangé leur numéro de téléphone. « Ouah ! C’est une histoire digne d’un roman. Moi, je dis que c’est sur la bonne voie. Vous vous êtes parlés, vous avez vos numéros de téléphone, tu sais où le trouver si tu veux le voir. Lors d’une compétition ? Lors d’un spectacle ? Peut-être un entrainement ? Tu peux peut-être suivre ses déplacements sur Internet, Facebook ou Instagram. Si le hasard fait parfois bin les choses, génial cette panne d’ascenseur, il faut parfois le pousser un peu. Et si tu as besoin d’une complice sur ce coup, tu peux compter sur moi. Genre te laisser toute la maison si tu veux l’inviter à diner en tête à tête. » Elle lui sourit, radieuse, heureuse pour lui. Elle trouve que c’est une bonne chose. Elle positive. C’est plus facile de le faire pour quelqu’un que pour soi. Pour Priam, elle veut le meilleur. Et s’il s’avérait que ce Killian est un connard, il irait lui briser les genoux à coups de batte de baseball.