wrong beer, mate... ; pv.wade

**○ inscrit le** : 14/02/2018

♛ wrong beer, mate... ;

catapulted, finally made to go. parabolic, fighting a stranglehold. tear me from it, fears were manifold. terraform it, i was an embryo. it might be a little while, but maybe we’ll realign soon. made to reassign, but find me a little time too. half euphoric, fixing the ratios. teleport me, pushing the envelope. all ironic, given the way she slowed. you’re iconic, given the way you froze.

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Même si la soirée bat carrément son plein depuis une heure environ, Zoë s'ennuie ferme, au milieu de plusieurs de ses connaissances plus ou moins proches. Elle n'a pas du tout envie de se trouver une excuse pour s'éclipser, car c'est carrément devenu une habitude pour elle, qui commence à se refermer sur elle-même faute de parvenir à s'éclater. Peut-être n'est-ce qu'une passade, une mauvaise période à passer, mais le fait est qu'elle n'a aucune envie de faire la fête en ce moment. Elle se force presque à sourire, ce qui la dérange pas mal. Être hypocrite, ce n'est pas vraiment son truc. Si seulement elle parvenait à avouer qu'elle a juste envie de rentrer chez elle et de se mettre devant une bonne série avec une bouteille de vin et quelques chips...

Elle finit par se lever, son verre presque vide en main, pour aller commander autre chose. Personne ne lui demande de lui ramener un nouveau verre, ce qui l'arrange pas mal, parce qu'elle pourra traîner un peu au comptoir et tenter de faire du charme au barman pour se faire offrir un verre. Elle a remarqué son regard, tout à l'heure, quand il leur a ramené leur commande à table, et Zoë compte bien en profiter. Elle s'installe sur l'un des tabourets hauts et pose son verre un peu à côté d'elle, avant de sortir son téléphone de son sac parce qu'il y a plusieurs personnes avant elle. Elle relève de temps à autre la tête pour tenter de capter l'attention du serveur, entre deux publications sur Instagram. Puis, quand elle s'apprête à une nouvelle fois baisser son visage vers son écran, elle remarque qu'une main est en train de se saisir de sa pinte presque vide pour boire le reste de bière -certainement chaude- qu'elle contenait. Les sourcils de Zoë se lèvent, devant tant d'audace, alors qu'elle tourne carrément son visage sur sa droite pour faire face à cette personne voleuse de bière.

- Hum, excusez-moi... Mais c'est dans mon verre que vous venez de boire... précise-t-elle d'une voix plus cynique qu'autre chose.

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**○ inscrit le** : 30/08/2020

De temps en temps, se faire une petite soirée en extérieur, ça faisait toujours du bien. Encore plus quand on avait une journée harassante et particulièrement agitée. Le quotidien, pour un pompier, ça restait tout de même sacrément intense. Et Wade, comme tout être humain parfaitement constitué avait bien besoin de se distraire et de profiter d'un moment de détente. Il aimait bien traîner dans un bar situé à North Bay. Dernièrement, il avait parlé avec Noomi, de ses déboires sentimentaux. Maintenant qu'il avait dépassé la trentaine, il réfléchissait de plus en plus à ce que deviendrait sa vie. Il en était tout de même à deux échecs de concubinage... Même en restant positif, il ne pouvait s'empêcher de penser que le temps passait vite et qu'à ce rythme, à 40 balais, il serait encore tout seul. Ce n'était pas l'idéal de vie qu'il s'imaginait. Plus jeune, il se voyait bien en couple avec quelqu'un, un homme ou une femme, en fait, peu lui importait, du moment que le feeling passait et qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes. Peut-être avec un enfant, ou plus ? Adoptés ou naturels, là encore, il n'avait pas de préférence. Il souhaitait fonder une famille, un premier cercle qui lui permettrait d'avoir autre chose dans la vie que son boulot, le sport et l'adrénaline. Bref, qui lui offrirait de nouveaux horizons. Mais à trop vouloir forcer le destin, celui-ci finissait par produire l'effet inverse de ce qu'il recherchait.

Alors, pour inverser un peu le sort, il décida d'arrêter de chercher une perle rare et de prendre les choses comme elles venaient. D'où son inscription sur lovemaker et sa présence dans ce bar. Il attendait quelqu'un, un homme, dont le profil l'avait intéressé. Accoudé au comptoir, il avait demandé une bière et attendait que son date ne se manifeste. Cela finit par arriver. Il reçut un message du type, lui disant que finalement, il ne viendrait pas. Même quand il s'agissait de flirter un peu, ça ne se passait pas comme il le voulait. Au moins, le bonhomme avait eu la délicatesse de l'informer et de ne pas le planter sans rien dire. Ca restait toujours aussi désagréable, mais bon, la pilule passait mieux ! Profitant de cette annulation, il se leva et se dirigea vers les toilettes. Avec toute cette attente, il luttait depuis plusieurs minutes contre une envie naturelle, qu'il soulagea non sans satisfaction. Mieux valait dehors que dedans ! Après s'être lavé les mains, il revint dans la salle. Il y avait du monde. Il nota qu'au comptoir une jeune femme s'était installée à la place à côté de lui. Il se rassit et tendit le bras vers son verre. Il lui semblait l'avoir fini mais il restait un fond, donc autant éviter que ça ne parte dans l'évier... Il porta le contenant à ses lèvres et en une gorgée, il le vida. C'est alors que la jeune femme se tourna vers lui et qu'elle expliqua qu'il s'agissait du sien !

- Oh ??? Pardon ! Je pensais que c'était le mien ! Je suis vraiment confus !

Il avait perçu le cynisme dans sa voix et la regarda de façon plus attentive. Elle donnait l'impression d'être un peu paumée et un peu seule dans cet endroit. Wade, soucieux de régler ce petit différend, somme toute bien inoffensif, ajouta :

- Et si je vous payais un verre pour m'excuser ? J'allais justement m'en commander un autre ! Je m'appelle Wade au fait !

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C'est déjà arrivé de nombreuses fois à Zoë de se tromper de verre, attablée avec des amis. Mais qu'on lui finisse le sien devant son nez, et alors qu'elle est seule au comptoir... Elle aurait peut-être réagi autrement s'il était resté plus ou moins la moitié de sa pinte, mais la tête de l'homme qui l'a prise pour la sienne vaut tout l'or du monde à ses yeux. Elle se met à rire chaleureusement après lui en avoir fait la remarque, et secoue la tête.

- Ça ne fait rien, il ne restait pas grand chose dedans de toute façon... fait-elle en haussant les épaules, amusée.

Elle répond à sa proposition par une petite moue d'hésitation, avant de hocher la tête. Que le serveur ou un inconnu l'invite, ça ne change pas vraiment la donne ! Ça risque seulement de donner une toute autre allure, peut-être plus divertissante, à sa soirée.

- Allez, c'est bien parce que j'ai soif et que vous m'avez privée de ma dernière gorgée tant méritée ! lance Zoë en souriant. Elle ajoute bien vite pour lui répondre : "Et moi Zoë."

En attendant que le dénommé Wade réussisse à capter l'attention du serveur pour leur recommander quelque chose, Zoë range discrètement son téléphone dans son sac à main tout en demandant à son compagnon de bar :

- Vous êtes seul ce soir ?

La question semble affreusement classique, mais la jeune photographe a quelque peu perdu son habitude d'engager les conversations.

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**○ inscrit le** : 30/08/2020

- Et bien, techniquement, j'aurais du rencontrer un date, mais comme la personne a annulé au dernier moment, oui, je suis seul ce soir. C'est aussi votre cas ?

Wade posait la question en toute innocence, il n'avait pas d'idée mal placée derrière la tête. De toute façon, il aimait toujours voir si le courant passait bien avec les gens, avant de proposer quelque chose. Ses expériences passées lui avaient appris qu'il valait mieux faire de petits pas prudents plutôt que de se jeter tête baissé dans l'arène. C'était surement le seul sujet sur lequel il faisait preuve d'une infinie prudence. Sur tout le reste, on le qualifiait volontiers de casse-cou notoire. Il capta l'attention du serveur avant de commander deux autres bières. Ainsi, Zoë, puisque tel était son prénom, pourrait profiter de sa dernière gorgée et de quelques autres pour compenser la perte de son précédent fond de verre. Heureusement pour le pompier, elle ne le prenait pas mal et ne semblait pas vexée ou irritée. Ni même gênée, par sa présence. Ca, c'était important. Dans les bars, peut-être plus qu'ailleurs, les femmes rencontraient souvent des hommes lourds, du genre insistants. Beaucoup se croyaient drôles et intéressants alors qu'en vérité, c'était tout l'inverse. Il ne voulait pas passer pour un casse-pieds, ni pour une incruste. Il observa autour d'eux, l'air de rien et il sursauta tout à coup. En fait, son regard venait de croiser un miroir, derrière le bar et il ne reconnut pas son reflet. Il vit juste, du coin de l'oeil, un type qui le regardait. Etonnant ! Tout à l'heure, il n'avait pas remarqué cet objet de décoration. En attendant, il avait failli tomber de son tabouret. La honte ? Même pas. Il se mit à rire :

- Je crois que je suis un peu fatigué, je viens de me faire une frayeur tout seul avec mon reflet dans le miroir... En fait, je ne m'étais pas reconnu, je n'avais pas remarqué qu'il y avait un miroir tout à l'heure, pourtant, j'aime bien regarder autour de moi ! Déformation professionnelle !

Ca sortait de l'ordinaire. Il prit quelques inspirations pour calmer son rythme cardiaque qui avait bondi tout d'un coup. Quelques rires plus tard, il reporta son attention sur Zoë. Elle était plutôt agréable à regarder, il ne dirait pas le contraire. Le serveur, leur posa leurs deux bières sur le comptoir avant de vaquer à ses occupations. Wade prit son verre et trinqua, avec un sourire charmant et son regard perçant :

- Bon, ben à la santé de cette dernière gorgée alors !

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- J'aurais aimé vous répondre que je suis seule aussi, mais ce n'est absolument pas le cas... fait Zoë, en désignant sans même se retourner et d'un mouvement de main distrait la table où sont installées ses connaissances. "Voilà, vous allez me prendre pour une asociale invétérée maintenant," ajoute-t-elle en riant légèrement.

Ce n'est pas du tout le cas, en plus. Zoë adore sortir, et voir du monde. Mais elle préfère amplement le faire quand elle connaît bien les personnes, et quand elle peut les définir comme des amis. Là, elle a simplement accepté l'invitation d'une fille rencontrée il y a peu, tout droit sortie de l'un de leurs cercles de relations en commun. C'est habituellement la manière idéale pour Zoë de se faire de nouveaux amis, mais elle n'accroche avec personne ce soir, ce qui accentue son envie déjà bien ancrée d'être seule chez elle. Ou avec quelqu'un avec qui le courant passerait mieux. Derrière le comptoir, et grâce à l'intervention du dénommé Wade, le serveur ne tarde pas à venir prendre leur commande. Elle est en train de se demander s'il est plus judicieux d'emporter sa bière à table avec ses connaissances ou bien de rester avec celui qui la lui a offerte, quand ce dernier fait un bond sur sa chaise, ce qui entraîne le même réflexe chez Zoë.

- Wow, qu'est-ce qui vous arrive ? réagit-elle instantanément en riant légèrement. Et, après qu'il lui a répondu, elle questionne : "Oh, si ce n'est que ça... Déformation professionnelle ?"

Leurs bières arrivent presque dans la foulée, et Zoë se saisit de la sienne dans un sourire avant de se tourner vers Wade, dont l'éclat dans les yeux a changé. Zoë sent ses joues rosir légèrement, et elle lui répond par le même sourire en levant sa pinte.

- Je pense que la prochaine, plus fraîche, sera bien meilleure... déclare-t-elle du bout des lèvres. Puis, elle boit une gorgée et lance : "Je n'ai pas l'habitude de ce genre de bière, et j'adore !" complimente-t-elle. "Je crois qu'on ne m'en voudra pas si je reste ici quelques minutes de plus..." finit par dire Zoë en regardant en coin vers la table de ses connaissances. "Personne ne m'a demandé de ramener à boire, de toute façon !" ajoute-t-elle en haussant les épaules.

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**○ inscrit le** : 30/08/2020

Voilà qui n'était franchement pas banal ! Zoë n'était pas venue seule mais avec un groupe de connaissances. Seulement, sa soirée ne semblait pas se passer aussi bien qu'elle l'aurait souhaité, peut-être ? Etait-il du genre à préférer un bon moment chez elle, avec un film ou un jeu vidéo ? C'est en tout cas ce que Wade comprit de sa situation. Lui qui avait une bonne capacité à parler aux gens et à se faire des amis, il ne pouvait pas se douter que la cause de cet isolement n'était autre qu'un manque d'atomes crochus ! Ca arrivait, après tout. A lui, rarement... En fait, les seules personnes avec lesquelles ça se produisait, restaient des membres de sa famille. On ne choisit pas celle-ci. En revanche, et c'est l'avantage, on peut sélectionner ses amis. En réponse à cet aveu, Wade jeta un oeil à la table qu'elle lui indiquait. Le groupe semblait plutôt homogène et surtout très passionné par ce qu'il racontait. A tel point qu'ils en avaient oublié la présence de la jeune femme. Sur ce qui lui servait de chaise, une fille du groupe avait même posé son sac. Un peu comme si tout le monde avait acté que le courant ne passait pas ou qu'elle était partie. Wade ne sut pas trop comment réagir. D'un côté ça l'amusait qu'elle soit aussi franche et que cette situation soit aussi iconoclaste. De l'autre, il éprouvait quand même de la peine pour elle. Ok, le problème pouvait venir d'elle mais en général pour que les choses matchent il fallait que ça soit réciproque. Et honnêtement, sur un groupe aussi nombreux, que personne n'ait accroché, ça témoignait soit d'une sociopathie, soit d'un manque cruel d'efforts... Wade tablait sur la deuxième hypothèse. Parce que mine de rien, Zoë lui faisait la conversation avec facilité et sans véritable barrière.

Ils se mirent à rire quant à la réaction de Wade avec le miroir. Mine de rien ça l'avait surpris. Et si d'ordinaire, il arrivait un peu à se maîtriser, disons qu'avec une bière et la fatigue de la journée, il pouvait avoir quelques réactions incontrôlées. Bon, il n'avait pas hurlé à la mort et ne s'était pas ramassé la tronche par terre ! Un bon début ! N'empêche, lui qui adorait les montées d'adrénaline, il avait quand même été servi, là. Il acquiesça quand Zoë évoqua une déformation professionnel. Oui ça y ressemblait. C'était plutôt drôle d'ailleurs, car ça se produisait assez souvent. Par exemple, dans sa colocation, il lui arrivait de confondre le bruit d'un des réveils avec l'alarme incendie de la cuisine... Et de débouler, en mode pompier de fortune (comprenez en caleçon, débardeur) prêt à éteindre les flammes et à sauver tout le monde ! Ca ne le gênait pas de faire de l'auto-dérision, au contraire, ça faisait toujours du bien, ça permettait aussi d'évacuer la pression en évitant de se prendre pour un surhomme. La suite des mots de Zoë le ravit. Et il lui donna raison :

- C'est vrai qu'ils n'ont pas l'air très marqués par votre disparition subite ! J'avoue que je ne les comprends pas trop. Vous paraissez de bonne compagnie ! En tout cas, moi, je serais enchanté de passer la soirée avec vous. Et curieux de mieux vous connaitre !

Il était sincère. Après tout, il trouvait ça très drôle qu'elle soit aussi franche avec lui sur sa "solitude" imposée. Et franchement, ça changeait des autres personnes qu'il pouvait croiser. Sans se départir de son sourire avenant, il demanda :

- Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Sans vouloir me montrer indiscret !

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- Merci, vous me rassurez beaucoup sur mon sort... plaisante Zoë quand le dénommé Wade lui lance que son groupe de potes n'ont pas eu l'air de remarquer sa disparition subite.

En réalité, elle n'était pas si subite que cela, puisqu'elle les a prévenus qu'elle allait chercher un autre verre. Elle se retourne une seconde histoire de les regarder, et remarque qu'une fille qu'elle ne connaît pas s'est permise de poser son sac à main sur la chaise sur laquelle Zoë était assise il y a encore une dizaine de minutes, et sur laquelle trône encore son propre sac à main, accroché au dossier. Quel manque terrible de savoir-vivre... La brunette secoue la tête en reportant son attention sur son compagnon de fortune au bar.

- J'apprécie le compliment, et vous le retourne ! Je suis très curieuse aussi, de mon côté, quand les gens ont un minimum d'intérêt, précise-t-elle dans un sourire léger, rapport au groupe avec lequel elle était et avec qui il était très difficile de discuter. "Je suis photographe professionnelle. Et vous alors ?" demande Zoë en retour, avant d'ajouter précipitamment : "Au fait, on pourrait se tutoyer si ça ne vous ennuie pas ? Je n'ai pas l'habitude de vouvoyer les gens dans un tel contexte..." avoue-t-elle dans un sourire gêné.

S'ils ont prévu de discuter un petit moment, autant se passer des politesses d'usage ! Au début, c'est plutôt normal, mais par la suite... Plus la peine de prendre des pincettes et d'user de courbettes à l'infini.

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- Oui, tu as raison, autant se tutoyer ! C'est quand même plus sympa !

Il hocha la tête en même temps qu'il prononça ses mots avec un ton volontaire. En lui-même, le vouvoiement était assez naturel. Disons que quand on ne connaissait pas quelqu'un et que l'on était bien élevé, on y allait doucement sur les familiarités. Il ne fallait pas en tenir rigueur aux protagonistes, puisqu'ils appliquaient simplement des principes de savoir-vivre qu'ils avaient eux-même appris. Wade n'eut toutefois aucun mal à passer au "tu", limite cela lui donna une énergie nouvelle, sans qu'il ne puisse expliquer pourquoi. Ainsi, Zoë était photographe professionnelle ! Il n'avait aucune notion en photographie, hormis que le flash pouvait faire des yeux rouges et qu'il existait des filtres à appliquer pour éviter ce genre de phénomène. Autrement, il méconnaissait complètement cette discipline et s'il savait qu'on pouvait y faire carrière, il ne pensait pas en rencontrer une représentante un jour. Comme souvent, quand il ne savait rien d'un sujet, il s'y intéressait et dans sa tête, plusieurs questions se bousculèrent. Pour autant, il attendit avant de les poser. Parce qu'elle avait fait une demande avant et qu'il aurait été bien impoli de l'ignorer. Le feeling passait bien entre eux, en tout cas, plus qu'avec le reste de son groupe. Autant de pas saboter la bonne ambiance !

- Je suis pompier. Capitaine pour être plus précis. Je travaille à la caserne d'Island Bay. C'est un métier passionnant, où je ne m'ennuie jamais ! Et j'ai des collègues en or ! J'ai beaucoup de chance ! Avant ça, j'étais dans l'armée, mais l'ambiance n'était pas la même. C'était plus strict, plus grave, plus froid aussi. Rien d'insurmontable, mais j'aime bien le contact humain ! Je trouve que ça embellit une journée ! Enfin... quand on a, en face de soi, des gens sympas...

Il jeta un oeil à la table où le groupe continuait comme si de rien n'était. Avaient-ils donc complètement oublié l'existence de Zoë ? Sans doute... ce n'était pas très sympa. Et ça mériterait limite une petite vengeance personnelle, non ? Wade n'était pas du genre méchant ou vindicatif, cependant, il ne se laissait pas faire. Autant il pouvait être très patient, autant quand il s'agissait de faire passer un message, il n'hésitait pas à user de méthodes peu conventionnelles. Il regarda à nouveau Zoë dans les yeux et cette fois, une petite lueur indiqua à la jeune femme qu'il avait quelque chose derrière la tête. Il se pencha légèrement vers la jeune femme et lui dit à voix basse :

- Tu sais, à ta place, je me casserais sans payer en leur mettant ton ardoise sans payer. Reste à récupérer ton sac et tes affaires l'air de rien... et hop, tu peux te casser discrétos ! Bon, je dis ça, je dis rien... ça me fait plaisir de t'inviter, vu que j'ai fini ton verre. Mais personnellement, je crois au karma... même si des fois, faut un peu bousculer les choses !

Il n'attendait pas qu'elle décide tout de suite d'aller dans le sens de ce plan ou non. Il lui glissait juste l'idée, en tout bien tout honneur. Si ça la tentait, il l'aiderait pour récupérer ses affaires et partir sans se faire capter. Il revint à sa profession, intrigué :

- Alors, du coup, tu fais des photos ? Tu travailles à ton compte ? Ou bien pour une entreprise ? J'imagine que tu dois bosser en collaboration avec certains magazines ? C'est quel genre de photos que tu réalises ? T'as un appareil spécial, non ? Désolé... je n'y connais rien en photo, et j'ai tendance à être très curieux quand je ne connais pas ! N'hésites pas à m'arrêter !

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Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant.
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- Ah, je vois ! Un métier d'adrénaline, fait Zoë en hochant la tête.

Elle n'aurait jamais pu exercer un métier se rapprochant de ces branches dynamiques et au service de l'être humain en péril. Elle apprend au passage que le dénommé Wade était également dans l'armée, et elle hausse les sourcils d'un air admiratif avant de boire une gorgée de bière.

- Eh bien, je t'admire carrément, répond Zoë en reposant son verre sur le comptoir. "Tu as voyagé, avec l'armée ?" demande-t-elle, curieuse.

Elle ne sait pas du tout comment ça se passe, et se dit que Wade ne parlera peut-être pas avec aisance de ce sujet, surtout s'il a vu des choses peu recommandables. Ou s'il en a fait... Mais ça encore c'est un autre débat. Zoë remarque que Wade jette à nouveau un oeil à la table où elle était quelques minutes auparavant, tout en lui disant qu'elle devrait se venger d'eux. La brunette éclate de rire, puis secoue la tête.

- Je pourrais même pas, on a payé nos verres quand on nous les a ramenés, à la première tournée... répond-elle. "Mais je peux toujours aller récupérer mon sac et rester avec toi pour le reste de la soirée !" propose Zoë en échange, avec un petit clin d'oeil amusé.

Wade revient au sujet de la photographie, et Zoë hoche la tête pour répondre à sa question, avant d'enchaîner :

- Je bosse dans un studio, mais je suis rarement publiée, c'est un peu plus compliqué que ça ! Elle prend son téléphone dans sa poche tout en continuant : "Je peux te montrer ce que je fais sur Instagram." Zoë émet un petit rire, et poursuit en ouvrant sa page Instagram : "J'ai plusieurs appareils, je fais même un peu d'argentique, à l'ancienne, avec des pellicules et le développement chimique..." Elle tend son téléphone à Wade et explique encore : "Je fais surtout du portrait, et parfois des photos plus intimes à des événements comme une naissance, un baptême, un mariage... Ne t'inquiète pas, ça ne me dérange pas de répondre aux questions des curieux !" le rassure-t-elle.

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**○ inscrit le** : 30/08/2020

- Oui, j'ai été mobilisé en Afghanistan, ensuite dans le Sinaï en Egypte puis enfin dans les Îles Salomon. A part dans ma première affectation, j'ai pu voir un peu du pays à chaque fois. Je sais que ça va paraître cliché mais j'ai préféré les îles. Ce n'est pas très loin du pays et c'est quand même beaucoup plus agréable au climat !

Évoquer l'armée ne lui posait pas de problème. D'une part parce qu'il n'avait pas honte de son engagement militaire passé et d'autre part parce qu'il n'en gardait aucun traumatisme. Bien sûr comme beaucoup de soldats, il avait vécu et vu des choses pas franchement agréable. Quand on tire sur des êtres humains, avec une arme d'assaut, pour ne pas fini troué de balles ou dispersé en confetti, ça ne donne pas le sourire, à moins d'être un brin fêlé. Le soldat Rhodes avait tué, pour se protéger, pour protéger ses compagnons. Il possédait un caractère fort, une auto-critique, une capacité à relativiser qui lui avait permis de s'éviter un syndrome post-traumatique. Hélas, d'autres n'avaient pas eu cette possibilité. C'était le cas de Chance, par exemple, un collègue pompier, qui avait été salement affecté. Non, l'armée n'était pas une partie de plaisir, et clairement elle l'avait marqué à vie. Mais il allait de l'avant, il tournait la page et il le faisait sans avoir de véritable suivi psychologique, à la force de ses convictions, de son entourage. Mine de rien, dans le processus, ça comptait pour beaucoup. Zoë n'était pas du genre à lui demander le détail de ses missions et ce n'était pas plus mal. Il préférait largement lui parler de ce qu'il accomplissait en tant que pompier plutôt que de parler de l'armée. Même si c'était intéressant. Il écouta attentivement ce qu'elle lui disait sur son métier.

- D'accord ! Je vois !

Il regarda les photos qu'elle lui montrait. Ca avait du charme ! Certains clichés donnaient vraiment l'impression de raconter une histoire. Tout allait bien dessus, le jeu de couleurs, la lumière, l'angle... et les expressions aussi. Il émit un sifflement admiratif. Comme souvent quand on parlait d'art, Wade ne trouvait pas de mots pour décrire les choses. Lui, il était plutôt dans la réflexion, pas trop dans la création. Ca l'impressionnait toujours quand il avait affaire à des artistes. Parce que c'est ainsi qu'il considérait Zoë. Il regarda les différents clichés et finit par lui rendre son téléphone.

- Chapeau ! Franchement ! J'aimerais pouvoir prendre des photos du même genre, pour être franc ! Moi, quand je ne fais pas des yeux rouges, c'est mal cadré ou trop flou... Je suis un peu nul ! Si je comprends bien, tu fais ça pour un studio et ton travail est quand même publiée, dans une sphère privée. J'imagine que les gens qui t'engagent te demandent un certain nombre de tirages ensuite ? Je me rappelle que mon père a fait ça lors de son deuxième mariage. Il a fait venir un photographe professionnel et ensuite, les gens pouvaient acheter un album avec les photos qui les intéressaient.

Bien malgré lui, quand il évoqua ce deuxième mariage, Wade avait eu un léger rictus. Rien de fou mais on y sentait direct la colère et le mépris. Cette nouvelle union était le sujet à ne pas aborder. Sans le dire explicitement, son corps parlait pour lui. Considérant ce que la jeune femme lui avait dit, il précisa :

- Ce serait avec grand plaisir, au fait, de passer le reste de la soirée avec toi ! Je passe un moment très agréable !

Et d'ajouter, pour en revenir à la photographie :

- L'autre jour je me disais qu'à la caserne, on pourrait peut-être faire quelque chose de caritatif pour récolter des fonds et les reverser à une association. J'ai naturellement pensé à un calendrier, seulement, faudrait que je motive les troupes sur le projet. Ca, à la rigueur, ce n'est pas un problème pour mes collègues. Mais il faut que j'ai l'accord de ma hiérarchie et puis que je trouve quelqu'un pour faire les photos. Je ne sais pas dans quelle mesure tu es liée à ton studio mais peut-être que ça pourrait t'intéresser en indépendante ou alors que ça pourrait passer par lui, je ne sais pas comment ça marche, pour être franc. Enfin, c'est une idée comme ça. Je ne sais pas encore quel genre de photos nous ferions. Je pensais à quelque chose en rapport avec le thème de l'association partenaire. Genre, avec des animaux si c'est une asso qui les protège, tu vois le genre ?

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Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant.
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- Wouaw ! s'exclame Zoë, surprise d'entendre autant de destinations dans la même phrase. Ce dénommé Wade doit avoir un nombre incalculables de visas sur son passeport ! "Si c'était pas l'armée et dans un but purement professionnel, ça me ferait beaucoup rêver !" confie-t-elle en riant légèrement. "Mais je préférerais voir ça dans l'optique des vacances..."

Zoë ne demande pas plus de détails pour ne pas inciter Wade à trop parler de son passé, au cas où il doive garder le secret ou s'il en a été traumatisé, et répond à ses questions concernant son propre métier. Elle lui montre même son compte Instagram afin qu'il se rende compte et qu'il puisse mettre des images sur ses dires. Lorsqu'il la félicite pour son travail, Zoë se met à rougir. Elle peut le cacher en faisant mine de détourner le regard pour remettre son téléphone dans sa poche, puis reporte son attention sur lui au bout de quelques secondes.

- En général on ne rend que du numérique quand ce sont pour des clients, les tirages sont plus rares, mais pour des événements on nous en demande, oui ! En grand format, en livre complet... Tout dépend du type de prestation, comme les mariages que tu cites, par exemple explique Zoë en faisant des mouvements avec ses mains pour appuyer ses paroles.

Elle a remarqué qu'elle faisait souvent ça lorsqu'elle était amenée à parler de choses qui la passionnent, et entre autres, de photographie. La brunette note cependant un air un peu étrange sur le visage de Wade lorsqu'il parle de son père, mais elle se garde bien de lui en demander la raison. Elle ne voudrait pas toucher une corde sensible. Wade revient au fait que la tablée avec qui Zoë partageait initialement des verres se moque bien qu'elle soit présente avec eux ou non, et lui répond qu'il serait ravi de passer le reste de la soirée avec elle. Dans un sourire, Zoë amorce un geste pour se lever et aller chercher son sac à main ainsi que sa veste, mais Wade reprend à propos de la photo. Zoë se remet alors simplement correctement assise, avant de hocher la tête.

- Oui je vois tout à fait ! Alors... Ça passerait par le studio, mais je pourrais réaliser les photos ! J'adore les animaux, et ce serait une super idée ! Si tu veux, tu peux prendre mes coordonnées, comme ça je pourrai t'aider à mettre ça en place... propose Zoë en sortant à nouveau son téléphone pour ouvrir une page dans ses contacts.

Elle se lève ensuite tout à fait, et lance à Wade :

- Je fais juste un petit aller-retour pour récupérer mes affaires ! Inscris ton numéro dans mon répertoire, en attendant !

En deux temps trois mouvements, Zoë a fait l'aller vers la table, avec quelques mots tout de même pour la personne qui l'a initialement invitée à cette soirée, et à son grand étonnement tout le monde lui souhaite une bonne soirée en lui disant que c'était un plaisir de la connaître, qu'elle n'hésite pas à se joindre à nouveau à eux à l'occasion. Elle fronce les sourcils sur le chemin du retour vers le comptoir, étonnée qu'elle n'ait pas laissé une si mauvaise impression malgré son irrépressible envie de rentrer chez elle lorsqu'elle était en leur compagnie.

- Ben ça alors... Je pensais qu'ils allaient m'ignorer mais ils m'ont tous dit au revoir ! raconte-t-elle rapidement à Wade en rigolant, et en se remettant assise sur son tabouret en hauteur, son sac à main désormais accroché au petit dossier. Elle récupère son téléphone dans la foulée et remercie Wade. "Comme quoi, il ne faut pas juger les gens trop vite ! Ils ont été tous polis !" fait-elle.

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- Oh je dois bien admettre que moi aussi, j'aurais aimé y être en vacances ! Disons que ça aurait eu une toute autre saveur !

Il ne disait pas ça avec regret. On sentait dans sa voix qu'il était plutôt satisfait d'avoir servi au sein de l'armée et qu'il avait tourné la page, au point de ne pas vouloir changer des choses déjà passées. Il avançait dans la plénitude. De toute façon, ça faisait 8 années désormais, qu'il était revenu à la vie civile. Pourquoi regarder en arrière maintenant ? Ca n'avait aucun sens. En tout cas, il assumait tout et n'aurait vu aucune gêne ou aucun inconvénient à parler à son interlocutrice de son expérience militaire. Cela dit, ce n'était sans doute pas le lieu. Elle espérait probablement qu'ils parlent de sujets plus réjouissants. En tout cas, la photographie faisait partie des disciplines dans lesquelles Wade n'avait pas beaucoup de connaissances. Et où la soif d'apprendre se faisait bien présente. Il l'écouta donc attentivement. Très observateur, Rhodes ne tarda pas à remarquer qu'elle avait une nette tendance à s'exprimer avec son corps. Et cela rendait son récit et ses explications encore plus percutantes. Décidément, il s'était résolu à partir, quelques minutes plus tôt, mais Zoë était arrivée sur son chemin. Etait-ce un hasard ou un signe du destin ? En tout cas, elle lui sauvait un peu sa soirée ! Comme ils convinrent assez vite qu'ils allaient poursuivre le moment ensemble, elle lui donna son téléphone pour qu'il y enregistre son numéro puis elle se leva pour chercher ses affaires. Rapidement et efficacement, Wade tapa les informations en mettant son prénom et son nom, sa date de naissance et son mobile. Oui, il était précis. En fait, c'était méthodique, comme à l'armée. Quand elle revint, il lui rendit le smartphone et l'écouta.

- Effectivement ! On ne peut pas leur enlever la politesse, tu as raison... j'imagine que j'ai parlé trop vite ! On a bien fait de pas leur faire une addition salée !

Il éclata de rire. Oui, à la base c'était son idée. Et franchement, il était vraiment bénéfique qu'ils ne l'aient pas suivi ! Ils l'auraient regretté, Wade le premier car il ne possédait pas un fond méchant. Il lui arrivait de se rebiffer et de rentrer dans le lard de personnes, mais ce n'était jamais de façon agressive, bien souvent, il s'agissait d'une réaction liée à un mécanisme de défense. Il en fallait pour arriver à le pousser dans ses derniers retranchements. Il incarnait une forme imposante de patience. Alors qu'ils étaient désormais tous les deux, Rhodes tendit à son tour son téléphone à la jeune femme :

- Si tu veux rentrer tes coordonnées, toi aussi, ça serait avec plaisir. Je veux dire, sans forcément ne parler que travail, si jamais tu veux qu'on se revoie pour que je finisse ta bière, par exemple !

Il éclata de rire. Tout était parti de là. Et ni l'un, ni l'autre ne se doutait, au début de cette conversation qu'elle serait aussi intéressante et qu'elle viendrait égayer leur soirée. Reprenant son sérieux, Wade demanda :

- Ca fait longtemps que tu es sur Island Bay ? Tu sais peut-être s'il y a des lieux pittoresques à visiter ? Tu sais, de endroits qui sortent de l'ordinaire, tout ça ? J'avais entendu parler de vieux bâtiments bien conservés mais j'avoue que même si ça fait des années que je vis ici, je n'ai pas tout vu ! Je ne suis pas du coin à la base, ça joue, je pense !

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"Oui, je comprends ! Avec ce que tu as dû voir..." suppose Zoë, avec un ton compatissant. La conversation dévie doucement sur la photographie, ce qui pousse évidemment Zoë à en parler avec toute la passion qu'elle a pour son travail. Elle propose à Wade de lui donner ses coordonnées afin qu'ils se recontactent pour le projet qu'il souhaite mettre en place, et file chercher ses affaires à la table où elle se trouvait précédemment, dans l'optique de passer le reste de ce moment au bar en compagnie de Wade. Une fois revenue auprès de lui et après avoir récupéré son téléphone, elle lui fait part de l'étrange politesse que la tablée lui a manifestée, puis l'accompagne dans son éclat de rire. Zoë n'aurait jamais pu se montrer si méchante, de toute manière.

Zoë fronce les sourcils quand elle voit Wade lui tendre son téléphone à son tour, puis éclate à nouveau de rire. "Hé, va falloir arrêter de me voler ma bière très cher !" le réprimande-t-elle avec un air malicieux tout en entrant ses coordonnées dans le smartphone de l'ex-militaire. "Oh, ça fait une paie oui ! Depuis ma naissance... J'ai passé quelques années à Sydney mais je suis revenue depuis bientôt trois ans," raconte-t-elle avant de tendre à nouveau son téléphone à Wade. "Et toi ?" demande Zoë en retour. "C'est fou que tu me parles de ça, justement j'ai visité un lieu assez pittoresque comme tu dis, l'année passée ! J'ai pas encore eu l'occasion d'y retourner parce que je me vois mal y aller seule, c'est abandonné et on ne sait pas sur qui on peut tomber dans ce genre d'endroit..." raconte la brunette en haussant les épaules. Elle avait prévu de retourner dans cet ancien bâtiment avec l'animatrice de radio Noomi Savalas et toute une équipe bien équipée pour réaliser une enquête sur de possibles phénomènes paranormaux, mais elle n'a toujours pas trouvé le courage de lui écrire pour lui redemander des nouvelles de ce projet. "Je ne sais même pas si le lieu existe encore ! Il est en pleine forêt," ajoute-t-elle ensuite.

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- Pourquoi arrêter ? Ça a une meilleure saveur quand c'est volé à quelqu'un d'autre !

Il se mit à rire. Finalement, heureusement qu'elle avait assez bien pris le fait qu'il lui vole la fin de sa bière. Ce n'était pas donné à tout le monde de réagir de façon aussi positive, encore moins dans un bar avec du monde à l'intérieur et après une journée peut-être un peu difficile. A la place de Zoë, une autre personne aurait très bien s'énerver, galvanisée par l'alcool, la fatigue et la foule autour, pour s'en prendre à lui, verbalement ou même physiquement. Une fois, Wade avait reçu un coup de poing dans la figure parce qu'il n'avait pas accepté de se lever du bar et de céder la place à un autre client, un peu con sur les bords. Evidemment, il avait répliqué. Ok, il était probablement la personne la plus adorable qui soit, mais fallait pas trop le chercher. Il n'aimait pas la violence, mais si on l'agressait, il répliquait. Un acte légitime, oui, vous en conviendrez. Il écouta attentivement la jeune femme lorsqu'elle parla de l'endroit où elle avait vécu. Sidney ? C'était pratiquement à côté en fait ! Il en avait entendu beaucoup de bien. D'ailleurs, bon nombre de gens pensait qu'il s'agissait de la capitale de l'Australie. Normal. On parlait d'une des villes les plus attractives et les plus peuplées de l'Océanie. Pas étonnant que des gens prenne la voie de la facilité. Alors qu'elle lui demandait d'où il venait, Wade caressa sa barbe bien taillée et répondit :

- J'ai grandi à Detroit, aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs là-bas que je suis né. Quand j'avais 9 ans, ma famille a déménagé ici, en Nouvelle-Zélande. Nous nous sommes installés à Oamaru. Je ne sais pas si tu connais, mais c'est au sud du pays, entre Christchurch et Dunedin. Un endroit assez charmant. J'ai fait mon service militaire et puis quand je suis revenu, je me suis installé ici. J'y suis depuis 2012... ouais, je sais, ça fait un bail, mais j'ai un peu honte, parce que j'ai toujours du temps pour mon boulot, pour le sport, le bénévolat, pour les sorties et jamais pour visiter !

La suite lui plut instantanément. Wade fut captivé par le récit de Zoë sur cet endroit mystérieux, un peu dangereux à priori ? Autant dire qu'il était conquis, rien qu'en faisant état de cela. Une lueur passa dans son regard, celle du type casse-cou, qui n'avait peur de rien et qui trépignait d'impatience à l'idée d'aller là-bas ! Il ignorait complètement qu'elle faisait référence à des phénomènes paranormaux. Depuis qu'il s'était tourné vers la religion, Wade avait tendance à se méfier de tout ce qui touchait aux esprits, aux âmes... à partir du moment où l'on croyait en Dieu, tout devenait vite envisageable : les démons, les fantômes... et par conséquent ça soulevait une question existentielle : que faire contre ça ? Et là, il n'avait pas la réponse, d'où sa réticence à apprécier la question. Cela voulait-il dire qu'il avait peur ? Non, puisque dans le fond, la curiosité le taraudait... sans cesse, sur ces sujets. Ignorant de quel danger on parlait, il reprit la parole, en rangeant son téléphone :

- Attends, un endroit abandonné, en pleine forêt ? Avec tout ce qu'il faut pour frémir ! Je signe de suite ! Quand est-ce que tu m'y emmènes ? Oh, t'en fais pas, je serais là pour veiller sur toi ! Après tout je suis pompier ! Et puis à l'armée, on nous apprend à veiller les uns sur les autres ! Mais dis m'en plus ! Qu'est-ce qu'il y a là-bas ? Maaah c'est pas bien de me faire languir comme ça !

En effet, tout dans son attitude témoignait d'une addiction bien prononcée à l'adrénaline. Zoë ne pouvait pas passer à côté. Et maintenant qu'elle avait parlé de l'endroit, Wade n'oublierait pas de sitôt !

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"C'est vrai, mais c'est pas une raison !" réprimande une nouvelle fois Zoë en accompagnant Wade dans son rire. Suite à sa demande, elle lui raconte qu'elle a vécu quelques temps à Sydney, avant de lui retourner la question. Elle hausse les sourcils à l'évocation de Detroit, puis secoue la tête. "Non, ça ne me dit rien, désolée," fait-elle en parlant à voix basse, en même temps que lui. "Ne t'en fais pas, je peux pas te juger là-dessus, c'est dur de se dire qu'on a encore des choses à visiter là où on vit, et surtout de faire la démarcher de s'y mettre !" déclare Zoë d'un léger hochement de tête. Elle non plus, n'a pas tout vu de Wellington. Il faudrait qu'elle y consacre deux semaines entières et sans interruption, si elle a l'intention de tout visiter ! Et encore, sans compter les files d'attente et tout ce qui s'en suit... En revanche, ce que Zoë a visité de notable se trouve en dehors de la ville, au milieu d'une forêt. Elle le raconte d'ailleurs à Wade, qui semble à la fois intrigué et captivé par son récit. En parlant, elle sent qu'elle a piqué sa curiosité et le comprend très bien. Qui ne serait pas intéressé en entendant parler d'un bâtiment faisant partie du patrimoine non répertorié et non ouvert au public, encore un peu meublé et pas complètement détruit ? Zoë sourit malicieusement et reprend son téléphone pour regarder son planning. "Si tu veux la semaine prochaine j'ai un jour de repos complet le dimanche, et seulement trois jours de boulot hors de chez moi dans la semaine. T'es vraiment motivé à aller là-bas ?" s'enquit Zoë en souriant plus largement. "On n'a pas tout visité en plus avec ma copine, il y avait des jeunes qui ont voulu nous faire une mauvaise farce, et on en a eu pour notre grade même sans eux, quoiqu'il arrive... T'as pas idée à quel point ça peut être creepy comme endroit !" raconte la brune en frissonnant légèrement. Elle adore ce genre d'ambiance, mais elle se souvient tout de même avoir eu bien peur, parce qu'entre regarder des vidéos sur le sujet sur le net et le vivre en vrai, il y a une énorme différence. Elle ne serait pas contre y retourner avec Wade, si tant est que le bâtiment est encore debout.

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