Remuer son popotin mais surtout parler des petits potins

|	remuer son popotin mais surtout parler des petits potins @Jenny Holway

— Reira ne pouvait qu’accepter la proposition de Jenny, déjà parce qu’il s’agit de danse et qu’elle en a bien besoin en ce moment, et en plus de cela, elle ne dit jamais non lorsque les gens ont besoin d’elle. Probablement une séquelle de toutes ces années d’absence où elle n’a pas su être à la hauteur pour ses proches et que ça vient de lui revenir en plein dans la face. Alors oui, aujourd’hui elle va aider son rendez-vous de la Saint-Valentin. Même si le date n’a pas évolué en quelque chose de charnel, un certain soldat s’étant immiscé dans sa vie entre temps, elles se sont côtoyées et sont même devenues amies, après tout elles partagent pas mal de points communs. Cependant, la russe reste stressée à l’idée de se produire sur scène avec plusieurs personnes… Pas le temps de penser à ça, Jenny vient d’arriver devant chez elle et qu’elle doit y aller. Une dernière caresse à Blacky avant de fermer la porte à double tour et de pénétrer dans l’habitacle de la voiture de Jenny. Par avance elle a écrit un message, elle le lit en esquissant un sourire. Elle commence à avoir l’habitude maintenant de communiquer comme ça avec la blonde. « Salut Jenny ! Un peu stressée quand même, mais j’suis en forme pour tout donner ! Comment tu vas ? » La brune la laisse écrire, de quoi blablater un peu avant de se mettre en route. Un dernier petit message pour la rassurer, et dire à Reira que tout va bien se passer. Son sourire s’étend un peu plus avant qu’elle n’opine du chef pour confirmer qu’elles peuvent se mettre en route. Évidemment le trajet se passe dans le silence, Jenny ne peut pas écrire tout en conduisant. Le temps ne paraît pas si long que ça, regarder les paysages qui filent à toute allure fait vite tourner l’horloge au final. L’adrénaline monte autant que l’anxiété au fur et à mesure qu'elles s'approchent du lieu de la représentation. Reira n’a pas eu beaucoup de temps pour apprendre les pas et puis, c’est la première fois qu'elle remonte sur scène à plusieurs… La dernière fois, elle a fini aux urgences aux portes de son rêve. « Tu es sûre que ça va aller hein ? » lui dit-elle en prenant soin de bien la regarder. Elle sait bien que la blonde ne lui en voudra pas si elle se trompe mais ça l’embêterait la brune de faire n’importe quoi. « J’suis aussi excitée que stressée, ça fait trop longtemps que j’ai pas fait ça ! Ça va me faire du bien. »

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— Ça a quelque chose de rassurant de voir Jenny aussi calme. On sent l’habitude, l’adrénaline qui monte sans devenir toxique, sans s’allier au stress. Cette douleur est plus forte qu’elle, tout se bouscule malgré sa bonne volonté. Ce spectacle est bien différent de tout ce que peut faire la russe de temps dans les bars. Seule, elle peut se tromper ça ne se verra pas. Elle peut même se blesser, ce n’est pas bien grave. Mais là… Elle vient certes en coup de pouce, mais ce n’est pas pour autant une excuse pour se foirer. Pendant le trajet, la brune ne peut qu’y réfléchir, jeter des regards à la blonde détendue. Son calme vient apaiser le cœur russe agité, tout comme le silence. Contrairement à beaucoup de danseurs qui s’enferment dans la musique avant de danser, Reira préfère le silence et sa sérénité. Avant le début des galas de fin d’années de l’académie, elle allait s’enfermer dans le local de ménage pour obtenir du calme et réussir à se concentrer. Ce moment silencieux dans la voiture lui sert de local de ménage, même si la comparaison physique et matérielle n’est pas top.

Arrivée devant les lieux de la représentation, Reira évoque à nouveau à Jenny son stress qui réapparaît tragiquement à quelques minutes de la montée sur scène. La danseuse blonde ne s’inquiète pas, elle est même persuadée que tout va bien se passer que la russe va en redemander. Fort probable oui. Naturellement, elles se mettent alors à ricaner ensemble. « Si ça se trouve tu vas devoir m’assommer pour me refaire monter dans la voiture, comme les gosses qui ne veulent pas quitter Disneyland. » Reira n’est pas véritablement inquiète pour la fin du show si le début se passe bien. C’est bien ce début qui l’inquiète. Au-delà de la blessure, elle a la pression d’intégrer un groupe d’inconnus qui n’ont pas l’habitude de travailler avec elle. Il faut dire qu’elle n’a plus l’habitude de travailler avec qui que ce soit depuis que sa confiance a été brisée par sa chute. Reira se laisse guider par Jenny à l’intérieur des locaux, se présentant à la troupe. Tout le monde a l’air très accueillant, chaleureux, bienveillant. La brune se trouve automatiquement mise en confiance. Alors qu’elle entend Jenny griffonner sur son carnet, son attention se reporte sur la blonde. Opinant du chef, elle se met à l’aise pour les fameux échauffements. Ça lui fait vraiment bizarre d’être ici, entourée de tous ces danseurs. Position papillon pour étirer les adducteurs, le dos, pendant que les prunelles zieutent les alentours, histoire de s’imprégner de l’ambiance. Prenant soin de laisser Jenny pouvoir observer ses lèvres, elle s’exprime. « Ça me fait bizarre de danser avec plein d’autres danseurs. Quand je me produis de temps en temps dans des bars, j’suis toute seule, c’est rapide. Là c’est… Ouais j’ai l’impression de revenir à l’époque de l’Académie. » dit-elle avec un sourire qui oscille entre la nostalgie et la douleur. Les souvenirs sont aussi beaux que blessants. Reira prend ensuite soin de bien étirer son genou, point faible de la danseuse. Dans son sac elle a tout ce qu’il faut, si jamais à la fin il décide de faire des siennes. Petit à petit, les pas lui reviennent en tête ; les yeux fermés, elle se projette sur la scène, entourée de tous ceux qui s’échauffent. Tout va bien se passer. Elle se redresse pour pouvoir travailler ses pliés et ses articulations. « J’aime beaucoup l’ambiance qui règne ici. C’est très… convivial. » Tout semble si différent du Bolchoï, la danse est joyeuse et ils le retranscrivent très bien.

L’horloge tourne petit à petit, le stress se fait petit à petit remplacer par l’adrénaline alors qu’elle se tient, souriante aux côtés de la blonde. Il faut désormais se changer et s’apprêter pour l’occasion. Rien d’extravagant, simplement de côté faire ressortir la beauté du mouvement. Proche du moment de vérité, elle s’adresse à Jenny qui n’a plus son carnet car elles ne devraient pas tarder à passer sur scène avec le reste de la troupe. Ce n’est pas bien grave, elle pourra lui répondre avec un simple geste de la tête. « Si par malheur, mon genou se décide à lâcher aujourd’hui, ne chercher surtout pas à le replacer, me déplacer ou autre, appeler juste les secours, ok ? » Le regard de Reira n’est pas plus inquiet que cela. Si ça doit arriver ça arrivera, tant pis. Le plus important est que les danseurs sachent quoi faire si ça devait se produire.

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— Soudainement intégrée à cette famille, en plein échauffement elle se sent presque comme chez elle. Cette impression de revenir à l’Académie mais en mieux, en plus tranquille et apaisant. Oui, ici personne ne semble se prendre la tête ou avoir la cervelle remplie de compétition. Les danseurs sont simplement là pour danser, s’amuser et mettre des paillettes dans les yeux aux spectateurs. Et ça lui plaît beaucoup à la russe cette ambiance, ça l’aide même à se mettre enfin en tête que tout va bien se passer. Jenny griffonne sur son carnet avant que les prunelles perses ne lisent ses mots. Un ricanement gagne la brune. Opinant du chef, elle confirme implicitement les propos de Jenny. Même si Reira a toujours adoré la danse en Russie, malgré les défauts, elle doit bien avouer qu’il y a plus de chance que ce soit mieux ici, que là-bas. La passion est là, comme au Bolchoï, mais l’amusement est cent fois plus présent ici. Même la danseuse le ressent, cette énergie différente qui imbibe les lieux. Reira le fait même remarquer, donnant l’occasion à Jenny de faire remarquer que ce n’est rien, qu’ils sont encore sérieux. Un sourire vient étirer les lèvres charnues de la russe. « Alors j’ai hâte de voir ce que ça donne quand vous n’êtes plus sérieux ! »

L’heure a enfin sonné, il faut monter sur scène. Les muscles sont échauffés, les ligaments détendus. Malgré tout, la crainte de la blessure rôde toujours dans l’esprit de la brune, et le fera probablement pendant un bon moment. Juste au cas où, elle prévient Jenny de ne surtout rien faire, rien toucher, hormis appeler les secours si quelque chose devait arriver. Une fois sur scène, derrière le rideau, cette crainte s’envole petit à petit alors que la musique se lance. Les comptes se mettent à défiler dans l’esprit, pendant que le corps attend le bon moment pour démarrer. Un dernier regard complice à la blonde avec un grand sourire avant de commencer. Tous les réflexes reviennent, comme toujours. Le corps se délasse et se meut dans des mouvements aussi hypnotiques que rythmiques. Il faudrait mentir pour ne pas dire que Reira s’amuse. La troupe se coordonne parfaitement, la brune ayant rejoint leur rythme et leur style rapidement. Un vieil acquis de l’Académie : savoir s’adapter en toutes circonstances, avec n’importe qui. Le temps de la chanson passe tellement vite que Reira n’a pas le temps de dire ouf ou de voir le temps passé. Le stress n’est définitivement plus là et même son genou reste totalement silencieux. Dans les coulisses, quelques secondes avant de reprendre, elle vient voir la blonde. « C’est génial ! Je m’éclate. » Quelques mots, rapides mais efficaces avant de devoir retrouver la scène pour un nouveau round. Même énergie créative, joie exaltante qui se transpose dans les mouvements. Le spectacle se poursuit ainsi pendant plusieurs minutes, pendant lesquelles Reira jette parfois des petits coups d’œil à la blonde, ravie de partager ce moment avec elle. Une fois sortie de scène, Reira enlace presque par réflexe Jenny, le grand sourire aux lèvres. Une fois séparée, elle prend le soin d’articuler. « Merci Jenny c’était génial. On recommence ? » dit-elle en riant, faisant référence au fait que Jenny lui avait dit qu’on ne pourrait plus l’arrêter après ça.

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— Tout se passe bien, plus que bien même. Comme à chaque fois que la brune foule une scène, elle sent l’exaltation lui envelopper délicatement le cœur. Si pour elle le paradis devait se définir, ce serait tout simplement le fait d’être sur scène. Se laisser porter par la musique, laisser le corps s’exprimer, sans aucun mot. Ce n’est pas un show qui dure bien longtemps, mais Reira profite de chaque instant, comme si elle avait peur qu’une miette ne lui échappe et qu’elle le regrette. Après s’être dandinée, elle fait une légère pause dans les coulisses où elle peut parler à Jenny, lui dire qu’elle trouve ça géniale. La blonde lui répond en langage des signes. Reira réussit à comprendre un « tu vois », les signes étant assez explicites mais elle a un peu de mal avec le reste. Un danseur qui passait par là lui traduit alors les quelques mots manquants. La russe offre alors un grand sourire à Jenny avant de devoir filer à nouveau sur scène. Pendant un instant, la danseuse se dit qu’elle devrait apprendre le langage des signes. Depuis la Saint-Valentin, Jenny fait tous les efforts pour communiquer alors que Reira se contente simplement de faire attention à ce que ses lèvres soient bien en face d’elle. Oui, c’est décidé, après ce spectacle elle va se mettre à apprendre la langue des signes, enfin au moins quelques petites choses, histoire de surprendre son amie. La seconde danse se déroule aussi bien que la première, alors aussitôt le rideau tombe, la brune se jette dans les bras de la blonde avant de la remercier. Petite blague sur le fait de recommencer à se déhancher, comme pur dire que Jenny avait raison, qu’elle en redemanderait. Ses yeux se posent sur son carnet qu’elle a récupéré. Un ricanement s’échappe des lèvres de la brune en lisant ses mots. « Je suis sûre que je passerai inaperçue derrière avec leur groupe. Mais on va quand même s’arrêter là. » Reira respecte tout de même le travail des autres, donc non, elle n’ira pas s’ajouter subitement au prochain groupe. Au contraire, elle va plutôt passer du temps avec la blonde et la troupe. En tout cas, elle est touchée de voir que son amusement lui fait autant plaisir. « Oh mais carrément ! » Bon, le stress sera sûrement à nouveau présent au moment de commencer la danse, comme toujours. Toutefois, elle a beaucoup aimé danser en groupe, ça lui a rappelé ses belles années, en mieux parce qu’il n’y a pas une atmosphère de compétition, de perfection. Seulement d’amusement. « En tout cas, j’ai adoré danser en groupe, ça change ! » dit-elle alors qu’elles retournent à leur vestiaire. Court, intense, mais incroyable. Alors que l’euphorie retombe, Reira offre son attention à la blonde. « Au fait, comment ça va toi ? Ça se passe bien à la coloc ? »

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— La russe ne va définitivement pas aller saboter la performance du prochain groupe, ce n’est pas vraiment dans ses valeurs. Bien au contraire, elle est plutôt du genre à respecter le travail d’autrui. En plus, Jenny lui fait bien remarquer qu’on ne peut jamais passer inaperçu, surtout quand on ne connaît rien et qu’on se met à faire n’importe quoi. Reira serait plutôt le genre à courir se cacher, morte de honte, plutôt que de continuer bêtement dans l’humiliation. Parce qu’au final, il y a que dans les films que les gens se font remarquer en bien. Probablement grâce au charisme donné aux personnages. La danseuse esquisse plutôt un sourire quand la blonde évoque l’idée de potentiellement lui faire la surprise de revenir danser avec elle, et le groupe. Elle acquiesce d’un mouvement de tête, comme si ça lui créait une petite idée derrière la tête qu’elle va prendre le temps de faire mûrir. Au cas où, peut-être qu’elle devrait récolter quelques numéros des danseurs de la troupe, au cas où. « À qui le dis-tu ! » réplique-t-elle lorsque Jenny évoque l’addiction de la danse en groupe. L’ambiance à l’académie était bien différente de la troupe de la blonde, néanmoins elle saisit ce qu’elle veut dire. Il y a une vraie convivialité qui émane de leur groupe, un lien chaleureux et indéfectible. Chose inexistante au Bolchoï. De retour dans les coulisses, Reira s’intéresse à Jenny, histoire de prendre des nouvelles tout de même, s’intéresse à la coloc. La fameuse dans laquelle est Piotr. Une de ses confessions sur une danseuse sourde lui a mis la puce à l’oreille quant à l’identité de Jenny. « Tu sais que dans ta coloc il y a mon p’tit frère ? » Un sourire étire un coin des lèvres. Parler de Piotr lui donne le sourire maintenant, parce que les choses se sont décantées. Même si parfois, les tensions ne sont pas loin, l’eau coule doucement sous les ponts. Et puis, elle évoque Chance, et là le sourire disparaît. Avant même de penser au fait que Jenny est au courant de ce qu’il a pu se passer entre eux, elle repense tout simplement à lui. Son cœur se serre douloureusement avant qu’elle ne teinte d’esquisser un sourire. « Mais… tu es au courant ? » Reira n’en voudrait pas à Chance de lui en avoir parlé, mais elle va se sentir doublement mal si elle apprend que l’ancien soldat était épris au point de parler de la russe à tous ceux qu’il côtoyait… « Sinon… non. J’ai pas de nouvelles. On s’est séparés. Enfin, on n’était pas ensemble. Mais enfin. Bref. Du coup non, je ne sais pas ce qu’il devient mais je suppose que ça va. En tout cas, aux dernières nouvelles, ça se passait bien chez les pompiers. Un vrai poisson dans l’eau. » Son ton est las, malgré l’envie d’avoir l’air enjouée. Elle ne peut pas l’être, parce qu’elle n’a aucune raison d’être joyeuse après ce qu’il s’est passé, par sa faute.

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— Comprendre que depuis tout ce temps à Island Bay son petit-frère avait énormément de connaissances, dont des personnes qu’elle connaît, avait été perturbant et surprenant pour Reira. Et encore, elle est loin de se douter de l’identité de la famille de cœur de Piotr. Au moins, elle est rassurée de savoir que Jenny n’a pas fait le rapprochement plus tôt. Cependant, le cœur de Reira ne peut s’empêcher de se serrer en imaginant ce que le russe a bien pu confier à ses colocataires sur sa fameuse sœur indigne… Néanmoins, la question de Jenny lui donne un indice sur le degré de connaissance de la blonde sur leur relation. Légèrement gênée, Reira se gratouille légèrement le crâne. « Ben en fait… Je ne savais pas qu’il était là, depuis tout ce temps. Je l’ai juste recroisé il y a, bien deux mois maintenant, dans le café où je travaille. On a un passé… compliqué. » Ce n’est pas qu’elle n’a pas envie de se confier à Jenny, d’autant plus que Reira a réussi à renouer doucement avec Piotr. Mais… elle risque de plomber l’ambiance alors, elle préfère laisser dans les mains de Jenny le pouvoir de décider si elle veut assouvir sa curiosité au risque de faire disparaître la joie. Sauf que l’ambiance va déjà bien vite retomber alors que la danseuse évoque Chance. Surprise évidente en apprenant que Jenny est au courant et puis, soulagement quand elle se rend compte que Jenny n’a surpris que des textos. Au moins, Reira ne sent pas comme une totale connasse pour avoir largué Chance, enfin moins que si l’ancien soldat avait clamé son amour à tous ses proches. « T’en fais pas. J’ai juste cru qu’il t’en avait parlé et… ça m’a surprise. Non pas qu’on se cachait. C’était juste… une aventure, comme ça. » Curieusement, ça lui pince le cœur de qualifier leur relation de cette façon. Comme si, finalement, malgré les œillères qui obstruent la vue de la russe, il y avait bien quelque chose de bien plus durable niché dans son cœur. Quoi qu’il en soit, elle répond aux interrogations de la blonde quant à ce qu’il devient. Elle acquiesce lentement de la tête à ses propos. « Ouais… Je sais que c’est assez compliqué avec sa sœur, elle a du mal à accepter tout ce qui a pu se passer. Et puis, les traumatismes qui vont avec l’armée, la guerre. Ça ne l’aide pas beaucoup non plus. Mais il remonte la pente, petit à petit. » À ses propres paroles, un tendre sourire vient étirer ses lippes. Finalement, la blonde change de sujets pour proposer une sortie pour compléter un peu plus leur tableau de chasse. « Oh mais attends, tu n’as toujours personne toi ? » demande-t-elle, véritablement interloquée d’apprendre que la belle blonde n’a toujours pas trouvé chaussure à son pied. Parfois, la brune se demande comment ça se serait passé si son attention n’avait pas été happée par cet amant du passé. « T’imagines même pas le nombre de mecs que je peux me taper les soirs où j’fais une petite danse dans les bars ! Tu devrais essayer avec moi tiens. Quoique… je plains les autres personnes présentes, on va rafler tous les célibataires. » Son ajout la fait soudainement rire. Néanmoins, elle est certaine que toutes les deux, elles feraient un carton. « On peut aller en boîte aussi, mettre le feu à la piste de danse. »

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— « Ah bah ça oui, j’en ai même cassé une tasse au travail. » La russe répond en retentant un rire nerveux. Revoir Piotr de façon si inattendue, ce fût réellement un choc. Et encore, Reira n’ose pas imaginer ce que son frère a dû ressentir, lui qui lui a avoué avoir pensé qu’elle était carrément morte… De toute façon il s’agit du passé maintenant. L’eau a coulé sous les ponts et face à leurs efforts mutuels, leur relation fraternelle renaît peu à peu de ses cendres. Puis, vient la question de l’ancien soldat, Reira sent le malaise de la blonde alors qu’elle précise qu’elle ne pensait pas que Chance en parlerait. Jenny tente alors de se justifier, en balbutiant légèrement au passage. La brune lui sourit, bienveillante. « T’en fais pas, de toute façon il n’y a pas de mal ! J’ai jamais connu de mecs amoureux, alors dans ma tête ils font comme les filles et en parlent à tout le monde. » Cette fois, un rire nerveux s’échappe d’entre ses lippes. Déjà, elle ne sait pas vraiment si son amant l’aimait au point d’être amoureux, ou s’il souhaitait simplement se diriger vers cette possibilité… Ensuite, elle ne sait effectivement pas à qui Chance pouvait discuter de leur relation. De son côté, tout n’était qu’officieux alors le beau brun n’existait pas vraiment pour ses proches, qui se résument surtout à des relations de travail ou des connaissances passagères. En somme, personne à qui parler. À part peut-être Jenny, mais puisqu’elle le connaissait, ça aurait été étrange. Elles parlent alors de l’armée, la blonde se confiait sur son passé lui aussi lié aux défenseurs de la nation. « Parfois, une même activité reste dans la famille. Pour toi l’armée, chez moi, c’était surtout les affaires en tout genre. » Les Tsvetkov en finance, les usines et autres produits manufacturés, sa famille est touche-à-tout. Après cet interlude peu joyeux sur l’armée et ses complications, les danseuses évoquent quelque chose de plus joyeux : la drague. Surprise que la belle blonde n’ait toujours pas trouver quelqu’un, Reira n’en rajoute pas pour autant à sa remarque. Après tout, elle est libre d’aller à son rythme. À la place, la russe se confie sur le nombre d’êtres masculins qu’elle peut croiser en dansant. Les mots de Jenny lui arrachent un rire amusé. « C’est pas si terrible que ça, je ne vais pas dans des taudis non plus, les employés savent dégager ceux qui abusent un peu trop. » En réalité, Reira n’a jamais vu le mal à se produire dans des bars ou des boîtes de nuit, c’était une façon comme une autre de continuer à offrir son art, et la plupart du temps, ça se passait extrêmement bien. « On zieutera les petites annonces des cabarets chics en quête d’artistes alors ! » conclue-t-elle, s’accordant sur l’envie de Jenny. En tout cas, les deux jeunes femmes sont bien d’accord sur le fait qu’elles doivent se prévoir quelque chose. Alors qu’elle réfléchit déjà au lieu où elle pourra se rendre, la blonde lui pose une question. Les mirettes sont étonnées en lisant sa question avant d’arborer un air songeur. « Hum… Je ne crois pas. Enfin pas sérieusement ou professionnellement parlant. Dans des fêtes, oui je me suis sûrement trémoussée pour, devant, avec des femmes. » Après réflexion, Reira en vient même à ajouter. « En fait, je crois que j’ai jamais vraiment tenté des choses avec les femmes. Attirée sans jamais sauter un quelconque pas à part plusieurs baisers échangés sous le coup de l’alcool. Tu as été mon premier date féminin, félicitations ! » dit-elle avec un large sourire amusé. « Mais sinon… pourquoi cette question ? » Toute ouïe, Reira observe la blonde avec une lueur espiègle dans le regard. « Tu l’as déjà fait toi ? »