Remuer son popotin mais surtout parler des petits potins

|	remuer son popotin mais surtout parler des petits potins @Jenny Holway

— Les hommes amoureux dès qu’ils mettent une femme dans leur lit… Un sourire se dessine alors sur les lèvres de la russe. « Alors du coup ça aurait dû s’appliquer pour Chance. » dit-elle en rigolant. Pour une fois ce n’est pas un rire nerveux, il vaut mieux en rire qu’en pleurer. L’euphorie restante de leur performance sur la scène force la brune à rejeter la mélancolie qui apparaît à l’évocation de l’ancien soldat. D’ailleurs, heureusement qu’elles se détendent en parlant garçons de façon plus légère, parce qu’évoquer l’armée, la mentalité et les complications propres à chaque famille n’a rien de très réjouissant surtout quand Reira évoque la famille qu’elle a abandonné. « Beaucoup de parents veulent transmettre à leurs enfants ce qu’ils aiment, donc souvent leurs métiers… Sauf qu’un gosse ça se modèle pas aussi facilement que la pâte à modeler. Moi j'ai toujours eu la danse en tête alors, pas de business pour moi. » Quand l’enfant n’est pas encore sûr de ce qu’il veut, ça offre un petit laps de temps aux parents pour le sculpter selon leurs envies et valeurs. Mais tôt ou tard, chacun finit par choisir sa voie, même si elle diverge de l’idéologie familiale. Les Tsvetkov en ont eu pour leur grade de ce côté-là… La petite princesse du Bolchoï, celle qui rêvait de devenir l’étoile montante de la Russie se produit désormais dans des petits bars d’une île à des milliers de kilomètres de sa maison. Et même si Jenny soulève le point noir de cette activité qui sont les lourdingues qui gâchent le plaisir de discuter avec les admirateurs, Reira précise qu’il suffit de bien choisir le lieu, les employés s’occupant le plus souvent de gérer les indésirables. Amusée par sa réaction, Reira ricane. Bien fait pour eux ? Totalement. Ça fait soulever une question que la blonde pose, déstabilisant légèrement la brune. Danser pour des femmes ? Non pas que ce soit gênant, Reira n’y a simplement jamais penser. Même si elle a cette attirance qu’elle ne s’est pas véritablement qualifiée, elle a tout de même été élevée dans un pays extrêmement fermé d’esprit. Elle explique alors que des expériences avec des femmes, elle n’en a pas vraiment eu, que Jenny était la plus sérieuse des expériences. En lisant ses mots, Reira cligne plusieurs fois des yeux avant de rire avec Jenny. « Bien sûr que non voyons ! Tu m’as même intimement persuadée qu’une femme est mille fois plus intéressante qu’un homme lambda. » Même si Reira n’a jamais véritablement douté du degré d’intérêt que dégage une femme. Les hommes ne deviendraient pas tous aussi fous face à un être féminin, si celles-ci ne valaient pas le coût. Naturellement, la russe lui retourne sa question, curieuse de connaître les raisons qui trottent dans sa tête. Lentement, elle découvre ces raisons sur le papier et esquisse un sourire. Un peu tout pareil que Reira au final, même si sa curiosité semble un poil plus poussé. Son sourire s’étire un peu plus à sa dernière phrase. « L’exploiter à fond et en faire profiter le maximum de personnes. » En tout bien toute honneur, et seulement pour ceux, ou celles, qui le méritent. Elle pense à cette idée d’endroits plus spécialisés, ou simplement un lieu hors du secteur masculin. Les sourcils de Reira se froncent légèrement. « À vrai dire, je crois que ça existe des lieux dédiés aux femmes. J’avais lu un article sur des femmes entrepreneurs qui lançaient ce genre de concept. Prendre un lieu qui existe déjà, comme un bar ou une boîte de nuit mais le dédier qu’aux femmes. Pas d’employés hommes, pas de clients hommes. Juste des femmes qui s’amusent sans craindre pour leur vie, entre femmes. Bon je t’épargne le nombre d’hommes qui parlent de misandrie et de ségrégation du XXIème siècle. » Un article qu’elle avait beaucoup aimé d’ailleurs. Son indépendance et sa découverte du monde tend à la faire pencher vers toutes ces causes profondément justes. « J’sais pas s’il y a ce genre de concepts à Wellington, ça doit bien se trouver. On pourra exploiter la danse à fond ensemble comme ça. » dit-elle avec un demi-sourire, lueur amusée dans les mirettes. « Ça me ferait une expérience de plus en ta compagnie. Enfin, si tu veux. » Il leur fallait une destination pour leur idée de se prévoir une petite sortie. Leurs deux merveilleuses idées combinées pourraient donner une idée encore plus magnifique. Quitte à s'amuser tout en draguant, autant tenter de nouvelles choses, Reira peut bien se le permettre après tout.

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— Reira ne s’est jamais imaginée faire un métier bien complexe. Elle n’était pas de ces gosses qui ont déjà la vocation médicale dans le sang ou l’esprit, ceux qui s’imaginent déjà ténor du barreau. Ni militaire, ni maîtresse non plus. Encore moins princesse. Enfin si, la petite russe s’imaginait bien princesse de Russie : la petite princesse de la danse. Parce que Reira n’a toujours juré que par la danse dès qu’elle a pu mettre un pas devant l’autre. Elle a dansé devant un tas de gens et pour un tas de gens, mais jamais de façon purement privée. Sauf si on considère qu’un bar offre une prestation plus intime, ce qui est, en somme, un peu le cas. Mais la blonde s’interroge à un genre en particulier : les femmes. Reira se confie alors sur son petit nombre d’aventures avec des femmes. Elle avoue même que Jenny et ce rendez-vous arrangé de la Saint-Valentin n’étaient en fait que sa première véritable expérience. Car elle ne compte vraiment les baisers échangés pour s’amuser en soirée avec des inconnues qui passaient par là. Pourtant, elle a toujours eu une attirance pour les femmes, une admiration. Dans un pays enfermé dans des mentalités arriérées comme la Russie, elle ne s’est jamais posé la question de son orientation sexuelle, mais depuis son voyage c’est autre chose. Au faux air vexé de Jenny, la brune ricane. Ce moment avec Jenny en Février dernier lui avait bien plu, elle doit bien l’avouer. Et peut-être que si elle n’avait pas retrouvé Chance dans un bar à Wellington, Reira aurait poursuivi l’aventure à ses côtés. Ou à côté d’une autre femme. Qui sait. Elles discutent de ces lieux réservés aux femmes, créés en exclusivité pour leur plaisir et leur sécurité. Quand Jenny fait remarquer que la clientèle ne doit pas abonder, la russe fronce légèrement les sourcils en pinçant les lèvres. « En fait, j’crois que justement ça marchait super bien parce que les femmes se sentent plus en sécurité entre elles. Après, c’était aux États-Unis je crois, je sais pas si ici ça aurait autant de succès. Et puis, c’est aussi peut-être que la hype de la nouveauté qui attire, j’sais pas si ça dure dans le temps ces trucs-là. » C’est tout de même le genre de choses à essayer, rien que pour l’expérience. Puisque que les deux danseuses se sont accordées pour passer une soirée entre célibataires, ça pourrait être l’occasion de profiter à deux de cette expérience. À la réponse affirmative de Jenny, les lippes de la brune s’étirent en un large sourire. « Prépare à être bien assise, parce que tu es pas prête pour mes petits moves. J'ai un tas de bottes secrètes. » Un peu plus, le sourire s’élargit alors que Reira lui offre un clin d’œil. Amusée, Reira a déjà en tête de quoi probablement impressionner la blonde. Enfin, rien qu’elle ne sache probablement pas faire. La petite danseuse classique a poussé de nombreuses portes pour élargir ses horizons depuis son départ de Moscou. Un rire secoue la poitrine de Reira quand elle comprend le malheur qu’elles vont faire à eux deux sur la piste de danse. « Clairement personne n’est pas prêt pour notre alliance. Toute façon les meilleurs duos sont nécessairement ceux où il y a une blonde et une brune. C’est la règle. » Sinon Hollywood ne s’amuserait à caser des duos de la sorte dans toutes les séries. Et puis franchement, ce genre de soirée c’est bien ce dont Reira a besoin après l’échec de sa relation avec Chance. Ça ne l’engage à rien, juste un peu d’amusement sans attaches, sans accrocs. « J'espère que tu tiens l'alcool parce que moi je t'entraîne jusqu'au bout de la nuit. » Parce que le sang russe il peut intégrer un degré d'alcool affolant, même pour une femme fine comme Reira. Rictus amusé sur le coin des lèvres, elle observe son amie. « D'ailleurs, vous faites pas un truc après les représentations ? Chacun rentre de son côté ? »

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— Reira approuve plus qu’elle ne l’aurait cru aux propos de Jenny. À moins que ce ne soit que le sang russe qui bouillonne à l’évocation des américains. De bonne foi, elle n’a pas zappé le pays durant son tour du monde. S’il y a de bonnes personnes comme partout, la plupart était bien le cliché de leur pays. Alors oui, ils ne sont pas toujours à la pointe de tout. En fait, le XXIème semble même laisser penser qu’ils commencent à être en retard. En tout cas, elle plussoie également à la remarque de Jenny sur l’ouverture de ce genre de lieux-concepts. Quel que soit le commerce, se faire une clientèle fidèle est toujours le plus compliqué. Mais ça ne devrait pas empêcher les deux danseuses de pouvoir se trouver un endroit de ce style, tant pis s’il coule quelques mois plus tard. D’autant plus que la russe a volontairement attisé la curiosité de la blonde. C’est qu’elle a ses petits talents cachés Reira, ces trucs qu’elle n’a pas appris à l’Académie. Jenny peut bien lui mettre la pression pour le fun, ça n’empêche pas ce rictus amusé de se dessiner sur les lèvres de la russe. Peut-être même qu’elle sera tellement ébahie qu’elle en redemandera. « Pour être souvent la cible de clichés, j’finis par en voir partout. » dit-elle sans perdre son sourire. Entre les stéréotypes sur la Russie et ceux sur la danse classique, Reira a une bonne liste de clichés qui sont entrés par une oreille et ressortis par l’autre. Comme s’il fallait continuer dans les poncifs, la russe évoque l’alcool et s’interroge discrètement sur la tolérance de la blonde à l’alcool. Pour le coup, Reira peut remercier ses gênes russes, et peut-être aussi toutes ces soirées passées à se produire dans les bars et profiter des consommations gratuites. « Je pourrais toujours te porter si tu ne tiens plus sur tes pieds. » Elle a plus de force que ce que l’on croit après tout. De toute manière, elle n’a pas forcément envie de voir Jenny en épave comme elle dit. Une soirée simple, quelques verres pour se mettre dans l’ambiance, rien de méchant. Reira se demande d’ailleurs si la troupe ne fait pas un petit quelque chose. « En effet, ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin ! » La conversation est agréable, l’ambiance dans le groupe d’amis est chaleureuse alors Reira n’a pas envie de rentrer de suite, ni d’écourter la soirée de Jenny avec ses amis. Et puis, ça ne peut pas faire de mal de passer plus de temps avec des gens qui partagent sa passion, ce sera l’occasion de continuer à parler potins et projets futurs. « J’arrive ! » Reira récupère rapidement ses affaires avant de rejoindre Jenny et le reste de la troupe de danseurs. « Ça nous donne un léger avant-goût de cette future soirée. » Ce n’est qu’un verre, qu’un passage détente avant que chacun ne retourne vaquer à ses occupations, contrairement à ce beau projet qu’elles ont dessiné toutes les deux il y a quelques minutes.