Joey Harwell - A smile can hide all of your fears

Joey Harwell

Un rayon de soleil décroché

les informations en vrac

la partie anecdotes ○ Passionnée par l'architecture, tu regrettes de ne pas avoir suivi cette voie pour tes études ○ Tu ne bois presque pas, ne fumes pas non plus ○ Addicte au café avec une tonne de sucre comme une enfant ○ Bricoleuse dans l'âme, tu adores avoir les mains recouvertes de poussière ○ Quand tu es fatiguée tu frottes le bout de ton nez de façon répétée ○ Ton alliance, tu la gardes cachée autour de son cou ○ Traumatisée par le départ de ta mère quand tu étais encore trop jeune ○ Croyante, tu te rend à l'Eglise en cachette quand tu es certaine de n'y croiser personne ○ Forte tendance à l'insomnie, tu t'occupes à coup de mots fléchés ○ Tu aimerais trouver un métier qui t'occupe les mains ○ T'as payé cette maison défraîchie que tu retape, avec l'argent du divorce, t'en as honte parfois ○  Le dimanche matin, a 10H, tu appelles systématiquement ton père en visio ○ Ta couleur préférée est le jaune ○ Optimiste au point de vivre dans le déni, tu diras toujours que le soleil se lève même à 18h ○ T'as joué du violon pendant toute ton enfance, parfois tu t'y réessaye, humeur nostalgique ○ De nature aventureuse, débrouillarde et joviale
 

les indiscrétions sur le joueur

 

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<pris>○ Imogen poots</pris> joey harwell

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l'histoire de ma vie

I'm just a tiny bit broken, I swear.

T'en as mis du temps à comprendre Joey. 26 ans précisément pour comprendre ce qui t'empêchera d'avancer. C'est long 26 ans. Plus qu'un quart de siècle techniquement. Et Joey toi, tu détestes ça.

Pourtant quand la nostalgie s'empare de toi, tu ne vois pas de nuages noirs. Tu n'as jamais manqué de rien. Tu te souviens de ton enfance à Wellington. Une enfance douce qui se partageait entre les leçons de violon et les aventures rocambolesques que t'offrait ton père le week-end. Un personnage que beaucoup considéraient comme intimidant. Douglas c'est un soldat, un homme de peu de mot pour ceux qui ne le connaissent pas. Pas vraiment le genre qu'on imagine père célibataire. T'avais la plus belle cabane du quartier grâce à lui. Des chasses aux trésors interminables dans la maison simplement pour trouver ton goûter. Des petites remontrances quand tes professeurs disaient que tu n'étais pas très attentive en classe. Quand tu comparais ton père à celui de tes amis, tu voyais bien que ce n'était pas la norme. Mais tu étais bien incapable de comprendre que derrière toutes ces attentions, derrière ce dévouement sans faille, il se cachait une douleur et une crainte que rien ne pouvait mesurer. Tu étais un garçon manqué dans des robes jaunes qui tournent, les cheveux toujours ébouriffés et les genoux écorchés. Et il y avait ce sourire aux dents un peu tordues, qui te donnait un air un peu bête. Une vraie pile électrique. Un bonbon à l'orange. Tu ne l'as perdu qu'une seule fois ce sourire, mais nous n'en sommes pas encore à ce stade-là de l'histoire pas vrai ?

"Papa, t'as vu comme je vais vite ?!" Tu te retournes brusquement vers ton père derrière toi. Evidemment le vélo fait une embardée vers la droite mais la chance veille et tu esquives encore un arbre de peu. "Joey !!! Arrêtes de regarder derrière, devant toi !" C'est avec une moue boudeuse que la petite tête blonde se retourne vers la route. Les yeux rivés vers l'horizon, elle a l'impression d'être invincible sur son vélo rouge brillant depuis qu'elle n'a plus les petites roues. Enfin, tu regardes dans cette direction pour quelques secondes tout au plus. Ton attention est bien vite attirée par un chien. "Regardes devant  pour l'amour du ciel !"  Et puis ce qui devait arriver depuis de longues minutes déjà, arrive. La chute à vélo. Douglas c'est un dur à cuire quand on le voit, mais quand ça touche à son petit bout, son visage devient bien trop expressif. Il court vers le petit fossé dans lequel est tombée sa fille. Il craint déjà de te retrouver la bouche ensanglantée. Pourtant non. Tout ce qu'il voit, c'est ta petite silhouette couverte de boue, le casque de travers qui essaye de redresser son vélo un peu trop lourd. "Papa, comment je remonte ?"

Et si souvent on t'a demandé ce que cela faisait de grandir sans mère, t'as toujours répondu rien. Elle est partie c'est tout, qu'il y a-t-il de plus à dire ? Quand on n'a aucun souvenir, il est difficile de savoir ce dont on a été privé. Ton enfance était heureuse, c'est tout ce qui compte. T'as suivi un parcours des plus banal après. Les robes jaunes sont devenues des salopettes, les salopettes des chemisiers un peu plus habillés quand il fallut intégrer l'université. Tu ne saurais même pas dire pourquoi tu as choisi de faire des études de communication et marketing à Victoria. C'était un choix sage tu visais le PhD. Mais 2012 a bouleversé tes plans. Une rencontre en particulier, une rencontre marquée par la chance, tant vous viviez dans des mondes différents. Et toi, peut-être naïvement, t'as cru que c'était un signe du ciel. C'était dans une soirée d'inauguration organisée par la boîte d'événementiel dans laquelle tu étais stagiaire. Il est plus vieux que toi. Il a une prestance certaine et un sourire dans la retenue. Et pour une quelconque raison, après cinq minutes de conversation il te laisse son numéro. Pour dire vrai, tu n'aimes pas te rappeler ces moments-là, ils font mal maintenant avec le recul. James, il t'offrait un tout nouveau-monde. Un monde plus luxueux où tout semblait facile. C'était irréel. Un rêve éveillé. Tes amis pensaient que tu étais devenue la coqueluche d'un homme approchant la crise de la quarantaine. Mais ça a duré. Tu t'es retrouvée au bout de quelques mois à emménager chez lui. Et après ton bachelor, tu as arrêté tes études. Tu l'as suivi à l'autre bout de l'île, où il faisait construire un nouveau complexe hôtelier. Et il y a eu le mariage. T'as l'impression que c'est une vie que tu n'avais pas le droit de vivre. Des souvenirs volés. Tu auras toujours de l'amour pour cet homme mais, il y aura à jamais ce goût amer de culpabilité dans ta bouche quand tu prononceras son prénom.

Le cadre s'écrase sur le sol avec fracas. Tu ne dis rien, choquée par ce geste de violence que tu vois pour la première fois chez lui. Tu n'oses même pas le regarder en face. Doucement tu ramasses l'objet, te coupe légèrement et finalement tu sens ton cœur se déchirer. La photo de votre mariage. On y voit une jeune femme, habillée d'une robe crème des plus simples. A ses côtés, un homme aux traits plus matures, dans un costume sur mesure. Ils se regardent l'un l'autre, un sourire débordant d'amour. Un bouquet de tournesol que les invités avaient trouvé absurde. Quand ton regard revient sur ton mari, il n'y a que de la tristesse. "Tu le savais que je voulais des enfants, Joey ! J'ai toujours été clair là-dessus, comment peux-tu me dire ça et espérer que ça ne soit pas grave ?!" Tu ne sais pas comment réagir, il n'y a que les larmes qui menacent de s'écraser sur tes joues qui témoignent de ta douleur. "Réponds moi, tu crois que c'est un jeu ?" Tu sursautes devant la force de son cri. "Non, je… je croyais en vouloir aussi. Je t'assure c'est juste… Pardon" Ta voix tremble. Tes ongles s'enfoncent dans la paume de ta main, t'as envie de te faire mal tant tu te sens stupide de n'avoir compris qu'une fois au pied du mur.

Les papiers du divorce, tu les as signés sans oser regarder James dans les yeux. Tu as retiré ton alliance pour la pendre autour de ton cou comme un poids. Pour ne pas que tu oublies ce que tu as mis tant de temps à comprendre. Tu croyais finir tes jours avec lui. Mais devant le test négatif, le soulagement a été un déclic. 26 ans pour réaliser que tu étais terrorisée par l'engagement, par l'idée d'être mère, alors même que vous étiez en train d'essayer de devenir parents. Parce que t'as eu aucun modèle Joey. Comment as-tu pu y croire alors même que tu ne sais pas ce qu'est une mère ? Tu ne sais pas non plus ce que c'est qu'être une épouse. Avec James c'était facile, il était toujours en déplacement, mais vivre une véritable vie à deux…  Heureux sont les ignorants.

T'as mis plusieurs semaines avant d'encaisser ce chèque. Tu venais de tout perdre. Alors t'es retournée chez toi, enfin à quelques kilomètres de là, à Island Bay. T'as acheté cette petite maison et tu fais durer les travaux depuis 2017 parce que ça t'occupe, ça et ton boulot de Community Manager. Encore que, même ce boulot touche à sa fin. Joey. La douceur d'un rayon de soleil matinal. Un grand sourire toute la journée, reconnaissante d'avoir pu toucher du doigt une vie de famille. Tu vivras la vie que tu penses devoir, et tu en seras satisfaite. Voilà ce à quoi tu t'es résignée.