Rather laugh with the sinners, than cry with the saints

Ce n’était un secret pour personne qui connaissait un tant soit peu la blonde : elle aimait le danger, était attirée par lui tel le papillon par la flamme. Pas pour le braver, ni parce qu’elle n’avait pas conscience de ce que ça représentait – Noomi ne comptait plus le nombre de fois où on l’avait traitée d’inconsciente -, mais parce qu’elle n’en avait pas peur. Si le pire devait arriver, alors il arriverait. Et à choisir, elle préférait que son encart dans la rubrique nécrologique mentionne qu’elle était morte en se jetant devant la gueule d’un flingue plutôt qu’en traversant la rue. Bon d’accord, sans doute que rien d’aussi héroïque ne lui arriverait alors disons en traversant une autoroute plutôt qu’en traversant la rue. Ouais, c’était pas mal. Et il semblerait qu’elle ait tendance à s’entourer du même genre de personnes étant donné qu’elle savait pertinemment que Maxyne n’aurait jamais refusé une telle proposition. Normal sûrement ; bien qu’elle ne soit pas du genre à juger le mode de vie des autres, elle imagine qu’elle aurait du mal à nouer des liens avec des gens qui seraient tout son contraire. Encore qu’il ne faut jurer de rien. Tout ça pour dire que malgré son idée un peu folle – et donc un peu dangereuse puisqu’il ne serait pas étonnant qu’elles en sortent avec un bras cassé -, son amie était partante.

Les deux blondes poussèrent chacune leur caddie en haut de la butte, toutes guillerettes, avant que Maxyne ne lui propose d’inaugurer. Allez, la grecque grimpa à bord de son propre caddie et attendit sagement qu’elle la pousse. C’était drôle, très drôle, Noomi n’essayait pas le moins du monde de dissimuler ses cris de joie et ses éclats de rire en dépit de l’heure tardive. De toute manière, entre le supermarché et le chantier, il y avait tout de même assez peu de monde qu’elles seraient susceptibles de déranger. En toute hâte, elle remonta la butte en tirant son caddie derrière elle et s’empressa de pousser son amie à son tour. Ce qu’elles firent à plusieurs reprises avant de se tourner vers le chantier après que Maxyne se soit ramassée. Rien de grave à priori puisque passer à l’étape supérieure était son idée.
« Ouais, puis regarde, on devrait avoir assez d’élan pour rebondir là-d’ssus. »
Elle désigna une autre butte un peu plus loin. Pas assez haute pour pouvoir repartir en sens inverse comme les skateurs, toutefois. Du moins, elle ne le pensait pas mais le meilleur moyen de le savoir était encore d’essayer.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il en fallait du cran pour se lancer dans ce genre de voltiges tête baissée. Mais si vous vouliez l’avis de Noomi, c’était justement le fait d’y aller tête baissée, afin de ne pas trop observer les dangers alentours, qui vous permettait d’agir. Si vous y réfléchissiez un peu trop longtemps, alors vous vous rétractiez à la dernière minute. Et ça serait dommage. Car en dépit du mal qu’elles pourraient se faire, Maxyne et Noomi étaient en train de s’amuser comme jamais. Bien plus que si elles s’étaient contentées de rester assises sur leur tabouret au comptoir. Et pourquoi ne pas pousser le vice un peu plus loin en faisant d’un chantier leur terrain de jeux, hein ? Par chance, aucune des deux blondes n’était une froussarde et quoi que puisse proposer l’une, l’autre était toujours partante. Elles tirèrent donc leur caddie derrière elle pour gravir la butte désignée un peu plus tôt et cette fois, ce fut Maxyne qui se positionna la première. L’espace d’une seconde, la grecque songea qu’elle aurait peut-être dû tester en premier. Pas tellement parce qu’elle avait hâte de se lancer, plutôt parce que son amie était déjà un peu blessée et que, si chute il y avait, il aurait mieux valu que ça soit elle qui prenne, cette fois-ci. Mais puisque Maxyne avait l’air décidé, elle se mit elle aussi en position et la poussa assez fort à son signal. Suffisamment pour qu’elle puisse passer au-dessus de la butte suivante, pensait-elle. Des montagnes russes improvisées, mais sans rails.

Bien qu’elle ne soit que spectatrice pour le moment, elle ne put retenir un cri de joie elle aussi lorsqu’elle vit qu’elle avait poussé suffisamment fort pour obtenir l’effet escompté. Et le mieux dans tout ça ? C’est que personne ne se retrouva cul par-dessus tête. Ni Max, ni son caddie. Le temps que son amie la rejoigne et ce fut à son tour. Tout en grimpant à bord, elle acquiesça ; elle avait bien l’intention d’en profiter autant que possible. Et, une fois lancée, Noomi put constater par elle-même que Max n’avait pas menti : c’était génial ! Tellement que ça donnait envie de recommencer encore et encore. Mais, tandis qu’elle remontait la butte, des voix se firent entendre.
« Roh sans déc’, v’là des empêcheurs de tourner en rond. »
Abandonnant le sien, elle désigna le caddie de Max.
« Monte là-d’dans, on décampe ! »
Était-ce bien judicieux de la part de Noomi de vouloir prendre la fuite en poussant son amie à bord de son caddie quand on sait qu’elle ne faisait jamais de sport ? Rien n’était moins sûr, mais on ne vit qu’une fois.

Plus vite en courant… C’est une possibilité que Noomi n’avait pas envisagée avant que Maxyne n’en parle. Et le fait est qu’elle n’avait sans doute pas tort, mais que c’était bien plus marrant de prendre la fuite de cette manière, selon elle. D’autant que c’était une première pour elle. De fuir en caddie, s’entend, pas de prendre la fuite tout court. Bien que c’eût été plus souvent pour fuir la police. Bref, sans prendre la peine de répondre, la grecque se mit à courir dans une direction opposée à celles des éclats de voix tout en poussant le caddie devant elle. Puis elles en étaient arrivées à la conclusion que courir sans but dans les rues d’Island Bay n’était pas la plus brillante des idées qu’elles aient jamais eues et c’est ainsi qu’elles mirent le cap sur l’appartement de Max. Noomi imbibait les compresses du désinfectant que son amie venait de lui tendre lorsqu’elle se recula pour évaluer les dégâts.
« Rien d’grave, j’dirais, quelques égratignures mais vaut mieux qu’on désinfecte tout ça. »
Un geste dont la blonde avait l’habitude, elle pourrait le faire les yeux fermés, mais pas tellement parce que sa fille était une casse-cou. Non, elle avait appliqué bien plus de désinfectant sur ses propres plaies que sur celles de Sarah. Parfois, Noomi n’en revenait tout simplement pas que sa fille soit aussi sage quand on connaissait les parents. Car Frank n’avait jamais été en reste.
« Attention, ça risque de piquer un peu. »
Elle s’était toujours demandé pour quelle raison on prenait toujours le temps de prévenir de ça. C’était à partir de ce moment-là qu’on anticipait et qu’on se crispait, ce qui ne rendait pas l’expérience agréable. Okay, elle ne le serait quand même pas parce qu’en effet, ça piquait et peut-être valait-il mieux que la personne sache à quoi s’attendre en fin de compte… Soit, elle appliqua le désinfectant avec autant de douceur qu’il lui était possible, un peu comme quand c’était à Sarah qu’elle le faisait puis se mit à rire en hochant la tête. C’est sûr que la tête des chieurs devait valoir son pesant de cacahuètes et c’était un peu dommage qu’elles n’aient pas pu assister au spectacle. Peut-être une autre fois… Puis Noomi pouffa à la question qui suivit.
« Ouais… Et c’est même pas un truc que j’ai fait à Frank. Même si j’aurais bien aimé, tu peux m’croire. »
La grecque était quelqu’un d’adorable. A condition que vous ne dépassiez pas les bornes. Sans quoi vous pouviez vous attendre à des représailles. Et elle ne mentait pas quand elle disait qu’elle aurait adoré faire ce genre de trucs à son ex-mari mais c’était interdit, sous peine qu’il s’en serve contre elle au tribunal.

Un sourire étira les lèvres de la grecque ; Noomi n’avait pas pour habitude de juger les gens par rapport à leur seuil de tolérance à la douleur. Voilà bien quelque chose qui était propre à chacun et elle avait compris au fil du temps que ça ne faisait absolument rien avancer de dire à quelqu’un qu’il n’est qu’une chochotte parce qu’il se plaint de ressentir une vive douleur là où vous-même ne sentez rien de plus qu’un pincement et encore. Chacun était fait comme il était fait et puis c’est tout. Et non, elle ne prenait pas Maxyne pour une faible. D’autant que ce n’était pas le fait de se casser la gueule qui avait mis fin à leur petit délire mais bien l’arrivée du voisinage.
« T’en fais pas, j’ai connu pire. N’importe quel mec, même les plus baraqués, par exemple. »
Hé non, ce n’était pas un mythe, les hommes étaient bien plus douillets que les femmes et avaient généralement une peur bleue du désinfectant. C’était d’ailleurs aussi un peu pour ça qu’elle prévenait toujours avant d’en appliquer sur qui que ce soit d’autre. Quant à savoir si elle avait l’habitude, oui c’est certain, avec Sarah notamment mais pas si souvent que ça étant donné que sa fille était loin d’être aussi casse-cou que la blonde. Au final, c’étaient ses propres genoux écorchés qu’elle désinfectait plus souvent que ceux de Sarah.
« Voilà c’que c’est de faire du patin. »
Une activité à laquelle sa fille participait de temps en temps mais pas autant qu’elle l’aurait voulu. Surtout les soirs où elles allaient danser sur leurs patins, à vrai dire. Tant pis, Noomi avait toujours dit qu’elle ne commettrait pas l’erreur de sa propre mère, à savoir pousser sa fille dans une certaine voie sans jamais en dévier. Qu’elle l’aime ou non, cette voie, soit dit en passant. Bien sûr qu’elle aimait le piano. Mais elle aurait surtout aimé pouvoir choisir d’en faire par elle-même et ne pas y être forcée. Bref. Elle gloussa à la nouvelle question de son amie.
« Y en a certain’ment plus que ceux dont j’pourrais me souvenir. »
Dans ces moments-là, il était quand même bien pratique d’avoir une mémoire défaillante. S’ensuivit un haussement d’épaules.
« J’sais pas si j’serai jamais tranquille vis-à-vis d’lui ou si j’serai toujours surveillée, même une fois que j’aurai récupéré la garde. »
Déjà, elle savait pertinemment qu’elle ne récupérerait pas la garde exclusive ; tout d’abord parce que Frank ne se comportait pas mal avec Sarah et deuxièmement parce que, maintenant qu’il y était entré, sa fille ne voudrait certainement plus qu’il disparaisse de sa vie. Soit, elle préférait ne pas trop penser à ça, ç’avait un peu trop tendance à la déprimer.
« Oh, comme toi. »
Inutile de faire des chichis pour elle, Noomi n’était pas bien compliquée lorsqu’il s’agissait de boissons ou de nourriture. Vint ensuite la question de si taguer la façade de Marcus et crever les pneus de sa voiture pourrait l’aider à aller mieux. La grecque haussa les épaules en faisant la moue.
« J’aurais tendance à dire que oui parce que, quoi qu’en dise, ça défoule quand même énormément. Déjà d’passer à l’acte mais aussi d’imaginer la tête que la personne va faire en découvrant ça. »
Mieux encore : d’assister à ce moment mais ça, c’était pas toujours possible. Vous l’aurez compris, il ne fallait jamais compter sur Noomi pour jouer le rôle de la bonne conscience.

Depuis toujours, Noomi se révélait un peu secrète en ce qui concernait les moments qu’elle passait avec sa fille. Les moments passés ensemble étaient un véritable privilège, à tel point qu’elle n’aimait pas tellement l’idée de les partager avec quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui n’était pas son père en tout cas, car lui était toujours au courant de tout ce qu’elles faisaient et était même très souvent invité à y participer. Sa fille. Mais hélas, plus le temps passait et plus Sarah prenait ses distances, ne serait-ce que pour aller jouer avec ses amies. Cela dit, c’était là le lot de tous parents, aussi regardait-elle faire sans rien dire. Raison pour laquelle elle essayait de compenser en proposant des activités qui ne leur plaisaient qu’à toutes les deux. Comme le patin, par exemple. Bon, elle était sûre que ça devait aussi plaire aux copines de sa fille, mais, comme si elle avait compris, Sarah ne proposait jamais d’inviter qui que ce soit d’autre et elles pouvaient donc partager ça entre mère et fille. Tout ça pour dire que oui, la blonde avait repris le patin. Et à vrai dire, elle n’avait jamais vraiment arrêté. Une des rares choses qu’elle avait pu continuer après l’accident, il avait fallu s’y raccrocher.
« Oui, bien sûr ! Pas tous les samedis soir mais presque. »
Sans raison apparente, le sujet se réorienta soudain vers Jimmy. Jimmy avec qui elle se sentait bien, avec qui elle reprenait peu à peu goût à la vie. Voulait-elle fonder une famille avec lui ? Peut-être. Mais c’était là un sujet auquel elle évitait de penser. Notamment parce qu’elle craignait de possiblement refuser si un beau jour, il s’agenouillait face à elle. Avec désinvolture, la grecque finit par hausser les épaules.
« Disons que j’serais pas contre l’idée qu’on emménage ensemble un d’ces jours. Et j’me doute que lui non plus, qu’il attend même que j’le lui propose. Mais pour c’qui est du reste… J’dois sûrement avoir un peu peur que les choses n’se passent d’la même manière qu’avec Frank. »
Effectivement, on pouvait parler de traumatisme car elle savait parfaitement que son Jimmy n’avait rien en commun avec son ex-mari et qu’il était parfait pour elle – sûrement même un peu trop - mais… Elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer que c’est ce qu’elle avait cru de Frank à une époque lointaine aussi et voilà où ça les avait menés.

Soit, elle ne se rappelait pas vraiment des gens à qui elle avait déjà crevé les pneus ou tagué la façade et c’était sans doute mieux ainsi. Tellement qu’elle se permit d’en rire avec Maxyne. Jusqu’à ce que son amie lui propose d’exorciser ses démons ce soir. Et comme toujours, n’étant jamais la dernière pour faire des conneries, Noomi était partante.
« Allez, c’est parti. J’espère qu’tes couteaux sont bien aiguisés ! »
Sans perdre une minute, elle prit la direction de la cuisine et chercha le premier couteau – autre qu’un à beurre, évidemment – venu.

Noomi était bien placée pour savoir ce que ça faisait de se trouver au centre de parents divorcés ; comme beaucoup d’enfants de sa génération, les siens l’étaient également. Et à l’époque, elle n’était pas assez jeune pour ne pas se rendre compte de ce qui était en train de se passer. De plus, son père avait décidé de changer carrément de continent puisque c’était ainsi que les Savalas étaient venus vivre en Nouvelle-Zélande. Ça n’avait pas toujours été simple, d’autant qu’elle avait dans un premier temps détesté cet endroit, très différent de sa Nouvelle-Orléans natale, de ses bayous, de ses cimetières où résonnaient toujours un peu de jazz, de sa magie ; loin de Jimmy et de ses autres amis aussi. Mais que n’aurait-elle pas fait pour son père ? Et s’il avait besoin de mettre autant de kilomètres entre lui et son ex-femme pour se sentir mieux, elle ne pouvait pas le lui reprocher. Tout ça pour dire qu’au vu de la tournure qu’avait pris la situation, elle avait espéré pouvoir épargner tout ça à Sarah, convaincue que Frank camperait sur ses positions et qu’il préférerait continuer de siroter des cocktails sur une plage à Miami en train de reluquer toutes les nanas en maillots de bain qui passeraient par-là. Ah, si seulement... On se berce parfois de douces illusions, c’est ainsi. Maxyne fit alors observer que Jimmy ne la brusquait pas, qu’il attendait sagement que ce soit elle qui propose de passer à l’étape suivante. Et c’était cool. Du moins c’est ce que la blonde se disait pour l’instant, principalement parce qu’elle n’avait jamais connu ça auparavant. Non, bien sûr, celui qui lui dirait quoi faire n’était pas encore né, mais son ex-mari n’avait jamais été plus patient qu’elle, donc… Un sourire étira ses lèvres tandis qu’elle hochait la tête. C’est certain qu’elle avait de la chance d’être tombée sur quelqu’un comme son Jimmy. Tout l’inverse de Frank. Et bien qu’elle ne l’ait pas connu de cette manière avant ça, elle pouvait se targuer d’en savoir quand même beaucoup à son sujet : elle n’aurait pas de mauvaises surprises. D’autant qu’elle avait très bien vu la façon dont il s’était comporté avec Amelia au cours de leur mariage et que ça lui donnait un avant-goût de ce que serait sa vie s’il lui proposait un jour de devenir madame Terrier et qu’elle acceptait.
« Non, j’sais bien. Et peut-être que j’finirai par me détendre à c’propos, mais il m’faut encore un peu d’temps. »
Ce dont elle n’aurait sûrement pas eu besoin si Frank n’avait pas décidé de repointer sa sale trogne au pire moment. Bref. Puis elle y pensait, plus ça la mettait en colère. Autrement dit, ça lui ferait un bien fou à elle aussi de se défouler sur des pneus. Peu importe à qui ils pourraient appartenir, d’ailleurs. Toutes deux équipées et une fois dehors, elle s’exclama :
« Alors, où habite c’connard ? Pardon, connard c’est p’t’être un peu fort. »

Prendre la moto ? Super ! Noomi n’en faisait peut-être pas elle-même, mais la moto avait un petit côté dangereux qui lui avait toujours plu. Cependant, elle ne se voyait clairement pas en acheter une et rejoindre un groupe. Non, elle préférait se laisser conduire, bien cramponnée à la poignée arrière du deux-roues, le vent dans les cheveux. Parce qu’elle n’avait pas vraiment l’intention de porter de casque, bien entendu. Enfin, elle se doutait que Maxyne y tiendrait, aussi éméchée puisse-t-elle être – d’ailleurs, elles ne l’étaient déjà plus tant que ça -, et elle ne ferait pas d’histoires, mais généralement, elle préférait ne pas en porter. C’était à la fois plus cool et plus risqué. Plus inconscient, aussi, mais ça, la grecque avait un peu de mal à se l’avouer. Bref, l’heure n’était pas à la psychanalyse ; il était plutôt temps de s’amuser un peu. Enfin, un peu, c’était pas même comme si Noomi s’était pas amusée tout au long de la soirée. Mais disons que la perspective d’aller amocher la caisse de quelqu’un l’enchantait quand même pas mal et qu’elle avait hâte d’y être.
« Let’s go ! »
Puis elle la suivit de près jusqu’au véhicule et passa donc le casque. Qu’est-ce que ça pouvait donner un air débile à tout le monde, quand même…

Soit, appréciant le contact de l’air sur son visage, elle se laissa conduire jusqu’à chez Marcus, à environ un quart d’heure d’Island Bay. Et une fois sur place, il n’y eut plus qu’à. Sortant un couteau qu’elle avait emprunté à Maxyne de la poche arrière de son jean, elle attendit de voir son amie se diriger vers un véhicule bien précis avant d’agir d’une manière ou d’une autre. Parce que non seulement ça serait dommage d’esquinter les pneus des voisins du Marcus qui, eux, n’avaient rien demandé dans l’histoire, mais en plus, ça pourrait lui valoir des problèmes pour rien, au final. Puis la blonde s’accroupit et enfonça sa lame dans le caoutchouc. A l’avant, puis à l’arrière. Et en contournant la voiture, elle en profita arracher la plaque d’immatriculation et la jeter dans les fourrés. Et encore, c’était gentil parce qu’elle aurait carrément pu la revendre au plus offrant qui ensuite aurait pu s’en servir pour aller faire un accident sous un nom d’emprunt.
« C’est fou, ça. Son quartier a l’air quand même vach’ment plus tranquille que celui du chantier. Personne pour nous faire chier et nous surveiller, ici ! »
C’est vrai, ça, s’il y avait bien de la lumière à certaines fenêtres, aucune tête ne se glissait entre les rideaux pour voir ce qui se passait dans la rue. Après, ça ne garantissait pas non plus que personne n’avait appelé les flics pour prévenir que deux blondes suspectes tournaient de manière louche autour de la voiture du gentil voisin, mais elles n’avaient pas l’intention de s’éterniser assez pour le savoir.
« Allez, faut pas qu’on traîne trop sur les lieux du crime ! »
La grecque remonta à l’arrière de la moto et attendit de s’être un peu éloignée pour demander :
« Alors ? Ça soulage, pas vrai ? »