christmas in hell

Iggy ne saurait jamais si elle seule serait parvenue à convaincre Ash de rester puisqu’ils furent rapidement rejoints par sa fille et sa compagne. Elles aussi avaient l’air de préférer passer du temps avec une personne de plus – quand bien même s’agissait-il d’un parfait inconnu - que de devoir poursuivre ce qu’elles avaient entamé à trois. Bien que, de son côté, elle avait beaucoup de mal à comprendre ce qu’elle avait pu faire de travers ; elle faisait de son mieux pour leur être agréable et on ne pouvait pas toujours dire que la réciproque était vraie. Bref, à leur arrivée, elle lâcha la main de son ex-mari et comme Charli et Sofia, attendit sa réponse. Dont elle se doutait puisqu’il ne pouvait plus vraiment se défiler, à moins de prétexter qu’il n’était de toute manière passé qu’en coup de vent et qu’il n’avait pas le temps. Mais il n’en fit rien. Non, il accepta de rester mais pas d’aller faire un tour dans la piscine, en revanche. Tant mieux, ça, ç’aurait sans doute vraiment fait bizarre, pour le coup. Les filles proposèrent donc de terminer les préparatifs et de passer à table ensuite. Riche idée. Et Iggy n’avait rien contre. De toute manière, c’était sa piscine, elle pouvait en profiter quand elle le voulait. Là-dessus, Ash proposa par politesse de donner un coup de main en cuisine puisque sa fille semblait avoir besoin d’aide. Elle n’en fit rien de son côté, si c’était encore pour se faire rabrouer parce qu’elle ne ferait pas exactement ce qu’on attendait d’elle, non merci. Cependant, elle n’allait tout de même pas rester toute seule dans son coin. Et puis rester seule avec son ex-mari serait sans doute bizarre aussi, compte tenu des circonstances.
« On a qu’à tous passer en cuisine le temps que ça soit prêt, ça me dérange pas de faire l’inspecteur des travaux finis. »
Elle était même plutôt douée à ce petit jeu, il faut bien l’admettre. Mais le fait est qu’elle ne pousserait pas le vice jusque-là. Que ça soit réussi ou complètement raté, elle ne moufterait pas et se contenterait de son kir royal. Voire même de se commander une pizza plus tard s’il le fallait vraiment. Ce dont elle doutait car, au vu de la journée qu’elle venait de passer, elle se doutait parfaitement que sa fille s’était mise une énorme pression sur les épaules elle-même pour que tout soit parfait.

Je ne sais pas pourquoi j'ai envie de faire cela, mais je le fais. Sûrement parce qu'au fond, la présence de cet homme apportera un peu de compagnie à ma mère. Il n'a pas encore été mis à la porte, alors je suppose qu'elle a un minimum d'affection pour lui. Avant qu'il ne donne une réponse, la dernière femme présente dans la villa fait son apparition et appuie, en quelques sortes, mes propos. Avec autant d'invitation pour qu'il reste, un refus de sa part devient de plus en plus compliqué. C'est dingue, mais en quelques minutes, cet homme est passé de simple inconnu à possible convive. Mais plus nous sommes de fous, plus nous rions, non ? Ici, ça ne serait pas de refus. Car même si nous essayons toutes de faire notre mieux, la tension d'une première rencontre, ajoutée à l'animosité existante entre Iggy et moi, ça complique un peu les choses. L'homme finit par accepter notre proposition et comme si c'était une victoire personnelle, un sourire se dessine naturellement sur mes lèvres. Le repas terminé, je pourrais plus facilement m'éclipser avec Sofia, sans pour autant que ma mère se retrouve seule – même si ce n'est sûrement pas ce qui l'aurait dérangé. Il ne fait pas qu'accepter, il va même jusqu'à proposer son aide et forcément, avec les deux bonnes cuisinières que sont les deux autres femmes, ce n'est pas de refus. Sofia n’a pas encore décliné ma proposition, à l’inverse d’Iggy qui affirme nous suivre en cuisine, mais pas pour aider. « Tu seras celle qui appellera les pompiers en cas de besoin. » Nous ne devrons sûrement pas en arriver là, mais  on ne sait jamais : il vaut mieux être plus prudent que pas assez. Et même si l’image de voir le repas s’envoler en fumée pourrait parfaitement coller à l’idée que je me fais de celui-ci, j’espère que ça ne restera qu’une image. Quoique.. avec ça, en plus, ce Noël resterait gravé dans nos mémoires à tout jamais. « Ce ne devrait pas être long. Tout est prêt, à l’exception du plat où il faut faire la cuisson de la viande. » Il reste aussi à dresser les assiettes, mais pour ça, les catastrophes devraient être évitées – les pires au moins. Revenir en cuisine et avoir toutes les préparations sous mon nez me donne particulièrement faim, j’ai bien fait de proposer de passer à table. Durant tout ce temps en cuisine, nous n’entrons pas dans les détails de qui nous sommes et des relations qui nous lient, nous nous contentons des généralités et d’histoires bien connues. C’est sûrement mieux comme ça, ce serait dommage que le repas se termine en règlement de comptes. Une fois tout finalisé, nous retournons dans la grande pièce de vie et nous passons tous à table. Finalement, ce premier Noël aurait pu être bien pire.