‘Cause I got high

Hum hum, Marina a l’impression que, connaître des gens du coin, ça ne fonctionne que quand on peut se permettre de se mêler à la populace. Quand on n’est pas la fille d’un ambassadeur, en somme. Alors bien sûr, ça ne signifie pas non plus qu’elle s’est jamais vraiment sentie en danger dans son pays natal, non, mais le fait est qu’elle avait toujours été sous bonne garde. Dans tous les cas, c’est très amusant d’entendre les théories de Jimmy qui a pourtant grandi et sans doute toujours vécu dans l’un des pays les plus safe du monde. Des théories uniquement fondées sur ce qu’il a pu voir dans Narcos ou quelque chose comme ça.
« Ça a l’air facile, dit comme ça. »
Un sourire espiègle aux lèvres, elle hausse les épaules pour en revenir au fait qu’on n’oublie jamais comment faire du vélo. Ce dont son cousin n’est pas si sûr à cause d’une histoire d’équilibre. Il va même jusqu’à comparer ça à quelqu’un qui aurait perdu une jambe et devrait donc réapprendre à marcher… Mouais, le moins qu’on puisse dire, c’est que Marina est loin d’être convaincue. Notamment parce qu’elle ne voit pas du tout le rapport. D’ailleurs, quelqu’un ayant perdu un membre n’oublie pas comment marcher, c’est juste qu’il ne peut plus faire comme avant et doit donc apprendre une autre manière d’y parvenir.
« C’est vraiment pas le meilleur exemple que tu pouvais trouver, je crois. »
Et puis sinon, il peut juste se contenter d’admettre qu’elle a raison, ça ne coûte rien. Quant à savoir pourquoi il est interdit de fumer autre chose que du tabac comme de picoler en pleine rue… Elle ne peut qu’émettre des hypothèses.
« Ouais ben j’imagine que tout le monde n’est pas du même avis. »
Car elle sait qu’il y a des endroits où c’est interdit. Après… Ça ne signifie pas non plus que tout qui est pris en flagrant délit se ramasse une prune ; elle imagine que la police se montre plus laxiste à ce propos. Quoi qu’il en soit, c’est le moment de passer aux choses sérieuses. Certes, les deux font un peu tache dans le décor mais il ne se trouve personne pour les dévisager ni même pour ne serait-ce que les remarquer, tout le monde s’occupe de ses petites affaires et c’est très bien comme ça. Elle acquiesce, ouais, c’est pas mal.
« Pas grand-chose, je partirai visiter la ville et on verra bien ce que ça donne. »
Elle est plutôt du genre à improviser au lieu de tout planifier. Du moins pour ce qui est de ses vacances. Concernant son travail, c’est évidemment tout l’inverse. Puis Jimmy propose de monter au sommet d’une tour d’où ils auront une vue imprenable sur la ville. Quitte à revenir en soirée pour comparer.
« Bonne idée, allons-y. »
C’est presqu’aussi bien que la visite des canaux.

Quel frimeur ! Mais Marina n’a rien contre. En fait, ça lui rappelle même chez elle puisque ses frères sont pareils. Le plus vieux des deux en tout cas. Elle pouffe et lui met un gentil petit coup de coude. Puis elle acquiesce ; évidemment qu’il y aura toujours des gens pour faire chier les autres. C’est dans la nature humaine de ne pas aimer voir des gens heureux – quoi que ça veuille vraiment dire – quand on ne l’est pas soi-même. Et donc de tout mettre en œuvre pour remettre tout le monde à égalité aussi. En tirant les autres vers le bas plutôt qu’en essayant de s’élever à leur niveau, bien sûr. D’ailleurs en parlant de voir la vie du bon côté, les voilà en train de discuter de ce qu’elle a prévu de faire lorsque Jimmy devrait aller bosser tout se passant le joint. La rouquine n’en a pas la moindre idée mais ça ne signifie pas pour autant qu’elle va s’ennuyer. Comme son cousin le lui fait remarquer, Amsterdam est une grande ville et elle est convaincue qu’il y a des tas de choses à voir même si elle est pratiquement sûre qu’il y a plus à voir à Rome, à Londres ou même à Madrid. Et non, on ne parlera pas de Paris car elle a toujours trouvé cette ville très surfaite, contrairement aux autres capitales européennes qu’elle a eu l’occasion de visiter jusque-là.
« C’est certain, puis dans le pire des cas, je retournerai faire du shopping histoire d’avoir un petit souvenir à ramener à Lindsey. »
Au fond, elle est sûre qu’il regrette un peu de ne pas être de la partie, lui aussi. Bref, une fois qu’ils ont terminé, ils décident d’un commun accord d’aller voir à quoi ressemble cette ville en prenant un peu de hauteur. Et la tour qui permet de faire ça se trouve juste en face d’eux. Enfin, à quelques centaines de mètres quand même alors du coup, ce n’est pas tout droit, il leur faut faire des détours mais comme la tour reste toujours bien en vue, rien de compliqué. Puis ça leur permet de découvrir un peu la ville. Qui est très différente de Wellington comme le souligne Jimmy.
« Je t’avoue que j’étais pas très fan de Wellington la première fois que je suis venue. Faut dire que je m’attendais à ce que toute l’île ressemble à Hawke’s Bay, d’où ma déception. Et si tu veux mon avis, Auckland a plus une tête de capitale que Wellington. »
C’est un peu comme Sydney et Canberra, finalement, les néo-zélandais n’ont rien à envier à leurs voisins australiens sur ce point.

Elle peut bien faire ça ? Dans ces quelques mots elle sent un véritable devoir de sa part. Alors d’accord, elle est fiancée et c’est de bon ton de rapporter un petit quelque chose de vacances à ses proches mais ce n’est tout de même pas une obligation non plus, si ? Bien sûr qu’elle l’aurait fait, pour Lindsey, pour qu’il sache qu’elle avait pensé à lui pendant ce temps-là, mais il y a souvenir et souvenir ; ceux qui font plaisir et puis les mugs avec marqué « I <3 Amsterdam » dessus, en somme. Bref, cette remarque la surprend un peu de la part de Jimmy mais comme quoi, on peut se tromper. Si un jour il a une copine, elle sera contente d’apprendre qu’il mettra un point d’honneur à lui rapporter un souvenir de ses voyages à l’étranger. Marina ricane en imaginant ce qu’elle pourrait bien trouver de typique ici.
« Des horreurs décorées de sabots en bois, de moulins et de tulipes, bien sûr. »
Comme quoi, parfois il vaut tout simplement mieux un bon vieux mug avec marqué « I <3 Amsterdam » dessus. Cela étant, Amsterdam n’est pas réputé que pour ses sabots, ses moulins, ses tulipes et son herbe. Non, il reste bien une chose qui devrait plaire davantage à son fiancé.

Elle verrait plus tard. Pour l’heure, ils se rendent à la tour, se promenant à travers la ville pour y arriver. Ville bien différente de Wellington, donc. Ce qui pousse la rouquine à se confier à son cousin en ce qui concerne sa déception. Ou en ce qui la concernait en tout cas puisque, depuis le temps, elle a eu l’occasion de s’habituer à la capitale néo-zélandaise. Alors bien sûr, ça ne l’empêche pas de regretter très souvent la Havane mais sa vie au pays des kiwis n’est pas désagréable non plus.
« Hm ouais, ça dépend de mon côté. J’aime bien aussi quand y a rien d’autre que des dunes de sable à perte de vue, parfois. »
Quant à savoir si elle aimerait vivre là-dedans, elle l’ignore. Peut-être que ça finirait par la rendre zinzin à force. Ou alors tout l’inverse. Aucune idée. Et les voilà qui arrivent à la tour. Elle lève les yeux pour en estimer la hauteur quand Jimmy lui parle de prendre les escaliers. Non merci. Marina a beau se sentir légère, elle sait pertinemment qu’elle voudrait redescendre à peine arrivée à la moitié.
« Si c’est un sous-entendu pour me faire comprendre que je devrais faire plus de sport, je le prendrai très mal. »
Elle plaisante, bien entendu. Enfin, surtout parce qu’elle sait que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire, pas tellement quant au fait qu’elle le prendrait mal. A peine entrée, elle paye leurs entrées et surtout appelle donc l’ascenseur.

En effet, si Marina se voit un jour offrir ce genre de « cadeau », elle aura vite fait de lui trouver la place qu’il mérite à la poubelle. Pas même rangé quelque part, loin du regard de tous, histoire de pouvoir le ressortir vite fait quand la personne qui le lui a offert à la bonne idée de passer. Non, non, Marina se fiche bien de ça. Tout comme elle se ficherait de ne pas voir exposé un cadeau qu’elle-même aurait fait. C’est une histoire de goût tout ça, et on ne peut pas viser juste à chaque fois. Puis en ce qui la concerne, elle se voit mal exposer quelque chose qui n’irait pas dans son intérieur.
« Et encore, ça serait lui accorder trop d’honneur, t’es trop gentil. »
Le fait de se promener dans les rues d’Amsterdam leur donne une raison de comparer cette capitale avec celle qu’ils connaissent le mieux. Enfin, s’il fallait vraiment faire un choix, ça serait la Havane que Marina penserait connaître le mieux mais ça fait tout de même cinq ans qu’elle a posé ses valises sur le sol néo-zélandais, mine de rien, alors elle connaît quand même un peu Wellington aussi, à force. Wellington qui était donc à mille lieues de ce qu’elle avait pu imaginer en arrivant et contrairement à Jimmy, ça ne la dérangerait pas le moins du monde de vivre dans un coin totalement paumé, à l’écart de tout. La rouquine hausse les épaules.
« J’aime la tranquillité. »
Et pas tellement les soirées autour d’une piscine comme son cousin car évidemment, elle en a entendu parler à plusieurs reprises. Ce qui fait qu’elle comprend également son point de vue mais en ce qui la concerne, son boulot est suffisamment stressant comme ça, inutile d’en rajouter une couche dans la sphère privée.
Après quelques minutes de marche, les voici qui arrivent à la tour et quand bien même s’agirait-il d’une pique concernant son poids que Marina n’a pas du tout l’intention de prendre les escaliers. Un sourire étire ses lèvres en entendant que ce n’est pas comme si elle avait quelques kilos en trop. Ça pourrait même être le cas que Marina n’y prêterait pas attention ; ce sont des choses qui arrivent, l’essentiel c’est avant tout qu’elle se sente bien dans sa peau, au diable l’avis des autres. L’ascenseur les dépose au sommet et ils peuvent admirer la vue. Là comme ça, c’est joli mais pas époustouflant non plus. Peut-être de nuit, une fois que toutes les lumières de la ville sont allumées. Elle rigole à la remarque de Jimmy.
« Essaye de viser L.A., je crois pas que t’aies envie de voir des vieilles peaux fripées tout au long de ton séjour. »
Mais s’il n’y a rien de particulier à voir, l’endroit à tout de même une attraction à proposer : une balançoire. Elle considère la question une fraction de seconde.
« Carrément partante, j’ai toujours rêvé de prendre la place de Jennifer Paige dans le clip de Crush ! »
Parce que celle-ci fait de la balançoire au-dessus d’un précipice pour ceux qui n’auraient pas la référence.

S’y faire chier… A entendre Jimmy, on dirait vraiment qu’il croit que pour elle, la tranquillité, ça signifie rester assise dans sa chaise longue au bord de la plage à n’écouter rien d’autre que le bruit des vagues. Ça, ça serait chiant, à force. Mais non, Marina parle d’une vie classique mais à l’écart de tout voisins qui pourraient se révéler problématiques un jour ou l’autre – et c’est toujours le cas – ou encore à l’écart d’un bar situé au bout de la rue et du tapage qu’il peut entraîner les soirs de week-ends. Précisément ce qu’elle vit en ce moment étant donné que son appartement est situé en centre-ville. Sans parler des travaux qui n’en finissent jamais, du bruit de la circulation et tout ce qui s’ensuit. Et encore, Marina n’a pas tellement de quoi se plaindre ; son appartement est bien isolé du bruit. Une fois de plus elle hausse les épaules.
« Si c’est trop chiant, alors c’est dans une mégapole que tu pars en vacances. Histoire de compenser le manque de bruit, d’activités et de pollution. »
Evidemment, elle n’a pas réponse à tout mais elle a très souvent médité la question pour savoir qu’elle la chérit, sa tranquillité et que, si l’occasion se présente, elle n’hésitera pas une seconde à déménager.

Puis elle rit car son argument fait mouche : Jimmy ne veut pas croire qu’il n’y a que des vieilles en Floride.
« Quoi, t’es pas au courant ? Tu sais pas qu’il existe des quartiers et même des villes entièrement réservés aux retraités là-bas ? »
C’est pourtant bien connu. Même qu’il paraît que la plupart d’entre eux ne sont même pas américains, qu’ils viennent de partout dans le monde pour profiter du soleil floridien et ainsi apaiser un peu leurs rhumatismes.
« Peut-être que c’est moins le cas à Miami mais à ta place, je me méfierais quand même. »
Puis il est alors temps de faire un peu de balançoire. Au-dessus du vide. Comme dans un clip bien connu des gens de leur génération. Mais pas de son cousin manifestement. Marina se retient de faire une remarque qui ne ferait que souligner le manque de culture de Jimmy et prend place sur la balançoire.
« Bah alors ? Je croyais que t’avais peur de rien… T’en fais pas, je vais pas te la jouer Destination Finale. »
Cette référence-là lui parle-t-elle plus ? Pas sûr. Dans tous les cas, l’attraction se met en marche et Marina n’a aucune vision tragique. Certes, c’est haut et il ne vaut mieux pas avoir le vertige mais ça va, pas de quoi tourner de l’œil.
« C’est… Plus amusant qu’une balançoire normale ! »
Bien que beaucoup plus compliqué à installer dans son jardin, c’est certain.

Oui alors on ne lui fera pas croire que les grandes villes en général ne sont pas plus polluées qu’une villa retirée de tout, hein. Et les gaz d’échappement c’est quoi si ce n’est de la pollution ? Et ça, ça ne touche clairement pas que Taiwan, Shanghai ou Lima. Mais puisque Jimmy s’entête, Marina se contente de lever les yeux au ciel. Okay, elle a compris qu’il préfère la ville à la campagne. Elle non. Ce sont des choses qui arrivent. Tout comme le fait de vouloir prendre des vacances en Floride. L’état des retraités comme on aime à l’appeler. Chose qu’elle lui apprend, semble-t-il. Et c’est bien loin de l’en dissuader. Pourquoi pas, après ? Il existe des gens gérontophiles même si elle ne croit pas une seule seconde que ça soit le cas de son cousin. Elle l’aurait averti en tout cas. La pique concernant son père la fait rire et encore une fois : pourquoi pas ? Puisqu’il paraît que c’est le climat qui attire les personnes âgées sous le soleil floridien, elle-même ne serait probablement pas contre cette idée à un moment donné de sa vie. Bien qu’elle préfère tout de même la côte ouest et son apparente éternelle jeunesse.
« C’est très altruiste de ta part. »
Ils en viennent ensuite à parler d’un clip très connu des années 90, juste avant de se mettre en place pour faire de la balançoire, tout en espérant que le titre, assez proche d’un mot bien moins joyeux, ne leur porte pas malheur. Contrairement aux protagonistes de la saga Destination Finale. Ah, voilà qui lui parle plus, à Jimmy. Bien que Marina comprenne bien vite qu’il n’en a jamais vu un seul. La rouquine secoue alors la tête de droite à gauche en réponse à sa question.
« Hélas non, pas de survivants. Ou jamais bien longtemps en tout cas, tout juste le temps d’apparaître en vitesse dans le numéro deux. Faut croire que quand la Mort en personne t’as désigné comme cible, elle n’en démord pas. »
Pas même le mignon petit couple d’amis du trois, ce qui est bien dommage car on s’attachait plus à eux qu’aux autres. Bref, ils se balancent et la vérité, c’est que ça lui rappelle plus les bateaux-pirates dans les parcs d’attraction que les balançoires classiques. Même si ça monte moins haut, évidemment, les sensations sont pas mal similaires. Et les deux s’amusent. Tellement que Jimmy parle même d’en installer au sommet du building où se trouve son bureau.
« Tu devrais ! C’est pas chez Google que les employés bossaient mieux à cause des gigantesques toboggans qui se trouvent dans leurs bureaux ? »
Puis elle pouffe ; c’est vrai qu’il leur aura fallu attendre d’avoir la trentaine bien sonnée pour pouvoir qu’ils dire ont fait de la balançoire ensemble. Mais réflexion faite, ils feraient sans doute mieux de s’abstenir de le crier sur tous les toits parce qu’à leur âge, on pourrait croire qu’ils parlent de tout autre chose

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Se moquer ? Mais quelle idée encore une fois ! Cependant, Marina ne répond pas et se contente de darder sa langue entre ses dents avec un petit air malicieux. Croire que c’est fictif ? Quoi, donc ? Le principe de Destination Finale ? Ah mais ce n’est quand même pas pour rien qu’on dit que quand son heure est là, elle est là. D’accord, ce n’est peut-être pas souvent si intense que dans la saga, mais ça n’en reste pas moins vrai selon elle en tout cas. Et pourtant, la rouquine n’est pas vraiment du genre à croire que rien n’arrive par hasard, qu’on n’a pas vraiment de libre-arbitre et tout ce qui va avec. Enfin, elle n’en sait rien à dire vrai car elle ne s’est jamais posé la question jusqu’à maintenant. Et elle repousserait très certainement le moment de s’y pencher davantage tout simplement parce qu’elle n’a pas le temps de se poser ce genre de questions-là. En revanche, elle peut bien parler du film qu’elle a mis sur le tapis étant donné que ça au moins, Jimmy le connaît. En tout cas un peu. Le roller coaster, oui, c’est donc le trois qu’il a vu. Quant à savoir si c’est la scène la plus classique de la saga, elle en doute un petit peu.
« Tu crois ? Tout le monde parle toujours de la scène de l’autoroute dans le deux. »
Notamment parce que ça, c’est une image qui parle à absolument tout le monde. Tout le monde s’est déjà retrouvé un jour coincé derrière un camion qui transporte des troncs d’arbre avec la crainte que sa cargaison ne se détache au moment de le dépasser. Mais soit, certaines scènes s’adressent à certaines personnes en fonction de leur vécu, ce qui fait que les gens considèrent un film d’horreur bon ou mauvais ; il faut avant tout que ça leur parle. Et pour ce qui est de Destination Finale… C’est certain qu’au moins une des morts de la franchise doit parler à chaque spectateur tant elles sont diverses et variées. Bref, Marina hausse les épaules quand ils évoquent les stratégies qui aident à faire travailler les gens.
« C’est pas si bizarre que ça, je suppose. On travaille mieux si on sait qu’on peut prendre quelques minutes pour se détendre comme il se doit pendant la pause. »
Et quand elle dit « on », elle veut surtout dire les autres, parce qu’elle n’a pas besoin de ça, en ce qui la concerne. Dans tous les cas, après trois ou quatre balancements seulement, la balançoire s’arrête et il est temps de redescendre sur terre. Enfin presque puisque pour l’instant, ils se trouvent toujours sur le toit.
« C’était sympa ! Et d’accord mais qu’est-ce qu’on est supposés faire en attendant, alors ? Rentrer à l’hôtel pour se tourner les pouces jusqu’à la prochaine attraction touristique ? »
Ou jusqu’à la prochaine journée de travail concernant Jimmy.

Sérieux ? Jamais derrière les camions ? Marina regarde son cousin d’un air dubitatif ; c’est que c’est un véritable exploit qu’il accomplit là. A moins que ça soit tout simplement parce qu’il ne conduit jamais durant les heures de pointe. Tant mieux pour lui dans ce cas. De toute manière, la rouquine ne peut pas vraiment se plaindre non plus, elle qui se fait trimballer absolument partout sans jamais toucher un volant. A tel point qu’elle en est devenue un véritable danger sur les routes alors il vaut sans doute mieux qu’elle ne change pas trop ses habitudes. Quoi qu’il en soit, ils en viennent à parler de ce qui fait un bon employé : le fait de lui accorder des pauses durant lesquelles il peut jouer au flipper ou faire du toboggan, bien sûr. Ce qui n’arrive pas souvent puisque Jimmy lui confie ensuite – comme si elle ne le savait pas déjà – que c’est quand même très rare. Elle étire un sourire, amusée.
« Ouais, ça, j’ai cru comprendre. Mais il n’empêche que quand tu bois pas de café et que tu fumes pas, la pause, tu la vis moins bien. »
Oui, oui, bien sûr, y a toujours moyen d’aller prendre l’air pour faire passer le temps, mais qu’on ne lui dise pas que ça ne serait pas plus gai de faire du toboggan ou de jouer au flipper à la place.

Bref, puisque toutes les bonnes choses ont une fin, il faut descendre de balançoire et Marina se demande ensuite comment ils vont bien pouvoir occuper leurs journées s’ils fragmentent leur visite de la ville. Là-dessus, Jimmy lui parle de piscine – et la rouquine ne peut réprimer une grimace, très peu fan des piscines publiques qu’elle est -, du spa et puis du casino. Le choix n’est alors plus très difficile à faire.
« Oh ouais, allons au casino. »
Avec de la chance, peut-être même qu’ils trouveraient une jolie blonde pour souffler sur les dés de Jimmy. Et gagneraient peut-être un peu d’argent. Tout en en perdant sûrement beaucoup, mais qu’importe ? Un peu plus ou un peu moins, ça ne fait pas grande différence pour eux, alors autant en profiter. Marina prend une dernière photo de la vue pour l’envoyer à Lindsey et, une fois en bas, retrouve assez facilement son chemin. Si elle est une conductrice déplorable, elle a le sens de l’orientation, en revanche. Ce qui fait d’elle une bonne co-pilote. Enfin, quand elle fait attention à ce qui l’entoure, évidemment.