Quand les masques tombent, la vérité éclate au grand jour [Feat. Orion O'Donnel]

Pour Sasha, sa priorité n'était pas sa santé. Il ne s'en était jamais véritablement préoccupé. Si les douleurs étaient trop insupportables, il avait toujours de quoi faire chez lui afin de pouvoir aller mieux. Puis, il y avait eu cette fois, cette fois où s'il ne prenait pas la décision adéquate, c'était non pas sa santé qui était en jeu, mais c'était bel et bien sa vie. Il avait fini par accepter cette opération, non sans être totalement paniqué à l'idée que celle-ci puisse rater ou ne pas avoir l'effet escompté.

Aujourd'hui ça allait mieux dans l'ensemble, l'italien souffrait encore de maux de tête, le forçant parfois à abandonner ce qu'il fait pour aller se réfugier dans un endroit calme et si possible, dans la pénombre. Il avait encore des pertes de mémoire, ce qui expliquait la plupart des bouts de papier qu'on pouvait trouver dans ses papiers ou même chez lui, afin de ne pas oublier telle ou telle chose.

Avec l'annonce du retour de son ex-femme, le vétéran avait essayé d'encaisser, mais tant de questions l'avaient assiégées, que la seule solution qu'il avait trouvé pour les faire taire, c'était cette bouteille qu'il gardait dans son bureau à la concession. Sasha avait déjà vidé un verre, puis un verre en entraînant un autre, il avait vidé la bouteille. Toujours pas soulagé, il en avait entamé une seconde. Mais malgré sa bonne descente qu'il exerçait particulièrement ces derniers temps, l'ancien membre des forces armées avait sombré dans l'inconscient, découvert par son assistante Ashley. S'en était suivi les pompiers, le trajet jusqu'aux urgences, mais tout cela, l'italien n'en avait aucun souvenir. Il sortit de sa torpeur le lendemain matin, allongé sur un lit d'hôpital, les lumières blafardes ne montraient pas le meilleur de son teint.

Sasha avait tendance à vivre dans le passé pour beaucoup de choses, en commençant par ses années au sein des forces armées suivi de son divorce. Il avait du mal à tourner la page pour pouvoir vivre pleinement dans le présent. Et tandis qu'il avait fait le plus important, qu'il avait eu la motivation de tourner la page sur cette histoire d'amour, tout était remis en question. Anna était en ville, prête à venir hanter de nouveau le quotidien de son ex-époux. Une partie de lui avait envie de tout effacer et faire comme si elle n'existait plus alors que l'autre partie mourrait d'envie de savoir pourquoi elle était ici.

L'italien avait toujours apprécié prendre un petit verre le soir en rentrant du boulot, sans pour autant avoir une gueule de bois le lendemain, il connaissait ses limites. Mais ses derniers mois, il avait forcé sur sa consommation d'alcool, depuis son retour à Island Bay en fait si on y réfléchissait bien. Sa querelle avec Nina n'avait pas vraiment arrangé les choses mais le cœur du problème était ailleurs. Il refusait de voir la vérité en face et s'était caché derrière l'alcool pour mettre un terme à tout ça.

Quand il ouvrit l'œil, il se trouvait dans un lit, dans ce qui ressemblait à une chambre d'hôpital. Le quadragénaire n'avait aucun souvenir de comment il était arrivé là, mais il était certain qu'il aurait bientôt les réponses à ses questions. En attendant, sa tête le faisait souffrir, un mélange entre une gueule de bois et ses migraines habituelles générées par les éclats de balle restants dans sa boîte crânienne. Parfois, Sasha se disait qu'il aurait dû mettre un terme à cela il y a bien longtemps, mais il n'en avait jamais eu le courage. Les pensées noires n'avaient jamais véritablement pris le dessus, mais il devait avouer que ces temps-ci, il était déprimé, las, sans aucune envie particulière. Juste un pantin qui fait ses tâches quotidiennes sans vraiment réfléchir.

" - Bonjour" fit-il d'une voix encore comme endormie " - Est-ce qu'il serait possible d'avoir de l'eau s'il vous plaît ?"

Le vétéran avait la bouche sèche et pâteuse, un peu d'eau lui ferait sans doute le plus grand bien.

" - Bien si on oublie que j'ai l'impression que ma tête est sur le point d'exploser. Est-ce que.. Est-ce que vous savez comment j'ai atteri ici ?" demanda-t-il honteux de n'avoir aucun souvenir. Il ne valait pas mieux que ces fêtards alcooliques qui boivent jusqu'à l'ivresse et n'ont aucun souvenir de leur soirée le lendemain.

C'était le trou noir dans son esprit.

L'alcool et Sasha, ça avait toujours été un petit rituel, celui après une dure journée de travail. Un petit verre installé dans le canapé, c'était ce qu'il appréciait quand il pouvait souffler l'espace de quelques instants. Puis, Ashley lui avait annoncé la venue de cette femme, et si sa consommation d'alcool avait déjà augmenté quelques peu depuis son retour à Island Bay, notamment pour oublier cette distance qu'il y avait entre Nina et lui, cette nouvelle annonce ne l'avait pas aidé à lever le pied sur sa consommation. Un verre en appelant un autre, il les avait enchaîné l'un derrière l'autre sans vraiment se poser de questions, jusqu'à ce trou noir complet. Qu'est-ce qui s'était passé ? Il n'en avait aucune idée, d'où le fait que dès qu'il fut réveillé, le jeune homme qui s'était occupé de lui plusieurs fois lors de ses contrôles à l'hôpital, se tenait devant lui. Il n'était pas en tenue blanche, il devait sans doute avoir terminé son service. Dans ces cas-là pourquoi était-il présent ici ? Est-ce qu'il avait vraiment autant pitié de Sasha que ça pour venir le voir en dehors de ses heures de travail ?

L'italien quémanda de l'eau, il avait la bouche pâteuse et sa tête le faisait atrocement souffrir. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui et ne le reprochait à personne. Par contre, lorsqu'il demanda des explications sur le pourquoi du comment il était arrivé ici, son interlocuteur lui répondit tout en lui apportant un verre d'eau ainsi qu'un médicament pour ses maux de tête.

" - Merci" dit-Il en le vidant d'une traite.

Son regard s'attarda sur lui quelques instants, il savait ce qu'il pensait au fond de lui, même si sa conscience d'interne lui permettait de ne pas le montrer ouvertement.

" - Je sais ce que vous vous dites, je suis un pauvre type faible qui n'est pas capable d'encaisser les mauvaises nouvelles et qui a préféré noyer tout ça dans l'alcool. Et vous auriez raison de le penser. Je n'étais pas comme ça avant. Au début c'était juste un verre après la journée de travail, histoire de se détendre vous voyez.."

Le patron de la concession se sentit obligé de se justifier, sa consommation d'alcool n'avait pas toujours été ainsi. Il était un bureau occasionnel, aujourd'hui, on pouvait le qualifier d'alcoolique, mais ça, Sasha ne se l'avocat pas encore. Il allait sans doute avoir besoin d'aide, mais là encore, il n'était pas entièrement prêt à se faire aider. Il lui faudrait sans doute quelques temps encore avant de prendre conscience de celui qu'il était devenu, et alors, seulement à ce moment-là, il serait prêt à se faire aider.

" - Enfin, je vais pas vous retenir, vous avez mieux à faire que de rester ici. Merci d'être passé, et merci pour le verre et le médicament."

Sasha avançait en âge et hormis sa concession, il n'avait rien. Pas de femme, enfin plus de femme depuis son divorce. Pas d'enfants. Lui qui avait toujours voulu construire une famille, avoir une femme et des enfants dans une maison loin de l'agitation des grandes villes. Et aujourd'hui, il n'avait rien de tout cela alors même que la cinquantaine le guettait. Il avait l'impression d'avoir manqué un truc dans sa vie, de ne pas avoir accompli son devoir. Comme certains disaient sur le ton de l'humour, il avait déjà un pied à moitié dans la tombe et il n'avait qu'une carrière professionnelle à son actif, c'était tout ce qu'il laisserait sur cette terre lors de son départ.

Le jeune homme tente de rassurer l'italien, en lui disant qu'il ne pense pas cela de lui, est-ce vrai ? Il ne le saura probablement jamais. Les médecins ont appris à mentir à leur patient pour ne pas les inquiéter ou pour les protéger face à une vérité parfois trop violente. Ils diront qu'ils ne mentent pas, juste qu'ils ne disent pas toute la vérité. Sasha ne voyait aucune différence là-dedans, il préférait savoir à qui et à quoi il allait être confronté, ça l'aidait à mieux se préparer. Comme cette fois, il y a de ça plusieurs années où il avait frôlé la mort, avant de quitter Island Bay et d'y revenir récemment.

Le vétéran haussa les épaules comme pour annoncer qu'il se contentera de cette réponse. Puis, Sasha se masse doucement les tempes afin de tenter de le soulager un minimum, en attendant que le médicament fasse son effet. Il n'allait pas retenir son interlocuteur plis longtemps. Ce dernier n'était plus en tenue alors, soit il venait de terminer son service et auquel cas, il avait sans doute hâte de rentrer chez lui, ou bien, il venait d'arriver et devait prendre son service dans quelques minutes. Dans un cas comme dans l'autre, il n'avait jamais doute pas envie de s'attarder avec une cause perdue comme lui. Mais au lieu de quitter la chambre de l'italien, ce dernier se retourna et le questionna sur quelque chose qui semblait peser lourd sur ses épaules. Il réfléchit, tenta de chercher dans ses souvenirs, mais avec ses pertes de mémoire ce n'était  pas un exercice facile. Une Hannah, oui c'était un prénom qui lui parlait. Était-ce à New-York ? Sasha n'avait pas eu tant de conquête que ça non plus, il avait eu quelques histoires, certaines un peu plus sérieuses que d'autres. Enfin aussi sérieuses qu'elles pouvaient l'être pour un jeune.

" - Ce prénom me dit quelque chose oui, mais je ne pourrais plus vous donner tous les détails. Je crois avoir eu une courte relation avec une demoiselle qui s'appelait comme ça à l'époque, j'étais dans l'armée à ce moment-là, inutile de vous dire que les relations étaient courtes vous qu'on étaient amenés à bouger souvent."

Après lui avoir confié une partie de son passé, Sasha fronça les sourcils. Il ne s'était même pas questionné de savoir pourquoi il l'avait interrogé sur ce sujet.

" - Pourquoi vous me demandez ça ? Vous avez l'air soucieux et ça semble vous préoccupez.."

Sasha était malheureusement un habitué des lieux médicaux comme les hôpitaux.  Il y avait passé beaucoup de temps et aujourd'hui, s'il pouvait éviter d'y mettre les pieds, alors il le faisait autant que possible. Mais il y a des conjonctures qui font que parfois, malgré toute la bonne volonté du monde, on se retrouve à l'endroit que l'on fuit le plus. C'était le cas pour l'italien qui, après son absence de quelques heures avant terminé à l'hôpital. Que lui était-il arrivé ? Il n'en avait aucune idée. Son dernier souvenir remontait lorsqu'il était assit à son bureau dans sa concession, après ça, c'était le trou noir. Pour comprendre ce qui lui était arrivé et comment il avait atteri ici, il avait demandé à ce jeune homme auquel il avait déjà eu à faire lors de ses derniers examens médicaux. Une simple gueule de bois et une absence dû à l'alcool. Sasha était vraiment pitoyable, il reproduisait les mêmes erreurs qu'à l'époque. Au lieu d'affronter les problèmes, il cherchait à les fuir d'une manière quelconque, tout comme il avait fui après son divorce. Des années d'écart mais les mêmes erreurs au compteur.

Sa tête le faisait souffrir et le comprimé risquait de mettre de longues minutes avant d'agir et de le soulager un minimum, alors il s'était dit que se reposer pouvait être une alternative à ses maux, au lieu de ça, l'interne qui s'apprêtait à quitter sa chambre se retourna et lui posa une question. En apparence, plutôt banale, mais à en juger par son visage, la réponse qu'il attendait était loin d'être aussi banale que la question posée. L'ancien militaire chercha dans sa mémoire qui n'était plus ce qu'elle était à l'époque, et ce prénom lui parlait vaguement oui. Une courte relation avec cette demoiselle à l'époque où il portait encore l'uniforme. Une relation qui avait été abrégé par son départ pour une mission à plusieurs centaines de kilomètres de là. Ne se doutant pas de ce que cela impliquait, il répondit au garçon qui semblait presque livide.

" - Vous feriez bien de vous asseoir, vous êtes tout pâle.."

Il ne manquerai plus que l'interne face un malaise dans la chambre d'un patient, causé par le patient lui-même ! Mais tandis que la réponse de son interlocuteur jaillit, le cerveau de Sasha tourna à plein régime. Si Hannah était sa mère, leur relation remontait à un peu plus d'une vingtaine d'années, à en juger par le visage juvénile de ce dernier, ça devait être à peu près son âge. Ce qui veut dire que..

" - Non ce n'est pas possible.."

Ce jeune homme qui se tenait devant lui était très certainement son fils. Un fils dont il ignorait l'existence. Hannah lui avait bien dit qu'elle souhaitait construire une famille, mais Sasha ne pouvait pas lui offrir ce qu'elle désirait. Pourtant, malgré cela, elle était tombée enceinte et avait gardé l'enfant visiblement, sans jamais avertir l'italien. C'était à son tour d'être pâle, lui qui souhaitait plus que tout devenir père de famille, aujourd'hui son souhait se réalisait, mais pas dans les circonstances qu'il avait imaginé.

" - Pardon.. Ce n'est pas ce que je voulais dire.."

Que pensait-il de lui ? Que son père l'avait abandonné ? Qu'il n'en avait que faire de lui ? La vérité était tout autre, mais était-il prêt à l'entendre ?

" - Comment avez-vous trouvé ? Et qu'attendez-vous de moi ?"

Était-ce un coup monté ? Il se faisait passer pour son fils pour obtenir de l'argent ou quelque chose que possédait l'italien ? Depuis sa dernière relation amoureuse avec cette jeune femme qui l'avait arnaqué, il était d'autant plus méfiant.

L'idée de fonder une famille, c'est ce qui avait toujours animé l'italien, mais les choses ne s'étaient pas déroulées comme il l'avait imaginé. Son divorce avait été prononcé et cela faisait désormais de nombreuses années qu'il était seul. Quelques aventures par-ci, ou par-là mais jamais rien de très sérieux sur le long terme. Il faut dire que généralement il s'agissait de jeunes demoiselles ayant la trentaine, alors, leurs plans pour l'avenir étaient différents de ceux du quadragénaire.

Malgré son malaise et le fait que l'alcool coule encore dans ses veines, lorsque l'interne lui pose des questions, l'italien tâche de réfléchir autant que possible tout en oubliant sa migraine qui lui donnait la sensation que sa tête pouvait exploser d'une seconde à l'autre. Ce prénom ne lui était pas inconnu en effet, ce qu'il avoua au jeune homme qui sembla se décomposer à chaque nouvelle fois que Sasha ouvrait la bouche. On aurait presque pu croire que c'était lui le patient vu la tête qu'il avait, il lui proposa alors de s'asseoir. Bien que tout soit prévu pour l'accueillir sur place en cas de malaise, le vétéran ne voulait pas être tenu responsable de ça, en plus de la réputation qu'il avait déjà en ces lieux.

C'est ensuite au tour de Sasha de finir par devenir livide. Orion lui annonça qu'il était son fils. Évidemment tout cela était une blague et l'interne allait se moquer de lui en voyant sa tête, hein c'est ça ? Tout cela semblait très sérieux. Sasha était père. D'un gamin de plus d'une vingtaine d'années certes, mais il était père quand même. Enfin officiellement, il n'était rien du tout pour le jeune homme. Le silence s'était installé quelques instants avant que Sasha ne lui demande comment il était remonté jusqu'à lui et ce qu'il attendait de lui. Devenir père il en avait rêvé toute sa vie mais pas vraiment dans ces circonstances. Dans son esprit il comprenait aussi qu'Hannah lui avait menti et que lorsqu'elle était tombée enceinte pendant leur relation et que l'avortement était la seule option envisageable, elle n'en avait rien fait. Elle avait caché la vérité à Sasha en sachant qu'il était le père de l'enfant. Ça faisait beaucoup à digérer en peu de temps pour lui comme pour l'interne certainement. Quelle image avait-il de lui ? Que lui avait raconté Hannah pour expliquer l'absence de son père ?

" - Tu m'excuseras, ça fait un peu beaucoup à encaisser.. Sans parler que je suis encore un peu dans les vapes à cause de l'alcool.."

Autant le tutoyer, si c'était bel et bien son fils, alors le vouvoiement devenait futile. Mais Sasha avait une dernière requête.

" - Je sais que je vais passer pour un gros connard parano, mais j'aimerai juste un test ADN si ça te dérange pas. Après je te promets de discuter de tout ce que tu voudras.."

Il aurait aimé lui expliquer pourquoi il était devenu aussi méfiant, mais le moment n'était pas vraiment bien choisi pour ce genre d'histoire. S'il était bel et bien son fils, Sasha avait trouvé une raison de s'accrocher à la vie et de délaisser ses bouteilles d'alcool qui lui tenait jusqu'alors compagnie.

Sasha avait toujours voulu être père mais il ne l'avait pas vraiment imaginé comme ça. Être là pour l'enfant dès sa naissance, le voir faire ses premiers pas, l'entendre l'appeler papa, subir ses crises de l'adolescence. C'était tout ces petits moments qui faisait réellement un parent. Même si Orion était son fils, il ne pourrait pas dire qu'il est son père. Il n'a jamais été là pour lui lorsqu'il en avait besoin. Grandir sans ses parents, Sasha en savait quelque chose. Bien qu'il n'ai pas de souvenir de l'accident, il avait souvent ressenti le manque de ses géniteurs. Encore plus lorsqu'il s'était retrouvé seul face à son oncle, il aurait aimé avoir quelqu'un pour mettre des mots sur sa souffrance intérieure. Des mots qui pourraient qualifier la violence dont son oncle faisait preuve envers lui. Il avait été trop longtemps dans un environnement nocif pour un gamin. L'alcool et la drogue il les a découvert très jeune. Trop jeune. Bien qu'il n'est jamais touché à la drogue, l'alcool a été son refuge quand ça n'allait pas, et encore aujourd'hui, c'était pour cette raison qu'il se retrouvait sur ce lit d'hôpital.

La situation n'était facile ni pour le jeune interne ni pour l'italien. L'un venait de se découvrir un père et l'autre un fils dont il ignorait l'existence jusqu'à aujourd'hui.

" - S'il s'avère que tout cela est bien réel, ne va pas croire que je n'en suis pas heureux, j'ai toujours voulu avoir des enfants, je n'avais juste pas imaginé la chose comme ça.." fit-il dans un rire nerveux.

En même temps, qui aurait pu imaginer une telle chose ? Orion aurait toutes les raisons du monde de lui en vouloir, sa mère lui avait raconté qui les avaient abandonnés, même si la réalité est différente, il a grandi avec cette certitude en lui. Pourtant, Sasha avait beau observer le jeune homme, il n'y voyait pas de rancœur, pas de haine pour cet homme qui ne s'est jamais occupé de lui. Dans un certain sens, ça le rassurait. Encore plus quand il comprit sa décision de faire un test de paternité. Les choses ne seront que plus concrètes après ça, et ils pourront enfin commencer les choses sérieuses si l'interne en avait toujours envie. Dans son esprit, Sasha n'avait aucune idée de ce qui pourrait lui apporter, hormis un poids supplémentaire sur ses épaules, il n'avait rien à lui apporter de positif dans sa vie, hormis avoir un "père".

" - Tu crois qu'on peut faire le test ici ?"

Plus vite il le fera, plus vite il aura les résultats. Il ignorait s'il était bien sage de faire ce test alors qu'il avait encore à moitié la gueule de bois, mais maintenant qu'il avait tout ces détails, il n'avait plus envie d'attendre, ni même de faire attendre le jeune homme.

Le destin pouvait parfois avoir du bon : Orion trouvait un père en la personne de Sasha, bien que ce n'était sans doute pas le genre de père qu'il s'attendait à avoir. Et l'italien de son côté, trouvait un fils en ayant évité toutes les périodes où les parents s'arrachaient les cheveux. Le quadragénaire en arrive alors à demander un test ADN pour s'assurer de ce lien qui les liait tous les deux. La demande pouvait sembler rapide, sans doute trop rapide. Ils étaient tous les deux encore abasourdis par la nouvelle qui leur était tombé dessus, alors autant faire les tests nécessaires pour s'en assurer et supprimer tous les doutes légitimes qu'ils avaient. Dans le pire des cas, même si tout cela n'était pas avéré, ils pourront peut-être garder un lien, même si ce n'était pas celui de père-fils.

L'interne lui propose de prendre sa tension, cette dernière est élevée selon ces dires, mais rien d'alarmant. Entre le mélange alcool et le lien qu'ils venaient de se découvrir, il y avait de quoi avoir avoir une tension élevée non ? Il lui annonce simplement qu'on devra surveiller sa tension jusqu'au lendemain au minimum pour évincer toutes maladies potentielles. Après tout, il était surtout suivi pour son problème neurologique, il n'avait jamais subi un check complet pour s'assurer qu'il ne souffrait d'aucune autre maladie.

" - Je pense que le plus tôt sera le mieux pour nous deux.. Mais si tu veux attendre ou que tu trouves ça précipité, on peut repousser." avoue-t-il lentement.

Il suivit son discours en prouvant sa bonne foi et en s'emparant du verre pour en descendre quelques gorgées. Il le reposa ensuite sur la table de chevet à côté de son lit d'hôpital.

" - A vos ordres docteur.." dit-il à moitié ironique et à moitié conscient qu'il lui disait cela pour son bien.

La discussion prenait un tournant beaucoup trop sérieux et trop compliqué pour qu'il puisse suivre alors que l'alcool coulait encore dans ses veines. Sasha opta finalement pour essayer d'apprendre à connaître un peu plus Orion, pour le peu de temps qu'ils avaient avant qu'il ne plonge dans un profond sommeil. Sans doute les nerfs qui retombaient après toutes ces émotions.

" - Ça te plait la médecine ?" le questionna-t-il.