Rendez-vous de passionnés [Feat. Noomi Savalas]

A la mention du fait que ce n’était probablement pas les aspirateurs qui avaient pu intéresser Leo, Noomi ne rougit même pas. Pourtant, c’était un peu un compliment détourné, une manière de lui faire comprendre qu’elle avait le physique pour être au goût d’un acteur hollywoodien, et pas n’importe lequel. Drôlement flatteur, donc. Mais la blonde n’en était pas si sûre. Certes, elle n’était pas comme toutes ces nanas qui passaient leur vie à faire une fixation sur des détails insignifiants concernant leur anatomie mais elle savait également qu’on ne lui avait jamais proposé de devenir mannequin.
« Tu crois ? Ouais, peut-être, j’me suis souvent posé la question, j’admets. »
La blonde espérait que ça ne serait pas pris comme une marque de narcissisme parce qu’il n’en était rien. En fait, elle faisait partie de ces gens qui n’accordaient qu’assez peu d’importance à leur physique : il était ce qu’il était, elle ne parviendrait pas à le changer de toute manière, donc à quoi bon se prendre la tête avec ça ? Bref, le jeune homme voulut ensuite savoir si elle avait des anecdotes à raconter sur cette rencontre et le pauvre n’était clairement pas au bout de ses peines. Noomi avait toujours eu une vie un peu folle ; elle pouvait raconter qu’elle avait échappé à la mort par imprudence des tas de fois, pouvait aussi parler des frasques qu’ils avaient faites avec son ex-mari car elle n’était clairement pas en reste, en ce temps-là. De sa mère pratiquant le vaudou, de son père neveu d’une star internationale dont elle portait fièrement le nom. Tout ça pour dire qu’elle avait toujours de tas de choses à raconter au sujet de tout et sa visite à la villa de Leo n’était bien évidemment pas en reste. Esquissant un sourire, elle commenta :
« Sa villa est incroyable. Bon, clairement j’en voudrais pas mais ça impressionne beaucoup quand même ! Quant à lui, il est très sympa. »
La grecque hésita une fraction de seconde avant de poursuivre sur sa lancée puisque cette histoire avait de toute façon fait parler d’elle.
« Tellement qu’il a même pas fait d’esclandre quand j’ai voulu repartir avec un d’ses awards comme souvenir. Pas l’oscar, j’te rassure. Juste un Golden Globe qui trainait sur le manteau d’sa cheminée, y en avait tellement… J’peux juste plus l’approcher d’trop près maintenant. Mais bon, c’est pas comme si j’vivais à Los Angeles donc c’est pas si contraignant non plus. »

Même si son image de marque en avait pris un sacré coût avec son accident, avant ça, Lucca était considéré comme un jeune homme dragueur qui n'hésitait pas à utiliser son charme pour passer des nuits de folie. Cette image, bien que pas vraiment à son avantage l'avait toujours amusé et il n'avait jamais vraiment cherché à démentir. Si lancien sportif avait appris quelque chose de son exposition médiatique c'était que tant que les journalistes étaient persuadés de tenir le scoop du siècle en inventant toute sorte de rumeur, au moins ils le laissaient tranquille sur le reste.

En répondant à la jeune femme, même si cela sonnait comme un compliment, elle n'y réagit pas. Non pas que Lucca allait s'en offusquer, mais généralement ça fait toujours plaisir d'entendre qu'on a un physique qui intéresse, même si pour lui le physique n'était que secondaire. Mais l'italien doutait qu'il était le premier à à complimenter même si tout cela n'avait aucun sous-entendu, elle devait en avoir conscience, du moins il l'espérait !

Lucca était curieux, d'autant plus quand il s'agissait de stars renommés dans le monde, alors oui, il voulait en savoir un peu plus sur l'homme, quelques anecdotes croustillantes comme on dit. C'était plus pour meubler la conversation, parce qu'en dehors de ce que pouvait lui raconter la demoiselle, il n'avait pas grand chose à lui dire de son côté, sa vie n'était pas si extraordinaire que ça au final. Il avait une villa, sans doute pas comme la sienne, parce que même s'il possédait une villa, elle n'était pas si énorme que ça, enfin, aujourd'hui elle était beaucoup trop grande pour lui, un homme incapable de se déplacer autrement qu'avec son fauteuil collé aux fesses.

" - Ah oui carrément ! Et bien tu ne fais pas les choses à moitié !"

C'est vrai que cette ordonnance ne semblait pas trop contraignante puisqu'elle ne vivait pas sur place, mais quand même.

" - On ne doit pas s'ennuyer quand on est avec toi, tu sembles pleine de ressource. Il y a d'autres stars qui font parti de ton palmarès ?" fit-il en esquissant un sourire à sa remarque.

La réaction des gens à qui elle apprenait qu’elle avait voulu repartir avec un petit souvenir de chez Leonardo DiCaprio – en d’autres termes, qu’elle avait essayé de le voler – était bien souvent la même : personne ne parvenait à comprendre quelle mouche avait bien pu la piquer à ce moment-là. Même ceux qui la connaissaient et qui, par extension, savaient aussi qu’elle n’était pas vraiment du genre à longuement réfléchir aux tenants et aux aboutissants de quoi que ce soit avant de prendre une décision. Et le fait est qu’elle non plus ne comprenait pas vraiment ce qui lui était passé par la tête. A vrai dire, elle ne cherchait même pas à comprendre, c’était arrivé et c’est comme ça. Noomi fut prise d’un petit rire face à la réaction du jeune homme ; mine de rien, elle divergeait un peu de celle des autres. Et elle ne pouvait nier que non, elle ne faisait pratiquement jamais les choses à moitié. Puis elle acquiesça.
« Merci. C’est pas faux, mais j’t’avoue que parfois, j’ai pas tant d’chance que cette fois-là et qu’j’ai un peu l’don de m’fourrer dans des situations délicates. »
Cela dit, s’il voulait le voir de ses propres yeux, la blonde n’était pas contre. Elle ne l’était jamais lorsqu’il était question de se faire de nouveaux amis qu’elle pourrait embarquer dans ses délires.

Puis elle réfléchit quelques secondes à la question qu’il venait de lui poser. Elle était sûre que c’était le cas mais il lui fallait toujours fouiller sa mémoire pour en retrouver les noms ; pas qu’il y en ait eu tellement, mais ne pouvant plus du tout se fier à sa mémoire à court-terme à une époque, elle avait été contrainte de faire passer énormément de choses dans celle à long terme. Et à force, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était devenu un bordel sans nom. Bref.
« Alors, avant tout, faut qu’tu saches que j’suis la petite nièce de Telly Savalas. Tu connais p’t-être pas c’nom mais ça fait d’Nicollette Sheridan ma cousine à un certain degré. Sinon, professionnellement parlant, j’ai pu rencontrer Aerosmith, Dua Lipa et plus récemment Madonna. Oh, et puis une fois, j’ai croisé la route de Mila Kunis. Une vraie snobe. »
Il devait forcément y en avoir d’autres, des chanteurs et musiciens de passage à Wellington faisant un crochet par son émission de radio, c’était pas ce qui manquait mais c’était les seuls noms dont elle parvenait à se souvenir.
« A force d’parler, j’commence à crever d’soif. J’t’offre un truc à boire ? »

Une chose est sûre, en venant à ce rassemblement, Lucca ne s'attendait pas à vivre une telle expérience, tant par le fait qu'il était plus sociable que d'habitude et qu'au fil de la discussion, il en avait presque oublié qu'il était différent, que son interlocutrice était valide et lui non. En fin de compte, ça faisait du bien au brésilien de discuter de tout et de rien, mais surtout pas de son handicap. Un sourire se dessina à cette pensée.

" - Si tu es là c'est que tu as réussi à t'en sortir jusqu'à maintenant !" fit-il en lui faisant un clin d'œil.

Même s'il ne la connaissait pas, elle avait l'air d'être une femme forte et très débrouillarde, alors il ne se faisait pas trop de souci pour elle à dire vrai.

Lucca écouta la jeune femme répondre à sa question. Elle énuméra plusieurs noms dont certains qu'elle ne connaissait pas, notamment les deux femmes faisant parti de sa famille. Pour ce qui est des autres artistes, ils avaient déjà entendu des morceaux à la radio, ce n'était pas forcément ce qu'il écoutait lui de son côté, mais au moins ceux-là, ça lui évoquait quelque chose !

" - Tu as déjà songé à écrire un livre avec toutes tes péripéties et les stars que tu as rencontré ? Je suis sûr que ça ferait un carton." proposa-t-il avant de rebondir sur le dernier nom qu'elle avait cité. " - Je suis déçu de savoir que Mila soit comme tu la décris, quand j'étais plus jeune, j'étais amoureux d'elle, bon évidemment aujourd'hui les choses ont changé mais je ne peux pas nier que je la trouve très agréable à regarder comme femme."

C'était bien la première fois que l'ancien sportif se livrait de la sorte sur le genre de femmes qui lui plaisait. De toute façon, aujourd'hui l'amour était clairement la dernière de ses priorités.

" - Et bien si tu trouves un verre de jus de fruit je veux bien que tu m'en prenne un. Je t'aurai bien accompagné mais à ce rythme là, on y est encore ce soir.."

Silveira qui se met à faire des blagues sur son handicap ? Serait-ce le début de la guérison ? Avec la foule présente, déambuler avec son fauteuil n'était pas chose aisée, alors il laissait cette tâche à son interlocutrice.

Il n’avait pas tort, elle était effectivement toujours là, même si Noomi avait frôlé la mort de très près à plusieurs reprises. A un moment de sa vie, elle l’avait même appelée de toute son âme. Mais il faut croire qu’elle ne voulait pas d’elle, tout compte fait. Tant mieux, il aurait s’agi d’une décision qu’elle aurait probablement fini par regretter. Son sourire s’élargit donc suite au clin d’œil tandis qu’elle confirmait d’un hochement de tête. La grecque se mit ensuite à énumérer le nom des célébrités qu’elle connaissait ou qu’elle avait croisé, en tout cas ceux qui voulaient bien lui revenir en mémoire, et le jeune homme lui demanda si elle avait déjà songé à écrire un bouquin avec tout ce qu’elle avait vécu et toutes les stars qu’elle avait pu rencontrer au cours de sa carrière. Ça la fit rire parce qu’elle n’était pas très douée pour l’écriture en règle générale mais elle se doutait quand même que la plupart des stars ou même des influenceurs sortant des bouquins depuis toujours ne les écrivaient pas eux-mêmes. Non, ils engageaient des gens pour ça ; et puisqu’elle partageait la vie d’un auteur, pourquoi ne pas lui en toucher un mot, hein ? Sourire malicieux aux lèvres, elle concéda :
« C’est une idée ! J’vais voir c’que j’peux faire et si jamais j’le sors un jour, le p’tit mot dedans sera pour toi. »
Parce qu’il lui avait donné l’idée alors c’était une manière un peu sympa de le remercier. Puis elle pouffa à la remarque qui suivit ; pourquoi ça ne l’étonnait absolument pas d’apprendre qu’il avait eu un faible pour Mila Kunis étant plus jeune ? Ça devait être le cas de bien des gens et ç’aurait pu être le sien aussi si elle ne l’avait pas découverte dans That 70’s Show. C’est que Jackie était quand même pas mal insupportable. C’était donc sur Laura Prepon qu’elle avait eu un crush, à l’époque.
« Souvent, vaut mieux pas faire la connaissance des stars pour lesquelles on a un jour craqué, j’suis sûre que la plupart d’entre elles sont pas du tout comme on s’les imagine et c’est la désillusion. »
Et c’est bien triste d’ailleurs, mais bon, la célébrité avait tendance à monter à la tête de certains. Comme souvent, Noomi parlait tellement que ça lui donnait soif, raison pour laquelle elle lui proposa de lui offrir un verre. Comprenant son raisonnement, elle acquiesça.
« Bouge pas, j’vais nous chercher ça. »
Suite à quoi elle fit un peu la queue devant le stand mais pas trop non plus, puis elle repéra un coin tranquille à l’ombre d’un arbre et fit de grands signes au jeune homme – quitte à se renverser un peu de jus dessus – pour qu’il la rejoigne.

A une époque, Lucca était tellement curieux qu'il voulait tester plein de choses dans des domaines divers et variés. Il avait déjà songer à composer des chansons puis les chanter, mais sa voix n'était pas très mélodieuse, pas assez pour qu'il puisse se constituer un public. Il avait également songé à écrire, sur sa vie, sur son vécu, sur son quotidien, mais l'idée ne s'était jamais concrétisée. Alors il avait testé les deux mais aujourd'hui ça restait dans la sphère privée, il ne comptait pas dessus pour en vivre ni même l'exposer au grand jour, c'était son petit jardin secret et c'était très bien ainsi.

Bien que Lucca soit issu du milieu sportif, il avait évidemment déjà pu rencontrer certaines personnalités de ce domaine, mais les soirées mondaines et les pailettes, très peu pour lui. En vérité, il n'avait pas rencontré de nombreuses célébrités contrairement à la jeune femme qui lui faisait face. Il y avait des métiers plus propices aux rencontres que d'autres, le sien en faisait partie et c'était une bonne chose en réalité, de rencontrer ces personnes, de pouvoir les découvrir en réalité et non derrière un écran, que ce soit le petit ou le grand.

" - Tu m'en verras très honoré !" fit-il en souriant largement.

Juste pour voir cela, il avait hâte qu'elle concrétise l'idée. Mais de manière plus sérieuse, elle avaita assez de matière à ses yeux pour écrire un livre. Et puis, ça permettrait aussi aux lecteurs de rêver un peu, ceux qui sont loin du feu des projecteurs, ça intéresserait plus d'une personne il en était persuadé, mais il n'était pas agent artistique pour permettre à cette idée de se concrétiser.

Dans une autre situation, il aurait sûrement mal pris le fait que son interlocutrice se mette à pouffer lorsqu'il annonça qu'il avait été amoureux de Mila Kunis était plus jeune, mais dans celle actuelle, il ne s'en formalisa pas.

" - Sur ce point-là je suis plutôt d'accord, mais je ne désespère pas que des célébrités soient comme ce qu'elles laissent entrevoir, ça doit bien exister !"

Si l'argent rendait souvent les gens stupides et cupides, l'ancien sportif n'avait jamais été comme ça, du moins, il n'avait jamais eu de remarque à ce sujet. Il avait su rester simple, garder les mêmes habitudes qui faisaient de lui un jeune homme lambda, comme n'importe quel citoyen. Et il aimait se promener incognito, avoir une vie normale loin des projecteurs tant qu'il le pouvait. Noomi se proposa d'aller leur chercher des boissons, proposition que Lucca accepta avec plaisir. Il l'a laissa s'aventurer dans la foule seule puis la quitta des yeux un instant pour regarder les modèles de voiture autour de lui. Son regard fut de nouveau attiré par de grands gestes, en tournant la tête il remarqua que Noomi était installée dans un coin un peu à l'écart de la foule, assez facile d'accès malgré son fauteil, il entreprit de la rejoindre, non sans mal.

" - Merci pour la boisson, tu me diras combien je te dois." fit-il quand il réussit enfin à la rejoindre au pied de cet arbre. " - C'est sympa comme endroit, j'espère cependant que les gens ne chercheront pas trop longtemps la propriétaire de la voiture, je ne voudrais pas te priver d'interactions avec d'autres passionnés !

Depuis son accident, le jeune Silveira avait que peu d'interaction sociale, et lorsqu'il en avait, il tentait d'y mettre un terme assez rapidement. Cette fois-ci c'était différent, il se sentait bien, à tel point qu'il oublia presque tout le reste.

Avant que Noomi ne se décide vraiment à se lancer dans l’écriture, on avait encore le temps. Cela dit, elle voyait le potentiel de la chose, surtout qu’elle aurait de l’aide pour ce faire en la personne de l’homme qui partageait sa vie. D’accord, il était plus doué pour écrire des intrigues bien ficelées qui surprenaient ses lecteurs par leur dénouement – et autant dire qu’aujourd’hui, c’était un sacré exploit puisqu’on avait la très désagréable impression d’avoir tout vu, tout entendu, tout lu. Plus grand-chose ne parvenait à surprendre qui que ce soit sauf les gens habitant dans des grottes et les tout petits -, mais peut-être qu’écrire une biographie n’était pas si différent ? Enfin si, bien sûr que ça l’était mais dans un cas comme dans l’autre, on racontait une histoire. La différence, c’était que dans le cas de la fiction, il fallait en plus l’inventer et donc s’assurer qu’elle tenait la route. Dans tous les cas, la blonde était bien placée pour savoir que même quelque chose qu’il y avait plus qu’à coucher sur le papier ne s’écrivait pas en un jour. Même pour James qui semblait pourtant ne jamais connaître l’angoisse de la page blanche, il avait beaucoup de chance, semblait-il. C’est donc ainsi qu’ils en vinrent à parler de Mila Kunis. Une actrice pour laquelle le jeune homme a eu un crush par le passé, une actrice que la grecque avait eu la malchance de croiser dans la rue au cours de vacances à Beverly Hills. Malchance parce qu’elle ne s’était pas montrée des plus polies. Un peu pimbêche sur les bords, même.
« J’espère en tout cas, ça s’rait très dommage que l’argent et la notoriété montent à la tête de tous sans exception. »
Devait bien y en avoir. Comme Keanu Reeves, sans doute. Elle ne l’avait peut-être jamais rencontré mais ça changeait rien au fait qu’il lui inspirait énormément de sympathie et qu’elle aimerait beaucoup. Bref, ayant – comme souvent – passé son temps à parler, la grecque ressentit soudain le besoin de s’hydrater et proposa la même chose à son interlocuteur. C’est que lui aussi lui inspirait pas mal de sympathie. Les deux se retrouvèrent un peu à l’écart une fois qu’elle eut récupéré les boissons et Noomi balaya la remarque qui suivit d’un geste de la main.
« J’ai dit qu’je l’offrais. »
Puis elle sourit.
« En vrai, cette p’tite pause m’sauve les miches, j’en avais un peu marre d’répéter la même chose à tout l’monde. Par contre, j’ai hâte d’leur montrer c’qu’elle a dans l’ventre tout à l’heure ; j’peux pas souvent pousser l’moteur à fond en centre-ville. »
A part très tard dans la nuit, quand elle rentrait de la radio, mais sinon, c’était pas très recommandé, c’est certain.

Avant son accident, Lucca était une personne curieuse, vous pouviez la voir essayer une chose un jour puis l'extrême opposé quelques jours après. Depuis tout petit, il avait toujours été ainsi, à vouloir tester un maximum de choses pour savoir ce qui lui plaisait, pour pouvoir trouver sa voie. On peut dire que ça avait payé quand on voyait la carrière qu'il avait eu, bien qu'elle se soit terminée bien trop tôt, ce qui lui laissait un goût amer qu'il ouavait presque oublié aujourd'hui, grâce à la compagnie de la demoiselle. Comme quoi, le brésilien était capable de s'ouvrir de nouveau, de découvrir le monde extérieur à son échelle malgré son handicap, mais pour cela, il fallait encore qu'il en ai conscience. Il avait proposé à la propriétaire du véhicule d'écrire un livre sur ses différentes péripéties, il y avait assez de matière pour qu'elle puisse en faire un ouvrage correct, il en était persuadé, mais la mise en place pouvait s'avérer longue à partir du moment où elle se lancerai dans cette nouvelle aventure. Si toutefois, elle la tentait évidemment !

" - Je dirai que ça dépend aussi de l'entourage qu'ils se sont constitués, si les proches sont matérialistes ou non, ça peut changer du tout au tout le rapport à l'argent." fit-il dubitatif.

Lucca n'avait pas la sensation de faire partie de ces personnes à qui l'argent avait fait tourné la tête, pourtant il avait un compte en banque bien fourni. Ça n'avait rien changé à son quotidien, il était heureux dans son couple, son métier était sa passion, alors de quoi il pouvait se plaindre ? Même si son couple avait explosé après son accident et que sa carrière avait volé en miles morceaux, l'argent qu'il possédait n'avait pas changé la personne qu'il était avant.

Son interlocutrice avait été cherché des boissons, qu'elle insistait pour payer.

" - Bon ok, pour cette fois-ci je capitule, mais la prochaie fois, c'est moi qui offre !"

La prochaine fois ? Parce qu'il comptait revoir Noomi ? Visiblement c'est ce que ses propos indiquaient en tout cas. Elle le faisait sentir normal, et rien que pour ça, il appréciait sa compagnie.

" - Tu vas pouvoir en profiter pour t'en donner à coeur joie alors. J'avoue qu'entendre ronronner ces petits bijoux, ça fait toujours du bien au moral !" fit-il en rigolant sincèrement.

Depuis son accident, Lucca n'était plus remonté dans une voiture, et même si l'envie avait souvent été présenté, la peur le paralysait encore trop pour qu'il réussisse à dompter cette dernière. Un jour peut-être qu'il pourra remonter en selle, reprendre le volant, même si plus rien ne sera pareil qu'auparavant.

En venant ici, Noomi ne s’était pas vraiment attendue à repartir avec un nouveau pote dans sa liste de contacts. Pourtant, elle le savait bien qu’elle avait une facilité parfois déconcertante à sociabiliser, c’était ainsi depuis qu’elle était gamine. Mais elle n’avait jamais trop su si c’était une bonne chose ou non, notamment parce qu’énormément de gens avaient traversé sa vie mais qu’assez peu y étaient restés, tout compte fait. Il faut dire qu’elle avait traversé pas mal de sales étapes dans sa vie, mais malgré ça, elle avait toujours tâché de garder le sourire, de faire la fête et tout ce qui s’ensuit. Oui, oui, même au trente-sixième dessous alors qu’elle s’apprêtait à se jeter d’un pont après avoir quitté ladite fête. Comme quoi, il fallait croire que le désarroi finissait par se ressentir, peu importe la largeur du sourire qu’on s’efforçait d’afficher. Bref, tout ça pour dire que leur conversation était plaisante bien qu’elle porte actuellement sur un sujet qui l’était un peu moins ; à savoir les stars et leur melon. Et selon Lucca, tous n’étaient sans doute pas comme ça et tout n’était qu’une question d’entourage. Ou si pas tout, une grande partie en tout cas. Nouvel acquiescement.
« T’as sûrement raison, oui. Après, j’imagine que ça doit quand même jouer de savoir qu’on peut presque tout s’acheter, même des relations, sans parler du fait d’être au-d’ssus des lois. On doit s’sentir tout puissant. Alors c’est triste, c’est sûr, mais j’peux aussi comprendre, en un sens. »
Ou le concevoir en tout cas mais pas le valider. Bref, là-dessus, il fut temps de s’hydrater un minimum. Et la blonde insista quant au fait que c’était son tour d’inviter. Ce à quoi le jeune homme répondit que la prochaine fois, ça serait le sien. Parfait, ça lui allait. Hochant la tête, elle retrouva le stylo de tout à l’heure ainsi qu’un ticket de caisse traînant au fond de son sac. Au verso, elle inscrivit son numéro de téléphone avant de lui tendre la souche.
« J’voudrais pas manquer ça. »
Le tout avec un clin d’œil. Puis une idée lui traversa ensuite l’esprit.
« J’y pense : tu voudrais faire un tour de piste avec moi ? »
Une idée hasardeuse qui lui était venue comme ça parce que pourquoi pas ? Et puis ça serait une façon un peu cool de terminer la journée. Mais elle comprendrait qu’il décline la proposition.

Le sujet concernant les célébrités ainsi que leur attitude parfois condescante avec le monde qui les entoure faisait polémique. Enfin pas tant que ça, les deux jeunes avaient à peu près le même avis, bien que des vécus différents.

" - Tu connais le dicton qui dit que l'argent ne fait pas le bonheur, pour ces personnes-là, ils pensent qu'au contraire, tout peut s'acheter, le matériel et l'immatériel comme tu l'as dis. Malheureusement on ne peut pas changer la mentalité des personnes même si parfois ça voudrait le coup d'essayer !"

Inutile de continuer à argumenter, Lucca avait donné ses arguments, Noomi aussi, le sujet était sans doute clos désormais, même au fond, ils pourraient en parler pendant des heures, en essayant de refaire le monde sans y parvenir. Lucca s'hydrata une fois le silence revenu, tout en souriant à la jeune femme. Cette dernière lui tend un papier avec son numéro inscrit dessus. Il lui avait promis que lors de leur prochaine rencontre c'était lui qui payerait leurs consommations, et pour avoir un prochain rendez-vous, il fallait encore qu'il puisse la recontacter à l'occasion, même si une rencontre purement fortuite serait également possible, mais plus hasardeuse il faut bien l'avouer. Il la remercia d'un signe de tête en rangeant le morceau de papier dans la poche intérieure de sa veste.

Lucca était satisfait de sa journée, elle faisait parti des meilleures qu'il avait pu vivre depuis son retour à domicile, pourtant, la proposition que venait de lui faire son interlocutrice, bien que dénoué de méchanceté ou de provocation, mit le brésilien dans tout ses états. Faire un tour de voiture avec elle ? L'idée était tentante évidemment, il adorerai au fond de lui, et pourtant la peur le terrorrisait.

" - Euh... C'est gentil, mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée..." fit-il en s'étranglant avec la gorgée qui tentait d'avaler.

Le psychologue qui le suivait l'avait encourager à se réconcilier avec les voitures pour tenter de faire disparaître son traumatisme. L'occasion se présentait à lui mais il ne se sentait pas assez fort pour pouvoir l'affronter.

" - C'est pas que je ne veux pas, c'est simplement que..."

Bien qu'il ne doutait pas que la jeune femme ne se formalise pas de son refus, le brésilien se sentait obliger de se justifier, pour qu'elle comprenne pleinement ses raisons.

" - Déjà c'est compliqué pour moi et pour les autres de me bouger de mon fauteuil, ça équivaut à une bonne séance de sport, et puis, je ne suis jamais remonté dans une voiture depuis mon accident, ça me terrifie en réalité..."

Que de sages paroles sortant de la bouche de deux jeunes gens pas si sages que ça. En tout cas en ce qui concernait Noomi qui, elle, ne l’avait jamais été tant que ça. Mais la sagesse découlait de l’expérience et ça, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle en avait eu des tas. Des bonnes comme des mauvaises comme des passables aussi. Dans tous les cas, elle se doutait bien que les gens riches avaient la certitude de pouvoir l’acheter, le bonheur. C’était en tout cas la sensation qu’elle avait le plus souvent ressenti en côtoyant toutes ces stars. Et une chose est sûre, c’est qu’elle ne les enviait pas le moins du monde. Pourtant, elle comprenait tout à fait comment on pouvait en arriver à voir les choses de cette manière, elle comprenait le cheminement de pensées qui menait à cette conclusion. Mais elle ne les enviait pas du tout, ça non. Quant à savoir si ça vaudrait effectivement la peine d’essayer de changer la mentalité des gens… La blonde n’en était pas certaine. Pourtant, elle s’efforçait d’être plus positive concernant le reste de l’humanité depuis qu’elle était maman – c’est qu’elle avait tout intérêt à avoir de l’espoir en l’avenir de sa fille et, d’un beau jour, de ses futurs petits-enfants -, mais… Disons qu’assez souvent quand même, elle en arrivait à la très désagréable conclusion que non, rien n’y ferait.
« Ah, si seulement c’était possible, oui ! »
Défaitiste, oui, mais avec le sourire ça passait bien mieux. Puis, suite à sa proposition de monter en voiture avec elle, l’humeur de Lucca changea du tout au tout et il eut soudain l’air paniqué. Son sourire s’était évanoui, son teint avait blêmi. Et mine de rien, Noomi se reconnaissait un peu dans cette réaction. Si ce n’est que de son côté, ça n’avait duré que quelques jours à peine. Et qu’aujourd’hui, elle était libre de se déplacer où elle le voulait sur ses deux jambes.
« Y a pas d’souci, t’en fais pas. J’comprends bien c’que tu traverses et loin d’moi l’idée d’te mettre la pression. »
D’autant que s’il n’était pas prêt, il n’était pas prêt, l’expérience n’en serait que plus désagréable encore s’il se forçait.
« Tu sais quoi ? Vu qu’t’as mon numéro, si un jour tu t’sens l’envie, appelle-moi, la proposition s’ra toujours valable. »
Voilà qui lui semblait être une bonne idée.

Bien qu'au départ avait hésité à se rendre à ce rassemblement, il était plutôt content de s'être fait violence pour y aller. Il était évidemment resté en retrait parce que circuler parmi la foule avec un fauteuil n'était pas une tâche aisée, même s'il maitrisait ce dernier, il ne passait pas inaperçu et les regards étaient toujours délicats pour le jeune homme. La pitié c'est ce qu'il y lisait la plupart du temps, parfois c'était aussi de la compassion. Quoiqu'il en soit, il avait rapidement compris qu'il allait devoir observer les véhicules de loin pour éviter tout ce malaise. Et puis, Noomi était arrivée et tout avait changé, le brésilien avait oublié tout le reste. Ils avaient échangés sur des sujets divers et variés, ça ressemblait presque à une sortie entre amis. D'ailleurs, il avait récupéré le numéro de la jeune femme, sans aucune arrière pensée, il comptait le garder précieusement parce qu'il apprécierait de la revoir, le feeling était bien passé. Et puis, son psychologue lui avait dit que se faire des amis lui ferait le plus grand bien pour sa guérison, alors pour une fois, il avait décidé de l'écouter et de ne pas écarter toutes les personnes qui l'approchaient.

Noomi lui proposa ensuite de faire un tour en voiture, ce qui a eu pour effet de le faire paniquer, s'il avait pu, il aurait sans doute pris ses deux jambes à son cou, mais il n'aurait pas été bien loin... Il s'était simplement contenté de lui avouer la vérité, après tout, autant être honnête non ? Même si c'était la première fois qu'il s'ouvrait et se confier sur ses craintes. Peut-être qu'il était sur le chemin de la guérison au final. Même si Lucca craignait qu'elle ne se moque ou bien qu'elle ne le prenne mal, sa réaction rassura le jeune homme.

" - C'est gentil merci. Vraiment..."

Lucca était heureux d'être tombé sur elle, comme on dit parfois le hasard fait bien les choses, dans le cas présent ce n'était pas pleinement du hasard, parce qu'il avait fait l'effort de venir à cet événement donc en quelques sortes, c'est lui qui avait provoqué cette rencontre à une certaine échelle.

" - Ce que je vais dire va sans doute te paraître cliché, mais je suis content d'être tombé sur toi, ça m'a fait du bien, ça m'a changé les idées et c'est agréable de se sentir accepté comme on est. Du coup, ça sera avec plaisir pour la balade le jour où ça ne sera plus une source de stress pour moi. Et puis, je serai ravie de te revoir même en dehors de cette proposition."

N'ayant pas conscience de ses propos, le brésilien se sentit obligé de se justifier, s'enfonçant encore plus dans une situation qui pouvait être assez malaisante.

" - Enfin en tant qu'ami j'entends hein !" ajouta-t-il presque paniqué

Lucca n'avait jamais été très doué en drague, il n'y avait jamais vraiment recouru en réalité. La situation vue de l'extérieur devait sans doute être drôle, mais l'ancien sportif ne savait plus comment s'en sortir pour éviter tout malentendu.

" - Je ne vais pas te retenir plus longtemps, je te laisse aller faire plaisir aux passionnés avec le joli bruit de ton moteur, amuse-toi bien et j'espère qu'on aura l'occasion de se revoir bientôt !"

FIN

HRP: