wicked witchcraft → rafa

A la question « pourquoi le Québec comme destination de vacances ? », Vesper répondrait « pourquoi pas ? ». Ça a l’air charmant. Bon d’accord, y a pas de sable, pas de cocotiers, pas de mer azure, mais quand même charmant. Et puis on ne peut pas vraiment parler de vacances en l’occurrence puisqu’elle y a un tournage. Dans tous les cas, cette fois, elle a décidé d’embarquer Rafa avec elle. Elle ne sera prise qu’une journée. Deux, grand maximum, alors pourquoi ne pas profiter du reste du temps pour faire un peu de tourisme ? C’est donc ainsi qu’ils ont loué une voiture et se sont mis à sillonner les routes de la province québécoise. Durant la bonne époque de l’année semble-t-il puisqu’il ne faisait ni trop froid, ni trop chaud. Après une intense journée de marche dans les rues de Scotstown, ils s’apprêtent à rentrer à Montréal pour retrouver leur chambre d’hôtel à la nuit tombée quand le moteur de leur voiture de location décide de caler. En pleine cambrousse. Enfin, pas vraiment puisqu’ils viennent tout juste de quitter la ville. Mais quand même, la blonde a beau regarder partout autour d’elle, il n’y a que des arbres à perte de vue.
« Hm… A tous les coups, je te parie qu’aucun de nous n’aura de réseau pour appeler un dépanneur. »
Car ça se passait toujours ainsi, même pas besoin que ça soit dans un film d’horreur ; dans la vie réelle, c’est pareil. Elle sort donc son portable de la poche arrière de son jean et, ô surprise, remarque qu’elle n’a pas une seule barre de réseau. Normal, personne n’a l’air de vivre sur cette route ; pas même une petite fermette qui, à défaut d’avoir Internet, pourrait au moins avoir une ligne fixe à disposition. La texane attend patiemment de savoir s’il en est de même concernant le téléphone de son petit ami puis hausse les épaules. Deux choix s’offrent à eux : s’acharner sur ce pauvre moteur dans l’espoir de parvenir enfin à le faire redémarrer – en évitant surtout de le noyer -, soit rebrousser chemin et tâcher de trouver un bar, un poste de police ou n’importe quel autre endroit toujours ouvert à cette heure où ils pourraient trouver un téléphone. Et dans le pire des cas, un hôtel.
« Qu’est-ce que t’en dis ? Y a moyen de la redémarrer ou bien on laisse tomber et on retourne chercher de l’aide en ville ? »

Il n'a jamais été au Québec, c'est la première fois qu'il visite la province, il s'est déjà rendu en Ontario, mais c'était il y a si longtemps qu'il s'en souvient à peine et non pas, que ce n'était pas mémorable, parce que les chutes du Niagara sont un classique à visiter, mais c'était au début de sa trentaine. En tout cas, pour dire, qu'il va pouvoir enfin goûter à cette fameuse poutine que les Canadiens parlent tant, à savoir, des frites, de la sauce brune puis du fromage en grains, il paraît que même McDonald's en sert dans leurs restaurants. Pendant que Vesper allait être en tournage, il allait en profiter pour faire le tour de l'île de Montréal, enfin, c'était l'idée avant de voir le casino, lui rappelant une mésaventure, de toute façon, il se trouve de l'autre côté du pont Jacques-Cartier, c'est que comme à New York, le trafic est plutôt angoissant, surtout sur un pont qui se trouve au-dessus du fleuve Saint-Laurent. Quoi qu'il en soit, il préfère profiter du fait qu'elle n'est pas sur le plateau pour pouvoir visiter à deux, plus agréable que faire du tourisme seul. « Mais ils n'ont fait aucune vérification ? C'est sur les papiers ? » C'est la moindre des choses avant de prêter un véhicule à un couple qui ne vient pas de là, remarque que oui, cela arrive, mais c'est tout de même frustrant, surtout quand on ne connaît pas l'endroit. Rafael sort de la voiture de location, puis attrape son téléphone qu'il avait installé près du tableau de bord, il secoue négativement la tête, pas de réseau, évidemment. Rafa range son téléphone et il soulève le capot, il y a de la fumée qui s'en échappe et à son avis, il ne voit pas trop comment ils vont pouvoir faire pour y remédier sans les outils. « Le moteur est brûlant et je doute qu'on trouve du liquide de refroidissement dans les environs. » Ce n'est pas un expert, mais quand on possède une voiture, on connaît un peu les bases sans être un mécanicien. Il regarde autour d'eux et il soupire légèrement, car il y a peu d'éclairage, mais surtout, pas une seule maison ou un bâtiment en vue. « Faisons ça, cherchons un lieu où on pourra appeler la dépanneuse. Tu avais repéré un endroit de ton côté ? De mon côté, ce n'était qu'un grand champ de blé et une forêt au loin. »

A la question de Rafa, Vesper ouvre la boîte à gants et y prend les papiers du véhicule. Puisque le soleil se couche et qu’à quelques jours de son quarante-troisième anniversaire, sa vue n’est plus exactement ce qu’elle était à une époque, elle lève le bras pour allumer le plafonnier et se penche davantage sur ce qui est renseigné sur la fiche technique. Faisant la moue, elle explique :
« On dirait que oui. En tout cas, y a marqué que tout est en ordre mais on peut en douter : payer un gars pour mettre sur une fiche que tout est okay, ça doit certainement revenir moins cher que de vraiment faire vérifier le véhicule. »
Et elle n’est pas en train de les accuser, seulement elle se doute que gérer entreprise de location de véhicules, c’est un vrai business et que, comme pour tous les business qui se respectent, on préfère se faire de l’argent que d’en perdre. A son tour, la texane sort de la voiture et vient se poster à côté du capot ouvert, laissant échapper un peu de fumée. Surchauffe du moteur. Vesper effectue un tour sur elle-même pour s’assurer qu’elle ne voit aucune station-service dans les parages ou même ne serait-ce qu’un panneau indiquant à combien de kilomètres se situe la prochaine. Mais rien. Ç’aurait été trop beau, bien sûr.

Elle réfléchit alors une seconde à la question et se rappelle avoir vu quelque chose sur le chemin qui pourrait ne pas les obliger à rebrousser chemin jusqu’à la ville elle-même.
« Il me semble avoir vu une grange au loin, mais je ne saurais plus dire où exactement. »
En croisant les doigts pour qu’ils aient au moins l’électricité… La blonde connaît bien les fermiers, elle sait donc que certains d’entre eux adorent l’idée de vivre à l’ancienne. Mais l’électricité et l’eau courante sont généralement des choses que l’ont fait installer dans toute ferme ; parce qu’elles sont souvent un peu isolées et qu’il faut pouvoir joindre un vétérinaire si jamais une bête tombe malade. Ça vaudrait donc le coup de s’y arrêter. Elle laisse Rafa verrouiller la voiture puis lui prend le bras pour marcher le long de la route.
« Au fond, c’est sympa aussi de se retrouver un peu rien que tous les deux ! »
Loin des foules qui composent les villes, voilà ce qu’elle veut dire. Puis, quelques minutes plus tard, la silhouette de la grange se découpe sur le ciel crépusculaire et elle la désigne du menton.

Cela serait quand même stupide d'agir ainsi, plutôt que de faire une véritable vérification, mais comme il n'en sait rien et que sur les papiers tout semble correct, il ne peut pas affirmer le contraire. Il suppose que ce sont des choses qui arrivent, des imprévus, des coïncidences, que cela n'a rien avoir avec la malchance de Vesper et de Rafael lorsqu'ils sont en voyage. C'est forcément du pur hasard, en tout cas, il l'espère fortement. Néanmoins, il peut dire que la voiture est foutue sans les outils nécessaires et que comme ils n'ont rien pour réparer, c'est mort. Bref, autant dire qu'ils doivent appeler la dépanneuse, mais avec le manque de réseau, c'est encore une solution qui tombe à l'eau et qu'ils vont devoir marcher, cela semble être la seule issue. « Tu crois ? Voyons cela. » Enfin, ce n'est pas comme s'ils avaient beaucoup d'option sous la main, donc bon, vaut mieux vérifier plutôt qu'attendre au lendemain et dormir dans la voiture sur le bord de la route. Heureusement, ils n'ont pas leurs valises avec eux, c'est déjà une bonne chose, ils peuvent alors s'éloigner de la bagnole en panne et commencer à chercher de l'aide. Cela sera peut-être à la grange ou peut-être qu'ils trouveront une cabine téléphonique. Il ignore si les personnes du coin parlent en anglais, voire en espagnol, mais bon, ils verront bien une fois sur place. « C'est vrai, j'ai toujours rêvé de faire une balade au clair de lune. » Dit-il avant de légèrement rire. Il n'a rien contre les balades nocturnes, mais Rafael ne connaît pas l'endroit, ce n'est pas très rassurant quand c'est une ville inconnue. Finalement, ils arrivent à la grange, il inspecte les lieux, on peut entendre le chant des grillons, rien de plus, pas de voix. « Allons voir. » Ils traversent le petit chemin de terre qui mène à la grange et il décide de frapper à la porte sur le côté du bâtiment, mais pas de réponse. « Il y a de la lumière au loin ? » Étant donné l'heure, ils doivent être rentrés. Bien qu'il croit apercevoir une silhouette noire, c'est peut-être juste l'ombre d'un arbre.

On ne sait jamais avec ces gens. Peut-être qu’ils essayent de vous entuber, peut-être que non. Dans tous les cas, qu’ils aient fait les vérifications nécessaires sur ce véhicule ou non ne change rien à l’affaire : ils sont en panne sur le bas-côté d’une route manifestement peu fréquentée alors qu’il fait nuit. Et que, n’ayant aucun réseau, ils n’ont pas tellement d’autres choix que de longer la route jusqu’à tomber sur une bâtisse, quelle que soit, en croisant les doigts pour qu’ils aient au moins une ligne téléphonique. Ils auraient pu espérer tomber sur une cabine téléphonique mais la blonde n’est pas du tout sûre de pouvoir en trouver sur une telle route. Si seulement ça existe toujours et que ça ne sert pas unique de décoration, s’entend. Soit, autant voir le bon côté des choses, ça leur permettait de faire une petite balade au clair de lune, comme le fait remarquer Rafa. Vesper s’approche pour enrouler un bras autour de sa taille puis lève les yeux pour regarder ladite lune. Toute ronde.
« Mince, j’espère qu’on n’est pas tombés dans un coin à loups-garous sinon c’en sera vite fini de nous. »
Ce qui est certainement mieux que les ploucs. Pourtant, elle en est une aussi.

Au bout de quelques minutes de marche, les voilà qui arrivent à la grange. Vraisemblablement vide. Ou en tout cas déserte. Mais rien de plus normal à cette heure : les fermiers se lèvent aux aurores et se couchent donc en même temps que les poules. La texane cherche des yeux la ferme à laquelle la grange doit forcément être rattachée et finit par la voir tout au bout d’un autre chemin de terre, légèrement pentu.
« Pas ici, mais regarde là-bas. »
Elle désigne la ferme dont certaines fenêtres brillent dans la nuit. Puis elle lui reprend la main et cette direction. Le bruissement de feuilles, un craquement de branche, une chouette hululant juste au-dessus de leur tête, voilà tout ce que la blonde entend sur le chemin. Ça lui paraîtrait tout à fait normal si elle n’avait pas la sensation d’être observée depuis qu’ils sont arrivés à la grange.
« T’as aussi l’impression qu’on nous suit ? »
S’étant rapprochée, elle avait murmuré ces mots afin que la personne qui les suivait peut-être ne les entende pas. Puis, en toute discrétion, elle jette un regard autour d’eux et voit bien une silhouette se tapir dans les fourrés. Elle presse le pas et frappe à la porte de la ferme.

Ce n'est pas très rassurant, longer la route, même dans l'espoir de trouver de l'aide, un téléphone, une voiture pour les ramener, lui qui espérait que tout se passerait bien, alors qu'une sorte de malédiction ou de tradition s'est installé chaque fois qu'ils mettent les pieds à l'extérieur de la maison. Malgré cela, malgré le fait qu'ils se retrouvent en terrain inconnu, car ils sont loin de chez eux et d'un lieu public, Rafael tente de garder la foi, du moins, d'être positif, plutôt que tomber dans la négativité. Il pouffe de rire aux paroles de Vesper, lui rappelant aussi bien des scènes de film d'horreur qu'un certain jeu vidéo. « Oh, mince, il ne faudrait pas qu'on tombe non plus dans un piège de chasseur, évitons la forêt. » D'toute façon, ils ne vont quand même pas s'aventurer aussi loin, sachant qu'ils ne risquent pas de trouver un peu d'aide entre quatre sapins. Il n'est pas certain que cela soit la saison de la chasse, mais on ne sait jamais, ils ont peut-être oublié de retirer leurs pièges. Pas de réponse à la grange, ce n'est peut-être pas là qu'ils vont pouvoir trouver de l'aide, mais Vesper repère la maison, dans laquelle les propriétaires doivent sûrement vivre, tout se fait sur le même terrain, Ves s'y connaît mieux que lui concernant les fermes et ce type d'habitation. Il faut dire qu'il vivait en Colombie puis ensuite, en terrain ennemi avec des tentes, rien à voir avec tout ça. Direction la maison, avec l'espoir de trouver des gens qui voudront bien les aider. « Je crois bien, oui. Évitons d'alerter. » Il vaut mieux rester sur leurs gardes, plutôt que se retourner et recevoir un coup de pelle à la tête, néanmoins, à l'arrivée, il reste sur le côté, pour avoir une vision assez globale, avec la noirceur, cela reste limité. C'est peut-être un enfant qui veut leur faire peur ? Cela dit, il doute, il est tard et à moins que ça soit véritablement un loup-garou ou le sasquatch, mieux vaut être prudent. Une lumière les aveugle soudainement, la porte s'ouvre sur une vieille dame, qui appelle aussitôt son époux qui fait son apparition dans le cadre de porte, sûrement par sécurité, ça se comprend. « Bonsoir, désolé de vous déranger, mais sous sommes en pannes, on aimerait emprunter votre téléphone pour appeler la dépanneuse. » Le couple se regarde, hésitation, mais laisse Vesper et Rafael entrer sans dire un mot. Ce n'est pas sans lui rappeler le début du film, massacre à la tronçonneuse.

A force de chuter, de prendre feu, de faire copain-copine avec des animaux sauvages et tout ce qui s’ensuit, Vesper a tendance à se croire parfois un peu invincible. Pas immortelle, juste invincible. Pourtant, de très nombreuses visites à l’hôpital devraient suffire à la faire revenir sur terre puisqu’il est tout de même assez fréquent que tout ça se termine en fractures ou brûlures en tous genres, mais le fait est qu’elle a toujours tendance à se croire capable de tout. Tout, sauf de résister à la morsure d’un piège à loup ; sa peau a beau être résistante, ça n’est tout de même pas à ce point. Raison pour laquelle elle hoche vigoureusement la tête, secouant ses boucles d’or au passage ; autant éviter la forêt autant que possible. Ils s’avancent donc sur ce petit chemin de terre battue avec la désagréable impression qu’on les épie. Mais la texane est d’accord avec Rafa : mieux vaut faire comme si de rien n’était. Et là-dessus, elle lui fait entièrement confiance étant donné que, si son expérience des combats ne se limite pas qu’aux films qu’elle a tournés, ses précédents assaillants ne se résumaient qu’à une poignée de types passablement éméchés à la sortie d’un bar.

C’est alors qu’une lumière s’allume et les éclaire au point qu’elle est obligée de mettre sa main en visière pour y voir quelque chose. Tu parles d’un accueil… Mais au fond, Vesper peut comprendre ; si elle habitait un trou aussi perdu, elle aussi aimerait y voir aussi loin que possible afin de pouvoir se préparer au mieux à l’arrivée d’éventuels voleurs. Ou autre, sait-on jamais ce qui peut arriver dans des campagnes aussi reculées. Là-dessus, une vielle femme leur ouvre la porte mais ne leur adresse pas le moindre mot et appelle ce qui doit être son époux. En quelques mots, Rafa explique la situation et c’est non sans réticence que le couple accepte de les laisser entrer. Le regard de la blonde se promène alors sur la décoration un peu vieillotte, ce qui ne l’empêche pas de commenter :
« C’est très joli, chez vous ! »
Puis elle propose de passer l’appel, laissant à Rafa le soin de faire la conversation sur ce temps-là. La femme acquiesce mais ne parle pas beaucoup. Puis elle lui fait signe de la suivre car apparemment, on en est toujours à une ligne fixe, donc, sinon elle aurait apporté le combiné au lieu de lui demander de la suivre dans une autre pièce. Pas vraiment sur ses gardes – c’est que bon, c’est d’un petit couple de personnes âgées dont il s’agit, pas une grande menace, donc -, elle s’exécute et, dans la pièce au bout du couloir, tombe sur un téléphone à cadran. Wow, une véritable antiquité. Elle remercie la femme qui la laisse seule le temps de l’appel et décroche le combiné. Pas de tonalité. Super…

Rafael trouve l'ambiance particulièrement tendue, mais ce n'est peut-être que dans sa tête, c'est que la vieille dame ne parle pratiquement pas et que l'homme est très sur ses gardes, sans compter le fusil de chasse dans un coin de la pièce. Bien évidemment, il comprend tout à fait qu'il vaut mieux être prudent, surtout quand nous ne sommes plus trop en mesure d'utiliser sa force physique pour se défendre, autant acheter une arme légale pour la chasse ou potentiellement pour des inconnus malveillants. Sachant qu'ils ne peuvent pas savoir que Vesper et Rafael ne sont pas du tout ce genre d'individu. Pendant qu'elle va passer l'appel pour la dépanneuse ou une quelconque aide pour qu'ils puissent au moins revenir à l'hôtel dans lequel ils logent depuis leur arrivée au Québec. Comme il s'y attendait, silence total, il se fait regarder un peu de travers, le vieil homme l'observe de la tête aux pieds, scrute les moindres gestes du Colombien, espérant quand même ne pas être tombé sur un raciste, ce qui aurait été encore plus probable aux États-Unis, mais ne connaissant pas vraiment le peuple canadien, bien qu'on dit d'eux des gens bienveillants, il y a toujours de la mauvaise herbe, comme dans chaque ville. « Fusil à bascule, calibre 12. Hé bien, vous chassez le gros gibier, monsieur ? » C'est que Rafael s'y connaît en armes et ce type-là, c'est uniquement pour les plus gros animaux, orignal, ours noir ou encore le cerf de Virginie, dindon sauvage, bref, il n'a pas fait beaucoup de chasse dans sa vie, mais quand on fait l'armée, les armes n'ont plus vraiment de secret. Peut-être même qu'il utilise le fusil pour les loups ou ratons laveurs, quoi qu'il en soit, le vieil homme se contente d'un grognement comme réponse, mais surpris de savoir que Raf s'y connaît. Il apprend rapidement que Vesper n'a pas réussi à trouver de l'aide, pas de tonalité. « Hum, est-ce qu'il y a un village dans les environs ? » Forcément, un petit village où ils peuvent faire des provisions avec l'essentiel. Il s'avère donc que oui, mais il va falloir marcher et trouver le passage qui va les mener là-bas.

D’un côté, Vesper a vu et participé à trop de films d’horreur – bien que son genre de prédilection ne soit autre que les films d’action, bien sûr – pour ne pas trouver ce couple de personnes âgées un peu louches. Ils lui font un peu penser à cette toile, vous savez ? Un couple de campagnards sur le retour dont l’homme tient une fourche en main. American Gothic ? La texane ne s’y connaît pas vraiment en art d’aucune sorte en dehors du cinéma et de la musique mais ce tableau est tellement mythique qu’elle croit bien que c’est le nom qui lui revient. Bref, loin d’elle l’idée de juger qui que ce soit parce qu’elle sait très bien que si elle était restée à Abernathy, peut-être bien qu’elle ressemblerait à quelque chose d’approchant, aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est qu’elle aurait le même fusil de chasse. Et elle n’aurait pas que cette arme, d’ailleurs. Le Texas, c’est le Texas, même Rafa a pu s’en rendre compte la fois où ils y sont allés. Bref, il ne lui faut que quelques secondes pour se rendre compte que la ligne ne fonctionne pas. Et c’est sans surprise qu’elle tombe nez à nez avec la vieille femme, a peine a-t-elle rouvert la porte de la pièce où elle l’a conduite pour passer son coup de fil. Un peu comme si elle avait peur qu’elle ne reparte avec son argenterie. Pour lui prouver sa bonne foi, elle lui sourit et l’avertit :
« Votre ligne est en dérangement, j’aime autant vous mettre au courant au cas où vous auriez une urgence. »
La femme lui répond alors avec les mains et Vesper comprend que celle-ci est sourde ou muette. Voire les deux. Tu m’étonnes qu’ils soient sur leurs gardes, elle et son mari. Dommage pour elle, elle ne saisit pas bien ce qu’elle essaye de lui dire mais la suit dans le couloir pour retrouver Rafa à qui elle annonce la mauvaise nouvelle. Il a alors la bonne idée de demander s’il y a un petit village dans le coin et la blonde espère sincèrement que oui, parce que, si c’est comme chez elle, certaines fermes se trouvent éloignées de plusieurs kilomètres du premier patelin poussiéreux. Mais ici, ça ne semble pas être le cas, puisque, semblant avoir retrouvé l’usage de la parole, l’homme leur explique que oui, mais que malgré tout, c’est pas tout près et qu’il va quand même leur falloir marcher un peu avant d’y arriver. Qu’à cela ne tienne, ils sont en bonne condition physique tous les deux, ça devrait pas poser de problème. On ne leur propose pas de tasse de thé ni de gâteaux secs et ils comprennent qu’il est temps de prendre congé. Vesper remercie quand même l’autre couple pour son hospitalité puis attend de se retrouver seule avec Rafa.
« Alors ? Il t’a dit ce qu’il chassait avec ce fusil ? Autre que les éventuels voleurs d’argenterie, je veux dire. Non, parce que si on risque de croiser un caribou, j’aimerais autant le savoir. »
Peut-être même que c’était ça qui les épiait avant qu’ils n’entrent ? Mouais, elle y croit à moitié quand même.

Les mauvaises nouvelles s'enchaînent, croyant qu'ils allaient pouvoir faire appel à une dépanneuse, à une quelconque aide, mais rien du tout, la ligne téléphonique ne fonctionne pas et le vieux couple ne semble pas être d'une grande aide. Bien évidemment, il ne s'attendait pas à grand-chose, c'est déjà gentil de les faire entrer pour pouvoir passer un coup de fil, mais sinon, il ressent un certain malaise et il a hâte de quitter la maison, bien qu'il n'ait pas peur d'eux, c'est plutôt qu'un coup peut vite partir, peu importe qui se trouve derrière le fusil. Néanmoins -et histoire qu'ils puissent avancer de leur côté-, il demande s'il n'y a pas un village dans les environs, peut-être qu'ils trouveront au minimum une cabine pour pouvoir appeler quelqu'un, voire carrément un taxi, quitte à devoir laisser la voiture le bord de la route et à payer des frais liés à la location de cette bagnole. Même s'il n'a jamais vécu en campagne, il est presque certain qu'il doit y avoir un village dans le coin pour leur permettre de faire certains achats. Le vieil homme confirme, bien que cela ne soit pas la porte d'accoté et qu'ils aillent devoir user un peu plus leurs chaussures pour marcher jusqu'à la destination. Bon, après, ce n'est pas comme s'ils avaient le choix. Rafael les remercie, c'est la moindre des choses, puis ils quittent finalement la maison, s'éloignant de celle-ci, pour ne plus être dans le champ de vision de cette vilaine lumière qui les aveuglait un peu plus tôt. « Il n'était pas très bavard, il semble protéger ses poules, soi-disant des renards, coyotes et peut-être même des ours, bien que plus rare, sauf s'ils ont vraiment faim, je suppose. Dans tous les cas, c'est pour les gros gibiers. » Peut-être que s'ils s'enfoncent dans la forêt, il y a des risques, mais la nuit, il l'ignore, il ne connaît pas vraiment l'animal, cela dit la bête ne semble pas être très nocturne. « Enfin, espérons qu'il ne nous prenne pas en chasse. » La chasse à l'homme n'a pas l'air d'être l'activité favorite des Canadiens, par contre, qui sait si l'homme n'est pas ainsi. « Et l'épouse t'a parlé à toi ? » Un conseil ou une indication, peut-être qu'elle est plus bavarde avec une autre femme qu'un inconnu masculin. Dans tous les cas, ils se mettent en route vers le village, les obligeant à emprunter le chemin de la forêt. Par chance, un peu plus loin, il y a un chemin éclairé, des lanternes qui forment une allée, peut-être vers une cabane ou la route. « Curieux ça, j'espère que ce n'est pas leur garde-manger. » Dit-il pour plaisanter, sans le dire à voix haute, oui, il parle d'autres humains, manquerait plus que Leatherface se trouve au bout de ce trajet.

Mine de rien, Vesper n’est pas mécontente de quitter cette demeure. Une atmosphère étrange s’en dégage. Ce qui n’est peut-être pas très gentil ; après tout, on parle d’un petit couple de personnes âgées dont la femme est muette, normal qu’ils aient eu l’impression de pénétrer leur petite bulle alors qu’ils n’y ont pas été invités mais il n’empêche que c’est ce qu’elle a ressenti. Des renards et des coyotes, voilà ce qui les inquiète surtout, semble-t-il. Et les ours. En entendant ça, la blonde scrute les bois alentours avec un peu d’inquiétude, elle aussi. Les renards et les coyotes sont loin d’être un problème pour eux, mais s’ils viennent à croiser la route d’un ours, ça risque quand même de changer un peu la donne.
« Un ours, rien que ça… Ben j’espère qu’ils dorment tous à cette heure. On va quand même rester en bordure des bois, par précaution. »
Puis elle acquiesce ; oui, pourvu qu’ils ne les prennent pas en chasse, ni les ours, ni ce couple. Mais elle n’y croit pas une seule seconde pour ce qui est de la seconde option. S’ils voulaient leur nuire, ils l’auraient fait quand ils se trouvaient encore dans la maison. A moins bien sûr qu’ils ne fassent ça que pour le plaisir de la chasse mais elle doute quand même. Notamment parce qu’ils ne sont plus de première fraîcheur et qu’elle est bien placée pour savoir que, passé un certain âge, la vue commence à baisser. Mieux vaut tout de même presser le pas et rester sur ses gardes.
« Disons qu’elle a essayé mais je comprends tristement pas la langue des signes. »
Puis la texane fronce les sourcils, un air des plus perplexes déformant ses traits, en apercevant ce chemin bordé de lanternes avec cet air de dire « c’est par-là ». Oui mais quoi ?
« C’est… Joliment mis en scène en tout cas. Très bizarre mais très joli. »
Elle se serait presque crue dans une forêt enchantée, en fait. Galadriel allait peut-être pointer le bout de son nez elfique d’un moment à l’autre. Même si, à choisir, elle aurait préféré que ça soit Legolas. C’est alors que, juste devant eux, au bout du chemin de lanternes, se dresse un écriteau. Elle s’y dirige et lit ce qui est inscrit sur la plaque en bronze. Le texte est de base en français mais une traduction en anglais y a été rajoutée. Sûrement que c’est l’attraction touristique du coin.
« Regarde ça, on dirait qu’une sorcière a été pendue ici ! Tu savais que la chasse aux sorcières s’était étendue jusqu’ici ? »
A bien y réfléchir, elle avait dû s’étendre à tous les pays qui ont un jour été chrétiens durant cette période, mais dans son esprit, ça ne concernait pratiquement que Salem.

Rafael opine du chef et ils poursuivent tranquillement leur route, mieux vaut éviter de courir et de tomber dans un piège ou de réveiller tous les animaux sauvages de la forêt. Oui, il n'est pas rassuré pour les ours, encore, un renard est assez peureux et il ne risque pas de venir à eux pour les attaquer, il semble que c'est la même chose pour un coyote solitaire. Bref, dans tous les cas, il faut être prudent, mais pas trop non plus, à ce rythme, il fera jour avant d'avoir pu recevoir de l'aide. Vesper lui explique qu'elle pense la femme muette et qu'elle n'a pas été d'une grande aide, malgré sa volonté. Bon, tant pis, l'homme non plus n'a pas été d'une grande aide, même s'ils avaient accepté de les recevoir pour passer un coup de fil, qui s'est avéré être un échec, ils doivent se débrouiller, puis n'ayant pas d'autres options, ils vont devoir tenter le village. D'ailleurs, c'est en avançant à travers la forêt que le couple tombe sur un chemin bien éclairé, ce qui est très bizarre, ce qui l'aurait été moins dans un film de fantaisie où ils doivent emprunter une route vers une porte magique, mais malheureusement, c'est la réalité et c'est souvent ainsi qu'un film d'horreur débute, en suivant le sentier menant vers les embrouilles et très probablement la mort. Cela dit, c'est peut-être une autre vieille dame à la retraite qui aime décorer la forêt ou alors, c'est un elfe. Rafa est d'accord, c'est bizarre. Hé bien, aussi bête que cela puisse paraître, ils y vont et ils s'arrêtent devant une plaque en bronze, soi-disant qu'une sorcière a été pendue ici. Il hausse les épaules. « Pas du tout ! J'avoue que cela me surprend, mais comme je ne connais pas l'histoire de la région, c'est alors fort possible qu'ils avaient la même mentalité que les autres, sûrement moins connu. » C'est-à-dire qu'il était facile de pendre une femme sans aucune raison apparente, si ce n'est qu'il s'agit d'une femme qui aurait pu désobéir à son mari, qui aurait regardé de travers un homme, bref, une sale époque pour elles. Après, encore faut-il que cela soit vrai. « Tu veux entrer là-dedans ? » dit-il en désignant une cabane en bois un peu plus loin, voire un mini musée, difficile à dire. N'empêche que c'est étrange comme concept d'allumer des lanternes pour cela, peut-être une descendante derrière tout ça ? « Sinon on trace, si tu préfères. »

Ça peut paraître fou de suivre le petit chemin lumineux au fond des bois de la cambrousse québécoise, c’est vrai. Mais d’un autre côté, si un serial killer voulait attirer une victime dans ses filets, il s’y prendrait différemment, non ? Trop évident pour que qui que ce soit tombe dans le panneau. Sauf les enfants, peut-être, parce que oh, c’est joli les petites lucioles, mais sinon… Bref, si ce n’est pas psychopathe, c’est peut-être une sorcière. Et ça, Vesper a très clairement passé l’âge d’y croire. A tort peut-être puisqu’au bout du chemin se trouve une plaque commémorative. En l’honneur d’une sorcière, justement. Ah… Bon, ça serait quand même très abusé de dire qu’elle ne croyait pas à ces sorcières-là ; des femmes accusées de sorcellerie pour tout mais surtout rien. Juste parce qu’elles ne suivaient pas les règles patriarcales à la lettre, dans la plupart des cas. Et puis, si on va par-là, la voyante qu’elle consulte assez régulièrement peut être considérée comme une sorcière, peut-être. C’est à celles qui ont l’air de sortir tout droit d’une quelconque édition d’Hansel et Gretel qu’elle ne croit pas une seule seconde. Tout ça pour dire que la texane n’avait aucune idée qu’il y avait eu des procès et des pendaisons – ou autres mises à mort – de sorcières jusqu’ici. Comme tout le monde, elle avait tendance à croire que tout ce folklore s’arrêtait au Massachussetts alors qu’il y en avait certainement eu partout dans le monde ou presque. Partout où la religion chrétienne avait régné en maître, en tout cas. Bref, la blonde acquiesce aux dires de Rafa et continue de tourner autour de la plaque, remarquant que des gens viennent encore y déposer deux ou trois petites babioles. C’est alors qu’il lui fait remarquer une cabane en bois tout à côté. Enfin, elle l’avait vue, elle était même passée à côté mais sans y prêter attention.
« Tu crois que c’est ouvert ? »
Qui laisserait ne serait-ce qu’un abri de jardin ouvert à tout le monde à cette heure ? S’approchant, Vesper teste la poignée. La porte refuse de s’ouvrir, mais en se penchant davantage pour regarder par la fenêtre, elle remarque que celle-ci est ouverte, il n’y a qu’à la soulever. Ce qu’elle fait avant de se tourner vers Rafa.
« On peut entrer par-là. Ça reste de l’effraction mais au moins, on n’aura cassé aucun carreau. Je vois des espèces de mannequins à l’intérieur. »
S’il s’agit vraiment d’une sorte de musée, alors pourquoi pas en faire la visite de nuit et illégalement ? C’est plutôt cool.

C'était une autre époque, Salem, les sorcières et les procès. Il ne pensait pas tomber sur cela, il sait bien que cela a vraiment existé, mais elles n'étaient pas vraiment des sorcières, pas celles que l'on dépeint dans les films, les animations, le nez crochu, la peau verte, chapeau pointu et sans oublier la magie. Elles, elles n'auront jamais droit à ce genre de plaque, mais dans tous les cas, cela reste bizarre d'avoir ceci en plein forêt. Est-ce que le vieux couple est au courant de cela ? Il y a forcément une histoire rattachée à tout cela, impossible de comprendre et d'en connaître les faits. De plus, il n'y a pas que cela, il y a également une cabane, sûrement pas là par hasard, à moins d'être dans un périmètre de chasse, néanmoins, peut-être trop visible pour cette activité sauvage, trop prévisible et peut-être pas très prudent de rester là, encore moins de vouloir y entrer. Curieux, certes, mais ils ignorent ce qu'ils vont trouver là-dedans. Il doute qu'ils trouvent un téléphone là-dedans, si là-bas, il n'y avait pas de réseau, encore moins ici, aucun doute là-dessus, pas de wi-fi et de ligne téléphonique. Rafael se rapproche, reste plus qu'à l'ouvrir cette porte pour découvrir ce qui se trouve à l'intérieur. « Bon, regardons alors. » Ce n'est pas sans danger, car comme déjà dit, ce n'est pas normal, entre le chemin éclairé par des lanternes, une plaque commémorative et cette cabane, ça fait beaucoup. Il la laisse pousser la porte et entrer la première, Rafa jette un coup d'oeil vite fait à l'extérieur, toujours avec cette sensation que quelque chose ne va pas, c'est peut-être à cause de son passé dans l'armée, qui l'aurait un peu habitué à se méfier des lieux évidents qui pourraient potentiellement ressembler à un piège, mais il se laisse tenter, il entre à la suite de la blonde. « Jamais été fan des mannequins, encore moins des poupées effrayantes. » Il remet la lumière sur son téléphone pour éclairer la pièce. « Il y a une ambiance bizarre, non ? »

Aussi glauque soit-elle, cette ambiance bizarre n’effraye pas vraiment Vesper. Ça l’intrigue, ça oui, mais ça lui fait quand même bien moins peur qu’un loup ou un ours sans personne pour le maîtriser. Parce que oui, bien sûr qu’il lui est déjà arrivé de tourner avec des animaux exotiques mais d’habitude, y a quand même leur dresseur tout à côté ; si pas pour les maîtriser au moins pour lui apprendre comment se comporter en leur présence afin d’éviter un max de casse si jamais. Tout ça pour dire que si ce n’est qu’un mec un peu louche qui s’amuse à leur faire une petite mise en scène exprès pour les attirer dans ses filets, ils peuvent tous les deux gérer et il n’y a donc aucun souci à se faire. Si c’est un petit groupe, en revanche… C’est différent. Mais à voir, la texane préfère ne pas se faire de films inutilement. Trouvant un accès, elle propose d’entrer pour se faire une petite visite nocturne des plus privées. Et sans avoir à débourser le moindre centime. Ce qui a l’air de le tenter. Enfin non, pas tant que ça en fait, mais il accepte quand même la proposition et elle enjambe donc la fenêtre, continuant d’éclairer à l’aide de son téléphone.
« Ouais, les mannequins c’est un peu creepy. »
Surtout ceux qui n’ont pas de visage. Et est-ce que ceux-ci en ont ? Non, bien sûr ! Pour ce qui est des poupées en revanche, elle ne trouve pas ça particulièrement effrayant non plus. Et c’est une chance étant donné que ses nièces en ont des tas et de toutes sortes et que quand elle va leur faire un petit coucou, il n’est pas rare qu’elles veuillent jouer avec tatie Jamie. Du faisceau de la lampe de son téléphone, elle illumine encore une fois des mises en scène : des mannequins assis devant un juge de l’époque avec l’immonde perruque blanche qui va avec dans un premier temps et puis des scènes plus macabres comme des pendaisons et autres supplices infligés à ces prétendues sorcières.
« En tout cas, ça ressemble assez bien aux musées de la sorcellerie qu’on a aux Etats-Unis. A ceci près qu’ici, on dirait qu’ils leur vouent un culte. Je serais pas étonnée qu’on trouve un autel sacrificiel derrière une de ces portes. »
Peut-être que c’est parce qu’elle a grandi dans le pays comptant le plus de cultes sataniques au monde que c’est ce qui lui vient tout de suite à l’esprit. Un bruit la fait alors se retourner et une ombre passe dans son champ de vision. Un chat. Noir. Qui miaule dans leur direction.
« Dis donc, on se croirait dans un remake d’Hocus Pocus. Si tu vois une bougie à flamme noire, surtout ne l’allume pas. »