wicked witchcraft → rafa

Il en a vu des horreurs, avec la guerre, des personnes décédées sous ses yeux, des scènes horrifiques et bien terrifiantes, des situations à vous faire tordre les boyaux jusqu'à en vomir. Donc, non, il n'a pas vraiment peur, car il connaît bien la pression, être sur les nerfs et être prêt à toute éventualité. Néanmoins, ils sont au Canada, la guerre ne s'y trouve pas, il peut se détendre, malgré les mannequins et les poupées, l'ambiance bizarre qui règne, cela ne l'empêche tout de même pas d'être sur des gardes et de trouver la situation peu ordinaire. D'ailleurs, on est loin de ce qu'il a connu, certes, mais cela ne veut pas dire qu'il a envie de tomber sur un ou une psychopathe, même en sachant se défendre, car c'est ce qu'il ferait pour protéger Vesper en premier, il n'aime pas beaucoup être là. Et pourtant, malgré tout le courage qui l'habite, ce chat, ce foutu chat noir, a eu raison de son cœur, il a sursauté. Et celui-là, il va rester là, pas comme celui qu'ils ont trouvé en Russie. « Bordel de.. » Il n'a rien contre les chats noirs, les superstitions et tout ce qui concerne les malédictions, mais il tombe mal. En plus, il ne pensait pas que les chats étaient le genre à vivre dans les forêts, ce qui lui fait penser qu'il appartient peut-être à quelqu'un dans les environs ? Impossible de confirmer cela, mais cela pourrait être le cas. Quoi qu'il en soit, quand Rafael quittera le pays, il risque de ne plus voir le Canada de la même façon, cela l'aurait moins étonné aux États-Unis ou en Angleterre, dans tous les cas, heureusement que la région offre autres choses que des rituels de sorcières. Une porte se claque derrière deux et il se rapproche de la blonde. « Je pense qu'on a peut-être de la compagnie.. » Qu'il murmure. Ils feraient peut-être mieux de ressortir par la fenêtre, plutôt que s'attarder dans ce musée glauque, qui met en avant des scènes macabres avec des mannequins sans tête, rien de très joyeux, bref, qu'importe, ce n'est pas en restant qu'ils pourront rentrer à l'hôtel.

A se balader ainsi de nuit dans ce musée de la sorcellerie, Vesper en viendrait presque à oublier pourquoi ils sont là. Leur voiture de location qui est tombée en panne, leur recherche pour mettre la main sur un téléphone fonctionnel afin qu’ils puissent appeler une dépanneuse ou quelqu’un susceptible de les aider. Après la maison des petits vieux, la blonde avait un peu perdu de vue cet objectif parce qu’ils étaient tombés sur quelque chose qu’elle ne s’était pas attendue à trouver et qu’elle était donc captivée par ce qu’elle était en train de découvrir. Mais après avoir fait courir le faisceau de la lampe de son téléphone sur les différentes petites scénettes et les différents mannequins représentés, il lui passe alors par la tête de chercher un téléphone. A la réception, ça lui semble logique. Ou dans un bureau si elle ne trouve pas son bonheur derrière celui de l’accueil. Mais ça, ce n’est qu’après la visite du chat qui les fait sursauter tous les deux. De toute évidence, sa référence passe au-dessus de Rafa qui n’a probablement jamais vu Hocus Pocus. Elle ne lui jette pas la pierre parce qu’on parle là d’un film pour enfants. Peut-être même plus des filles que des garçons, ce qui fait que Rafa n’est pas du tout le public cible. Néanmoins, sa réaction la fait quand même sourire. Jusqu’à ce qu’elle voit la réception, qu’elle s’y dirige et que, miracle, elle y trouve un téléphone.

Néanmoins, Vesper a tout juste le temps de poser la main sur le combiné qu’une porte claque, la faisant sursauter une fois de plus. Là-dessus, Rafa se rapproche et lui fait savoir qu’il pense qu’ils ne sont peut-être plus seuls. Mais non, juste au moment où elle a peut-être trouvé de quoi les sortir de ce pétrin ! Oui mais voilà, si on les trouve à l’intérieur, on pourrait tout aussi bien appeler la police parce qu’ils sont entrés par effraction et la texane n’a pas particulièrement envie de passer une nuit au poste.
« Merde ! Si ça se trouve, il fonctionne… Mais bon, vaut mieux qu’on sorte pour le moment. »
Quitte à attendre quelques instants, tapis dans un buisson pour re-rentrer et passer l’appel ensuite. A condition bien sûr que la personne ne soit pas juste revenue parce qu’elle s’est rendue compte qu’elle avait oublié de fermer la fenêtre en partant, bien sûr. Rebroussant donc chemin, elle enjambe une fois de plus la fenêtre, attend que Rafa en fasse de même pour baisser suffisamment la fenêtre pour qu’on la croit fermée en n’y regardant pas de trop près. Puis elle s’agenouille dans l’herbe et attend de voir ce qui se passe.

Depuis le tout début, tout ce qu'ils veulent, c'est pouvoir appeler une dépanneuse, mais ils s'enchaînent l'inimaginable, les péripéties du couple ne font que commencer, aussi, on ne peut pas dire qu'ils n'en ont pas l'habitude. Cela n'arrive qu'à eux, aucune chance, car pile au moment où Vesper met enfin la main sur un téléphone, ils doivent se cacher pour éviter de se faire surprendre. Ils ignorent sur qui ils vont tomber, de plus, mieux vaut éviter de se faire découper en morceaux, après tout, tout s'enchaîne sans leur laisser un peu de répit. Il est aussi vrai, qu'il ne s'agit pas de leur propriété, d'autant qu'ils ne viennent pas du coin, il ne veut pas connaître le traitement qu'ils recevront s'ils devaient finir au commissariat, bien qu'en soi, ils ne font rien de mal, ils cherchent un téléphone et c'est tout. Finalement, ce n'était peut-être pas une bonne idée d'entrer dans ce musée, mais c'était si évident, au beau milieu de la forêt, on les invitait carrément à entrer à l'intérieur et c'est ce qu'ils ont fait, ils sont tombés dans le piège, si jamais c'est le but de la cabane, c'est gagné. Si proche du but ultime, Rafael suit Ves à l'extérieur, pas vraiment le choix, il n'a pas envie d'entrer en conflit avec cette personne, mais il ne peut pas nier que cela commence à être long et qu'il a vraiment hâte de pouvoir rentrer à l'hôtel. Il regarde autour d'eux, personne, à part cette ombre à l'intérieur du musée, que l'on peut apercevoir sur le mur en bois, elle est plutôt grande, on dirait une femme, quoi que c'est difficile à dire à la simple vue de la silhouette qui ressemble à celle Cruella ou encore Jafar. « Tu crois vraiment que ce téléphone fonctionne ? Sinon, il vaut peut-être mieux poursuivre jusqu'au village que le vieux couple nous a indiqué. » Sans savoir si cette personne va repartir ou si justement, elle ou il habite là-dedans. Cela dit, ils peuvent aussi bien frapper par la porte avant et demander de l'aide, c'est un risque à prendre.

Planqués dans les buissons, ils regardent à l’intérieur, restant à l’affût de ce qui peut bien s’y passer. Pas grand-chose, si ce n’est qu’une silhouette longiligne et peut-être un peu féminine sur les bords déambule à présent entre ces murs. Et si c’était la sorcière réincarnée dont ils ont vu la plaque commémorative un peu plus tôt ? Un sourire étire les lèvres de Vesper à cette pensée parce qu’elle n’y croit pas une seule seconde mais trouve ça rigolo. C’est alors que Rafa lui demande si c’est bien judicieux de vouloir à tout prix utiliser ce téléphone-là. C’est vrai, ils peuvent tout aussi bien reprendre leur route au lieu d’attendre que la personne qui vient d’arriver quitte les lieux. Ce qu’elle ne va peut-être même pas faire en fait. Si ça se trouve, la personne habite là. Ça serait bizarre au vu de l’état de la cabane mais pas impossible. Comme un refuge plutôt qu’une réelle habitation. Un nouveau coup d’œil de l’autre côté de la fenêtre pour observer la couche de poussière recouvrant chaque surface. Celle-ci est présente mais pas trop épaisse. Ça serait quand même étonnant que quelqu’un continue de payer la facture de téléphone si le musée n’est pas ouvert au public et à en juger par l’état d’abandon du lieu, ça n’a pas l’air d’être actuellement le cas.
« Non, t’as sûrement raison. J’en doute, même. »
C’est vrai qu’ils peuvent aussi contourner le bâtiment, frapper à la porte d’entrée et demander son aide à cette personne. Mais si la ligne ne fonctionne effectivement pas, ça ne servira qu’à leur faire perdre davantage de temps.
« On a qu’à continuer jusqu’au village. Je t’avoue que cette silhouette ne me dit rien qui vaille. »
La texane est peut-être en train de faire de la maigrophobie, si ça se trouve, et peut-être que si quelqu’un d’autre l’avait entendue dire ça, il ne serait pas du tout content et voudrait la cancel par tous les moyens mais le fait est qu’il n’y a que Rafa dans le coin et qu’il n’est pas du genre à se vexer pour si peu. D’autant que c’est la vérité, les gens trop maigres inspirent un peu la peur parce qu’ils n’ont pas l’air sains, tout simplement. Nouveau regard pour s’assurer qu’on ne les voit pas sortir de leur cachette et la blonde essaye de retrouver le chemin dont ils se sont un peu écartés.

Il manquerait plus qu'ils ne trouvent aucune aide au village. Ils n'auront pas d'autres choix que retourner à cette mystérieuse cabane, qui sert apparemment de musée, qui semble être détenue par une étrange personne, cela dit, rien qui le confirme. Il n'a même pas envie de rester plus longtemps pour connaître son identité, rien qu'à regarder l'ombre, on dirait clairement un ou une méchant.e d'un film disney, le genre qu'on déteste facilement. Dans tous les cas, ils doivent prendre une décision, ils ne vont pas passer la nuit dans les buissons, à attendre un miracle. Il n'imagine pas non plus les conséquences, s'il s'agit d'un terrain privé, à vrai dire, il ne veut pas avoir de problèmes avec la police locale, ils ne sont pas chez eux, mieux vaut éviter de faire trop de bruit. Il tente à nouveau de regarder sur son téléphone, toujours rien, comment peut-on encore avoir ce genre de problème en 2022 ? Sachant quand même qu'ils ne sont pas dans un coin perdu, enfin, quoi que maintenant, il commence à penser le contraire, abusé. Rafael hoche la tête, il est d'accord avec sa remarque concernant la silhouette, il n'est pas si curieux que ça, enfin, si, mais il va s'abstenir de prendre ce chemin et d'aller frapper à la porte ou même de se lever pour regarder à travers la fenêtre, tant pis et dans le pire des cas, ça sera leur dernier recours, par contre, il ne peut pas croire qu'ils ne peuvent pas trouver d'aide à des kilomètres d'où ils se trouvent. Quoi qu'il en soit, ils finissent par s'éloigner, même qu'il préfère presser le pas jusqu'au village, très peu éclairé, enfin, forcément, ce n'est pas une grande ville, ce n'est jamais rassurant. « Là-bas. » Il pointe vers une épicerie, qui est encore ouverte à cette heure-ci, voilà leur chance de trouver un téléphone fixe ou peut-être un peu de réseau, tout simplement une dépanneuse quoi, histoire de pouvoir repartir à leur hôtel. Il entre le premier, une petite cloche au-dessus de la porte avertie qu'il y a des clients, mais bizarrement, personne encore à l'accueil. Il en profite pour récupérer deux bouteilles d'eau pour la route.

De retour sur le sentier, Vesper s’aperçoit que ça a l’air encore moins éclairé qu’auparavant. Mais c’est qu’une impression, pas vrai ? Celle de n’avoir pour autre source de lumière que celle de la lune. Et il ne faudrait pas que le temps se couvre sans quoi ils y verraient à peu près aussi bien que dans le derrière d’une vache. Une chance que les téléphones portables soient tous munis d’une fonction lampe-torche depuis des années quand même. Et que celle-ci fonctionne avec ou sans réseau, d’ailleurs. Mais pour l’heure, c’était pas encore trop handicapant. Et puis, pour être honnête, la blonde en est à un âge où toute source de lumière éblouit pas mal ses jolis yeux quand il fait sombre autour, alors mieux vaut éviter si elle ne veut pas bêtement se prendre les pieds dans une racine ou quelque chose de ce genre. Ce qui n’arrive pas. Puis Rafa lui désigne quelque chose du doigt et elle reconnaît l’enseigne d’une épicerie. Qui a l’air ouverte. Un miracle. Mais elle suppose que même les petits villages ont besoin de commerces de nuit. En fait, elle suppose même qu’ils en ont encore plus besoin que les plus grandes villes où tout est plus facile d’accès parce que tout est plus rapproché.
Bref, ils poussent la porte, faisant tinter la clochette annonciatrice de leur arrivée. Mais personne derrière le comptoir. Ni nulle part, de ce qu’elle peut en voir. Ne sachant si cet endroit sera leur planche de salut ou bien s’ils seront contraints de retourner errer dans les bois à la recherche d’allez savoir quoi pour le restant de la nuit, Vesper juge plus malin de faire le plein de barres de céréales et de barres chocolatées. Rien à voir avec son régime habituel mais ils peuvent encore marcher longtemps alors un peu de sucre ne leur fera pas de mal pour se redonner de l’énergie.
« On dirait bien que ça pionce dans l’arrière-boutique. »
Qu’elle commente en ricanant avant qu’un adolescent boutonneux ne sorte d’on ne sait où, à moitié débraillé et rentrant sa chemise dans son pantalon. Elle préfère imaginer qu’il était juste en train de se vider la vessie à leur arrivée et c’est tout.
« Hé ! Vous comptez payer pour ça au moins ? »
Elle fronce les sourcils à ce curieux personnage qui serait presque en train de les accuser de vol et acquiesce.
« Si on avait voulu partir sans payer, on aurait déjà eu tout le temps de le faire, je crois bien. Bref, on cherche un garage ou alors un téléphone pour appeler une dépanneuse. Y a ça par ici ? »

Il n'y croyait pas vraiment, une épicerie encore ouverte, c'est peut-être quelque chose de normal ici, les dépanneurs qui sont ouverts jusqu'à pas d'heure comme les stations de service, au cas où quelqu'un aurait besoin de lait ou de pain pendant la nuit. Enfin, qu'importe, car il s'agit là, d'une bonne nouvelle pour eux, ils ont besoin d'un téléphone et ils en ont forcément un qui fonctionne, ce n'est quand même pas un endroit sans ressource. Non, il doute fortement que cela soit le cas, cela dit, depuis la panne de la voiture, qui ont d'ailleurs laissé sans surveillance, il commence à se dire que tout le monde est contre eux. Bien évidemment, Rafael est loin d'être le genre de personne qui se laisse facilement décourager, sinon il n'aurait jamais participé à la guerre, cela dit, il n'y a rien pour l'instant pour les aider. Pendant que Vesper s'occupe des barres, lui, il prend des bouteilles d'eau. Il la rejoint et sourit à sa remarque, il regarde vers l'arrière-boutique, il manque plus qu'à déranger la personne, mais apparemment, cela ne sera pas utile, étant donné qu'un adolescent fait son apparition et la seule chose qu'il trouve à dire ou plutôt, qu'il préfère pratiquement les accuser de voleur. Bien sûr, ils auraient pu partir sans payer, cela aurait été simple, malgré la clochette au-dessus de la porte, mais avec les caméras, un peu moins, plus, ce n'est pas du tout leur genre de voler dans une épicerie, s'ils ont quand même mieux à faire, comme par exemple, chercher de l'aide. Rafa secoue la tête et il paie ce qu'ils ont pris, sinon il pourrait tout aussi bien d'appeler la police, bien qu'en même temps, cela ne sera pas plus mal, les flics pourraient toujours les aider « Y'a pas de garage ouvert. » Oui, ça, il se doute bien, mais avoir un téléphone, ce serait bien et heureusement, ce, malgré sa mauvaise foi, leur tend un vieux téléphone. « Bien, merci, mais s'ils parlent uniquement en français, je ne risque pas de pouvoir passer l'appel. Pouvez-vous le faire ? » Il ne parle pas vraiment le français, certes, mais le téléphone est dégoûtant, on dirait qu'ils l'ont trouvé dans une décharge. Dans tous les cas, l'employé lève les yeux au ciel avant de s'exécuter. « Hé ben, l'avenir est assuré avec ce genre d'attitude. » Qu'il dit en riant. Bref, manque plus qu'à attendre.

Pas de garage ouvert, mais ce jeunot est en train de la prendre pour une débile. Ce n’est pas ce qu’elle a demandé, elle a demandé s’il y avait un garage. Evidemment qu’elle se doute bien que s’il y en a un, il n’est certainement pas ouvert à l’heure qu’il est. Mais, pour peu que le garagiste vive sur place, y a peut-être moyen de s’entretenir avec lui et de voir si, contre rémunération bien entendu, il ne serait pas d’accord de faire des heures supplémentaires. Un peu énervée parce qu’entre ça et l’accusation de vol, ça fait quand même un peu beaucoup, Vesper pousse un soupir de lassitude et n’essaye même plus de paraître aimable. C’est là que Rafa lui vient en aide en gérant le problème du téléphone. C’est vrai qu’elle n’y a pas songé jusque-là mais comment ça se passe si leurs interlocuteurs ne parlent que français ? Ça lui paraît étrange parce qu’en bonne américaine qu’elle est, elle croit que le monde entier parle anglais, ne serait-ce qu’un peu. D’autant qu’ils n’ont pas tellement rencontré de problèmes jusque-là mais ils se trouvent dans un pays francophone alors le contraire ne devrait pas la surprendre non plus. Bref, tout ça pour dire que Rafa soulève ce point et que l’adolescent, bien qu’il n’ait pas l’air des plus ravis de se plier à leur demande, finit par passer l’appel à leur place. Peut-être qu’il ne connaît pas de garage encore ouvert à cette heure dans le coin, mais il connaît apparemment un dépanneur parce qu’il ne leur demande même pas quel numéro appeler. Ça ne lui dit rien qui vaille.
« Nan mais je te jure. Je comprends bien que ça soit pas le job le plus palpitant au monde, mais s’il traite tout le monde de cette façon, c’est pas un bon plan non plus. »
Elle est même bien tentée de lui faire la leçon à ce propos parce que vraiment, ce gars-là ne doit pas être très apprécié s’il se comporte tout le temps de cette manière, mais quelque chose lui dit que, quoi qu’elle dise, il serait bien capable de juste la prendre pour une vieille aigrie et a-t-elle envie de ça vu l’heure et les circonstances ? La réponse est non. Elle attend que l’autre raccroche et leur donne des nouvelles. Le dépanneur arrive. Et c’est tout. Pas moyen de savoir dans combien de temps ni s’il s’agit effectivement de quelqu’un qui ne parle que français. Rien. Bon. Levant les yeux au ciel et sans un merci, la blonde récupère une barre et une bouteille et décide de prendre congé en allant attendre assise sur le trottoir juste devant. Et quand elle voit Rafa la rejoindre, elle lui lance :
« Je t’aurais bien proposé de visiter un peu ce charmant petit bled paumé mais à tous les coups, le mec va débarquer d’ici cinq minutes, voir que personne ne l’attend et repartir aussi sec. »
Et bien sûr, si au contraire ils l’attendent, c’est plus de trente minutes qu’il va mettre parce que ça se passe toujours comme ça, pas vrai ?

Ce n'est peut-être pas le meilleur plan, mais c'est ce qu'ils recherchent depuis le début de la soirée, un téléphone et en voilà un, il préfère donc se contenter de cela plutôt que rien du tout et continuer de tourner en rond dans une ville inconnue, puisque c'est bientôt la nuit, il aimerait pouvoir rentrer au plus vite à l'hôtel, non, pas qu'il ait peur, loin de là, mais il commence à fatiguer. Donc, non, il n'a pas envie de jouer le difficile, même si l'adolescent est des plus désagréables quand même, ça, il ne peut pas le nier et ça serait difficile de le faire. Rafael fait de même, sans se retourner, il a récupéré la bouteille et la barre, manque plus qu'à attendre et plutôt à l'extérieur qu'à l'intérieur, il manquerait plus qu'ils s'en prennent à ce petit morveux à cause de son arrogance et de son impolitesse. Il préfère donc respirer l'air de dehors, plutôt que passer une seconde de plus dans cette épicerie à côté de ce gamin. « Il n'y a pas l'air d'avoir grand-chose à visiter. Tu as repéré un truc ? » Enfin, avec le peu de clarté dans la rue, il ne voit rien d'intéressant à l'oeil nu, rien qui lui donne envie de s'aventurer. Il faut dire qu'il commence un peu en avoir marre d'être ici, donc, vivement qu'ils rentrent, d'avoir un semblant de sécurité, que rester là, à poireauter toute la nuit. Il s'assoit sur le bord du trottoir, il déballe sa barre pour la manger, il alterne avec la bouteille d'eau. Le temps file, ce n'est qu'au bout d'une quinzaine de minutes qu'une dépanneuse arrive, il n'aurait pas su, si l'homme n'avait pas klaxonné en leur demandant si ce sont eux, les clients. D'abord, en français, puis ensuite, dans un anglais un peu mal prononcé, enfin bref, tant qu'ils arrivent à retourner à l'hôtel, peu importe, finalement, ils se débrouilleront bien avec ça. Tous les trois sur la même banquette, à l'avant, un peu serré, quand même, mais il ne va pas se plaindre, si c'est pour vite en finir. Il indique donc, à peu près le lieu, où ils ont laissé la voiture, sur le bord de la route et c'est parti.

Non, Vesper n’a malheureusement rien repéré en venant. En même temps, elle n’était alors obnubilée que par une seule chose : trouver un téléphone. Alors, elle n’a pas vraiment pris le temps d’observer les alentours. Ce qu’elle aurait pu faire sinon parce qu’elle aime plutôt bien se balader, voir comment les gens vivent, tout ça. Même dans les petits villages comme celui-ci. Ça lui rappelle toujours un peu Abernathy même si les paysages n’ont strictement rien à voir.
« Pas vraiment, mais je suis sûre qu’il doit bien y avoir un office du tourisme dans le coin. »
Très certainement fermé à cette heure. D’ailleurs elle parle mais elle a fini par s’asseoir sur le trottoir, elle aussi. Peut-être bien qu’elle est un peu lasse elle aussi mais c’est pas vraiment son genre de le reconnaître. Dans tous les cas, la dépanneuse ne met pas longtemps à arriver et si le dépanneur parle lui anglais comme une vache espagnole, au moins, il le parle un peu. Assez pour comprendre leurs directives en tout cas et c’est bien tout ce qu’on lui demande. Ils se serrent donc tous les trois sur la banquette de la dépanneuse, la blonde faisant tampon entre les deux hommes. Le côté militaire de Rafa parle ensuite puisqu’il est tout à fait capable de donner à peu de choses près l’emplacement exact d’où ils ont laissé leur voiture de location, et, après avoir refait tout le chemin en sens inverse – mais sans bien sûr couper par la forêt, ce qui fait donc qu’ils ne savent pas si la personne bizarre de tout à l’heure est toujours dans le musée ou non, d’ailleurs ça n’a qu’assez peu d’importance en fin de compte -, les revoilà à leur de point de départ. Comme si elle s’y connaissait en mécanique, Vesper s’accoude à côté du dépanneur qui jette un coup d’œil à leur moteur – ou tout autre pièce que l’on pourrait examiner depuis cet endroit – avant qu’il ne décrète qu’il va falloir changer la courroie de distribution. Qu’il peut s’en charger – au frais de la société de location, bien sûr – mais qu’il n’a pas la pièce et qu’il va falloir attendre le lendemain pour qu’il aille la chercher et l’installer. Une courroie, la texane ne s’y connaît peut-être pas, mais elle se dit quand même qu’une ceinture pourrait tout à fait la remplacer sur quelques kilomètres au moins. Elle pousse un léger soupir et se tourne vers Rafa.
« Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on les oubliera pas de sitôt, ces vacances. »
Puis, se tournant vers le dépanneur, cette fois.
« Pouvez-vous au moins nous déposer à un hôtel du coin ? »