nice to meet you (otis)

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Habituellement, je ne sors que le soir de fin de garde. Ça me laisse le temps de pouvoir profiter de Lilly les autres soirées – même si elle se couche encore tôt à son âge. Mais aujourd’hui, c’est un peu particulier, puisqu’il s’agit de l’anniversaire d’une amie et je ne pouvais pas refuser son invitation. Néanmoins, ayant rendez-vous à la caserne dès demain matin, j’ai annoncé que je faisais acte de présence pour quelques heures seulement. Après ça, je regagnerais la chaleur de mon lit pour être en forme pour les trois jours à venir. L’endroit où nous sommes ne m’est pas inconnu puisque c’est un bar où nous avons l’habitude de venir : l’ambiance y est bonne et les cocktails sortent un peu de l’ordinaire. Et puis, c’est un endroit qui existe depuis plusieurs années maintenant, où nous pouvons voir des têtes qui nous sont maintenant familières. Même si nous sommes des habituées, nous n’en sommes pas encore à faire la fermeture ou à avoir des verres gratuits. Mais nous avons de bonnes relations avec les gérants et nous arrivons parfois à comprendre si des clients sont nouveaux ou pas. C’est d’ailleurs ce qui se passe avec la personne qui franchit la porte. Étant plutôt bel homme, il ne passe pas inaperçu auprès des filles qui m’entourent. Je dois avouer que ce serait mentir de dire qu'il ne dégage rien. Cependant, s'il est ici, c'est sûrement pour voir quelqu'un et non pas pour se faire accoster par des inconnues. Cette distraction passée, nous reprenons nos différentes discussions. La soirée suit son cours et comme on devait s'y attendre, nos verres finissent par se vider. Ayant profité de la gentillesse de mes amies jusqu'ici, je me propose cette fois-ci pour aller faire le plein. Je me lève et gagne le comptoir du bar où je commande plusieurs boissons, pour moi, mais aussi pour certaines de mes partenaires. Pendant que j'attends d'être servie, je tourne la tête des deux côtés et remarque à ma droite l'homme qui est entré tout à l'heure. Visiblement, il est seul. Ou peut-être qu'on lui a posé un lapin – même si je doute qu'il soit le genre de personne à qui on fait ça. « Est-ce que vous buvez seul ? » Pour attirer son attention, ça fonctionne. Mais je réalise rapidement que je l'ai peut-être fait de façon maladroite. « Pardon.. j'aurais dû commencer par un bonsoir. » Je grimace légèrement et remercie le barman qui vient déposer un verre face à moi. « Je ne voudrais pas que vous vous mépreniez : j'ai été bien élevée. » Je n'ai juste pas l'habitude de faire cela, d'accoster des inconnus dans un bar. Mais j'espère que je ne m'y prends pas trop mal, même si j'ignore encore ce que j'ai vraiment derrière la tête avec ce geste.

 « Tu sors ? » C’est assez inattendu pour que ça m’interpelle, voyant ma petite amie se battre avec sa veste. « Oh, je pensais pas que tu étais rentré, je comptais t’envoyer un message. » J’enfouis mes mains dans mes poches alors que mon épaule trouve le montant de la porte. Mes yeux ne quittent pas la jeune femme, coincée dans son fauteuil roulant, mais pourtant profondément débrouillarde. « Je vais voir ma soeur, elle est encore en déprime partie à cause de son connard de mec. Je vais probablement passer la nuit là bas. » Je hoche la tête, et même si elle est de dos, je sais qu’elle me ‘sent’. « Ce serait bien qu’elle te foute pas trop le bourdon quand même. » Il faut dire qu’elle n’a pas besoin de ça. « T’en fais pas, c’est pas la première fois, et j’en ai vu d’autres. » Je sais bien. « Je te dépose ? » Elle semble hésiter un instant, et finit par accepter. Ce sera plus simple que de jongler avec les bus, et puis, je suis disponible, et à son service. Comme la plupart du temps, depuis qu’elle a eu ce foutu accident qui lui a coûté l’usage définitif de ses jambes.
Je la laisse s’installer sur le siège passager de ma voiture pendant que je m’occupe de charger son fauteuil dans le coffre, et nous nous dirigeons vers l’adresse où vit sa soeur cadette, aka le coeur d’artichaut de la famille. Jaime beaucoup cette jeune femme, mais elle a un talent pour s’attirer des ennuis indéniable. J’embrasse ma petite amie et la laisse rouler jusqu’à chez sa soeur, en reprenant le volant. Sur le chemin, je reçois un sms de mon meilleur ami qui me propose d’aller boire une bière dans un bar, étant sur le point de terminer son service à l’hôpital. J’accepte et le rejoins sans tarder dans le bar en question. Pas de raison de repasser par chez moi puisque je suis déjà dans le quartier en question. Un peu en avance, je me gare, entre dans le bar et commande une bière en attendant mon meilleur ami. Le temps passe et pas de nouvelles, je commence à m’impatienter. Et lorsque je m’apprête à sortir mon téléphone pour l’appeler, une jeune femme m’interpelle. « Est-ce que vous buvez seul ? » Oh, c’est quoi cette question ? Est-ce que je m’alcoolise sans être accompagné ? Ça sous-entend qu’elle me prend pour un alcoolique ? Je reste un peu interdit face à sa question, les yeux rivés dans les siens, sans savoir quoi répondre. « Pardon.. j'aurais dû commencer par un bonsoir. » Effectivement, ça aurait aidé. « Je ne voudrais pas que vous vous mépreniez : j'ai été bien élevée. » Je laisse échapper un léger rire, bien qu’un peu pris de cours je dois dire. « Je euhm… Non, en réalité j’attends un ami, mais je n’ai toujours pas de nouvelles. » Un nouveau regard sur l’écran de mon téléphone, rien. « C’est interdit de boire seul dans ce bar ? » Un nouveau verre arrive pour la jeune femme et je décide de m’en amuser, en réponse à sa première question. « Et vous, si vous buvez seule, vous avez une sacré descente ! » Je ris légèrement, et finis par recevoir un message de mon meilleur ami. « Oh. Bon, et bien c’est officiel. Je bois seul. » Mais du coup, je ne vais pas rester.

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Je ne sais pas vraiment pourquoi je lance la conversation avec cet homme. Cependant, maintenant que c’est fait, je ne peux plus vraiment faire marche-arrière. Cela aurait été n’importe qui d’autre, je me serais sûrement retenue, mais le fait que nous avons rapidement parlé de lui tout à l’heure, avec mes amies, a aidé à ce que je me libère un peu plus facilement. Un peu trop peut-être même. N’étant pas habituée à faire cela, je suis un peu maladroite et je le comprends rapidement lorsqu’il me répond. « Pas du tout. Mais vous ne donnez pas l’impression d’être un homme qui a l’habitude de le faire. » Ou alors, peut-être que ce sont mes préjugés qui parlent pour moi. Je suis sûre qu’ici, il y a un bon nombre d’hommes et de femmes qui accepteraient de partager un verre avec lui pour lui offrir un peu de compagnie. Par chance, avec sa seconde remarque, je comprends qu’il n’a pas forcément mal pris ce que j’ai pu dire. « Il ne faut pas le dire, mais je suis testeuse officielle de cocktails ici. Si je les aime, ils finissent sur la carte, sinon aux oubliettes. » Pour l’instant, je reste dans son sens en partant du principe que toutes ces boissons sont pour moi. Même s’il n’est sûrement pas dupe : il doit bien se douter que je fais simplement la navette pour servir d’autres personnes – quoique, des habitués pourraient certainement boire ce nombre de cocktails en une soirée. D’ailleurs, j’en suis à combien déjà ? « Ils font sûrement ça pour me voir danser sur le bar un peu plus tard. » Grâce à plusieurs années d’expérience, je tiens plutôt bien l’alcool. Néanmoins, arrivée en fin de soirée, il n’est pas rare que je fasse certaines choses qui sortent un peu de l’ordinaire. Danser sur le bar, ce serait bien la première fois. Mais enflammer la piste de danse, non. Quitte à me bouger un peu, autant le faire à des endroits qui sont prévus pour ça. Le jeune reçoit un message, qui malheureusement ne va pas vraiment dans son sens pour ce soir. « Mince.. je vais finir par croire que je vous ai porté malchance. » Peut-être que si je n’avais pas évoqué le fait qu’il buvait seul, alors peut-être que son ami se serait pointé d’une minute à l’autre. « Je peux peut-être me joindre à vous pour réparer ma maladresse. » Ceci n’est qu’une proposition. Si jamais il refuse, alors je repartirais d’où je viens, mes verres entre les mains. En parlant d’eux, qu’il accepte ou non, je vais devoir les donner à leurs propriétaires. Des propriétaires qui regardent dans ma direction depuis plusieurs minutes maintenant, je le sens, je le sais. « Je tâcherais d’être de bonne compagnie, mais je ne promets rien. » Avec ma maladresse, celle qui semble m’accompagner depuis le début de cette conversation, nous ne sommes pas à l’abri d’une ou deux boulettes. Pour être honnête, je ne sais pas vraiment ce qui me prend à faire tout cela. À l’accoster et maintenant à lui proposer de passer un moment ensemble. Est-ce qu’il m’a tapé dans l’œil, comme il a pu le faire avec d’autres personnes ici ? Peut-être. Mais clairement, ce n’est que physique pour l’instant et comme me l’a rappelé ma mère récemment : tant que je m’amuse, c’est l’important.

« Pas du tout. Mais vous ne donnez pas l’impression d’être un homme qui a l’habitude de le faire. » Effectivement, puisque ce n’est pas le cas. Si j’avais des poches rouges sous les yeux, peut-être que la déduction aurait été facile. Mais si je bois seul, elle a l’air de boire beaucoup. Je me doute bien que ce n’est pas tout pour elle, mais je m’en amuse. « Il ne faut pas le dire, mais je suis testeuse officielle de cocktails ici. Si je les aime, ils finissent sur la carte, sinon aux oubliettes. » J’arque un sourcil, amusé, et repose mon regard sur les cocktails en question. « Si c’est comme le vin et que tu n’en bois qu’une gorgée ou deux de chaque, ça passe. » Enfin, il faut quand même tenir à l’alcool, parce qu’elle en a déjà un paquet. « Ils font sûrement ça pour me voir danser sur le bar un peu plus tard. » Cette fois c’est un rire qui franchit la barrière de mes lèvres. Elle n’est pas seulement jolie, elle est drôle aussi, et c’est un véritable atout en ce qui me concerne. Le sms de mon ami me désole, je ne vais pas rester bien longtemps dans les parages du coup. « Mince.. je vais finir par croire que je vous ai porté malchance. » annonce-t-elle après que je lui ai fait part du message reçu. J’aurai très bien pu inventer cette histoire, j’imagine que des hommes utilisent ce genre de pièce bien ficelé pour attirer les jeunes femmes à boire un verre avec eux. Moi, je ne suis qu’un pauvre gars qu’on vient de lâcher, c’est la pure vérité. « Je peux peut-être me joindre à vous pour réparer ma maladresse. » Je penche très sensiblement la tête sur le côté, surpris par la proposition de la jeune femme. Je n’étais pas du tout là pour partager un verre avec une jeune femme, mais je dois dire qu’elle m’intrigue beaucoup. « Je tâcherais d’être de bonne compagnie, mais je ne promets rien. » « Je suis sûr que ça ne doit pas être bien compliqué. » Elle est déjà de bonne compagnie, si je suis honnête avec moi-même. « Je peux t’aider à apporter ça, avant de boire quelque chose ensemble ? » dis-je en direction des cocktails qui s’entassent sur le bar, à côté de ma bière. La jeune femme accepte, et je récupère trois verres, la suivant pour aller déposer ces derniers sur la table des gens qui l’accompagnent. « Bonsoir, je suis désolé, je vous l’emprunte. Elle a perdu un pari, on doit partager un mojito. » J’adresse un sourire complice à la jolie brune, et nous repartons en direction du bar. Une fois un peu plus éloignés, je précise : « Enfin un mojito, ou ce que tu voudras. Je te l’offre, pour te remercier de ta bonté d’âme, de pas me laisser seul à mon propre sort ! » Je ris légrement et me hisse à nouveau sur le même tabouret de bar que tout à l’heure. « Au fait, je m’appelle Otis. » Evidemment, j’attends d’elle qu’elle se présente à son tour, et que j’ai le plaisir d’entendre le prénom qui va avec ce si joli sourire.

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Finalement, engager la conversation avec lui n'était pas une si mauvaise chose. Car malgré la carrure qu'il impose, l'homme ne semble pas désagréable. En réalité, il se pourrait même qu'il soit gentil, drôle et qu'il colle parfaitement au style d'homme que j'aime habituellement. Et puis, à cause d'un malencontreux événement, il se retrouve seul ce soir : c'est à se demander si ce n'est pas un signe du destin. Que ce soit le cas ou non, je décide de saisir ma chance et de lui proposer de l'accompagner, au moins pour quelques minutes. Cette idée ne semble pas lui déplaire, puisqu'il accepte sans trop hésiter. Il se propose même pour m'aider à donner les boissons qui se trouvent face à moi à mes amies – je vais être honnête, je les avais un peu oubliées. Il prend trois verres et je me saisis des autres. Avant même que j'ai eu le temps de dire quelque chose, le jeune homme prend les devants et avoue à mes amies vouloir passer la suite de la soirée avec moi. Ce n'est pas exactement ce qu'il dit, mais on s'en rapproche quand même. Aucune des filles face à nous n'ose dire quelque chose pour le contredire, mais je remarque aisément leurs sourires malicieux sur leurs visages : si elles restent silencieuses là, elles ne le seront certainement pas plus tard quand elles me demanderont des détails. Accompagnée de l'inconnu, je reprends mes distances avec le groupe et retourne vers le bar où nous étions un peu plus tôt. « Un mojito, c'est très bien. » Dis-je, un large sourire sur les lèvres. Comme il a pu le comprendre un peu plus tôt, je ne suis pas très compliquée en terme de cocktail, alors si c’est celui qu’il préfère, je m’en accommoderais facilement. Contrairement à tout à l’heure, je m’installe un peu plus confortablement en prenant place sur le tabouret libre à côté de lui. « Enchanté Otis. Je m’appelle Romi. » Les présentations faites, je le laisse commander notre boisson. « Rassure-moi, ton ami existe bien. Ce n’était pas qu’un stratagème pour qu’une fille t’aborde et te propose un verre ? » À bien y réfléchir, c’était sûrement un peu risqué : qui sait, peut-être qu’il aurait pu finir la soirée seul. Néanmoins, je reste sur cette idée, juste pour m’amuser un peu de la situation. « Si c’est ça, c’est bien joué et je suis tombée dans le piège. » Je hausse légèrement les épaules, comme pour m’avouer vaincue. Nous ne nous connaissons pas et je doute que cette rencontre aboutira à quelques choses, alors autant en profiter un peu pour rendre cette soirée meilleure. Le barman se positionne face à nous et dépose le mojito sur le bar. « Un verre avec deux pailles ? » Cette question s’adresse à Otis et non à cet homme qui n’a rien fait d’autre que servir un client. « Monsieur Otis, je vais finir par croire que vous me draguez. » Mon visage, jusque là sérieux, laisse place à un sourire. J’aurais dû m’attendre à ces deux pailles : il a parlé de partager une boisson à deux. « Si vraiment tu as soif, nous pouvons peut-être en commander un autre. » Dis-je amusée.

Je ne suis pas dupe. A en voir les regards de la tablée, alertant entre la jeune femme qui vient de m’accoster, et moi, je comprends bien qu’il se trame quelque chose. Et si c’était un pari que de m’aborder ? Je garde la question pour plus tard. En attendant, je prétends qu’elle a perdu un pari, et se trouve dans l’obligation de partager avec moi un mojito. Une fois de retour au bar, je la laisse choisir, et mentionne le fait que je paierai ce verre. « Enchanté Otis. Je m’appelle Romi. » Romi, c’est un très joli prénom, j’aime bien. « Rassure-moi, ton ami existe bien. Ce n’était pas qu’un stratagème pour qu’une fille t’aborde et te propose un verre ? » J’arque un sourcil, me demandant si elle n’a pas le pouvoir d’entendre les pensées des gens. C’est de la télépathie ou je ne m’y connais pas… « Si c’est ça, c’est bien joué et je suis tombée dans le piège. » Je ris un peu face à cette saute de sentiments que je viens de ressentir, comme des montagnes russes. d’abord un peu la peur qu’elle me prenne pour qui je ne suis pas, et ensuite l’assurance que quoi qu’elle pense, elle semble agréablement ‘tombée dans le panneau’. « Non, je suis pas du tout de ce genre là, y’a bien d’autres façons de draguer une fille, sans avoir à user de ce genre de piège idiot. » En plus, je ne suis pas trop con, ni trop moche. Et puis, j’ai assez de courage pour aborder une fille si elle me plait. Enfin, c’était le cas avant que je ne sois en couple en tout cas.
Un verre arrive sur le comptoir et je suis aussi surpris qu’elle. « Un verre avec deux pailles ? » Je cligne quelques fois des yeux, me tourne vers le barman qui m’adresse un clin d’oeil complice. Quoi ? Mais j’ai rien demandé ! « Monsieur Otis, je vais finir par croire que vous me draguez. » Bordel de merde, j’avais pas du tout prévu ça. « Oh… euh… pas que tu ne sois pas mon genre - au contraire - mais qu'on soit clairs, j’ai absolument pas commandé un verre avec deux pailles. » Mais je m’en amuse aussi. Elle propose de commander un autre verre et hausse les épaules. « Il est balaise, j’ai déjà bu une bière, je vais pas boire un mojito entier de cette taille là. Mais si tu te sens les épaules, je t'en prie ! » Je n'insinue rien, même si d’une manière générale les femmes, de par leur corpulence, ont tendance à moins bien tenir à l’alcool, je sais par expérience qu’il y a des exceptions à la règle. J’approche mon visage de la boisson pour attraper la paille et boire deux bonnes gorgées. En plus, il est chargé. « Je ne sais pas si tu voulais t’échapper de ton groupe d’amis oui c’était un pari, mais l’un comme l’autre, ça me fait plaisir de partager ce verre avec toi. » Je lui offre un sourire dont j’ai le secret, même si la plupart du temps, c’est inconscient. « Tu habites ici, à Wellington ? » Je m’en serai souvenu si je l’avais déjà croisée avant aujourd’hui…

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Cette rencontre est quelque peu surprenante, mais j'ai comme l'impression que je ne suis pas à l'abri de nouvelles surprises avec lui. Ce qu'il dégage est positif et me donne presque envie d'en apprendre plus sur lui. Pourquoi presque ? Parce qu'en fonction de ce qui pourrait se passer ce soir, je ne le reverrais sûrement jamais, alors à quoi bon s'acharner. À mesure que le temps passe, la situation penche dans un sens, celui où la drague s'invite naturellement. C'était peut-être un peu déjà le cas avant, mais c'est bien ce verre avec deux pailles qui lance vraiment les hostilités. Je ne peux m'empêcher de faire une remarque à ce sujet et malheureusement, même si je semble être le genre de femmes qui pourrait lui plaire, Otis n'est pas à l'origine de cette demande. En voyant la taille du verre, l'homme décline poliment ma proposition d'en prendre un deuxième – il faut croire que l'idée de partager ne lui déplaît pas tant que ça. Je le laisse boire une gorgée de notre boisson, puis je l'imite. « J'ai comme l'impression que tu veux me voir danser. » Ce mojito est plutôt chargé en alcool et il n'est pas impossible que bientôt, je me retrouve un peu désinhibée. Néanmoins, pour la composition de ce cocktail, il n'y est pour rien. Entre ça et les deux pailles, je me demande si son ami n'est finalement pas le barman. « Un pari ? Bien que joueuse, profiter de la naïveté de certaines personnes ne fait pas partie de mes principes. » Bien sûr, tout ça, il ne peut pas le savoir : il ne me connaît pas. Mais pour remédier à cela, je décide de lui donner une certaine explication sur les réactions qu'on pu avoir mes amies lorsqu'il a évoqué ce verre à partager. « Elles sont juste contentes pour moi, que je puisse passer la soirée avec un agréable jeune homme. » Ce compliment à son égard sort naturellement de mes lèvres. Avec lui, je suis honnête et je laisse parler l'attirance grandissante que j'ai pour lui. Accoudés à ce bar, la conversation se fait facilement et Otis commence à poser des questions. « Pas exactement. Je vis en banlieue, à Island Bay. Mais il m'arrive souvent de venir ici, dans ce bar ou même en ville. » Je me sens obligée de préciser cette histoire de ville, ne voulant pas qu'il me prenne pour une fille qui vient ici chaque soir pour boire un ou deux verres. « Je peux ? » Dis-je, en pointant du doigt l'un de ses bras. C'est assez surprenant comme question, mais il n'a pas de soucis à se faire, je ne vais pas lui faire de mal. Après son accord, je rapproche un peu plus mon doigt de son biceps et viens appuyer légèrement dessus. « Ils sont vrais, je suis impressionnée. » Depuis tout à l'heure, j'avais cette envie et vu l'originalité de nos échanges, je ne pouvais pas passer à côté de ça. « Tu aimes faire du sport ou je me trompe complètement ? » En réalité, il peut y avoir plusieurs explications à cette carrure qu'il a. Le sport, comme je l'ai déjà évoqué, mais aussi un bon métabolisme. Pourquoi est-ce que je m'intéresse à ce détail-là ? Je ne sais pas vraiment, peut-être parce que les activités physiques font pleinement partie de mon quotidien.

« J'ai comme l'impression que tu veux me voir danser. » Je vois que le serveur, en nous servant un double mojito dans un seul verre avec deux pailles, a clairement lancé les hostilités. J’arque un sourcil après sa phrase, et je ne peux retenir mon regard de glisser sur elle. « Je dois dire que l’idée n’est pas désagréable. » Je n’y avais pas pensé avant qu’elle ne me la mette dans la tête, mais maintenant qu’elle y est, je vais avoir du mal à m’en débarrasser. « Un pari ? Bien que joueuse, profiter de la naïveté de certaines personnes ne fait pas partie de mes principes. » Je hoche alors la tête, rassuré sur ce point. « Bien, au moins, on est deux. » Puisque je lui ai assuré ne pas l’avoir prise au piège un peu plus tôt, avec cette histoire de faux plan de mon ami. C’était bel et bien la réalité. « Elles sont juste contentes pour moi, que je puisse passer la soirée avec un agréable jeune homme. » Je souris, penchant légèrement la tête sur le côté, flatté à ce compliment à moitié déguisé. « J’en déduis que tu n’as pas d’attache, donc. » Elle peut bien être en couple et aller voir ailleurs, mais j’ai bien remarqué qu’elle ne portait pas d’anneau à son annulaire. Oui. J’ai regardé.
Je commende à poser des questions, la première concerne l’endroit où elle vit. Pas que ce soit important particulièrement, mais je m’intéresse à elle, c’est ce qu’on appelle un échange. Même si elle me plait - comment pourrait-il en être autrement - je continue de me rabâcher que je suis en couple et fidèle. « Pas exactement. Je vis en banlieue, à Island Bay. Mais il m'arrive souvent de venir ici, dans ce bar ou même en ville. » Mon cerveau bug un instant. Island Bay. Cette petite ville de banlieue où ma mère vit depuis deux ans, et où j’ai décidé de m’installer aussi. Je ne sais pas quoi penser de cette information. Mais je n’ai pas le temps de trop réfléchir qu’elle pointe du doigt mon biceps en me demandant si elle peut. Elle peut quoi ? Toucher si c’est pas un ballon de baudruche ? « Ils sont vrais, je suis impressionnée. » Je me mets à rire naturellement, amusé par sa spontanéité. « C’est le travail de toute une vie. » « Tu aimes faire du sport ou je me trompe complètement ? » Je pense que si j’avais cette musculature de naissance sans l’entretenir, ce serait inquiétant. « Oui, je suis acrobate. Ceci explique cela. » Je reste un peu évasif sans trop savoir pourquoi, mais je ne mens pas pour autant, il y a une part de vrai. Mon regard glisse à nouveau sur elle, et ses bras à elle aussi, qui sont très bien dessinés. « Mais je ne suis pas le seul qui s’entretient. » Je ne demande pas la permission pour ma part, et dessine simplement la courbe de son épaule du bout de mon index. « Je ne te vois pas soulever de la fonte. Mais tu dois avoir un boulot physique. Je t’imagine bien coach sportive ! » J’associe pas mal sa musculature naturelle à celle de ma mère, quelqu’un qui fait du sport très régulièrement, et c’est très joli…

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Pour plaisanter, je ne peux m'empêcher d'évoquer la danse, une nouvelle fois – à croire que ce soir, il s'agit de mon fil conducteur. Mais s'il pense que je vais me mouiller seul, il se trompe complètement. « Si je danse, ça ne sera pas seule ! » Bien sûr, j'entends par là qu'il devra m'accompagner. Cependant, je ne suis pas certaine que cela sorte réellement comme ça de mes lèvres. Tant pis, je devrais être plus subtile. Lorsqu'il évoque un éventuel pari réalisé avec mes amies, je me sens obligée de le corriger : me servir de quelqu'un dans le but d'arriver à mes fins, sans que ce soit consenti, ça ne me ressemble pas. Une opinion qu'il semble partager, ce qui a le don de me faire sourire. Le jeune homme, avec ce que je peux lui dire, tire la conclusion que je n'ai personne dans ma vie. Drôle, charmant et en plus de cela, intelligent. Que demander de plus ? « Exactement, je suis libre comme l'air. » Autant mettre les choses au clair directement, même si je n'évoque pas encore que toutes mes dernières relations ont duré le temps d'une nuit. S'il rentre dans mon jeu comme il le fait, c'est peut-être que nous partageons le même avis là-dessus aussi. Doucement, nous commençons à faire connaissance et si Otis m'interroge sur l'endroit où je vis, je m'intéresse plutôt à ses muscles qui m'ont frappé dès le début – super, il n'y a rien de mieux pour passer pour la fille superficielle. « Acrobate ? C'est surprenant. Tu fais cela dans un cirque ? » Son activité me prend quelque peu au dépourvu puisque je m'attendais sûrement à tout sauf à cela. Mais il faut bien de tout pour faire un monde, n'est-ce pas ? À son tour, il vient détailler certains de mes muscles du bout du doigt et instinctivement, sans réellement savoir pourquoi, je me retrouve à pincer ma lèvre inférieure entre mes dents. « J'aime donner des ordres, mais malheureusement, je ne suis pas coach sportive. » Peut-être que j'aurais pu, dans une autre vie. « Il faut croire que porter des packs d'eau a fini par payer. » Volontairement, je fais le choix de ne pas être trop honnête avec lui. Loin de moi l'idée qu'il ne mérite pas des réponses justes. Mais pour une fois, je ne suis pas de garde et ne traîne pas avec des collègues, alors j'aimerais autant rester loin de la caserne. Mon métier occupe un bon nombre de mes journées et de mes nuits, mais je suis sûre que nous arriverons facilement à trouver un autre sujet de conversation quand le moment sera venu. Pour l'instant, je ne peux m'empêcher de remarquer que j'arrive à reconnaître la chanson qui passe en fond, contrairement à tout à l'heure. « C'est moi ou la musique est un peu plus forte ? » Si ce n'est pas un signe du destin, je ne sais pas ce que c'est. Je me saisis de notre verre commun et viens avaler une grosse gorgée du mojito. « Je crois qu'il est venu le temps pour nous d'animer la piste de danse. » Je descends du tabouret où j'étais installée et lui tends l'une de mes mains. Il ferait mieux de se faire à l'idée, je ne lâcherais pas prise tant qu'il ne m'aura pas accompagné au moins une fois.

« Si je danse, ça ne sera pas seule ! » J’arque un sourcil, plutôt amusé. Et si je n’étais pas un bon danseur, est-ce qu’elle voudrait quand même danser avec moi ? Je n’estime pas être réellement un ‘bon danseur’, mais disons que je me débrouille, et que j’arrive à ne pas être trop ridicule quand je dois bouger mon corps. Je ne relève pas pour autant, et cherche simplement à en savoir plus sur elle. Libre comme l’air, c’est ce sur quoi elle appuie après ma déduction qu’elle n’ait aucune attache. Je comprends pourquoi ses amies l’ont quelque peu poussée vers moi. Mais de mon côté, je ne suis pas ‘sans attache’, alors je ferai mieux de calmer le jeu avant qu’elle imagine quoi que ce soit.
« Acrobate ? C'est surprenant. Tu fais cela dans un cirque ? » Je lui offre un large sourire. C’est vrai qu’en général, dans l’inconscient collectif, les acrobaties sont liées au cirque. Mais non, je ne suis pas une bête de foire. Et même si je respecte profondément ces artistes, je ne suis pas de ce genre là. « Non, en fait je fais du parkour, et des cascades pour quelques films et séries. » J’ai l’avantage de ne pas avoir énormément de compétition, puisque je ne peux doubler quasiment que des acteurs de couleur. A mon tour de chercher à en savoir plus sur son activité. « J'aime donner des ordres, mais malheureusement, je ne suis pas coach sportive. Il faut croire que porter des packs d'eau a fini par payer. » Je plisse un peu les yeux face à tant de mystère. Une part de moi aurait envie d’en savoir plus, de comprendre, et une autre part a simplement envie de garder ce côté mystérieux. J’avoue que c’est plaisant aussi, de ne pas tout savoir.
Nous nous approchons en même temps de notre verre et lorsque je glisse la paille entre mes lèvres, j’ai tout le loisir de la regarder d’un peu plus près. Beaucoup plus près même. Ses yeux bruns sont magnifiques et le pétillement que j’y vois pourrait très vite me faire chavirer. A moins que ça ne soit le rhum qui commence à faire son effet ? « C'est moi ou la musique est un peu plus forte ? » La question semble presque rhétorique, elle ne me demande pas mon avis, c’est plutôt un constat. Et je suis d’accord avec elle. Je sens le vent venir, et déjà elle a sauté de son tabouret pour fouler le sol de ses pieds. « Je crois qu'il est venu le temps pour nous d'animer la piste de danse. » Ah. Ok. C’est donc maintenant. Quelle énergie ! Je crois que je n’ai pas vraiment le choix… Enfin, si, je sais que je l’ai, mais je préfère me dire que je ne l’ai pas. Je me saisis de sa main tendue, et me faufile avec elle au milieu des gens qui dansent, et qui sont plus nombreux que tout à l’heure à cause de la montée du volume sonore.
Je continue d’observer la jeune femme, sa légèreté, son côté espiègle et son assurance. Elle est tout ce qui me fait craquer chez une femme, et en plus de ça elle est tout à fait mon style. Je sais que je dois faire attention, mais le rhum est en train de griller mes derniers neurones encore lucides. A mesure que les notes s’enchaînent, je prends de plus en plus de plaisir à danser avec elle. Je fais un peu le con avec quelques mouvements clichés, et nos rires se mêlent d’une manière bien trop agréable pour être réelle. Naturellement nos corps se rapprochent, la tension est palpable, même si je sais que je ne devrais pas, je me sens attiré par elle comme un aimant. Mes mains se perdent sur son corps, je devrais brûler d’une autre façon que celle qui me consume, je ne devrais pas glisser sur cette pente dangereuse, et pourtant j’en ai terriblement envie. « Est-ce qu’il y a un seul homme que tu n’as pas fait succomber avec quelques pas de danse ? » la question a été posée au creux de son oreille, pour filtrer au maximum la musique. Nos corps sont bien trop proches pour que la raison ait encore son mot à dire.

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Hormis pour échanger nos prénoms, nous ne pouvons pas vraiment dire que nous utilisons des questions d’usage pour faire connaissance. Mais c’est ce qui me plaît avec lui, contrairement à d’éventuels rabats-joie, cela ne le dérange pas. Il apprend que je suis seule et moi, qu’il a pour habitude de faire quelques cascades. Je commence par penser qu’il fait cela dans un cirque, mais il me corrige rapidement et je ne peux m’empêcher de grimacer légèrement, le temps de quelques secondes. Je crois qu’inconsciemment, mon boulot prend le dessus sur le reste. Je ne sais pas exactement les limites qu’il a et à quel niveau il le fait, mais j’ai la sensation que ça peut être dangereux – il faut dire qu’une simple galipette mal réalisée peut mettre les gens en danger. Je pourrais lui faire la morale et lui indiquer que les pompiers ont d’autres choses à faire que de venir au secours de personnes qui courent après l’adrénaline, mais en faisant ça, je mettrais à mal la couverture que j’essaye de me créer. À la place de ça, je décide de ne rien ajouter et de l’inviter à danser. Je l’ai prévenu un peu plus tôt, alors ce n’est pas comme s’il pouvait être surpris. Je lui tends ma main et il s’en saisit, m’accompagnant ainsi sur la piste de danse. Otis joue le jeu et je trouve cela très agréable. Nous commençons à bouger, avec d’autres personnes autour de nous, mais rapidement, j’arrive à faire abstraction de leurs présences. Il ne reste que nous, que lui. C’est ce qui me plaît dans ce genre de soirée, d’oublier tout le reste juste pour quelques heures. Demain, je redeviendrais lieutenant de pompier, maman de la petite Lilly. Mais ce soir, je suis Romi, une jeune femme pleine de vie qui demande juste à s’amuser. Inconsciemment, mon corps se rapproche de celui de l’homme face à moi et je laisse un frisson parcourir mon corps lorsque je sens sa main se poser sur moi. Je ne sais pas trop ce qui m’arrive, je crois que c’est l’image qu’il renvoie qui me fait autant d’effet. Cette sensation d’être protégée par un homme que je ne connais pourtant pas. « Est-ce que je dois comprendre que tu es en train de succomber, toi aussi ? » Poser une question pour ne pas avoir à répondre à la sienne est sûrement la meilleure des solutions. Lui avouer à ce moment précis que je suis une femme à homme, ou même une femme à femme, ce n’est pas l’idéal et pour être honnête, je ne suis pas sûre que ce soit exact. Certes, j’aime m’amuser depuis le départ d’Alice – principalement par peur de m’attacher de nouveau, mais s’il arrive qu’un soir je rentre seule, ce n’est pas un réel problème pour moi : je ne suis pas non plus une addict à ce genre de relations. Si je suis comme cela aujourd’hui, avec lui, c’est bien parce que le destin a mis le jeune homme sur mon chemin. Le destin ? Oula, peut-être que je m’emballe un peu. Ou alors, c’est la courte distance qui existe entre nous qui me fait réfléchir comme cela. En parlant d’elle, je profite d’avoir Otis proche de moi pour lui murmurer quelques mots en retour. « J’aime cette idée. » Pour le coup, je pense qu’il n’y a rien de surprenant là-dedans. Qui n’aime pas avoir un peu d’attention? Et puis, plaire, ça fait toujours plaisir. Surtout quand il s’avère que c’est réciproque. Je balance mon corps de gauche à droite, au rythme de la musique, et doucement, l’une de mes mains remonte le long de son dos, jusqu’à venir s’accrocher au niveau de sa nuque. Autant dire que pour se contrôler, ce n’est pas la bonne solution : un peu plus proche de lui, je n’ai désormais plus envie que cela change. « Tu me plais. » Je ne prononce pas ces mots très forts, mais de par leur simplicité, le jeune homme pourrait facilement les comprendre en les lisant sur mes lèvres. Surtout qu’à bien y réfléchir, qu’est-ce que je pourrais dire d’autres dans une telle situation ? De par notre différence de taille, j’invite l’acrobate à se pencher quelque peu vers moi. Nos bassins collés l’un à l’autre, il n’y a vraiment plus rien qui compte maintenant et c’est sûrement pour cela que je viens me percher un peu plus sur la pointe de mes pieds pour venir m’emparer de ses lèvres. Selon moi, ce baiser n’attendant que ça. Il était là, si proche et bien sûr, inévitable. D’abord tendre, il devient rapidement plus passionné, à l’image de la danse que nous partageons.

J’ai l’impression d’être dans un univers parallèle. Depuis toujours, j’ai grandit avec des valeurs, et le respect était probablement la plus importante de toutes. Et dans le respect se trouve aussi la fidélité. Pourtant ce soir, même si je me suis efforcé un moment de garder à l’esprit mon histoire - bien que compliquée - avec Sara, je dois dire que la gymnastique s’est amoindrie. A cet instant, j’ai le sentiment de n’avoir aucune attache, je me sens comme envoûté et je ne cherche même pas à lutter. J’ignore si elle a un pouvoir particulier, peut-être est-ce une sorcière, une chamane ? Je suis absorbé par son regard, par notre complicité, tout me semble si naturel que c’est comme si j’étais dans un rêve. Voilà. Rien de tout ça n’est réel, et de ce fait, je peux faire absolument tout ce dont j’ai envie. « Est-ce que je dois comprendre que tu es en train de succomber, toi aussi ? » demande-t-elle en réponse à ma propre question. Elle est joueuse, et je me sens emporter dans ce tourbillon de séduction, alors que je ne devrais pas. On ne peut pas dire que ce soit à cause de l’alcool que j’ai bu. Non, c’est elle, tout simplement. Je fais le choix de ne pas répondre à sa question et me contente d’un léger sourire, qui saura lui envoyer le message qu’elle voudra. « J’aime cette idée. » Elle estime donc que je suis en train de chavirer, à cause de ces quelques pas de danse. Enfin, s’il n’y avait que ça. Et puis, elle n’est pas tout à fait dans le faux. Pas du tout même.
Le rapprochement est de plus en plus intense et s’il m’était déjà difficile de succomber, je me rends compte à mesure que les secondes s’égrainent, qu’il m’est maintenant impossible de faire quoi que ce soit pour m’éloigner d’elle. Je suis tout bonnement envoûté. « Tu me plais. » me dit-elle droit dans les yeux, ses bras déjà autour de mon cou. Mes ains viennent se poser à sa taille, glissant presque malgré moi dans le creux de ses reins. Qu’est-ce que je suis en train de faire exactement ? Je n’ai pas entendu les trois mots qu’elle a prononcé, mais j’ai eu tout le loisir de les lire sur ses lèvres, et c’est bien suffisant. Je me pince un peu les lèvres dans un demi-sourire, je me sens con, et pourtant incroyablement bien. Il y avait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle connexion avec quelqu’un.
Les vingt bons centimètres qui nous séparent dus à notre taille ne sont rapidement plus un frein. D’une pression légère sur ma nuque, elle m’incite à me pencher dans sa direction, alors que, sur la pointe des pieds, elle gagne quelques centimètres. Et sans attendre, voilà que nos lèvres se trouvent dans un baiser appuyé. Mon coeur tambourine à tout rompre dans ma poitrine, le petit ange sur mon épaule me hurle de partir, alors que le petit démon trépigne en me poussant à poursuivre cet échange déjà charnel. Je me sens incapable de tout arrêter maintenant, je n’ai aucune envie de partie, aucune envie de me séparer d’elle. C’est mal, mais à cet instant, c’est tout ce dont j’ai envie. Notre échange s’intensifie et la danse que nous partageons est de plus en plus lascive et langoureuse. Ma main au creux de ses reins perd de l’altitude, juste assez pour intensifier l’échange sans qu’il ne devienne salace pour autant. « Cette soirée est définitivement plus intéressante que ce qu’elle aurait dû être… » Je ris un peu et plonge mon regard dans le sien avec intensité. Je sais ce que j’y lis, et j’ai la même envie qu’elle de quitter cet endroit pour poursuivre cet univers parallèle qui nous lie sans que je ne comprenne pourquoi.

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Comme le souligne l'homme face à moi, cette soirée est bien plus intéressante que ce qu'elle ne laissait présager. Il faut dire que nous ne venions pas ici avec de réelles attentes et voilà que maintenant, nous nous retrouvons à flirter. Dans ce sens-là, la soirée ne peut être que plus belle et étrangement, ou plutôt naturellement, je n'ai pas envie de la voir se terminer aussi vite. Ce baiser échangé, je recommence à danser contre lui. Je ne dois pas être trop gourmande, sinon je ne vais plus avoir envie de rester ici. Et ça, je ne sais pas si c'est ce qu'il veut. « Ton ami ne danse pas comme cela ? » Sans trop d'hésitation, je fais référence à la soirée qu'il aurait pu avoir si son ami n'avait pas annulé au dernier moment. Je ne le connais pas, mais j'ose espérer que l'optique de danser avec moi est plus réjouissante que celle de partager un verre avec lui. « Tu pourrais lui apprendre, car tu t'en sors très bien. » Je ne savais pas vraiment dans quoi je m'embarquais en lui proposant de m'accompagner. Mais je suis loin d'être déçue du spectacle qui s'offre sous mes yeux, surtout après le rapprochement que cela a pu entraîner. « Enfin.. tu pourrais lui apprendre certaines choses. » Pour la danse, je ne vois aucun mal à ce qu'il lui donne des cours. Mais pour ce qui est des baisers, je préfère les garder pour moi, au moins le temps d'une soirée. Ce n'est d'ailleurs que ce que je demande : une soirée hors du temps, une nuit peut-être même, si nos envies finissent sur la même longueur d'ondes. En parlant d'envie, la mienne me pousse à vouloir me rapprocher de lui, une nouvelle fois. Maintenant que nous avons franchi cette étape, je ne souhaite plus vraiment faire marche-arrière et autant être un peu gourmande, non ? Surtout que si le jeune homme ne voulait pas, il m'aurait déjà repoussé. L'une de mes mains se posent sur son torse et je me hausse une nouvelle fois sur la pointe des pieds pour l'embrasser. À bien y réfléchir, je crois que je n'ai plus vraiment envie de danser. On pourrait même se dire que si nous en sommes arrivés là, sur cette piste, c'était juste pour franchir cette étape. « Nous devrions peut-être laisser la piste de danse à des personnes qui l'utilisent vraiment. » Pour l'instant, ils ne disent rien. Mais si nous finissons par devenir gênants, à ne plus bouger comme eux, alors je ne serais pas surprise de les voir devenir un peu plus râleurs. Otis approuve ma proposition. Je viens glisser ma main dans la sienne et l'attire avec moi jusqu'au bar, là où nous étions il y a encore quelques minutes. Je me saisis de notre verre commun et j'en bois une gorgée, avant de lui tendre. Il est à nous deux, alors il a peu aussi en boire un peu. Ce serait d'ailleurs plus régulier : je ne serais pas la seule à finir ivre. « Que dirais-tu de continuer cette soirée ailleurs ? Sauf si tu as de meilleurs plans. » Depuis le début, je suis directe avec lui, autant continuer sur cette lancée. Il a bien dû comprendre que je n'étais pas du genre à prendre de pincette, surtout quand c'est quelque chose ou quelqu'un que je veux.

« Ton ami ne danse pas comme cela ? » me demande-t-elle avec une lueur de malice dans le regard. « Je t’avoue que je n’ai jamais essayé de danser avec lui, et clairement, si ça devait être le cas, ce n’est pas cette manière de danser que je choisirai… » Danser collé-serré comme ça avec mon meilleur ami, merci mais non merci. Je l’adore, mais pas de cette manière là. « Tu pourrais lui apprendre, car tu t'en sors très bien. » Je lui offre un large sourire tout en la remerciant pour le compliment. Je prends. J’aime sa manière de jouer, surtout quand elle précise que je pourrai lui apprendre certaines choses. Pas danser aussi proche, ça c’est sûr. Pourquoi elle me fait un tel effet ? J’ai l’impression de n’avoir jamais ressenti ça avant aujourd’hui. J’ai connu plusieurs femmes, j’ai eu des relations passionnées, mais ce qui m’attire chez elle est impalpable. Je sens bien que c’est réciproque, mais jamais je me risquerai, dans ma situation, à proposer quoi que ce soit. « Nous devrions peut-être laisser la piste de danse à des personnes qui l'utilisent vraiment. » Oh. C’est vrai. Je n’avais pas pensé que ça poserait souci. Pourtant, j’ai du mal à me décoller d’elle, et c’est presque un déchirement de sentir son corps s’éloigner du mien. De retour au bar, nous reprenons notre mojito où nous l’avions laissé, et j’ai du mal à toucher Terre. « Que dirais-tu de continuer cette soirée ailleurs ? Sauf si tu as de meilleurs plans. » Mon regard oscille entre ses yeux bruns profonds. Mon coeur s’emballe un peu. Aller ailleurs. Au fond de moi, je sais que c’est une mauvaise idée, que je ne devrais pas, et pourtant. « Je n’ai pas de meilleur plan, non… » Je me sens totalement absorbé par son regard hypnotique, son corps parfait que je n’ai qu’une seule envie : découvrir davantage. « Je peux t’offrir un verre d’un très bon vin français que je cache dans un de mes placards, si tu veux… » L’idée a l’air de lui plaire. J’ignore si c’est le vin qui l’intéresse ou le fait que je l’invite chez moi, mais peu importe.
Une fois nos affaires rassemblées, nous quittons le bar pour rejoindre ma voiture. Le trajet n’est pas très long, et je préfère la prévenir. « Je suis désolé d’avance pour le bordel, je suis en plein déménagement, y’a des cartons partout. Mais je ferai en sorte que tu n’y prêtes pas trop attention… » Je lui adresse un sourire amusé, et gare rapidement la voiture devant l’immeuble. Je sors mes clés, craignant un instant de croiser mon ex. Ce n’est pas une heure pour elle de traîner dans les couloirs, d’autant que notre fils est chez elle ce soir, mais qui sait. J’entre vite la clé dans la serrure et avant d’ouvrir la porte, je propose, continuant dans la lancée de la soirée. « On peut faire un jeu… » Je lui adresse un sourire, prends sa main et l’attire à l’intérieur sans allumer la lumière. Les volets sont ouverts, les reflets de la lune et les lumières de la ville éclairent juste assez l’appartement pour qu’on puisse deviner les cartons, et surtout que ce n’est pas un piège. J’attire la jeune femme à moi, glissant ma main comme un peu plus tôt dans le creux de ses reins. « Le vin français n’était pas un prétexte, j’en ai vraiment un, mais est-ce que tu en as seulement envie ? » A vrai dire, j’ai envie de bien autre chose, et je ne tarde pas à l’embrasser pour lui faire comprendre. J’ai bien senti que nous étions sur la même longueur d’ondes, alors pourquoi me retenir - si ce n’est que la place est censée être déjà prise…

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Avec ce qui est en train de se passer entre nous, je doute que rester sur la piste de danse soit une bonne idée. Et puis, ça nous donne aussi la possibilité de voir où les choses pourront nous mener pour la suite de la soirée. De mon côté, j’ai déjà une petite idée de ce que je veux. Mais je laisse à Otis une éventuelle porte de sortie s’il le souhaite. Par chance, selon moi, il décide de ne pas saisir cette opportunité et me propose même un verre de vin chez lui. « Tu m’as convaincue. » Même si pour être honnête, il ne m’a pas fallu grand-chose pour prendre ma décision. Elle était même déjà prise lorsqu’il a évoqué ne pas avoir de meilleur plan pour finir sa soirée. Néanmoins, je garde dans un coin de ma tête cette proposition de verre – qui sait, j’aurais peut-être soif à notre arrivée. Cette décision prise, il ne nous faut pas longtemps pour quitter le bar et pour rejoindre sa voiture. À l’intérieur de celle-ci, il essaye de me préparer psychologiquement à l’état dans lequel se trouve son appartement. Naturellement, je souris, trouvant ce geste presque attendrissant. « Tu n’as pas à te tracasser, je ne serais pas regardante sur la décoration. » J’entends par là, la décoration et le fouillis. Pour être honnête, ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse chez lui et comme j’aurais oublié son appartement d’ici quelques jours, je ne vais pas me permettre de juger. Avant d’arriver à destination, j’envoie un message rapide à l’une de mes amies pour qu’elles ne s’inquiètent pas de ne plus me voir. Une fois garés, je suis le jeune homme jusqu’à son appartement, puis à l’intérieur de celui-ci. Visiblement d’humeur joueuse, il me propose un petit jeu en laissant les lumières de chez lui éteintes. « C'est vraiment si désordonné que ça ? Au point que tu ne veuilles même pas que je vois l'étendue des dégâts ? » Ce n'est qu'un détail et pour être honnête, je ne vais même pas chercher à le contredire. Lorsque je sens mon corps se rapprocher du sien, je viens poser mes mains contre son torse. « Je crois que le vin peut attendre un peu.. » Alors que mon envie pour lui, à ce moment précis, non. Il m'embrasse, comme pour approuver ce que je viens de dire. À croire qu'il sait comment me parler ou plutôt, ne pas me parler. À mon tour, je l'embrasse, encore et encore, laissant à mesure ma langue se mêler à la fête. Ici, je me sentirais presque chez moi, au point même de reculer tout en emmenant Otis avec moi : à croire que je connais les lieux et que je sais exactement où je vais. Après un certain temps, mon corps se retrouve bloqué par un meuble : le canapé si je ne me trompe pas et ce n'est pas une si mauvaise chose. Mes bras viennent entourer le jeune homme, avant que mes doigts ne viennent s'aventurer entre le morceau de tissu et sa peau. Si je me contente de le toucher dans un premier temps, je ne tarde pas à faire passer les choses à la vitesse supérieure en retirant le haut du métisse. Malgré l'obscurité, je suis séduite par ce qui se trouve face à moi. Du bout des doigts, j'arrive à dessiner chacun de ses traits, chacun de ses muscles et ça me donne rapidement un frisson. C'est dingue l'effet qu'il a sur moi et la facilité que j'ai à me sentir bien en sa présence. L'alcool aide sûrement un peu, ou alors, peut-être qu'il y a autre chose. Mais pour l'instant, ce n'est pas ce qui doit occuper mes pensées et c'est d'ailleurs avec un nouveau baiser langoureux que je me distrais.