what do you want from me ? [#Shaynix]

❝ what do you want from me ?❞
shaelyn & phoenix

Je commence à comprendre pourquoi Shay vivait si mal la période qui vient de passer. Apprendre que son ex-femme refait sa vie au point d’avoir un enfant aurait de quoi en perturber plus d’un et je me doute qu’elle est le genre de femme à se laisser toucher par beaucoup de choses. Et ces choses-là font mal. Je n’ose même pas imaginer la douleur que je ressentirais si Shay refaisait elle aussi sa vie, et attendait un enfant, qui n’était pas destiné à être le mien par la suite, et je n’ai même jamais été en couple avec elle. Alors une femme à laquelle on a été mariée durant 8 ans… Elle sait pourtant que je peux être un soutien pour elle, mais je ne peux pas jouer tous les rôles, je ne peux pas jouer celui d’un psy ou même d’une meilleure aie, je ne suis rien de tout ça. Notre histoire, si tant est qu’il y ait une histoire d’amitié ou d’autre chose, est encore trop récente pour tout ça. Je ne veux rien brusquer, je veux juste avoir la chance de pouvoir faire les choses à son rythme et à sa façon si elle le souhaite. « Pas très bien à vrai dire. On s’est éloignées parce qu’elle ne voulait pas d’enfant et que c’est ce que je voulais le plus au monde, et finalement je l’ai recroisée quelque chose comme deux mois après notre séparation et j’ai appris qu’elle était enceinte, et bien sûr qu’elle comptait le garder… » Elle veut un enfant plus que tout au monde et je me doute que son divorce n’a rien changé à ce besoin sans doute viscéral. Je ne dis rien, mais je crois que je me fais des films depuis le début. Comment pourrait-elle envisager quoi que ce soit avec moi si son vœu le plus cher est d’avoir un enfant ? Qui m’en confierait un de toute façon ?

« Je suppose que c’est quelque chose auquel on s’habitue. Ça n’a pas l’air de te déranger toi ! » « Je n’ai pas le sommeil difficile à trouver, tu sais, j’ai grandis entre les pensionnats et les bases militaires. Quand un avion de ligne qui passe au-dessus de ta tête ne te réveille plus, alors plus rien ne perturbera jamais ton sommeil. C’est un truc de militaire. » Trouver le sommeil sur une base de campement quand on est au front est aussi une épreuve, mais le confort ne m’a jamais dérangé, ou le manque de celui-ci, plutôt. Paradoxal quand on voit la vie que je mène aujourd’hui. « Bien sûr, pourquoi cette question ? » « Parce que tu aurais des millions de raison de ne pas vouloir me faire entrer dans ta vie, encore moins de cette façon-là. » Me présenter sa propre famille tout de même ! Qu’elle rencontre ma mère, c’était normal, ma mère et moi vivons comme deux sujets greffés l’un à l’autre. Je lui demande de tout me dire à leur propos, je suis très stressée à l’idée de les rencontrer. Pas parce que ce sont des enfants, mais parce qu’eux, ne cachent pas leur ressenti. Ils disent tout comme ils le pensent et que j’ai intérêt à faire super bonne impression, surtout quand ils savent que je vis avec leur tata. « Léane a six ans, bientôt sept en fait. C’est une petite fille très intelligente et très curieuse. Elle adore apprendre des choses, visiter des zoo, des musées… et Samuel lui a quatre ans, il est très espiègle et très énergique. Il adore se déguiser et les pirates. Son héros c’est Jack Sparrow ! » «OK, donc le bon goût, c’est de famille. Partons à la conquête des musées déguisés en pirates ! » Lançais-je amusée en débarrassant les deux assiettes. J’aime les enfants, j’adore jouer avec eux, les écouter, et passer des après-midi entières à en redevenir une moi aussi. « Leur père travaille beaucoup il traverse le monde et n’est pas vraiment présent. Ma soeur est vraiment… Ma soeur a toute mon admiration. Elle est plus jeune que moi et pourtant elle gère sa famille d’une main de maître. Elle est parfaite. » Je lui lance un regard souriant, un regard plein d’admiration moi aussi et elle me demande ce qui peut bien me passer par la tête. « Rien, simplement, tu parles de ta sœur comme je parle de ma mère, comme d’un héros, ça me fait sourire, c’est tout. Je trouve ça touchant. » J’aurais aimé avoir une petite sœur, ou un grand frère, ou un petit frère et une grande sœur, enfin ne pas être fille unique. J’ai prié, longtemps, pour avoir un petit frère ou une petite sœur, mais j’ai fini par arrêté de le faire quand j’ai vu à quel point ma mère était malheureuse avec mon père qu’elle refusait pourtant de quitter. « On devrait aller au zoo avec eux, je suis sûre qu’il seraient fous de joie ! » « Ce serait bien le zoo. Comment je dois m’habiller ? Tu crois que… Je calme, j’ai compris. » Je suis nerveuse, je vais rencontrer sa sœur, celle dont elle parle comme d’un héros, comme d’une femme exemplaire, comprenez un peu mon appréhension ! Elle avait pourtant parlé d’une sieste, elle est complètement HS, et je le vois autant que je le suis moi-même. «Tu devrais l’appeler. » Je lui tends son téléphone tout en la frôlant pour ranger le reste de la cuisine, et quand elle eut fini, je me retrouve tout près d’elle, buvant du soda à la bouteille. « Tu n’avais pas dit qu’ON devait faire la sieste ? » Un sourcil intrépide levé, juste histoire de voir jusqu’où elle peut marcher. «T’inquiètes pas, je prends la chambre d’amis. A tout à l’heure. » Je fais glisser une main sur son bras nu et me glisse sous la couette froide mais réconfortante de la chambre d’amis, plongée dans la pénombre.

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Je commence à m’ouvrir à elle, peu à peu, doucement, sans crier gare. Je lui parle de mon ex-femme, de mon désir de maternité. Ça doit sûrement expliquer beaucoup de choses et en la voyant réfléchir, je vois qu’elle comprend certains de mes comportements. Je ne voulais rien dire pour me protéger, mais je me rends compte que ne pas lui avoir parlé de ce genre de choses, c’est comme elle de ne pas m’avoir parlé de ses troubles en rapport avec l’armée. Tous nos actes sont dictés par ce que nous sommes autant que par ce que nous avons vécu. Alors autant en parler, un peu, doucement. Et c’est ce que je fais petit à petit, à pas de fourmi. Je lui propose finalement de lui faire rencontrer mes neveux, et son regard s’illumine. J’ai vu lors de la soirée de présentation de notre collection qu’elle aimait beaucoup les enfants, et qu’ils lui rendaient bien. « Parce que tu aurais des millions de raison de ne pas vouloir me faire entrer dans ta vie, encore moins de cette façon-là. » Je penche la tête sur le côté. Je ne vois pas bien ce à quoi elle fait allusion. Pourquoi ? Parce qu’il lui arrive de se mettre en colère ? Parce qu’elle peut être violente ? Je ne la crois pas capable de faire du mal à quelqu’un volontairement. Enfin si, je l’ai vu tabasser ce mec pour me protéger, mais c’était pour une cause juste, du moins j’imagine. Elle ne pourrait pas faire de mal à un enfant, ou même à une femme, je refuse de le croire, et sur ce point, je lui fais confiance. Elle me demande de lui parler de mon neveu et ma nièce et c’est ce que je fais, un regard empli d’admiration et d’amour. « OK, donc le bon goût, c’est de famille. Partons à la conquête des musées déguisés en pirates ! » Je ris, amusée, nous imaginant déjà déguisés pour aller visiter un musée. Je poursuis mon discours avec des éloges à ma petite soeur. Son regard change sensiblement en m’écoutant, elle sourit. « Quoi ? » « Rien, simplement, tu parles de ta sœur comme je parle de ma mère, comme d’un héros, ça me fait sourire, c’est tout. Je trouve ça touchant. » Je hoche légèrement la tête. Elle a raison. Ma soeur n’est pas mon héros, mais elle est un héros, à part entière. Je ne sais pas comment on peut ne pas être féministe en voyant la vie qu’elle mène. Finalement, je propose à Phoenix que nous allions au zoo avec eux. « Ce serait bien le zoo. Comment je dois m’habiller ? Tu crois que… Je calme, j’ai compris. » J’arque un sourcil et lui souris, voyant que cette idée la rend toute folle, mais l’angoisse aussi un peu. Je compte lui présenter un bout de ma famille et c’est clair que ce n’est pas rien. Mais je lui fais confiance. « Tu devrais l’appeler. » Je récupère mon téléphone qu’elle me tend, frissonnant malgré moi lorsqu’elle frôle ma main. « Tu n’avais pas dit qu’ON devait faire la sieste ? » Je hoche la tête vivement. « Oui, on en a bien besoin je crois. » J’essaie de ne pas faire attention à son regard empli de sous-entendus. « T’inquiètes pas, je prends la chambre d’amis. A tout à l’heure. » Je hoche la tête et la regarde partir. « A tout à l’heure. » Sa main vient glisser sur mon bras dans un geste tendre et bien malgré moi, je ferme les yeux une seconde un peu trop longue avant de la regarder disparaître dans le couloir. J’appelle ma soeur tout en regardant l’heure. « Salut ma puce, je suis de retour à New-York ! Oui, c’était cool, j’ai un tas de trucs à te raconter. Dis, les petits ont un truc de prévu cet après midi ? J’aimerai les emmener au Zoo avec Phoenix. Oui. Non je t’interdis de faire des commentaires. Non toujours pas. Super, on passera tout à l’heure, juste le temps que je dorme une petite heure pour rattraper le jet lag ! A tout à l’heure ! » Je raccroche et me lève pour aller dans la chambre de Phoenix dans laquelle j’ai dormi pendant un moment. Mais le chauffage doit avoir un problème, il fait un froid de gueux. Je me mets même à trembler et quitte la chambre presque en me précipitant hors de cette dernière. J’entre doucement dans la chambre d’amis où Phoenix est allongée, et elle relève la tête. A moi de lui parler en murmurant. Instinct idiot. « Je pense que le chauffage de ta chambre a un souci, il fait un froid polaire là bas. Je peux m’allonger à côté de toi ? » Evidemment elle dit oui et je la rejoins, retirant juste mes chaussures avant de me glisser sous la couette. « J’ai dit à ma soeur qu’on passait chercher les petits d’ici deux heures. Si on trouve sur le chemin ce serait marrant qu’on tombe sur un magasin de déguisements pour leur acheter quelque chose. » Je reste sur le dos à regarder le plafond dans la pénombre et finis par me tourner dos à Phoenix, tremblant encore et peinant à me réchauffer à cause du froid ressenti dans sa chambre.

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Je la laisse téléphoner à sa sœur, que je sais être une de mes admiratrices. J’ose espérer que Shay ne m’en voudra pas trop longtemps pour ça, sa sœur doit lui rabâcher à quel point elle aime ce que je fais, elle qui n’aime pas… Je suis partout dans sa vie, elle a raison, tant personnelle que professionnelle à présent, et ça doit être lourd à porter. Encore que je ne sais plus vraiment comment situer tout ça, elle est très secrète, très discrète par rapport à ce qu’elle peut ressentir, en bien ou en mal à mon propos, bien que pour l’heure, ça semble assez évident qu’il y ait plus de négatif que de positif, mais elle vise à changer d’avis, petit à petit, même si ça prend du temps. Je n’attends pour autant plus rien d’elle, je pense qu’il faut y aller à son rythme ou ne plus y aller du tout. Shay connait ma mère, et ma mère l’adore, sincèrement, et je crois qu’elle voit même des choses que ma pseudo petite amie fictive et moi-même ne voyons pas du tout, elle a toujours eu un don pour ça mais se garde bien de nous le dire. Mais je ne connais personne de sa famille. En dehors de l’existence de son ex-femme, et de sa sœur, de ses neveux maintenant, mais rencontré en tant que tel, jamais, alors que ma mère vit presque avec nous ! A présent, elle passe un coup de fil avant de passer, pour ne pas déranger, et j’ai beau lui dire qu’il n’y a rien à déranger, elle persiste. Elle appelle Shay avant de m’appeler moi, en sachant qu’elle répondra du premier coup, c’est pour dire !

Tous ces détails tournent et retournent dans ma tête quand vient le moment et le besoin de trouver le sommeil. Comme en ce moment dans la chambre d’amis. Je n’aime pas y dormir, c’est simplement la journée, mais le soir, j’ai besoin d’avoir la vue sur la ville, que j’ai depuis ma chambre, que je laisse à Shay, qui en a même fait son atelier à présent. Je préfère bosser dans le salon, m’y endormir et parfois même passer des nuits devant la télé à descendre des bouteilles de soda devant des séries pour lesquelles des millions d’américains se passionnent, moi y compris.
J’entends ses pas dans le couloir et la porte s’entrouvrir, dans un petit grincement rassurant. Je tourne alors la tête vers elle, comme un réflexe, comme si nous vivions ensemble depuis assez longtemps pour en prendre l’habitude. « Je pense que le chauffage de ta chambre a un souci, il fait un froid polaire là bas. Je peux m’allonger à côté de toi ? » « Oui bien sûr, viens. » Lui ouvrant la couette pour qu’elle puisse y trouver sa place. Je ferais intervenir quelqu’un pour le chauffage, elle ne sera sans doute pas d’humeur à partager mon lit plus de temps que pour la sieste. « J’ai dit à ma soeur qu’on passait chercher les petits d’ici deux heures. Si on trouve sur le chemin ce serait marrant qu’on tombe sur un magasin de déguisements pour leur acheter quelque chose. » Je souris pour moi-même, elle en parle comme de ses propres petits, et j’adore ça. J’adore entendre cette intonation incroyablement douce et maternelle dans sa voix. « Alors Jack Sparrow pour Samuel, et Léane ? Tu crois qu’Hermione ça lui plairait ? Tu sais, la petite intello d’Harry Potter. Brillante, érudite, et qui mène deux mecs à elle toute seule durant plus de 7 ans, c’est plutôt pas mal. » Je souris pour moi-même encore une fois, et repose mon regard sur elle.

Je la vois trembler en cherchant son sommeil, dos à moi. Je n’ai pas le cœur à la laisser faire, quitte à prendre un râteau, mais je ne peux pas la laisser trembler de froid comme ça. « Viens-là. » D’un bras, je l’attire à moi sous la couverture et colle son dos contre ma poitrine, mon bras chastement calé sur son ventre. Petit à petit, je sens ses muscles se détendre, arrêter de trembler. Je m’endors quand je sens qu’elle le fait aussi, mais mon réveil est naturel, une heure plus tard, alors qu’elle est encore dans les bras de Morphée, et dans les miens. Rien ne semblerait pouvoir ternir sa quiétude à ce moment-là. Mais je vois l’heure tourner et je ne peux décemment pas passer le reste de la journée à l’écouter respirer ou à la regarder dormir. Je glisse alors une main douce sur son bras. « Shay… » Tout doucement à son oreille. Pas réaction, en tout cas pas encore. Je dépose alors un baiser dans ses cheveux blonds. « Shay, c’est l’heure… » Je la laisse se réveiller doucement, puis se préparer et nous partons.

Après être passées par le magasin de déguisement, nous arrivons devant chez sa sœur, et là, je me sens toute petite, et très nerveuse. Elle a dû le sentir, c’est elle qui conduit. Je suis aussi stressée que si je devais présenter une de mes premières maquette à une maison de disque. C’est un moment important, pour elle, comme pour moi. « Et bien y a plus qu’à… »

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Je m’installe dans le lit près de Phoenix une fois qu’elle m’en a laissé le droit, et lui annonce qu’on ira voir mes neveux un peu plus tard dans l’après-midi. J’en profite pour lui faire part de mon idée concernant des déguisements. « Alors Jack Sparrow pour Samuel, et Léane ? Tu crois qu’Hermione ça lui plairait ? Tu sais, la petite intello d’Harry Potter. Brillante, érudite, et qui mène deux mecs à elle toute seule durant plus de 7 ans, c’est plutôt pas mal. » Je ris un peu, amusée. « Oui, je connais Harry Potter, Nix. Et Léane adore Hermione. Si on trouve ça elle sera contente ! » Je tente de trouver le sommeil mais le froid ne compte pas quitter mon corps de si tôt. Sauf que Phoenix n’a pas l’air de vouloir me laisser m’endormir congelée. « Viens-là ». Je me contracte un peu lorsque je sens son bras venir me rapprocher d’elle mais je la laisse faire et me cale un peu mieux contre con corps, ressentant sa chaleur instantanément. Doucement, je sens le sommeil m’envahir et je ne lutte pas, sombrant dans les bras de Morphée. C’est en sentant un caresse et un baiser dans mes cheveux, et mon prénom de manière lointaine que j’ouvre doucement les yeux. « Shay, c’est l’heure… » Je soupire un peu et m’étire doucement, le temps de me réveiller. Je ne suis jamais de mauvaise humeur quand je me réveille. Jamais. Je dors bien la plupart du temps alors je n’ai pas de raison de me réveiller de mauvaise humeur. Nous nous préparons comme un vrai petit couple, le plus naturellement du monde, et Nix se sentant stressée, elle me laisse le volant de sa voiture. Nous nous arrêtons dans un magasin et trouvons notre bonheur pour les enfants. Je suis toute excitée à l’idée de les retrouver, et de leur offrir ces cadeaux. Mais j’avoue que dans le fond, je suis aussi un peu angoissée à l’idée de venir chez ma soeur en compagnie de Phoenix. Mais je suis sûre que tout va bien se passer. Je me gare devant la maison, le New Jersey est un endroit plutôt calme et on y trouve de très jolies petites maisons, comme celle de ma soeur. Je descends et récupère les sac avant de faire le tour pour rejoindre Nix qui semble plus stressée que j’imaginais. « Et bien y a plus qu’à… » Je lui offre un sourire rassurant et m’approche d’elle avant de sortir de tricorne du sac en plastique pour lui mettre sur la tête. « Tiens, avec ça il peut rien t’arriver. Tout va bien se passer. » Je viens prendre son menton entre mes doigts et les retire doucement avant d’aller chercher le diadème qui va avec la robe d’Hermione, puis je le place sur ma tête. « Et voilà. » Je lui fais signe de me suivre et je sonne à la porte de la maison. Immédiatement, deux furies se jettent sur la porte pour ouvrir et ils me sautent littéralement dessus. Je m’accroupis, riant en recevant leurs accolades. « Salut mes p’tits montres ! » Je plaque un baiser sur chacune de leur joue et me redresse. « On est venues avec des surpriiiiises ! » Sam bloque complètement sur le chapeau de pirate que Nix a sur la tête et je fais signe à la jeune femme de lui offrir. La scène est tout à fait adorable. « Les enfants je vous présente Phoenix. » Lorsque je relève la tête, je croise le regard amusé de ma soeur un peu plus loin dans la pièce. Je la connais, je sais qu’avec moi elle sera hystérique parce qu’elle adore Phoenix en tant qu’artiste, mais en sa présence, elle ne ferai pas la fan. Et heureusement. Nous entrons un peu plus dans la maison et je viens prendre ma soeur dans mes bras. Une fois fait, je fais les présentations avec Nix et nous offrons les déguisements aux enfants. Evidemment, ça saute de joie, et déjà, Sam prend la main de Phoenix. « Viens voir dans ma chambre c’est le bateau pirate ! » Je souris en voyant Nix partir avec Samuel et je me retrouve seule avec ma soeur pendant que Léane est déjà partie enfiler sa robe. « Donc ça y est. » Je me tourne vers elle, surprise. « Ça y est quoi ? » « Elle et toi, ça y est, c’est plus juste pour les apparences ! » Je fronce un peu les sourcils. « Non, toujours pas. J’te jure ! » « Arrête, vous vous bouffez des yeux, et je vous ai vues dehors, vos sourires, vos gestes tendres, ça trompe pas… » Je rougis un peu et baisse les yeux en me pinçant la lèvre. « Je le savais ! » « Mais non ! Enfin… » Je grimace un peu, une grimace adorable comme j’en ai le secret. « On a couché ensemble une nuit, je voulais pas te le dire justement pour que tu ne me fasses pas ces yeux là ! » Elle est choquée. « Liv arrête ! Il s’est rien passé depuis, c’était juste… comme ça. On est pas ensemble ! » Elle roule des yeux et Léane revient dans le salon avec sa belle robe. « Elle est trop belle ! » « C’est toi qui est trop belle. Elle te va à la perfection ! » « Je peux la garder pour aller au zoo ? » Je ris un peu et hoche la tête. « Je vais chercher Sam et Nix, voir où ils en sont. » Liv hoche la tête à son tour et je file vers la chambre du petit garçon, décorée en chambre de petit pirate en herbe. Je les trouve tous les deux dans le lit de Sam (un bateau pirate), assis en tailleur, un tricorne chacun sur la tête, et Sam est en train de lui montrer un livre ou je ne sais quoi. « Vous êtes prêts moussaillons ? On peut y aller ? »

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Evidemment qu’elle sait qui est Hermione, elle est l’archétype de la nana qui sait tout et qui passait son temps au premier rang dans la classe, sans doute à faire ami ami avec le prof. J’étais plutôt de ceux du fond de la classe, ou alors si j’étais devant, c’est que j’étais punie. Toujours dans les bons coups, toujours l’esprit vagabondant ailleurs qu’à mes études, et si vous voyiez un peu mes appréciations ! Je frôlais toujours l’avertissement, jusqu’à ne plus le frôler du tout et le prendre carrément toutes les semaines comme le font les rebelles des écoles élitistes à la con dans lesquelles mon père a tenu à me mettre de gré ou de force.
Nous nous endormons sans difficulté, rassurées sans doute par la présence l’une de l’autre, que je veuille l’accepter ou non, et qu’elle veuille le croire ou pas. Notre mensonge devrait nous rapprocher, mais j’ai peur qu’il nous éloigne, alors pour ne rien foutre en l’air, je préfère ne rien espérer, ne rien croire et réduire tout ça à un simple… échange. Je sais qu’au fond de moi ça m’est totalement impossible, mais je suis butée, et je me tiens tête à moi-même, c’est vous dire !

Nous sommes devant chez sa sœur, le coffre plein d’un sac de déguisements pour les petits. Elle les connaît par cœur, et Léane semble être une petite princesse, elle a aussi l’air d’aimer la sobriété tant que la discrétion, tandis que Samuel, aurait sans doute besoin de s’exprimer un peu plus, comme un petit garçon qui bouge et qui se dépense. Sa façon de me parler d’eux, me plaît, j’ai l’impression de les connaître un peu, rien que par ses mots. « Tiens, avec ça il peut rien t’arriver. Tout va bien se passer. » Elle vient de poser un chapeau de pirate sur ma tête, et me donne l’aval pour passer une bonne après-midi. J’emboite son pas jusqu’à retrouver sa famille. « Salut mes p’tits montres ! On est venues avec des surpriiiiises ! » Je salue les enfants, je n’ose pas leur faire un bisou, ils me le feront s’ils en ont envie, je ne force rien, je ne suis encore qu’une inconnue pour eux, et je suis très intimidée. Le petit Samuel semble complètement bloquer sur mon chapeau. « Salut bonhomme. Je me suis laissée dire que t’étais un super pirate, je crois qu’il t’irais mieux qu’à moi. » Je le dépose alors sur la tête du petit garçon et félicite Léane pour son diadème. Je rencontre cette fois-ci sa sœur, à qui je fais la bise, je pense que nous sommes aussi nerveuse l’une que l’autre, ça ne va rien arranger tout ça… « Viens voir dans ma chambre c’est le bateau pirate ! » « T’as un bateau pirate dans ta propre chambre ! C’est carrément la classe ça ! » Je comprends au regard de Shay que c’est OK, que je dois monter voir le bateau pirate de la chambre de Sam parce que c’est ce qui lui tient à cœur. Il ne lâche pas ma main et je me retrouve dans une super chambre de petit garçon. Elle est carrément géniale cette pièce ! Un pirate en herbe a de quoi devenir un vrai capitaine de navire ici. Il m’incite à m’asseoir sur son lit avec lui et me donne un tricorne tout comme le sien, je le laisse faire, alors qu’il attrape un livre de pirates, pour m’expliquer comment ils s’y prennent pour gagner des bagarres dans la mer. Il est à un âge que j’adore, tout lui paraît magique, ça me fait sourire. Nous passons une bonne demie heure à parler de tout et de rien, mais surtout des pirates, parce que c’est ce qu’il veut faire plus tard, avoir un vrai bateau rien qu’à lui et faire le tour des mers pour pouvoir être plus gentil que les pirates et aider les gens. « Vous êtes prêts moussaillons ? On peut y aller ? » «Je crois que je suis au point sur les pirates, on peut y aller. » Je me lève du lit et tends la main à Sam qui se jette dans mes bras. Je le garde tout contre moi pour descendre jusqu’en bas. « Olivia, vous venez aussi ? » Ca pourrait être sympa, je ne sais pas, c’est surtout à Shay de décider. Je me sens un peu livrée à son bon vouloir, quoi que c’est en général une position qui me rassure.

Nous partons pour le zoo. Les enfants sont déguisés, c’est un âge génial pour porter ce qu’on veut et avoir tous les droits. Je porte un jean usé et un sweat à capuche Harvard. J’ai voulu la jouer sobre, pour une première rencontre. Quand nous sortons les enfants de la voiture, Sam se jette naturellement sur ma main libre, et Léane attrape l’autre. Si le petit garçon m’a adopté, la nièce de Shay est un peu plus réservée. « Il paraît que tu connais les noms de chacun des animaux du zoo, c’est vrai ? » Shay m’a dit que sa nièce adorait lire, apprendre et visiter. Nous entrons dans le parc, et passons devant quelques animaux avant de nous retrouver devant les perroquets. « Sam ! Regarde, tu crois que t’en auras un comme ça un jour ? Juste-là sur l’épaule. » Je lance un regard amusé à Shay, tandis qu’il demande à grimper sur mes épaules pour pouvoir les voir d’un peu plus près et surtout d’un peu plus haut.

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Lorsque Phoenix s’éclipse avec Sam, je ne peux que sourire, parce que je sais qu’elle aime les enfants, et j’en ai la preuve encore aujourd’hui. Sam va beaucoup aimer Nix, je n’en doute pas une seconde. Elle est tout à fait le genre de ‘grande personne’ avec qui il aime passer du temps, le côté Peter Pan sans doute. Je reste à discuter avec ma soeur qui essaie par tous les moyens de me faire dire ce qui n’est pas. Je finis quand même par lui avouer que j’ai passé une nuit avec Phoenix, mais je ne veux pas continuer de discuter de ça avec elle en sachant que la principale concernée est dans la pièce à côté. Alors je coupe court à la discussion et de toute manière, Léane revient rapidement dans sa jolie robe. Sauvée par le gong. Je vais donc chercher Sam et Nix qui sont encore dans la chambre. Le tableau est tout à fait adorable et leurs sourires en disent long sur leur nouvelle entente. « Je crois que je suis au point sur les pirates, on peut y aller. » Je ris un peu et les regarde descendre du lit-bateau de Samuel, qui d’ailleurs saute bien vite dans les bras de Nix. « Olivia, vous venez aussi ? » Je tourne la tête vers ma soeur pour appuyer la proposition de Phoenix mais je vois ma cadette secouer la tête. « Non, je vous laisse tous les quatre, je vais en profiter un peu pour rattraper mon retard dans le linge, le ménage, enfin tout ça quoi. Mais vous pouvez rester manger ce soir si vous voulez ! Je ne vous promets pas de la grande cuisine mais ça peut être sympa ? » Je lui souris et m’approche pour déposer un baiser sur sa joue. « On verra quand on rentrera tout à l’heure ! » Un clin d’oeil et nous voilà parties.

Il nous faut un bon quart d’heure avant d’arriver et les loustics à l’arrière sont sur-excités, il faut que je lance le jeu du ABC pour les occuper un peu. Chacun son tour, un mot avec la lettre qui correspond, et au suivant. Ça les occupe le temps du voyage et nous arrivons, heureusement assez vite. En sortant, les enfants se jettent sur les mains de Nix, et Léane récupère la mienne également. Sam m’a complètement oubliée, ça fait plaisir ! « Il paraît que tu connais les noms de chacun des animaux du zoo, c’est vrai ? ». Léane me regarde en souriant, et finit par tourner la tête vers Nix en haussant les épaules d’un air modeste. « Peut-être pas tous, mais une bonne grosse partie, hein chérie ? » Elle hoche finalement la tête et nous avançons après avoir payé les places. « Sam ! Regarde, tu crois que t’en auras un comme ça un jour ? Juste-là sur l’épaule. » Le petit garçon réclame à monter sur les épaules de Nix et je les regarde faire, gardant la main de Léane dans la mienne. Nous avançons comme ça, discutons des animaux, et j’admire l’aisance qu’a la jeune chanteuse avec ces enfants. Comme un poisson dans l’eau, surtout avec Sam, mais je n’en doutais pas. Arrivés dans une espèce d’arche où se trouvent tous les singes, Léane fait le tour de la petite exposition au milieu qui regroupe tout ce qu’il faut savoir sur les singes. Elle met sa main dans les empruntes pour connaître le singe qui a les mains se rapprochant le plus de la taille de la sienne. Sam est collée à la vitre devant les chimpanzés et je me rapproche de Phoenix, prenant discrètement sa main dans la mienne. « Tu vois, tu n’avais pas de raison de t’inquiéter… » Je lui offre un magnifique sourire qui en dit long mais le détourne assez vite pour garder un oeil sur les enfants. Voilà. Voilà exactement ce dont je rêve. Une famille comme celle-ci, comme celle que je pourrai construire, avec laquelle je pourrai m’épanouir.

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« Non, je vous laisse tous les quatre, je vais en profiter un peu pour rattraper mon retard dans le linge, le ménage, enfin tout ça quoi. Mais vous pouvez rester manger ce soir si vous voulez ! Je ne vous promets pas de la grande cuisine mais ça peut être sympa ? » « Ca ne sera jamais pire que ce que j’impose à Shay, avec plaisir. » Répondis-je avec un sourire avant que Shay elle-même ne me contre. « On verra quand on rentrera tout à l’heure ! » Je me contente d’un regard désolé à sa sœur qui veut dire que je m’en tiendrais à ce que sa petite sœur décidera. Je crois qu’elle n’a pas spécialement envie que nous nous étalions, et je peux le comprendre, je respecterais sa décision, de toute façon, je suis ce qu’elle dit depuis le jour où elle est entrée dans ma vie, c’est très frustrant à tout bien y réfléchir.

Arrivés au zoo, et le trajet étant rythmé par les jeux ludiques de Shay, les enfants me donnent la main, naturellement. Sam semble m’avoir adopté. Léane est un peu plus discrète et renfermée, il en faut toujours un sur les deux. On dit qu’on n’a jamais deux fois les mêmes enfants, j’aurais aimé savoir ce qu’aurait donné un autre enfant de mes parents, s’il est le contraire de moi il aurait sans doute été la perfection à élever, mon père en aurait été ravi. Nous passons devant toutes sortes d’animaux, et puis devant les perroquets, que Sam a l’air d’apprécier tout particulièrement. Je le prends finalement sur mes épaules desquelles il ne veut finalement pas descendre, ça n’est pas un problème, je poursuis mon chemin. Jusqu’à l’arche des singes, Léane semble fascinée, mais préfère avant tout en apprendre d’avantage sur ce qu’ils sont. Cette gamine est donc un petit génie, c’est bon à savoir. A la voir faire et entrainer son frère, je me rapproche de Shay. «[color=#990000]Elle aura son bac avant ses 12 ans, tu verras ! » Puis c’est à elle de glisser un petit geste tendre sur mon bras, avant d’attraper ma main. « Tu vois, tu n’avais pas de raison de t’inquiéter… » « Non, ils sont supers. » Je lui offre un petit sourire rassurant et puis nous poursuivons notre route jusqu’au camion de glace. Le petit Sam fait de gros efforts pour suivre la cadence depuis tout à l’heure le pauvre, ça commence à faire beaucoup pour ses petites jambes. « Qui veut une glace ? » Les enfants répondent en criant par la positive. « Je crois que mes glaces leur plaisent plus que tes gâteau bio pour le goûter. » Glissais-je à Shay, complice et amusée. Quel enfant ne voudrait pas d’une glace en même temps ? Nous en prenons une chacun, je suis même surprise que Shay se laisse prendre au jeu elle aussi. Et après un bon goûter, nous poursuivons. « Tata, j’en ai marre de marcher, je suis fatigué moi… » Je propose alors de le porter, il n’a que quatre ans et je crois bien que la sieste est passée à la trappe cette après-midi. Léane s’arrête devant les tigres. «Hey Sam, regarde… Oh, je crois qu’il dort. » Je lance un regard à Shay, qui me confirme que la petite tête posée sur mon épaule est plongée dans le sommeil. Cependant, la petite fille a sans doute plus d’endurance que son frère et nous décidons de poursuivre encore quelques centaines de mètres, sur lesquelles Shay et Léane nous devance. Je ne marche pas trop vite pour ne pas le réveiller. Soudain, la petite fille prend la main de sa tante et lui pose la question fatidique, d’une petite voix hésitante. «Tata, c’est vrai ce que tout le monde dit ? Phoenix c’est vraiment ton amoureuse ? » Marchant à ses côtés, sa main fermement ancrée dans la sienne.

❝ what do you want from me ?❞
shaynix

La ballade au zoo se poursuit de manière ludique et agréable. Phoenix tient son rôle bien à coeur et je la trouve tout à fait adorable avec les enfants. Inconsciemment, c’est comme un test pour moi, savoir comment elle allait s’en sortir, et je dois dire que je suis plus qu’agréablement surprise. Lorsque les enfants partent pour regarder les singes et qu’ils restent dans mon champs de vision, je me rapproche de Phoenix naturellement. « Elle aura son bac avant ses 12 ans, tu verras ! » Je ris, amusée, et secoue la tête à ses bêtises. Un geste tendre plus tard et je tente de prendre la température pour voir si elle se sent bien, si elle n’est plus aussi stressée qu’un peu plus tôt avant qu’on arrive chez ma soeur. « Non, ils sont supers. » Je réponds à son sourire et nous poursuivons la ballade, passant devant le marchand de glace. « Qui veut une glace ? » Evidemment les enfants sautent de joie et je ne peux les empêcher de répondre par la positive. Après tout, ça leur fait plaisir, je ne vais pas leur enlever ça. « Je crois que mes glaces leur plaisent plus que tes gâteau bio pour le goûter. » Je lui fais une grimace en lui tirant la langue, toujours dans une bonne énergie, et nous prenons une glace tous les quatre, oui, même moi. La ballade se poursuit et Sam commence à fatiguer, avec ses petites jambes c’est normal après tout. Phoenix s’empresse de le récupérer dans ses bras et je la laisse faire, admirant la complicité qu’elle a su tisser avec le petit garçon. Un peu plus loin, Phoenix parle à Sam mais aucune réponse. « Oh, je crois qu’il dort. » Je penche la tête pour voir que sa petite tête reposant sur l’épaule de Nix est toute endormie. Je hoche la tête pour répondre à son interrogation et lui souris, puis nous continuons de marcher jusqu’à la sortie. Léane vient récupérer ma main et me pose une question à laquelle je ne m’attendais pas vraiment. « Tata, c’est vrai ce que tout le monde dit ? Phoenix c’est vraiment ton amoureuse ? » Je baisse la tête vers la petite fille et lance un regard à Nix par dessus mon épaule, avant de regarder à nouveau ma nièce. Je m’accroupis à son niveau pour lui répondre. « Qui c’est qui t’a dit ça hein ? C’est pas maman je pense ! » Elle secoue la tête. « Non c’est mes copines à l’école. » Je la trouve bien jeune pour parler de tout ça, mais ces gamines sont sûrement déjà fans de Phoenix alors ça pourrait s’expliquer. « Non mon ange, Phoenix et moi on s’aime beaucoup, mais on est pas amoureuses. » « Tu penses encore trop à tata Lukas ? » Mon coeur se serre en entendant le prénom de mon ex-femme. Parce que oui, les enfants sont nés j’étais déjà en couple avec Lukas donc ils m’ont toujours connue avec elle. « Voilà. Il va me falloir du temps. » Je caresse cas petite joue et viens lui plaquer un bisou sur la joue. « On rentre ? » Elle hoche la tête et nous repartons vers la voiture. Sam reste endormi et Léane le rejoint dans les bras de Morphée. Pendant le trajet, je trouve Phoenix très silencieuse, et j’ai peur que ce soit mes réponses aux questions de Léane qui l’aient un peu chamboulée. « Ils t’adorent, ça se voit. Ils ont passé une très bonne après midi, je parle pour eux mais je les connais assez bien pour le savoir. » Je tourne un peu la tête rapidement pour lui adresser un sourire mais je regarde vite la route, restant concentrée. « Tu veux rester manger chez ma soeur finalement ou pas ? Tu es pas trop crevée ? » J’aimerai lui faire comprendre que j’aime passer du temps avec elle, que je n’ai pas honte de la présenter à ma famille, bien au contraire. Mais il faut encore qu’elle veuille bien le voir.

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Que Shay puisse s’enquérir de mon ressenti par rapport à tout à l’heure me fait chaud au cœur. Elle est dans son élément le plus total, et je le vois bien. Elle aime cette ambiance familiale, elle aime savoir qu’un petit être humain dépend d’elle et s’en réfère à elle. Et ses neveux sont hypnotisés par leur tante, ils la vénèrent, réellement. Tata par-ci, tata par-là, elle est leur point de repère à cet instant précis, et je suis agréablement surprise de voir avec quelle aisance, même sans les voir tous les jours, elle arrive à rester leur personne de confiance. Cette femme respire la confiance et la sérénité, quand on la regarde d’un œil neuf. Une fois qu’on la connait un peu plus, on se rend compte qu’elle est stressée, qu’elle est malheureuse et profondément blessée. Dans l’attente de quelque-chose, mais de quoi, de qui ? Je sais que son mariage est terminé, sans doute pas pour elle, mais il l’est pour son ex-femme qui a visiblement refait sa vie. Elle est enceinte et une histoire sérieuse, je crois. Je ne pose pas de questions, après tout, si elle veut m’en parler, je la laisse le faire, ce n’est pas à moi de décider. Je ne veux pas lui faire plus de mal qu’elle ne s’en fait déjà rien qu’à y penser.

Alors que Sam s’est endormi sur mon épaule, et je suis d’ailleurs ravie de cette complicité si vite nouée, Léane s’entretient avec sa tante. Elle a l’air de tout comprendre extrêmement vite, même du haut de ses 6 ans, j’admire sa maturité et sa lucidité. Alors que je marche doucement pour ne pas réveiller le petit garçon, je parviens à comprendre quelques bribes de leur conversation. Ça me fait mal, mais je le comprends, je le comprends tellement que ça me fait prendre conscience que je lui en demande trop, trop vite, et que son histoire ne se terminera pas tant qu’elle n’aura pas eu le déclic, tant qu’elle n’aura pas profondément décidé de tourner la page, même si elle essaye de toutes ses forces. Elle vit chez moi, nous vivons dans le mensonge, nous créons une bulle de mensonge autour de nous, au point de nous en perdre toutes les deux et pour tout avouer, ça me perturbe, ça me fait mal autant que j’en ressens le besoin. Je préfère la savoir près de moi et m’écorcher vif, que de la savoir loin et avoir la chance de me préserver. J’ai toujours vécu les choses à fond, sans demi-mesure. Pleinement ou pas du tout. Et y ait souvent laissé des plumes. Tant pis.

Nous repartons, et vient le moment délicat de déposer Sam dans son siège auto sans le réveiller. Alors je le pose le plus délicatement du monde, soutenant sa tête, et l’attache moi-même avant de prendre le volant, dans un silence particulier. Je n’ose pas faire le premier pas, faire comme si elle ne souffrait pas, occulter tout ce qu’elle subit en feintant l’ignorance serait même cruel. Alors je préfère ne rien dire et lui laisser le temps de briser le silence. « Ils t’adorent, ça se voit. Ils ont passé une très bonne après midi, je parle pour eux mais je les connais assez bien pour le savoir. » « Moi aussi, j’ai passé une super après-midi. » Je me contente de lui accorder un sourire, timide, mais sincère, posant une seconde ma main sur son genoux. Je n’ose pas en faire trop non seulement pour les enfants, mais aussi pour elle. Nous sommes devant sa famille, nous ne sommes pas supposés jouer la comédie, même si pour moi ça n’en n’est pas une. « Tu veux rester manger chez ma soeur finalement ou pas ? Tu es pas trop crevée ? » « C’est de toi que ça dépend Shay. Je… j’ai entendu ce que tu disais à Léane, je voulais pas écouter mais… Si ça va trop vite, je comprends. Je confonds mensonge et réalité, je ne devrais pas. » Je n’accorde pas un regard à Shay, j’ai peur que mon regard me trahisse, alors je regarde tout simplement la route, concentrée. « Ca me ferait plaisir de passer la soirée avec ta famille, mais on va faire un truc toutes les deux, je prendrais ce que tu me donnes, sans poser de questions, d’accord ? Je ne veux rien que tu n’aies pas envie de me donner. » Toujours un léger sourire bienveillant, il est hors de question qu’elle ne se sente obligée d’aller trop vite de peur que je me lasse ou que je ne le prenne mal. Elle est malheureuse, et la seule solution à son malheur, c’est le temps et la patience.

Quand nous arrivons chez sa sœur, les enfants se réveillent doucement. Et je détache chacun des enfants avant de prendre Sam dans mes bras, visiblement, il a compris que j’étais plus encline que sa tante à le porter à n’importe quelle occasion, il est malin lui aussi ! Je le dépose sur le canapé comme sa sœur me l’indique et Léane en profite pour aller à la douche. «Je vous que tout le monde s’est bien amusé, et mon invitation à dîner tient toujours ma chérie et le refus n’est pas une option. » Je crois que nous n’avons pas le choix et je réponds par la positive, soudain interrompue par un coup de téléphone. «Excusez-moi, je dois répondre. » Je m’éclipse alors à l’extérieur quand la sœur de Shay en profite pour la prendre à part. « Toi, il y a des tas de trucs que tu ne me dis pas. Déjà d’un, elle préfère passer son après-midi au zoo avec des mômes plutôt que la passer avec ses super copines super connues dans un super spa, et elle se tourne systématiquement vers toi pour prendre n’importe quelle décision, alors si toi tu n’es pas encore amoureuse, elle, c’est plutôt évident ! Qu’est-ce que tu attends enfin ? » Elle s’atèle à préparer le dîner, sans pour autant oublier la conversation. «Et puis même si c’est une histoire comme ça, qu’est-ce-que ça peut faire ? Du moment que vous vous faites du bien mutuellement ? C’est peut-être ça dont tu as besoin, il faut que tu reprennes confiance en toi Shay, c’est important. »

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Je ne sais pas trop bien comment réengager la conversation, je sais qu’elle a certainement entendu ce que j’ai dit à Léane un peu plus tôt, et je me sens mal à l’aise. Je commence par parler des enfants, je crois que c’est encore ce qu’il y a de mieux à faire. « Moi aussi, j’ai passé une super après-midi. » Elle vient poser sa main sur mon genou et je baisse les yeux sur cette main, ces doigts posés sur ma jambe, sentant mon coeur qui s’accélère. Je ne dis rien, et rapidement elle enlève sa main. Je n’étais pas sûre d’apprécier ce geste, mais je suis pourtant sûre de manquer désormais de la présence de sa main sur mon genou. Je ne sais plus où j’en suis. J’essaie de garder contenance face à tout ce qui se mélange en moi. Je lui demande finalement si elle a envie de rester manger chez ma soeur. « C’est de toi que ça dépend Shay. Je… j’ai entendu ce que tu disais à Léane, je voulais pas écouter mais… Si ça va trop vite, je comprends. Je confonds mensonge et réalité, je ne devrais pas. » Je tourne la tête vers elle mais son regard reste figé sur la route, feintant la concentration. Mais je commence à cerner le personnage. Pourquoi tout semble si compliqué ? Je ne sais même pas quoi répondre à ça. « Ca me ferait plaisir de passer la soirée avec ta famille, mais on va faire un truc toutes les deux, je prendrais ce que tu me donnes, sans poser de questions, d’accord ? Je ne veux rien que tu n’aies pas envie de me donner. » Mon soeur se serre dans ma poitrine. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter qu’elle me comprenne de cette manière, qu’elle accepte de me laisser du temps sans avoir la certitude que je viendrai véritablement vers elle. Elle est patiente, plus que je ne l’aurai imaginé. « Merci. » Juste un mot, glissé entre mes lèvres alors que ma gorge est serrée. Je viens poser ma main sur la sienne, se trouvant sur le levier de vitesses, et j’attends qu’elle tourne la tête pour réitérer ce mot qui pour moi a toute son importance. « Merci Nix. » J’esquisse un fin sourire pour appuyer mon geste, et je retire ma main de sur la sienne avant que nous arrivions.

Phoenix s’empare de Sam qui dort toujours et nous entrons. Léane montre à Nix où poser Sam, et je rejoins ma jeune soeur dans la cuisine. « Je vois que tout le monde s’est bien amusé, et mon invitation à dîner tient toujours ma chérie et le refus n’est pas une option. » Je lève les yeux au ciel en soupirant et dépose un baiser sur sa joue. « Ok ok, j’ai bien compris ! » Je ris et tourne la tête vers Nix pour lui adresser un regard complice mais son regard est appelé par son téléphone qui est en train de sonner. « Excusez-moi, je dois répondre. » Je hoche la tête et la regarde sortir. Une fois dehors, elle est sous notre regard, à travers la fenêtre de la cuisine dans laquelle nous nous trouvons avec Liv. Je n’arrive pas à décrocher mes yeux d’elle, c’est plus fort que moi. « Toi, il y a des tas de trucs que tu ne me dis pas. Déjà d’un, elle préfère passer son après-midi au zoo avec des mômes plutôt que la passer avec ses super copines super connues dans un super spa, et elle se tourne systématiquement vers toi pour prendre n’importe quelle décision, alors si toi tu n’es pas encore amoureuse, elle, c’est plutôt évident ! Qu’est-ce que tu attends enfin ? » Je tourne la tête vivement vers ma soeur, surprise. « N’importe quoi, elle… » Je me mords les lèvres. Je sais qu’elle a raison, je sais que ma soeur dit vrai mais je ne veux pas me l’avouer, parce que ce serait trop dur de me rendre compte que je la laisse m’aimer alors que j’en suis pour le moment incapable. Je soupire un peu et repose mon regard sur Nix qui tourne en rond dehors, son téléphone à l’oreille. « J’y arrive pas. » Je soupire une fois encore et regarde ma soeur, désolée. « Et puis même si c’est une histoire comme ça, qu’est-ce-que ça peut faire ? Du moment que vous vous faites du bien mutuellement ? C’est peut-être ça dont tu as besoin, il faut que tu reprennes confiance en toi Shay, c’est important. » Je secoue la tête. « Tu l’as dit toi même. Elle est amoureuse. J’ai pas le droit de jouer avec elle, de lui faire croire qu’on peut construire quelque chose ensemble alors que j’y suis pas prête. Je viens tout juste de divorcer, ça faisait huit ans que j’étais avec Lukas, j’étais heureuse putain… » Mes mains s’agrippent nerveusement à l’évier alors que mes yeux s’embuent déjà. « Je suis pas prête à revivre ce genre de chose. Phoenix n’est pas quelqu’un d’équilibré et j’ai besoin de quelqu’un d’équilibré. Et de toute manière je suis pas prête c’est tout. Je suis pas prête. » Je me le répète comme pour m’en persuader. Tout ça est tellement confus, une partie de moi aimerait pouvoir se lâcher, s’abandonner à elle sans aucune frontière, mais il y a toujours la partie raisonnable qui reprend le dessus, celle qui me hurle que je vais encore me rétamer, celle qui me dit qu’en plus de me blesser, je vais aussi la blesser elle. Et il n’en est pas question, elle é déjà vécu beaucoup trop de choses compliquées, et je n’en connais pas la moitié.

Nix revient dans le salon en s’excusant et je tente de ravaler mes larmes avant de me tourner vers elle pour lui offrir un sourire, mais je vois bien qu’elle ne connaît un peu trop, et qu’elle remarque que quelque chose ne va pas. Sam se réveille et vient se frotter les yeux en s’agrippant à la jambe de Nix, ce qui me fait sourire, cette fois de manière plus vraie. « Viens mon coeur, on va aller prendre la douche avant manger. Ok ? » Il hoche la tête et je me rapproche de Nix, frôlant sa main. « Je vous laisse finir de préparer ? » Puis à elle, un peu plus bas. « Ça va aller ? » Je ne sais pas pourquoi, je m’inquiète toujours pour elle, qu’elle se sente mal à l’aise, pas à sa place. « Phoenix, je peux te demander un coup de main ? » J’offre un sourire à la chanteuse avant de prendre le petit garçon dans mes bras et l’emmener dans la salle de bain. Ce qu’elles se racontent ne viendra jamais à mes oreilles, et lorsque je reviens, je me rends juste compte que le courant a l’air de passer entre elles et ça me fait plaisir. Nous passons à table et j’échange avec Nix quelques sourires aussi tendres que complices. Après le repas, je laisse Liv aller coucher les enfants et j’en profite pour débarrasser avec Nix. « Je crois que ma soeur aussi t’adore. Humainement je veux dire… pour le reste, c’était déjà acquis ! »

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J’admire la complicité de Shay et de sa petite sœur. Il est difficile de dire qui est la plus jeune, mais c’est appréciable de les voir comme ça. Je crois que j’aurais aimé avoir une personne avec qui tout partager comme ça. Quoi que je me dis que s’il ou elle avait dû avoir la même enfance décousue que moi, ça n’aurait sans doute pas été un cadeau. Aujourd’hui, j’ai des amis, certains, mais difficile de jauger les vrais des faux, une fois célèbre, la vérité n’a plus vraiment de visage, et la sincérité, encore moins. Elle se paye à prix d’or, et souvent au prix de nombreuses déceptions. Et c’est aussi en ça que Shay est si précieuse à mes yeux, elle fait partie de ces personnes sincères, que ma célébrité n’intéresse pas. Elle se foutait même de la musique que je pouvais faire au moment où elle a accepté notre première rencontre professionnelle. Avoir à faire à un œil neuf, et objectif, ça fait toujours du bien.
Quand mon téléphone sonne, je m’excuse et sort répondre, tandis que Shay est toujours avec sa sœur, sans doute à discuter de la suite de sa vie sentimentale. Elles ont l’air assez proches pour parler de choses aussi intimes que les femmes le font. Et je crois qu’elle a vite compris ce qu’il se passait entre la tête et le cœur de sa petite sœur, c’est un véritable combat. « Tu l’as dit toi même. Elle est amoureuse. J’ai pas le droit de jouer avec elle, de lui faire croire qu’on peut construire quelque chose ensemble alors que j’y suis pas prête. Je viens tout juste de divorcer, ça faisait huit ans que j’étais avec Lukas, j’étais heureuse putain… » « Oui, tu étais heureuse ma puce, et ne renie pas tout ça. Lukas fera toujours partie de ta vie, et de celle des petits, ils m’en parlent souvent. Mais votre vie elle a fini par prendre un tournant, c’est comme ça. C’est facile à dire, je le sais, mais il faut que tu te reconstruises Shay, et c’est en prenant des risques que tu le feras, de quoi tu as peur ? » Elle vient poser ses mains sur ses bras, pour la rassurer et la réconforter. « Je suis pas prête à revivre ce genre de chose. Phoenix n’est pas quelqu’un d’équilibré et j’ai besoin de quelqu’un d’équilibré. Et de toute manière je suis pas prête c’est tout. Je suis pas prête. » « Moi je vois surtout que c’est la peur qui te paralyse. Tu as peur de retomber amoureuse ma chérie ? » Tomber amoureuse fait peur, c’est normal, c’est un engagement profond bien malgré nous, le genre de choses qui nous tombe dessus sans qu’on ait notre mot à dire et je dois avouer que c’est tout à fait ce que je redoutais, et pourtant, je trouve ça merveilleusement bon. J’ai encore la chance que Shay partage mon appartement, et même si elle ne partage que ça, être amoureux, c’est se contenter du peu qu’on reçoit, parce que pour nous, c’est déjà beaucoup.

Quand je retrouve les filles dans la cuisine, je sens bien que tout ne va pas comme je les ai quittés, les yeux de Shay sont brillants et elle me sort un de ses petits sourires rassurants qui veulent cacher ce qui se passe. Je n’ose pas poser de questions, je lui ai promis que je ne le ferais plus. Je pense avoir mal fait les choses depuis le début, trop vite, sans prendre le temps de lire entre les lignes. Je n’ai écouté que mon envie et ses élans de passion à elle, ou d’ambition, ou quoi que ça puisse être. Je préfère garder le silence et la laisser enchainer sur le sujet de la douche de Sam qui vient se blottir contre moi et à qui je passe une main délicate dans ses petits cheveux en bataille. « Viens mon coeur, on va aller prendre la douche avant manger. Ok ? » Shay me demande si tout va bien et je lui assure que oui en passant ma main sur son bras, tendrement, comme si c’était une habitude. Ça devient un réflexe chez moi, et j’en viens à me demander si c’était très approprié devant sa petite sœur, qui a l’air de s’en contrefoutre de toute évidence ! « Ça va aller ? » « Oui, t’inquiète pas. » Encore une fois je lui adresse un sourire tendre et rassurant et check avec Sam pour qu’il aille se doucher, me faisant promettre de lui garder une place juste à côté de la mienne. « Phoenix, je peux te demander un coup de main ? » « Oui, avec plaisir. » Je mets la main à la pâte pour le dîner et j’adore ça et bien vite, nous en arrivons à un verre de vin chacune. C’est comme si sa famille m’acceptait comme une évidence et non pas une couverture bidon. Alors soit je me fais des films, soit elle est un peu plus pour moi qu’elle ne veut bien me le faire croire.

Le repas se passe sous les meilleurs hospices, Sam et Léane usent même de blagues pour faire rire la tablée et je dois avouer que cette ambiance familiale me plaît beaucoup. Je n’ai pas souvenir d’avoir partagé quelque-chose comme ça avec mes deux parents. Ma mère, oui, souvent, quand elle m’emmenait manger une pizza le vendredi soir en me récupérant de l’école militaire, de l’école élitiste où j’étais, ou un soir de vacances parce que mon père avait fini par refuser que je rentre autrement que pour les vacances. Ces moment-là sont précieux pour la construction d’un enfant, je m’en rends compte maintenant. Et si un jour j’ai la chance d’en avoir un à moi, si Dieu est assez dingue pour m’en confier un, je m’engagerais à lui offrir une enfance idéale, peu importe les sacrifices à faire, il aura tout ce que je n’ai pas eu.
Nous débarrassons finalement la table quand Olivia va coucher les enfants, non sans une dizaine de bisous chacun. « Je crois que ma soeur aussi t’adore. Humainement je veux dire… pour le reste, c’était déjà acquis ! » « Ta sœur est géniale. C’est un peu le même modèle que toi, mais avec option je le prends cool. Toute ta famille est super Shay, vraiment. » Je lui accorde un sourire et dépose tout ce que j’ai dans les mains sur le comptoir, posant ensuite une main sur sa hanche pour passer derrière elle et tout déposer dans le lave-vaisselle.

Dans la voiture, sur le chemin du retour, je mets de la musique. Une musique que j’aime, mais je me rends compte que ce n’est pas vraiment la chose à faire, étant donné que son ex-femme semble écouter la même, avoir les mêmes influences que moi, aimer les mêmes légendes. Je retire alors la clé USB du lecteur pour préférer la radio. Et quand je la vois poser sa tête contre la portière, je baisse le volume sonore pour ne pas la réveiller. Quand nous arrivons, elle dort, et je me gare le plus doucement possible dans le parking sous-terrain en serrant le frein à main. Je glisse ensuite une main dans le cou de Shay pour soulever ses cheveux. « On est arrivées. » D’une voix calme et posée. Nous remontons jusqu’à l’appartement et comme à mon habitude, je dépose clés, portable et porte feuilles sur la console de l’entrée, et ma veste en vrac sur la première chaise que je trouve. Je la laisse quelques minutes pour aller prendre une vraie douche et en ressort en shorty, avec un t-shirt Metalica bien trop large pour moi. Je lui laisse la salle de bain et l’attends pour lui souhaiter bonne nuit, et prépare la chambre d’amis pour elle, tout à l’heure, le chauffage ne marchait pas dans ma chambre, et je constate qu’un dimanche, ça ne marche pas mieux non plus quand nous rentrons. «J’ai tout mis dans la chambre d’amis, elle est chauffée. » Couettes, oreillers, les affaires dont elle a besoin sur sa table de nuit pour dormir… Je connais ses habitudes presque par cœur, c’est même très inquiétant.

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« Oui, tu étais heureuse ma puce, et ne renie pas tout ça. Lukas fera toujours partie de ta vie, et de celle des petits, ils m’en parlent souvent. Mais votre vie elle a fini par prendre un tournant, c’est comme ça. C’est facile à dire, je le sais, mais il faut que tu te reconstruises Shay, et c’est en prenant des risques que tu le feras, de quoi tu as peur ? » Je soupire et la boule dans ma gorge m’empêche de répondre à cette question. De quoi j’ai peur ? Mais de beaucoup trop de choses. D’être abandonnée à nouveau, de me rétamer à nouveau, de mettre trop d’espoirs dans quelque chose ou quelqu’un, et d’être déçue une nouvelle fois. D’accorder ma confiance, donner mon amour pour finir six pieds sous terre, encore et encore. Je ne suis pas prête pour le moment. Et même ma soeur n’y changera rien. « Moi je vois surtout que c’est la peur qui te paralyse. Tu as peur de retomber amoureuse ma chérie ? » Je suis attachée à Phoenix, bien plus que je me laisse le croire, mais je m’interdis de développer pour elle des sentiments qui dépasseraient la limite que je me suis fixées. Je lui ai fait assez de mal comme ça, et j’aimerai arrêter là les dégâts. Je ne me sens pas prêt à lui donner ce qu’elle me demande. « Oui. Ça fait trop mal. Tu n’imagines même pas Liv… » Je suis à deux doigts de pleurer, mais Phoenix revient et je me retiens de pleurer. Au lieu de ça, je la rejoins, lui offre un geste tendre et la rassure d’un sourire. Je vais bien. Et j’espère que c’est aussi son cas. Je ne veux que son bien.

Le repas se passe à merveille, et nous terminons de manger avant que ma soeur n’aille coucher les enfants. Je ne cache pas à Phoenix de lui dire à quel point ma famille l’apprécie. « Ta sœur est géniale. C’est un peu le même modèle que toi, mais avec option je le prends cool. Toute ta famille est super Shay, vraiment. » Je ris un peu pour sa phrase sur ma soeur. « Je te l’avais dit, ma soeur est géniale. » Je me retiens de dire qu’elle est bien mieux que moi. Je le pense au plus profond de moi, mais ne le dis pas parce que je sais très bien ce que pourrait me répondre Phoenix, que je me trompe, que je suis une fille bien, blablabla. Je n’ai pas envie d’entendre ça. Pas ce soir. Nous saluons ma soeur à son retour et décidons de rentrer, la fatigue du jet lag se fait sentir malgré la sieste que nous avons partagée Nix et moi. Une fois dans la voiture, je me retiens de demander à Nix de changer de musique mais elle semble s’être insinuée dans mes pensées puisqu’elle préfère mettre la radio à la place. J’esquisse un sourire et viens poser ma tête contre la vitre, regardant le paysage défiler jusqu’à m’endormir. C’est une main dans ma nuque qui me réveille en douceur. « On est arrivées. » J’ouvre doucement les yeux et passe une main sur mon visage pour tenter de me réveiller un peu plus vite. Une fois chez elle, je la laisse aller prendre une douche pendant que j’avale une tisane bien chaude pour me réchauffer un peu. Elle sort de la douche en tenue de nuit et me laisse la salle de bain. Pas de douche pour moi, je préfère la prendre le matin. Mais je me démaquille, me brosse les dents et enfile mon pyjama short débardeur en soie grise. En sortant, je frissonne un peu, il ne fait pas chaud dans le salon, et puis la fatigue n’aide pas. « J’ai tout mis dans la chambre d’amis, elle est chauffée. » Nix m’attendait dans le couloir, et je n’ai qu’à tourner la tête vers la chambre d’amis pour remarquer qu’elle a tout installé. Je finis de frotter mes mains l’une contre l’autre pour faire rentrer la crème hydratante et je souris. « Merci. T’es un amour. Mais il est pas question que tu dormes ici, il fait trop froid. » Je viens récupérer sa main dans la mienne. « Je te laisse une place si tu promets de pas bouger dans tous les sens ! » Je ris un peu et j’entre dans la chambre, sa main dans la mienne, avant de la lâcher pour pousser la porte. L’habitude. Je me glisse sous la couette et soupire sous le bien-être ressenti avec la chaleur. Nous passons la nuit dans les bras l’une de l’autre, en le voulant ou sans le vouloir, je ne sais pas bien. Mais il y a longtemps que je n’avais pas si bien dormi.