baby, can i hold you tonight ? (charli #14)

Trouver ce petit garçon sur le pas de la porte de Sofia était surprenant, mais je crois que parfois, les choses n’arrivent pas par hasard. Pourquoi là ? Ça, je l’ignore pour l’instant. Peut-être que les choses s’éclairciront plus facilement pour la jeune femme, puisque s’il a été déposé là, c’est avant tout pour sa mère – une mère qui n’est malheureusement plus là et qui ne pourra pas répondre à ses questions. Aujourd’hui, elle ignore qui cela peut être, mais peut-être qu’avec les jours ou semaines à venir, alors des souvenirs d’une discussion avec sa mère lui reviendront. Une discussion où elle évoquait cette fameuse H, ou bien ce fameux, après tout, c’est peut-être un père qui s’est retrouvé avec un enfant sur les bras et qui n’a pas su quoi en faire. Quoiqu’il en soit, cette discussion fait maintenant partie du passé : elle ne voit pas qui c’est et nous n’avons pas de temps à perdre si nous voulons faire en sorte que ce bébé soit dans un endroit sécurisé et aimant ce soir. Sans avoir trop le choix non plus, nous optons pour la caserne de pompiers, le tout à pied puisque nous n’avons rien pour mettre le petit Luca dans la voiture. À mesure que nous avançons, je me dis que cette option n’est pas une si mauvaise idée, puisque cela nous permet d’évoquer des sujets que nous n’aurions sûrement pas fait dans d’autres circonstances. Je l’interroge sur son envie d’avoir des enfants et quelques minutes plus tard, elle me retourne la question. Sans grande surprise, ce n’est pas quelque chose que nous envisageons pour l’instant. Avec son boulot, mes études et nos âges, je trouve qu’il est encore un peu tôt pour cela. On ne devrait donc pas se retrouver surprises par l’arrivée d’un bébé dans nos vies. Entre deux femmes fidèles, l’hypothèse d’un accident n’est pas envisageable : pour avoir un enfant, il faut le désirer à deux et se lancer dans des démarches parfois longues. Cependant, par le passé, avec certaines de mes relations, ma grand-mère craignait le pire. « Ça c’est sûr. Elle avait peut-être peur de devoir recommencer de zéro aussi, avec un nouvel enfant qui gambade dans son salon. » Quoique.. je ne sais pas si je serais allée jusque là, si j’aurais eu le courage de le garder. Là, il n’est question que d’hypothèse puisque je suppose qu’il faut se retrouver enceinte pour savoir si on est vraiment capable d’avorter ou non – on ne dirait pas comme ça, mais je crois qu’il faut avoir une certaine force pour y arriver. Sofia a récupéré le petit garçon et le courant semble bien passer entre eux. Aussi surprenant que cela puisse être, la brune le trouve même adorable. Il faut dire qu’il essaye encore de lui faire du charme, j’en suis convaincue. Ma petite amie évoque une théorie et je fronce légèrement les sourcils, ne comprenant pas tout de suite où elle veut en venir. « Peut-être. » Dis-je, finalement, après son explication. « Elle a voulu le meilleur pour lui, alors je suppose qu’elle l’aimait. Qu'elle l'aime. » C'est difficile à voir quand on sait qu'elle l'a laissé seul, dehors, sans même savoir quand reviendrait la propriétaire de la maison. Pourtant, elle pensait bien agir, faire ça pour son bien. « Peut-être qu'elle n'avait pas les moyens aussi. Certaines personnes pensent que l'argent est primordial pour s'occuper d'un enfant. » Ce qui n'est pas forcément le cas. Certes, il faut avoir le minimum pour être en capacité de le nourrir, de l'habiller et pour pouvoir lui prodiguer des soins, mais pour le reste, ce n'est que facultatif. Il est plus important d'avoir de l'amour qu'une multitude de jouets. Et pour le coup, je suis plutôt bien placée pour le dire. Iggy a de l'argent, c'est vrai, mais ce n'était pas le cas de ma grand-mère et ça ne m'a pas empêché de devenir la jeune femme que je suis aujourd'hui. « Je crois bien que nous sommes arrivés. » Dis-je, alors que nous arrivons enfin devant la grande caserne de la ville. « Tu préfères y aller seule ou tu veux que je t'accompagne ? » Je m'adresse à Sofia. Peu importe son choix, je le suivrais. Comme il a été déposé devant chez elle, c'est elle la responsable, mais si ma présence peut la rassurer, alors je viendrais. « Tu ne te souviendras pas de nous, mais ce fut un plaisir de croiser ton chemin Luca. » Dis-je, alors que je viens tendrement caresser la main du petit garçon. Il a quelque peu bousculé nos plans, mais cela nous a fait sortir de notre zone de confort et ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Au moins, maintenant, je sais qu'il faut environ une heure pour que Sofia soit plus à l'aise avec des enfants.