i feel at home with you // riley #9

I feel at home with you
crédit/ tumblr ✶ riley #9

Depuis mon retour de vacances, je suis sans arrêt en déplacement. Et entre nous, ça m'arrange plutôt bien. A Island Bay, la situation est un peu compliquée. Elio vit toujours dans notre maison commune et je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller récupérer toutes mes affaires. Mais cette fois-ci, je n'ai plus vraiment le choix. Je suis en repos cette semaine, et comme Riley m'a proposé de venir habiter avec elle à la colocation le temps que les choses se tassent, j'en profite pour faire un détour dans mon ancien quartier. J'ai été obligé de prévenir Elio, je ne me voyais pas vraiment débarquer comme un cheveu sur la soupe après toutes ces semaines d'absence. Ironie du sort de passer le voir le jour de la Saint-Valentin, quand on y pense. Mais c'est un simple coup du hasard puisque mon vol a atterri aujourd'hui même à l'aéroport de Wellington. La confrontation n'a pas été facile, mais je crois qu'elle était nécessaire. Il commence doucement à comprendre que notre rupture est définitive. C'est déjà une bonne chose. Et même si je ne suis pas trop pressée non plus, il va bien falloir qu'on s'occupe de quelques formalités quand même, notamment par rapport à la maison. Mais chaque chose en son temps. En attendant, de mon côté, j'ai déjà commencé à tourner la page. En réalité, j'avais déjà commencé à le faire avant de le quitter officiellement. Mais ça, il n'est pas censé le savoir. Encore moins que je suis allée rejoindre sa soeur au Portugal juste après. Et que je m'apprête justement à emménager avec elle, dans sa chambre. Ça me fait encore un peu bizarre de me dire que je suis "libre". Vraiment libre, je veux dire. Dans ma tête, j'ai l'impression de ne pas l'être totalement en fin de compte. Faut dire que la situation n'est pas des plus ordinaires non plus. Avec Riley, il faut encore que nous fassions profil bas. En soit, nous ne sommes pas réellement ensemble, mais nous ne pouvons pas vraiment nier ce qu'il se passe entre nous depuis quelques temps déjà. C'est un peu une évidence. Mais est-ce qu'emménager ensemble est vraiment une façon de faire profil bas ? Ce n'est surement pas la meilleure définition possible, quand on y pense. Mais en même temps dormir à l'hôtel n'est pas l'idéal non plus, aussi bien pour le côté pratique que d'un point de vue financier d'ailleurs. Me voilà donc à traîner mes valises dans l'ascenseur pour monter jusqu'à l'appartement de Riley. Nous nous sommes pas revues depuis le Portugal, et je suis impatiente de la retrouver. « Salut ! » Un large sourire s'invite sur mes lèvres alors que je viens naturellement la prendre dans mes bras. « Merci encore d'avoir proposé de partager ta chambre avec moi. » Je devrais aussi remercier ses colocataires puisqu'ils ont également accepté que je vienne envahir un peu plus leur espace, au moins temporairement. « Les va-et-vient dans les couloirs de l'hôtel ne devraient pas beaucoup me manquer. » Je ris un peu avant de sortir un petit paquet de mon sac à main. « Tiens, c'est pour toi. » Un cadeau de Saint-Valentin ? Non, nous n'en sommes pas encore là. C'est juste un souvenir que j'ai acheté pendant l'un de mes voyages, mais comme je lui offre aujourd'hui, cela peut porter à confusion. « Quand je suis tombée dessus, j'ai directement pensé à toi. » C'est un petit bracelet en argent que j'ai trouvé dans une petite boutique artisanale dans le centre de Paris.

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Cela fait maintenant plusieurs jours que je suis revenue du Portugal et je peux affirmer que ce voyage de plusieurs semaines m’a fait le plus grand bien. Et je ne dis pas cela uniquement à cause de la visite surprise de Freya et de la révélation qu’elle a amené avec elle dans ses valises. Certes.. cela a joué pour que je me sente mieux. Mais j’ai aussi réalisé que la possibilité de croiser Hunter allait sûrement revenir et que je devais passer outre cela, outre mes sentiments et ce qu’il avait créé en moi cette nuit là : cette peur des hommes. Pour cela, à peine rentrée en Nouvelle-Zélande, j’ai demandé à Josh de m’inscrire à des cours de boxe. Loin de moi l’idée de vouloir faire du mal à mon ancien petit ami, mais l’idée de pouvoir reprendre le contrôle semblait obligatoirement passer par-là, comme en Australie. Après quelques séances, je peux affirmer que je me sens déjà mieux. Une météo agréable, un boulot qui me passionne retrouvé, que demander de plus ? Le retour de Freya, bien sûr et par chance, c’est pour aujourd’hui. Depuis la révélation de sa séparation, mes parents m’ont demandé si j’avais eu de ses nouvelles, pour pouvoir les transmettre à mon frère. J’ai préféré leur mentir et garder pour moi le fait que nous avions échangé et que je lui avais même proposé d’emménager avec moi, le temps qu’elle trouve une solution plus permanente. Ça ne les regarde pas et je suis presque sure que cela aurait fini par se retourner contre moi un jour — ça peut toujours arriver d’ailleurs. Le hasard a voulu que nos retrouvailles se fassent le jour de la Saint-Valentin et pour être honnête, je ne sais pas trop comment agir face à ça. Après tout, nous ne sommes pas ensemble, alors pourquoi fêter un jour qui est censé être dédié aux amoureux ? Parce qu’il y a de forts sentiments entre nous ? Certes.. de toute façon, pour vraiment répondre à cela et à cette fête commerciale, je suppose qu’il faut aussi demandé son avis à l’hôtesse de l’air. En parlant d’elle, voilà qu’elle sonne à la porte. Je remets rapidement mes cheveux en place, du mieux que je peux, et je file jusqu’à la porte. Un large sourire se dessine sur mes lèvres au moment où je la vois et il s’agrandît un peu plus — si c’est possible — lorsqu’elle me prend dans ses bras. « Entre, je t’en prie. Fais comme chez toi. » Théoriquement, c’est un peu le cas. À peine entrée, elle sort un petit paquet de son sac à main et me le tend. « Merci, il ne fallait pas. » Dis-je, presque timidement, surprise de recevoir quelque chose. « J’ai aussi un petit quelque chose pour toi. Je n’étais pas là pour ton anniversaire, mais j’ai tout de même pensé à toi. » Ce cadeau, présentement dans la chambre, vient de Porto. Lorsque la jeune femme a soufflé ses bougies, j’étais là-bas et je n’ai pas pu m’empêcher d’acheter un petit quelque chose. J’aurais facilement pu lui donner là-bas, quand elle est arrivée, mais je ne sais pas, je n’ai pas trouvé que c’était le moment idéal. Bref.. assez de bavardages. J’ouvre le paquet et y découvre un magnifique bracelet en argent. Le nouveau sourire qui se dessine sur mes lèvres traduit aisément ma joie. « Est-ce que tu peux me le mettre ? » Je lui tends son cadeau et lui laisse ma main à portée. De ses doigts de fée, elle défait l’attache et vient entourer mon poignet du bijou. « Viens. Je vais te montrer notre chambre. » Elle connaît celle de mon ancien appartement, mais pas celle-ci. Je viens l’aider en prenant quelques-unes de ses affaires et je la guide jusqu’à la pièce que nous allons partager. « Nous sommes seules pour l’instant, les autres sont de sorties. » Ce n’est sûrement pas une mauvaise chose, ça nous laisse l’occasion de nous retrouver un peu. Mais en même temps, je me sens réservée, plus timide qu’à mon habitude, comme si elle m’impressionnait. « Est-ce que tu as faim ? J’ai préparé à manger. » Rien de bien extraordinaire. Disons qu’entre mon boulot et le rangement que j’ai fait avant son arrivée, le temps m’a un peu manqué pour faire mieux. Mais c’est toujours mieux que rien et ça lui permettra de pouvoir s’installer en douceur.

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Est-ce que ma vie a radicalement changé depuis que je ne suis plus avec Elio ? Pas nécessairement, non. En réalité, cela faisait bien longtemps que notre relation n'était plus vraiment une relation justement. En apparence, peut être, et encore. Mais au fond de moi-même, les choses étaient bien différentes. C'est surement pour ça que je n'ai pas l'impression que la situation ait réellement changé depuis que la rupture est officielle. Je passe toujours le plus clair de mon temps au travail, dans les aéroports et les hôtels aux quatre coins du monde. Et ça me va très bien comme ça. Le seul changement important à souligner, c'est par rapport à la maison. Disons que quand je suis dans les parages, je n'ai plus vraiment de pied à terre maintenant. Mais venir emménager dans la chambre de Riley est déjà une première évolution. Même si ça me fait quand même un peu bizarre. C'est la première fois que nous nous voyons sur Island Bay depuis que je ne suis plus fiancée à son frère. Au Portugal, c'était un peu différent. Nous étions loin de notre quotidien, et surtout, nous n'étions pas seules. Il y avait Tegan avec nous, et c'est comme si ça ne comptait pas vraiment. Mais là, nous emménageons ensemble - ou presque. Je sais bien que dans les faits ce n'est pas totalement ça non plus mais c'est quand même quelque chose d'important. Surtout, il ne faut pas que ses parents ou quelqu'un de l'entourage d'Elio l’apprenne. Ok, ça ne veut rien dire en soit mais je ne veux pas que Riley puisse avoir des problèmes à cause de moi. Maintenant que j'ai rompu les fiançailles, je suis un peu devenue l'ennemie public numéro un. C'est un rôle que je peux encaisser, mais si Riley peut rester en dehors de cette histoire, c'est mieux. « Entre, je t’en prie. Fais comme chez toi. » Je rentre dans l'appartement avant de lui tendre le cadeau que je lui ai ramené. « Merci, il ne fallait pas. » Ce n'est pas grand chose, mais quand je l'ai vu, j'ai tout de suite craqué. « J’ai aussi un petit quelque chose pour toi. Je n’étais pas là pour ton anniversaire, mais j’ai tout de même pensé à toi. » Un large sourire se dessine alors sur mes lèvres. « Oh, c'est gentil ça. » J'aurais préféré être avec elle le jour de mon anniversaire, mais avec les fêtes, c'était un peu compliqué. Quelle idée aussi de célébrer Noël le 25 décembre alors qu'entre nous, ma naissance est beaucoup plus importante n'est-ce-pas ? Elle ouvre le cadeau, et sa réaction ne se fait pas attendre bien longtemps. Si j'avais un doute de savoir si le bracelet pouvait lui plaire, je suis immédiatement rassurée. Je m'occupe de lui attacher au poignet avant d'ajouter. « Il est encore plus joli sur toi. » Faut dire que le modèle n'y est pas pour rien. Avec mes affaires, Riley me guide jusqu'à sa chambre. J'étais déjà venue dans son précédent appartement, mais celui-là, je ne le connaissais pas - sa chambre non plus donc. « Nous sommes seules pour l’instant, les autres sont de sorties. » Je me souviens même plus combien ils sont dans sa colocation. Mais à première vue, l'appartement a l'air vraiment spacieux. « Est-ce que tu as faim ? J’ai préparé à manger. » Ah ouais... elle a fait les choses bien pour mon arrivée. Autant vous dire que ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre. « Fais gaffe, si tu joues déjà à la colocataire parfaite, je vais finir par m'habituer. » Et surement plus vite qu'elle ne le pense. « Tu me montres un peu les lieux et après, on se pose pour manger si tu veux ? » Je ne vais peut être pas déballer mes affaires tout de suite, mais si elle peut me montrer les rangements dans sa chambre et les autres pièces de l'appartement, je ne dis pas non. « J'espère que les autres n'ont pas eu peur de moi... » Je ne les connais pas, je ne les ai jamais vu, ce sera surement un peu intimidant au début. Surtout pour moi, je pense. « Il faudra que tu me fasses un petit briefing sur eux d'ailleurs, histoire que je sache un peu dans quoi je m'embarque. » Je ris un peu avant d'ajouter. « Et potentiellement ce que tu as pu déjà leur dire sur moi, aussi. » Bah quoi ? « Je préfère savoir tout de suite à quelle sauce je vais être mangée. » Un nouveau rire s'échappe d'entre mes lèvres. Mais je suis quand même un peu sérieuse. Après tout, ce sont ses ami-e-s et c'est important pour moi d'essayer de tout faire pour qu'ils m'apprécient.

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Il serait mentir de dire que je n’attendais pas ce moment avec impatience. Le moment où Freya quitterait mon frère et où je pourrais possiblement l’avoir pour moi. Mais maintenant que tout cela est arrivé, je dois avouer que je suis un peu perdue face à ce que je suis censée faire – et même ressentir. Peut-être que proposer à la blonde de venir ici n’était pas une bonne idée. Peut-être que c’était précipité. Peut-être, mais il est maintenant trop tard pour avoir ce genre de raisonnements. Elle est face à moi et les battements de mon cœur qui s’accélèrent me font oublier toutes les questions que j’ai – du moins, pour l’instant. Après quelques formalités et un magnifique cadeau offert par Freya, nous quittons l’entrée de la pièce de vie pour gagner ma chambre, là où nous dormirons. À peine ses valises posées au sol, je lui donne certaines informations et je lui propose de manger, si elle a faim. Je ne sais pas si ça se voit, ou si ça se ressent, mais elle me rend nerveuse. Je veux que les choses se passent bien, alors forcément, je cherche à bien faire, peut-être trop. À la place, ou plutôt avant d’en arriver là, Freya me propose de faire un tour des lieux. Ça se tient, mais ça ne m’a pourtant pas sauté aux yeux : maintenant, je connais l’endroit comme ma poche et il est parfois difficile de se dire que ce n’est pas le cas des autres. Avant de partir, la blonde s’intéresse à ce que j’ai pu dire à son sujet. S’ils ont eu peur d’elle ? Pourquoi ? Sur cette planète, je me demande bien qui ne pourrait pas aimer Freya. Tegan peut-être, mais il y a des circonstances atténuantes pour le coup. « J'ai dit que tu étais une amie, je n'ai pas mentionné Elio. Je me suis dit que ce n'était pas utile. » Inutile d'ébruité d'avantage cette histoire, surtout si nous ne voulons pas que cela remonte aux oreilles du principal concerné, d'une manière ou d'une autre. « Concernant mes colocataires.. ils sont tous différents les uns des autres. » Dis-je pour commencer, en réponse à ce qu'elle m'a demandé. « L'une d'elle est une célébrité. Lexa Herrman, je ne sais pas si tu connais. » Ce n'est peut-être pas une bonne idée de présenter ma colocataire comme ça, mais Freya s'en rendra rapidement compte, alors autant être directe. « Nous avons aussi Jules. Elle, il est possible que tu ne la vois pas beaucoup. Disons qu'elle va et qu'elle vient, elle s'absente parfois plusieurs jours de la colocation. » Finalement, pour l'instant, je reste un peu floue sur le caractère de chacun. Sûrement parce qu'il est préférable qu'elle se fasse sa propre idée. « Au niveau des garçons, nous avons Maël et Josh. Je connais bien mieux le deuxième, car j'ai été au lycée avec lui. » Et le hasard a fait que nous nous sommes retrouvés ici. « On se revoit un peu plus dernièrement : nous nous sommes découvert une passion commune, la boxe. » Je ne m'étale pas là-dessus, jugeant que le sujet reviendrait sûrement plus tard si la jeune femme le veut. « Bien que différents, ils ne sont pas méchants, tu verras. » Et surtout, il n'y a aucune raison pour qu'ils commencent à s'en prendre à elle. Elle est ici de façon temporaire, alors elle ressortira bien vite de leur vie, aussi vite que son entrée. « On va faire un petit tour, on reviendra ici plus tard. » Maintenant que tout a été amené dans la chambre, l’hôtesse de l’air à tout le temps nécessaire pour ranger ses affaires. Sans plus attendre, nous quittons la pièce pour regagner le couloir que nous avons traversé tout à l’heure. « De ce côté-là, il y a trois chambres et une salle de bain. C’est celle que j’occupe généralement, mais si elle est prise et qu’il y a une urgence, il y a toujours la possibilité d’utiliser l’autre. » Nous ne sommes pas des barbares, nous savons globalement bien nous tenir et comprendre que parfois, prêter ses affaires ou quoi est nécessaire. « Ici, c’est l’espace de vie, avec la cuisine, la salle à manger et le salon. C’est aussi là qu’on peut accéder à la terrasse. » Dis-je, tout en reprenant le chemin que nous avons emprunté tout à l’heure. « Un peu plus loin, tu as les deux dernières chambres et l’autre salle de bain. » Hormis l’endroit où nous nous trouvons et les salles de bains, chaque pièce est destinée à une personne, alors je ne me permettrais pas de rentrer sans la permission des occupants. « Il fait bon, on peut peut-être manger sur la terrasse ? » Ça nous permettra d’y jeter un petit coup d’œil. Et puis, avec son dernier voyage et le chemin qui l’a amené jusqu’ici, peut-être que la blonde a envie de se poser un peu.

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En emménageant dans la colocation, c'est un peu comme si je débarquais en terre inconnue. Oui, je retrouve Riley, et je suis contente de pouvoir passer plus de temps avec elle. Mais à côté de ça, il y aussi ses colocataires. Je ne les connais pas, et je ne sais pas exactement ce qu'ils peuvent penser de mon arrivée. J'ai besoin de savoir où je suis en train de mettre les pieds. « J'ai dit que tu étais une amie, je n'ai pas mentionné Elio. Je me suis dit que ce n'était pas utile. » Je hoche un peu la tête avant d'ajouter. « Tu as raison. » Je n'ai pas forcément envie d'être associé à son frère pendant tout le reste de ma vie. Oui, j'ai été fiancée, mais j'ose espérer que ce détail ne me poursuivra pas trop longtemps non plus. Et puis... si nous ne voulons pas que cette histoire s'ébruite, il ne vaut mieux pas en parler. Je ne suis qu'une simple amie pour elle, c'est tout ce qu'il y a à savoir - enfin "amie", ce n'est surement pas le terme le plus approprié pour qualifier notre relation, mais c'est déjà mieux que "belle-soeur". Dans tous les cas, nous ne sommes désormais plus liées par frère : et c'est bien le plus important. « Concernant mes colocataires.. ils sont tous différents les uns des autres. » Elle commence à me parler de chacun d'entre eux, et j'essaye de faire de mon mieux pour tout retenir. Les prénoms, ce serait déjà un bon début. Lexa, Jules, Maël et Josh. Ok, ça devrait pouvoir le faire. Pour le reste, je suppose que j'aurais le temps de tous les découvrir par moi-même. « Bien que différents, ils ne sont pas méchants, tu verras. » Je n'ai donc rien à craindre à leur niveau, et c'est plutôt rassurant. Ça changera de la relation que j'entretiens déjà avec sa meilleure amie. Avec Tegan, la situation est un peu tendue. Je crois qu'elle m'a dans le collimateur depuis le début, ou presque. Mais en même temps elle essaye de protéger Riley, et je peux la comprendre. Maintenant que je ne suis plus avec Elio, j'ose espérer que nous arriverons de nouveau à nous entendre. « On va faire un petit tour, on reviendra ici plus tard. » Je viens seulement d'arriver, et j'aurais tout le temps de ranger mes affaires plus tard. Je suis donc la brune pour une visite rapide de l'appartement. Il y a plus ou moins deux espaces de nuit différents, avec trois chambres et une salle de bain d'un côté et deux chambres et une salle de bain de l'autre. L'espace de vie est chaleureux, et la terrasse a l'air vraiment agréable. « C'est vachement grand, c'est cool. J'avoue que j'avais un peu de mal à imaginer comment vous arriviez à vivre à 5 dans un même appartement, mais ça va, il y a de la place. » Ils n'ont pas l'air de se marcher dessus, et même si je me doute que l'appartement n'est pas toujours aussi calme avec tout le monde dans les parages, il doit certainement avoir une bonne ambiance. « Il fait bon, on peut peut-être manger sur la terrasse ? » C'est vrai que les températures du moment sont assez clémentes. « Oui, bonne idée. » J'en profite pour me rendre sur la terrasse avec elle, et pour admirer la vue qui s'offre à nous. « Est-ce que tu as besoin d'aide ? » Elle a préparé à manger mais je ne compte pas lui laisser tout faire non plus. Après un petit silence, je me rapproche finalement d'elle et viens poser ma main sur son avant bras. « Tu m'as manqué... » Depuis le Portugal, nous n'avons pas eu l'occasion de nous revoir. « J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous nous sommes pas vues. » Je la regarde et un petit sourire s'affiche instinctivement sur mes lèvres. J'ai envie de fondre dans ses bras, de l'embrasser, mais pour être honnête, je ne sais pas exactement comment je dois me comporter. Je sais pas trop comment l'expliquer, mais depuis mon arrivée, je ressens comme une énergie étrange. Riley a l'air un peu différente. J'espère qu'elle ne regrette pas de m'avoir proposé d'emménager dans sa chambre ? Ou alors si elle regrette, qu'elle se sente suffisamment en confiance pour m'en parler. « Je te sens un peu bizarre... t'es sûre que ça va ? » Je plante mon regard dans le sien essayant de chercher des réponses. Au Portugal, c'était bien. Mais avec Tegan avec nous, les choses ne se sont pas exactement passées comme je l'avais imaginé. Mon effet de surprise non plus d'ailleurs, puisque j'étais venue pour lui annoncer la nouvelle de ma rupture. Mais je suppose que c'est normal, et qu'il faut aussi laisser le temps au temps. Pourtant là, nous sommes que toutes les deux. Est-ce que ça veut dire qu'il y a autre chose ?

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Si je devais avoir des doutes au sujet de cette nouvelle cohabitation, ils ne viendraient pas de l’éventuelle mésentente entre la blonde et les autres habitants de cet appartement. Freya est le genre de personne que l’on apprécie sans trop de mal et si mes colocataires vivent ici, c’est parce qu’ils aiment un minimum les gens. Alors le mélange de ces deux points ne peut donner qu’un résultat positif. Nous en aurons la confirmation plus tard, quand ils rentreront de leurs occupations. En attendant, nous passons à la visite de l’appartement. N’indiquant que les chambres des autres, sans entrer à l’intérieur pour préserver leur intimité, le tour se fait relativement vite et en quelques minutes, nous nous retrouvons au niveau de l’espace de vie. « Est-ce que tu avais peur de l’endroit où je t’invitais à venir ? » Je ne peux pas lui en vouloir d’avoir eu du mal à imaginer l’appartement où je vivais. Avant d’arriver ici, ou dans celui où j’étais avant – de l’autre côté du palier, je ne pensais pas qu’il existait des appartements aussi grands. Ayant toujours vécu dans des endroits plus petits, je pensais naïvement qu’un tel nombre de chambres était réservé aux maisons en banlieue. Comme quoi, quand tu es accro à la ville, tu peux y vivre toute ta vie. Maintenant que nous sommes ici, je propose à l’hôtesse de l’air de manger sur la terrasse. Il fait beau et tout est encore calme, alors autant en profiter. Elle approuve mon idée et se dirige tout de suite dessus. J’emboîte son pas et laisse mon regard se poser sur elle, lorsqu’elle regarde l’horizon. Perdue dans ma contemplation, j’en rate presque sa question. Si j’ai besoin d’aide ? Pas vraiment. Nous allons mettre mes préparations dans deux assiettes, les faire réchauffer et les amener ici, ça ne demandera pas grand-chose comme préparation. Maintenant perdue dans mes pensées, ce n’est qu’au contact de sa peau contre la mienne que je réalise qu’elle s’est rapprochée. Je lui ai manqué. À ces mots, les battements de mon cœur s’accélèrent et je ne peux m’empêcher de sourire. Il n’y a plus rien qui ne nous arrête aujourd’hui et pourtant, je me demande toujours si j’ai le droit à tout cela. Depuis la dernière fois où nous nous sommes vues, au Portugal, j’ai pu me poser la question un bon nombre de fois et pourtant, je n’ai pas réussi à avoir la réponse que j’espérais – comme si elle allait me tomber dessus par miracle. Depuis quelques minutes maintenant, je suis plutôt calme et cela semble inquiéter Freya qui me questionne à ce sujet. « Je.. oui, oui. Ne t’en fais pas. » Dis-je, tout en lui offrant un sourire timide. Je ne voulais pas l’inquiéter. En réalité, je ne pensais même pas qu’elle remarquerait quelque chose, que mes sentiments se lisaient si facilement sur mon visage. « C’est bête, mais je me sens nerveuse. » Nous ne sommes que toutes les deux, alors il est inutile de lui mentir. Sauf si je voudrais rendre ce moment encore plus bizarre qu’il ne l’est déjà – ce que je ne veux pas. « Je ne devrais pas, je le sais. Mais c’est plus fort que moi. J’ai l’impression d’être une petite fille qui vit ses premiers émois. » Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà été comme cela avec elle, mais comme j’ai pu le dire un peu plus tôt, ce qui se joue entre nous maintenant est bien différent de tout ce qui s’est déjà passé. Il faut croire que quand elle était avec Elio et que je pensais ne pas avoir mes chances, ou que nous étions à des milliers de kilomètres d’ici, seules, les choses étaient plus simples et ma confiance était bien plus grande. « Ne te méprends pas, je suis heureuse de t’avoir ici. Très heureuse même. » Le sourire sur mes lèves s’élargit un peu, prouvant mon honnêteté à la blonde. « Je ne sais juste pas comment agir avec toi et face aux autres, mais ça va finir par venir. » Surtout que là, les autres ne sont pas là. Il faudrait peut-être que j’arrête de me poser des questions et d’agir comme je le voudrais vraiment. Mais qu’est-ce que je veux ? L’embrasser ? Bien sûr. Nous l’avons fait lors d’une croisière, alors que nous pouvions être surprises par des amis et des inconnus. Pourquoi est-ce si compliqué de le faire ici, dans un appartement vide ? Ça ne l’est peut-être pas.. Riley, arrête de te poser des questions. Ni une, ni deux, je décide de passer à l’action. Ma main se pose sur la sienne, avant de finalement venir au niveau de sa nuque. Je la caresse tendrement de mes doigts, alors que mon regard oscille entre ses yeux et ses lèvres. Pour être honnête, je me demande comment je fais pour résister depuis tout à l’heure. L’attente a été suffisamment longue à mon goût : je me penche vers elle et laisse mes lèvres se coller contre les siennes, comme elles ont déjà eu l’habitude de le faire avant.

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Non, je n'avais pas vraiment peur de l'endroit où Riley m'invitait à venir. Mais c'est toujours difficile d'imaginer quelque chose que l'on ne connait pas. J'étais déjà venue dans son ancien appartement, mais celui-là, je n'y avais encore jamais mis les pieds. Il n'est pas loin du précédent puisqu'il est dans le même immeuble, et c'est vrai que j'aurais pu me douter que les prestations seraient plus ou moins les mêmes. Mais je suis contente de pouvoir me faire une idée plus précise maintenant. Pour le reste, et par rapport à la cohabitation, j'aurais bien le temps de voir ce qu'il en est exactement. Là encore je n'ai pas trop de soucis à me faire je pense. Il n'y a pas de raison que je ne m'entende pas avec ses colocataires. Et puis, cela reste une situation temporaire. Quand les histoires de la maison commune avec Elio seront réglées, il faudra bien que je songe à trouver un appartement. Je ne sais pas si Elio compte reprendre la maison, ou s'il veut déménager ailleurs. De mon côté, je n'ai pas forcément envie de la reprendre. Je crois que j'ai besoin de tourner définitivement la page pour passer à autre chose. Mais ce n'est pas le moment de penser à tout ça. J'ai la chance de retrouver Riley, et ce serait dommage de perdre mon temps à penser à son frère... il a déjà suffisamment été un frein dans notre relation - si on peut dire ça comme ça. Je me rapproche alors de la jeune femme, et j'en profite pour lui dire à quel point elle a pu me manquer. Il n'y a évidemment pas un jour où je n'ai pas pensé à elle depuis le Portugal. C'est simple, dès que mon cerveau est à l'arrêt, que ce soit au travail ou ailleurs, je pense à elle. Tout le temps. Et encore plus avant de m'endormir. Maintenant que je suis de retour, et que je suis là avec elle, j'ai envie de profiter de chaque instant. Pourtant, j'ai comme une impression un peu étrange. Je la trouve légèrement différente sans trop savoir comment l'expliquer. Elle a l'air ailleurs, distante même. Est-ce que ses sentiments à mon égard ont pu changer ? Peut être que le fait que je ne sois plus un "interdit" a rendu les choses plus fades à ses yeux. En réalité, j'en sais rien. Les questions fusent dans mon esprit depuis tout à l'heure, et je crois que j'ai besoin de crever l'abcès. Est-ce que tout va bien ? « Je.. oui, oui. Ne t’en fais pas. » Sa réponse n'est pour le moment pas vraiment rassurante. « C’est bête, mais je me sens nerveuse. » Elle se livre un peu plus, et c'est plutôt une bonne chose. « Nerveuse ? » Je laisse échapper un petit rire d'entre mes lèvres. « Je ne savais pas que je te faisais cet effet-là. » Mais je crois comprendre où elle veut en venir. Je suis pas spécialement nerveuse de mon côté, mais ça me fait quand même bizarre de la voir dans ces circonstances. Maintenant que je suis libre, je veux dire. « Je ne devrais pas, je le sais. Mais c’est plus fort que moi. J’ai l’impression d’être une petite fille qui vit ses premiers émois. » Un sourire se dessine inconsciemment sur mes lèvres lorsqu'elle dit ça. C'est mignon. « Ne te méprends pas, je suis heureuse de t’avoir ici. Très heureuse même. » A cet instant, mes doigts viennent s'entremêler aux siens. Il ne faut pas être stupide pour comprendre que le bonheur est naturellement partagé. « Je ne sais juste pas comment agir avec toi et face aux autres, mais ça va finir par venir. » Je hoche un peu la tête en signe de compréhension. Il faut croire que les choses étaient plus simples quand on ne les contrôlaient pas. Quand on avait pas le droit d'écouter notre coeur justement, mais qu'on ne pouvait pas faire autrement... maintenant les choses semblent différentes. Plus compliquées alors que nous sommes libres de nos sentiments. C'est quand même un comble. Après quelques secondes, Riley se décide enfin à faire un pas vers moi en venant déposer ses lèvres contre les miennes. Pour être honnête, j'avais envie qu'elle le fasse depuis le moment où elle a ouvert la porte. Pouvoir retrouver la douceur de ses lèvres est une sensation exquise que je savoure comme un trésor précieux. Comme si cet instant n'était qu'une illusion éphémère... et que je ne pourrais plus jamais pouvoir l'embrasser. Mais non. Plus rien ne nous retient maintenant, et je crois que je ne réalise encore pas vraiment. Je reprends un peu mes distances pour respirer, plongeant mon regard dans le sien. « Je préfère largement quand tu ne réfléchis pas. » Un sourire vient rapidement illuminer mon visage. « Mais c'est vrai que la situation est un peu étrange... » Faut dire que notre relation a toujours été comme des montagnes russes depuis le début de notre rencontre. Et surtout depuis nos retrouvailles à Island Bay. Le fait que les choses soient en train de se calmer est un peu... déroutant. « Je suis passée chez moi tout à l'heure. » Enfin... c'est plus vraiment chez moi même si la maison est quand même officiellement encore à moi - à nous. « Elio était là. » C'était un contexte un peu particulier, mais ça nous aura au moins permis d'avoir une réelle discussion tous les deux. « Je crois qu'il commence doucement à comprendre. » Que notre rupture est définitive et qu'il ne s'agit pas que d'une simple prise de distance. « Il a évoqué l'hypothèse que j'avais quelqu'un d'autre. » Je ne sais pas s'il était vraiment sérieux, ou si c'était une façon de me tester plus qu'autre chose. « Je n'ai rien lâché, si ça peut te rassurer. » Je n'ai pas spécialement envie qu'il sache la vérité... pas spécialement par rapport à sa soeur, mais pour l'idée même que je puisse l'avoir trompé. J'ai encore un peu honte.

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Même si nous avons été séparées pendant plusieurs années et qu’Elio est indirectement venu se mettre entre nous à nos retrouvailles, Freya me connaît plutôt bien. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle comprend rapidement qu’il y a quelque chose qui cloche dans mon comportement. Par chance, ce n’est pas très grave et elle n’a pas de soucis à se faire à mon sujet. Maintenant que mon frère n’est plus dans l’équation, il n’y a plus rien que ne nous retient et pourtant, je ne trouve rien de mieux à faire que de jouer la timide. Est-ce idiot ? Sûrement. Mais lors des derniers mois, je n’avais rien à perdre et tout à gagner. Maintenant qu’elle est célibataire, la tendance est inversée et cette perte de contrôle a forcément un impact sur moi. Pourtant, ça, Freya ne s’y attendait pas. À croire que le fait qu’elle puisse me faire ressentir tout un tas de choses est encore une surprise à ses yeux – ça ne l’est pas aux miens. Je lui expose tout ce qui me passe par la tête et à travers le cœur : avec elle, je n’ai aucune raison de mentir, je sais qu’elle ne me jugera pas et qu’elle m’aidera même à trouver une solution. Surtout que cette solution, nous devons la trouver ensemble, puisqu’elle nous concerne toutes les deux – si nous sommes bien sur la même longueur d’ondes. Ce moment d’honnêteté passé, je trouve enfin le courage de me rapprocher d’elle, d’être celle que j’étais avec elle sur le bateau de croisière ou dans mon ancien appartement. Cette barrière franchie, mes lèvres posées sur les siennes, il n’y a maintenant plus rien qui devrait m’arrêter. Je m’éloigne un peu d’elle, juste assez pour pouvoir la regarder. Visiblement, ce geste, cet excès de confiance a eu l'effet escompté. Mais même si sous ce toit, les choses peuvent devenir plus simples, je sais qu'elles ne le seront pas toujours à l'extérieur, en partie à cause de mon frère – et de mon orientation sexuelle non affirmée à mes parents encore. En parlant de lui, elle est passée chez eux, leur ancienne maison, avant de venir ici et il semble avoir compris certaines choses, heureusement rien qui me concerne. « Si cela avait été le cas, nous l'aurions sûrement vu débarquer ici. Quoique.. je ne sais même pas s'il connaît mon adresse. » Pour être honnête, je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose qui l'intéresse vraiment. Dans notre famille, rien ne l'intéresse plus que sa personne, ce qui est dommage selon moi. Mais je suppose qu'on ne le changera pas, qu'il est trop tard pour cela. Bien que peu emballée par l'idée qu'elle puisse parler de lui, je prends le risque de m'inquiéter à son sujet. « Comment allait-il ? » Pour quelqu'un qui s'est fait quitter, alors qu'il pensait finir ses jours avec la femme qu'il avait demandée en mariage. « Finalement.. je ne sais pas si c'est une très bonne idée de parler de lui. Il fait maintenant partie de ton passé et tu dois avoir envie de te projeter vers le futur. » Il lui a fallu un certain courage pour rompre ses fiançailles, alors peut-être qu'elle n'a pas forcément envie de s'étaler sur lui, surtout avec moi. « Tu as pu récupérer tout ce que tu voulais ? Si jamais tu manques de vêtements, je pourrais toujours t'en prêter. Ce qui est à moi est à toi. » Dis-je, alors qu'un fin sourire se dessine sur mon visage. Peut-être qu'elle m'a emprunté un T-Shirt la dernière fois, je ne me souviens plus. En tout cas, l’idée de la voir dedans est loin de me déplaire. « Allez, mangeons. » Pour cela, nous devons revenir à l’intérieur de l’appartement, pour au moins récupérer nos assiettes. Mais avant de tourner les talons et de prendre la direction de la cuisine, je viens voler un tendre baiser à la blonde. Maintenant que le premier a été donné, j’ai comme l’impression que les suivants seront plus simples. Arrivées dans la cuisine, je commence à sortir le nécessaire des différents tiroirs et placards. Je dépose un fond de riz dans les deux assiettes et y rajoute plusieurs louches du chili con carne que j’ai préparé tout à l’heure. J’en glisse ensuite une dans le micro-ondes pour qu’elle soit à bonne température pour être dégustée. Le temps que le minuteur s’écoule, je me tourne vers la blonde. « Quand est-ce que tu repars ? » Je ne parle pas de l’appartement, mais je suppose qu’elle va le comprendre toute seule. Avec ce que je viens de lui dire, il n’y a pas de raison qui me pousserait à vouloir la mettre à la porte à la première occasion. En revanche, je m’inquiète du moment où elle repartira travailler, dans un autre pays, et où je serais seule dans mon lit. « Tiens. » Dis-je, alors que je lui tends la première assiette remplie et réchauffée.

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Elio fera toujours partie de ma vie - de mon passé plus exactement - et encore plus de celle de Riley. Même si nous sommes à présent séparés, il est difficile de faire comme s'il n'existait pas. Alors forcément, il est encore présent dans certaines de nos discussions. Comme je l'ai vu tout à l'heure, je ressens le besoin d'en parler à la jeune femme. Elle est également concernée par notre rupture, de près ou de loin, selon le point de vue. Mais il ne faut surtout pas que son frère sache ce qu'il en est exactement. Je n'ose même pas imaginer la réaction qu'il pourrait avoir... S'il a évoqué l'idée que je puisse avoir quelqu'un d'autre, il faut que nous soyons vigilantes. Il ne faudrait pas qu'il fouille plus en profondeur, et encore moins que sa meilleure amie lui dise ce qu'elle a pu voir sur le bateau de croisière. Et merde, j'avais oublié ce détail. J'ai quand même essayé de noyer le poisson pour ne pas qu'il pense qu'il a raison, mais on ne sait jamais. « Si cela avait été le cas, nous l'aurions sûrement vu débarquer ici. Quoique.. je ne sais même pas s'il connaît mon adresse. » J'espère bien que non. Heureusement que Riley n'est pas proche de son frère sinon la situation serait encore plus délicate. « Comment allait-il ? » Comme quelqu'un qui s'est fait larguer quoi. Mais je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit que Riley enchaine. « Finalement.. je ne sais pas si c'est une très bonne idée de parler de lui. Il fait maintenant partie de ton passé et tu dois avoir envie de te projeter vers le futur. » Je me contente d'un petit hochement de tête. « C'est vrai, même s'il y aura forcément encore des choses à régler. » Notamment par rapport à la maison. Mais chaque chose en son temps, et Riley a raison : nous n'allons pas parler de lui indéfiniment. Surtout maintenant qu'il n'est plus dans l'équation. « Tu as pu récupérer tout ce que tu voulais ? Si jamais tu manques de vêtements, je pourrais toujours t'en prêter. Ce qui est à moi est à toi. » Un large sourire se dessine sur mes lèvres alors que je ne peux m'empêcher d'ajouter. « Alors ça, il ne faut pas me le dire deux fois. » Je ris un peu. « Mais d'ailleurs l'inverse marche aussi. » J'emménage déjà dans sa chambre, donc si elle a envie ou besoin de quelque chose qui m'appartient, elle peut me l'emprunter sans problème. « Allez, mangeons. » La jeune femme me vole un baiser avant de retourner à l'intérieur de l'appartement, et je suis le mouvement. Le repas est prêt, il faut juste préparer les assiettes et les faire réchauffer. « Quand est-ce que tu repars ? » Je me doute bien que sa question fait référence à mon travail. Avec mon emploi du temps, il n'est jamais facile de savoir combien de temps je reste dans les parages. « Tu veux déjà te débarrasser de moi ? » Un rire amusé s'échappe alors d'entre mes lèvres. « J'ai deux semaines par ici, entre les jours off et les petits vols. Mais je repars début mars pour trois semaines complètes. » C'est mon quotidien. J'alterne entre des périodes creuses où je suis en Nouvelle-Zélande ou bien en Australie, avec des périodes plus longues dans d'autres pays. Quand c'est la deuxième option, la durée des déplacements est forcément plus importante, même si nous avons quand même des jours off sur place - et heureusement. En tout cas, c'est un rythme particulier, et pour mes proches, ce n'est pas toujours facile à gérer. Les assiettes prêtes, nous retournons nous installer sur la terrasse. « Finalement, ça va, je ne vais pas encombrer ton lit trop souvent. » Ma présence ici sera plus ou moins irrégulière. « Si c'est ça qui t'inquiète. » Je ris un peu, même si j'imagine bien que ce n'est pas de ça qu'il s'agit - enfin j'espère. C'est peut être ses colocataires qui seront contents de ne pas avoir une personne supplémentaire à temps plein sur leur dos. « Du coup, il faut que tu profites de moi tant que je suis là. » Je hausse les épaules, tout en lui adressant un petit regard qui en dit long. Depuis ma rupture, nous n'avons pas spécialement pris le temps de parler de nous ni de notre relation. Est-ce qu'il faut nécessairement mettre des mots sur ce que nous vivons ? Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c'est que de mon côté, j'ai juste envie de profiter de l'instant présent, de pouvoir être avec elle, sans forcément penser aux conséquences ou à tout ce que cela pourrait signifier. Nous n'en sommes pas encore là. Après l'échec de mes fiançailles, je crois que j'ai besoin d'un peu de calme dans ma vie.

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Des choses à régler.. c’est une certitude. Ils vivaient ensemble, prévoyaient de se marier et Elio s’imaginait même avec des enfants. À moins d’une perte de mémoire soudaine, ce n’est pas vraiment possible d’oublier une histoire comme celle-ci en un claquement de doigts – encore moins quand la décision de la rupture ne vient pas de vous. Néanmoins, même si ça ne se fera peut-être pas comme ça, il est sûrement mieux d’arrêter de parler de mon frère, surtout quand nous ne sommes que deux. Dans ces moments-là, nous pouvons être nous, vraiment nous, comme c’est arrivé les fois précédentes – à Barcelone par exemple, pour ne citer qu’elle. Pourtant, à partir de là, les moments comme cela se sont multipliés. Peut-être que nous aurions dû comprendre plus tôt, peut-être que nous aurions dû faire les choses différemment. Il est trop tard pour faire des plans sur la comète, surtout que nous nous en sortons bien dans l’histoire. Même si j’ai un peu de mal à comprendre ce que ce "nous" signifie aujourd’hui. Seul le temps nous le dira et ça, nous en avons. Enfin.. je crois. Peut-être que la blonde imagine les choses différemment. Pour le coup, je préfère rester dans l’ignorance pour l’instant : une discussion aura probablement lieux, mais je préfère profiter de ce moment avec elle avant. En cas de besoin, je lui propose de se servir dans mes affaires – en espérant qu’elle ne prenne que les miennes et pas celle que Tegan a pu me prêter, cela pourrait devenir gênant si elles s’en rendent compte toutes les deux. Selon elle, je peux aussi piquer certains de ses vêtements. Cette idée n’est pas déplaisante, c’est d’ailleurs une habitude que je prendrais sûrement un peu plus tard. De retour dans la cuisine pour nous servir nos assiettes, j’interroge l’hôtesse de l’air sur son emploi-du-temps à venir : ce n’est pas une surprise, sa vie est quelque peu mouvementée. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Elio a mis si longtemps à se rendre compte que quelque chose n’allait pas dans son couple, il ne voyait presque plus sa fiancée. Est-ce ce qui va m’arriver aussi ? « Trois semaines ? » Ce n’est peut-être pas sur ce nombre que j’aurais dû arrêter mon attention, mais bien sur celui des semaines où elle serait là. Ne faut-il pas profiter de ce que l’on a tant que nous en avons la possibilité ? Tout le nécessaire entre nos mains, nous regagnons la terrasse pour nous poser et commencer à manger. Sans attendre plus longtemps, Freya relance la conversation au sujet de sa présence en dents de scie. Est-ce vraiment la place qu’elle va prendre dans mon lit qui m’inquiète ? « C’est vrai.. » Même si nous n’en sommes pas encore à son départ, il serait dommage de passer à côté du temps qui nous est offert ensemble. « Tu dois bien te douter que ce n’est pas ton temps de présence ici qui m’inquiète. C’est plutôt celui où tu ne seras pas là. » Je hausse légèrement les épaules, avouant à demi-mots ce qu’elle sait déjà. « Je vais m’ennuyer sans toi. » Voilà, c’est dit. Je ne peux désormais plus faire marche-arrière. Même si je suis effrayée à l’idée de gâcher les choses entre nous, je ne peux pas nier que pouvoir passer du temps me réjouit. « Je ne dis pas que ma vie sera fade sans toi, mais depuis que je sais que tu viens ici, tout semble un peu plus coloré. » Pour le coup, c'est très imagé comme expression, mais je ne vois pas comment le dire autrement. Ça ne vous est jamais arrivé de voir des scènes avec des bombes de couleurs qui explosent derrière, comme si cela venait mettre en valeur tout ce qui se passe ? « Oublie ce que je viens de dire. » Je grimace un peu et viens me cacher derrière mes mains. La suite de mon repas attendra, je me sens un peu trop honteuse pour relever la tête. Lorsque mon regard retrouve le sien, je remarque le sourire sur ses lèvres. « Tu ne le feras pas, je me trompe ? » Nous nous connaissons depuis de nombreuses années et même si nous avons vécu loin l'une de l'autre un certain temps, je suis presque sûre de la connaître suffisamment pour comprendre ce qu'elle a derrière la tête. La réciproque est d'ailleurs vraie, je suppose. Je viens avaler une nouvelle fourchette de mon plat, avant de me pencher vers elle pour lui murmurer quelques mots à l'oreille. « Si je pouvais, je te garderais avec moi et j'enverrais chier tes patrons. » Rester enfermée ici avec elle, sans que des personnes du monde extérieur ne nous dérange, le rêve.

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Je sais que mon travail d'hôtesse de l'air n'est pas un travail comme les autres. Et c'est justement pour ça qu'il me plait autant. Je suis passionnée par ce monde qui est le mien, et je crois que j'ai de la chance. Quand on voit tous ces gens qui vont bosser plus par dépit qu'autre chose... ce n'est pas mon cas, et heureusement ! Mais ce rythme particulier a forcément un impact sur ma vie quotidienne, et notamment sur ma vie personnelle. Certains de mes proches ne manquent d'ailleurs pas de me le reprocher. Willow la première, qui a toujours l'impression d'avoir affaire à un "courant d'air" comme elle le dit si bien. Ce n'est pas méchant mais disons qu'elle préférerait m'avoir plus souvent avec elle - ce que je peux comprendre. Elio commençait d'ailleurs beaucoup à m'en vouloir par rapport à ça... mais ça, c'est une autre histoire. Il n'y avait pas qu'à cause de mes voyages que nous étions en train de nous éloigner. En tout cas, a part lui, je n'ai pas réellement eu d'autres relations sérieuses. Je ne peux donc pas trop savoir comment l'autre personne pourrait réagir. Une chose est sûre : mon métier fait partie intégrante de moi, de ma vie, et je ne changerais pour rien au monde. Il faut me prendre avec, ou ne pas me prendre du tout, comme on dit. « Trois semaines ? » Je hoche un peu la tête en faisant une légère moue. Oui, trois semaines. Selon le point de vue, ça peut effectivement paraitre une éternité. Mais j'ai aussi la chance d'avoir plus de jours de repos quand je suis dans le coin. Il y a aussi des avantages, si on arrive à voir le bon côté des choses. « C’est vrai.. » Riley a une raison de plus de profiter de moi comme ça. « Tu dois bien te douter que ce n’est pas ton temps de présence ici qui m’inquiète. C’est plutôt celui où tu ne seras pas là. » Elle n'a jamais été réellement confrontée à mes absences jusqu'à maintenant. Mais en vivant ensemble, les choses seront forcément un peu différentes. « Je vais m’ennuyer sans toi. » Je ne peux m'empêcher de sourire un peu bêtement. « Ah oui ? » Je comprends mieux maintenant quand elle faisait allusion à ses premiers émois. Je suis en train de me rendre compte aussi que c'est la même chose pour moi. Comment avoir l'impression d'être une adolescente de treize ans, amoureuse pour la première fois. « Je ne dis pas que ma vie sera fade sans toi, mais depuis que je sais que tu viens ici, tout semble un peu plus coloré. » Alors là, mon coeur fond. Littéralement. « Oublie ce que je viens de dire. » Non, je ne vais pas oublier. Elle se cache derrière ses mains, et je la trouve encore plus mignonne. Le sourire qui illumine mon visage n'est pas prêt de s'envoler. « Tu ne le feras pas, je me trompe ? » Je ne le lâche pas du regard avant d'ajouter. « Surtout pas. » Je continue naturellement de sourire. « Ça sonne beaucoup trop bien dans mes oreilles. » C'est fou à quel point je n'avais pas ressenti ça depuis longtemps... A bien y réfléchir, je me demande même si j'ai ressenti ça un jour. Avec elle, c'est tellement plus fort. « Si je pouvais, je te garderais avec moi et j'enverrais chier tes patrons. » Un rire amusé s'échappe d'entre mes lèvres. « Tu sais que la séquestration est punie par la loi ? » Enfin, pour que ce soit vraiment une séquestration, il faut qu'elle me retienne de force. Et entre nous, ce ne sera très certainement pas le cas. « Quoique... je dis pas non pour une séquestration avec toi. » Je viens alors poser ma main sur la sienne. « Mais si on peut éviter de me faire perdre mon emploi, ce serait quand même bien. » Au pire je peux lui faire de la place dans ma valise, mais c'est avec ses patrons à elle que je risque d'avoir des problèmes après. « Enfin... je viens d'arriver, on va pas déjà parler de mon départ quand même. » Je la regarde tout en penchant légèrement la tête sur le côté. « On a encore deux semaines devant nous. » Pour en profiter, et pour se découvrir encore plus - même si nous nous connaissons finalement depuis de nombreuses années. « C'est délicieux. » Je fais évidemment référence au repas qu'elle nous a préparé. « Est-ce que tu sais à quelle heure les autres vont rentrer ? » Je demande juste par curiosité. « Tu voulais faire quelque chose en particulier après manger ? » Peut être regarder un film, ou se poser dans sa chambre. Pour le moment, je n'ose pas encore prendre trop d'initiatives. J'ai encore l'impression d'être une invitée, mais cette sensation passera surement avec le temps.

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Si je demande à la jeune femme quand elle repart, ce n’est pas pour la mettre à la porte – surtout pas juste après l’avoir accueillie ici. En réalité, ce serait mentir que de dire que je ne vais pas m’ennuyer en son absence. Mais ça, j’ai comme l’impression qu’elle le sait déjà et qu’elle s’attend seulement à ce que je lui en donne la confirmation. Si mes sentiments sont visiblement passés incognito auprès de ma famille, je sais qu’avec elle, c’est différent. Avec elle, je n’ai jamais réussi à me retenir, à prétendre que j’étais quelqu’un d’autre, et ça ne va pas commencer aujourd’hui. D’ailleurs, je ne sais même pas pourquoi j’essaye de me justifier avec elle. Peut-être pour éviter qu’une situation comme tout à l’heure se reproduise ? Après ma timidité, il serait quand même dommage qu’elle prenne la fuite à cause d’un malentendu. Dehors, nous commençons à manger et cette conversation suit doucement son cours. À mesure que les minutes depuis son arrivée se sont écoulées, j’ai pris confiance en moi, c’est sûrement pour cela que sans réserve, je lui avoue ce que sa présence autour de moi me fait. Quand je disais que j’avais l’impression d’être une adolescente à ses côtés, je ne mentais pas. La séquestrer ? Ce n’est pas vraiment à cela que je pensais, peut-être parce que je suis directement partie du principe qu’elle serait d’accord. Est-ce que je me suis avancée, trop avancée ? À la remarque suivante de la blonde, je comprends que non. Que nous sommes bien sur la même longueur d’ondes. Mais même si passer du temps avec moi semble lui plaire, il ne faut pas que cela aille à l’encontre de son boulot. Elle peut toujours se faire passer pour pâle.. néanmoins, ça ne peut pas fonctionner plus de deux ou trois fois – surtout sur un délai court. En attendant, nous ferions mieux de profiter du temps que nous avons et ça aussi, Freya semble approuver. Nous continuons de savourer le plat que j’ai préparé avec amour. « En fin de journée certainement, voire début de soirée. » Je ne connais malheureusement pas leur emploi-du-temps – ou heureusement selon le point de vue : je pourrais ressembler à une psychopathe si je gérais les allers et venues à la colocation. « Il n’y a rien de prévu, nous sommes libres de faire ce que tu veux. Avec ton vol, je n’étais pas certaine de si tu voudrais faire quelque chose en particulier ou pas. » Je n’ai pas sa vie, mais les rares fois où j’ai dû enchaîner les vols, j’étais toujours heureuse de retrouver un lit après. « Je comprendrais que tu sois fatiguée. » Même si cela n’a pas été très long, je suis presque sûre que la visite à Elio a été éprouvante psychologiquement aussi. « Nous pouvons rester ici ce soir. Et demain, ou plus tard, je pourrais t’emmener faire un tour en ville et te montrer les endroits que je préfère ? » Il faudra certainement rester vigilantes et éventuellement prévoir des excuses à sortir en cas de rencontre inattendues, mais un jour, il faudra bien que l’on se voit en dehors des quatre murs d’un appartement. Lorsque nos deux assiettes sont presque vides, je décide d’aborder la suite. « J’aimerais t’impressionner en te disant que j’ai aussi fait un dessert, mais malheureusement.. je n’ai pas eu le temps. » Il fallait déjà que je m’en sorte avec le plat et puis, je ne pouvais pas laisser ma chambre comme elle était avant, sans un petit coup de propre. « Normalement, il reste des choses dans le réfrigérateur. » Il ne faut pas piquer les yaourts préférés des autres colocataires, mais même sans ça, on devrait trouver notre bonheur. Je prends encore quelques bouchées de la préparation et pose ensuite mes couverts sur la table. « Est-ce que tu veux autres choses ? » J’ai évoqué l’idée d’un dessert, mais peut-être que l’hôtesse de l’air n’en veut pas. « Après ça, j’irais te montrer où tu peux mettre tes affaires. Je t’ai laissé une place dans l’armoire. » Cela sonne très officiel et pourtant, je sais que ce n’est que temporaire. Il fallait bien que je lui libère un peu d’espace, non ? Elle n’allait quand même pas garder ses affaires dans sa valise durant tout son séjour.

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C'est totalement nouveau pour moi. De ressentir ces papillons dans le ventre, ces étoiles dans les yeux. Avec Elio - ou n'importe qui d'autre d'ailleurs - je n'ai jamais eu la chance de connaitre ça. Mais avec Riley, tout est différent. J'essaye de ne pas m'emballer plus que de raison, parce que notre relation est complexe, mais je ne peux nier ce que je ressens au plus profond de mon coeur. C'est une évidence. Et finalement je crois que ça l'a toujours été. C'était surement inconscient à l'époque de notre première rencontre à l'internat. Mais je suis maintenant convaincue que c'était déjà là, quelque part. En moi. En elle aussi peut-être. En nous ? La situation entre nous est encore loin d'être simple, mais il y a eu du chemin de fait. Notamment par rapport à ma prise de conscience. J'en ai mis du temps, mais j'ai enfin compris que ma vie personnelle ne me rendait pas heureuse. Le déclic a changé beaucoup de choses. Et même si nous ne sommes pas réellement ensemble avec Riley, ce que nous vivons est bien réel. Peut être que ces deux semaines ensemble nous permettront d'y voir un peu plus clair sur la suite des évènements... pour le moment, quoi de mieux que d'en profiter ? Je n'ai pas envie de penser au travail, ni au moment où je devrais reprendre la route - le ciel plutôt. Et encore moins que la jeune femme fasse une fixette sur ça. Inconsciemment, je pense que j'ai besoin d'un peu de légèreté après tous les obstacles que j'ai pu traverser. De liberté aussi, peut être. C'est sans doute égoïste de ma part, mais ça fait du bien aussi de pouvoir vivre un peu pour soi. Je veux juste profiter de l'instant présent sans forcément me soucier des conséquences. Et là, tout de suite, je profite du repas que Riley nous a concocté. « En fin de journée certainement, voire début de soirée. » Ok, ça nous laisse un peu de temps seule à seule. « Il n’y a rien de prévu, nous sommes libres de faire ce que tu veux. Avec ton vol, je n’étais pas certaine de si tu voudrais faire quelque chose en particulier ou pas. » J'ai l'habitude de beaucoup voyager et d'avoir toujours une vie rythmée à cent à l'heure, mais j'avoue que c'est aussi appréciable de pouvoir souffler un peu. « Je comprendrais que tu sois fatiguée. » Ça va encore, mais je ne dis pas non pour une soirée tranquille non plus. « Nous pouvons rester ici ce soir. Et demain, ou plus tard, je pourrais t’emmener faire un tour en ville et te montrer les endroits que je préfère ? » Un sourire se dessine naturellement sur mes lèvres. « Ça me va. » En réalité, je ne suis pas chiante, peu importe le programme, tant que je peux passer du temps avec elle, c'est le plus important. « J’aimerais t’impressionner en te disant que j’ai aussi fait un dessert, mais malheureusement.. je n’ai pas eu le temps. » Je laisse échapper un petit rire amusé avant d'ajouter. « Tu n'as pas besoin de m'impressionner, j'espère que tu le sais quand même ? » Elle est déjà bien gentille de m'accueillir dans sa chambre, je ne vais pas me plaindre de ne pas avoir de dessert. Ce serait plutôt à moi de faire mes preuves pour le coup. « Est-ce que tu veux autres choses ? » C'est à cet instant qu'une idée vient me traverser l'esprit. « Après ça, j’irais te montrer où tu peux mettre tes affaires. Je t’ai laissé une place dans l’armoire. » On aura tout le temps d'installer mes affaires dans sa chambre plus tard. « J'ai une autre idée sinon. » Riley a l'air un peu perplexe, et je poursuis sur ma lancée. « Est-ce que tu as de quoi faire un gâteau ? » Les éléments de base j'entends : des oeufs, du sucre et de la farine. « Je connais une recette super facile à faire, j'en aurais pas pour très longtemps. » Et si elle veut, on peut cuisiner ensemble. « Il faut bien que je fête mon emménagement comme il se doit non ? » Je penche légèrement la tête sur le côté tout en la regardant avec un grand sourire. « Et je suis sûre que tu ne dirais pas non à une touche sucrée. » En disant ça, je me rapproche doucement d'elle pour venir déposer un doux baiser au coin de ses lèvres. « Est-ce que tu accepterais d'être ma commis ? » Je fais exprès de prendre un air solennel avant de pouffer de rire.

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Nous ne savons pas de quoi l'avenir est fait, alors je devrais peut-être arrêter d'écouter cette petite voix dans ma tête qui s'assume à se poser tout un tas de questions. Freya est là, face à moi et c'est la seule chose qui doit m'importer. Je dois profiter de chaque moment avec elle, que ce soit ici ou à l'extérieur. Ce soir, ce sera ici – un détail quand on sait que j'irai n'importe où pour ou avec elle. Avec la journée qu'elle a dû passer, je ne voulais pas lui imposer un endroit ou une activité. Et pour ça, il n'y a rien de mieux que de rester ici. Cette idée semble plaire à la blonde : une chance, car je n'ai pas d'autres idées. Mais avant d'en arriver là, à notre future activité, j'évoque le dessert que je n'ai malheureusement pas fait. Selon elle, je n'ai pas besoin de faire bonne impression auprès d'elle. C'est pourtant plus fort que moi. Est-ce dans l'espoir de gagner son cœur – pleinement ? Ou alors de lui montrer qu'une histoire avec moi en vaut la peine ? Alors que je relance la possibilité pour l'hôtesse de l'air d'aller déballer ses affaires et les ranger dans ma chambre – notre chambre, Freya semble avoir une autre idée derrière la tête. Je fronce légèrement les sourcils, à la recherche de ce que je pourrais avoir raté. Par chance, elle ne tarde pas à éclairer ma lanterne. Faire un gâteau pour fêter son arrivée et pour apporter une touche sucrée à ce repas. Qui suis-je pour refuser ? Surtout qu'elle vient déposer un tendre baiser au coin de mes lèvres. Est-ce pour m'acheter ? Elle n'avait pas besoin de faire ça. « Avec grand plaisir ! » Dis-je, alors qu'elle me propose d'être sous ses ordres pour la recette. « Avant ça, je regarde ce que nous avons dans les placards. » Je me décale légèrement et commence à ouvrir les placards pour trouver les fameux ingrédients. C'est fou, mais à me voir comme cela, on pourrait se demander si j'habite vraiment ici. Il faut dire que je ne suis pas la dernière à avoir fait les courses ou du moins, que je n'ai pas souvenir d'avoir eu ces ingrédients sur la liste lorsque je les ai faites. « Il y a des œufs. Nous pourrons nous consoler avec des œufs brouillés si le reste n'est pas là. » Eux, je savais où les trouver : dans le réfrigérateur. Retour à la chasse au trésor maintenant. Je me mets sur la pointe des pieds et regarde à l'intérieur des placards situés au-dessus des autres meubles. C'est mon dernier espoir, s'ils ne sont pas là, alors nous finirons sans touche sucrée. « De la levure, du sucre et.. je crois que c'est tout, malheureusement.. » Sans farine, c'est plus ou moins râpé, enfin.. il me semble, mais je ne suis pas une experte dans le domaine. Je grimace légèrement et viens pousser quelques bocaux, dans l'espoir qu'un paquet apparaisse miraculeusement. Et.. « Ah si ! Le pot en verre est vide, mais il y a visiblement un paquet neuf derrière ! » L'un des colocataires a été prévoyant, il a juste oublié de remplir le pot que l'on utilise généralement – c'est mieux que rien, le stock aurait pu être vide. « Est-ce qu'il y a tout ce qu'il te faut ? » Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'elle a derrière la tête. Peut-être a-t-elle besoin de lait aussi ? Et ça, pour le coup, nous en avons, j'en suis sûre et certaine. « Je t'écoute, je suis à tes ordres ! » Dis-je, alors que je viens poser mes mains sur mes hanches, un sourire sur les lèvres. « Qu'est-ce que tu comptes nous préparer de bon ? » Je ne sais pas exactement pourquoi, mais l'idée de faire la cuisine avec elle me plaît. Est-ce le fait de découvrir quelque chose avec elle ? De faire un plat qui devrait ravir nos papilles à la fin ? Ou simplement le fait de pouvoir l'observer discrètement, de pouvoir détailler chacun de ses traits dans un geste du quotidien, sans que personne ne puisse dire quoique ce soit ?

I feel at home with you
crédit/ tumblr ✶ riley #9

Passer du temps avec elle sans avoir l'impression d'être en faute est une sensation assez particulière. Avant ma rupture, les rares moments où nous nous retrouvions seules toutes les deux, les choses n'étaient pas forcément évidentes. Parce qu'il y a toujours eu cette tension palpable entre nous... ce risque constant de pouvoir perdre le contrôle et de céder à la tentation d'une seconde à l'autre. Ce sentiment d'interdit aussi, puisque nous n'avions pas vraiment le droit de s'autoriser des écarts de conduite. C'était un sacré bordel quand on y repense. Mais là, nous sommes libres. Vraiment libres. Et seules dans son appartement. C'est un détail qui a toute son importance. Nous n'avons pas besoin de nous cacher, pas besoin de nous brimer. Profiter d'un instant banal du quotidien avec elle est vraiment appréciable. Et croyez-moi, je suis prête à le savourer jusqu'à la dernière seconde. En vivant sous le même toit - dans le même lit même - nous allons pouvoir nous découvrir d'une toute autre façon. Cuisiner ensemble en fait d'ailleurs partie. Alors pourquoi se priver ? C'est une bonne manière de fêter mon emménagement. « Avec grand plaisir ! » L'idée ne semble pas lui déplaire, pour mon plus grand plaisir. « Avant ça, je regarde ce que nous avons dans les placards. » Elle reste évidemment maîtresse des lieux, et c'est à elle que revient la responsabilité d'ouvrir les placards. Dans mon rôle d'observatrice, je reste volontairement attentive pour essayer de me familiariser doucement avec ce nouvel environnement qui sera le mien pour quelques temps. « Il y a des œufs. Nous pourrons nous consoler avec des œufs brouillés si le reste n'est pas là. » Je laisse échapper un rire amusé d'entre mes lèvres. Si on doit en arriver là, nous pourrons dire adieu à la touche sucrée tant espérée. « De la levure, du sucre et.. je crois que c'est tout, malheureusement.. » Pas de farine ? « Ah mince. » Ajoutais-je dans une légère moue. C'est un ingrédient difficile à remplacer. Bon, en soit, il existe des recettes de gâteaux sans farine mais ce n'est pas ce genre là que j'avais en tête. « Ah si ! Le pot en verre est vide, mais il y a visiblement un paquet neuf derrière ! » Je retrouve rapidement le sourire. « Sauvées ! » Je récupère les ingrédients pour les installer sur le plan de travail d'un air satisfait. « Est-ce qu'il y a tout ce qu'il te faut ? » Je réfléchis un peu avant d'ajouter. « Il nous faut un peu de lait aussi, s'il y en a. » Et apparemment c'est le cas puisque Riley me tend une bouteille. « Je t'écoute, je suis à tes ordres ! » Je m'arrête un instant et viens plonger mon regard dans le sien. « Je crois que je vais adorer cuisiner avec toi ! » Si c'est la première fois que nous allons partager cette tâche ensemble, quelque chose me dit que ce ne sera pas la dernière. « Qu'est-ce que tu comptes nous préparer de bon ? » Je hausse les épaules en levant un peu les mains en l'air. « Surprise du chef ! » Rien d'extraordinaire en soit, puisque c'est la recette d'un gâteau nature tout ce qu'il y a de plus classique. Mais je joue volontairement de la situation pour créer un semblant de mystère. « Je ne vais pas te dévoiler tous mes secrets quand même. » Nous nous mettons finalement à l’œuvre, toutes les deux, dans cette complicité qui est la nôtre. Est-ce que vous avez déjà eu la sensation d'être en totale adéquation avec une autre personne ? Comme si vous vous complétiez à la perfection ? C'est exactement ce que je ressens avec Riley. Nous restons sérieuses pendant quelques minutes, concentrées sur la préparation du gâteau. Mais pour pimenter un peu les choses, je ne peux m'empêcher de rajouter mon petit grain de folie. D'un geste furtif, je récupère le paquet de farine entre mes mains avant de venir volontairement la bousculer pour lui en verser sur son haut. « Oh merde, pardon, je suis vraiment maladroite. » Je suis à deux doigts de pouffer de rire mais je me retiens, sans défaire une seconde mon regard du sien. Bah quoi ? C'était trop tentant. Il y a des chances que la situation s'envenime maintenant que les hostilités sont lancées, mais cela ne me fait pas peur. D'ailleurs, à sa place, j'aurais déjà répliqué. « Attends, c'est pas tout à fait symétrique tout ça. » Je ne me fais pas prier pour lui en verser une nouvelle fois dessus, accentuant ma bêtise en lui en mettant cette fois-ci sur les cheveux. « C'est la nouvelle tendance du moment. Le look poivre et sel ! » Sur ce coup-là, je n'arrive pas à garder mon sérieux. « En vrai, ça te va plutôt bien. Au moins, tu sais que tu n'auras pas besoin de faire de couleur quand tu commenceras à avoir des cheveux blancs. » C'est quand même un compliment déguisé de ma part.