an unforgettable night (Nick)

Quand j’étais petite, j’ai testé les limites, comme tout le monde. C’est comme ça qu’on apprend, qu’on parvient à faire la différence entre le bien et le mal. Ou alors, c’est juste notre période de conneries. J’ai gardé quelques réflexes de mon enfance. Le seul truc, c’est que dans l’intervalle, j’ai tout de même obtenu un diplôme en droit et que je pourrais perdre mon cabinet et mon droit d’exercer si je me fais attraper. Mon état d’ébriété avancé est entièrement responsable du programme de la soirée. Toujours est-il que je parviens à lui piquer son porte-feuille et à sortir du bar avant qu’il ne s’en rendre compte. Espérons qu’il ne finisse pas le verre que je lui ai payé trop vite. Je tends à Nick la carte bleue et largue le porte-feuille dans la poubelle. Il me propose d’aller chercher à manger et apparemment c’est monsieur Lewanski qui régale. J’éclate de rire mais j’ai tellement faim que j’approuve totalement l’idée. Vive le sans paiement sans contact, nous prenons de quoi manger à emporter et nous dirigeons vers l’hôtel « YEEEES ! » J’avais trop envie d’y aller. Une fois à l’accueil, Nick demande la suite présidentielle. Je hoche la tête, comme pour appuyer ses dires. Il tend la mastercard et nous allons au dernier étage. Le blond ouvre la porte et j’en reste bouche bée « Je pense que cette chambre est plus grande que ton appart et le mien combiné » C’est hallucinant. Je largue mon sac et mes chaussures quelque part et m’enfonce un peu plus dans la suite. Le détective se laisse tomber sur le lit et je viens faire de même. Mais la petite carte a côté des oreillers attire mon attention. Je me cale sur le dos et lis à voix haute « Bienvenue dans la suite nuptiale » J’éclate de rire « Ce soir on est monsieur et madame Lewanski » Ils proposent tout un tas de boisson, le room service, un voiturier. Bref, c’est un sacré hôtel ma parole « J’ai faim » J’annonce résolument. Je sors du lit, titube jusqu’aux canapés, oui, au pluriel, et m’installe en tailleur avant de tout étaler sur la table « A table monsieur Wilson ! » Je pioche dans les frites et les nuggets. J’ai l’impression de n’avoir rien avalé depuis des lustres. Cette chambre est magnifique, j’en ai presque mal aux yeux. Curieuse et surtout dans l’incapacité de rester en place plus de deux minutes, je me dirige vers la salle de bain. Des peignoirs sont accrochés à la porte. Je les récupère et retourne dans le salon. Enfin c’est un salon dans une chambre ? Je retire ma robe en la laissant tomber par terre et enfile le peignoir « Wahou, c’est tout doux ! Y’en a un pour toi si tu veux » Je suis bien plus à l’aise dans cette tenue

Il espère tout de même ne jamais se souvenir de cette nuit, par simple orgueil, pour éviter le malaise, les angoisses, les inquiétudes, les regrets de Skye tout simplement. Évidemment, il en profite, là, tout de suite, il vit chaque seconde qui passe, parce qu'il est dans un état second, qu'il a soif de bière, de plaisir et de connerie, surtout de connerie. Il a dépassé l'âge de voler, de picoler comme un trou, d'agir comme un adolescent, pourtant, il est en train d'agir comme le contraire qu'il ne supporte pas, après cela, il va avoir besoin de repos, de s'enterrer quelque part pour ne plus en ressortir, bon, peut-être pas, mais il ne voudra sûrement pas s'en vanter, ça, c'est clair. Quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle, il saute sur le lit avant de se laisser tomber sur le matelas. Il est vrai que la chambre, voire carrément un mini appartement, ressemble à la villa de tout à l'heure, mais avec plus d'élégance, allez savoir pourquoi, cette chambre est digne des suites américaines que l'on aperçoit dans les films et les séries. Ce n'est pas pour lui déplaire, il sent qu'il va passer une bonne nuit, puis avec toute la bière qui coule dans son sang, il ne va pas mettre longtemps avant de trouver le sommeil. Lorsqu'elle mentionne la nourriture, Nick se relève presque aussitôt, mais d'abord, il se déshabille, sans retirer le sous-vêtement, pour pouvoir enfiler le peignoir, un peu chaud pour une telle température, mais hé, il suffit de mettre l'air climatisé, après tout, ce n'est pas eux qui vont payer l'électricité. Il s'installe sur le canapé et il déballe son hot-dog, puis étale les sachets de ketchup sur un bout de serviette de table pour pouvoir tremper ses frites, qu'il engloutit à court de deux ou trois patates. « Hum, trop bon. J'avoue que j'avais vraiment faim. » N'importe quoi aurait presque fait l'affaire pour le combler, pizza ou encore un burger bien gras, les chips n'ont pas réussi à remplir son ventre, enfin, à peine. Il continue de manger, puis il décide d'allumer la télévision, rien d'intéressant à cette heure-ci, peut-être des films pour adultes, il referme aussitôt l'écran de la télé. « Après, on tente le jacuzzi avant d'aller dormir ? J'ai cru l'apercevoir sur la terrasse. » Ça leur donnera une raison de contempler les étoiles et de profiter du reste de la nuit. « Ou alors, on teste les fauteuils de massage. »

J’ai l’impression d’être revenue à la fac. Les folles soirées, l’alcool qui coule à flot. Ca me rappelle des souvenirs. En revanche, je vais le payer au réveil. Je suis assez lucide pour m’en rendre compte. Tant pis. La faim se fait sentir et je me rue sur le sac de nourriture. Le fast-food était une fantastique idée. Il n’y a rien de mieux que ça lorsque l’on a bu, ou bien des pâtes. C’était le plat facile par excellente quand je rentrais au milieu de la nuit. Nick ne tarde pas à me rejoindre sur le canapé, après avoir enfilé son peignoir. Je me demande si je vais leur rendre d’ailleurs. Peut-être que je le prendrai en souvenirs, qui sait ? Il me propose de tester le jacuzzi ou bien les fauteuils de massage. J’attrape ma boisson et me laisse tomber contre le dossier, songeuse. Un massage pourrait nous détendre mais me caler dans un bain chaud à bulles en regardant les étoiles, ça me tente beaucoup plus « Naaan, le jacuzzi me tente trop. On en parle depuis le début de la soirée » J’avale quelques nuggets supplémentaires et me lève d’un seul coup. Je tangue un peu « Oups » puis éclate de rire. Ma tête tourne un peu mais avoir mangé va m’aider « Allez à l’eau » Je lance le jacuzzi, défais mon peignoir, retire mes sous-vêtements et m’immerge dans le bain. C’est tout bonnement génial. Je sens mes muscles se relâcher Ma tête se cale sur le dossier « Nick, viens c’est trop bien ! » Le ciel est dégagé, on peut voir toutes les étoiles. C’est l’activité parfaite pour terminer une soirée plus que mémorable. Mais justement, quels souvenirs aurons-nous demain ? Peut-être vaut-il mieux que j’oublie ma nouvelle carrière de pickpocket. Ca ne colle pas vraiment avec l’avocate que je suis. J’aurais tout le temps de m’en inquiéter demain je suppose. La chaleur du bain contraste avec la température extérieure. Les jours se raccourcissent et l’automne va pointer le bout de son nez. Ca fait carrément de la fumée. Nick finit par me rejoindre. Entre l’estomac plein, les muscles détendus, et la fatigue, on tombera comme des masses tout à l’heure. Surtout que le matelas est hyper confortable !

C'était bien, une soirée agréable, ce n'était pas prévu de se bourrer, de voler une carte et dormir à l'hôtel, il n'avait rien de tout cela en tête, l'évidence même, ils bossent tous les deux dans la justice. Néanmoins, même si cela fait du bien de sortir de la routine, il n'est pas certain de vouloir renouveler l'expérience un de ses jours, surtout à son âge. Certes, il n'y a pas de limite d'âge pour faire la fête, mais ce qu'ils ont fait ce soir, cela frôle la gaminerie, des bêtises d'adolescents. Tout cela pour dire, qu'il va très certainement bien dormir et qu'il aura sûrement tout oublié demain, enfin, probablement, rien n'est garanti. Quoi qu'il en soit, Nick prend le temps de terminer son repas, classique d'avoir toujours autant faim et normal, quand on sait que Nick n'avait pas mangé depuis qu'il a quitté son appartement, ainsi il n'en laisse pas une miette ou plutôt, pas une seule frite. Il n'y a que le ketchup, qui d'ailleurs, lui monte aux narines, il termine par sa boisson gazeuse. Oui, il avait troqué cela plutôt que de la bière, maintenant, il est évident qu'il n'a plus soif, ni faim, il s'étire tout doucement, pendant que Skye préfère le jacuzzi, elle avait déjà rejoint le spa avant que le blond termine son fast-food. Il est vrai que si elle avait choisi le fauteuil de massage, il y aurait eu de grandes chances pour qu'ils se laissent emporter par le sommeil. En tout cas, il en profite pour se rendre aux toilettes et se débarbouiller avant de rejoindre l'extérieur. Il retire son peignoir et son sous-vêtement, puis il entre la rejoindre dans l'eau, il appuie sur l'option des bulles. « C'est vrai que c'est sympa ! C'est même agréable. » Il l'enlace et il jette un coup d'œil au ciel étoilé. Il se souvient des rares fois où il faisait cela, s'arrêter pour admirer le ciel et ses couleurs, il n'était qu'un gamin, ses parents lui avaient acheté un télescope, bien sûr, il en profitait pour tenter de repérer des ovni, il était dans sa phase extraterrestres. « Je sens qu'on va bien dormir. » Il pouffe de rire avant de lui embrasser le front.

Je crois n’avoir jamais autant apprécié un jacuzzi. Bon ce n’est pas comme si j’avais un diplôme de testeuse non plus, mais ce soir, il a une saveur toute particulière. J’appelle Nick pour qu’il me rejoigne tout en profitant du moment. La chaleur est particulièrement appréciable. Les yeux fermés, j’entends le blond près de moi « C’est super agréable même » Il prend place à côté de moi et m’enlace. Je pense que là, je suis entièrement détendue. Ca m’avait manqué ce genre de petites attentions, ces moments de tendresse. Je sais qu’il n’est pas du genre à s’étaler sur ce qu’il ressent, à le dire à voix haute mais ça, juste être dans ses bras, c’est tout ce dont j’ai besoin. Et puis vu ce que j’ai bu, je pourrais pleurer pour moins que ça. Sa remarque me fait rire et j’opine « Le matelas est d’enfer. On va passer une nuit tellement confortable » Je laisse ma tête reposer sur son épaule et continue d’observer les étoiles « Quand j’étais gamine, je piquais des porte-clés dans les boutiques de souvenirs. C’était beaucoup trop cher pour ce que c’était » Et le pire, c’est que c’était vraiment facile « Ce genre d’endroit n’a pas de caméra de surveillance, pas pour protéger des attrape-nigaud. J’attrapais deux portes-clés, faisais mine de les observer, et n’en reposais qu’un, en lâchant mon prix dans mon sac » On a tous fait des conneries en étant gamin non ? Et pourtant, j’ai fini par passer le barreau. La vie est assez drôle quand on y réfléchit. Mes yeux commencent à se fermer, je le sens. La fatigue se fait sentir et je suis bien contre Nick. Je tourne la tête, dépose un baiser dans son cou et me lève « On a un lit king size qui nous attend » Je sors du jacuzzi et renfile mon peignoir « Je passe à la salle de bain rapidement et je te rejoins » J’en profite pour me démaquiller. L’avantage de ce genre d’endroit, c’est qu’il y a tout à disposition. Ceci étant, vu le prix, il vaut mieux. Je me lave les dents, parce que ça aussi, ils ont et retourne dans la chambre. Le lit m’appelle, sérieusement. Vu l’improvisation de la soirée, je n’ai rien pour dormir mais à ce stade, ce n’est qu’un détail. Je m’allonge sous les draps et pousse un soupir « Oooh c’est parfait. Je vais leur demander la marque de leur matelas » Je suis incapable de retenir un bâillement.

Il commence à se faire tard ou tôt, c'est selon, il doit être au moins deux heures du matin, peut-être trois, il a perdu la notion du temps et ce n'est peut-être pas plus mal quand on s'amuse et qu'on ne souhaite pas se mettre de limite pour dormir. D'ailleurs, il n'aura pas besoin de rentrer demain pour travailler, l'avantage de bosser pour soi-même, c'est d'organiser son propre horaire et puis, personne ne va le virer, bien évidemment, mais cela aurait pu être tout autre, s'il avait été à Auckland. Quoi qu'il en soit, il commence tout doucement à bailler, à sentir la fatigue l'envahir, ses yeux se ferment de temps en autre, son corps n'en peut plus et son esprit non plus, il a besoin de s'allonger et de se laisser aller, le lit l'attend et il semble qu'il ne soit pas le seul dans cette situation, elle aussi, elle baille, elle réclame le matelas, maintenant plus que jamais et Nick également. Ils profitent des derniers instants dans le jacuzzi et elle lui parle de son enfance, du fait qu'elle a déjà volé, à croire qu'elle était une autre personne, les choses changent. « Skye la voleuse. » Il glousse à son histoire et il décide de se confier à son tour, même si ce n'est pas grand-chose et que ce n'est pas la meilleure période de sa vie. « Je n'ai jamais volé, enfin, rien dans une boutique, mais je séchais les cours pour pouvoir faire des graffitis dans les rues, au parc, le temps de m'exprimer, la colère d'un pré-ado. » Une partie de lui, avait la rage, après la mort de son père, alors, il laissait ses émotions parler, quitte à se faire arrêter et sermonner, quitte à décevoir sa mère, la personne qui compte le plus à ses yeux. On avait refusé de le prendre dans une équipe de Baseball aussi, tout s'accumulait et rien ne pouvait vraiment l'arrêter, il n'écoutait personne et surtout, il ne le voulait pas. Skye sort en premier du jacuzzi, pendant que Nick reste dans ses pensées, il la rejoint finalement, il s'essuie, remet son sous-vêtement et il saute dans le lit après avoir éteint les lumières, sauf celles de la table de nuit. Il se faufile sous les draps, il se sent soudainement plus confortable, tout son corps se prépare déjà à l'abandonner pour une bonne nuit de sommeil, il n'arrive presque plus à bouger, tellement il est bien, il s'installe bien et il sourit, avant de commencer à fermer les yeux, les lumières éteintes. « C'est trop bien, je vais dormir toute la journée ! » Enfin, jusqu'à ce qu'il finisse par se réveiller quoi, pourvu que cela soit assez long pour pouvoir récupérer les heures perdues.

La fatigue va bientôt gagner la bataille. Je le sens, je suis beaucoup trop bien et détendue pour lutter davantage. Et pour continuer sur le thème des confidences, je lui fais part de mes souvenirs d’enfance. Ce genre de petits larcins est la chose la plus grave que j’ai pu commettre en étant enfant. La réponse de Nick me fait sourire « Tu l’ignorais ? Je fais partie du grand banditisme d’Island Bay » Maîtresse du crime. Impossible, clairement. D’ordinaire, je n’aurais pas fait ce qu’on a fait ce soir. Il faut vraiment que j’évite de boire autant. J’écoute attentivement ce qu’il partage. A vrai dire, je prends la moindre info qu’il veut bien lâcher. Nick reste très secret sur son passé et j’apprécie qu’il se confie comme ça. Il mentionne quelque chose sur sa colère. Je me demande s’il fait référence à quelque chose en particulier ou plutôt les sautes d’humeur typique de l’adolescence. Je garde ça dans un coin de ma tête, espérant me souvenir de cette confidence demain matin. Avec ce que j’ai consommé, je ne suis sûre de rien. Après m’être fait un brin de toilette, je me glisse sous les draps, près de Nick. Ce matelas est parfait et nous allons passer une excellente nuit. J’évite de penser à la gueule de bois quasi certaine de demain matin et sans m’en rendre compte, m’endors.

La lumière du soleil me réveille doucement. Ma tête est posée sur le torse de Nick, et j’ai l’impression qu’elle pèse dix tonnes. Mes yeux s’habituent peu à peu au jour. Honnêtement je n’ai pas envie de bouger mais il va bien falloir. Je meurs de faim et c’est assez coutume avec moi les lendemains de cuite. Soucieuse de ne pas réveiller le détective, j’essaie d’être le plus discrète possible et me rends à la salle de bain, titubant légèrement, peu confiante sur mes jambes. Mince, j’ai 80 ans ou bien ? Quelques flashs de la veille me reviennent en mémoire « Oh punaise » La tête que j’ai. La douche m’appelle et j’en profite pour laver tous mes pêchés de la veille. Ca fait un bien fou. Je renfile mon peignoir et retourne dans la chambre pour découvrir Nick, réveillé à son tour. Ma tête me fait un mal de chien. J’ai l’impression qu’un marteau-piqueur s’amuse à percer des trous dans mon cerveau. Je me rallonge à côté de lui « Salut vous » Je murmure. Pas question de nous brusquer en hurlant.

Il n'a pas eu de mal à s'endormir, tout était là pour qu'il se laisse aller dans les bras de Morphée, le matelas, son état d'ivresse, la fatigue qui l'accompagnait depuis déjà une petite heure, tout cela a eu raison de lui. Les heures défilent jusqu'en début d'après-midi, il aurait juré à un moment que la porte s'était ouverte, peut-être une femme de ménage, ils ont oublié de mettre l'étiquette sur la poignée de porte, ne pas déranger. Cela ne la pas empêcher de se rendormir aussitôt, il faut dire qu'il en avait besoin de cette nuit de sommeil pour récupérer de la veille et puis, la chambre fait toute la différence, le lit est si confortable, l'envie de dormir et pas travail non plus. Néanmoins, il faut bien se lever un jour et c'est le moment d'ouvrir les yeux, d'autant que son mal de tête n'arrange pas les choses, impossible de se recoucher avec cette douleur vive, la gueule de bois et ses effets de merde, la voilà. Il baille un coup avant de se frotter les yeux, il n'arrive pas à se lever encore du lit, car on ne peut pas nier que sa migraine soit une vraie saloperie, plus, il doit attendre que Skye quitte la salle de bain pour pouvoir y rentrer, bien qu'il y en ait une autre, il préfère attendre paresseusement dans le lit. Nick grimace, il sent les gargouillements dans son ventre, il a faim, mais on ne peut pas non plus dire que manger avant de dormir, cela aide la cause. Le blond s'assoit finalement et c'est là, qu'il voit la brune revenir vers le lit. Il n'est pas certain de vouloir ouvrir la bouche, il a vraiment besoin d'une douche, de se brosser les dents et surtout, se remettre les idées en place. Il se lève enfin du lit, la bonne nouvelle, c'est qu'il n'a pas fait de folie au point d'avoir les jambes abîmées, mais elles sont tout de même lourdes et le moindre bruit et lumière, l'agace déjà. « Salut. » Nick file rapidement s'enfermer dans la salle de bain, d'abord, il se brosse les dents, il n'hésite pas non plus sur le rince-bouche, pour finir, la douche tiède. Bref, il sort de la pièce et il enfile son pantalon avant de soupirer lourdement. « Ils ne sont même pas foutus de mettre des médocs, putain. » Cette impression de s'être cogné la tête hier soir, alors que ce n'est pas arrivé, c'est très désagréable. Il tire le rideau et il le referme aussitôt, après avoir eu l'impression de s'être fait agresser par la lumière du jour. « Génial. Il y a du soleil. »

On peut dire que cette soirée était digne de mes années de fac. Cependant, ma capacité de récupération n’est plus ce qu’elle était. Avant, je pouvais repartir dès le midi, pour un brunch. Tuer le mal par le mal est un vrai il paraît. Mais en voyant ma tête dans le miroir, je me rends compte que j’ai vieilli. Je profite que Nick dorme encore pour prendre ma douche. Ca a le mérite de me faire du bien et de me réveiller en douceur. Lorsque je sors de la salle de bain, je constate qu’il est réveillé. Je m’installe à côté de lui et le salue. Visiblement sa gueule de bois est aussi bien présente. Il me répond rapidement avant de disparaître à son tour dans la salle de bain. J’en profite pour appeler le room service. Je pense que ni lui ni moi sommes en état de voir du monde pour l’instant, et j’ai faim. « Bonjour. On voudrait prendre le petit-déjeuner dans notre chambre » Je l’écoute distraitement, m’expliquer que nous sommes en début d’après-midi et que normalement, il n’est plus l’heure. Mais que compte-tenu des circonstances, autrement dit, vous avez la suite la plus cher, on fait une exception « Un peu de tout. Café bien sûr … Chocolat chaud également. Sucré et salé. Parfait. Oh et si votre chef connaît un remède contre la gueule de bois, qu’il en fasse deux. Merci » Au prix de la chambre, je pense qu’on peut se permettre de passer des commandes spéciales. Je ramasse les fringues au sol et les rassemble sur le canapé. Pour le moment, je reste en peignoir, c’est plus confortable et surtout, ma robe est faite pour une soirée. Je n’aurais pas forcément osé la porter en journée. Bref. Je n’aurais pas le choix dans tous les cas. J’observe Nick sortir et commencer à s’habiller. Il est grognon. Je réprime un sourire et lève les yeux au ciel tout en fouillant dans l’abysse qu’est mon sac à ma main. Je trouve enfin ce que je cherche. A ce moment-là, le room service débarque. La porte s’ouvre « Monsieur et Madame Lewanski, votre petit-déjeuner » Je fronce les sourcils. Lewan… quoi ? « Je vous remercie » Je lui laisse un pourboire et nous nous retrouvons à nouveau seuls. Un pichet d’eau se trouve sur le chariot. J’en sers un verre et le tends à Nick, en lui mettant en plus deux cachets pour la tête dans la main « Tiens Grincheux, ça te fera du bien » Je lui mets les lunettes sur le nez et dépose un baiser au coin des lèvres. Bon, il est temps de manger.  

Un réveil douloureux, une migraine atroce qui va le suivre toute la journée, c'est insupportable, il sait qu'il ne pourra pas le combattre sans savoir de quoi se soigner, mais il semble qu'il n'y ait rien dans la chambre pour cela. Il lui reste l'option d'appeler le room service, mais Skye le devance, elle a pris le temps de commander de quoi manger pendant qu'il se douchait. Nick se sent bien, enfin, non, pas vraiment, mais il se sent propre et c'est déjà ça, cette sensation et ce sentiment le font sentir bien en quelque sorte, si on oublie le mal de tête et les jambes lourdes, l'agacement de subir cette gueule de bois, tout cela c'est de sa faute, pas le choix d'assumer cette connerie. « C'est qui ça encore, Lewanski ? » Il n'y avait quand même pas un troisième mec avec eux hein ? Il ne l'espère pas. Il n'aurait jamais accepté cela, mais il est curieux de savoir qui est cette personne. Les souvenirs ont du mal à refaire surface, il n'arrive pas à se remémorer, mais il a quelques flashbacks, il ignore encore pourquoi il y a cette carte sur la table, c'est donc lui, Lewanski, enfin, ce n'est qu'un nom, rien de tout cela ne peut être réel, qu'est-ce qu'ils ont foutu. Le blond grimace légèrement, il soulève les couvercles, honnêtement, il n'a pas tellement faim, malgré que son corps montre tout le contraire, l'odeur du bacon montre rapidement à ses narines, sans compter les saucisses de porc et le café. « Merci bien. » Il avale les cachets, avant de les faire descendre à l'aide du verre d'eau. Il repousse les lunettes au fond pour bien les faire tenir sur son nez et il attrape un pain beurré pour le manger. Pourvu que cela fasse rapidement effet, il sait qu'il est rabat-joie, de mauvaise foi, néanmoins il n'arrive plus à penser et ce n'est pas du tout agréable. « Heureusement qu'on n'a rien dépensé. » Il n'aurait jamais pris cette chambre, pas même avec l'argent qu'il a gagné au casino, la seule raison valable aurait été son propre mariage, voire le fait d'être millionnaire. En vrai, ce n'est pas une question d'argent, cela dit, on ne peut pas nier que c'est une sacrée dépense et sans oublier la façon dont ils ont obtenu la carte, il préfère oublier. « J'ai hâte d'être chez moi. » Il se lève du canapé et il attrape son assiette, il se dirige vers un fauteuil de massage et il s'installe là-dessus, il mérite bien cela.

Je n’ai pas encore tous mes souvenirs et franchement, vu ce qu’on a bu, il est possible qu’ils ne reviennent jamais. Pour autant, je me rappelle avoir ri, m’être amusée. Malgré cette gueule de bois, c’était une bonne soirée. Le room service remonte rapidement avec notre commande et Nick semble aussi surpris que moi quant au nom utilisé. A la limite, on aurait pu utiliser Wilson ou bien le mien. Mais Lewanski, ça sort vraiment de nulle part. L’employé de l’hôtel quitte la chambre et j’en profite pour m’occuper un peu de monsieur Grincheux. Quel rabat-joie, je vous jure. C’est peut-être la vieillesse qui pointe le bout de son nez ? Cette idée me tire un sourire, mais je me garde bien de lui en faire part. Et puis bon, notre écart n’est pas si grand. Le petit-déjeuner tient ses promesses, il y a vraiment de quoi faire. J’éclate de rire à la remarque du blond, ce que je regrette aussitôt «  Aouch » Je masse mes tempes quelques instants et avise deux grands verres remplis d’un liquide vert, un peu douteux. Les fameux remèdes « Le chef nous a préparé un truc contre la gueule de bois. J’ai tenté et visiblement, il connaissait une recette » J’attrape mon verre tandis que Nick atterrit sur les fauteuils de massage. Je le vide d’une traite. C’est infect et je préfère ne pas savoir ce qu’il y a dedans. Je rapproche le chariot de la table basse et m’installe sur le canapé en tailleur. Mon estomac me fait comprendre qu’il est temps que je m’occupe de lui. Le chocolat chaud vaut le détour et je me laisse tenter par quelques viennoiseries. A moins que le chef ne soit français ou qu’il connaisse les secrets de leurs viennoiseries, ce ne sera pas aussi bon. Une fois rassasiée, je renfile ma robe. J’observe mon reflet dans le miroir « note pour la prochaine fois : prévoir une tenue appropriée pour la journée » Elle est effectivement assez courte. Peut-être que je trouverai une boutique en bas. C’est assez coutume dans ce genre d’établissement. Et en même temps si on prend un taxi, je n’aurais pas trop de soucis pour sortir habillée ainsi « On prend un taxi pour rentrer chez Ruben pour récupérer ta voiture. Tu te sens de prendre le volant ? » Ce serait idiot de courir le moindre risque. Honnêtement, lui comme moi, on doit encore être positif vu que ce qu’on s’est envoyé hier soir. Mais bon, il va bien falloir rentrer. Et puis, passer la journée au lit est une idée très séduisante.

Il n'a absolument pas compris le coup de Lewanski, ce n'est même pas un nom de famille qui lui viendrait en premier. Quoi qu'il en soit, si personne dans cet hôtel n'a encore réclamé la carte ou de l'argent au couple, ce n'est donc pas son problème pour le moment. Il n'attend pas une seconde pour prendre les cachets, vite qu'il en soit débarrassé quand même, sinon son humeur ne va pas s'arranger dans les heures à suivre. « Tu crois vraiment à ces conneries ? On dirait de la.. » Bon, inutile de dire ce qu'il pense de cela à voix haute, à vrai dire, cela peut aussi bien ressembler à un cocktail avec plein de légumes verts. Il n'est pas certain de vouloir tester, pour être honnête, il redoute le goût et étant donné que son estomac est fragile, s'il faut en plus qu'il passe le reste de la journée à vomir, vous voyez le topo. Nick prend le temps de manger et il ne termine pas son assiette, après un petit massage, l'arrêt des vibrations, l'oblige à se lever et à s'habiller complètement. « Prochaine fois, je doute que cela arrive. » Il rit jaune, il veut bien se détendre, mais la gueule de bois, ça ne va pas non plus se faire à chaque samedi. Il préfère boire avec modération, dans le pire des cas, la prochaine fois, ça se fera à ses 40 ans, sûrement pas avant cela, en tout cas, il parle pour lui-même. Il la regarde dans sa robe, il est vrai que pour lui, il porte des vêtements qui passent crème dans la vie de tous les jours, ça ne se compare pas vraiment avec sa tenue légère. « Tu es plus en mesure de conduire ? J'avoue que je préfère faire un simple retour que revenir ici et si jamais tu te sens mieux que moi. » Il faut dire qu'il n'est pas encore rétabli de son mal de tête et Skye ne s'est pas encore plainte d'une migraine, pour tout dire, il ne sait même pas comment elle se sent. Il fouille dans les poches de son blouson et il trouve les clés et les fait agiter. « Partons en voleur, on saute dans la voiture et on part. » C'est-à-dire qu'il ne souhaite pas croiser Rubèn et sa nouvelle fiancée, se taper la discussion, se demander où ils étaient, bref, faire dans le social dans son état, non merci et puis, il y aura forcément des questions auxquelles ils ne pourront même pas répondre. Il s'approche du chariot, il goûte à la mixture bizarre et il grimace, il repose aussitôt le verre après quelques gorgées. Nick fait un dernier tour dans la chambre, il n'a rien oublié, il sort de la chambre, prêt à partir.

Le chariot est plein de choses différentes : nourriture, boissons etc … Et on a le plaisir de découvrir deux remèdes contre la gueule de bois. Quelque part, ça me fait sourire. Je pense qu’ils doivent avoir eu des demandes assez étranges. C’est le type d’établissement qui fait en sorte de toujours satisfaire sa clientèle. Nick semble sceptique quant à l’efficacité de ce type de breuvage. Ca peut se comprendre. Mais je crois sincèrement que ça peut aider. J’avale mon verre d’une traite et et après avoir mangé, je me rhabille « On s’est fait avoir comme des bleus surtout. Boire autant sans manger » Je l’ai fait à plusieurs reprises quand j’étais plus jeune mais justement ma tolérance était toute autre. Il paraît qu’en vieillissant, on ne se remet plus aussi vite. Je hoche la tête à la question du blond « Plus je ne sais pas mais c’est supportable » Je rassemble le reste de mes affaires, enfile ma paire de chaussures plates et attrape mon sac. Les escarpins ne sont clairement pas une option. Trop mal aux pieds, trop de courbatures. Pas envie de me prendre le chou aujourd’hui « Partir en voleur ? Quelque chose me dit que ce n’est pas le pire de ce qui s’est passé hier » je lui dis en souriant. J’en profite pour commander un taxi tandis que nous nous occupons du check-out. Le chauffeur nous dépose chez Ruben. La villa semble calme, peut-être encore endormie malgré l’heure. Je récupère les clés de Nick et nous prenons la route comme deux clandestins. Le chemin se passe sans encombre. Une fois chez lui, je sens que j’ai du mal à rester concentrée. Il n’est pas prudent de reprendre ma voiture pour rentrer. Il m’invite à rester histoire de réellement me reposer. Il ne faut pas me le dire deux fois. Vêtue d’un de ses tee-shirt, nous nous installons dans son lit pour repartir pour quelques heures qui nous feront le plus grand bien.