rough night → jenny

On pourrait croire qu’à force d’éviter son regard – parce qu’après tout, c’était pas à elle qu’il s’adressait et elle voulait surtout pas donner l’impression d’être trop invasive -, Aveleen n’avait pas remarqué que ce gars était en train de glisser quelques mots à l’oreille de Jenny. Des mots qu’elle ne pouvait bien sûr pas comprendre parce que difficile de lire sur les lèvres dans cette position. Quant à la rouquine, elle n’était pas suffisamment proche pour avoir entendu. Mais comme la question qui suivit lui était en partie adressée, elle put répondre sans trop se prendre la tête :
« Bah on attend d’être sûres de pas dégobiller sur tout le monde à un moment ou à un autre, voilà ce qu’on attend. »
Autant rester raccord. Ce que ce type lui adressa ensuite, c’était un haussement de sourcil dubitatif. Peut-être bien que la vraie Crystal ne s’exprimait pas comme ça, mais dans le pire des cas, elle pourrait ressortir l’excuse de la maladie. On n’est jamais vraiment soi-même quand on est pas bien dans sa peau. Par chance, c’est à ce moment-là que le gars décida de leur fausser compagnie, les laissant de nouveau en tête à tête. C’est alors que son amie lui fit comprendre de manière un peu pressante qu’elle ne le sentait pas et qu’il allait falloir le garder à l’œil. Ah… C’est qu’Aveleen l’avait déjà perdu de vue, en fait. Et puis qu’est-ce qu’il pourrait bien faire ? Prévenir la sécurité ? On n’allait quand même pas les mettre en taule pour si peu. D’autant que c’était pas vraiment de leur faute ; si y avait pas eu méprise de base, elles n’en seraient pas là. Mais compte tenu des circonstances, tout le monde aurait très certainement réagi de la même manière qu’elles. Raison pour laquelle elle finit par hausser les épaules avec un air sans doute plus désinvolte qu’elle ne l’était réellement.
« On verra bien. De toute manière, on a rien fait de vraiment grave. A part de l’usurpation d’identité, peut-être mais bon, je crois pas que ça ira jusque-là. »
Parce que ça serait quand même très abusé ; faudrait que ç’ait été planifié pour que ça compte, or c’était pas le cas. Là-dessus, le spectacle commença et elles purent se détendre un peu puisqu’on leur foutait un peu la paix. La question de son amie la fit pouffer. Jenny en connaissait parfaitement la réponse.
« Nan, jamais. Et bizarrement, je regrette pas de pas avoir pris cette voie. »
Le répit fut toutefois de courte durée puisqu’au bout de trois reprises, elle comprit que quelqu’un, dans la foule, appelait Crystal. Quelqu’un avec un micro-main. Suivit par un caméraman. Oh putain, merde !

Mine de rien, Aveleen ne s’en sortait pas si mal. Peut-être même qu’elle venait de se découvrir un talent insoupçonné jusqu’ici. Dont elle ne pourrait pas faire grand-chose de toute façon étant donné qu’elle n’avait sûrement pas l’intention de se lancer dans une carrière d’actrice ni même de scammeuse mais hé, c’était toujours bon à savoir. D’ailleurs en parlant de ça, Jenny lui fit remarquer qu’on pouvait même pas vraiment parler d’usurpation d’identité dans leur cas. Non, c’est vrai. D’autant qu’elles ne s’en étaient pas servies à des fins malhonnêtes et que c’était souvent ça le problème dans ce genre d’histoires. La rouquine acquiesça donc ; bien sûr qu’elle jouerait les innocentes si ça finissait par leur retomber dessus d’une manière ou d’une autre. Et elle savait qu’elle pouvait compter sur son amie pour faire de même. D’ailleurs, elle aussi s’en sortait plutôt bien. Surtout quand on pensait qu’elle devait faire croire qu’elle était juste aphone. Vraiment, les deux pourraient se lancer dans de supers combines si elles le voulaient. Mais ça ne collait pas vraiment avec elles, elles étaient des gentilles, au fond. Même Aveleen qui avait tendance à paraître assez souvent inabordable. Bref, nouvel hochement de tête quand la blonde lui fit remarquer que le spectacle n’était pas si dégradant que ça non plus. Non. Y avait très certainement des pervers dans la salle, c’était un fait, mais tout le monde n’était pas là que pour ça non plus. Ça restait du spectacle tirant vers l’art.
« Nan c’est sûr et puis toi, t’es faite pour la scène mais moi, je suis faite pour… Les pizzas. »
Et non, elle n’était même pas en train de parler de les manger, juste de les livrer. Ce qui était ironique en soi parce qu’il était clair qu’elle n’excellait pas du tout dans ce domaine. Disons qu’elle était surtout faite pour les étoiles, en fait. Les vraies. Mais puisque ce rêve s’éloignait de plus en plus à mesure que le temps passait, autant ne pas trop se focaliser là-dessus non plus. Tout ça pour dire que c’est à ce moment-là qu’Aveleen entendit quelqu’un dans l’assistance appeler son doppelganger. Pour l’interviewer. Manquerait plus que ça passe à la télé, tiens. Cette idée suffit à ce qu’elle prenne peur et c’est la voix légèrement altérée par la panique – ce qui ne changerait rien pour Jenny qui de toute façon ne pouvait pas l’entendre -, qu’elle répondit :
« On dirait un journaliste. »
Filer, oui, voilà ce qu’il fallait faire. Sans prendre la peine de marquer son accord, la rouquine tourna les talons, prenant quand même le temps de faire savoir à son amie qu’il fallait partir dans la direction opposée à celle d’où venaient ces gars pour qu’elles ne se perdent pas et commença à tracer, tâchant d’ignorer les fans poussant des exclamations en les voyant se mêler à la foule. Que la supercherie soit finie, c’était une chose mais elles n’allaient quand même pas dire à tout le monde qu’elles n’étaient celles qu’on croyait là, maintenant, tout de suite, pas vrai ? Non. C’est donc ainsi qu’un fan un peu plus relou que les autres parvint à les arrêter pour leur demander un autographe laissant ainsi le temps au duo de l’information de les rattraper.

Elle est mignonne Jenny à vouloir lui remonter le moral en lui disant que c’est tout un art que de savoir faire une bonne pizza. Le problème, c’est que c’est même pas elle qui les fait. Elle pourrait. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle était pas trop mauvaise en cuisine. Ce qui vient sûrement du fait qu’elle a grandi dans une ferme et que tout le monde était obligé de mettre la main à la pâte ne serait-ce qu’un peu. Ce qui fait que quand elle travaillait encore à la base, elle était à peu de chose près la seule scientifique à se servir d’autre chose que du micro-ondes dans la cuisine commune. Tout ça pour dire que oui, elle pourrait mais qu’elle n’avait pas été engagée en tant que pizzaïolo, alors… Affichant une petite moue à mi-chemin entre la grimace et le sourire, elle répondit donc :
« C’est même pas moi qui les fais. »
Chacun son poste. Bref, Aveleen ne cherchait même pas à être rassurée : elle savait pertinemment ce pour quoi elle était faite. Mais elle savait aussi qu’à moins d’un miracle, c’était fini, tout ça. De toute manière, c’est idiot de ne se résumer qu’à un métier… Facile à dire pour quelqu’un qui n’avait pas dédié sa vie uniquement qu’à ça, c’est sûr. Dans tous les cas, pas le temps de se lamenter sur son sort puisqu’elles avaient à présent la presse aux fesses. Et des tas d’obstacle sur leur chemin. Comme par hasard. Si la rouquine avait cru pouvoir échapper à une interview, il s’avéra qu’elle avait tort parce qu’au bout d’un moment, ce ne fut plus seulement les fans qui se dressaient sur leur route mais bien des types de l’organisation. Qui leur rappelèrent gentiment mais fermement qu’elles avaient été payées pour être là – tu parles, si seulement ! -, et que par conséquent, les photos, les autographes, les performances sur scène et aussi les interviews, c’était un peu le moins qu’elles puissent faire puisqu’elles étaient là pour ça. Bon… Pas le choix alors. Enfin si, y avait presque toujours le choix et en l’occurrence, elle aurait pu dire qu’elle n’était pas vraiment Crystal et que son amie n’était pas vraiment Bunny, mais… Roh elle ne savait pas pourquoi elle ne voulait rien dire. Sûrement parce que cette soirée était fun malgré tout et qu’elle n’avait pas vraiment l’occasion d’en vivre d’autres comme ça. Raison pour laquelle elle fit face aux journalistes, annonçant d’emblée :
« Bunny est aphone ce soir, malheureusement, elle pourra pas répondre à vos questions mais moi oui, alors allez-y. »
Le tout avec un sourire crispé qu’elle garderait tout au long de l’interview. Où on lui demandait globalement ce que ça faisait d’être la star d’un tel show après un parcours comme le sien et comme elle n’avait aucune idée du parcours qu’elle était censée avoir fait, Aveleen s’efforçait de rester aussi évasive que possible.

Oui, c’était super d’être une… Effeuilleuse ? Danseuse exotique ? Comment appelait-on ce truc ? Elle en savait rien mais c’était super, un peu comme un rêve qui devenait réalité. Aveleen avait l’impression de passer un entretien d’embauche, vous savez, les fameux « la compta, c’est mon unique passion » et tout ce qui va avec. Sauf qu’elle essaye d’y mettre quand même un chouïa plus de conviction que pour un simple entretien d’embauche. Pourtant, elle pouvait pas s’empêcher de laisser des « euuuh » un peu plus longs que nécessaires lui échapper de temps à autre, le temps d’improviser la réponse suivante tout en croisant les doigts pour que ces réponses collent à peu près avec celles de la vraie Crystal. Et sinon, on pourra toujours dire qu’elle était défoncée ce soir-là. C’est pas toujours comme ça que ça se passe dans le milieu du showbiz ? La rouquine était quasiment sûre que oui et se doutait que ça devait être le cas hors showbiz aussi, parfois. Trop de pression pour bien des gens et la tendance était de demander plus de temps, plus de performance pour moins d’argent alors forcément, ça n’allait pas aller en s’arrangeant. A moins que la tendance finisse par s’inverser bien sûr mais hm bon, Aveleen préférait encore croire au père-Noël. Tout ça pour dire qu’elle avait l’impression que le temps s’étirait en longueur – et aussi celle de n’avoir jamais autant parler de toute sa vie -, et qu’elle n’est pas mécontente de capter le petit signe de Jenny lui faisant comprendre qu’elle pouvait servir l’excuse de devoir aller se pomponner pour monter sur scène. Encore ? Mais ne venait-elle pas tout juste de feindre d’être malade pour justement pouvoir échapper à ça ? C’est quoi ? Un pré-show avant le vrai show ? Et si elle leur servait cette excuse, est-ce que ça marcherait, du coup ? Ça valait la peine d’essayer. Ce qu’elle fit. Et que sa théorie soit bonne ou mauvaise, ça marcha. Hé ben… Soit ils étaient drôlement cons, soit défoncés – pourquoi pas eux aussi après tout ? -, soit ils s’en foutaient, soit elle avait vu juste. Tant de possibilités pour quelqu’un qui s’en fichait royalement. C’est alors qu’elle s’apprêtait à prendre congé qu’elle remarqua l’air de chouette sous coke – pour rester dans le thème – de son amie et qu’elle regarda dans la même direction… Pour voir leurs doppelgangers non loin d’elles. Etrangeté s’il en est parce qu’elle est déjà très pâle de base, la rouquine blêmit et chopa la main de Jenny.
« Ça n’en finit pas. Viens, on se casse, active le mode bulldozer. »
Des fois qu’on ne veuille pas les laisser sortir aussi facilement qu’elles étaient entrées et qu’elles soient forcées de rendre des comptes.

Une chose était sûre : c’est que cette soirée était riche en émotions. Quant à savoir si elle préférait ça à ses soirées passées chez elle à regarder les étoiles ou à espionner ses voisins, hmm, pas sûr. Disons qu’une fois en passant, c’était bien mais qu’elle ferait clairement pas ça tous les soirs. Trop stressant. Donc, elles étaient en train de courir pour éviter les ennuis. En tout cas, c’est ce qu’elles se disaient parce que rien ne pouvait le prouver mais bon, en se mettant à la place de Crystal, elle était pas sûre qu’elle serait ravie d’apprendre qu’une parfaite inconnue avait joué son rôle une bonne partie de la soirée. Même si en vrai, y avait pas de mal, elle avait pas non plus été payée pour le faire. Autrement dit, elle était en train de voler personne. Et elle pensait pas avoir dit quoi que ce soit qui puisse nuire à la réputation de l’autre fille. Aveleen réfléchissait à tout ça tout en courant et surtout en bousculant les gens ayant l’audace – mais surtout la stupidité – de se dresser sur son chemin. Jusqu’à ce qu’enfin, l’air frais du dehors vienne lui caresser les joues. Elles étaient libres ! La remarque de Jenny la fit ricaner. Peut-être qu’elle avait l’habitude de ce genre de soirées, elle, mais pas la rouquine.
« Un chouïa stressant serait le terme correct. »
Mais elles avaient eu de la chance et ça ne s’était en effet pas si mal passé. Raison pour laquelle elle se mit à pouffer quand son amie lui demanda ce qu’elles allaient faire à présent. Quelque chose de chill ou quelque chose d’aussi « fun ». Aveleen était partagée. Entre le désir de se poser au moins pour se remettre de ces multiples courses folles ou alors de poursuivre sur cette lancée justement parce qu’elle savait très bien qu’elle ne ferait pas ça tous les jours. Au bout de quelques secondes de réflexion, la rouquine finit par hausser les épaules. Le problème, c’était pas tant de savoir si elle avait envie de continuer mais plutôt de savoir que faire.
« Ben, moi je veux bien continuer mais je sais pas du tout ce qu’on pourrait faire d’autre qui serait aussi « fun » que ça. Cela dit, tu sais bien que je sors pas beaucoup alors si toi t’as une idée, dis-la et je te suivrai peut-être. »
Peut-être, parce qu’il fallait pas que ça soit trop dangereux non plus mais sur ce point, elle faisait confiance à Jenny.

Des stars, c’est une façon de voir les choses. Enfin oui, on pouvait dire qu’elles l’étaient dans leur domaine bien spécifique mais c’était pas ça qu’Aveleen appelait être une star. Fallait qu’elles soient mondialement connues et si pas, au moins dans tout le pays pour pouvoir avoir ce titre. Mais elle n’allait quand même pas se faire passer pour plus bête qu’elle n’était, elle qui avait un doctorat, rappelons-le ; elle avait très bien compris ce que Jenny voulait dire par-là.
« Ouais… Enfin, à choisir, j’aurais préféré qu’on me confonde avec Dr. Dre. Mais c’est compliqué parce qu’il est pas roux. »
Sa blague la fit rire parce que bien sûr, qu’il soit roux ou non, c’était vraiment la plus insignifiante des différences qu’il y avait entre les deux. Bref, la rouquine était pas contre l’idée de poursuivre la soirée sur la même lancée mais en ce qui la concernait, elle était un peu à court d’idées. Faut dire qu’elle avait jamais vraiment eu l’occasion de faire des conneries dans sa jeunesse alors elle connaissait pas du tout tout ça. Ce qui n’était apparemment pas le cas de son amie qui elle, avait des idées à revendre. Amusée, elle arqua un sourcil. Aller danser, oui, même Aveleen avait connu plus fou quand même, mais la suite ne la déçut pas en revanche. Enfin, disons qu’elle était obligée de faire d’emblée une croix sur certaines des propositions parce qu’elle ne savait toujours pas nager, bien qu’Hunter se soit évertué à lui apprendre, fallait croire qu’elle avait tout simplement pas envie, même pour ses beaux yeux.
« Alors, je veux bien me déplacer jusqu’à la caserne, mais seulement si on est sûres qu’au moins l’un ou l’une d’eux dira oui. »
Si c’était pour se prendre une porte en pleine figure, c’était quand même moins marrant. Cela dit, elle était quasi sûre que leur demande en ferait sourire au moins un qui accepterait peut-être de se prêter au jeu. C’était souvent comme ça quand on y allait au culot.
« Remarque on peut peut-être combiner les deux : on fait le truc du bain de minuit et si je me noie, t’appelles les pompiers et là tu demandes un strip-tease, ça peut aussi le faire. »
Too much ? Ouais, peut-être… Bref, y avait plus qu’à retrouver son vieux pick-up et mettre le cap sur West Bay. Non, n’allez pas croire qu’elle était du genre à espionner les pompiers pour savoir très exactement où leur caserne si situait, mais comme à peu près tous les gens de cette ville, il lui était arrivé de les livrer eux aussi. A peine garée, elle entendit de la musique et des éclats de voix sortant de ladite caserne et une banderole accrochée à la façade annonçait que c’était la grande soirée pour récolter des fonds. Au moins n’auraient-elles pas à se prendre une porte en pleine face.

Qu’elle se teigne les cheveux ? Tout bien considéré, Aveleen préférait encore se raser la tête. Y a plein de gens qui détesteraient être roux, qui détesteraient les taches de rousseur qui vont généralement avec aussi mais pas elle. Faut dire qu’elle avait la chance d’hériter d’une jolie nuance de roux que, par conséquent, elle n’avait jamais été affublée du surnom Poil de Carotte. Par contre, il lui était arrivé de s’entendre dire qu’elle n’avait pas d’âme et autres conneries de ce genre mais étant donné qu’elle avait décidé de se tourner vers la science, c’est quelque chose qu’elle aurait forcément entendu un jour ou l’autre. Faisant la lippe, elle questionna :
« Tu crois que ça m’irait ? Parce qu’avec mon teint, je crois surtout que je ressemblerais plus à une Addams qu’autre chose. Ce qui peut être bien en période d’Halloween, je dis pas, mais en dehors… »
Il fut donc décidé d’aller taquiner un peu le pompier. Et Jenny se demanda alors comment elle comptait s’y prendre pour être sûre qu’au moins l’un d’eux soit susceptible d’entrer dans leur délire et la rouquine haussa alors les épaules.
« Je pense que statistiquement y a moyen qu’au moins une personne soit d’accord. »
Puis si elle se trompait, ma foi, tant pis, ça serait la honte mais aucune des deux n’en mourrait et puis franchement, ça continuerait d’être dans le thème de la soirée. En revanche, Jenny n’eut pas l’air des plus emballées par sa proposition d’aller se noyer un petit coup histoire d’avoir une raison de faire venir les pompiers sur place après avoir été squatter la piscine d’un random. Bon, tant pis. Mais la raison invoquée la fit quand même sourciller. C’est vrai que ça devait être compliqué pour Jenny à cause de son handicap mais devait quand même bien exister un moyen de contacter les urgences pour les muets. Une ligne spéciale, peut-être ?
« Bah, comment tu ferais si t’étais vraiment en danger ? »
Pas besoin de plus. Soit, Aveleen n’était pas contre l’idée d’inverser les rôles mais Jenny aurait dû jouer la comédie et feindre de se noyer dans ce cas parce qu’elle supposait que son amie savait nager, elle, c’était quand même plus courant que l’inverse. Surtout sur une île. Mais son amie n’avait pas l’air plus chaud que ça pour se lancer donc bon, autant se rendre sur place. Et dans son vieux tacot, ça serait quand même plus rapide que de devoir prendre le bus. Une fois sur place, quelle ne fut pas leur surprise en constatant que les pompiers étaient en train de faire la fête de leur côté. Si elles voulaient assister à un strip-tease, c’était peut-être le bon soir, tout compte fait. Ou peut-être pas puisque dans l’assistance se trouvaient quelques nabots. Pardon, enfants. Elle poussa un petit soupir.
« Bon bah ça risque pas d’être tant le feu que ça. Je comprendrai jamais pourquoi les gens emmènent leurs gosses en soirée, ils vont passer leur temps à chialer, hurler et nous écraser les pieds dans leurs courses-poursuites. »
Mais qui sait ? Avec un peu de chance, y avait quand même peut-être moyen que tout ça tourne à leur avantage. Elle ne voyait pas comment mais on sait jamais.