rough night → jenny

Mouais, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Aveleen n’était pas particulièrement convaincue que le noir soit une bonne couleur de cheveux pour elle, même si d’après Jenny, si, tant qu’elle ne se bornait à faire la tête. Ça, c’était pas gagné non plus. Enfin, le sourire lui venait assez finalement, mais encore fallait-il qu’il y ait des raisons de sourire, bien sûr. Ses clients parfois. Pas tous, mais elle en avait croisé de toutes sortes. Des craquants à peine vêtus, des marrants qui s’amusaient à jouer à la princesse avec leur fille, des gros lourds qui la draguaient de façon tellement nulle que ça la faisait rire à chaque fois. Puis de vraies portes de prison, bien sûr. Mais ceux-là ne méritaient pas qu’elle les gratifie d’un sourire. Dans tous les cas, ça, ç’eut le don de la faire sourire. Tout comme la proposition qui suivit. Oui, elles demanderaient. Enfin, pas sûr que la rouquine se défile pas à la dernière minute mais elles verraient bien quand elles y seraient. C’est-à-dire juste après que son amie lui ait appris comment les personnes atteintes de surdité et de mutisme devaient procéder en cas de danger. A savoir qu’il existe des numéros spéciaux, bien sûr, mais qu’ils peuvent aussi essayer de faire le plus de bruit possible. Pour se faire entendre de quelqu’un qui lui aura un téléphone sous la main, supposa-t-elle. Aveleen hocha la tête. Bon, c’était une mauvaise idée que d’occuper ces lignes juste pour une blague mais c’était cool aussi de savoir comment on pouvait y parvenir. Juste au cas où. Quelques minutes plus tard, elles arrivaient devant la caserne où ça semblait déjà être la fiesta. Mais vu qu’il y avait des Gremlins dans la salle, elles pouvaient faire une croix sur les strip-teases ou les offres un peu douteuses mis aux enchères. Dommage mais tant pis.
« Haha, t’as de l’espoir, toi. »
Alors d’accord, Aveleen n’avait peut-être qu’une expérience assez limitée avec les nabots, vu qu’un seul de ses frangins avait eu un gamin et que celui-ci n’avait jamais que neuf ans de moins qu’elle, mais elle se doutait qu’il était compliqué de contenir tout un groupe de ces trucs dans un endroit particulier. Mais même à ça, Jenny semblait avoir une solution.
« Hé ben, si je crois ce que tu dis, on dirait qu’ils s’ennuient pas, les pompiers. »
Sirotant le verre qu’on venait de gentiment lui fourrer dans la main – et surtout mettant de côté le fait que cette soirée visait apparemment à récolter des fonds, alors c’était bizarre qu’on leur offre à boire mais elle irait pas se plaindre, surtout que du coup, elle avait pas dépensé un seul centime, ce soir -, elle leur trouva une place puisque des tables et des chaises avaient été posées là pour l’occasion.
« Bon alors, y a quoi de canon à la carte ? T’en vois un qui pourrait faire l’affaire, toi ? »
Ben en fait, y en avait pas tellement. Des gens assez banals pour la plupart, juste assez en forme pour combattre le feu et descendre les chats coincés dans les arbres.

L’espoir fait vivre, c’était justement une phrase qu’on sortait souvent pour faire comprendre à quelqu’un qu’il était clairement en train de se faire des illusions. Mais Aveleen préféra ne pas le faire remarquer sous peine d’être encore vue comme la rabat-joie de service. Elle préféra même se dire que si Jenny avait l’optimisme qui lui faisait défaut, alors c’était une personne qui lui correspondait. Non pas qu’elle en doutait, sinon elles ne seraient tout simplement pas amies, mais ce qu’on cherche toujours chez les autres, c’est qu’ils vous tirent vers le haut, pas qu’ils vous enfoncent plus bas que terre. Après, la rouquine n’était pas forcément pessimiste non plus, disons simplement que pour quelqu’un qui a passé toute sa vie à étudier les étoiles, elle avait quand même grave les pieds sur terre. Sûrement parce que justement, elle était tombée de très haut et que ça lui avait suffi. Bref, tout ça pour dire que c’était pas tellement qu’elle aimait pas les enfants mais plutôt qu’elle était mal à l’aise en leur présence parce qu’ils lui étaient étrangers. Cependant, elle croyait quand même que Jenny se faisait des films si elle pensait vraiment qu’il était possible de tous les contenir juste là où ils avaient le droit de se trouver… Mais passons.
« Donc, ce que t’es en train de me dire, c’est qu’ils nous manipulent pour qu’on leur donne plus ? »
C’était pas vraiment ce qu’elle avait dit mais c’était une façon d’interpréter les choses. Puis Aveleen n’y voyait pas d’inconvénient. En fait, elle trouvait ça plutôt malin. Puis tant que les gens sont d’accord de donner, y a vraiment aucun problème. C’est bien pour ça qu’elle ne crachait jamais sur un pourboire non plus. Bref, le moment de se poser dans un coin et de se rincer un peu l’œil était venu. Enfin, à condition bien sûr qu’il y ait de quoi. C’était dans ces moments-là qu’on se rendait compte que les clichés et la télé nous mentaient et que les pompiers n’étaient pas forcément tous des canons de beauté. Juste des gens normaux en assez bonne condition physique. Ce qui était quand même un peu décevant. Pourtant, elle attendait rien de cette fin de soirée. C’est alors que son amie lui indiqua d’un coup de coude qu’elle avait peut-être repéré quelqu’un. Regardant du côté qu’elle lui désignait, elle songea que lui, là, pourrait être dans une de ces séries à la con sur les pompiers. Puis elle haussa les épaules.
« Nan, pas vraiment. On a qu’à aller lui demander à lui. Gentiment. »
Gentiment parce qu’il était pas question de se choper une amende pour harcèlement avec interdiction d’approcher de la caserne à moins de cinq cents mètres, juste de s’amuser un peu en se prouvant qu’elles pouvaient faire un truc aussi idiot.

La réponse de Jenny la fit rire. C’est sûr qu’avec un lot de consolation de ce genre et une bonne cause en fond, ça donnait tout de suite plus envie de donner aux pauvres. Pas qu’elle ait quelque chose contre cette idée, bien sûr, l’entraide c’est quelque chose d’important pour elle, mais disons qu’aujourd’hui, elle va sans doute moins vite mettre la main au porte-monnaie sachant qu’il y a plus grand-chose dedans. Bref, tout ça pour dire qu’elles se mirent assez vite d’accord sur un pompier en particulier et que, sans plus perdre de temps d’ailleurs, elles s’acheminèrent jusqu’à lui, prêtes à se faire mettre à la porte si la proposition ne plaisait pas. Mais c’est sans connaître son amie, qui bien qu’elle ait passé une partie de la soirée à prétendre qu’elle n’était pas si raisonnable que ça non plus, y mit les formes. Tant et si bien que la demande ne fut apparemment pas assez claire. Bon, faut dire que si le type n’était pas coutumier du langage corporel humain, comme c’est le cas de certains, alors il pouvait facilement passer à côté, mais comment ça, y avait rien de prévu ? Il aurait quand même pu leur proposer un truc de pompier, comme de se laisser glisser le long de la rampe – littéralement, bien sûr – ou actionner la sirène du camion, ce genre de trucs qui mangent pas de pain. Mais non, rien. En dehors d’une danse. Saisissant la balle au bond, Jenny lui demanda presqu’aussitôt à quel genre de danses il était en train de faire allusion. Et Aveleen observait la scène, juste pour voir comment les femmes normales s’y prenaient. Et donc, la réponse c’était pas si bien que ça puisque le pompier se bornait à faire comme s’il ne comprenait pas. A moins qu’il ne comprenne vraiment pas. Et dans ce cas, y avait quand même des questions à se poser. Bon, il était peut-être temps d’y mettre son grain de sel…
« En tout cas, nous, on serait prêtes à mettre le paquet pour pouvoir terminer la soirée en votre compagnie. »
Et là, une lueur s’alluma dans le regard du gars. Mais peut-être pas pour les bonnes raisons. C’est vrai que dit comme ça, ça pouvait vouloir dire tellement plus que ce jusqu’où elle était prête à aller.
« C’est vrai ? Alors peut-être que je vais proposer aux autres de mettre la fin de soirée de chacun de nous aux enchères. »
Ça va, c’était pas la pire réponse qu’il puisse leur sortir.

Il faut croire qu’Aveleen y était allée un peu fort parce qu’une chose en entraînant une autre voilà qu’il était question de plus que prévu. En ce qui la concernait, elle se contenterait de toucher avec les yeux. Pour ce qui était du reste, elle laisserait le pompier craquant à Jenny si elle le souhaitait ; la rouquine avait clairement pas assez d’expérience en la matière pour se retrouver déjà dans une combine à trois. Ni même à deux avec quelqu’un qu’elle vient tout juste de rencontrer en fait. Surtout qu’elle, ce qui lui plaît, ce sont les hommes intelligents et à en juger par le temps qu’il avait fallu à celui-ci pour comprendre leurs allusions à toutes les deux, elle aurait tendance à croire qu’il était pas le couteau le plus aiguisé du tiroir. Bref, un peu dépassée par tout ça, Aveleen observa l’échange de loin. Pour l’instant, il était quand même toujours question que de strip-tease. En tout cas le croyait-elle et, bizarrement, maintenant qu’il avait enfin compris de quoi on parlait, le pompier n’était plus si contre l’idée que ça. Ah ouais ? Ben apparemment. Et de plus il ajouta que c’était pas la première fois et bien qu’il souligne que c’était pas très réglementaire, sa façon de le dire laissait entendre que c’était pas la première fois qu’il acceptait non plus. Hé ben c’est super. Bref, comment ça allait se passer à partir de là ? Allait-il les embarquer toutes les deux à l’écart pour leur faire voir la marchandise dans l’espoir qu’elles crachent du blé pour passer le reste de la soirée en sa compagnie et plus si affinité ? Faut croire que oui puisqu’il leur fit signe de le suivre. Bah, pourquoi pas ? C’était bien pour ça qu’elles étaient là après tout. Et puis Aveleen se faisait confiance pour pouvoir poser des limites quand il le faudrait. En route, voilà qu’elle articule à Jenny, pour que le pompier n’entende pas non plus :
« T’as du liquide, toi ? »
Parce qu’elle non. En même temps, elle avait pas prévu que ça se terminerait comme ça. Et puis bon, elle pouvait bien proposer de glisser sa carte bleue quelque part, mais ça serait probablement pas bien accueilli. Pareil pour les pièces.

Après leur avoir très brièvement fait faire le tour du propriétaire, les voilà donc tous les trois dans les vestiaires. Y avait une petite odeur d’eau de javel qui flottait dans l’air. Ce qui était toujours mieux qu’une odeur de transpiration, c’est certain. Et voyant que Jenny avait répondu qu’elle avait du liquide, Aveleen se dit que décidément, entre ça et le fait que le pompier comprenne enfin où elles avaient voulu en venir un peu plus tôt, les planètes s’étaient donc alignées pour que ce strip-tease ait lieu. Ce dont on les remerciait. C’était d’ailleurs pas pensé de manière ironique parce que tant qu’elle se trouvait dans les vestiaires et non dans une chambre ou un dortoir ou allez savoir où les pompiers avaient pour habitude de dormir quand ils étaient à la caserne, alors n’importe qui pouvait entrer à tout moment et les surprendre. Et autant on pouvait carrément faire un strip-tease contre de l’argent qui serait reversé à une bonne œuvre, autant ça n’irait pas plus loin. Là-dessus, son amie décréta qu’il faisait un peu chaud. La rouquine quant à elle, n’avait pas vraiment remarqué, mais elle se doutait que c’était une technique pour pousser le pompier à se désaper. Il leur répondit qu’elles aussi pouvaient enlever leur veste. Ce qui était déjà une façon de se mettre un peu plus à l’aise parce que bon, on rappelle qu’ils se trouvaient dans les vestiaires et qu’il y avait jamais que des bancs très peu confortables. En choisissant un, elle alla s’asseoir après avoir ôté sa veste en jean. Ouais, dire qu’on avait pu la confondre avec une effeuilleuse professionnelle vêtue comme ça… Une effeuilleuse venue faire une représentation, d’ailleurs… Mais sûrement que dans ce genre de milieu, on devait se foutre des vêtements puisque le but, c’était quand même de les enlever. Bon ben y avait plus qu’à. C’était en tout cas ce qu’Aveleen pensait avant que Jenny lui rappelle que normalement, c’était mieux sur de la musique, ce genre d’activités. Très vrai, ça, même si c’était pas ce qui devrait arrêter un professionnel. Elle aurait pu récupérer son téléphone dans sa poche mais elle avait pas de musique dessus et elle se connectait jamais à internet sur ce truc non plus. Tant pis, en cherchant du regard, elle finit par trouver une vieille radio posée dans un coin. Ça ferait l’affaire.
« Bonne idée. »
Ce disant, elle se leva et alla allumer le poste de radio qui se mit alors à diffuser une chanson. Plus précisément un duo un peu niais qui devait sûrement dater des années 70. Autant dire que c’était pas vraiment le top pour un strip mais que quand elle voulut changer de station pour trouver un truc ressemblant un peu plus à Hurricane des Scorpions, le pompier l’arrêta d’un :
« Laisse, c’est ma chanson préférée ! »
Ah. Bon. Aveleen tâcha de pas juger et, plutôt hilare, retourna à sa place. Que le spectacle commence.

L’ouragan, c’est ce qu’Aveleen aurait voulu, parce qu’elle savait pas trop sur quel genre de chansons les gens faisaient des strip-teases en temps normal. Elle, elle imaginait du bon vieux rock. C’est en tout cas ce qu’on voyait souvent dans les films… Les comédies romantiques des années 2000 qu’il lui était arrivé de regarder avec son neveu quand celui-ci insistait pour qu’elle fasse un break dans ses révisions au cours des évènements familiaux. Les pros, eux, devaient se désaper sur autre chose. Qu’est-ce qui passe dans un strip-club ? Ben, elle en a aucune idée, c’est bien ça le problème. Et du coup, elle pouvait à peu près tout imaginer. Ce qui la poussait à se demander : pouvait-on faire un strip-tease sur n’importe quelle chanson ? Sur celle-là, c’était quand même très compliqué, on va pas se mentir. D’ailleurs, elle parvenait pas à retrouver le titre de cette chanson qu’elle avait pourtant déjà entendue ; c’était typiquement le genre de trucs que ses parents écoutaient et dont elle raffolait pas. Elton James, peut-être ? Ça devait pas être ça son nom mais la rouquine devait pas être loin. Quant à retrouver le nom de la nana qui l’accompagnait, mission impossible, elle ne la reconnaissait même pas, tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle avait chanté cette chanson-là et c’est tout. Bref, à la remarque de Jenny, Aveleen se marra encore un peu plus.
« T’as pas idée. »
C’est clair qu’il était grave à fond sur une chanson qui s’y prêtait trop pas. Ça devait être un des rares moments où elle enviait son amie de ne rien entendre. Encore que c’était le décalage qui rendait le moment si drôle et Jenny ne pouvait pas autant se marrer, de son côté. D’ailleurs, elle était plutôt bon public ; du genre qui faisait mine d’en redemander. C’était une bonne chose parce que si le pompier n’avait obtenu que la réaction d’Aveleen, c’était presque sûr qu’il aurait fini par se vexer. A moins bien sûr qu’il le fasse exprès. Et dans ce cas, mais qu’on donne un Oscar à cet homme ! Parce qu’elle avait encore jamais vu quelqu’un jouer aussi bien la comédie.
« Ah ouais ? Tu crois qu’un spectacle des Chippendale ressemble pas vraiment à ça ? »
Peut-être que jenny le savait parce qu’elle avait déjà été en voir un. C’était souvent ce que les futures mariées voulaient pour leur enterrement de vie de jeune fille, non ? A moins que ça soit qu’un mythe, ça aussi. La chanson touchait à sa fin et, pressentant qu’il s’arrêterait pas avec la musique si elles lui donnaient pas un peu d’argent, elle fit signe à son amie que c’était le bon moment pour lui glisser un petit billet.

Comme tous les hommes – ou en tout cas, comme tous les hommes clichés -, à la fin du show, voilà qu’il leur demande leur avis. Et ça sonnait tellement comme un « alors, heureuses ? » qu’Aveleen ne pu s’empêcher de lever très rapidement les yeux au ciel. Ce qui contrastait de beaucoup avec la réaction de Jenny qui était, elle, celle escomptée et qui éclipsa fort heureusement complètement la sienne. Pourtant, quand elle le vit se tourner vers elle, elle se douta qu’il attendait un commentaire de sa part aussi et la rouquine prit le temps de la réflexion quelques secondes.
« C’était… Dévastateur. »
Ce qui pouvait ne pas être super bien pris non plus – et en même temps, c’était pas fait pour être super bien pris, juste proche de la vérité puisqu’elle avait été morte de rire presque tout du long – mais tant pis, faudrait faire avec. Cependant, le pompier sembla bien le prendre, un peu comme si c’était le plus beau compliment qu’on lui ait jamais fait. Son regard s’attarda alors sur elles, sur les douches derrière eux puis sur la porte et un moment de flottement passa. Aveleen était peut-être inexpérimentée, mais elle était pas stupide et elle savait parfaitement quelles idées étaient en train de lui traverser l’esprit.
« Bon… »
« Il commence à se faire tard », voilà ce qu’elle s’apprêtait à dire pour s’assurer une porte de sortie avant que ça ne dégénère tout en laissant le choix à Jenny de faire ce qu’elle voulait, quand le pompier se rhabilla. Avec un petit air déçu quand même. A moins qu’elle ne l’ait rêvé. Puis il proposa :
« Je vous offre un verre ? »
Parce que forcément, y avait à boire dans cette petite sauterie. Et c’était en théorie payant puisque les bénéfices iraient à la caserne et à son matériel. C’était donc bizarre de leur offrir un verre mais bon, peut-être qu’il avait fini par avoir un coup de cœur pour elles et qu’il avait envie de passer un peu plus de temps en leur compagnie, ça n’aurait rien d’impossible. Aveleen regarda son amie et haussa les épaules.
« Pourquoi pas ? »
Un verre n’engageait à rien surtout qu’en ce qui concernait le sien, elle avait bien l’intention de le payer histoire de s’assurer un service express si un incendie venait à se déclarer dans son chalet qui se trouvait, rappelons-le, en plein milieu des bois.

Encore heureux qu’il soit pas si méchant. Par contre, on pouvait pas dire qu’il était très fin non plus. Et c’était là que ça coinçait pour Aveleen. Ce qui lui plaisait chez un homme, c’était pas le physique ni le courage, ni même l’uniforme – à moins qu’il s’agisse d’une blouse blanche, éventuellement -, c’était le quotient intellectuel. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que celui du pompier était pas très élevé. Mais bon, l’entourage de la rouquine n’ayant jamais vraiment été composé de génies, fallait faire avec ce qu’on avait. D’autant que ce soir-là, on lui proposait jamais que de prendre un verre. A défaut d’autre chose, c’est ce qu’elle avait cru comprendre à un moment.
« Quelqu’un qui offre sa tournée peut qu’être sympa. »
A moins bien sûr qu’il ait glissé un peu de GHB dedans juste avant mais ça, ç’aurait jamais traversé l’esprit d’Aveleen qui avait pas l’habitude de traîner dans les clubs. C’est qu’en plus d’être une tête et d’avoir consacré sa vie à ses études, elle avait grandi dans une ferme, rappelons-le. Alors les clubs… Bref, elles suivirent donc et laissèrent le pompier leur ramener deux verres. De la sangria pour Jenny et une bière pour elle. Autant faire simple, elle serait déjà contente si on la lui servait fraîche plutôt que tiède. Elle récupéra le gobelet, s’aperçut que la bière était tiède, comme par hasard mais le remercia quand même d’un mouvement de tête tandis que Jenny lui demandait s’il y avait des choses prévues pour ce soir. Et la réponse était très simple : tout ce qui leur permettrait de récolter de l’argent. Leur offrir leur verre était donc stupide de sa part mais elle irait pas jusqu’à le faire remarquer. Puis quand son amie demanda, pour blaguer, quand est-ce qu’il leur ferait faire un tour de camion, il répondit que c’était un truc qui se faisait ce soir. A condition de payer la balade. Elles pouvaient donner ce qu’elles voulaient, faudrait juste attendre son tour parce que, forcément, avec la rampe, c’était l’activité qui avait le plus de succès. Et comme fallait garder au moins un camion libre des fois qu’ils soient appelés en urgence ce soir-là, l’autre embarquait autant de personne que possible pour faire un tour de quartier. Aveleen jeta un coup d’œil interrogateur à Jenny pour savoir si elle était partante. Si oui, elle pouvait mettre un peu chacune pour une bonne cause – surtout pour pas avoir l’air radines.