thieves in the night. (marina)

Voler, ça peut paraître barbare, complètement ridicule, voire tout simplement criminel, parce que c'est le cas, oui, enfin, pour la dernière partie, le reste, c'est uniquement parce qu'il ne faut pas penser comme un simple civil effrayé, car on leur a toujours dit que c'était mal de voler, en soi, ce n'est pas faux, mais Sam n'a pas été élevé ainsi. Alors, bien sûr, dit comme cela, ça peut paraître psychopathe, enfin, seulement s'il y a des meurtres et jusqu'à ici, Sam a toujours évité la violence et les emmerdes, aussi, il faut le dire, c'est un pro dans son domaine et puis, il ne fait pas que cela, il revend, toujours au plus offrant. En soi, oui, c'est entièrement un voleur, mais un grand voleur. Pas comme ces personnes qui se font prendre facilement, qui déclenchent des alarmes et qui se font arrêter aisément par la police. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le genre à se vanter, mais il a ses compétences, c'est de ça que son amie d'enfance, Marina, a besoin, de son habileté à voler. Il doit tout de même reconnaître que ce n'est pas vraiment ce qu'il vole habituellement, car comme déjà dit, il prend ce qu'il y a de la valeur, assez pour pouvoir bien se remplir les poches. Sam avait accepté, parce que ce n'est pas pour un client, il avait un peu étudié le plan de la villa, ce qui est bien, c'est que ce n'est pas une maison qui date du 19ème siècle, donc, plus facile d'obtenir les papiers, tout cela en se faisant passer pour un potentiel acheteur très riche. Bref, la nuit tombée, il passe chercher Marina et c'est dans une voiture noire, qu'ils vont élaborer le plan. « Merci de m'avoir prévenu pour les gardes. » Heureusement, pas de chiens, moins de problèmes à gérer ou en tout cas, pas à l'extérieur. Après avoir observé leurs rondes, il y a bien un endroit où ils ne vont pratiquement jamais. « Il va falloir traverser le jardin avec la fontaine et se faufiler jusqu'à la fenêtre sur le côté qui mène au bureau ou à une bibliothèque, je ne sais plus. »  Pendant qu'il attrape son sac à dos, prêt à sortir, il demande : « Tu ne m'as toujours pas dit ce qu'on venait chercher ? »

Qu’est-ce qu’on fait quand un connard menace un de ses clients de balancer à la presse quelque chose de vraiment compromettant pour la suite de sa carrière et qu’on a quelqu’un de plutôt très doué pour le vol parmi ses amis d’enfance ? Ben on le vole, tiens ! C’est pas forcément dans les habitudes de Marina d’en arriver à de telles extrémités. En fait, elle préfère généralement régler ces histoires à coups d’avocats, c’est plus légal. Mais en dépit de ses propres menaces de le traîner jusqu’au tribunal s’il faisait quoi que ce soit contre son client, l’autre se croyait vraiment intouchable. C’est qu’il doit avoir du solide. Et la rouquine étant un très bon agent, elle peut pas vraiment se permettre de laisser passer ça. C’est donc ainsi qu’un soir, elle part rejoindre Sam, tout de noir vêtue, dans sa voiture parce qu’il a eu l’obligeance de venir la chercher. C’est que sinon, elle aurait dû se débrouiller par ses propres moyens parce que même si elle a une totale confiance en Salomon, son chauffeur, il se serait quand même posé des questions. Autant éviter ça. Pas très loin de la villa, voilà qu’ils s’arrêtent pour discuter de comment les choses vont se dérouler. Des gardes. Elle trouve ça aussi effrayant qu’excitant. Comme toujours quand elle fait quelque chose d’illégal. Traverser le jardin et contourner la fontaine pour entrer par la fenêtre.
« Okay. Elle sera ouverte la fenêtre, tu crois ? Ou bien je dois faire le guet pendant que toi tu l’ouvres ? »
Puis Sam lui rappelle qu’elle ne lui a toujours pas dit ce qu’ils doivent voler, juste l’endroit où ça se trouve. Quant à savoir comment elle le sait, disons qu’il suffit de glisser quelques billets au personnel de maison et le tour est joué.
« Un film. Enfin, une bobine de film, ces gens se croient à Hollywood dans les années 40, j’ai l’impression. Paraît qu’il la garde dans le coffre-fort de sa chambre. Va falloir qu'on la détruise ensuite. »
Bien sûr, Marina n’agit pas à l’aveuglette ; en faisant un peu pression, elle est parvenue à soutirer quelques informations à son client. Apparemment, on le verrait se taper la fille d’un quelconque politicien, dans ce film, filmé à leur insu, donc. Majeure. Mais le politicien en question ne serait pas très apprécié dans le pays alors ça pourrait beaucoup nuire à sa carrière si ça venait à s’ébruiter.

Ce n'est pas qu'il veut tout savoir de son client, loin de là, c'est juste qu'il doit au moins savoir ce qu'il doit chercher, une fois à l'intérieur de cette baraque, typique des riches hollywoodiens, enfin, des acteurs, puisqu'ils sont en Nouvelle-Zélande. Bref, tout cela pour dire qu'il ne veut pas s'y rendre à l'aveugle dans la villa et que même si elle ne veut pas entrer dans les détails, ce n'est pas bien grave, il faut seulement qu'ils sortent de là sans déclencher les alarmes, incluant les gardes. « Oui, je crois et dans le pire des cas, j'ai mon kit. » Mieux vaut éviter de demander comment il a fabriqué ce kit, qui peut ouvrir les portes et les fenêtres, c'est avec l'expérience et c'est vachement utile dans le boulot qu'il fait, c'est plus discret que briser un bout de vitre pour ouvrir, ça laisse trop de preuves. Sam hoche la tête. Donc, ils sont là pour récupérer une bobine de film, qu'ils doivent ensuite détruire, hé bien, qu'il en soit ainsi, alors. Ça ne doit sûrement pas être une bobine très rare, voire un lost media, non, il serait forcément au courant, un tel objet vaut un paquet d'oseille et Sam serait le premier à vouloir récupérer la bobine pour le vendre au plus offrant. Quoi qu'il en soit, ils sortent de la voiture, pas de temps à perdre, à rester plus longtemps dans le véhicule. « Allons-y. » Il est le premier à passer par le buisson près du mur en brique, un chemin vers la fontaine, il jette un coup d'œil, pas de lumière qui s'allume automatiquement pour les aveugler et avertir la présence de quelqu'un, genre deux voleurs vêtus de noir. Il n'y a personne pour le moment, ils peuvent avancer de façon discrète.

Marina n’aurait pas cru qu’elle s’amuserait autant mais c’est le cas. Et c’était déjà le cas quand ils étaient plus jeunes et qu’elle faisait le mur de la villa parentale pour rejoindre Sam en pleine cambrousse ou presque pour aller faire Dieu sait quelle connerie à l’époque. Déjà quelque chose de pas très légal. Vous vous demandez sûrement comment quelqu’un d’aussi croyant qu’elle peut faire ce genre de choses et y trouver du plaisir et c’est une bonne question en effet, mais d’abord, ce sont les hommes qui ont décidé de ce qui était légal ou non, et pas Dieu – enfin, en dehors des dix commandements, mais ce sont quand même des principes de leur époque qui n’est plus depuis plus de deux milles ans alors en dehors de « tu ne tueras point », faudrait peut-être revoir un peu tout ça – il faut savoir que ça n’a jamais empêché Marina de faire quoi que ce soit en vérité : si elle veut laver son âme de ses péchés, elle n’a qu’à se rendre à la messe le dimanche qui suit. Ou faire un don à l’église ou à tout autre œuvre de charité qui en vaut la peine, ou encore prier un peu plus que d’habitude. Bref, ce sont pas les occasions qui manquent, elle trouvera bien un moyen. Une fois assurée que la fenêtre fermée ou ouverte ne posera pas de problème, voilà qu’ils se mettent en marche. Deux silhouettes noires dans la pénombre. La rouquine laisse son ami passer devant et lui emboîte le pas pour couper court par un buisson. Ils cheminent ensuite en direction de la fontaine sans déclencher d’éclairage automatique. Quand bien même serait-ce le cas que ça ne voudrait quand même pas dire grand-chose. Y en a un chez ses parents mais plus personne n’y fait vraiment attention parce qu’il suffit d’un chat, voire même parfois d’un simple oiseau pour que ça se mette en marche, ces trucs… En visuel, la fenêtre qu’ils doivent enjamber pour entrer. D’où montent des éclats de voix qui pourraient surprendre n’importe qui sauf un agent artistique. Ah, ces acteurs… Ces stars, plus communément. Marina lève les yeux au ciel puis se fige en entendant quelqu’un siffloter dans l’allée. Un des gardes du corps venu fumer une cigarette, sûrement pour se détendre un peu et éviter de coller un pain dans la tronche de son employeur. Comme elle le comprend.

Il trouve que c'est toujours plus délicat de s'infiltrer dans une maison que dans un musée et pourtant, la sécurité n'est pas du tout la même, c'est seulement qu'habituellement, il n'y a personne, voire un gardien ou deux, que la sécurité peut se déjouer quand on s'y connaît bien, tandis qu'une maison, c'est plus isolé, plus personnel, il y a souvent plus d'imprévus, même en connaissant l'horaire des propriétaires. Après tout, personne ne va se pointer au beau milieu de la nuit dans un musée. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas non plus infaisable, sinon il ne serait probablement pas là. Ils arrivent à se faufiler jusqu'à la fenêtre sans se faire surprendre par qui que ce soit ou quoi que ce soit, bon, pourvu qu'il ne parle pas trop vite, un garde qui décide de sortir pour fumer, comme par hasard, pile au moment où ils se trouvent sous cette fichue fenêtre, mais à priori, il va que fumer, non ? Pas de quoi s'inquiéter, ce n'est pas le moment de paniquer, sinon il ne ferait pas ce qu'il fait, s'il devait se chier dessus à chaque fois que quelqu'un se trouve dans les parages, il suffit d'être prudent et d'éviter les bruits, donc, la fenêtre qui s'ouvre silencieusement, c'est un soulagement quand il réussit à tirer vers le haut, alors, qu'il est déjà tombé sur certaines qui grincent, bien que c'est plus souvent les portes qui font ce bruit.. Sam entre à l'intérieur. « Tu viens ou tu fais le guet ? » Pendant ce temps, il cherche s'il n'y a pas des choses de valeurs dans le bureau, rien que de la paperasse, des choses sans intérêt ou encore trop gros pour ne pas se faire prendre. Il met son sac sur ses épaules et il referme la fenêtre, au cas où le garde décide de venir fouiner dans les environs. Maintenant, ils vont devoir trouver la chambre, qui se trouve à l'étage.  

Contrairement à Sam, Marina n’a pas l’habitude de s’inviter chez les gens comme ça, donc, elle se fige quelque peu en voyant le garde. Mais voyant aussi que son ami n’en a cure et continue sa progression, elle le suit. Jusqu’à la fenêtre. Qu’il ouvre sans le moindre bruit. Pendant ce temps, la rouquine vérifie que le garde ne les a pas vus. Et comme c’est pas le cas, quand Sam lui demande si elle vient ou bien si elle fait le guet, la réponse est toute trouvée.
« Je viens. »
Elle allait quand même pas rester là à attendre que les choses se fassent, c’est clairement pas son genre. Sans plus attendre, elle se hisse donc et retombe un peu maladroitement de l’autre côté mais pas trop non plus. Pas de quoi attirer l’attention de qui que ce soit en tout cas. Avec une grimace, elle se masse l’endroit où elle aura très certainement un bleu d’ici quelques heures puis se remet debout et suit Sam tout en regardant tout autour d’elle.
« Wow, qu’est-ce que c’est vieillot comme déco, quand même… »
En ce qui la concerne, elle préfère les villas cubiques et blanches ; celles où on se demande si les gens qui les occupent vivent vraiment à l’intérieur tant tout semble être d’une blancheur immaculée et éclatante et d’une organisation au millimètre près. Cela dit, c’est pas très difficile à obtenir : suffit de ne pas avoir d’enfants ni d’animaux et de payer suffisamment sa femme de ménage pour qu’elle fasse bien le travail. Ici, ça sent le bois. Pas la poussière qui va généralement avec parce que ce type a les moyens de payer suffisamment une femme de ménage pour qu’elle fasse bien le travail mais ça sent quand même le vieux. A moins que ça ne soit dans sa tête. A cause de tous ces bibelots. Probablement obtenus dans des ventes aux enchères. En fait, ça ressemble plus à l’idée qu’elle se fait du manoir Playboy qu’à celle de la villa de n’importe quelle star d’aujourd’hui.
« Je suis pas sûre que ça va être facile à trouver, t’as vu tout ce foutoir ? »
Depuis la chambre, se trouve une petite pièce attenante où sont stockées toutes les bobines mais le problème est justement là : doit y en avoir beaucoup. A moins que la parano aidant, il ait planqué celle-ci dans un endroit particulier qui siérait à la particularité du film sur la bande. Un coffre-fort, peut-être ?

Si certaines personnes préfèrent faire la fête le samedi soir, lui, il préfère s'introduire chez les gens. Chose que Sam n'oserait pas dire à voix haute, pour qu'on ne le prenne pas pour un fou, voire pire, appeler la police pour l'enfermer. Ce n'est pas faute d'avoir essayé d'arrêter, mais il doit bien admettre qu'il aime un peu trop ce qu'il fait depuis toujours, passer entre les mailles du filet, c'est aussi un véritable plaisir de le faire et de ne pas être un larbin du gouvernement. Les voilà donc à l'intérieur de la demeure, à la recherche du coffre et de la pièce maîtresse. « Oui, je confirme, ce n'est pas très beau. » Et question goût pour les arts, on repassera. Parce que oui, à force d'en voir et de les voler, Sam a refait sa décoration à plusieurs reprises et rien d'aussi hideux ne se trouve chez lui et si la valeur s'y trouve, il y a toujours preneur pour ce type d'art, après tout, c'est bien pour cela qu'il le fait, le fric. Bien sûr, il ne suffit pas de voler pour s'y connaître, c'est bien pour ça qu'après toutes ces années, il a acquis du savoir, qu'il comprend mieux la valeur de certains tableaux, aussi horribles soient-ils, dans tous les cas, le goût reste personnel. « Allons à la chambre pour pouvoir trouver le coffre, j'espère qu'il n'a pas déplacé la bobine. » Pour cela, ils vont devoir passer le couloir, Sam ne tarde pas à inspecter le couloir, une musique se fait entendre au loin, mais aucun autre bruit se fait entendre, la voie semble libre. « C'est bon, on peut y aller. » Dit-il avec la voix basse pour éviter d'attirer l'attention, ainsi, ils se dirigent vers les escaliers. Puis soudain, une voix féminine résonne à l'étage, alors qu'ils sont en bas des marches, prêts à monter. Merde. Ça, ce n'était clairement pas prévu dans le plan.

Pas très beau, non, c’est le moins qu’on puisse dire. Le genre de décoration qu’on ne peut imaginer que recouverte d’une épaisse couche de poussière. Pourtant, pas trace du moindre grain de poussière ici. La femme de ménage doit sacrément bien faire son job. Bref, assez parlé de la décoration, il est temps de se mettre au boulot. Monter à l’étage pour trouver le coffre-fort où devrait se trouver la bobine. En espérant qu’elle n’ait pas été déplacée pour une raison ou pour une autre. Marina laisse Sam s’occuper de guetter s’il n’y a personne dans le couloir et lui emboîte le pas quand il annonce que la voie est libre. Ils sortent donc et ont tout juste le temps de poser le pied sur la première marche du grand escalier en marbre quand une voix féminine leur provient de l’étage, les faisant se figer tous deux. Si elle avait bien tout compris, ça, c’était pas prévu. Sans mot dire, elle interroge Sam du regard. Puis entend des pas qui ont l’air de se diriger vers eux. Ben tiens, dans une baraque aussi grande, elle pouvait pas aller ailleurs ! En vitesse, la rouquine se planque derrière un vase plus grand qu’elle, pile entre le mur et ce qui ressemble fortement à un secrétaire, le temps que la femme passe. Elle prend tout de même le temps de l’observer à la dérobée et s’aperçoit à ses vêtements qu’il ne s’agit clairement pas de la femme de ménage dont elle vantait les mérites un peu plus tôt. La dame des lieux peut-être ? Un verre à cocktail à la main, Marina suppose qu’elle va se resservir au bar. La voyant disparaître de son champ de vision, elle demande à Sam :
« Tu crois qu’on a quand même le temps ? »
En espérant qu’elle ait pas élu domicile dans la chambre qu’ils doivent visiter. Voilà qui pourrait poser problème. A moins qu’elle ne vienne à leur faire un coma éthylique si elle n’en était pas à son premier ni même son deuxième verre. C’est peut-être pas très sympa mais ça les arrangerait quand même bien. Bref, voyant que la femme ne revient pas tout de suite et étendant des voix s’élever au loin, elle suppose qu’elle a rencontré quelqu’un en chemin et que la discussion peut prendre un certain temps aussi sort-elle de sa cachette pour cette fois vraiment monter les escaliers. C’est bien le marbre, ça grince pas.
« Au pire, si elle remonte, on aura sûrement l’occasion de se planquer dans une des autres chambres. »

Avant de sortir de la pièce pour poursuivre la quête de la bobine, Sam aperçoit un ruban sur lequel il est indiqué que le mec a gagné une première place dans un stand de la fête foraine, ce qui lui fait remonter un souvenir de l'an dernier. Il avait galéré à gagner quoi que ce soit au tir ficelles, préférant le tir à la carabine, de là, il avait gagné un gros ours en peluche. Quoi qu'il en soit, il ne pense pas qu'il faille être fier de cela, sachant que c'est plus pour s'amuser et se détendre qu'une véritable compétition. Bref, ils sortent enfin de ce bureau pour pouvoir se glisser dans un couloir libre, enfin, ici, ça va, mais à l'étage, c'est une autre histoire, forcément, ça ne pouvait pas être aussi facile que ça. Ils pouvaient prévoir par où passer, mais concernant les invités ou autres personnes, c'est une autre histoire, pas comme s'ils avaient pu consulter son agenda et dans tous les cas, c'est peut-être juste un imprévu, encore plus difficile à prévoir. Ils vont devoir se débrouiller pour quand même s'y rendre sans se faire repérer à la Assassin's Creed. Sam a tout juste le temps de trouver un endroit pour se cacher et éviter d'attirer l'attention, heureusement, elle ne semble pas faire gaffe au duo et c'est tant mieux, cela dit, il suffit d'un craquement ou autre, elle pourrait bien avertir le maître des lieux de leur présence. Il hausse les épaules, c'est là qu'une vision d'aigle leur serait bien utile pour le coup. En tout cas, le champ semble à nouveau libre et ils doivent profiter de cette occasion pour se glisser là-haut et en vitesse, si possible. « J'espère qu'on va trouver du premier coup cette bobine. » Franchement, il est en train de se dire que d'autres surprises leur sont peut-être réservées et honnêtement, il ne souhaite pas les découvrir. Le duo monte à l'étage, première pièce, rien d'intéressant, la deuxième non plus, encore un bureau avec des babioles, c'est que vers le fond qu'ils trouvent la chambre, mais pas que, un homme dénudé, enfin presque, il lui reste encore un caleçon, se trouve sur le lit, attaché et les yeux bandés par un masque de sommeil. « Euh.. » - « Nathalie, c'est toi ? »

Une chose est sûre, c’est que Marina ne s’attendait pas à ce que cette expédition soit aussi mouvementée. Pourtant, elle sait bien que les gens ne sont pas des personnages de jeux vidéo dont on peut déterminer l’itinéraire quasiment au pas près. En temps normal, elle serait d’avis de dire que c’est ce qui rend les gens intéressants quelque part : on ne sait jamais quand est-ce qu’ils vont se trouver sur votre chemin – à moins d’avoir tout organisé à l’avance bien sûr, mais ça, même le plus doué de tous les voyant ne peut pas voir juste à chaque fois -, mais là… Disons qu’elle s’en serait bien passée. Approuvant les dires de Sam d’un hochement de tête, la rouquine lui suit à l’étage. Qui n’est bien entendu pas composé que des chambres dans une bâtisse de ce genre, ça serait trop simple. Des bureaux remplis de bibelots ayant de la valeur ou non jusqu’à tomber, tout au fond du couloir sur la chambre. Celle qu’ils cherchent. Mais ça tombe mal puisqu’il s’avère qu’elle est occupée. Par quelqu’un de très réveillé bien qu’un masque lui obstrue actuellement la vue et que des liens l’entravent au lit. Ah ouais, c’est ce genre-là. Pourquoi est-ce que ça l’étonne ? Elle en sait rien. Surtout qu’elle devait bien se douter que c’était ce genre-là vu ce qu’elle vient chercher ici… Surprise mais pas choquée parce qu’elle est pas sans savoir que les riches ont des délires bizarres, elle en fait partie. Des riches, pas forcément de ceux qui ont des délires bizarres. Enfin, ça dépend de ce qu’on appelle bizarre. Bref. La voix du type s’élève alors pour appeler Nathalie. La femme qu’ils viennent de croiser dans le couloir du bas sûrement. Figée depuis la découverte du type, Marina fait signe à son ami de garder le silence et, se déplaçant sur la pointe des pieds pour pas faire grincer le parquet, se dirige vers la porte suivante. Si Nathalie revient et les trouve là, ils seront dans la merde. Ladite porte mène à une salle de bains. Bon, ça peut leur servir de cachette en attendant. Mais en attendant quoi ? Que le couple finisse par s’endormir, épuisé après leur petite séance de sport en chambre ? C’est que ça peut prendre du temps…
« Putain, quelle merde… »
Marina chuchote et se met à fouiller la pharmacie qui se trouve derrière le miroir du lavabo jusqu’à trouver ce qu’elle cherche. Des somnifères. Elle montre le flacon à Sam.
« Ça va peut-être nous sauver. »
Ou en tout cas accélérer le processus pour qu’ils n’y passent pas la nuit non plus.

Il pourrait dire qu'il est surpris par la situation, enfin, peut-être un peu, mais ce n'est malheureusement pas la première fois qu'il tombe sur une scène aussi bizarre que celle-ci et puis bon, chacun fait ce qu'il veut, c'est juste qu'il aurait aimé ne pas être là pour voir un vieil homme à moitié nu sur un lit. D'ailleurs, ce n'est vraiment pas son truc et c'est peut-être le fait que les menottes et se faire attacher, c'est qu'il faut vraiment faire confiance en la personne et pour Sam, il n'est pas prêt à le faire, aussi, ça ne l'intéresse pas de faire ça, même pour un simple truc, difficile de faire confiance, il a passé toute sa vie à mentir et à fuir. Quoi qu'il en soit, l'homme réclame une certaine Nathalie, probablement la femme qu'ils ont entendue tout à l'heure. Il manquerait plus qu'elle se pointe pour les surprendre, pas question que cela arrive, avec un peu de chance, elle n'a pas entendu l'appel. Avec le moins de bruit possible, ils se retrouvent dans une salle de bains. « Et tu comptes lui faire avaler sans dire un mot ? » C'est parce qu'il n'a pas envie qu'il puisse reconnaître la voix de Marina et que cela tourne mal en faisant venir ses gorilles. Il regarde le flacon, en même temps, c'est peut-être leur seule chance de pouvoir sortir d'ici, mais ça leur laisserait d'abord le temps de fouiller la chambre, après avoir pris soin de barrer la porte, histoire que personne d'autre n'entre dans la pièce. « Bon, après, ce n'est pas comme si on avait d'autres options. » Finit-il par avouer et c'est la solution, la plus pacifique selon lui, d'autres personnes auraient préféré une approche plus extrême, chose que Sam veut éviter. Il se dit qu'il la laisse faire, car s'approcher de l'homme, le sol craquerait sous son poids et pourrait peut-être éveiller des soupçons, on ne sait jamais. Il ouvre doucement la porte et se faufile vers celle qui mène au couloir pour verrouiller la poignée et il fait signe à Marina, pourvu que ça l'assomme rapidement, car impatient de quitter les lieux. Sam tente de repérer le coffre, à première vue, ça doit être derrière un tableau, classique, tout juste au-dessus du lit.

Non, c’est clair que la solution que Marina est en train de proposer n’a rien d’idéal, mais ça reste une solution. Peut-être même la seule. C’est vrai qu’elle a pas vraiment pensé à ça mais y a sûrement moyen de lui faire avaler ça sans avoir à prononcer un seul mot. Dans ce genre situations, y a souvent deux types de personnes : celles qui adorent blablater, s’entendre dire les pires insultes et tout ce qui va avec et ceux qui préfèrent quand la « menace » est non-verbale. Avec de la chance – vraiment beaucoup de chance -, notre homme fait partie de la seconde catégorie. Pour toute réponse, la rouquine hausse les épaules.
« Ça se tente. »
Même s’il faut que ça soit elle qui s’y colle. Qu’on se comprenne bien : ça l’enchante pas des masses, mais si c’est le seul moyen, alors elle peut toujours essayer. En attendant, elle trouve un verre qu’elle emplit d’eau du robinet dans laquelle elle verse deux comprimés effervescents. Un tout petit peu plus que la dose recommandée pour un homme de ce gabarit. Puis elle attrape une brosse à dents et touille le tout à l’aide du manche, histoire que ça soit prêt s’ils n’ont effectivement aucun autre moyen de procéder. Ce qui est le cas. Elle hoche la tête et murmure à Sam avant de quitter la pièce :
« Assure-toi que personne n’entre, s'il te plaît. »
Parce que le pire qui pourrait arriver soit qu’on les prenne sur le fait, en train d’assommer chimiquement un mec pas vraiment en mesure de se débattre. Là-dessus, elle claque la porte, histoire de faire comprendre au soumis que quelqu’un est entré, même si c’est pas la bonne porte, on peut quand même espérer que le bandeau sur les yeux le désoriente au moins un peu. Et quand il redemande :
« Nathalie ? »
Marina s’approche, avise une cravache posée sur la table de nuit, s’en empare et lui en met un petit coup, comme pour confirmer que la maîtresse est de retour. Et ça fait son effet : le vieux dégueulasse en roucoulerait presque. Elle en profite pour lui fourrer le contenu du verre au fond du gosier et lui bouche le nez pour le forcer à avaler. Ce qu’il faut pas faire, quand même… Plus qu’à attendre que ça fasse effet, maintenant. Une chance qu’elle ait pensé à mettre des gants quand même, sans quoi, ses empreintes se retrouveraient partout et quand il aura expliqué que Nathalie lui a fait boire quelque chose de peut-être bien suspect et que celle-ci démentira, on aurait aucun mal à remonter jusqu’à elle.

Cette situation est plutôt délicate quand on y pense, il y a des chances que l'homme se doute de quelque chose ou au contraire et pour le bien de tous, que ça ne soit pas le cas. Sam n'a pas d'autres solutions, il ne se retrouve jamais dans ce genre situation et heureusement, ce n'est vraiment pas commun non plus. Marina s'en occupe, il l'aurait fait si elle n'avait pas voulu s'en charger, mais elle était bien partie pour faire taire l'homme à l'aide de somnifères. Sam s'occupe de la surveillance, il repère également les points d'intérêt de la chambre, une boîte à bijoux, un possible coffre derrière le gros tableau au-dessus du lit, peut-être aussi sous le bureau, bref il fait le guet, le temps que le produit fasse effet et pour éviter que quelqu'un ne débarque dans la pièce. Il réclame à nouveau Nathalie, pourvu qu'elle soit déjà bien loin dans la maison et qu'elle ait oublié l'homme dans la chambre, en tout cas, le temps qu'ils soient là. Bref, il fronce légèrement les sourcils en voyant le vieux pervers réagir au coup de cravache, quel gros dégueulasse, par chance, il est attaché et qu'il ne tente rien à cause de cela. Sam patiente quelques minutes, le temps que les somnifères agissent dans le corps. Il commence à fouiner la chambre pour ne pas perdre de temps, rien dans les tiroirs ou dans la commode, par contre, dans l'étage de la petite bibliothèque, quelque chose attire son regard, un livre qui ne devrait pas être là, le livre à ne pas avoir de poussière aussi, ça lui fait comprendre qu'il doit bien y avoir un bouton derrière, bingo, un système connu auprès de l'arnaqueur, il suffit d'être observateur et de l'avoir vécu. En tout cas, un léger bruit se fait entendre, un truc a dû s'ouvrir. « Tu peux vérifier derrière le tableau ? »

Rétrospectivement, est-ce qu’ils pourraient dire que tout s’était passé comme prévu ? Clairement pas, non : ils pouvaient pas se douter, quand ils étaient en train d’organiser cette soirée, que ça tomberait pile le soir de la soirée SM de monsieur. Qui, d’ailleurs, pouvait aussi bien être tous les soirs. Y aurait rien de surprenant de la part d’un maître-chanteur. Pour autant, ça ne se passe pas forcément mal non plus. Enfin… Disons qu’elle se serait bien passée de devoir s’approcher de ce type infect plus qu’elle ne l’aurait normalement dû, mais la bonne nouvelle c’est qu’ils ne se sont pas encore fait repérer. Et peut-être que grâce à ça, ça n’arrivera pas. Une fois que l’autre pionce, ils retrouvent la liberté de fouiller la chambre. Marina ne laisse pas à Sam le soin de tout faire et s’y met de son côté mais sans rien trouver qui puisse ressembler de près ou de loin à ce qu’ils cherchent. Puis même pour Sam, doit pas y avoir grand-chose d’intéressant : beaucoup de vieilleries. Après, il paraît que tout se vend si on sait à qui faire une offre. Elle n’est peut-être juste pas une bonne cliente pour tout ça. Tout ça pour dire qu’à l’entente d’un déclic, la rouquine se doute que son ami a fini par trouver quelque chose de son côté. Et comme de juste, il lui demande alors si elle peut regarder derrière le tableau. Il y en a plusieurs dans la pièce mais un seul qui a fait du bruit. Elle acquiesce donc et fait pivoter le tableau qui est en fait la porte d’un coffre. Astucieux. Enfin, est-ce que ça l’est vraiment ? Déposer des choses de valeur dans un coffre qui n’est protégé que par un bouton et aucun code, c’est quand même con. Elle en prend note pour elle-même et se dit que par contre, ça tombe très bien pour eux. En revanche, il y a un hic et pas des moindres.
« Oh merde, doit bien y en avoir vingt ou trente. »
Des dizaines de bobines toutes bien rangées les unes à côté des autres et toutes sans autres indications qu’un numéro. Marina se demande alors si y a quelque chose de compromettant sur chacune d’entre elles. Fort probable, sinon elles ne seraient pas regroupées toutes au même endroit.
« A ce stade, c’est carrément un business. Il doit avoir de quoi faire chanter chacun de ses rivaux. »
Et même plus, sûrement. Par contre, elle se demande quand même comment c’est possible de mettre en place un tel réseau et l’envie de foutre le feu à tout ça la titille dangereusement. Mais non, faudrait pas qu’ils risquent plus gros que ce n’est déjà le cas.

Il ne dirait pas que c'est la première fois qu'il se retrouve dans une situation où il doit endormir une personne, ce serait un mensonge, mais généralement, s'il peut éviter ça, il le fait, sauf si c'est nécessaire comme en ce moment. Oui, il va tout de même préférer sauver sa propre peau que celle d'un autre. Néanmoins, il doute que Marina en soit habituée, elle ne lui ait jamais parlé d'avoir vécu une telle situation et heureusement, il a envie de dire, si tout le monde commençait à le faire, ce serait vraiment inquiétant, même lui, il n'en est pas très fier non plus. Oui, comparé au fait de voler des œuvres d'art, s'infiltrer dans des maisons, même si ce sont des crimes, beaucoup de riches méritent de les perdre, ces biens, après tout, ils n'ont pas forcément obtenu ces trésors de la façon la plus légale. Beaucoup d'antiquités se trouvent dans la chambre, des vieilleries sans valeur, quand on s'y connaît bien, on sait que ça ne vaut pas grand-chose pour quelqu'un comme lui, même un truc peut valoir 200 balles, il s'en fiche, même s'il sait que cela pourrait faire le bonheur d'autres personnes. Quoi qu'il en soit, après avoir fouillé la pièce, Sam trouve quelque chose, qui déclenche un mécanisme, il suffit maintenant de trouver pour le jackpot. Bingo, elle trouve le coffre. Il la rejoint pour constater ce qu'elle est en train de lui dire, ce qui lui faut un sifflement en voyant les nombreuses bobines. « Il ne se fait pas chier celui-là. » Il sait bien que le chantage ça se fait dans pas mal tous les domaines, mais il faut avouer que c'est la première fois qu'il voit avec ça des bobines, tout ce qui lui vient en tête, ce n'est pas très joli et il espère que ce n'est pas quelque chose d'illégal et de très grave. Il attrape une bobine, il lit un nom, un certain Luke Williams, une petite note où il est écrit infidélité avec une assistante, hé ben, il a envie de dire que chacun fait ce qu'il veut, mais fait faire du chantage pour ça, il doit vouloir un gros truc en retour. Sam attrape une seconde bobine, il fronce les sourcils, Aaliyah King, il n'y a rien d'autre, mais c'est plus qu'une connaissance et il sait que c'est quelqu'un de bien, cette fille-là. Il sert la bobine entre ses mains et il va chercher son sac pour la mettre à l'intérieur. « Moi, je dis, on les prend tous et on les détruit. » Après tout, il ne semble pas être un mec bien et il aimerait au possible protéger une autre amie.