Le combat le plus dur est celui contre soi-même [Feat. Beth Winchester]

Dans son boulangerie, Jonathan voyait pas mal de personnes passer, certains des habitués, d'autres de simples citoyens de passage, mais ça lui faisait toujours plaisir d'avoir des clients. C'était aussi grâce à eux qu'il pouvait vivre et payer son loyer après tout.

Il y a quelques jours, un groupe de personnes était venu déposer des papiers chez lui pour essayer d'avoir le plus d'impact possible sur les habitants de la ville. Il s'était permit de lire ce dont il s'agissait, et il tomba de haut. Une association pour les personnes ayant subi un traumatisme, avec des séances gratuites. Peut-être qui serait à sa place là-bas ? Foutaise. Il n'arrivait déjà pas à parler à une seule personne quand il avait en face de lui le psychologue, alors au milieu d'autres personnes, qui étaient des inconnues pour lui, non, c'était certain qu'il en serait incapable.

Mais, son corps semblait tout de même vouloir tester cette expérience. Après tout, ça ne l'engageait à rien, simplement être présent, écouter les autres et rentrer chez lui. Ça semblait hors de portée pour l'allemand qui était incapable de qualifier le mal qui l'habitait. Et puis surtout, il n'avait jamais osé demander d'aide, alors qu'il sait parfaitement qu'il en a besoin, il faut qu'il arrive à passer outre son traumatisme pour pouvoir vivre de nouveau pleinement sa vie, même si au jour d'aujourd'hui, ça lui paraît impossible.

Il s'était tout de même rendu à l'adresse comme pour repérer les lieux avant un braquage, mais il n'avait jamais franchit le seuil du bâtiment, il prenait toujours soin de rester à distance, comme si une force puissante pouvait l'aspirer à tout moment s'il faisait un pas de trop. Aujourd'hui encore, il était devant ce fameux bâtiment à mener un combat contre lui-même, mais aucune des deux parties ne remportaient le combat, il était totalement perdu et dans sa bulle, dans laquelle il vivait depuis des années maintenant.

Le combat le plus dur est celui contre soi-même

Jon and Beth

Je me donnais corps et âme dans mon association et faisait tout pour aider le plus de monde possible. Avec mes collègues, nous nous étions mis d’accord pour faire de la pub pour notre groupe d’entraide. Nous avons donc fait faire des prospectus expliquant le but de notre groupe, incitant ainsi ceux qui voudraient venir faire un tour auprès de nous. Nous nous essayons de nous faire connaître mais surtout de donner le courage a ceux qui n’ont jamais osé venir nous rendre visite. Je sais comment ça peut être difficile de se décider d’aller voir quelque, de se faire aider. Et des fois, on ne réalise même pas qu’on a besoin d’aide.

La plupart du temps, après le travail, je me précipite tout de suite vers notre association, voulant au plus vite aider mes prochains. Nous avions toujours nos habitués, qui venaient presque tous les jours nous voir, avec le besoin de se confier ou juste de parler. Je voyais quelque uns de mos patients en privée, puisque je faisais des séances de psychologie gratuite ou alors je me transformais en amie qui peut tout entendre et en privé. Nous n’étions pas ce genre de groupe ou tout le monde parler devant les autres. Ce qu’on souhaite c’est qu’ils se confessent, c’est qu’ils arrivent à parler de ce qui les as traumatisé. A voir s’ils veulent se rapprocher des autres aidés ou s’ils préfèrent voir des professionnels. Chacun fait comme il le souhaite et nous le respecter. Ils peuvent aussi prendre la parole devant les autres, s’ils le souhaitent.

Je regarde par la fenêtre alors que la nuit commence à tomber et remarque un homme devant notre bâtiment, observant autour de lui et tournant en rond. J’ai le sentiment qu’il est venu pour notre association mais qu’il n’ose malheureusement pas rentrer et je décide donc d’aller lui rendre visite. Je descend et le rejoint dehors alors qu’il observe, ne me remarquant pas. « Bonjour. » lui dis-je doucement en m’approchante de lui, le temps qu’il comprenne que c’est à lui que je parle. « Je m’appelle Beth, je peux vous aider peut-être ? » lui demandais-je, curieuse de savoir s’il vient vraiment pour nous rejoindre ou s’il cherche totalement autre chose.

Jon avait besoin d'être aidé, il le savait au plus profond de lui-même mais, il n'osait pas se l'avouer. Il préférait vivre avec cette douleur intérieure qui le rongeait un peu plus chaque jour qui passait. Il avait déjà ses séances avec une psychologue, et depuis qu'il avait commencé il n'y avait eu aucun progrès, c'était tout bonnement inutile, il fallait voir les choses telles qu'elles étaient.

Alors quand il avait vu ce prospectus dans sa boulangerie, il s'est permis d'avoir un second souffle, une porte de sortie dans son enfer dans lequel il s'est enfermé depuis qu'il a retrouvé sa liberté. C'était contradictoire, il avait retrouvé sa liberté mais, il s'était renfermé sur lui-même perdant tout repères dans son quotidien, répétant toujours les mêmes mouvements, comme un robot l'aurait fait.

Une fois de plus, c'est en bas de ce bâtiment qu'il traînait. Des fois, il lui arrivait de rester devant pendant plusieurs heures avant de finalement rebrousser chemin, mais ce soir, les choses allaient changer. Il tournait comme un ours en cage. Il menait le combat le plus dur qu'il soit. Celui contre lui-même. Son raison lui disait d'y entrer, mais le reste lui déconseillait. Après tout, il était peut-être tout simplement pas près, même 20 ans après. Il avait dix ans quand il a revu la lumière du jour, mais à quel prix ? Seul lui le sait, et sans doute les forces de police aussi. Ses parents ne se sont jamais douté qu'il avait été abusé pendant quatre ans.

Soudain, une voix féminine survenant de derrière lui le fit sursauter. Il se tourna, de se demandant si c'était à lui qu'elle s'adressait. Il ne posa ses yeux sur elle que quelques secondes avant de les river comme il le faisait, sur le sol.

" - Bonjour. Je.. Je ne crois pas non.. Je pensais pouvoir le faire mais j'en suis pas capable.." répondit-il comme s'il se parlait à lui-même.

Jon avait pris pour habitude de ne presque plus parler, ça devenait rare quand il parlait, à tel point qie certaines personnes, dont sa psychologue pensait qu'il était muet.

Le combat le plus dur est celui contre soi-même

Jon and Beth

J’avais l’habitude de me retrouver en face de personne qui n’ont pas envie d’être aidé ou qui n’ose pas sauter le pas. Je savais comment m’y prendre, même si des fois, certains on vraiment du mal à se confier. C’est ce que je pensais avec l’homme que je venais de rencontrer devant le bâtiment de l’association. Il ne semblait pas à son aise, et fuyais plus l’envie d’être aidé. Rien que physiquement, d’après son comportement, je pouvais comprendre comment il était dans sa tête. Me restait encore à le découvrir plus amplement. Le jeune homme se retourne en sursaut lorsque je lui adresse la parole, ne pensant pas quelqu’un vienne lui parler, sans même rentrer dans nos locaux. Je lui souris, voulant parraitre la plus conviviable possible et pour l’inciter à venir avec moi. « Bonjour. Je.. Je ne crois pas non.. Je pensais pouvoir le faire mais j'en suis pas capable.. » dit-il, une voix presque tremblante. Je comprends alors qu’il était perdu et ne savait pas s’il pouvait sauter le pas vers l’aide que je pouvais lui apporter. Il regarde de nouveau le sol, fuyant mon regard alors que je tente d’aborder une conversation avec lui. « Vous venez pour l’association ? » lui demandais-je doucement, ne voulant pas le brusquer. Je ne savais pas comment le prendre, chaque personne a des réactions différentes. J’imaginais qu’il avait vécu quelque chose de fort pour être aussi renfermé sur lui-même. « Je peux vous proposer de venir boire un café à l’intérieur, ou autre chose bien sur. » lui annonçais-je, le plus douce possible. Il ne semblant pas être le genre d’homme a se confier facilement mais il m’intriguait, je voulais en savoir plus sur lui et mon envie d’aider les autres m’envahit, ne voulant pas le lâcher, sans évidemment le brusquer ou lui faire peur.

Depuis des années, Jon s'était habitué à rester seul dans sa bulle, totalement coupé du monde extérieur, et pourtant, il était forcé d'y mettre les pieds pour aller travailler ou pour tout simplement aller faire ses courses. Tout cela semblait tellement bénin pour les gens "normaux", mais pour lui, ça impliquait un énorme effort. Un peu comme une personne qui a peur de la foule, il était sensiblement pareil sur ce point là.

Quand la jeune femme l'aborda, il essayait de se convaincre que ce n'était pas à lui qu'elle s'adressait, mais en regardant autour de lui, personne dans la rue. Elle était déserte. C'est également à ce moment qu'il se rappelait pourquoi il faisait toujours en sorte de sortir à la nuit tombée, car les gens étaient souvent chez eux à cette heure-ci. Il essayait alors de répondre du mieux qu'il pouvait, mais malgré ses arguments, la jeune blonde semblait l'avoir déjà percé à jour.

Sans osé dire clairement qu'il venait effectivement pour cette association, il se contenta de plonger ses yeux bleu océan dans ceux de son interlocutrice, on pouvait y lire une énorme souffrance, mais il n'arrivait pas à l'extérioriser, ni même à mettre des mots dessus. Il se faisait violence pour rester ainsi ici, il voulait rentrer chez lui, crier sa douleur. Mais C'était peut-être le temps pour lui de s'ouvrir, de saisir cette opportunité qui s'offrait à lui, pour une fois dans sa vie prendre une bonne décision.

" - Ça n'engage en rien ?"

Il n'avait pas envie de se retrouver prit au piège, comme une souris à qui on donnerait du fromage pour l'amadouer pour au final qu'elle termine dans la tapette où toutes les autres avaient fini avant elle. Jon n'avait aucune confiance en lui-même et il ne se dévoilait jamais, mais cette association était peut-être son avenir.

Le combat le plus dur est celui contre soi-même

Jon and Beth

Le jeune homme ne semblait pas plus à l’aise après que je lui propose de venir à l’intérieur. Il hésite quelques minutes et je lis sur son visage qu’il cherche ses mots pour me répondre. J’attends sagement, ne cherchant pas à le brusquer. Je compris vite qu’il allait être quelqu’un de difficile à cerner. Bien que je me doutais déjà qu’il avait un passé douloureux, on ne sait jamais ce que l’on peut découvrir. Il m’intriguait beaucoup et me rappelait surtout moi il y a quelques années. Avant, j’étais le genre de personne à qui personne ne voulait parler, trop réservée. En fait, je ne sortais pas beaucoup, justement pour que l’on ne me parle pas. Et puis, en travaillant, j’ai réussi à me détendre et à m’ouvrir à ceux qui m’entourent. Evidement, mes proches et mes rencontres m’ont aussi aidé à devenir quelqu’un de social. J’aimerais transmettre mon expérience et mon vécu à cette homme, persuadée que je pourrais l’aider. « Ça n'engage en rien ? » demande-t-il timidement alors que je suis déjà perdue dans mes pensées. Je suis surprise par cette question. Ce n’est pas une secte et je ne compte pas l’enfermer avec nous. Evidement, son traumatisme doit avoir des effets sur son comportement. « Vous avez votre libre-arbitre, si vous ne souhaitez pas revenir, je vous y forcerez pas. » lui dis-je tendrement, montrant qu’il se sentira bien avec nous. « Mais sachez qu’on a souvent du mal à repartir. » dis-je essayant de mettre entre nous un peu d’humour, pour détendre l’atmosphère tendue.

Oui Jon avait peur d'être pris au piège, et son expérience passée ne l'aidait pas à voir clair dans tout ça, mais, une chose qu'il appréciait c'est que malgré sa réticence, la blonde face à lui essayait de le convaincre avec des mots pleinement choisis pour faire le maximum d'effet.

Après qu'elle lui ai dit qu'il était libre de revenir ou non, le jeune homme menait un nouveau combat contre lui-même intérieurement. Il glissa ses mains dans ses poches de sa veste, puis, d'un air comme résigné, il fit un pas, puis un second. Et lentement, il se dirigea vers l'association. Une chose est sûre, s'il buvait quelque chose ce ne serait pas un café, il aimait simplement l'odeur de ce dernier, un verre d'eau ou un jus de fruit feront amplement l'affaire. Il espérait juste qu'il n'y ai personne à l'intérieur, il n'avait pas envie de mener une discussion jusqu'à terme, un simple hochement de tête pour les saluer suffira. Parce qu'il est tout de même quelqu'un de poli qui accorde beaucoup d'importance aux principes d'éducation qu'on lui a inculqué.

Une fois à l'intérieur, il s'arrêta sur le seuil, comme s'il y avait un fil invisible relié à quelque chose qu'il n'osait pas toucher. Il prit une grande bouffée d'air avant de pénétrer entièrement dans le bâtiment. Ses yeux examinaient tous les détails autour de lui, à l'affût du moindre danger, du moindre piège.

Le combat le plus dur est celui contre soi-même

Jon and Beth

Le jeune homme prit son temps, réfléchissant s’il allait continue avec moi ou repartir en courant. Je lui souris chaleureusement, espérant qu’il me suive, au moins pour le faire découvrir mon univers. Doucement, il met ses mains dans ses poches et commence à marcher, me faisant comprendre qu’il venait avec moi à l’intérieur. Je commence alors à marcher, le laissant me suivre jusqu’à l’intérieur. Je sens qu’il est tendu et qu’il hésite encore mais je compte bien le convaincre que l’association peur l’aider et faire des choses bonnes pour lui. Arrivée devant la porte, le nouveau jeune homme s’arrête net, comme s’il était impossible pour lui d’aller plus loin. Je me retourne vers lui, surprise par son arrêt. « N’ai pas peur » dis-je doucement, hésitant presque à lui tendre la main pour qu’il entre avec moi. Il me suit de nouveau, passant le pas de la porte. Je lui souris alors qu’il regarde tout qui se trouve autour de lui. Nous entrons dans le hall et je ne sais pas encore ce qu’il est prêt à voir ou pas. « On peut aller dans la pièce principale rejoindre les autres ou on peut se rendre dans une pièce ou nous pouvons être que nous deux, si tu préfères. Je pourrais d’expliquer le but de l’association si tu le souhaites. » Il n’a pas besoin de parler, juste de m’écouter.

Une fois à l'intérieur, Jon avait l'impression d'être un enfant qui découvrait pour la première fois l'école où il allait devoir aller tous les jours. Il hésita de longs instants et finit par frafranchit seuil devant lequel il était resté plusieurs heures ces derniers jours sans jamais s'en approcher. C'était déjà un progrès, il avait passé le seuil, il ne savait pas encore s'il y reviendrait, mais, il l'avait fait !

Alors qu'il était à l'intérieur, non sans mal, la jeune femme ne lui avait forcé la main, jamais poussé contre son gré. Il l'avait fait seul, et maintenant qu'il y était, elle lui proposa d'aller rejoindre les autres dans un premier temps. Ses yeux s'écarquillaient aussitôt. Non. Pas les autres. Il ne voulait pas les voir. Il n'était pas prêt à assumer tout ces regards sur sa personne, ni même toutes ces questions dont il allait être la cible. Dans un second temps, elle lui proposa d'aller dans une pièce où ils seront seuls, son visage se détend alors presque instantanément et il opine du chef pour cette seconde proposition. Il ignorait ce qu'il allait bien pouvoir lui dire, mais au moins, ils ne seront que tous les deux.

Tout cela semblait presque irréel pour lui, il se demandait si d'autres personnes présentes dans la grande salle avaient subit la même chose que lui. Mais au fond, il n'avait pas vraiment envie de savoir, il se contenta alors se suivre Beth, puisque c'est ainsi qu'elle avait dit s'appelle jusqu'à cette salle qu'elle lui avait proposé, toujours sans un mot.

Le combat le plus dur est celui contre soi-même

Jon and Beth

Cet homme, dont je ne connais toujours le nom, ne parlait absolument pas. Je pouvais le comprendre par ses gestes mais depuis le début de notre rencontre il n’avait prononcé presque aucun nom. Je n’ai pas l’habitude d’être avec un interlocuteur presque muet. Je sais qu’il peut parler parce que je l’ai entendu tout à l’heure mais depuis que nous avons décidé de rentrer dans les locaux de l’association, le jeune homme n’a prononcé aucun mot. Ça me déstabilisait légèrement et ça annonçait un début difficile de conversation avec lui. Je ne sais pas s’il est prêt à me parler de lui en particulier, il faudra déjà qu’on arrive à avoir un début de conversation. Je l’emmène alors dans mon bureau, une pièce neutre ou personne ne peut nous voir ou nous entendre, solution plus adéquate pour un homme qui à l’air de ne pas avoir envie de se mêler à la foule. Je ne sais pas s’il est timide ou terriblement trop torturé pour se rendre dans un endroit avec des personnes qu’il ne connaît pas. Quoi qu’il en soit, le fait qu’il me suive est déjà une bonne chose. J’espère qu’il pourra comprendre vite qu’il peut me faire confiance et que je suis tout à son écoute. Je m’assois sur un fauteuil, ou il y en a un autre en face, séparé par une petite table. C’est un endroit assez simple, ou l’on peut se mettre tranquillement pour discuter, s’il en a envie. « Alors, est ce que je peux connaître ton prénom ? » lui demandais-je gentiment, justement pour savoir qui est l’homme en face de moi. Je n’allais pas tout de suite rentrer dans les détails de ce que je peux faire ici, ni me comportement comme une psychologue, ne voulant pas le forcer à me parler.

Jon n'était pas habitué à se mêler à la foule. La foule qu'il pouvait voir, c'était simplement les personnes défilant au comptoir de la boulangerie, en dehors de ça, il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour croiser le moins possible les autres, histoire de ne pas avoir à entamer une discussion. C'était presque une maladie pour lui, il était incapable de mener une conversation à bien, la seule chose qu'il savait faire était répondre bêtement aux questions posées, non sans méfiance bien évidemment.

Depuis qu'il était rentré dans le bâtiment, il n'avait prononcé aucun mot, il préférait observer les lieux, s'absorber de l'atmosphère qui était présente, sans pour autant accepter aussi facilement que ça de se mêler aux autres. Il n'était pas prêt c'était certain, et au fond, il doutait l'être un jour, mais déjà être dans ces locaux était inespéré.

Ils entrèrent alors dans le bureau en question. Deux fauteuils occupaient l'espace ainsi qu'une table entre eux. Une décoration simplissime et neutre. Weller hésita puis finit quand même par s'asseoir dans le second fauteuil, quand la jeune femme lui demanda son prénom.

" - Jonathan.. Mais appelez-moi Jon comme tout le monde.."

Première étape, il venait de se présenter. Bon un peu forcé et contraint puisqu'il ne l'avait pas fait lui-même de son plein gré. Mais, au moins, il l'avait fait.

Le combat le plus dur est celui contre soi-même

Jon and Beth

Le jeune homme hésita quelques peu mais finit par s’asseoir dans le fauteuil en face du mien. Je le regarde un petit peu, hésitante à la façon d’aborder une conversation avec lui. J’ai vite compris combien il est renfermé sur lui même et qu’il ne comptait pas parler. Je n’avais entendu le son de sa voix que pour me dire quelques mots, autrement il s’était juste mit à me suivre. Je lui demande alors quel est son prénom, au moins pour connaître quelque chose de lui. Je sais qu’il faut que je le mette en confiance, mais ce ne va pas être chose facile. « Jonathan.. Mais appelez-moi Jon comme tout le monde.. » Je lui souris, contente de connaître enfin quelque de lui. Il me permettait déjà de l’appeler Jon, un diminutif de son prénom. Après cela, il n’ajoute rien et je comprends que pour le faire parler, j’allais devoir lui poser des questions, mais sans être trop brusque. Il avait déjà passé une étape en me laissant connaître son nom. Je réfléchis quelques secondes, mon regard posé sur lui et croisant mes jambes. « Je m’appelle Elizabeth mais je me présente toujours comme Beth. » lui avouais-je, bien que je lui ai déjà dis mon prénom tout à l’heure. « Alors, vous êtes à Island Bay depuis longtemps ? » lui demandais-je, engagent la conversation avec lui.

Jonathan n'était certes pas le genre de personne à disvter ouvertement avec les autres. Son traumatisme l'empêchait d'aller vers les autres, de s'intégrer, de se socialiser tout simplement. Il restait alors dans sa petite bulle, à l'écart de tout. Mais aujourd'hui, il se retrouvait face à ses démons, face à cette jeune femme qui venait de se présenter sous le prénom d'Elizabeth, mais plus couramment connue sous le diminutif Beth. Ça leur faisait déjà un point en commun, le diminutif de leur prénom, lui Jon et elle Beth.

Il était bien conscient qu'elle essayait de faire perdurer cette discussion entre eux, et il ne faisait pas grand chose pour l'aider mais c'était plus fort que lui, il n'arrivait décidément pas à parler de lui, de peur que le moindre détail puisse servir pour le faire souffrir par la suite. Il se méfiait de tout le monde, mais pour la première fois, cette femme lui inspirait confiance, ou du moins, il se dit qu'il devrait peut-être lâcher un peu de leste sur sa méfiance maladive.

" - Je suis arrivé il y a environ un an, j'ai dû retapé un vieux bâtiment en ruine prêt à être démolit pour y construire la boulangerie. Et aujourd'hui, ça fait six mois qu'elle marche.."

Ses yeux se mirent à pétiller. Oui il était fier de ce qu'il avait accomplit, même si sa remise en question qu'il avait depuis quelques semaines, lui disait de tout arrêter pour faire ce qu'il aime : écrire. Écrire pour les autres, transmettre ses émotions au travers de mots judicieusement choisi.

Le combat le plus dur est celui contre soi-même

Jon and Beth

Je voulais absolument en savoir plus sur cet homme si mystérieux que je venais de rencontrer. Pour débuter un semblant de conversation avec lui, j’avais d’abord voulu connaître son nom avant de lui avouer le mien. Savoir comment s’appelle son interlocuteur met toujours plus en confiance. Pur continuer, je lui ai demandé ce qu’il faisait dans la vie, espérant qu’il s’étalerai un peu sur son métier, pourquoi il est d’ici, depuis combien de temps. Je suis évidemment consciente que j’en demande beaucoup pour un homme qui à l’air aussi fermé qu’une huitre. « Je suis arrivé il y a environ un an, j'ai dû retapé un vieux bâtiment en ruine prêt à être démolit pour y construire la boulangerie. Et aujourd'hui, ça fait six mois qu'elle marche.. » Je déduis que Jon travail dans la boulangerie mais je ne suis pas sûre. Il peut très bien être un travailleur du bâtiment puisqu’il m’a dit en avoir retapé un. Je suis tout de même très heureuse d’en connaître plus sur lui. D’abord le fait qu’il est à Island Bay depuis environ un an. Je me demandais ses motivations à venir vivre dans notre charmante petite ville. « Un an ? Vous venez juste de découvrir notre région alors. J’espère qu’elle vous plait. » Je lui souris. « Je suis ici depuis mes six ans, et je ne me lasse pas de ces paysages magnifiques. » Lui avouais-je. Je lui parlai un peu plus de moi, pour ne pas qu’il pense qu’il est le seul à se confier et qu’il soit plus en confiance avec moi. Je continue alors a le question, curieuse. « Alors, vous avez une boulangerie à vous ? » lui demandais-je, sachant a savoir quel métier il exerce dans cet établissement.

En quelques minutes, Jon avait déjà parlé beaucoup plus et s'était dévoilé beaucoup plus qu'avec n'importe qui. C'était peut-être bon signe non ? Peut-être que c'était avec cette femme qu'il devrait se confier et essayer de tourner la page de son passé. Il avait découvert son association il y a déjà quelques temps mais n'avait jamais mis les pieds dans les locaux. Et aujourd'hui, il était dedans avec elle. Il en avait quand même fait du chemin depuis ce moment là, et même s'il n'en avait pas vraiment conscience, il était fier d'avoir fait tant de progrès.

Sans même que Beth lui demande, il commence à parler lentement mais sûrement de lui, de sa vie à Island Bay depuis son arrivée et de son travail au quotidien. Il remarqua alors le petit sourire sur son visage et il se surprit à lui en adresser un, timide, mais c'était tout de même un sourire.

" - J'ai encore sans doute plein d'endroits à découvrir.." avoua-t-il à la jeune femme.

En même temps, il allait toujours aux mêmes endroits quand il sortait, et comme il restait la plupart du temps enfermé chez lui, à écrire ou dessiner. Il était ici depuis peu certes, et même s'il aimait l'environnement, sa terre natale lui manquait terriblement. Mais y retourner voulait alors dire, se rapprocher dangereusement de l'homme qui l'avait enlevé, si toutefois il était encore vivant. Il n'en avait aucune idée, mais rien que d'y penser, il sentit une boule se nouer au creux de son estomac.

" - Oui, je suis boulanger/pâtissier. C'est pratique d'être son propre patron mais, beaucoup de personnes pensent que ce n'est pas un réel métier. Ils ne se rendent pas compte du travail que ça demande. Enfin en tout cas, j'avais une boulangerie, je sais pas trop ce qu'elle va devenir.."

Il avait commencé à parler de sa boulangerie avec ses yeux qui brillaient, il aimait son métier s'était indéniable. En revanche, plus le temps passait, plus il se disait qu'il devait reprendre sa vie en main, essayer de vivre ses rêves juste une fois. Et s'il échoue, il aura au moins le mérite d'avoir essayer, et il ne pourra pas regretter par la suite. Car ce n'est pas les échecs qui tuent à petit feu, c'est les regrets qui nous rongent jusqu'aux os.