It's your day, enjoy it. (Cameal#7)

Je dois quand même lui demande depuis quand il manigance pour ça, c’est juste fou que je n’ai même pas vu une once de tout son petit manège, sûrement trop occupée à faire comme s’il n’était pas là. Ça doit être ça. Il m’explique que ça fait quelques jours, depuis qu’il a vu ma carte d’identité, c’est à dire je suppose depuis la nuit que nous avons passée ensemble. La seconde. « Allez fais toi plaisir, fous toi encore un peu de ma gueule. » Je ris, hochant la tête pour simplement lui signifier que je ne vais pas arrêter pour ses beaux yeux. Le plus étonnant, c’est que je décide de lui demander de me raconter un peu qui il est, parce que je ne sais rien sur lui, et que je pense qu’il est temps de lever un peu la part de mystère qu’il semble vouloir laisser planer sur sa personne. C’est sexy hein le mystère, mais j’aimerai bien en savoir un peu plus. J’ai bien compris qu’il n’était pas le genre à aimer parler de lui alors pour l’inciter à le faire, je tente l’humour, et un poil de flatterie. « Et tu ne connais pas la théorie de l’exception qui confirme la règle ? A noter que t’es chanceuse d’être tombée sur l’exception. » Je ris un peu et hoche la tête tout en continuant de manger mon gâteau citronné. Je sens bien que ce n’est pas de gaieté de coeur qu’il va répondre à mes interrogations le concernant. Je ne le connais pas encore très bien mais je sais reconnaitre lorsque son regard s’assombrit. Il n’a même pas besoin de parler que je comprends que son passé n’est pas des plus glorieux, tout comme le mien d’ailleurs. Je reste attentive à ses gestes, ses soupirs, mon regard alternant entre son visage et ce thé qui fume encore sous mes doigts. « C’est un mec né sur l’île de Jersey mais qui a principalement grandit à Londres. Passionné d’art martiaux depuis gamin… j’ai commencé que t’étais même pas encore née. Je suis probablement un peu trop accro au sport, je me soigne avec la méditation. J’ai débarqué en Nouvelle-Zélande très peu de temps avant de commencer à bosser comme garde du corps, et avant ça je vendais des voitures dans une concession Jaguar. C’était pas assez sportif à mon goût, ça aurait pu l’être si on avait eu le droit de conduire les voitures sur circuit plus qu’une fois tous les deux ans. » Je reste attentive, hoche la tête, lui souris parfois mais ne le lâche pas des yeux. Je ne lui demanderai pas plus de détails, il ne me dira que ce q’u’il a envie de me dire. « Je n’aime pas seulement les dauphins d’ailleurs mais globalement tous les animaux. Bon j’ai un peu des difficultés avec les chevaux à cause d’une mauvaise expérience quand j’étais gamin… ils sont sympas de loin, très loin. » Je ris très légèrement à cette nouvelle anecdote et me rends compte que mon regard sur lui se fait plus tendre, je crois que je suis attachée à lui plus que je ne voudrais bien le dire. Et je tente de ne pas analyser tout ça sous peine de me foutre un putain de flip. « C’est bon Sherlock tu en sais assez ? » Je hausse les épaules. « Je prends ce que tu me donnes. ». Si dans d’autres circonstances j’aurai pu essayer d’en savoir plus, je sens que si je force un peu, il risque de se mettre de mauvaise humeur et clairement ce n’est pas ce que j’attends de cette journée, lui non plus j’en suis certaine. « J’imagine que comme ce n’est pas ma journée je n’ai pas le droit de te retourner la question ? » Je lui souris, presque un peu taquine, lèvres pincées et ces petites fossettes creusant mes joues. « Je vais continuer d’entretenir le mystère encore un peu ! » Lui dis-je d’un ton plus bas comme si c’était un secret. Nous finissons notre petit déjeuner et sortons du salon de thé alors que je remets mes lunettes sur le bout de mon nez, faisant claquer mes talons sur les pavés à la recherche d’un magasin où je pourrai trouver de quoi changer de chaussures. « Rassure moi, tu vas être moins chiante que pour te trouver une robe ? » Je souris, sans le regarder. « Hum, je n’ai pas encore décidé de ton sort. Tu le sauras bien assez tôt ! » Bien sûr je le taquine encore, parce que je ne compte pas passer des heures à trouver une paire de pompes. Nous entrons dans un premier magasin plutôt branché, c’est exactement ce que je voulais. Neal veut me voir sous mon vrai jour ? Alors c’est parti. Je me tourne vers lui, lui adresse un sourire. « On parie que dans 10mn on est ressortis et que j’ai acheté de quoi me changer de la tête aux pieds ? » Je vois son regard surpris et tends la main pour qu’il puisse taper dedans. C’est parti. Je me glisse à travers les rayons, ayant la chance de connaître ma taille par coeur, je choisis ce qui je sais m’ira comme un gant. Un short en jean un peu déchiré et assez court pour laisser à monsieur le loisir de baver sur mes longues jambes musclées, un débardeur moulant, une petite veste féminine et décontractée, puis je passe directement au niveau des chaussures et choisis une paire de sandales en cuir qui semblent confortables. Le jeune homme semble interloqué par la vitesse à laquelle je choisis mes achats, et je passe directement en caisse pour payer la totalité, non sans rajouter au dernier moment un sac en cuir un peu plus grand que mon sac à main actuel. Une fois le tout payé, j’adresse un sourire à Neal et attrape son poignet pour regarder sa montre. « Je suis dans les temps ! » Je lui fais signe de me cuivre et en sortant, je nous fais bifurquer dans une petite rue beaucoup moins passante que celle dans laquelle se trouvait le magasin. Il y a quelques personnes mais pas tant que ça. Là, je m’arrête et commence à sortir mes affaires neuves, retirant les étiquettes avant de les poser contre un rebord de fenêtre. J’enfile le short en dessous de ma robe, redite ladite robe me retrouvant en haut de soutien gorge, une fraction de seconde juste le temps d’enfiler le débardeur, veste, changement de chaussures, et me voilà prête. « Alors, tu t’y attendais pas à celle là James Bond ! Devait bien y avoir une James Bond Girl australienne non ? » Un large sourire et un signe de tête puis nous voilà repartis pour aller nous promener.

L’ambiance n’a jamais été aussi légère entre Cameron et moi, ça me rassure un peu sur le bon fondement de cette idée que j’ai eu d’organiser cette journée. De toute façon soit ça passait, soit ça cassait et maintenant que les choses sont en lancées je n’ai pas envie qu’un truc merdique vienne enrayer l’engrenage. On est là pour se détendre, autant elle que moi, profiter d’un moment ailleurs, hors du contexte professionnel, de nos différents. Je crois qu’on est capable d’être deux personnes normales et civilisées le temps d’une journée. En tout cas assez pour mettre de côté nos tempéraments un peu trop explosifs parfois. C’est une trêve et demain les choses redeviendront comme avant… Mais avant quoi au juste ? Que l’on couche ensemble ? Pas possible. Que je la blesse ? Probablement pas. Que l’on recouche ensemble ? Non plus. En fait on improvisera, comme d’habitude et au final je crois que c’est ça qui me plait dans cette nouvelle vie que je me construis, je ne suis jamais sûr de rien. Sauf d’une chose, Cameron en plus d’être une emmerdeuse, est une curieuse. Mais bien que son intérêt pour qui je suis soit surprenant, il n’en est pas moins légitime. Moi-même je suis plutôt curieux à son sujet, de ce qui se cache derrière la façade de la diva. Probablement quelqu’un de beaucoup plus complexe que cette image d’insupportable gamine trop gâtée qu’elle renvoie la plupart du temps. Bref pour l’instant c’est mon tour de dresser mon portrait. Ou plutôt une esquisse de celui-ci, ne décrivant que les grandes lignes restant sur des sujets de surface parce que je ne suis pas prêt à parler du reste, c’est déjà trop flou pour moi. Cameron m’écoute attentivement, c’est presque perturbant d’avoir son regard braqué sur moi comme ça et de savoir qu’elle enregistre chaque mot. Aucune question, juste son attention, troublante.
Un survol de mon passé, une anecdote sur ma peur des chevaux et à cours d’informations je lui demande si elle juge que c’est assez. Je lui suis reconnaissant qu’elle n’insiste pas pour en savoir plus et me confronte à un interrogatoire. Cameron prend ce que je lui donne, et qu’elle me dise ça compte plus qu’il n’y paraît. Je lui souris et accepte de la laisser entretenir le mystère, je serais mal placé pour m’en offusquer, non ? Et puis la façon dont elle m’a dit ça… clairement c’est difficile de dire quoi que ce soit pour y répondre. Elle est très forte pour utiliser ses atouts, je dois bien lui reconnaître cela. Mais si la plupart du temps Cameron sait affirmer ce qu’elle veut, encore faut-il qu’elle sache ce qu’elle veut ! J’ai eu le loisir de la voir à l’œuvre lorsqu’il s’agit de shopping, ce qui me donne une légitimité suffisante pour affirmer qu’elle peut être chiante. Forcément ce genre de remarque est à double tranchant, vais-je avoir réveillé le diable ou au contraire éveillé son goût pour le challenge ? « J’aurais presque peur… » dis-je alors que la jeune femme me laisse dans le doute. Chose positive, nous trouvons rapidement une boutique qui a l’air de lui convenir, ce n’est pas rien. Nous entrons, je perçois dans le regard de Cameron une lueur de détermination, elle a un truc en tête. Challenge it is ! Miss McKenzie veut parier que dans dix minutes on sera dehors. Je ris légèrement et arque un sourcil, surpris par ce challenge qu’elle se lance « Hâte de voir ça. » je tape dans sa main, curieux de l’observer dans cette tâche. Et je dois dire que je ne suis pas déçu. Elle arpente les rayons, choisit des fringues avec une rapidité déconcertante et je regarde tout ça avec beaucoup de surprise je dois bien l’admettre. Sérieusement ? Elle est capable de trouver des trucs qui lui plaise en si peu de temps et elle m’a fait poireauter deux heures pour trois essais et aucun achat ?!
Sur le moment je me dis que Cameron va passer par la case essayage et que c’est là qu’elle va perdre son défi, mais au lieu de ça elle se dirige vers la caisse. Ok là elle m’a achevé. L’allure triomphante, elle me rejoint et bien sûr ne manque pas de souligner qu’elle a relevé le défi. « Probablement oui. » je hausse les épaules, comme si ça ne m’impressionnait pas le moins du monde et la suit dehors. Elle s’engage dans une petite rue presque déserte sous mon regard toujours étonné « Qu’est-ce que… » je ne finis pas ma phrase j’ai rapidement ma réponse. Cameron se change en pleine rue et par réflexe j’essaye de la masquer au mieux en me mettant entre elle et la zone de passage des gens. Tout comme son shopping express, elle se change en un temps record et fièrement me met sous le nez que sur ce coup là je doutais d’elle. « Certes. » soufflais-je un peu à cours d’arguments. Qu’est-ce que je peux dire ? Elle m’a cloué le bec, c’est tout. Pas que ça me réjouisse, mais je me console en me disant que c’est son jour à elle. On se remet en marche et je ne peux rester silencieux trop longtemps « Tu sais que maintenant je vais savoir que tu te paye ma tête en mettant des lustres à trouver de quoi t’habiller… ». Comme pour le coup du fastfood Cameron m’a une fois de plus étonné, je devrais m’y habituer « J’admets que je suis impressionné. Mais bon au final j’ai rien perdu, on avait rien parié. » je souris, j’ai au moins gagné ça. Et une jolie vue sur ses jambes, dont je ne sais pas si c’est vraiment un cadeau, ou alors empoisonné. « Tu devais pas juste changer de chaussure ? » fais-je remarquer l’air de rien avec un sourire en coin « C’était pour relever un peu plus le niveau du challenge que t’as voulu prendre le reste ? ». Nous arrivons à une bifurcation à gauche le port et la plage, à droite la direction du centre ville « Choisir c’est renoncer. » je m’arrête et interroge Cameron du regard « Ou dans le cas présent remettre à plus tard. » si elle veut. « Balade en ville, plage ou dauphins à la con ? » c’est en résumé les possibilités qui s’offrent à elle.

Ce petit moment de latence alors qu’il se livre à moi est agréable, bizarrement. Je sais bien qu’il ne me laisse entrevoir qu’une partie de la surface de l’homme qu’il est à l’intérieur, mais c’est déjà mieux que rien. Je ne le forcerai jamais à me parler de lui, de toute manière, il n’est pas le genre à se laisser marcher sur les pieds et forcer à faire quoi que ce soit. Je l’ai bien expérimenté depuis le temps. Je ne l’incite pas à m’en dire plus, et garde pour ma part le mystère sur ma propre condition, avant que nous sortions du salon de thé. Pour l’heure, je dois trouver de quoi changer de chaussures, et c’est au final une tenue complète que j’achète, sous le regard médusé de Neal qui assiste à mon petit numéro de rapidité. Pari tenu. Une fois à l’extérieur je trouve une petite rue pour me changer, et j’aime voir l’instinct protecteur de Neal se rapprochant pour me cacher du mieux qu’il peut. Je ne suis pas pudique, il le sait, mais c’est plus fort que lui, il est là pour ma protection, même aujourd’hui alors qu’il n’est pas ‘en service’. Je vois bien à sa tête que je lui ai cloué le bec, et j’adore arriver à le faire encore et encore. Le surprendre est un vrai plaisir dont je ne me lasserai sûrement jamais. Le truc, c’est qu’il est doué lui aussi, y’a qu’à voir cette journée ! « Tu sais que maintenant je vais savoir que tu te paye ma tête en mettant des lustres à trouver de quoi t’habiller… » Je ris, parce qu’au fond il n’a pas totalement tord. « Non non ! C’est juste que quand je choisis une robe de soirée, c’est pas pareil que trouver de quoi m’habiller n’importe comment pour une journée juste avec toi. Tu saisis la différence ? » J’arque un sourcil, essayant plus ou moins de me rattraper du mieux que je peux. Je sais pourtant qu’il garde le souvenir de cette fois où je l’ai empêché d’aller à la salle de sport pour faire du shopping et finalement ne rien acheter. C’est tout moi ça, et il a fini par le comprendre. « J’admets que je suis impressionné. Mais bon au final j’ai rien perdu, on avait rien parié. » Je hoche la tête. « Oh mais je ne parle pas de pari ni gagné ni perdu, le fait même que tu sois impressionné me suffit ! » Je lui souris et nous reprenons notre route pour aller je sais même pas où. Mais je crois que j’aime ne pas savoir, et orienter la journée comme je veux. « Tu devais pas juste changer de chaussure ? » Je le regarde et arque un sourcil, cherchant à comprendre ce qu’il veut dire. « C’était pour relever un peu plus le niveau du challenge que t’as voulu prendre le reste ? » Je ris à nouveau et secoue la tête. « Non, je voulais aussi te montrer que je peux m’habiller presque n’importe comment. Tu ne connais que la Cameron toujours bien sapée et qui se la pète. Peut-être qu’aujourd’hui j’ai envie de te faire rencontrer celle que tu as aperçue un jour dans un fastfood. La fille qui a grandit avec rien et qui se contente d’un short troué et d’une chemise à carreaux. » J’enfouis d’ailleurs les mains dans les poches dudit short en jean et nous arrivons à ce que j’imagine être un choix à prendre. La plage ou le centre-ville. « Choisir c’est renoncer. Ou dans le cas présent remettre à plus tard. » Je penche la tête sur le côté en souriant. « Je ne sais pas renoncer. » Ça aussi il a dû s’en rendre compte. Je suis tenace, et ce n’est pas peu dire. « Balade en ville, plage ou dauphins à la con ? » Je souris et m’approche de lui. « Parfois, je n’ai pas envie de choisir. Alors… » Je viens chercher ses mains, face à lui et les croise à la façon du film Titanic quand Rose et Jack vont danser dans les cales du bateau après avoir du un verre. Je lui adresse un sourire complice en attendant qu’il comprenne et je commence à tourner, l’invitant à en faire de même, lâchant totalement prise sur le regard que pourraient poser les gens sur nous. Je m’en fous, je suis juste avec lui. Une fois après avoir tourné quelques fois, et ri par la puissance de la gravité, je ralentis et toujours les yeux fermés, je me laisse tourner et finis par m’arrêter, tendant le bras. « Par là ! » Je réouvre les yeux et même si ça tourne encore, je me rends compte qu’il s’agit du port et de la plage. « Allez, on va voir tes dauphins à la con. Viens Bud, Flipper doit t’attendre ! » Ok là d’un coup je dois avoir l’air folle avec mes références à un film pour enfants, vieux comme le monde qui plus est, mais je m’en tape complètement. Je viens chercher sa main et l’attire avec moi en direction du port, sans pour autant lâcher sa main.

Je comprends bien qu’entre choisir une robe de soirée et des fringues pour une journée de repos il y a une certaine différence, mais je persiste quand même à penser que vu la tendance de Cameron à aimer m’emmerder, elle prend un malin plaisir à me faire poireauter dès que l’occasion se présente. Quant au fait de s’habiller n’importe comment, je pense qu’on en a pas tout à fait la même notion, mais je ne fais aucun commentaire et me contente d’un simple haussement d’épaules. Je suis impressionné et pour une fois, qu’elle en profite, je l’admets sans détour. Elle m’a cloué le bec et visiblement c’est la seule récompense dont la jeune femme avait besoin, au moins elle ne va pas me donner un défi à la con, pas encore, pour me faire payer ma défaite. J’aime voir Cameron comme ça, ses sourires sont francs et spontanés, elle rit volontiers. Très franchement j’ai l’impression d’avoir en face de moi une toute autre personne que la grue capricieuse dont je dois assurer la protection. Je ne vais pas m’en plaindre, c’est plaisant, bien qu’un peu déroutant aussi je ne peux pas le nier. Je me fends d’un autre commentaire sur sa nouvelle tenue entièrement modifiée alors qu’à l’origine elle devait juste acheter une paire de chaussure. Si je dis ça c’est parce que ce short laisse ses jambes bien trop visibles pour moi… pensez que je suis une petite nature, mais on a pas idée d’avoir des jambes pareilles ! Je noie un peu le poisson en rajoutant que c’est probablement pour un peu plus de défi qu’elle a faut ça et je ne m’attendais pas ce que Cameron se justifie. A l’entendre cette tenue est du quasi n’importe quoi et ça m’amuse une fois encore, mais ce que je retiens c’est qu’avec cette démarche il y a son envie de me montrer une autre facette de sa personnalité et c’est flatteur. Elle n’est pas tout à fait du genre à se soucier de ce qu’on pense d’elle, joue volontiers les pestes et ce en tombant parfois dans la limite de la caricature, je suis donc clairement un privilégier. Je lui souris et hoche la tête « Tu portes plutôt bien la chemise à carreaux et le short troué… » pour pas dire carrément bien. Hum, j’ai pensé ça tout haut ? Apparemment oui.
Arrive le moment de faire un choix, pas le fort de Cameron de ce que j’en comprends et ça ne me surprend pas vraiment. Elle veut tout, a du mal avec l’idée de renoncer et c’est un point sur lequel je peux la comprendre. Le renoncement n’est pas une chose facile, je suis très bien placé pour le savoir. C’est ça journée c’est à elle que revient de choisir la suite du programme mais Miss McKenzie joue les indécises et préfère donner la réponse au hasard. Je la regarde avec un air interrogateur lorsqu’elle vient chercher mes mains et les croise tout comme les siennes. « Sérieux ? » dis-je en m’étonnant de cette méthode de choix plutôt atypique. Je devrais arrêter d’être surpris, c’est tout Cameron de ne rien faire comme tout le monde. C’est ce qui fait qu’elle est elle, unique, intrigante, attirante. Je me prête au jeu sans protester, encourager par cet air complice qu’elle m’adresse. Nous tournons, nous rions et tant pis son on passe pour des idiots ou des gamins. Pas de prise de tête spécialement aujourd’hui. Le rythme ralenti je rouvre les yeux et bien évidemment j’ai le tournis mais je continue de rire. Finalement Cameron s’arrête en pointant la direction de la plage, je suis encore en train de reprendre mes esprits que déjà elle m’entraine dans cette direction. Ah son impatience ! Voilà une chose qui ne change pas. J’écarquille les yeux en entendant ce à quoi elle fait référence. Flipper ? Elle connaît ça ?
Je reviens à sa hauteur, la regardant avec à la fois un regard intrigué et fasciné. Cette gamine est pas censée me surprendre, en tout cas pas de cette manière… mais force est de constater qu’elle ne fait que ça. Les choses sont déjà loin d’être simples ça ne va pas s’améliorer, pas pour moi. « Comment tu connais ça ? » c’est plus de ma génération que de la sienne, c’est d’ailleurs un peu à cause de Flipper que ma sœur et moi on a un petit coup de cœur pour les dauphins. Quand je disais que c’est un truc qui date de l’enfance c’était pas du bluff. J’ai toujours sa main dans la mienne à moins que ça ne soit l’inverse, j’en sais rien et on s’en fout, nous arrivons à l’endroit de départ des navettes qui permettent de visiter la baie. J’occupe des tickets et on m’informe qu’un départ est prévu dans un quart d’heure. « Tu comptes une nouvelle fois te changer à la vue de tous pour te mettre en maillot de bain? » dis-je avec un petit sourire en coin en pensant que cette fois je ne la laisserai pas faire. Pour elle bien sûr, même si elle n’est pas du genre pudique… ok peut-être un peu pour moi aussi, parce que j’ai pas tellement envie qu’on la mate. « Je finirais au bûcher si il y a ne serait ce qu’une photo floue de toi en train de te changer qui est volée. » faut bien que je justifie ça par une raison professionnelle même si il n’y à priori pas l’ombre d’un paparazzi depuis que nous sommes arrivés ici. Quinze minutes c’est court mais Cameron a prouvé qu’elle sait aussi être rapide quand elle veut, c’est donc fins prêts à une rencontre avec les dauphins qu’on se retrouve sur le bateau direction la baie.

Neal ne semble pas me reconnaitre, et je crois que j’aime ça, j’aime le surprendre, qu’il voit une autre facette de moi, de ma personnalité. Je n’aime pas tellement celle que je suis devenue avec ce boulot, et j’ai besoin de retrouver la Cameron que j’étais avant Vogue. Tout aussi peste, mais beaucoup moins prise de tête, pas la fille qui se prend au sérieux. Oh chieuse, ça, ça n’a pas changé. Je l’invite à m’aider à faire un choix en jouant une de mes scènes préférées de Titanic, et un peu de vertige plus tard, nous prenons la direction de la plage. « Comment tu connais ça ? » Je le regarde et arque un sourcil, amusée. « Je suis jeune mais pas inculte, si c’est ta question. Tout le monde a vu Flipper, j’ai aussi vu Sauvez Willy, Grease et Casablanca. » C’est juste pour lui signifier que je connais mes classiques, que même si ces films ne sont pas de ma génération, je ne regarde pas que les trucs qu’il imagine être de mon âge genre Twiligth ou je sais pas quoi, qui pour le coup ne m’intéressent pas. Une fois sur la baie, je lâche la main de Neal et mon regard balaie les environs avant que je ne lâche un léger soupir de bien-être, pendant que mon bodyguard s’en va chercher nos billets pour la balade en bateau. « Tu comptes une nouvelle fois te changer à la vue de tous pour te mettre en maillot de bain? » Je sursaute en l’entendant s’adresser à moi, je crois que j’étais partie dans mes pensées. Je lui offre un sourire amusé en retour au sien et hausse un peu les épaules. « Parce que tu es intéressé ou parce que tu as peur que quelqu’un d’autre que toi n’en voit un peu trop ? » Je le taquine, évidemment, et j’en prends même un malin plaisir. « Je finirais au bûcher si il y a ne serait ce qu’une photo floue de toi en train de te changer qui est volée. » Je lève les yeux au ciel, chassez le naturel il revient au galop. « Bien sûr oui, fais attention, je vais finir par croire que tu as réellement peur d’Iris ! » Je lui adresse un sourire cette fois un peu moqueur et lui fais signe de me suivre. Nous avons une petite dizaine de minutes. Je nous fais approcher d’un endroit où il y a un peu moins d’agitation. « Bon, faut que je le mette de toute manière, je vais pas plonger nue, sinon tu vas me taper sur les doigts. Donc… y’a plus qu’une solution. » Je retire ma chemise à carreaux et la lui tend pour qu’il puisse me cacher, au moins un peu. Lui aura vue sur tout, mais ce n’est pas la première fois. Je m’en amuse d’ailleurs, de le voir détourner le regard. « Pitié, ne fais pas celui qui est gêné, c’est pas comme si tu m’avais jamais vue à poil ! » Je me tortille pour enfiler ce bikini et avant de me rhabiller, je baisse les yeux sur mon accoutrement. « Ouais, t’as pas choisi le truc une pièce qui cachait bien la moitié de mon corps hein, t’as pris le truc le plus petit que t’as trouvé juste pour te rincer l’oeil ! Avoue ! » Il fait l’innocent, je sais pas si c’était voulu mais j’aime juste à le pousser dans ses retranchements, le mettre un peu mal à l’aise, l’emmerder jusqu’à ce que je finisse par vraiment le faire chier. Mais il l’a dit, cette journée c’est ma journée et je veux faire absolument tout ce qui me plaira, y compris le faire chier. J’enfile finalement mon short et mon débardeur par dessus mon bikini et lui reprends la chemise qu’il tenait entre ses mains pour me protéger du regard des autres. « Merci ! » Je me hisse sur la pointe des pieds et dépose un simple baiser sur sa joue avant de filer en direction des navettes qui nous mèneront voir les fameux dauphins. Je crois que je suis aussi excitée que lui. Le bateau démarre et je ne tiens plus en place, mes yeux balayant l’eau à la recherche d’une quelconque vie sous-marine. « Tu as demandé si on pourrait plonger avec eux ? » Voilà que je retrouve mon âge, le vrai, peut-être même plus jeune encore. Ça ne me va pas très bien de passer la journée à rien faire avec Neal. Ma main vient se poser subitement sur sa cuisse que je serre entre mes doigts. « Regarde ! Là ! » Je tends la main et mon index pointe quelques mouvements au loin, avant que la voix du guide ne nous indique l’endroit exact que je pointais. J’ai l’impression d’avoir 5 ans et de découvrir un nouveau monde, c’est dingue.

C’est pas que je prenne Cameron pour une inculte, mais Flipper c’est pas de première jeunesse… Ma surprise est légitime, non ? Je plaide coupable, je ne pensais pas que c’est son genre de connaître des classiques comme ceux qu’elle vient de me citer. Va falloir que j’arrête de m’étonner de tout avec cette nana ! Mais c’est sa faute… elle est bien plus surprenante qu’il n’y paraît. Je ne suis pas fan des clichés, cependant on ne peut pas nier qu’en jouant les divas insupportables à longueur de temps, ça donne envie de la considérer comme une coquille vide qui ne s’intéresse à rien d’autre que son nombril et les fringues. Bon c’est un peu caricatural, je l’admets. Je digère silencieusement mes découvertes au sujet de Cameron sur le trajet nous menant à l’endroit d’où parte les navettes. Je m’occupe des tickets et en revenant vers la jeune femme l’interroge sur la stratégie qu’elle compte mettre en place pour se changer cette fois-ci. Elle m’offre un sourire que je commence à bien lui connaître, et son regard rieur pour illuminé le tout. Est-ce que cette journée est vraiment une si bonne idée ? J’aurais le temps d’en débattre avec moi-même plus tard. Pour l’instant je m’occupe à garder une façade professionnelle là où en réalité mes attentions à l’égard de Cameron ne le sont plus franchement. Sauf si j’estime que c’est parce que j’ai totalement intégré le fait de la protéger elle et son image, qui fait que j’agis et pense ainsi. Forcément je lui tends une magnifique perche pour me taquiner sur ma peur d’Iris, je hausse les épaules « On l’appelle sans doute pas le dragon pour rien. » et peut-être bien qu’au delà des croyances de tous ce n’est pas juste pour son tempérament mais aussi pour une éventuelle tendance à la pyromanie ? Patience n’est définitivement pas le deuxième prénom de Cameron, d’ailleurs j’ai même pas fait attention si elle en a un.
Quoi qu’il en soit je n’ai pas le temps de réfléchir qu’elle s’en va en direction d’un coin plus tranquille et me tend sa chemise pour que j’en fasse un paravent de fortune. Je n’ai pas non plus l’occasion de lui dire qu’une des serviettes de bain dans mon sac offrira plus de surface masquée puisqu’elle est déjà en train de se déshabiller. Je détourne le regard par réflexe, à moins que ce soit pour ne pas me mettre trop à l’épreuve. C’est sans compter sur Captain Ovbious qui vient mettre les pieds dans le plat, je souris malgré tout amusé par sa remarque « C’est pas le bon moment pour te voir à poils. » parce que c’est m’exposer à la tentation tout simplement mais ça je le garde pour moi, il vaut mieux. On fait le même constat Cameron et moi, bien que pour ma part je ne fasse d’abord pas de commentaire, sur le maillot que j’ai emporté pour elle. J’affiche un air innocent et pour cause je le suis ! Je lève un peu les yeux pour le principe « J’ai demandé un maillot de bain, j’ai pas précisé quoi… j’imagine qu’elle a prit le premier qui venait. » je hausse les épaules « C’est pas grave, tu bronzeras bien. » ajoutais-je presque avec nonchalance. En réalité je suis simplement en train de me rendre compte que l’après-midi promet d’être à la fois intéressante et périlleuse, surtout me concernant. Je n’ai pas tout perdu, elle me remercie c’est un net progrès quand on sait combien j’ai dû batailler pour acquérir ce degré de politesse de la part de Miss McKenzie.
Le bateau s’éloigne du ponton et si bien entendu je suis impatient de voir des dauphins je crois que Cameron m’a dépassé en terme d’excitation à cette idée. C’est dans ces moments là que je me rends compte qu’elle a juste vingt et un ans, que c’est encore une gamine par moment. A cet instant je ne suis pas mieux, parce que mes yeux balayent les alentours eux aussi alors qu’elle m’interroge sur la possibilité de nager en compagnie des dauphins « Tu verras bien. » dis-je avec un sourire en coin en sachant très bien que la réponse est oui, nous pourrons. Elle m’interpelle alors, m’invitant à regarder au large et je vois du mouvement moi aussi. Les voilà les dauphins « à la con » comme elle dit si bien, mais j’ai la vague impression que mon petit mensonge est bel et bien oublié. Le bateau s’approche encore un peu avant que le moteur ne soit coupé. Les dauphins sont des mammifères de nature joueuse et curieuse, c’est eux qui s’approchent d’avantage, probablement habitués aux visites comme la notre. Ils sont encore à quelques mètres et on nous donne le feu vert pour nous mettre à l’eau si nous en avons envie. Inévitablement j’ai une pensée pour ma sœur, j’aurais aimé partager ça avec elle et je le ferai sans doute quand elle viendra me rendre visite ici… mais pour l’instant c’est avec Cameron que je vis ce truc assez dingue, un rêve de gamin que je réalise enfin et c’est presque étrange. D’ailleurs Miss Patience est déjà dans les starting-blocks prête à sauter à l’eau alors que j’ai juste eu le temps de retirer mon t-shirt et mes chaussures « C’est toi Bud en fait. » je lui adresse un regard amusé « Plonges, je te rattrape. » de toute façon je ne crois pas qu’elle m’aurait attendu... Je me mets à l’eau peu après elle et la rejoins non sans lui tirer sur le pied au passage juste pour le plaisir de l’emmerder. « Bon maintenant faut attendre qu’ils viennent nous voir. C’est ce que le guide à dit, généralement c’est pas très long. » et effectivement il ne faut pas bien longtemps avant que nous soyons rejoins par les dauphins. Ça y est j’ai à peu près dix ans… « Te barre pas avec, hein ? » dis-je à Cameron en constatant qu’elle est tout aussi fascinée que moi voire même plus.

« C’est pas le bon moment pour te voir à poils. » J’arque un sourcil, c’est vrai qu’il y a des moment plus opportuns pour offrir ma nudité au jeune homme, et aujourd’hui, en plein milieu de la rue, c’est pas le meilleur endroit. Mais j’aime le fait qu’il sous entende ne pas forcément être contre me voir nue. Je le taquine sur le choix du maillot et il se défend instantanément, par peur sûrement que je crois vraiment aux bêtises que je débite. « J’ai demandé un maillot de bain, j’ai pas précisé quoi… j’imagine qu’elle a prit le premier qui venait. C’est pas grave, tu bronzeras bien. » Je lui souris, plus amusée qu’autre chose, et finis de me vêtir pour qu’il puisse relâcher ses muscles tendus et ses regards stressés aux alentours. Rapidement nous montons dans le bateau et il est vrai que je suis excitée comme une puce. Sûrement autant que lui, mais moi ça se voit plus. Disons que j’assume un peu plus que lui d’être euphorique à l’idée d’aller voir ses dauphins à la con. Je l’ai toujours taquiné sur ce point, mais au fond, je crois que j’en avait envie autant que lui. Il laisse planer le doute quant au fait qu’on pourra ou non plonger avec les mammifères marins, et je garde mon regard ancré au loin pour apercevoir ces créatures joueuses. Le guide nous annonce que nous avons le droit de nous mettre à l’eau et je ne tarde pas à retirer mon short, mes chaussures et mon débardeur. « C’est toi Bud en fait. » Je me tourne vers lui, le regard pétillant et un sourire enfantin collé au coin des lèvres. « Plonges, je te rattrape. » Je ne me fais pas prier et plonge dans l’eau la tête la première, ressortant un peu plus loin. Neal cherche encore à me taquiner et je lui envoie de l’eau au visage pour rétorquer, bon enfant. « Bon maintenant faut attendre qu’ils viennent nous voir. C’est ce que le guide à dit, généralement c’est pas très long. » Je hoche la tête, pour une fois je sais me plier aux ordres, lorsqu’il s’agit d’animaux, je suis plus respectueuse qu’avec les humains. Voilà que les dauphins approchent, visiblement habitués à la présence des humains. Large sourire aux lèvres, je laisse glisser mes doigts sur leur peau, tournant sur moi même de mes jambes qui bougent pour me tenir à la surface. « Te barre pas avec, hein ? » Je laisse échapper un rire. « Si y’en a un qui m’emmène, je me laisserai porter. Ça te fera des vacances ! » Je lève les yeux pour regarder le jeune homme entouré de ces créatures marines qu’il semblait tant apprécier. Le sourire plaqué sur ses lèvres est singulier, c’est la première fois que je le vois de cette manière, et je crois que je le trouve encore plus beau. Nous partageons là un moment vraiment unique, et je suis heureuse de le partager avec lui. La rencontre touche à sa fin et nous devons remonter à contre coeur sur le bateau. Un photographe était présent comme à chaque balade touristique, et nous donne le droit de visionner les photos une fois rentrés au port, pour acheter des tirages si on le désire. Je le remercie et Neal me tend une serviette. « Tu as pensé à tout ! » Je souris de plus belle et m’approche de lui pour déposer un baiser sur sa joue. « Merci ! » Décidément, les merci vont bon train aujourd’hui, ça ne me ressemble pas tellement, mais il a fait beaucoup d’efforts pour que tout soit parfait, je peux bien en faire aussi. Une fois sur le port, nous choisissons quelques photos à imprimer que Neal insiste pour payer, puis nous les regardons à nouveau avant de les mettre dans son sac. « On va faire un tour en ville ? Je crois que j’ai faim… » Oui, j’ai toujours faim, et il est connu que les émotions, ça creuse.

Ce rêve de voir des dauphins je le traine depuis l’enfance, à l’époque où avec ma sœur on regardait Flipper en se disant qu’un jour nous aussi on pourrait nager avec eux. Il est certain que ce moment j’aurais voulu le partager avec elle, mais j’ai appris au fil du temps qu’on ne sait jamais de quoi demain sera fait alors j’ai saisi cette opportunité. Mais je pense à elle et imagine déjà réitérer l’expérience en sa compagnie lorsqu’elle me rendra visite ici en Nouvelle-Zélande. J’espère en tout cas que nous aurons l’occasion de le faire, parce que ce moment que je vis est unique. Je suis fasciné par ce manière qu’on les dauphins de chercher le contact, l’interaction avec nous bipèdes terrestres. Cette nouvelle image que Cameron me donne d’elle est d’autant plus authentique en présence de ces animaux. Elle ne triche pas, et la réciproque est valable me concernant. C’est une parenthèse où seul le présent compte. Je ne suis pas le mec le plus expansif du monde, plutôt réservé et dans ma bulle c’est plus facile de savoir quand je suis contrarié que lorsque je suis vraiment heureux. Mais là je le suis et je ne m’en cache pas. Le seul problème avec les bonnes choses c’est qu’elles ont toujours une fin et que celle-ci semble toujours arriver bien plus rapidement que pour les mauvaises. Il est temps de regagner le bateau mais c’est avec des souvenirs pleins la tête que je remonte à bord. Finalement aucun dauphin n’a emmené Cameron avec lui, dommage ce n’est pas encore aujourd’hui que je vais avoir des vacances. Enfin, la vérité c’est que c’est peste serait bien capable de me manquer…
Jouant mon rôle d’organisateur de la journée avec zèle je tends une serviette à la jeune femme et elle s’étonne d’autant de prévoyance de ma part avant de me remercier une nouvelle fois. Je crois qu’en une journée ça fait plus que depuis que je bosse avec elle… mais je ne vais pas m’en plaindre. « De rien. » soufflais-je tout en me séchant, encore un peu dans ma bulle. En bon touriste british je joue le jeu en achetant une photo souvenir, j’en offre une à Cameron, j’y tiens. Peut-être juste pour qu’elle garde un bon souvenir de cette journée d’anniversaire même si c’est un jour qu’elle ne célèbre jamais. Je range soigneusement les photos dans mon sac, remets mes lunettes de soleil et suis parfaitement opérationnel pour le reste du programme. Je souris à la proposition faite par Cameron « J’aurais dû lancer les paris… », elle a tout le temps faim et je pense que si bons nombres de femmes doivent la détester pour sa plastique avantageuse, certaines auraient envie de l’étriper en sachant tout ce qu’elle bouffe sans prendre un gramme. « Allons y ! » dis-je en me mettant en marche, les mains dans les poches et la tête un peu ailleurs. Je crois que cette journée, ce que l’on partage en ce moment elle et moi me perturbe d’avantage que le fait qu’on ai couché ensemble. Parce que l’attirance physique c’est chimique, le désir c’est primaire, bestial et finalement y céder c’est juste être un peu trop faible. Mais cette complicité ? Ce que je découvre de Cameron… c’est tout sauf quelque chose contre quoi on peut lutter dès lors que ça s’insinue dans votre esprit.
Je sors de mes pensées, il y a de plus en plus de monde et d’animation à mesure que l’on s’avance dans la rue principale de la ville. Des effluves de nourriture embaument l’air ambiant et je doute que ça arrange la fringale de Miss McKenzie « Qu’est-ce qui te fais envie ? » questionnais-je avec curiosité « Un truc bien copieux j’imagine. » taquin je me mets à rire, je ne me suis toujours pas remis de la toute première fois où j’ai assuré sa protection et qu’on a été au fast-food. « T’auras pas de mal à manger plus que moi, j’ai pas super faim. » c’est étonnant ou pas tant que ça. La jeune femme se décide et il y a un peu d’attente avant de pouvoir passer commande et être servis. J’observe la foule, par habitude et déformation professionnelle mais ça me fait du bien de voir qu’il y a une bonne ambiance qui règne ici. Les gens passent des moments en familles, entres amis, il y a de la vie tout simplement. Mon regard se pose sur une gamine d’une dizaine d’année à trois mètres de nous, qui observe Cameron. Elle interpelle sa mère et la montre du doigt « Je l’ai vu dans ton magazine. » chuchote t’elle à l’intention de sa mère, la quadragénaire lui sourit et secoue la tête. Ça me fait sourire et j’attire l’attention de Cameron sur la scène, frôlant son bras « T’as entendu ? L’idole des jeunes. » je ris légèrement moqueur, parce que je trouve ça à la fois mignon et drôle, qu’une gamine de dix ans la reconnaisse. Bon vu comment est sapée sa mère pour venir passé une journée à une fête comme celle là j’ai aucun doute sur le fait qu’elle ai le Vogue de chaque mois à sa disposition.

Neal s’empresse de se foutre de moi quand je parle à nouveau de bouffe. Faut dire que je suis un gouffre à nourriture, pendant un moment je me suis demandé si j’avais pas une maladie ou un truc du genre vers solitaire, un truc bien dégueulasse. Mais non, les médecins disent juste que je me dépense suffisamment pour avoir besoin d’avaler autant. Heureusement, je ne mange pas toujours de la merde, sinon je pense que je n’aurai pas cette ligne. Je fais des envieuses, j’en suis consciente, et ça me plait bien. Quand j’étais plus jeune, je ne voulais surtout pas qu’on me remarque j’étais la gamine paumée, rebelle mais qui se planque derrière un personnage par peur qu’on voit son vrai visage, qu’on connaisse ses travers et ses failles, qu’on apprenne qu’elle ne vivait qu’avec son père alcoolique et limite violent à certains moments. Aujourd’hui, j’assume beaucoup plus qui je suis, sans chercher à dévoiler ce qui a fait mon passé et les blessures qui sont encore difficilement camouflables. J’essaie de chasser ces pensées de ma tête pour profiter de cet instant avec Neal, je ne pensais pas qu’un jour on pourrait vivre une journée sans se hurler dessus ou sans que je lui fasse les pires crasses du monde. Juste deux être humains, des sourires et une impression de se sentir juste bien, à sa place. « Qu’est-ce qui te fais envie ? Un truc bien copieux j’imagine. » Neal rit et je l’accompagne en hochant la tête. « Très juste mon capitaine ! » Je regarde à droite à gauche ce qui pourrait bien me faire envie, et ces odeurs me mettent d’autant plus en appétit. « T’auras pas de mal à manger plus que moi, j’ai pas super faim. » Je me tourne vers le jeune homme en fronçant les sourcils. « Ça va pas ? » Il préfère ne pas répondre, gardant le mystère tout autour de lui, et je me contente de hausser les épaules, ne voulant pas plomber l’ambiance. Je choisis mon repas et Neal achète un petit quelque chose pour lui aussi, puis nous attendons d’être servis alors que le jeune homme, par déformation professionnelle j’imagine, passe des heures à scruter la foule. Je ne vois pas bien ce qu’on pourrait me vouloir dans un petit patelin paumé comme celui-là. « T’as entendu ? L’idole des jeunes. » Je frissonne au frôlement de sa main sur mon bras, avant de me reconnecter à la réalité. « Hum ? » Neal me fait un signe de tête en direction d’une petite fille qui à mon demi-tour, se cache derrière ce qui semble être sa mère. Un pincement au coeur me rappelle à quel point ma mère me manque, et j’esquisse un fin sourire en retour à celui de la maman. « Ma petite Daphne vous a reconnue, elle dit vous avoir vue sur les magazines que j’ai l’habitude de lire. » Je souris de nouveau, parce que c’est mignon, même si bon, j’aime pas trop les gamins. Je tends la main à la petite fille pour la lui serrer en faisant remuer son petit bras. « Enchantée Daphne, moi c’est Cameron ! Je suis ravie d’avoir fait ta connaissance ! » Elle rit un peu, devenant rouge comme une pivoine, et je me retourne pour que nous récupérions nos repas, et allons nous asseoir un peu plus loin sur un banc libre en plein soleil. Je pose mes lunettes sur le bout de mon nez et commence ça manger. « C’est fou, on peut être tranquille nulle part. J’imagine même pas les acteurs ou ce genre de truc. » Je soupire un peu et continue mon repas alors que je sens Neal un peu distant. « Eh ! Si c’est pour faire la gueule on rentre hein ! C’est quoi ? Tes dauphins qui te manquent ? » Je me tourne vers lui et viens poser mes jambes sur les siennes. « Tiens, si tu t’ennuies, tu peux masser mes pieds, ils aiment plus les chaussures plates. » Je lui offre un sourire éclatant de petite peste comme il adore. Mais cette fois, c’est une manière de l’emmerder mais de façon plutôt mignonne.

Cette nana est un ventre sur pattes, elle arrive sans problème à manger plus que moi et cette fois là ne fera pas exception étant donné que me concernant l’appétit n’est pas trop au rendez vous. Forcément une telle remarque fait s’interroger Cameron sur mon état et je hoche la tête en esquissant un sourire, rien de plus. Je suis encore un peu ailleurs, sûrement au milieu de l’eau avec les dauphins en peinant à renouer avec la réalité. Pourtant en observant les alentours je sais que je suis bien là, en train d’attendre notre commande. C’est plutôt inhabituel tant de silence entre la jeune femme et moi, en temps normal on se serait déjà envoyé une ou deux piques juste pour le principe. Je crois qu’elle est très occupée à gérer sa faim pour ça et de mon côté je ne sais pas trop ce que j’ai à gérer et à vrai dire je ne préfère pas y penser. Mon attention est capté par une gamine qui interpelle sa mère à propos de Cameron. Ça me fait rire, elle est bien jeune pour la reconnaître et pourtant elle n’en démord pas. Je sollicite la jeune femme qui n’a rien remarquer. Elle échange quelques mots avec la petite qui a l’air ravie et moi je continue de me marrer intérieurement. L’égérie de Vogue NZ, idole des 8-12 ans ! Nous récupérons notre repas et je suis la mannequin qui décide de s’asseoir sur un banc au soleil. A peine assis je n’ai pas le temps de croquer dans mon wrap qu’elle se plaint de ne pouvoir jamais être tranquille nul part. J’hésite entre éclater de rire et lui donner raison, mais c’est son jour alors j’opte pour la seconde option sans grand conviction je l’admets « Hum… ouais c’est sûr. ».
Le regard un peu dans le vague, et bien plus silencieux qu’à mon habitude je m’attire malgré moi les foudres de Cameron qui me sort de mes pensées en m’accusant de faire la gueule. « Mais… » je n’ai pas le temps d’argumenter quoi que ce soit que ses jambes se posent sur les miennes accompagné d’une proposition pour me rendre utile si jamais je m’ennuie. Comme elle est aimable ! Cameron sourit, comme la petite peste qu’elle est, et malgré tout je la trouve adorable. Bordel de merde. Je soupire et lève les yeux bien que masqués par mes lunettes de soleil « Même pas en rêve, j’toucherais pas tes pieds. » je pose sur les concernés un regard dubitatif « Une chose est sûre t’es pas mannequin de pieds… vaut mieux qu’ils restent bien cachés ces deux là. » je la taquine, ses pieds n’ont rien de spécial ni de particulièrement affreux mais faut bien la faire redescendre un peu de son piédestal. « Et sache que je ne fais pas la gueule Miss jamais-tranquille-nul-part. » je lui adresse un regard malicieux « Je savoure ma tranquillité, c’est tout. Rien à voir avec les dauphins à la con. » je ne sais pas si j’ai bien fait de divulguer ça parce que c’est le genre de truc qui risque de me poursuivre, la connaissant un peu. Ma main libre glisse le long de l’une de ses jambes sans même que je ne me rende vraiment compte de mon geste « Ça va, tu es bien installée ? » dis-je en la regardant par dessus les verres teintés de mes lunettes.
Je termine de manger avant elle et étends mes bras sur le dossier du banc, fermant les yeux en profitant de la douce chaleur du soleil sur moi. « T’as carte blanche jusqu’à vingt deux heures Cendrillon. Après tu te retransforme en citrouille et je redeviens le chef. » je sais bien qu’en présentant les choses ainsi je m’expose à des protestations de la part de Cameron, mais elle ne se gêne pas pour me taquiner et je mentirai en disant que je n’adore pas faire de même. J’ignore ce qu’elle peut avoir envie de faire maintenant, une option sieste m’irait parfaitement tellement je me sens bien, j’ai l’impression d’être en vacance. Mais j’ai promis d’être docile et de me plier aux volontés de Miss McKenzie sans sourciller.

Lorsque je me la joue fausse diva, je sens que Neal a envie de se foutre de moi, et pourtant il ne le fait pas, je suis presque frustrée. Je ne sais pas ce qui lui arrive, mais s’il essaie simplement de se taire pour me faire plaisir, ça ne marche pas tellement. Je préfère quand il marmonne, qu’il grogne et même quand il grommelle. Alors je me dois de le réveiller un peu, le trouvant molasson à mon goût. Je ne sais pas à quoi il penser, mais aujourd’hui, il l’a dit, c’est mon jour, et je veux qu’il soit présent, pas dans la lune. Alors je m’efforce de l’emmerder comme j’en ai le secret, venant chercher son attention en posant mes pieds sur ses jambes. « Même pas en rêve, j’toucherais pas tes pieds. » J’arque un sourcil, mâchant énergiquement la grosse bouchée de nourriture entre mes dents. « Une chose est sûre t’es pas mannequin de pieds… vaut mieux qu’ils restent bien cachés ces deux là. » J’ouvre grand les yeux, choquée de ce qu’il vient de dire, et agite mes pieds sur ses jambes pour continuer de l’emmerder. Je ne prends pas le temps de terminer ma bouche et parle alors qu’elle est encore pleine. « Je t’interdis ! Excuse-toi auprès d’eux ! Ils sont parfaits ! » Cette fois je m’adresse à mes pieds en jouant la folle alliée. Il a l’habitude. « Ne l’écoutez pas, vous êtes toujours plus beaux que sa tête de petit con ! » Cette fois je le regarde en plissant des yeux, faussement menaçante, ce qui semble le faire rire, et qui attire donc un sourire au coin de mes lèvres. « Et sache que je ne fais pas la gueule Miss jamais-tranquille-nul-part. Je savoure ma tranquillité, c’est tout. Rien à voir avec les dauphins à la con. » Je me contente de hocher la tête, faisant mine de l’écouter sans trop l’écouter. Pourtant je suis attentive à ce qu’il me raconte, mais je tien à garder une certaine dignité, quand même. Je sens la main de mon bodyguard se poser sur mon tibia et tout naturellement il fait glisser ses doigts sur ma jambe, comme s’il l’avait toujours fait. Je me mets à frissonner mais tente de faire mine de rien. « Ça va, tu es bien installée ? » Un sourire, franc et sincère. « J’ai pas à me plaindre ! » surtout ses petites caresses qui me plaisent particulièrement je dois bien avouer. « T’as carte blanche jusqu’à vingt deux heures Cendrillon. Après tu te retransforme en citrouille et je redeviens le chef. » Je ne peux me retenir de rire alors que heureusement je viens de terminer mon repas. « Je ne suis ni une princesse, ni une citrouille, et toi encore moins le chef ! » Je retire mes jambes de sur les siennes et fais claquer mes mains à plat sur mes cuisses comme pour donner le top départ. « Allez go, avant qu’on s’endorme ! Je veux parfaire mon bronzage ! » Je me lève et l’incite à en faire de même pour me suivre. « Tu as dit que j’avais plusieurs bonus, est-ce que j’ai le droit de demander un massage ? » Je me tourne vers lui en lui adressant un sourire mutin, de ceux qu’il adore j’en suis certaine. « Et la soirée c’est quoi ? Tu m’emmènes où ? Faut que je m’achète une tenue correcte ? » J’ai envie d’être chiante, pour changer. Mais chiante mignonne, enfin c’est ce que j’essaie, c’est pas toujours facile. Nous arrivons rapidement sur la plage et je me déshabille à nouveau, j’avais encore mon maillot en dessous, et je ne perds pas de temps pour aller courir vers l’eau et plonger comme une enfant. Il n’y a pas grand monde, ce qui est assez étonnant. Neal me rejoint et sans tarder je l’éclabousse avant qu’il n’ait fini de s’introduire dans l’eau. Mon rire enfantin raisonne et le sourire que ce dernier appelle sur ses lèvres est un plaisir des plus agréables.

Je suis totalement en mode farniente, je crois que je n’ai jamais réussi à être aussi détendu et calme en présence de Cameron. Elle fini même par penser que je fais la gueule, alors que non je suis simplement un peu absent, l’esprit apaisé et bien content de passer une journée tranquille, une vraie. Je comprends que la jeune femme puisse être un peu déstabilisé, à vrai dire je me surprends moi-même d’être aussi zen, ça fait des lustres que ça ne m’est pas arrivé. Néanmoins je n’en perds pas mon sens de la répartie surtout quand il s’agit de contrer Cameron et ses lubies étranges. Un massage des pieds ? Je suis son garde du corps par son domestique ! Je diabolise alors ses pieds, décrétant qu’ils sont beaucoup trop moches pour que j’y touche. Notre échange de piques se fait sur le ton de l’humour en mettant à profit cette complicité qui pour une fois a tout l’air de se maintenir. Pour combien de temps ? Jusqu’à la fin de cette journée au minimum, je l’espère. Sachant pertinemment que ce n’est sûrement qu’éphémère j’en profite, ce soleil et l’ambiance qui règne ici contribuant très largement à me mettre de bonne humeur. Ça et puis Cameron, aussi étrange que cela puisse paraître alors qu’elle a une faculté inouïe à me faire entrer dans une colère sombre en un rien de temps. Sa compagnie m’est plus qu’agréable, pourtant je sais que je ne dois pas y prendre trop goût. Je me projette déjà dans le futur en signalant que la carte blanche lui est laissée jusqu’à vingt deux heures seulement, après quoi je reprendrais les rênes de cette sortie surprise. Elle rit provoquant chez moi un rictus que je veux discret. Visiblement motivée par les limites que je viens de poser, Cameron décide de la suite du programme sans aucune hésitation, ça sera séquence bronzage sur la plage et ça me convient parfaitement. « Ok Blanche-Neige. » dis-je en me levant, elle a raison j’aurais été capable de m’endormir là.
S’il y a une information qui n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, c’est qu’elle bénéficie de quelques bonus. Et c’est avec un sourire beaucoup trop fourbe à mon goût que Cameron me questionne sur un éventuel massage auquel elle pourrait avoir le droit « Faut que je regarde si c’est sur la liste des bonus possibles. » répondis-je avec un air faussement sérieux, la dite liste n’existant absolument pas. L’interrogatoire se poursuit, cette nana est beaucoup trop curieuse… une vraie gamine. « Si je te le dis ça ne sera plus une surprise et non t’as pas besoin de t’acheter une autre tenue. » je n’ai pas l’intention de divulguer un seul indice, c’est tout ce qu’elle saura et le reste arrivera en temps voulu. Heureusement pour moi nous arrivons à la plage, étrangement calme et peu fréquentée ce qui est une très agréable surprise. En moins de temps qu’il me faut pour poser mon sac à dos au sol, Cameron est déjà en train de se déshabiller pour aller se baigner. Je quitte mon t-shirt, mes chaussures et mes lunettes de soleil avant de m’avancer à mon tour vers l’eau. J’ai à peine de l’eau au niveau du nombril que déjà la jeune femme m’éclabousse, quelle peste ! Et ça la fait rire en plus… ce à quoi je ne peux pas vraiment résister, un sourire étirant mes lèvres. Bien décidé à me venger je plonge à mon tour et me retrouve à sa hauteur. Je tourne autour d’elle un peu à la manière d’un requin qui repère sa proie et ressort de l’eau dans son dos passant un bras autour de sa taille « Est-ce que tu sais ce que je fais aux emmerdeuses qui m’éclaboussent ? » dis-je à son oreille rapprochant mon corps du sien. « Je leur… » mon autre main passe de sa taille à sa cuisse « … fais payer ! » rapidement je la soulève et la balance plus loin dans une vague. Je suis hilare quand elle réapparait, les cheveux un peu en vrac après ce petit vol imprévu « Je te donne huit pour le style en vol, neuf pour l’atterrissage. » je ne me défais pas de mon air taquin, et je sens que je vais subir une revanche dans peu de temps.

Je cherche à en savoir plus sur ce à quoi j’ai le droit pour ce soir, les bonus, et la soirée qu’il me réserve. Parce qu’entre nous, je n’ai jamais été du genre vraiment patiente, je dois bien avouer. Je fais toujours des pieds et des mains pour connaître les surprises quand je sais qu’il y en a une. Mais j’ai peur de comprendre que Neal ne me laissera pas lui faire tout un fromage pour savoir ce qu’il m’a réservé. Alors au lieu de ça, je lui fais les yeux doux pour qu’il m’offre un des bonus que je choisis moi-même. Un massage. J’en rêve. Surtout avec ses mains à lui, mon dieu. Ok, non, ne surtout pas imaginer, penser, réfléchir. Je me racle légèrement la gorge et nous prenons le chemin de la plage où je lui ai proposé qu’on aille se dorer la pilule. Il a l’air d’avoir envie de faire une sieste, papy. Nous retrouvons rapidement le sable chaud et je suis heureuse de voir qu’il n’y a pas beaucoup de monde. L’idée, c’est de passer du bon temps, et le début de la journée a été un vrai plaisir, contre toute attente. Je me rue directement vers l’eau comme une enfant, et ne tarde pas à éclabousser le beau gosse qui s’apprêtait à entrer dans l’eau à son tour. J’essaie de tout faire pour ne pas trop loucher sur son corps d’apollon, mais c’est difficile. J’en profite pour continuer de l’arroser, riant de plus belle. Mais voilà qu’il disparait sous la surface de l’eau, et je le perds presque de vue jusqu’à ce qu’il commence à me tourner autour en jouant au parfait petit requin. Il me fait pas peur, mais son regard presque prédateur me donnerait limite des sueurs froides, mais pas dans le sens qu’on pourrait croire. C’est interdit d’être aussi sexy. Pas le temps de tourner la tête qu’il sort de l’eau dans mon dos, entourant mon corps de ses bras musclés. « Est-ce que tu sais ce que je fais aux emmerdeuses qui m’éclaboussent ? » Je ris et fais glisser mes mains sur son avant bras, sûrement un peu trop tendrement au vue des circonstances. « Je leur… fais payer ! » Pas le temps de de prendre une once de respiration qu’il m’attrape déjà de manière à me porter et me jeter un peu plus loin. Manquant de boire la tasse, je remonte vite à la surface, les cheveux sur le visage, l’air d’une héroïne de dessin animé comique, le regard fusillant la source de mes tourments. « Je te donne huit pour le style en vol, neuf pour l’atterrissage. » Sourcils froncés, je souffle exagérément comme un taureau en colère, et me rue sur lui en courant - enfin du mieux que je peux avec l’eau dans les pattes. Je tente de le faire couler en appuyant sur sa tête, ses épaules, mais il est tellement costaud à faire le piquet que je n’arrive à rien. Je lui grimpe carrément sur le dos, sur les épaules, mais bien sûr il me fait tomber. « C’est dégueulasse ! J’ai pas un adversaire à ma hauteur ! » Je fronce mon nez dans une grimace boudeuse tout à fait adorable. Une idée germe dans ma tête pour me venger, et un rictus étire mes lèvres. A son regard, je vois qu’il comprend qu’une idée vient de naître dans mon cerveau tordu. Je me glisse un peu plus sous l’eau en m’accroupissant, juste une seconde, et je ressors de l’eau, accroché au bout de mon index, mon maillot de bain. Le haut, et le bas. J’arque un sourcil, le provoquant du regard, et je jette le maillot plus loin, derrière moi à quelques bons mètres. « Je peux pas te couler, mais je peux toujours te faire nager. Si je sors de là nue, tu vas être obligé de me cacher par je ne sais quel moyen… » Un sourire machiavélique et parfaitement joueur, je le regarde, attendant qu’il réagisse à ma provocation.

Peu importe les stratagèmes que Cameron pourra utiliser je n’ai pas du tout l’intention de lui donner d’informations sur le programme de la soirée. Je sais que je mets son impatience à rude épreuve en faisant cela, mais elle commence à me connaître assez pour savoir combien je suis buté moi aussi. Et puis à quoi bon penser à ce soir alors qu’il nous reste plusieurs heures dont nous pouvons profiter ? Chaque chose en son temps, ce qui pour l’instant nous amène à une session baignade… ou plutôt chahutage. Cameron m’éclabousse, riant comme la sale gosse qu’elle est et je ne tarde pas à me venger en usant sa scrupule de mes avantages en matière de force physique. C’est un peu une sorte de rêve qui devient réalité de la voir planer un court instant au dessus de l’eau, jusqu’à l’impact mais le plus beau reste son allure lorsqu’elle revient à la surface. Combien de fois j’ai souhaiter la balancer comme ça ? Un bon nombre, je l’avoue et pour cause la jeune femme sait mettre mes nerfs à rude épreuve. J’ai réveillé le démon je le sais bien, dire que je ne l’ai pas un peu cherché serait un mensonge et je m’amuse de son allure de taureau enragé. Elle me charge, et je pare ses tentatives de me couler je dois lui reconnaître de la persévérance malgré l’inefficacité de ses gestes. Je ris ce qui l’agace encore un peu plus de ne pas parvenir à me faire plier « On combat pas dans la même catégorie McKenzie, c’est comme ça. » répondais-je alors qu’elle se plaint du caractère injuste de ce rapport de force déséquilibré. C’est un peu David contre Goliath – en beaucoup plus sexy – et j’ai comme l’impression qu’elle aussi va avoir recours à la ruse plutôt que de continuer à me prendre de front. Ce rictus étirant ses lèvres, me fais comprendre tout de suite qu’une idée vient de traverser son esprit. Je n’aime pas ça.
Mes sourcils se froncent légèrement, je l’observe avec une certaine perplexité alors qu’elle s’accroupit en se tortillant légèrement avant de se redresser, petit air triomphale flottant sur son visage de peste. Au bout de son doigt son maillot, en arrière plan son air provoquant et face à elle mon air surpris. Les deux pièces de tissus finissent derrière elle, je hausse les sourcils et ne peux m’empêcher de rire quand elle me pose son petit ultimatum. Je plains James Bond qui fait face à ce genre de situation à chaque nouvel opus. « Tu mets en action le côté canin de ma fonction ? » j’arque un sourcil, pas encore décidé quant à ma bonne obéissance sur ce coup là. Mais Cameron a mit le doigt sur la problématique majeure de cette situation, si elle sort nue je vais devoir la cacher. A t’elle vraiment besoin de sortir ? Son attitude provocante me fait toujours de l’effet, parfois celui de m’énerver profondément et dans un autre temps elle éveille en moi bien d’autres émotions. « Je ne travaille pas aujourd’hui… » et pourtant je me suis comporter toute la mâtiné comme si c’était le cas, la protéger Cameron ainsi que son image étant devenu comme une seconde nature. « T’as vraiment envie de sortir de l’eau maintenant ? » la questionnais-je tout en m’approchant d’elle. D’un regard rapide je juge de la distance nous séparant de son maillot, ça serait con qu’il prenne un peu trop le large à cause des vagues. La frôlant au passage je me mets à nager dans cette direction et le récupère sans difficulté.
Je rejoins à nouveau Cameron sans pour autant lui rendre son maillot de bain « L’idée de te voir nue ne me déplait pas, tu le sais. » je lui offre un sourire malicieux, ma main libre se posant sur son épaule la caressant avant de se diriger doucement vers sa poitrine « J’aurais tort de m’en privé en plus, non ? Une si belle vue… ». Mon bras passe autour de sa taille et je rapproche nos deux corps « L’avantage c’est que dans l’eau tu es à l’abris des regards… mais que je peux quand même en profiter. » j’ai vraisemblablement abandonné toute idée de résistance face à cette attirance qui me ronge. Je peux toujours dire que je ne suis qu’un homme après tout, et ayant déjà cédé deux fois je n’ai plus grand chose à sauver en terme de volonté. Je caresse l’un de ses seins, mes lèvres frôlent les siennes sans pour autant que je ne l’embrasse, je ne ferais pas ce dernier pas vers l’abandon total de la raison. Car c’est ça mon problème avec Cameron, elle fait me fait perdre pied, m’abandonner.

Le petit jeu que nous jouons tout les deux me plait beaucoup, j’ai bien peur de ne jamais me lasser de sa compagnie, et c’est bien ce qui m’inquiète le plus. Lorsque je suis avec lui j’oublie tout, et j’oublie surtout Iris, ce qui est beaucoup. Mon rire raisonne, lié au sien avant qu’il me balance un peu plus loin. Je n’en n’ai pas fini avec lui et je ne compte pas le laisser me martyriser. Pas question de me laisser faire. Et puisque je n’ai pas les épaules pour faire le poids contre lui, je décide de jouer d’une toute autre manière, me retrouvant rapidement nue sous l’eau claire. « Tu mets en action le côté canin de ma fonction ? » Je souris de plus belle, amusée par sa réaction, mais je vois bien qu’il fait tout ce qu’il peut pour ne pas chercher à regarder sous l’eau. Pour le moment. « Je ne travaille pas aujourd’hui… » A mon tour de hausser un sourcil, provocatrice comme à mon habitude. « Bon, d’accord. Tu t’en remettras à Iris quand elle verra les photos de moi nue dans les magazines. » Je fais un pas en avant comme pour lui faire croire que je vais sortir, mais je reste volontairement dos à la plage, au cas où les paparazzi aient envie de photographier quelque chose, ils n’auraient que mon dos nu. « T’as vraiment envie de sortir de l’eau maintenant ? » Je plisse un peu les yeux et reste immobile le temps qu’il aille chercher mon maillot de bain un peu plus loin. « L’idée de te voir nue ne me déplait pas, tu le sais. » Un mince sourire étire mes lèvres. Oui, je le sais, et j’aime en jouer. Je reste pour le moment immobile, ma poitrine encore quasiment couverte en totalité par l’eau, bien que les vaguelettes la découvre parfois d’avantage. Je sens la main de Neal couvrir mon épaule avant de se diriger plus bas vers ma poitrine. Je frissonne à son contact mais tente de ne rien laisser paraitre. « J’aurais tort de m’en priver en plus, non ? Une si belle vue… » Il m’approche de lui sans que je ne puisse rien dire, rien faire, et de toute manière, je n’ai aucune envie de l’empêcher d’approcher mon corps du sien. « L’avantage c’est que dans l’eau tu es à l’abris des regards… mais que je peux quand même en profiter. » « Tu en as de la chance… » Je ne lâche pas son regard, le dévore même avant qu’il n’approche ses lèvres des miennes sans pour autant m’embrasser. Mes mains se glissent sur son torse nu et je tressaille déjà sous l’envie qui se fraye un chemin en mon for intérieur. Je profite de cette proximité pour caresser son buste et je ne tarde pas à sentir son envie devenir plus pressante, ce qui me fait sourire. « Dites-donc monsieur Lohnsbury… je ne savais pas que les anglais étaient aussi portés sur la chose. » Je ris un peu et glisse ma main un peu plus vers le sud pour frôler volontairement son entre-jambes. « Ne te fais pas d’illusions, je cherche juste mon maillot de bain. » Je souris d’avantage et ne tarde pas à venir chercher ses lèvres pour partager un baiser plus langoureux que je ne l’avais imaginé. Il m’est complètement impossible de lui résister de toute manière, j’ai arrêté d’essayer il y a déjà bien longtemps. Nos corps se retrouvent un peu plus pressement, nos langues se mêlent et mes doigts se faufilent déjà dans la nuque puisque j’ai cru comprendre que ça lui faisait totalement perdre pieds. Je n’ose pas lui dire à quel point nous sommes à deux doigts de réaliser un de mes fantasmes.