l'histoire de ma vie
La drogue c'est essayer de prendre de l'avance sur Dieu
10 ans«
Ziggy, combien de fois doit-on te le répéter ? On ne coupe pas sa salade avec un couteau ! On la plie à l'aide de sa fourchette. »
Mon père, toujours la même rengaine. J'étais jeune et je ne comprenais encore pas grande chose à toute cette vie mais bon dieu ce que je pouvais détester toutes ces manies et tous ces protocoles. C'était une vie que je n'avais pas choisie, une vie que je détestais et une vie que je n'accepterai sans doute jamais. A cet âge-là déjà, je savais que je n'étais pas fait pour ça.
«
Combien de fois devras-tu... oh, pardon ! Devrez-vous me le répéter, père ? Autant de fois qu'il le sera nécessaire, c'est-à-dire, à vie. »
Bon sang, qu'est-ce que je pouvais adorer ça, le provoquer. C'était les instants les plus magiques, les plus jouissifs et bien plus encore. Je prenais un malin plaisir à jouer avec les nerfs de ma famille et tout particulièrement avec ceux de mon père, qui ne parvenait pas à accepter que l'un de ces fils se comporte d'une telle manière. Pour lui et pour le reste de ma famille, j'étais l'échec cuisant, celui dont on avait honte et qu'on faisait tout pour cacher. Et oui, quand on est gérant de l'une des plus grandes compagnies pétrolières du monde, ça fait un peu tâche d'avoir un fils qui ne respecte rien, pas même son père. En même temps, comment aurais-je pu montrer le moindre signe de respect envers quelqu'un qui ne s'intéressait même pas à ma vie. J'avais une dizaine d'années et j'avais dû voir mon père en tout et pour tout, un peu moins de la moitié de ces dix ans. Et encore, j'étais sûrement gentil avec lui. Il avait raté tellement de choses à propos de moi, que je ne les comptais même plus. Les nombreux anniversaires, mes nombreuses interventions sportives et toutes les autres choses qu'un père devrait partager avec son fils. Parfois même à l'école, je me prenais à rêver, rêvant d'une autre famille, moins riche, mais plus aimantes. Une famille dans laquelle je me sentirai aimé pour ce que je suis et non pas pour ce que je dois être.
«
Ziggy, s'il te plaît... »
C'était la voix de mon frère aîné, qui venait me sortir de mes pensées. Pour moi, c'était le petit
fayot de la famille, celui qui faisait tout pour plaire aux parents. Je le détestais au plus haut point, peut-être même plus que mon père.
«
Là-ferme toi. »
Avais-je finalement lâché avant de jeter la serviette posée sur mes jambes, sur la table. Fuyant à grandes enjambées ce repas et ces manies ridicules. Suivi de près par mon père, hurlant à tue-tête mon prénom : «
Ziggy... Ziggy ! » sûrement pour me mettre une déculottée et m'apprendre les bonnes manières, comme il aimait si bien le dire.
14 ans«
Tiens, prends ça. Tu vas voir, tu n'auras jamais été aussi bien qu'après avoir goûté à ce petit bijou. »
Une connaissance de l'école de riche dans laquelle mes parents m'avaient inscrit me proposait de tirer sur son joint. Je n'avais encore jamais essayé ce genre de choses, du moins pour le moment. A ce moment précis, je ne me doutais pas encore de la dépendance que j'allais avoir pour ce genre de produit. Je tirai alors légèrement sur ce petit
bijou comme il l'avait appelé, crapotant légèrement, normal pour un débutant me direz-vous. Je toussotais alors légèrement, tirant une deuxième fois dessus. La raison pour laquelle je faisais cela était simple, je savais à quel point cela ferait chier mes parents s'ils apprenaient que je prenais de la drogue, quelle qu'elle soit. Un sourire en coin était venu se percher sur mon visage, rien qu'en y pensant. Un sourire qui disparut tout de même assez rapidement, je commençais à planer doucement. Au bout de quelques minutes, mon esprit commençait à divaguer légèrement. Les quelques minutes qui suivaient furent un peu compliquées. Je terminais finalement par vomir, mon état en disait long mais j'étais tellement fier de ça. Tellement fier d'emmerder mes parents que je recommencerai, à plusieurs reprises et avec d'autres produits. Je n'allais pas m'arrêter là après tout.
«
Ne t'en fais pas, ce genre de réaction pratiquement tout le monde l'a la première fois. On a encore plein de choses à te faire découvrir... »
Et dire que mes parents m'avaient inscrit ici parce qu'ils pensaient que je serais abrité de toutes ce genre de choses. Rien qu'en y pensant, je ne pu m'empêcher de retenir un petit rire, qui surpris un peu les autres autour de moi. Je les regardais alors, toujours un peu dans le potage, les yeux un peu rougeâtre et en balbutiant j'ajoutais :
«
C'est quand vous voulez, les gars. »
15 ansCette fille, Sulli, qu'est-ce qu'elle était belle. Mais hormis sa beauté, ce qui m'avait le plus attiré chez elle, c'était sa haine envers sa famille. La même que la mienne, on partageait le même avis sur ce monde pourri de riche, sur nos parents complètement débiles et leurs idées et protocoles à la noix. Je n'avais encore jamais connu quelqu'un qui me ressemblait autant. Je n'avais d'ailleurs pas pu m'empêcher de lui faire découvrir les joies de la drogue, on partageait déjà tellement de choses que je ne pouvais pas m'empêcher de lui faire découvrir ce merveilleux monde. Ce monde qui permet de s'échapper et de penser librement, hors du contrôle de nos parents respectifs.
Sans que je ne m'en rende compte, Sulli était devenu mon nouveau monde. Les moments passés ensemble était de plus en plus importants. Je ne pouvais plus me passer d'elle et rapidement, on découvrait de nouvelles choses ensemble. Nous savions que cela n'était pas bons pour nous, pas bons pour notre avenir. Mais qu'importe, les moments présents étaient tellement parfaits et puis... Planer cela avait vraiment du bon. On oubliait tous nos problèmes, notre famille et tout ce qui nous entourait. Un soir, alors que je planais totalement et que je partageais ma soirée avec Sulli, j'avais posé mon regard dans le sien, restant silencieux pendant quelques instants. Était-ce parce que je planais ? Probablement un peu, mais c'était surtout qu'à ce moment précis, j'avais compris que j'étais totalement tombé amoureux de cette fille, un amour complètement fou.
«
Sulli, je... »
Moi qui avait tellement de mal à partager mes émotions habituellement. Préférant me réfugier dans la drogue et ma haine familiale, je laissais ma
carapace se percer.
«
... t'aime. »
20 ans«
Sulli, écoute moi, arrête de paniquer. Les flics arrivent chez moi là, je ne peux rien faire, ils vont découvrir tous nos stocks, y compris ce qu’on vend. Je ne te dénoncerai pas, je te le jure mais tu dois te mettre à l’abri. Il n’y a aucune raison pour qu’ils te cherchent mais on ne sait jamais, alors quitte la ville, le pays, j’en sais rien, mais fais attention. »
J'avais été prévenu de l'arrivée de la police à mon domicile. Je ne voulais pas que Sulli soit pris dans ce tourment et j'avais pris la décision de la protéger en prenant tout sur moi. Tout ce qui allait être découvert ici chez moi, allait sans doute nous mettre dans un pétrin pas possible. On avait choisi de consommer et de dealer mais j'avais également choisi de protéger Sulli coûte que coûte. Alors que je raccrochais le téléphone, la porte de mon domicile se faisait forcer par la police qui entrait à tout allure et me maîtrisais, sans que je n'oppose aucune résistance. Alors que je me retrouvais au sol, menotté, je repensais à tous les moments passés en sa compagnie. Nous avions tout partagé. Je lui avais fait découvrir ce monde, je lui avais fait tenter son premier rail et sa première injection. Que de bons moments. J'entendais les flics me parler mais j'étais totalement perdu dans mes pensées, mon esprit m'envoyant des flashbacks, je fermais alors les yeux quelques instants et en les rouvrant, un large sourire sur les lèvres je leur disais.
«
Prévenez mon père, Monsieur Westmore. Vous savez probablement de qui il s'agit. »
Jee n'avais plus rien ajouté. Je m'étais alors retrouvé au poste, assis dans une salle d'interrogatoire dans laquelle j'avais été questionné à plusieurs reprises. J'avais répondus à tout, prenant tous sur mon dos et évitant d'évoquer le nom de Sulli Shepherd. Les flics étaient de toutes façons bien renseigné et m'avait questionnés sur elle, j'avais nié la connaître et savoir où elle se trouvait.
On avait finalement laissé mon père entré pour me parler. Il s'était installé face à moi, sans dire un mot. Je le regardai dans les yeux, un grand sourire en coin de bouche. Le narguant, le provoquant et m'amusant de le voir ainsi.
«
Oups... »
Avais-je finalement fini par lâcher pour terminer la provocation. Ce qui eut pour but de mettre mon père dans une colère noire et qui ne put s'empêcher de m'en mettre une en hurlant.
«
TU ES UNE ABBERATION. TU ES LA HONTE DE CETTE FAMILLE. NOUS T'AVONS TOUJOURS TOUT DONNE, TOUT. ET C'EST AINSI QUE TU NOUS REMERCIES ? »
Je me mis alors à rire sarcastiquement, le regardant dans les yeux un bref instant, appelant un de ces flics pour qu'il me sorte d'ici. L'un vint alors, me levant et me dirigeant vers la sortie de cette salle. En me retrouvant au niveau de la porte, je me retournais et ajoutais de manière arrogante.
«
Merci. »
21 ansEnfin, le jour de ma sortie de prison était arrivé. Un an passé en prison, un an sans aucune visite et sans aucune nouvelle, de qui que ce soit. Le fait de n'avoir obtenu aucunes nouvelles de la part de ma famille ne m'étonnais pas vraiment. Au vu de mes derniers échanges avec mon père, le jour de mon arrestation, il avait probablement dû interdire à quiconque de venir me voir. Cependant, ce qui m'avait le plus étonné, c'était le fait de n'avoir eu aucunes nouvelles de la part de Sulli, sous aucune forme qu'il soit. Je lui avais dit de fuir, que je la protégerai de toute cette histoire, certes. Mais je m'attendais tout de même à obtenir des nouvelles de sa part, c'était une fille intelligente, elle aurait facilement pu trouver un moyen de prendre contact avec moi.
J'avais passé un an dans ce trou, lorsqu'on ouvra la grille pour me laisser sortir, le soleil vint m'éblouir de tous ses rayons. Je plaçais alors ma main devant mon visage, empêchant ainsi celui-ci de m'aveugler. Il faut avouer que je n'avais pas souvent vu le soleil depuis cette prison. Mon esprit bagarreur ne m'avait pas lâché tout au long de mon séjour ici et il n'était pas rare que je me castagne avec quelques autres prisonniers, me retrouvant parfois en isolement pour ces faits. J'avais d'ailleurs eu bien de la chance que ma peine ne soit pas rallongée, à cause de mes conneries.
Le plus dur pour moi sur cette année qui venait de s'écouler, avait été le sevrage pur et dur de toutes drogues. Les premiers mois avait été vachement compliqué, lorsque l'on est aussi dépendant que moi, rien de plus normal me direz-vous. Pendant ces durs moments, je m'étais raccroché à l'espoir de revoir Sulli à ma sortie et de reprendre notre vie, celle que nous avions et qui nous avait apporté tant de bonheur. Je n'étais pas quelqu'un de rationnel, je n'étais pas celui qui se remettait en question simplement parce qu'il avait été jeté en prison à cause de conneries de ce genre.
Je m'étais finalement rendu à mon domicile, tout de même, il fallait que je récupère quelques affaires avant de repartir. J’espérais en trouver quelques-unes malgré tous les différents que j'avais pu avoir avec ma famille. Je ne comptais pas m'éterniser dans cette famille de bobos débiles, rien que de m'y rendre me rendait déjà malade. En arrivant, je tombais nez à nez sur mon frère aîné, qui me regardait d'un air complètement étonné.
«
Eh oui, le bâtard de la famille est sortit de prison. Ne soit pas si surpris, vous pensiez vous êtes débarrassé de moi ? »
Avais-je lancé machinalement sans même lui dire bonjour, ni lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. Je n'avais de toute manière pas une grande estime pour mon frère, bien que lui, semblait malgré tout avoir une certaine souffrance à ce que je le traite de la sorte. Je n'en avais fichtrement rien à faire, il fallait le dire.
«
Ziggy, ne le prends pas comme ça, s'il te plaît. Tu sais bien que si nous ne sommes pas venus te voir, c'est parce que papa nous l'a interdit. »
«
Papa nous l'a interdit. C'est vrai que tu es son petit chien, que tu ne peux pas prendre tes propres décisions. C'est déplorable. Je n'avais déjà pas d'estime pour toi, mais la, tu touches le fond mon pauvre. »
«
Ziggy, papa est... mort. »
Avait-il lâché comme une bombe en plein milieu de notre conversation. Il pensait probablement me faire un électrochoc en le disant de la sorte mais c'était bien mal me connaître. Je n'avais jamais eu aucune pitié pour notre père et ce n'était pas aujourd'hui que j'allais commencer. Je regardais alors mon frère, le regard complètement vide, sans aucune émotion et je finissais par ajouter:
«
Tu dois être content, tu vas enfin pouvoir vivre ce pourquoi tu as toujours vécu: prendre la place de papa. Estime-toi heureux. »
Je me souviendrais alors toujours de la tête de mon frère suite à ma réponse. Il est tout bonnement impossible que j'oublie cette tête d'ahuri, complètement abasourdi par ce que je venais de dire. J'étais alors monté chercher quelques affaires dans un sac, embarquant par la même occasion mes quelques affaires de boxe. Sport que j'avais pratiqué pendant plusieurs années dans ma jeunesse, à un certain niveau. J'étais alors redescendu, passant devant mon frère qui n'avait pas bougé d'un poil. Me retournant, un peu plus loin, un peu à la manière de ma dernière rencontre avec mon père, dans cette fichue salle d'interrogatoire.
«
Hasta la vista ! »
27 ansLes années avaient passées, les souvenirs aussi. Pendant quelques mois, voir même une année complète, j'avais passé mon temps à recherché Sulli. Jour et nuit, je ne pensais qu'à elle. Dans mes rêves les plus fous, nous nous retrouvions et nous reprenions notre vie d'avant. Cependant, cela n'était jamais arrivé. Pour commencer mes recherches, j'étais passé chez les parents de Sulli, qui ne furent pas tendre avec moi, me faisant comprendre que tout était de ma faute. Mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien y comprendre tous les deux, ils étaient exactement comme mes parents. J'avais tout de même obtenu une information, elle serait possiblement partit en Australie. Je n'avais alors pas hésité à m'y rendre pour tenter de la revoir et de comprendre. Malheureusement, mon désarroi fut totale lorsque je découvris que finalement elle n'avait jamais été la bas.
Les années passèrent et je m'étais finalement fait à l'idée que je ne la reverrai sans doute jamais, j'étais passé à autre chose. Je n'oublierai jamais tous les moments que nous avions passés ensemble mais il fallait que je me fasse à l'idée que tout cela était fini. Il était temps que je me bâtisse une nouvelle vie et que je trouve quelqu'un d'autres pour partager des moments tout aussi fantastique. Malheureusement, lorsque vous avez vécu ce genre de choses avec une personne, elle devient difficilement remplaçable et sans même s'en rendre compte, on rejette un grand nombre de personne qui pourtant partage les mêmes idéaux que nous.
Suite à cela, je m'étais d'ailleurs remis à la boxe. Un sport que j'avais toujours affectionné au plus haut point, un sport qui me convenait parfaitement. J'avais cependant fini par abandonner ce sport, lorsque j'étais entré dans les drogue dures. C'était quelque chose qui n'était pas vraiment compatible avec la vie que je menais. Cependant, en sortant de prison, me retrouvant seul. Sans aucune famille, sans aucuns amis et surtout sans Sulli, j'avais replongé tête baissé dans la boxe. Je me défoulais, c'était une sorte d'anti-stress pour moi et j'avais d'ailleurs fini par devenir boxeur professionnel. Ma carrière n'était pas vraiment au beau fixe, disons que j'avais les moyens pour devenir un boxeur hors pair mais que pour cela, il fallait que je change de mode de vie et cela m'étais complètement impossible. Bien que je ne me droguais plus autant qu'auparavant, il m'était impossible d'arrêter totalement et il fallait avouer que je pouvais retomber à tout moment dans une dépendance totale. Comme tout bon sportif, je savais cependant faire attention et ne pas me faire prendre, imaginez donc le scandale si on venait à apprendre ma dépendance pour la drogue. Quoi que, cela pourrait être vraiment très drôle.
Il y a peu de temps, en sortant victorieux d'un de mes combats, j'étais aller dans la ruelle arrière du centre de combat, une ruelle sombre bien connue des junkies et autres dépendants. Je m'étais alors défoncé, et dans un petit souffle de vent, un magazine vint se joncher juste en face de moi, un magazine dont la couverture contenait une photo de... Sulli, Sulli Shepherd. Ainsi qu'une interview sur une maison d'édition dont elle était propriétaire et qui se trouverai à Island Bay. La lueur dans mes yeux fut intense, malgré mon état. Moi qui pensais être passé totalement à autre chose, je m'étais visiblement voilé la face.
«
Direction Island Bay. »