des(astres)
à l'horizon de nos fêlures le poing fermé
le regard sûr, déterminés à la baston
à l’entrechoque des trajectoires. ❞
Papa, gamin d’ici et d’ailleurs. Gadjo, enfant d’immigrés venus se perdre sur les landes chaudes et brulantes d’Island Bay. Maman, fille unique de bonne famille. Eternelle naïve à vouloir vivre son rêve de princesse, à soupirer et se blesser dans son incapacité à s’émanciper.
☲ Mariage
d’amour. C’est ce qu’elle sait toujours dis. Lui le mec mal attifé à déambuler dans les couloirs du lycée. Sourire tordu. L’ébène qui a su phagocyter l’opaline marmoréenne.
☲ Débuts difficiles, pour ce gosse de l'asphalte. Des coups d’un soir. Des conquêtes éphémères. Insipides. Indolores et incolores. Crapaud, prince charmant dans son armure rouillé, né dans la vieille caisse familiale, sous un ciel brûlant, à perdu de son ardeur, de son envie d’exode fantasque en s’installant dans un miteux mobile-home en bord de mer.
☲ Sourires intarissables, adoration inébranlable, couple mal assortie, disgrâce pour l’un comme pour l’autre. Une famille qui rompt l’affection pour leur unique fille, maman s’est toutefois rattachée à son ancre, créant, modelant, sa vie en fonction de lui. Lui. Sa moitié.
vague transcendentale. ❞
C’est arrivé comme ça. Gosse pas totalement attendu. Pas totalement désiré. Erreur de parcourt pour cette famille à bout de souffle. L’argent comme manque cruel.
☲ Maman qui cumule les petits boulots. Papa qui part de nouveau pour ne rentrer que les week-ends et un gosse qu’on oublie. Seul, dans le silence immobile du mobile-home. Ombre parmi les ombres. Silencieux. Trop sage pour son âge.
☲ Le regard qui s’intensifie,
Mister Honey comme illustre compagnie, à regarder les gens passer, s’aimer, se déchirer. A errer sur la minuscule terrasse. A attendre le retour tant attendu du paternel. L’éternel absent.
☲ Coups de gueules, gueulantes déchirantes pour cette incomprise délaisser par un mari à la bibine facile «
pour tenir » apparement. De plus en plus fréquemment. Tard le soir, en compagnie de ses clopes cancérogènes anxiogènes. Maman, dodo sous lexo et Teddy qui observe les gestes, les actes manqués.
☲ Pour se sentir moins seul, pour gonfler son être d’affection débordante, amour dévorant pour cette frangine, cette poilue de quelques mois. Et alors que l’attention se fait plus prononcée, le sourire se fait plus souvent sur son visage d’enfant barbouillé.
☲ Gosse infatigable, à toujours faire les quatre cents coups. Histoire de s’occuper, de s’évader. A travers eux. Gamins de galères, à son image. Identiques copies qui se calquent les uns sur les autres.
☲ L’école comme un obstacle, Teddy n’a de cesse d’échouer et de peiner à remonter la pente. Enfant instable, turbulent, le rictus moqueur et la réplique facile, tient souvent tête à sa mère, fait souvent pleurer la frangine et se mange souvent la claque du paternel quand il rentre.
☲ Emancipation à la dure, oubliant les demandes incessante de la mère, les jérémiades d’une frangine en manque d’affection, n’a d’intérêt que pour l’instant présent, ne supportant plus cette atmosphère suffoquant dans ce minuscule, ridicule, Trou.
rendez-vous avec l’orage. ❞
Parée et noire et opulente, tambours voilés, musiques lentes… avec ses larges corbillards, flanqués de quatre lampadaires, la Mort s’étale et s’exagère.
☲ Comme un coup de canif dans le contrat. Le crabe s’invite dans la famille. Il distille sa noirceur et érode l’éclat branlant de ses êtres.
☲ Maman sur la corde raide, papa qui prend la fuite. Lâche qui n’a de cesse de tourner le dos, la peur de souffrir qui lui tenaille les tripes, Teddy, seul au commande de la barque, ébranlé par cette brusques responsabilités, déraille et s’enlise dans la facilité.
☲ Belles brunes. Blondes. Rousses. Un visage qui s’efface, qui prend la place d’un autre. Filles qui défilent, dans sa chambre, sous le regard incisif d’une frangine aux palabres blessants, la désapprobation d’une mère qui croule sous les cachets, les rendez-vous, les rayons. La maladie.
☲ On s’oublie, on s’entête. On reproduit les mêmes gestes. Tout les soirs. A chercher un peu de fierté dans les fonds de bouteilles. A l’arrière d’une bagnole. Dans les rires gras et saoules de ses amis. On perd de vu l’essentiel. On oublie les personnes qui comptent sur nous. On les oublie, les assassines sous chaque lampées. Sous chaque dégueulis. Sous chaque insultes. Sous chaque majeur fièrement dressé.
☲ Gosse de mobile-home, de parents qui triment, qui s'aiment, à leur manière, l’innocence déchirée par un manque cruelle d’attention et d’amour brisé, Teddy est ce merdeux qui jubile quand les billets tombent facilement, quand le paternel se met à hurler, à demander pourquoi. Pourquoi.
☲ Avant c’était l’alcool. Ensuite les acides acidulés. Le tout pour s’évader. Ne plus entendre la voie, la supplique silencieuse d’une mère au bord du gouffre. De son regard trop grand dans ce visage trop émincé. De ses doigts suppliants. De cette douleur omnipotente. Elle bouffe, distille sa souffrance. Vicieuse et gluante qui rampe sur son échine quand il croise cette silhouette décharnée, oubliée dans le fond de la chambre familiale. Entre papa qui prend la fuite sur les routes brulante d’Island Bay. Une frangine qui vit en suspens et un fils qui ferme les yeux pour mieux s’oublier et ne pas vivre cette maladie.
foutoir intérieur. ❞
Au cri des orgues violentes qui la célèbrent, larmes d’argent et blasons d’or, des sanglots, sur la maison, c’est l’heure qui meurt sur les demeures.
☲ C’est arrivé comme ça. Sans trop qu’on sache comment. Sans un au revoir. Sans un dernier regard. Une porte qui se ferme pour ne pas voir l’explosion fatale du noyau familiale.
☲ Seul à bord du navire, la pente qui s’annonce glissante ne fait que s’effriter un peu plus sous les pieds du gosse esseulé. En manque de repère, son noyau, son encre, l’attache de la famille engloutie dans la noirceur des limbes, se raccroche à cette seule et unique main tendue : l’illégalité.
☲ Raturant sa frangine de sa vie, oubliant, se dérobant à ces demandes incessante, brisant l’autorité parentale, spectateur silencieux de ce saoule de géniteur, juste bon à balancer les punitions, les regards morts et une vulgarité sans limite.
☲ Dix. Cent. Deux cents. Cent cinquante. Le vert comme couleur de l’espoir. Comme celui qui habille les billets. L’argent entre. Entre dans sa vie, sa vie pavée de mensonges. Entre et raille un plus le disque de sa vie qui part en vrille. Puis y à la descente. Longue et douloureuse. Celle qui prend fin dans l’écusson argenté des flics.
☲ Le bagne comme rédemption. L’autorité recherchée, Teddy l’accueil et courbe l’échine. Soumission face à cette oppression, amertume et colère, il est de ceux qui regarde les gens passer. Comme dans son enfance. Derrière les barreaux. A écouter les hurlements rageux des co-détenus. A supporter l’hostilité omniprésente. Les regards qui se cherchent et qui brûlent. Qui éveillent des émois brutaux et interdits.
☲ Rupture brutale avec les siens, une amertume qui s’accroche à son être, à ses liens si précieux qu’il entretenait, autrefois, avec sa frangine, sa moitié. sa mère. Avilissant leurs sentiments, à ce jour, remord et pénitence linceul sa conscience.
au pied des drapeaux. ❞
Relâché. Recraché dans la société. Un paternel qui fuit le regard, qui détourne l’attention, qui abandonne après quelques jours de retrouvailles. Sans un regard. Sur le pas de la porte, avec juste un «
je reviens. » Deux ans plus tard, on l’attend toujours.
☲ Majeur, la frangine à charge, Teddy se désespère. La colère en héritage, le corps qui se tend, qui s’abat dans la violence pour faire retomber la pression, couvre et idolâtre une frangine qui a grandit loin de lui.
☲ Âmes branlantes, dans le fond du mobile-home familiale, à s’aimer, se déchirer, crier et pleurer devant la dureté de l’un et l’inaptitude à courber l’échine de l’autre. La main se tend, douloureuse, pour faire marquer la désapprobation. L’alcool revient dans les placards et les clopes s’entassent dans le cendrier.
☲ Comme une impression de déjà vu. L’aîné peine à prendre ses responsabilité. Il recommence ses magouilles, la malversation. La facilité pour s’en sortir.
☲ Un soir, retour à la case départ : garde à vue pour plus de 72h. 72h loin de sa cadette. Sans pouvoir la prévenir. Sans pouvoir l’avertir. Comme une fois de trop, la culpabilité dans l’âme d’avoir abandonné sa chaire, sa seule et unique famille. Coupable et minable face aux larmes, aux remontrances et à ce dégoût de soit, décide de se reprendre en main.
un reflet qui s’émancipe. ❞
L’envie de s’en sortir, comme un mantra, décide de reprendre la route de l’école. Malgré son âge. Malgré ses frasques, son caractère de merde et cette inaptitude aux études.
☲ Au passé trouble, le casier judiciaire bien remplie, ombre au tableau, peine à trouver sa voie, ses employeurs. Vague à l’âme de devoir constater qu’il a gâché ses chances d’un avenir tranquille, trouve toutefois réconfort et stabilité auprès d’un mec peu regardant de son passif de jeune délinquant.
☲ Apprenti en mécanique, labeur qui lui coute, fatigue, tente et essaie de préserver sa frangine de cet univers. Préfère la voir faire des études, s’émanciper dans la réussite et ne pas finir comme lui, dans la fange qui s’amasse sur cette terre.
☲ En manque de thune, Teddy s’aventure encore, de temps en temps, dans les sentiers de l’illégalité. Pour finir et arrondir ses fins de mois. Pour éviter à sa frangine de ne travailler trop souvent au grill du coin…