Tel est pris qui croyait prendre [Luker]

❝ Tel est pris qui croyait prendre ❞
Parker & Lukas

De quoi j’ai l’air ? A prendre la fuite comme la gamine que je suis. Je m’efforce pourtant de mener une vie d’adulte, c’est la vie qu’on m’impose depuis longtemps maintenant, celle des responsabilités, de l’image et de l’excellence. Mais je ne suis au fond qu’une petite fille, en tout cas dans certains cas, et ce soir, j’ai tellement honte, de moi, que je ne peux que redevenir cette gamine. Je ne le resterais que quelques heures, je me reprends toujours très vite, c’est de toute façon ce qu’on attend de moi. Je ne peux pas me permettre de me laisser aller trop souvent, ni trop longtemps, j’ai un nom à porter. Mon père s’est remis de la mort de ma mère, je dois pouvoir me remettre d’une petite contrariété, non ? En tout cas, c’est ce qu’il dirait s’il était là.

Je viens me percher sur les rochers, et c’est ce que je fais le plus souvent possible, me mettre dans un endroit assez peu accessible pour me donner l’illusion de m’isoler. Charlie me retrouverait partout. Pas qu’il soit très espiègle, surtout sur le terrain physique, mais il sait comment je fonctionne. J’ai quelques minutes de répit, avant que Parker ne me rejoigne et je me demande comment elle fait pour être encore là. Elle a aimé la scène ? Parce que pour moi, ce fut une horreur rien que d’y repenser. « Lukas… » Je sursaute, dans mes pensées, elle est foutrement rapide pour une pseudo bourgeoise en talons. Elle se démerde toujours aussi bien pour surgir sans prévenir ou comment ça se passe ? « Ça t’arrive souvent de t’échapper comme ça ? » «Visiblement ça ne marche pas avec tout le monde. » Elle m’a déjà retrouvée, je n’étais pas loin, mais elle m’a couru après. Inutile donc de prendre la fuite, je note. Il est tellement facile de la prendre avec un nombre certain de personnes, que j’ai pris le pli de prendre cette option pour disparaitre, et souffler. « Tu m’en veux de lui avoir répondu comme ça ? » « Quoi ? Non, bien sûr que non, c’est un abruti, c’est à moi que j’en veux. » D’être aussi conne, naïve et de me jeter dans les bras du premier connard qui me propose son lit, qui me traite comme une pute et qui prétend que j’aime ça. Moi qui me veux libre, pourquoi je l’accepte ? Qu’est-ce-que je cherche à prouver, qu’est-ce-que je veux récolter de ce genre d’histoires ? Elles sont toutes comme ça !

« Je suis désolée, je me suis un peu emportée. Mais ce n’est pas parce qu’il ne me plait pas qu’il doit te déplaire à toi aussi. Si c’était pas si mal avec lui, n’hésite pas, peut-être que dans le fond c’est un gars gentil… » « Mais tu vois pas que le problème il vient de moi ? Que j’accepte tout ça de chaque mec que je croise parce que… Parce que je sais pas justement ! Je sais pas pourquoi je me laisse aller toujours plus con. Une histoire comme ça, ça devrait pas compter, c’est qu’un échange de bons procédés, un amour de vacances, un coup comme ça, appelle ça comme tu veux, mais on en revient toujours au même point, ce ne sont que des connards imbus d’eux même, des pâles copies de mon père ! C’est tout. C’est pas sain. » Je passe ma main sur mon visage, essuie de nouvelles larmes et me reprends, il me fallait juste le temps de craquer un coup.

« Faut pas te mettre dans ses états pareils ma belle ! Ou alors c’est parce que tu m’as embrassée juste pour ne pas lui donner raison, et alors là, c’est encore moins grave. A moins que tu aies vraiment détesté ça et que tu es tellement dégoûtée que tu n’attends qu’une chose, c’est que je me casse d’ici le plus vite possible ! » «Non, c’était… C’était plutôt pas mal en fait. T’embrasse très bien. » Je lui souris en coin, avant de baisser la tête et de la tourner vers l’horizon. Nous restons là, silencieuses, quelques instants. Puis je me décide à prendre la parole. « J’ai aucune envie de rentrer, mais j’ai pas envie de rester ici. Alors on fait quoi ? » Elle a une idée toute trouvée, me prends la main, et décide de me calmer en parcourant toute la lagune en voiture. Je fini par m’endormir, la voiture me berce, et c’est tout en douceur qu’elle me ramène chez moi, en bonne et due forme, et en tout bien tout honneur.