thanks. i guess ✈ balthazar

« Tu n'avais pas besoin de me remercier autrement que par un merci tu sais ? J'allais pas te laisser avec un fou à côté » plaisanta t-il alors qu'il dévorait ses frittes imbibées de ketchup. Balthazar ne s'était pas encore rendu compte qu'elle le fixait, pensive. Mais il senti son regard intense sur lui et leva les yeux après avoir fini sa bouche. Il lui sourit, mais elle semblait ailleurs. Il l'observa alors doucement, avant qu'elle ne se mette à parler. Ce qu'elle dit résonna étrangement en lui. Elle venait de dire à voix haute, une pensée qui lui avait souvent traversé l'esprit, ce soir également. Elle venait de lire en lui, comme si elle pouvait lire à travers la moindre de ses expressions, de ses gestes ou de ses attitudes. Il restait là, la bouche entrouverte, à l'observer, essayant de comprendre comment en était-elle venue à penser, à parler de ça ? Peut-être le coup des photos-souvenirs, et puis le pull, et la danse ; après tout, c'était tout ça qui avait fait remonter en lui tous ses souvenirs. Balthazar baissa les yeux. Il avait le cœur qui battait plus fort que tout à l'heure, s'en rendait-il seulement compte ? Sûrement pas. Balthazar fait partie de ces garçons qui ne captent pas les signes, qui ne comprennent rien avant d'être véritablement confrontés à des choses simples. Et là, c'était encore crypté pour qu'il comprenne quelque chose à ce qui aurait pu se tramer -peut-être- chez sa meilleure amie. Sa voix était enrouée, il dû se racler la gorge avant de finalement répondre doucement « J'pense que pour le savoir... il aurait fallu que l'on ne se sépare pas ? » souriait-il doucement. Et au moment où il répondait ça, il avait le sentiment d'avoir répondu à côté, et en même temps, pas totalement non plus. Balthazar n'était pas de ceux qui retournent avec leurs ex. Pourquoi ? Parce que si ça s'est fini, c'était pour une raison. Peut-être que leur histoire ne fonctionnait qu'au Laos, et devenait au fil des années, par les souvenirs, plus fantasmée qu'elle ne l'était ? Peut-être que leur histoire ne fonctionnait que dans le contexte du voyage ? Peut-être, encore et toujours des peut-être, mais il ne leur restait plus que ça, n'est-ce pas ? Il avait été si heureux, si comblé, si complet avec elle... pourtant, elle était partie, parce qu'elle le devait, mais dans la vie, tout était une question de choix. Il lui avait demandé de rester au Laos avec lui, de partir avec lui ailleurs ; elle avait refusé, elle lui avait brisé le cœur en partant. Balthazar tourna la tête pour regarder son burger, il prit de nouveau des frittes et les avala à toute vitesse. Il avait accepté une autre bière, il la saisi alors de sa main pour en boire une grande gorgée. Pourquoi fallait-il parler de tout ça ? Pourquoi fallait-il ressasser le mauvais côté des souvenirs, pourquoi tout gâcher ? Peut-être aussi parce qu'ils n'en avaient jamais vraiment parlé, ils avaient toujours fait en sorte d'éviter ce sujet. Incroyable quand on sait qu'ils parlent de tout, à cœurs ouverts, qu'ils partagent leurs idées ; mais ce sujet là, reste le seul dont ils n'arrivaient pas à parler. Balthazar ne lui avait jamais dit qu'elle lui avait brisé le cœur, ses rêves, ses envies de construire quelque chose avec quelqu'un lorsqu'elle était partie du Laos. Alors non, ça ne servait à rien de reparler de tout ça. Parce que qui sait si ça pouvait fonctionner ici, à Wellington ? Nova était peut-être juste nostalgique, elle avait peut-être peur d'être seule ce soir, et elle avait ses souvenirs qui remontaient, mais peut-être que ce n'était pas par rapport à lui spécialement, peut-être que c'était juste la solitude, la nostalgie qui parlaient, qui laissaient croire qu'elle avait un regret ? Il n'en savait rien, il n'était pas sûr de vouloir savoir. Elle avait refait sa vie, elle semblait heureuse avec son ex, même si aujourd'hui ils n'étaient plus ensemble et lui... et lui il avait fini par rencontrer Lou, des années plus tard. Et il y avait cru de nouveau, alors qu'au fond, là encore, elle était partie. A croire qu'ils faisaient fuir les femmes, qu'elles partaient toutes en courants après lui avoir fait croire qu'il était une sorte de mec idéal. Balthazar sentie un goût amer sur sa langue, il grimaça et bu à nouveau de sa bière, il n'aimait pas ce genre de pensées, parce qu'elles avaient un arrière goût de vérité absolue.

Nova changea de sujet, pour lui parler de sa voiture qui avait apparemment un problème. Balthi secoua la tête en continuant de manger et répondit « Ouais grave, tu peux passer dans la semaine si tu veux ». Le jeune homme continua de manger ses frittes, avant de passer à son burger. Il se demandait pourquoi Nova avait évoqué le sujet, pourquoi elle lui avait demandé comment ça aurait pu se passer entre eux. Il ne comprenait pas pourquoi elle y pensait après toutes ces années, pourquoi elle y repensait ce soir, là subitement. Ils n'en avaient jamais parlé avant, pourquoi ? Il ne comprenait pas, mais son instinct lui disait que c'était une mauvaise idée que d'évoquer ce sujet. Ouais, non, c'était une mauvaise idée. Elle était sa meilleure amie, il ne voulait pas qu'elle s'imagine des choses, ou bien que leur relation ne soit en vérité, qu'un mensonge, couvrant quelque chose de plus dur. L'ambiance s'était un peu cassée la gueule. La musique sur le tourne disque tournait encore, mais la face se termina bientôt. Balthi prit sa serviette pour essuyer ses mains et se leva du canapé pour aller changer la face du disque. Quand se fut chose faîte, il retourna sur le canapé et ne pu s'empêcher de demander à son amie « ça va ? » parce qu'elle ne parlait plus, parce qu'il semblait y avoir un froid, un glacier même. « Ecoute Nova... j'pense que ça ne sert à rien de... de remuer le passé à imaginer ce qu'il aurait pu se passer » commença t-il histoire d'enterrer la hache de guerre. « les choses sont ce qu'elles sont... tu es ma meilleure amie, voilà ce que j'ai aujourd'hui, voilà ce qu'il se passe entre nous et moi, moi ça me va très bien » avoua t-il en souriant doucement. Finalement, il plongea son regard dans le sien et continua une dernière fois « et toi, ça te va ? » sous-entendu que si ça ne lui allait pas, pourraient-ils rester amis ? Pas sûr... pas sûr parce qu'elle ne serait pas sincère dans son amitié, et qu'il ne voulait pas qu'elle se perde dans un fantasme qui n'existerait pas. Non, ils ne seraient jamais ensemble, parce que si ça avait du se passer, ça se serait déjà fait. Cela faisait des semaines qu'ils étaient célibataires et puis même... s'ils s'aimaient vraiment, ils auraient quittés leur conjoint pour se mettre ensemble, non ? Alors voilà, il ne fallait pas se laisser influencer par des souvenirs vieux, magnifiques et qui nous rendent nostalgiques. Laissons le passé là où il était. Il fallait aller vers l'avenir, Balthi le voulait en tous cas. Il continua de manger son burger et rapidement, le termina. Il attrapa sa bière pour diluer son repas et finalement, se laissa tomber dans le fond du canapé.

Nova avoua que si, tout lui allait très bien. Balthazar hocha la tête, désireux de vouloir la croire. Oui, il fallait qu'il la croit, parce que sinon, il allait sans nul doute prendre un peu de distance, pour ne pas que leur relation change et qu'ils perdent tous les deux leur meilleur ami. Le jeune trentenaire était toujours dans le fond du canapé, l'observant alors manger son repas en silence, buvant sa bière par petites gorgées. Nova fit passer tout ça sur le coup de la fatigue, et c'était peut-être effectivement le cas, quand on est fatigué, on ne fait pas toujours attention à tout ce que l'on dit, et souvent, tout est comprit de travers. Et puis elle revenait de voyage, elle avait eu à faire à son lourdeau de voisin, donc ouais, elle avait besoin de se reposer. Si bien que Balthazar, une fois sa bière terminée, se leva du canapé, prenant les déchets de son repas et traversa l'appartement pour aller jeter tout ça dans les poubelles adéquats. Il revint doucement dans le salon et ne tarda pas à lui dire « J'pense que tu as surtout besoin de te reposer ce soir, et j'pense que ton voisin ne te refera pas chier tout de suite » sourit-il doucement. Il se tourna pour partir à la recherche de son casque et de sa veste, prenant d'abord le cuir pour l'enfiler, avant de s'approcher de sa meilleure amie qui avait terminé elle aussi son repas. « On se refait un truc dans la semaine, quand tu seras reposée et qu't'auras du temps si tu veux ? » A vrai dire, il avait un peu prit la phrase de Nova, comme une invitation à la laisser seule. Elle était épuisée, elle avait besoin de sommeil et à la base, elle l'avait appelé pour régler le souci avec son voisin, pas pour passer toute la soirée ici, à discuter, pas vrai ? Le jeune homme s'approcha de Nova pour déposer un tendre baiser sur sa joue et lui lança doucement « et tu m'appelles s'il te refait chier, que ça soit ce soir, demain ou j'sais pas quand, ok ? » Il pointait son index vers elle, pour bien qu'elle comprenne ce qu'il disait clairement : il était là. Le jeune homme se fit raccompagner et le casque en main, sortit dans le couloir, l'observant alors. Il y avait une trace de vin rouge sur le sol, mais sinon, tout semblait plutôt calme. Dans un murmure, il se tourna vers Nova et lui lança un « bon aller, bonne nuit, repose toi et passe au garage quand tu veux ok ? » avant de s'avancer dans le couloir, en lui faisant un geste de la main pour la saluer, passant alors la porte de la cage d'escalier afin de descendre les marches pour rejoindre sa moto postée devant l'immeuble de la jeune femme. Il enfila son casque, avant de grimper dessus et alluma son compteur très vite, ne tarda pas à décoller d'ici. Il avait la sensation que quelque chose n'allait pas, entre eux. Mais si Nova était fatiguée, ça ne servait à rien d'en parler ce soir et s'il y avait véritablement quelque chose, il croyait en leur amitié pour qu'elle lui en parle. De son côté, maladroit comme pas possible, il ne se rendait pas compte que ce qu'il lui avait répondu avait pu peut-être être mal prit.