S.O.S technologies [Feat. Capucine James]

Cela faisait désormais sept ans que Sasha vivait à Island Bay, il avait tout pour y être heureux : une villa luxueuse, un commerce qui marche et des amis. Pas besoin d'en avoir des tonnes, simplement assez pour se sentir entouré quand il en a besoin. Sa concession automobile a toujours été son petit bébé pour lui, c'est vraiment quelque chose qui lui tenait à coeur, et aujourd'hui il peut être fier de l'avoir mise sur pied et de voir qu'elle a fait son petit bout de chemin en quelques années seulement.

Il y a de ça plusieurs mois, Sasha a eu un petit soucis, lors d'une affaire de police, un de ses clients a été convoqué, suite à quoi, l'italien a dû rendre quelques comptes vis-à-vis des forces de l'ordre, mais rien de réellement important. C'est d'ailleurs à ce moment là qu'il a recroisé le chemin de cette femme qui l'avait accroché quelques temps plutôt. Heureusement, plus de peur que de mal, simplement de la taule froissée, pas de quoi l'inquiéter plus que ça, il n'a jamais été très matérialiste. Depuis ce jour, il a gardé contact avec Capucine.

À croire qu'il avait bien fait les choses puisqu'aujourd'hui, le serveur qui permettait à son ordinateur de tourner ainsi qu'aux utilisateurs d'avoir accès à son site, venait de tomber en panne. Autant pour la mécanique et le sport, Sasha en connait un rayon, mais lorsqu'il s'agit de la technologie, il n'est pas vraiment très à l'aise. Ni une, ni deux, il a fait appel à la jolie blonde, sachant que pour elle, ces nouvelles technologies n'avaient aucun secret. Il espérait simplement que tout pourrait être réglé rapidement sinon, le temps perdu c'était des clients mécontents qui allaient voir la concurrence, même s'il n'était pas à deux clients prêt, il tenait à fournir un service à la hauteur des voitures qu'il avait en stock.

Sasha avait des qualités comme tout le monde, mais il avait également des défauts, ce n'était pas quelqu'un de parfait loin de là. Dans la vie, il y a certaines choses qui devaient être prioritaires, mais l'italien ne le voyait pas de la sorte, ça faisait que peu de temps qu'il était de nouveau sur pied après sa grosse opération du cerveau. Pour le moment, il se sentait bien, en même temps difficile de se sentir mal étant donné qu'il avait échappé à la mort.

Le sujet n'étant pas celui-ci, Sasha bossait d'arrache pied dans sa concession, il l'avait monté de ses propres mains, c'était vraiment quelque chose dont il était fier, bon pas trop non plus, ce n'est pas le genre de personne à se mettre sous le feu des projecteurs. D'ailleurs, malgré son apparence, c'est plutôt quelqu'un de discret, de mystérieux et de réservé. Il n'avait jamais vraiment eu de diplôme dans ce domaine là, mais ça ne l'avait pas empêché de monter son affaire et de de débrouiller seul aujourd'hui. Bien évidemment, il avait quelques employés, généralement des jeunes en stage qui cherchent leur voie. Il sait que les voitures de luxe attirent beaucoup de personnes par simple curiosité, et lui le premier était ainsi plus jeune. C'est peut-être la raison pour laquelle il avait monté ce commerce.

La journée avait plutôt bien commencé, quelques clients venus acheter un des modèles exposés, tandis que d'autres ne venaient que pour regarder de plus près. En théorie, Sasha aurait sans doute pu s'énerver en voyant des personnes entrer dans la concession dans le seul but de regarder les voitures sans les acheter ou les louer, mais non, il n'était pas comme ça, il avait un tempérament plutôt calme pour un italien, enfin ça dépend quand aussi !

Puis soudain, son ordinateur venait de faire un écran noir, impossible de vérifier les commandes, de contacter des clients via leur dossier ou même d'en créer de nouveau. L'informatique c'était ce qui lui permettait que sa concession tourne, sans elle, il pouvait dire adieu aux clients. Fortement peiné pour le coup puisqu'il ignorait d'où provenait le soucis. Comme un enfant, il essaya de redémarrer l'ordinateur. Rien à faire. Après avoir essayé une quinzaine de minutes, il finit par se résoudre à appeler Capucine. En quelques minutes il était persuadé qu'elle trouverai le problème et sera le résoudre.

Chose faite, elle lui avait dit qu'elle passerai à l'issue de sa journée de travail, l'italien bien qu'impatient, fut contraint de prendre son mal en patience jusqu'à l'arrivée de la jeune femme. En voyant sa voiture se garer sur le parking, il était soulagé. Un sourire se dessina sur ses lèvres en voyant l'automobile qu'elle possédait, non pas qu'il se moquait, simplement les souvenirs de leur accrochage, où elle s'était inquiété pour Sasha, sans doute en ayant peur qu'il ne monte sur ses grande chevaux pour sa voiture, il s'était plutôt préoccupé de Capucine que de sa voiture. Avec l'argent qu'il a, une voiture n'est qu'une voiture, un tas de pièces assemblées les unes avec les autres. Tant qu'une vie n'est pas en jeu, Sasha se fiche de la carrosserie, ça se répare.

" - Et bien le soucis est bien là justement, je n'ai rien fait ! Un écran noir s'est installé sur mon ordinateur et depuis, impossible d'en faire quoique ce soit. Bien évidemment, j'ai essayé de le redémarrer, en vain."

En plus d'apprécier le doigté musical de la blonde sur les touches du clavier, il appréciait aussi fortement la personne. Capucine est le genre de personne qui paraît un peu farfelu, sur une autre planète mais au final qui, quand on apprend un peu à la connaître est une femme en or. Elle a de réelles qualités de coeur et ça, il en était plus que conscient.

" - Est-ce qu'il y a moyen de faire quelque chose ?"

Il essayait de ne pas la brusquer parce qu'il savait qu'en dehors de rajouter une pression sur ses épaules, ça n'arrangerai pas la situation.

Sasha était peut-être nul quand il s'agissait des technologies, il savait tout de même utiliser un ordinateur ou une imprimante. Évidemment, la première chose qu'il avait fait était de vérifier le câble d'alimentation, l'alimentation elle-même, elle pouvait avoir subi une surtension et ne pas avoir tenu le coup. La concession était sur plusieurs groupes électrogènes, dont deux de secours dans le pire des cas. Mais rien de ce côté, il avait totalement séché et avait fait appel à Capucine.

Il l'avait déjà vu faire, pour elle tout cela n'avait aucun secret. Là où l'italien ne voyait que du blabla, elle lisait entre les lignes et communiquait silencieusement avec les machines informatiques. C'était presque à croire qu'elle avait le pouvoir de leur parler, tout comme certaines personnes parlent avec les animaux. Capucine c'était les ordinateurs.

À la suite de ça, il lui expliquait ce qu'il avait pu voir avant que son ordinateur n'affiche un écran noir. La spécialiste lui posa quelques questions, auxquelles il était bien incapable de répondre.

" - Non pas de message, ni de déformation d'image, enfin pas que j'ai remarqué en tout cas."

Il ne l'aidait pas vraiment il en était conscient, mais il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Il savait comment utiliser son ordinateur pour accéder à ce dont il avait besoin, rien de plus. Sasha restait en retrait pour tenter de ne pas être trop envahissant et la laisser faire son travail en paix.

Finalement, elle sortit une tablette ainsi qu'un câble USB pour brancher sur l'unité centrale. Il regardait chaque geste, comme s'il espérait apprendre quelque chose de tout cela. Mais en vain, Capucine caressait les touches du clavier sans même qu'il ne puisse voir ce qu'elle avait fait pour obtenir un tel résultat. Soudain, des lignes de code, du charabia pour l'italien.

" - Tu me parlerais chinois que ce serait pareil." fit-il en affichant un sourire enfantin avant de reprendre " - Anti-virus oui, normalement il était fourni avec la machine non ?"

En même temps, même s'il était fourni avec, depuis son installation soit environ sept ans, s'il n'avait pas fait les mises à jour nécessaires, son anti-virus était comme inexistant.

" - Et bien, c'est une bonne question, toi qui parle à l'oreille des machines, elles ne peuvent pas te répondre ?"

Oui Sasha aurait pu être que les nerfs puisque plus rien ne fonctionnait, mais il avait appris à relativiser, et puis, si des clients venaient à entrer dans la concession, il serait en mesure de les conseiller et de leur présenter les modèles même sans ordinateur, tout était dans sa tête, enfin quand il n'avait pas de pertes de mémoire, quoique ça allait un peu mieux ces derniers temps.

Sasha avait expliqué ce qu'il pouvait à la jeune femme en espérant que ça suffirait pour elle, pour déterminer quel pouvait bien être le problème. Le jeune homme se mit à rire en entendant les propos de la férue d'informatique. Quand il disait qu'elle parlait aux machines, il était dans le vrai. Encore plus quand elle lui avoua qu'il négligeait son instrument de travail. Jusqu'alors, il n'en avait jamais eu conscience, pour lui, il se contentait d'allumer et d'éteindre son ordinateur sans vraiment se préoccuper du reste, c'est certainement de là dont venait le problème.

La jeune femme se mit à faire son diagnostic, une multitude de lignes de code dont certaines pouvaient encore être lisible, tandis que d'autres ressemblaient à une suite de symbole sans réel sens. Pour Capucine, tout cela lui parlait et d'ailleurs, elle semblait avoir trouvé d'où provenait le problème, puisque ses doigts se mirent à pianoter sur sa tablette à une allure folle.

Tout semblait être réparé au moment où elle lança une nouvelle étape avant de finalement éteindre l'ordinateur et le redémarrer. L'instant que celui-ci redémarre, la blonde se mit à la taquiner. Sasha avait toujours apprécié ce genre de petites piques qu'elle pouvait lui lancer, ça prouvait bien que leur amitié était d'une simplicité extraordinaire.

" - Avec grand plaisir professeur !"

Depuis le temps, Sasha aurait bien effectivement d'une remise à niveau. Enfin quoi que dans son cas, ce serait plutôt un apprentissage complet de l'informatique plutôt qu'une mise à niveau puisqu'il n'y connaissait pas grand chose, il n'avait pas grandi avec toutes ces technologies et n'avait jamais pris le temps de réellement s'y intéresser.

Impatient de voir le travail de la spécialiste, l'italien attendait tout comme elle que l'ordinateur daigne s'allumer de nouveau. Ce qui fut le cas quelques secondes plus tard. Satisfaite de son travail, Capucine sauta presque de joie, et même si Sasha était plus réservé, il était tout aussi heureux qu'elle ai réussi à remettre la machine en route.

" - Ça j'en ai jamais douté. Tu as de l'or au bout des doigts." fit-il en déposant un baiser sur sa joue pour la remercier.

Capucine fit alors les derniers réglages avant de s'assurer que tout allait pour le mieux et qu'elle puisse repartir chez elle. Il la regarda faire sans pour autant comprendre ce qu'elle était en train de mettre en place, ce n'est qu'après les explications qu'il saisit l'icône qui venait d'apparaître dans le coin inférieur droit de son ordinateur.

" - Et bien me voilà rassuré alors !" fit-il avec son large sourire.

Avec Capucine, Sasha n'avait jamais eu à faire semblant, il avait toujours été lui-même et ça avait toujours fonctionné ainsi. Lui qui était un peu terre-à-terre, ça ne lui faisait pas de mal de côtoyer quelqu'un d'un peu fou histoire de lâcher prise quelques instants.

" - C'est toi bien sûr, mais tu le sais déjà !"

Finalement, il était content que son ordinateur est décidé de rendre l'âme quelques instants, ça lui avait permis de voir la jolie blonde.

" - T'as prévu quoi pour ta soirée ? Parce que je me suis dit que pour te remercier, je pourrai peut-être t'inviter au restaurant."

En réalité l'italien ne connaissait pas assez la blonde pour savoir si elle était accompagnée dans la vie, et il n'était pas assez curieux pour oser poser la question. Ça ne le regardait absolument pas au fond.

" - Enfin t'as le droit de refuser après tout, t'as peut-être autre chose de prévu ou bien tu n'as pas envie d'entendre parler de voitures toute la soirée." dit-il en rigolant.

Même s'il était passionné, en aucun cas il ne discutait de sujets aussi personnels lors d'une soirée avec des amis.

Sasha avait toujours eu cette facilité à discuter avec des personnes tant qu'il s'agissait de voitures, c'est quelqu'un qui n'est pas timide, enfin, du moins pas tant qu'il ne se retrouve pas en face d'une jolie demoiselle qui lui plaît. L'italien est un ami sur qui on peut toujours compter, peu importe les soucis, il serai prêt à remuer ciel et terre pour les personnes qui lui sont chères, et Capucine en est désormais.

Ce n'est pas dans ses habitudes que de se montrer aussi démonstratif, mais il sait laisser emporter par le flot, et heureusement pour lui, l'informaticienne ne semble pas s'en plaindre d'une quelconque façon.

Une fois qu'ils eurent terminés d'identifier le problème et qu'elle avait tout mis en place pour ne pas que ça recommence d'ici quelques jours, Sasha se lança à l'eau pour lui proposer un dîner. Il n'y avait aucune arrière pensée, simplement passer un moment avec une amie en dehors de sa concession remplie de voitures ou vien loin d'un ordinateur. En terrain neutre comme il aimait se plaire à appeler.

" - Tu sais bien que j'en serai incapable de payer quelqu'un pour ça." fit-il d'un ton sérieux avant de reprendre " - Je l'aurai fait moi-même en appuyant sur toutes les touches n'importe comment."

Avec sa connaissance de la technologie, il était persuadé qu'il aurait pu tout cela tout seul, la preuve puisqu'en somme c'était lui le responsable du problème que Capucine avait mis quelques minutes à régler.

" - Tu sais bien que c'est toujours un plaisir de d'étendre parler pendant des heures de ton travail, j'ai l'impression d'être un gamin de six ans à qui on explique la vie."

Capucine avait déjà essayé d'apprendre quelques petites astuces à l'italien, mais il était totalement indiscipliné et ne comprenait pas un seul mot du discours de la jeune femme.

Une fois les dossiers rangés dans le tiroir fermé à clé, les voitures rangées et la sécurité enclenchée, les deux jeunes gens pouvaient enfin quitter la concession. Un dernier coup d'oeil pour s'assurer qu'il n'avait rien oublié et l'italien accompagné de son amie quittèrent son lieu de travail.

" - Et bien disons que je te laisse carte libre. Et puis, tu sais bien que je n'ai jamais eu peur du regard que les gens pouvaient apporter sur moi quand je suis en ta compagnie."

Fut un temps, il y aurait prêté attention, mais avec Capucine il s'en fichait pas mal. Il lui arrive parfois d'accorder encore trop d'importance à ce que les gens pensent de lui, il agit de manière à plaire aux autres avant de se plaire à lui-même. Encore un point sur lequel il doit travailler pour effacer définitivement le regard des inconnus sur sa personne et vivre pour lui.

C'est vrai que la voiture de Capucine serait sans doute moins confortable que la sienne, mais ça n'empêche qu'elle roulait et c'est tout ce qui comptait.

" - Tu sais que si tu veux changer de voiture, je peux toujours te faire une grosse réduction sur un modèle qui te plairait."

Oui il essayait de la convaincre de laisser tomber son tacot pour acheter quelque chose de plus digue d'elle, mais au fond, son carrosse comme elle l'appelait collait parfaitement avec sa personnalité : déjantée.

Sasha appréciait Capucine, il n’y avait plus aucun doute dessus, en revanche, même si certains gestes pouvaient paraître ambigu aux yeux des autres, l’italien n’avait jamais rien éprouvé d’autre pour l’analyste qu’une forte complicité. Ce qu’il aimait avec elle, c’est qu’il n’avait pas besoin de faire semblant, il suffisait qu’il soit simplement lui-même. Tout semblait si léger auprès d’elle qu’il en oubliait durant les quelques instants de sa présence, ses soucis de santé ou même la tonne de travail qui l’attendait à la concession. Tout cela disparaissait quand Capucine était là, et rien que pour ça, Sasha était heureux qu’elle fasse partie de ses amis proches.

" - Je ne me moque pas, je te dis simplement que je suis tellement nul dans ce domaine que tu pourrais probablement me donner des cours comme les cours où on apprend aux enfants à lire."

Et c’était réel, ça n’avait aucun secret pour la jeune femme, Sasha était une bille dans tout ce qui traitait de technologies, une fois de plus, elle venait d’en avoir la preuve avec ce problème pour lequel il l’avait sollicité.

" – Et bien voilà chose faite !" fit-il en ricanant en repensant à cette invitation qu’il venait de lui faire pour le dîner.

Il est vrai que Sasha pourrait être gêné d’être vu en compagnie de Capucine, non pas qu’elle ne soit pas charmante, simplement que son style contrastait avec les standards de la société actuelle. Et alors ? Si elle s’assumait ainsi où était le mal ? En tout cas, l’italien n’était pas prêt de la laisser tomber simplement parce qu’elle était différente. Sasha aimait les gens différents et il ne changerai ça pour rien au monde. La différence assumée est l’avenir de ce monde il est en certain.

Le jeune homme avait appris à apprécier les gens tels qu’ils étaient, il n’avait jamais demandé à ce qu’ils changent, c’était à lui de s’adapter et non aux autres, en tout cas, c’est de cette manière qu’il voyait les choses. Au fond, il était un peu pareil qu’elle, il cachait ses blessures, ses cicatrices sous un masque, en se donnait un style qui n’était probablement pas véritablement le sien, alors il ne pouvait que comprendre la jolie blonde.

" – Bien sûr que je t’imagine au volant de ces voitures, et puis tu sais, ça a beau être une concession de luxe, il y en a pour tous. Et puis, tu collerais parfaitement avec le décor, une beauté dans une élégante voiture, que demander de mieux ?"

Non ce n’était pas de la drague, il le pensait réellement, Capucine avait beau être une amie à lui, il la trouvait tout de même séduisante et persuadé que celui qui saura passer outre son habillement dénichera la perle rare.

" – Tu penses vraiment que parce que je mets un costume et que j’ai du fric je côtoie que des établissements luxueux où se trouve toute la Haute ? J’aime les choses simples, alors un petit restaurant dans le centre me semble être une bonne idée."

Sasha avait parlé sur un ton plaisantin, mais c’était bien la vérité, il n’aimait pas sortir son argent simplement pour montrer aux autres qu’il était fortuné et qu’il pouvait bien se payer ce qu’il désirait. L’italien avait toujours apprécié la simplicité et ce n’est pas les liasses de billets qu’il possédait qui l’avait fait changé, bien au contraire, ça n’avait fait que renforcer son point de vue. Donner à ceux qui sont dans le besoin, voilà à quoi lui sert réellement son argent, même si peu de personnes le savent, Sasha n’a pas envie de se vanter ou de se faire mousser.

Capucine avait beau rigoler aux propos de l'italien, n'empêche que dans sa concession il n'y avait pas que des gens friqués. Certaines personnes avaient un salaire convenable et décidaient de s'offrir ce petit plaisir d'acheter une nouvelle voiture. Certes, la majorité était plutôt dans les prix élevés, mais il y avait des modèles à tous les prix, abordables pour des budgets plus petits. De nos jours, le luxe est devenu un marché qui ne connaît pas la crise et pourtant, Sasha essaye de rendre accessible au plus grand nombre les modèles de sa concession, ce n'est pas gagné mais il y travaille.

Il finit par adresser un fin sourire à son amie tout en s'installant dans sa voiture, ou plutôt son cercueil roulant. Il est vrai qu'en entendant chacun des bruts qu'émettait la ferraille de l'automobile, l'italien n'était pas spécialement rassuré. En temps normal, il roulait dans sa chevrolet et les bruits parasites étaient quasiment inexistants, alors forcément ça le changeait, est-ce pour autant qu'il allait se sentir mal à l'aise ? Non pas du tout.

Malgré sa réussite financière, Sasha ne s'était jamais senti au-dessus des autres. Il avait tenu à rester quelqu'un de simple, et qui ne se prenait pas la tête. Il détestait ces clichés des personnes riches qui se payent des costumes sur mesure hors de prix, pour se pavaner devant la foule afin de montrer sa fortune. L'italien lui, aimait la simplicité, les petits restaurants de quartiers ambiance famille, les magasins au coin de la rue qui accueille les habitants. Voilà ce qu'il aime.

" - Je veux bien t'y emmener même si je les connais pas vraiment, mais la véritable punition sera que tu devras payer l'addition." fit-il en lui adressant un large sourire moqueur.

Bah oui, l'inviter dans un restaurant chic, il peut le faire sans soucis, ce sera même avec plaisir. Mais la véritable punition ne sera pas de venir dans un tel lieu, mais plutôt de régler la note. Car dans ce type de restaurant, l'entrée coûte le prix d'un menu dans d'autres établissements culinaires. Bien évidemment, c'est une plaisanterie, jamais Sasha ne laisserait payer la jolie blonde, d'autant plus qu'il n'est pas friand de ce type de restaurant, où certes la nourriture est de qualité, mais où la quantité est largement insuffisante à son goût, bien que cela convienne à d'autres.

Ils prirent finalement la route pour rejoindre le restaurant où Capucine avait décidé de l'emmener, en cours de chemin, elle se décida à le questionner, malheureusement, elle savait parfaitement que l'italien n'était pas très bavard lorsqu'il s'agissait de lui.

" - Voir quelqu'un ? Non, ce n'est pas pour moi ce genre de choses. Puis qui voudrait d'un vieux comme moi ? Je suis dépassé maintenant, je suis bon pour la casse."

C'était sensé être une plaisanterie, mais Sasha le pensait sincèrement. L'image de son ex-femme hantait encore son esprit. En sept ans, il n'avait pas été capable de retirer son alliance, alors comment pourrait-il fréquenter quelqu'un ? D'autant plus avec ses soucis de santé, lui-même ignorait sa durée de vie, il refusait de faire souffrir une personne à cause de son départ prématuré. Alors pour se consoler, il préférait rester seul à se morfondre dans les souvenirs du passé qui le brise un peu plus chaque jour qui passe.

" - Et toi ? Y'a pas un beau mec au boulot qui te tourne autour ? C'est obligé qu'il y en ai au moins un qui te fasse de l'oeil, à moins qu'ils soient aveugles ou mariés." finit-il en plaisantant.

Capucine avait peut-être un style extravagant, mais en apprenant à la connaître, c'est une femme fragile et qui ne demande qu'à aimer qui se cache sous ces grands airs, il suffit simplement de dépasser le stade de l'apparence, mais hélas, peu en font l'effort.

Finalement arrivés au restaurant, la blonde gara son véhicule et ils en sortirent tous les deux. Une fois à l'entrée de l'établissement Sasha assista à une scène qui ne pouvait lui laisser croire que Capucine était une habituée des lieux au vu de la réaction du patron. Bien évidemment, le coup d'oeil de ce dernier sur sa personne ne manqua pas d'attirer l'attention du brun. En même temps, il pouvait le comprendre, qu'est-ce qu'un gars comme lui en costard pouvait bien venir faire dans un restaurant qui semblait si simple, si familial ? Il y avait de quoi se poser des questions, et ne voulant pas faire de boulettes, il crut un instant que les deux amis étaient plus que ça. Capucine rectifia le tir et le présenta. Sasha tendit sa main, serra celle du patron, puis ils furent installés à la table qui semblait être celle attitrée à la blonde lorsqu'elle venait y manger.

" - Alors comme ça madame à sa table habituelle ? Puis, le patron a l'air de bien t'aimer." fit-il en la taquinant du coude.

Certes Sasha n'était pas doué en ce qui concerne l'informatique, en revanche, pour ce qui est de la mécanique, il en connaît un rayon. Bidouiller, les mains dans le cambouis, il a déjà fait ça plus d'une fois. Bon c'est vrai qu'au premier abord, quand on le voit avec son costume, on peut se demander s'il n'est pas complètement coincé et qu'il est capable que de conclure des ventes, mais il a été mécanicien avant d'être concessionnaire. Il lui arrive même parfois de regarder si tout ces modèles d'expositions sont en pleines formes. Alors les bruits du moteur et le reste, il connaît plutôt pas mal !

Puis Capucine le menaça faussement en lui disant de prendre soin de son ordinateur, sinon il serai dans l'obligation de l'inviter dans un restaurant chic. Déjà que de base, même habillé de la sorte il n'y va pratiquement jamais, en dehors de quelques rares exceptions prêt, mais sinon, il est vrai que ce n'est pas du tout sa tasse de thé malgré son apparence. Une fois on lui avait déjà fait la remarque qu'il était bien trop habillé pour venir dans un restaurant simple et cosy, c'est même si on lui a demandé s'il ne s'était pas trompé d'adresse. Il est vrai qu'il ne se sentait pas à l'aise dans les restaurants où les personnes sont en costume comme lui, mais qui ne font que parler boulot, qui aiment se faire mousser auprès de leurs amis ou même de leur compagne de soirée. Il n'était pas dupe, des personnes dans son âge qui traîne avec une jeunette d'une vingtaine d'années, il ne fallait pas être diplômé des dizaines de fois pour comprendre de quoi il s'agissait. Tout ces gens plein de fric ont la fâcheuse manie de penser que tout s'achète, jusqu'à une compagnie féminine pour une soirée, simplement pour faire bonne impression auprès d'investisseurs ou autre. Pathétique.

Si, comme Capucine lui avait plus ou moins sous-entendu, l'invitait chez elle pour un dîner, il se promis qu'il ferait l'effort de venir en décontracté, bien que ça lui arrivait peu souvent hormis pour aller faire du sport ou quand il était en dépression avec pour seule compagnie sa bouteille d'alcool à la main. Un sujet qui en amène un autre puisqu'elle s'intéressa à la vie amoureuse de l'italien. Il n'y avait pas grand chose à dire, il aimait une femme qu'il avait perdu depuis des années, il n'avait même pas été capable de retirer son alliance, et il se contentait de se morfondre dans le passé sans même essayer d'avancer. Peut-être était-il passé à côté de son âme soeur. Quoiqu'il en soit, le sujet était douloureux et Sasha n'était pas là pour se plaindre de quoique ce soit.

" - S'il n'y a que ça pour te faire plaisir, tu sais que j'ai aussi des vieux modèles."

Bien évidemment, il avait mimé des guillemets avec ses doigts. Il n'avait pas de voitures datant de dix ans, mais il en avait d'environ cinq ans qui n'étaient plus vraiment à la mode ou d'actualité mais qui plaisait tout de même à certaines personnes. Peut-être que ça pourrait correspondre à la blonde après tout. Mais pour le coup, il est de son avis, plus il y à d'électronique dans la voiture, plus c'est voué à tomber en panne.

" - De nous briser ouais.." fit-il en songeant encore à son ex-femme qu'il venait de revoir et qui avait définitivement achevé ses espoirs. " - Mais ne passe pas à côté de ça, quand tu trouves la bonne personne, c'est une fantastique aventure.." conclut-il peu convaincu par sa propre histoire.

" - Je comprend mieux l'accueil du patron, mais cela n'empêche qu'il a l'air de bien bien t'aimer !"

Sasha taquinait assez rarement les personnes, généralement quand il le faisait, c'est déjà parce qu'il savait que ce ne serait pas mal interprété mais aussi, pour essayer de se changer les idées.

" - Pardonnez-moi madame la comtesse." fit-il avec un ton faussement hautain avant de sourire à son amie et de prendre la carte des vins.

Sasha n'était pas porté très alcool, hormis quand il se sentait délaissé et qu'il vidait une bouteille en une heure, mais le vin devenait quasiment incontournable pour manger, bien que lui s'en passe quasiment toujours. Mais pour faire plaisir à Capucine, il opta pour un vin réputé avec une petite touche fruitée tout en étant fort à la fois.

" - S'ils font du kir à la pêche, je ne suis pas contre. Mais si tu n'en prends pas, je m'en passerai."

L'italien ne voulait pas être le seul à boire devant les yeux de son amie.