S.O.S technologies [Feat. Capucine James]

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Au fond, cuisiner ne dérangeait absolument pas Sasha, contrairement à certains clichés d'hommes célibataires qui ne mangent que des plats à emporter ou bien surgelés, lui aimait cuisiner et il était plutôt doué dans ce domaine. Cuisiner pour les autres ne le gênait pas du tout, il l'avait déjà quand Nina était venu lui rendre visite, et puis, cuisiner pour ses amis ça lui faisait plaisir. Il n'était pas forcément un chef étoilé mais sa nourriture était comestible c'était l'essentiel non ? Enfin, peut-être que Capucine aura l'occasion d'y goûter la prochaine fois.

L'italien ne put s'empêcher de sourire en l'entendre lui dire qu'elle ne cuisinerait que s'il était sage, ça sonnait comme une menace mais au fond, ça ne lui faisait rien, il savait que la blonde rigolait. Maintenant qu'elle avait fait le nécessaire pour son ordinateur ainsi que son réseau, il ne devrait plus y avoir de soucis et si c'était le cas, il s'empresserai de lui téléphoner afin de ne pas faire quelque chose qui pourrait signer l'arrêt de mort de son ordinateur et du sien par la même occasion.

" - Oh tu sais, sinon je peux t'inviter avant, ça t'évitera de te déplacer pour rien." fit-il en rigolant.

Pour son amie la technologie était sacrée, tandis que pour lui, c'est un domaine dans lequel il n'avait jamais mis les mains, il se debrouillait aussi bien qu'il le pouvait, mais visiblement pas assez bien pour l'as des technologies qui bien failli dérailler en voyant la catastrophe à laquelle il avait échappé. Comme si c'était inconcevable à ses yeux. C'était un peu comme s'ils venaient de deux mondes différents, mais ça ne les empêchait pas d'avoir cette amitié entre eux.

" - Et tu sais que si tu veux venir à la maison il n'y a aucun soucis." confessa-t-il à son tour tout en souriant en posant ses yeux sur la main de son amie sur la sienne.

La villa dans laquelle logeait l'italien était parfois trop grande pour un homme seul, il avait rarement de la visite et lorsque c'était le cas, ce n'était que l'espace de quelques heures. Heureusement, il avait Tigrou pour pouvoir lui passer un peu de temps et il se sentait un peu moins seul avec lui. Jamais il n'aurait pensé avoir un chaton chez lui et encore moins le temps pour s'en occuper. Mais finalement la conjoncture avait fait que désormais il avait pas mal de temps devant lui.

" - Avec grand plaisir, partons pour des profiteroles."

Après tout, s'il pouvait faire plaisir à Capucine en partageant son dessert, il le ferait sans hésiter, il n'y avait plus qu'à attendre que le serveur ne vienne prendre la suite et fin de leur commande. En attendant, le brun changea de sujet.

" - Bon alors, tu arrêtes combien de méchants par jour avec tes petits doigts de fée ?" questionna-t-il avec un large sourire, son menton posé dans la paume de sa main comme s'il buvait les propos de la belle blonde.

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Capucine rit.

« Venir te rendre visite est toujours un plaisir, mais, tu peux m'inviter autant que tu le veux ! » minauda-t-elle en riant. Elle se sentit rosir lorsque Sasha posa sa belle main élégante sur la sienne. « Tu ne devrais pas inviter n'importe qui chez toi, un jour tu pourrais tomber sur quelqu'un d'envahissant. » le taquina-t-elle en relevant les yeux.

Elle fut surprise du trouble qu'elle ressentait. Peut-être était-ce à cause de la douceur de sa peau, de la chaleur de sa main sur la sienne, ou peut-être était-ce à cause du vin ? Elle sourit en baissant doucement les yeux, soudainement un peu timide. Elle se demandait ce que ce bel homme, riche et élégant, faisait dans ce petit resto de quartier avec une fille aussi décalée qu'elle.

Bien sûr elle savait que pour Sasha leur différence de classe sociale n'avait pas d'importance, de même que son apparence physique. Elle savait même qu'il la trouvait jolie. Il le lui avait dit une fois ou deux, et elle le croyait.

Elle secoua la tête pour se reprendre et retourna sa main sous la sienne pour être paume contre paume, gardant le contact avec lui pendant qu'ils attendaient leur dessert. Elle ne le retenait pas, mais elle espérait qu'il ne se déroberait pas trop vite.

La jeune femme fut soulagée quand il changea de sujet la questionnant sur son boulot.

« Ta ta ta... tu sais très bien que je suis tenue au secret professionnel, mais... On va dire que ça dépend des jours. Et toi ? Tu en vends beaucoup des voitures de standing ? »

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Sasha n'avait aucun problème à inviter chez lui les personnes à qui il tient, et sans surprise, Capucine en fait partie. Cependant, tout le monde n'a pas la chance de pouvoir pénétrer dans sa villa.

" - Oh ne t'en fait pas pour moi, tout le monde n'a pas cette chance de pouvoir admirer l'intérieur de ma villa." fit-il avec un sourire allongé.

Accepter de faire rentrer n'importe qui n'était pas dans ses habitudes, il choisissait avec soin les personnes qu'il jugeait assez digne de confiance pour pouvoir entrer chez lui sans risquer quoique ce soit.

" - Peut-être que c'est ça qu'il me faut pour palier la solitude, une personne envahissante.." lança-t-il comme si de rien n'était.

Il ne l'avouait pas ou quasiment jamais, mais la solitude, bien qui l'aimait particulièrement, lui pesait à certains moments, une présence féminine dans sa vie ne serait pas de trop, quant au fantôme de son ex-femme il planait toujours au-dessus de sa tête, l'empêchant de vivre comme bon lui semble.

Il fallut quelques minutes avant que leurs desserts n'arrivent sur la table. L'instant que le tout soit préparé, le jeune homme avait essayé de détendre l'atmosphère, jugeant que la discussion devenait sans doute trop sérieuse, mais surtout, il refusait de tergiverser plus longtemps sur sa situation sentimentale. D'autant plus qu'il avait déjà dit à la belle blonde qu'il la trouvait élégante, c'était la vérité, mais il n'avait jamais cherché à aller plus loin. En vérité, il n'avait aucune idée de ce qu'elle en aurait pense s'il s'était mis à la charmer, aurait-il eu ses chances ? Il ne le saura probablement jamais étant donné qu'il n'avait pas osé briser cette amitié complice entre eux.

La fin du repas était devant eux, il ne restait plus qu'à le déguster. Partager avec Capucine ne lui posait aucun soucis et si en plus il pouvait lui faire plaisir, alors il en était que plus heureux.

" - Ça dépend des clients, mais ça me permet de vivre alors je dirais que j'en vends assez pour vivre tranquillement. Et puis, le luxe a au moins l'avantage de ne pas être trop touché quand il a une crise quelconque."

Sans plus attendre, le brun retira sa main de sur celle de son amie pour pouvoir s'attaquer au dessert. Après quelques bouchées, il avait pu se faire une idée sur la qualité de ce restaurant, et c'est sans aucun doute qu'il reviendra ici dès que l'occasion se présentera.

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Capucine était troublée. Peut être le vin ? La fatigue ? Elle avait l'impression de regarder son ami avec un œil neuf. Elle avait toujours sut qu'il était très élégant et séduisant. Le regard que les gens portaient sur eux quand ils étaient ensembles l'amusait énormément. Tous semblaient se demander ce que cet homme à l'élégance si classique faisait avec cette femme au look excentrique.

« S'il n'y a que ça pour te faire plaisir, je peux m'incruster quelques temps ! » rétorqua-t-elle en riant à sa remarque sur la solitude

Aussitôt elle se mit une gigantesque baffe mentale. Comment allait-il prendre cette réflexion ? Elle pouvait paraître bien déplacée... elle eut envie de rajouter quelque chose comme « en tout bien tout honneur » ou autre bêtise, mais elle se dit qu'elle en avait déjà assez fait. Il valait mieux ne pas tenter d'arranger les choses, sinon, il allait se rendre compte qu'elle venait d'attaquer la falaise.

Elle baissa un instant les yeux sur leurs mains. La grande main élégante de Sacha recouvrait la sienne... un frisson la parcouru sans qu'elle ne sut bien à quoi il était du, par contre, quand il retira sa main pour commencer à déguster l'assiette de profiteroles qu'un serveur venait de déposer entre eux avec deux couverts, elle ressentit très clairement une vague de regret.

La jeune femme masqua son trouble en attaquant à son tour la pâtisserie.

« Nous avons de la chance. Nos carrières ne connaissent pas la crise. » Répondit-elle en s'efforçant de rire.

Elle regrettait soudain de ne pas être une femme plus séduisante, plus sure d'elle. Si tel avait été le cas, peut être aurait-elle eu le courage de tenter sa chance ? Aussitôt cette idée la fit sourire tant elle était ridicule. Bien sûr Sasha la trouvait charmante et séduisante, mais de là a... Non, quel homme pourrait envisager quelque chose d'autre que de l'amitié avec elle ? Le concept de « Friendzone » avait été inventé pour elle.

Capucine baissa les yeux sur l'assiette, raclant un peu le chocolat fondu pour se donner une contenance et masquer la soudaine vague de tristesse qui l'avait envahie.

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Depuis bien des années, Sasha avait fait un gros travail sur lui-même pour ne jamais laisser paraître quoique ce soit. Le visage fermé, les yeux sombres, mais en réalité tout cela n'était qu'une façade, un moyen de se protéger du regard des autres sur sa personne. Malgré le fait qu'il fasse comme si rien ne l'atteignait, la vérité est toute autre, et il souffre du regard, des critiques des autres, mais le cache sous son habituel sourire.

Le jeune homme ne peut s'empêcher de sourire en entendant les propos de son amie, elle savait très bien qu'elle était toujours la bienvenue chez lui, il lui avait toujours dis que pour elle, la porte serait toujours ouverte, peu importe si elle désire venir par envie ou alors parce qu'elle a un besoin d'un endroit où se réfugier, même s'il doute que si c'était le cas, la villa de Sasha soit le premier endroit où elle vienne se ressourcer.

" - Tu sais très bien que tu y es comme chez moi, il y a largement de la place pour t'accueillir chez moi autant que tu le voudras."

Parfois, l'italien se demandait ce qu'il faisait dans une villa aussi grande pour un homme seul comme lui. Des fois, il était heureux d'être seul, ça lui permettait de se retrouver, de se recentrer, mais d'autres fois, la solitude lui pesait, même s'il ne l'avouera probablement jamais.

Sasha ignorait pourquoi, mais en déposant son regard sur la jolie blonde, il avait comme l'impression qu'elle ne se sentait plus aussi à l'aise qu'au début du repas. Avait-il dit ou fait quelque chose qui lui avait déplu ? Ou bien était-ce l'effet de l'alcool ? En réalité il ne savait pas trop et tout cela le troublait un peu. Il décida cependant de ne pas s'en préoccuper dans l'immédiat et détourna le sujet au moment où on leur apporta leur dessert.

" - C'est sur, enfin pour moi ça va, mais je pense bien que tes collègues ou même toi préféreriez être victime de la crise. C'est comme si les criminels ne cessent de se reproduire et ce, aux quatre coins de la planète."

L'italien en était bien conscient, bien que ce soit sur une période assez courte, il avait pu être aussi dans ce milieu et voir tout ces criminels qui ne cessent d'envahir chaque recoin comme si le travail produit ne servait pas. Il y avait parfois de quoi se remettre sincèrement en question, même si Capucine n'est pas sur le terrain, au coeur de l'enquête, elle voit aussi tout un tas de choses et elle a du mérite de réussir à supporter tout ce qui se passe sous ses yeux. Sasha l'admire aussi pour tout cela, en plus de sa personnalité qu'il apprécie fortement.

Reposant sa main sur la sienne, s'arrêtant de manger l'instant de quelques minutes, il voulait s'assurer que tout allait bien, car Capucine ne semblait clairement pas dans son assiette, bien qu'elle essaye de le cacher, l'italien n'est pas dupe.

" - Capucine ? Tu es sûre que tout va bien ? Je.. Je.. Tu as l'air d'être ailleurs.."

Ses yeux plantés dans les siens, il craignait que son amie ne lui ai caché quelque chose d'important, pour ne pas l'inquiéter, pour ne pas se plaindre tout simplement. Mais il refusait de la laisser ainsi, même s'il devait passer la fin de la soirée avec elle, il le ferait sans hésiter. Capucine avait toujours eu ce petit quelque chose qui ne laissait pas le jeune homme indifférent, mais il était incapable d'expliquer quoi exactement.

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Capucine fut reconnaissante à son ami quand il décida de changer de sujet de conversation, revenant sur un sujet moins perturbant pour elle... le boulot. Elle sentit un sourire effleurer ses lèvres.

« C'est sûr que vu mon choix de carrière, je ne risque pas de se retrouver au chômage technique, et pourtant, parfois, j'adorerais qu'on me dise « Désolée Mademoiselle, mais faute de criminels, nous sommes obligés de dissoudre les services de police. » » répondit-elle avec un petit rire qui sonnait faux.

Décidément, elle ne se reconnaissait pas ce soir. Elle n'avait pas l'habitude d'être obligé de se forcer pour avoir l'air à l'aise avec Sasha. D'ailleurs, elle réalisa rapidement qu'il n'était pas vraiment dupe quand la main du jeune homme se posa à nouveau sur la sienne et qu'il lui demanda d'une voix douce et vaguement inquiète ce qui lui arrivait.

Elle releva les yeux, en se composant un visage, décidé à dire que tout allait bien qu'elle était simplement un peu fatiguée. Mais lorsque son regard croisa celui de son ami, elle sentit son masque se fissurer. Elles savait qu'elle avait déjà au fond des yeux cette petite lueur triste qu'elle ne pourrait pas cacher à quelqu'un qui la connaissait aussi bien.

Sasha était son ami, elle avait confiance en lui. Elle n'aurait pas hésiter une seule seconde à lui confier toutes ses peines de cœur, à pleurer un peu sur son épaule. Mais, là, la situation était un peu différente. Déjà parce qu'elle ne savait pas pourquoi elle avait de telles pensées ce soir, et surtout parce qu'elle n'avait pas envie de prendre le risque d'abimer leur amitié.

Capucine baissa à nouveau les yeux, s'attardant un instant sur la grande main de Sacha posée sur la sienne, et le sourire qu'elle tenta lui serra douloureusement la gorge. Elle bougea sa main sous celle de son compagnon, hésitant à tenter d'enlacer ses doigts dans les siens. Finalement, elle se contenta de retourner sa paume pour qu'elle soit contre celle de Sasha. De sa main libre, elle saisit son verre de vin en soupirant et le fini pour se laisser quelques secondes supplémentaires pour savourer la douceur de cette main dans la sienne.

Ils venaient de finir leur dessert, elle savait que le moment de se dire « au revoir » arrivait à grand pas, et cette idée lui était juste... insupportable. Elle n'avait pas envie de rentrer dans sa maisonnette vide, elle n'avait pas envie de se retrouver seule.

« C'est rien. » dit-elle d'une voix faible « Juste que certains soir... je... » Elle soupira et baissa un peu plus le nez avant d'ajouter « Tu es sérieux quand tu me propose l'hospitalité ? » demanda-t-elle d'une voix tremblante en rentrant un peu la tête dans les épaules, comme pour se protéger d'un coup. Elle craignait d'avoir été trop loin. De voir la main de son ami se retirer de la sienne, son attitude chaleureuse se refroidir.

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Sasha était bien conscient que dans le domaine où travaillait Capucine, il n'y aurait jamais de crise, et pourtant, comme elle le disait si bien, en dépit de son travail, n'importe qui travaillant avec elle, aimerait sans doute qu'un jour on leur annonce qu'ils n'ont plus de travail faute de criminels. Mais tout cela est utopique et n'arrivera jamais, même dans le meilleur des mondes, il y a aura toujours ces personnes qui sont en marge de la société et ça, rien ni personne ne pourra le changer. Le taux peut diminuer, mais il n'atteindra jamais zéro, c'est une certitude qu'il avait doublé de son instinct pour avoir travailler quelques temps dans ce corps de métier.

Cependant, il pensait qu'en abordant un sujet sur lequel était à l'aise la blonde, la situation allait s'arranger et l'atmosphère se détendre. Au lieu de ça, il sentit un malaise flagrant lorsqu'elle s'adressa à lui. Durant quelques secondes, égoïstement il se demandait s'il s'agissait de lui, était-ce lui qui était à l'origine de ce malaise ? Il l'ignorait mais que son geste ainsi que sa voix douce suffiraient à pousser son amie à se confier à lui. Même si ce n'était que dans les grandes lignes, ça faisait assez longtemps qu'ils se connaissaient pour qu'elle sache que tout ce qu'elle lui dira ne changera pas l'amitié qu'il lui porte, ni même cette admiration qu'il ne lui a jamais avoué.

Le silence s'installa entre eux, l'instant qu'ils terminent leur dessert, l'italien espérait malgré tout qu'à l'issue de ce dîner, la jolie blonde allait se confier à lui, ou tout du moins lui dire ce qui n'allait pas. La vérité c'est que Sasha se sentait mal, il voyait la détresse de son amie mais il était impuissant, ne savait comment arranger tout cela, et la savoir mal ne lui plaisait guère.

Soudain, la voix de son amie finit enfin par raisonner, mais le tolnre de celle-ci n'était pas vraiment ce à quoi il s'attendait. Quelque chose semblait vraiment la perturber et il pouvait le lire dans ses yeux.

" - Tu quoi Capucine.. ? Tu sais que tu peux tout me dire, je suis là pour t'écouter.." fit-il de sa voix douce et rassurante tout en caressant la paume de la blonde.

Il fut surpris par sa question suivante mais ne le montra pas pour ne pas l'influencer.

" - Bien sûr que j'étais sérieux. Tu doutes encore de mes propos ?" fit-il en lui adressant un sourire dont lui seul avait le secret.

Sasha finit par se lever pour prendre une chaise inoccupée et s'installer plus près de Capucine. Son regard se planta dans le sien pour essayer de comprendre ce qui la minait tant.

" - Dit-moi ce qui ne va pas Capucine.." murmura-t-il tout en prenant la main dans la sienne et replaçant une mèche blonde derrière son l'oreille.

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Capucine fut soulagé de voir que son ami ne la repoussait pas, mais elle en fut aussi un peu troublée. Ce soir ses émotions étaient ambivalentes et un peu compliquée à gérer. S'il avait retiré sa main et repris une attitude plus distante, elle en aurait eu le cœur brisé, certes, mais au moins, elle aurait su à quoi s'en tenir.

Au contraire, il sembla s'inquiéter encore plus de la voir si tourmentée. D'une voix douce, avec beaucoup de tendresse, il lui demanda ce qu'elle voulait dire, replaçant avec délicatesse une de ses boucle blonde derrière son oreille pour dégager son visage tout en venait s'asseoir sur la chaise contiguë à la sienne.

Elle du faire un effort sur-humain pour ne pas se blottir contre lui. Décidément, ce soir, elle ne se reconnaissait pas. D'habitude, elle gérait très bien ce genre de situation, les retournant à son avantage par une petite pirouette humoristique. Ce soir elle n'en avait pas le courage.

L'opulente blondinette posa un regard vaguement triste dans celui de son compagnon de la soirée.

« Je suis désolée, je ne suis pas d'aussi bonne compagnie que tu étais en droit de l'espérer. » commença-t-elle « Mais tu n'en est en rien responsable. Comme tu le sais, je n'en ai jamais fais mystère, j'ai quelques difficultés psychologique qui se manifeste sans prévenir, le plus souvent aux moments les plus inopportuns et ce soir c'est un soir « sans ». »

Elle soupira profondément et ferma les yeux en posant sa tête sur l'épaule de Sasha, avant de décider de ce jeter à l'eau.

« Je ne suis pas le genre de fille qui fait tourner les têtes. Je suis le genre de fille qui est plutôt la « bonne copine » à qui on présente sa dulcinée. La plupart du temps, ça me convient très bien. Il y a bien longtemps que j'ai compris que le concept de « friendzone » avait été inventée pour moi. »

Elle baissa les yeux, se sentant rougir.

« Mais que je le veuille ou non, je suis une fille, avec un petit cœur qui bat, la plupart du temps j'arrive à le contrôler, mais il arrive parfois que mes émotions s'échappent. Ce n'est que l'affaire de quelques heures. Quelques heures parfois difficiles quand je suis seule. C'est pour ça que je te demande si tu acceptes d'héberger une naufragée des sentiments chez toi pour la nuit. Je te promet, demain, il n'y paraitra plus ! »

Capucine sentit quelques larmes picoter ses paupières. C'était la première fois qu'elle s'ouvrait ainsi totalement à quelqu'un. Elle comprendrait parfaitement qu'il puisse prendre peur et décider qu'il valait mieux la raccompagner chez elle et espacer leurs relation. Ce ne serait pas la première fois que ça lui arriverai. Elle le gérerait, elle doublerait les anxiolytiques et peut être qu'elle se mutilerai légèrement pour provoquer un afflux d'endorphine dans son corps, histoire de reprendre le controle. Elle avait l'habitude, et elle savait comment le cacher.

« J'ai pas envie de rentrer dans ma maison vide et froide après cette merveilleuse soirée. Mais si tu as d'autres projets pour la soirée, je ne veux pas t'imposer mon embarrassante présence » précisa-t-elle d'un ton plus suppliant qu'elle ne l'aurait voulu et qu'elle détesta.

Du coup, ça lui donna un coup de fouet, hors de question de se transformer en pleureuse suppliante, malgré son état elle avait sa fierté ! Elle se redressa et lui offrit un sourire chafouin et un petit clin d’œil « Mais, peut être ne veux tu pas ruiner ta réputation de tombeur en ramenant Mobi Dick chez toi ? Je comprendrai tu sais. J'ai l'habitude d'être la « fille qu'on cache », même en amitié. »

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Sasha était bel et bien conscient qu'il avait une certaine image aux yeux des gens, mais en vérité, il n'avait jamais rien fait pour la cultiver que ce soit d'une manière ou d'une autre. Certes il avait un certain charme, mais il ne s'en était pas vanté, ou même utilisé pour obtenir quelque chose d'une personne. Et il ne le ferait jamais, s'il obtenait quelque chose, c'est pour la simple et bonne raison qu'il s'en ai donné les moyens pour y parvenir, ce qui n'est pas forcément le cas de tout le monde, qui comme lui, possède une petite fortune qu'il utilise à bon escient. Finalement, en prenant du recul, l'italien se demande si c'est lui qui est étrange ou bien si sa vision des choses était totalement dépassée pour la société actuelle. Quoiqu'il en soit, le quadra n'allait certainement pas laissé tomber son amie peu importe la raison pour laquelle elle était dans cet état. Il espérait secrètement qu'il n'ai pas joué un rôle dans le mal-être qu'elle ressentait, sinon il sentirait encore plus coupable qu'il ne l'ai déjà actuellement.

Afin de la rassurer et de lui montrer qu'elle pouvait se confier à lui, il avait quitté sa chaise pour s'installer sur celle juxtaposant la sienne, réduisant ainsi la distance entre eux. Un sourire se voulant rassurant se dessina sur ses lèvres alors qu'il replaca une mèche de cheveux derrière son oreille, se retenant au passage de laisser sa main caresser la joue de son amie. Ce geste était quasiment naturel pour les personnes avec qui il se sentait à l'aise et avec qui il savait qu'il ne serait pas interprété comme déplacé. Mais il ne le fit pas, de peur que ça ne vienne perturber la blonde dans ce qu'elle s'apprêtait à lui révéler.

Malgré les révélations de la jolie blonde, Sasha ne put que se détendre un peu lorsqu'elle le rassura en lui disant qu'il n'avait aucunement joué un rôle dans son état de ce soir. Au fond, ça le rassurait, mais pas assez pour que son visage s'illumine entièrement. Il était contrarié de la voir ainsi, contrarié de ne pas être en mesure de se montrer digne de leur amitié et de la faire rire comme il aimait tant le faire. Mais même avec tout cela, il avait échoué ce soir, et il se sentait mal d'avoir failli à sa tâche d'ami.

Ne désirant pas la brusquer, il la laissa poursuivre sur sa lancée, collant sa tête contre la sienne en risquant quelques caresses dans sa chevelure blonde pour lui montrer qu'elle n'avait rien à craindre. Pas de lui en tout cas. Et la suite de ses propos lui brisait le coeur. Il savait que Capucine ne s'était jamais sentie très intégrée dans la société si on pouvait le dire ainsi, mais il ignorait que ses complexes pouvaient arriver à cette extrémité, il en était tout aussi fautif puisqu'il ne lui disait pas assez souvent qu'il la trouvait belle, peut-être que ça suffirait à la faire sentir plus féminine, plus désirable et qu'elle se sentirait mieux. Il imaginait comment à l'avenir il pourrait l'aider de ce point de vue là, il fallait qu'il y réfléchisse à tête reposée.

Son discours fut trop fort pour qu'il la laisse poursuivre sans prendre la parole. La dureté de ses mots envers elle-même était inquiétant, elle avait vraiment besoin d'être soutenue et il s'en voulait d'avoir failli à son devoir d'ami. Il décala sa tête, plaça son index et son pouce sous le menton de la blonde afin que ses yeux rencontrent les siens.

" - Tu n'es pas une naufragée des sentiments, tu es une femme qui a besoin qu'on lui montre qu'elle est belle, qu'elle est désirable, tu es juste une personne humaine, il n'y a rien de mal à ça. Tout le monde a besoin qu'on lui montre de l'intérêt, qu'on le complimente, ce n'est pas un crime. Et depuis le temps quon se connait, tu ne devrais même pas avoir à me demander avant de venir à la maison, tu sais que la porte t'es ouverte et ce, pour la durée dont tu auras besoin."

La vérité c'est que l'italien aussi avait ses périodes de moins bien, ses périodes de flou total où la seule issue qui lui semblait la plus appropriée c'est celle qu'il n'a jamais eu le courage de faire même lorsqu'il possédait son arme de service. Il s'en voulait que Capucine se sente obligé de demander avant de venir chez lui, peu importe la raison, il ne le lui demandera jamais, il voulait juste qu'elle est une maison de secours si elle en avait besoin. Si elle hésitait encore c'est qu'il n'avait pas été assez convainquant dans ses propos précédents sur ce sujet.

" - Les seuls projets que j'ai pour ce soir, c'est de rentrer chez moi pour m'occuper de mon chaton et de faire tout ce qui est en mon possible pour que tu ailles mieux. Donc non, je n'ai pas mieux à faire." fit-il avec un large sourire.

Il pensait que la situation était en train de se délasser petit à petit mais, il retomba bien vite quand elle ouvrit de nouveau la bouche. Il s'éloigna d'elle, afin d'instaurer une distance qui lui suffisait à planter son regard dans le sien. Un regard qui se montrait plus froid qu'il ne l'aurait voulu dans un premier temps, tout comme sa voix qui sonnait trop autoritaire pour la situation, mais il n'acceptait pas qu'elle se dénigre ainsi sous ses yeux. Bien qu'au fond, il fasse la même chose mais jamais devant les autres, toujours lorsqu'il est seul et à l'abri des regards.

" - Ne redis jamais une chose comme ça. Jamais. J'en ai rien à foutre de ma réputation, et si tu crois que c'est réellement ce qui m'importe alors c'est que tu me connais bien mal."

Oui il avait élevé un peu la voix. Oui il était en colère, contre elle, contre lui-même, mais au fond il l'aimait et il voulait la protéger du fait qu'elle se détruise toute seule. Voilà pourquoi il avait été un peu plus brutal, et maintenant que les mots étaient dit, il s'en voulait.

" - Excuse-moi.. Je ne voulais pas dire ça.. Mais je ne supporte pas que tu te dénigre comme ça, qu'est-ce que je dois faire pour te prouver que tu es belle, que tu as du charme et que les hommes sont trop idiots de te zapper comme ça, qu'ils ne se rendent pas compte de la perle à côté de laquelle ils passent. Dit-le moi, si je peux t'aider, je le ferai."

Il se sentait impuissant, lui qui avait l'habitude d'avoir le contrôle de sa propre vie, là il était totalement perdu et ses propos tout comme sa voix en témoignait.

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Capucine souffrait. Elle n'avait pas senti arriver la crise. Si elle avait été seule, même au resto, ça n'aurait pas été un soucis. Marco aurait pris les dispositions nécessaires pour la faire ramener chez elle. Mais ce qui la faisait souffrir c'était que la crise se soit déclenchée en présence de Sasha. Elle devait admettre qu'elle avait apprécié qu'il l'engueule. La plupart des gens se contentait d'aller dans son sens avant de couper toute relation.

Elle ne remettait pas en cause ses capacités intellectuelles, ni qu'il pourrait comprendre... enfin, elle voulait le croire, mais ses amitiés passées lui avaient prouvées que ce n'était pas aussi simple.

La jeune femme fit tout ce qu'elle pouvait pour reprendre son emprise sur elle même. S'efforçant d'offrir à Sasha un beau sourire
« Ne t'excuses pas. Tu sais, rare sont les gens qui osent engueuler quelqu'un qu'ils savent « fragile » mentalement. Et c'est une erreur. Et là, en l’occurrence, c'est moi qui te dois des excuses. Je te connais, Sasha. C'est juste que parfois, quand je suis dans cet état là, c'est très difficile pour moi de faire la part des choses. »

Elle ferma un instant les yeux. Non. Il ne pouvait pas à avoir idée d’à quel point c'était compliqué. Elle s'éclaircie la gorge avant de reprendre.

« Quand je me sens aussi mal, en fait, je peux même imaginer que la mamie qui sort son caniche se moque de moi parce qu'elle se racle la gorge » lacha-t-elle. Elle resta un instant silencieuse, fixant son assiette et les reliefs de leur dessert avant de reprendre « Tu sais, il m'est souvent arrivé que des amis m'abandonnent, juste parce que j'avais eu le malheur de leur dire que je souffrais d'un trouble psy, même pas grave. Certains ont pris la première occasion pour provoquer une dispute et dire « tu vois, t'es folle ! Fous moi la paix », d'autres ont été plus doux et laissé faire le temps. »

Elle releva un regard triste vers lui.

« Sachant ça, tu maintient ton offre d'asile ? Je crois qu'une bonne nuit de sommeil en serrant sur mon cœur une boule de fourrure chaude et ronronnante me ferait le plus grand bien ce soirée »

Elle marqua une pause avant de lui lancer un regard espiègle

« Il va de soit que je parle de ton chat ! »

Capucine se sentit désemparé devant les propos de son ami. Elle n'avait jamais envisagé que ça pourrait le mettre mal à l'aise, après tout, il semblait toujours si sur de lui ! Elle se sentit également coupable. Il n'était pas responsable de son état.

Peu de personnes étaient capable de le comprendre. Capucine souffrait d'une affection psychologique un peu compliquée à comprendre pour les autres. Comme toute les affections psychologiques. Elle en souffrait depuis longtemps. Au début, dans le besoin d'être honnête avec tout le monde, elle n'en avait pas fait mystère. Elle expliquait à tout un chacun ce qu'elle subissait. La plupart des gens, dans une volonté de se montrer « ouvert d'esprit », lui disait que ce n'était pas grave. En fait, ce n'était pas grave tant qu'elle ne subissait pas une crise... auquel cas, elle s'entendait dire que ce n'était qu'une excuse pour ne pas bosser, qu'elle était un poid pour la société... alors, qu'elle n'avait jamais fais les démarches pour que son trouble soit pris en charge. Elle avait sa fierté ! Et pour elle, pouvoir mener une vie « normale » était une victoire.

Curieusement, ce n'était pas son employeur, le même depuis sa sortie de l'école de police qui lui causait le plus de soucis. Il fallait reconnaître que dans l'ensemble, et sur la totalité de ses années d'ancienneté, ses absences liées à son trouble était assez rares... Par contre, vu qu'elle était reconnue comme « travailleuse handicapée », son employeur recevait des aides non négligeables qui finalement était plus intéressante que ses absence.

Non, c'était avec ses « amis » que les choses étaient parfois devenus difficiles. Elle ne s'affichait pas devant tous, mais elle devait bien reconnaître que dans l'ensemble, ça lui avait mal réussit. Sacha savait « en gros », mais pas vraiment le niveau de souffrance qu'elle pouvait atteindre. Et elle ne voulait pas que ça change.

Elle ne voulait pas le perdre. Et elle savait très bien que ce genre de chose pouvait briser des amitiés. Certains à qui elle s'en était ouverte l'avait purement et simplement rejetée comme une malade mentale dangereuse.... d'autres avaient été plus « doux », espaçant leurs relations jusqu'à ce qu'elles devienne inexistante. Elle savait qu'elle prenait le risque de le perdre, mais dans l'état actuel des choses, elle ne pouvait pas faire grand chose d'autre, à part prier pour que Sasha soit différent, et comprene que ce n'était pas parce qu'elle était fragile qu'elle était forcément dangereuse ou envahissante.

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