En compagnie des morts... (Nathan & Noa)

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Don't lie to me.

Noa & Nathan.

Nathan était dans une position où il se trouvait être à l'écoute comme il ne l'avait jamais été avec une personne de l'âge que pouvait avoir Noa. Il se surprenait à éprouver un réel intérêt à échanger avec elle et surtout à apprendre à la connaître. Il l'avait rencontré, il y a quoi ? A peine quelques heures et pourtant elle s'était mise à lui confier bien des choses personnelles. En soi, cela ne le déranger pas, c'était quelque chose qu'il garderait pour lui. Ce n'était même pas sûr qu'il parle de cette rencontre avec sa femme. De toute façon, il était presque sûr que cela lui serait complètement égal. Peut-être même qu'elle le prendrait mal surtout s'il commençait à dire qu'il s'était attaché à cette jeune femme qui était pour lui comme une enfant ce soir même, face à lui. C'était le sujet à ne pas aborder, les enfants.

- Je comprends mais ta mère devrait comprendre aussi que tu es envie de rencontrer ton père. Bon après je ne connais pas forcément votre situation familiale alors ça met facile à dire, c'est certain.

Les conseils, c'était toujours plus facile à donner surtout lorsqu'on se trouvait être dans une position où on n'avait pas forcément toutes les informations, un peu comme Nathan en ce moment même. Il bu une gorgée de son café continuant son échange avec Noa le plus naturellement du monde.

- J'espère aussi pour toi dans ce cas et pour ton frère.

Pour le reste ça pouvait être un peu bizarre de rencontrer et même côtoyer des gens et s’apercevoir qu'on a des liens de parentés tel que frères ou sœurs. Nathan avait déjà deux petits frères et une petite sœur, il n'en voulait pas d'autres. Il fit une légère grimace en souriant.

- C'est certain. Tu n'as jamais essayé de le retrouver ? Remonter des pistes en cherchant dans les endroits où il aurait fréquenté ta mère par exemple ? Où elle vivait avant que vous naissiez ton frère et toi… Je crois que c'est mon âme d'enquêteur qui parle.

C'était certain que lui, il n'aurait pas pu rester sans réponse. Déjà plus jeune, il faisait passer des interrogatoires à ses frères pour savoir lequel avait fini son chocolat alors vous imaginez maintenant ? Il était encore pire.

- Ton frère qu'est ce qu'il en pense ?

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Je lâche un rire entre l’assiette que j’ai vidé, il reste quatre frites, le coca qui a disparu à moitié, le muffin et le café qui restent encore. Pas mauvais ce qu’ils servent ici. Il faut que je retienne l’adresse, c’est sympa, pour le volume servi, le côté qualité/prix et sur les horaires d’ouverture. Un post-it dans un coin de mon cerveau !

— Ça ne me dérange pas que tu uses de ton âme d’enquêteur. C’est même bien, cela me donne des idées sur les questions à poser, sur les lieux à explorer.

J’apprécie effectivement.

— Cependant, actuellement, je ne vais pas creuser. Ce n’est pas le moment pour questionner ma mère. C’est une période délicate.

Je fais la moue. Dans l’état de délabrement où elle est depuis le départ de ma belle-mère, je ne me sens pas du tout de la harceler de questions. Déjà, qu’elle remonte la pente. A vrai dire, moi aussi, je ne me sens pas l’énergie de me lancer dans la recherche de mon père maintenant. Trop de choses à cicatriser avant d’ouvrir d’autres blessures. Quand les choses iront mieux... Et puis moi, je ne suis pas au mieux de ma forme. Je n’ai pas envie qu’il y ait un affrontement si les souvenirs de ma mère au sujet de notre géniteur est problématique.

— Oh mon frère c’est un ange tombé du ciel, un gentil garçon. Bien des fois trop gentil.

Je soupire. Non pas parce qu’il est adorable, je ne l’échangerai pour rien au monde, mais parce que le sujet dont nous discutons tranquillement dans ce resto n’est pas celui qui tourne régulièrement entre nous, ni en positif, ni en négatif. Silence radio !

— Ce n’est pas le sujet que nous abordons... D’aussi loin que je me souvienne, il a fait en sorte d’éviter d’aborder l’existence de notre père. Je crois qu’il n’a pas du tout envie d’en parler. Il l’a peut-être même occulté complètement pour éviter de souffrir de son absence. Nous sommes une famille monoparentale, point à ligne.

Et pourtant, nous avons un père quelque part dans ce monde.

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Don't lie to me.

Noa & Nathan.

Nathan comprenait plus ou moins par quoi passer Noa. Pas parce qu'il avait vécu la même chose, mais parce qu'il avait côtoyé pas mal d'enfant dans ce cas là. Lorsque sa mère était plus jeune, elle travaillait dans un orphelinat où était recueillit beaucoup d'enfants seuls mais aussi des enfants dont le seul parent qu'ils pouvaient avoir, n'avait plus la force de s'occuper d'eux. C'était sur les marches de cet orphelinat qu'une femme seule et désespérée avait un jour laisser ce petit garçon portant le prénom de Christopher, devenu depuis très longtemps de frère de Nathan. Chris était bien évidement plus âgé que Noa et son frère, mais s'il lui prenait l'envie de retrouver sa mère alors Nathan savait qu'il l'aiderait. Un frère devait pouvoir comprendre ces choses là même si c'est difficile à entendre. Dans le cas de Noa, ils pourraient plus que s'entre-aider s'ils décidaient de faire des recherches.

- D'accord… Si jamais un jour l'envie te prend de creuser, passe au commissariat. Toute bonne enquête commence par là.

Il ne pu s'empêcher d'échapper un léger rire lorsque Noa parla de son frère. A part Chris qui était le plus adorable des petits démons, Nathan avait un autre frère qui était lui aussi un ange tombait du ciel. Nathan n'avait jamais rien eu à lui reprocher, à part peut-être le fait d'avoir eu un enfant, chose qu'il ne pourrait avoir lui-même un jour, mais tout cela n'était qu'une sorte de jalousie qu'il essayait de dissimuler à longueur de journée.

- Les frères trop parfaits c'est pas le top, hein ? Je sais ce qu'il en est. On ne peut pas leur en vouloir d'être adorable, mais on aimerait qu'ils soient un peu moins parfait. Je sais ce qu'il en est.

Le regard de Nathan se posa sur l'horloge accrochait sur le mur du petit restaurant/fast-food. Il était plus de quatre heures du matin, alors il était peut-être temps qu'ils rentrent tous les deux. Avalant la dernière gorgée de sa petite tasse à café, Nathan sortit de sa poche quelques billets commençant à faire le compte pour payer la note que le gérant avait posé quelques minutes plus tôt sur leur table.

- Je te laisse finir et je te raccompagne chez toi qu'est-ce que tu en dis ?

Nathan ne se voyait pas du tout laisser Noa toute seule ici. Maintenant qu'il était assuré qu'elle allait un peu mieux et bien, il se sentait responsable en quelque sorte.

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Mon “ami” légiste m’invite à passer au commissariat si je me lance dans la recherche de mon père. Pour l’instant c’est un lieu qui correspond à de mauvais souvenirs, je ne parviens pas à l’imaginer comme étant celui qui m’offre une rencontre positive avec mon géniteur. Bizarrement, sur le coup, je me vois d’avantage faire appel à un privé qui décortiquerait sa vie de A à Z pour savoir s’il vaut le coût que j’aille à sa rencontre physiquement. Se protéger d’un manque d’affection de la part d’un père qui nous a abandonné. Me protéger d’un coup de colère si une gamine conçue par erreur débarque dans sa vie parfaite sans cette erreur de jeunesse.

— On verra. J’en sais trop rien. On verra oui, en temps voulu.

Je hausse les épaules. Pour l’instant j’ai un deuil à faire. J’ai à me reconstruire après cette agression. Pas envie d’ajouter une déception à la clé.

Il me fait sourire en parlant des frères parfaits. Kenzo parfait. Tellement. C’est vrai que parfois je l’aurais voulu plus mordant. Mais peut-être qu’il pense la même chose de moi... Non, ça ne risque pas. Je ne suis pas parfaite. Trop casse-cou. Trop délurée. Trop... Trop je sais pas quoi, mais parfaite je suis sûre que non. Je ne me serais pas retrouvée dans régulièrement dans des situations limites si je l'étais. Jusqu'à l'apothéose de cette agression. Je préfère tellement que ce soit moi plutôt que lui qui ce soit retrouvé dans cette situation. Là c'est la partie qualité, protectrice et attentionnée vis-à-vis de mon frère. Je souris à mon propre inventaire. J’ai mes défauts et mes qualités. Tout le monde a des qualités.

— Oui mais on y perdrait au change s’ils étaient trop brutaux, trop distants.

Il regarde l’heure. Je n’ose pas me retourner pour vérifier à mon tour. Il doit être horriblement tard et j’ai pris beaucoup de son temps. Je vais culpabiliser. Non même pas. J’avais besoin de cet instant, ce havre de paix, avec un homme compréhensible, à l’attention paternelle. J'acquiesce de la tête. Je termine ce qui me reste de nourriture.

— J’habite au 8 South Bay. J’espère que ça ne te fais pas faire un trop grand détour ? J’ai déjà abusé de ta gentillesse. Je peux me débrouiller pour rentrer. Tu me déposes là où ça t’arrange et je finis par mes propres moyens.

Suivant le coin de rue qui l’arrange, je finis au mieux à pied, sinon je réveille quelqu’un pour me servir de chauffeur. J’ai probablement des copains qui ne dorment pas encore.

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Don't lie to me.

Noa & Nathan.

Nathan ne fit pas trop de commentaire en ce qui concerner le père de Noa. Elle était libre de faire les démarches qu'elle souhaitait et surtout au moment où elle le voudrait vraiment. C'était probablement dur de se faire une image de quelqu'un pour se rendre compte qu'il était complètement différent, en bien ou en mal, mais différent. Elle avait eu assez d'émotion pour ce soir, ce n'était pas la peine d'insister sur le sujet. Ils parlèrent ensuite de la famille, des frères en particuliers, elle avait bien raison. S'ils n'étaient pas aussi parfaits, ça ne serait définitivement pas pareil.

- Effectivement, j'ai deux petits frères et une petite sœur et sans eux, je pense que je me serais senti seul toute ma vie.

C'était probablement encore plus le cas pour Noa qui avait un jumeau. On disait souvent que les enfants nés en même temps développaient un lien particulier tout au long de leur vie. Nathan proposa ensuite de la raccompagner lorsqu'elle aurait fini. Il était hors de question qu'il la laisse rentrer seule chez elle. Cela le fit sourire lorsqu'elle lui donna son adresse.

- Et bien écoute, ça tombe très bien pour toi. J'habite au 4 south bay.

Autant dire qu'ils étaient presque voisins. Nathan paya l'addition lorsque Noa eut fini et les voilà de retour dans le quartier qu'ils partageaient. Leur discussion se fut plus banal. Nathan lui laissa même son numéro de portable au cas où, si elle avait besoin, même juste de parler, cela ne le déranger pas. Lorsqu'elle sortit de la voiture, il lui fit un dernier sourire lui disant « Bonne nuit » en espagnol. Une habitude qu'il avait depuis toujours, puis il rentra chez lui en réfléchissant à cette soirée, puis le sommeil l'emporta assez rapidement.

FIN.

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