A moment for us [Anna & Brendon]

Brendon tire des conclusions hâtives, soudainement. Il est persuadé que je vais mettre au monde dans quelques mois une petite Amelia ainsi qu’un petit Rory. Je n’ai rien contre l’idée, elle est charmante. Seulement, je préfère conserver les pieds bien ancrés sur la terre ferme tant que son instinct ne nous aura pas été confirmé à la prochaine échographie. Je sais que je parais rabat-joie mais, je tiens juste à ce que nous ne soyons pas trop déçus s’il s’avère que j’attends deux bébés du même sexe. C’est donc pour ce motif que je rappelle à mon compagnon l’importance de choisir un second prénom. La réaction qui suit est sans appelle sur son état de motivation à le faire. Il me soupire dans les cheveux, totalement démotivé. Je soupire à mon tour, partiellement déçue. Nous étions bien partis pourtant. Pourquoi tout d’un coup l’idée de trouver un prénom à une seconde petite fille ne l’intéresse plus ? C’est une question a laquelle je préfère ne pas avoir de réponse. Je crains qu’elle finisse de me décevoir, et vienne terminer cette soirée sur une note potentiellement négative. Je devrais lui en informer, d’ailleurs, pour que nous ne repartions pas dans nos anciennes mauvaises habitudes de tout ce cacher. Seulement, je n’en ai pas l’envie. Je le ferais demain matin au déjeuné. Inutile de l’accabler maintenant, surtout que nous sommes bien fatigués de notre journée. M’embrassant dans le creux de mon cou, Brendon me soumet le prénom Olivia. Je délaisse le téléphone pour tourner mon visage en sa direction, souriante. Il fait un effort. Je suis contente. Néanmoins, je constate l’état avancé du sommeil chez lui lorsqu’il laisse à nouveau tomber son front contre mon épaule. Je décide donc de le laisser tranquille à ce propos, dés qu’il a finit de s’excuser. « Non. » Je dépose ma main sur sa joue que je caresse, avec tendresse. « Olivia c’est parfait. J’aime beaucoup. » Je marque une pause. « Ce que je te propose, c’est que nous regagnons tout les deux notre lit. Nous pourrons discuter un peu de la maison avant de nous endormir, si tu le souhaites. » Je lui laisse le choix pour la conversation, mais pas pour le reste. Immédiatement, je me lève en guise d’invitation silencieuse à me suivre jusqu’à notre chambre. Avant de rentrer dans la maison, je lui rend son téléphone, puis récupère nos boissons ainsi que le baby phone que je ramène dans la cuisine. Ensuite, j’attends qu’il ait finit de verrouiller la baie vitrée donnant sur la terrasse pour l’entraîner sur mon sillage à l’étage supérieure. Nous sommes très discrets dans les escaliers. Nous n’oublions pas la princesse qui dort dans l’une des chambres voisines. D’ailleurs, après avoir jeté un rapide coup d’œil dans l’entrebâillement de la porte, nous constatons qu’elle dort comme un vrai petit ange. J’ai un sourire attendri au visage. J’imagine nos enfants, plus tard. Dés que nous sommes dans notre chambre, je lui offre un baiser tendre sur les lèvres en lui lâchant la main. Il est temps pour moi de faire un détour par la salle de bain. Je n’en ressors que quelques minutes après, vêtue d’une nuisette épousant la forme de mon ventre faiblement arrondie. Brendon est déjà couché. Je me faufile sous le drap pour rejoindre le confort de ses bras accueillants. Nous serions seuls dans la maison, je serais tentée pour un gros câlin. Ne l’étant pas, je me contente d’un baiser chaste suivit d’un : « Je t’aime.» Que je murmure contre ses lèvres. Délicat d’être sage avec ma libido actuelle.

Je devrais faire un effort. Elle a raison, nous n’avons pas terminé la conversation et je fais preuve d’immaturité en décidant du prochain sujet de discussion sans lui laisser d’autres choix. Non, c’est faux. Je ne lui impose rien, juste que mon esprit n’est plus coopératif et j’ai conscience que ça doit être très frustrant pour elle. Je décide donc de me reprendre. Je propose sans y réfléchir le prénom Olivia. Il m’est familier et c’est en le prononçant que je me souviens pourquoi. Il s’agit du second prénom de Lexie, qu’elle ne porte pas dans son cœur d’ailleurs. Du coup, si Anna accepte ce prénom, ma meilleure amie pourrait vite la dissuader de l’idée avec des arguments en béton. Et moi je vais passer pour celui qui cherchait à se débarrasser de la discussion dans l’histoire. Ce qui sera vrai. Je grogne intérieurement face à mon comportement. Je me suis pourtant promis de ne plus être difficile, de ne plus engendrer de disputes. Ce n’est pas avec cette attitude déplaisante que je vais y parvenir. Je ne peux pas toujours avoir ce que je veux dans la vie. Je me range donc du côté d’Anna et je cherche à lui faire nommer d’autres prénoms afin que nous réglions vraiment cette histoire comme nous le désirons et pas juste parce que j’en avais marre. Ce n’est pas comme ça que ça marche. Ma compagne me surprend toutefois en aimant finalement sincèrement le prénom Olivia et en proposant d’aller dans notre lit pour finir la discussion. Ce n’est vraiment pas une mauvaise idée. Ma bière et son cocktail ne sont pas terminés, mais nous sommes visiblement fatigués donc il serait juste de rejoindre notre lit d’ici peu. Je souris très grand à sa proposition et je me lève en m’étirant, vulnérable à des chatouillements que Lexie ne se serait pas retenu de me faire. Je reprends mon téléphone, verrouille la baie vitré et baille un coup. Je laisse Anna me prendre par la main et me conduire jusqu’à la chambre en marchant presque sur la pointe des pieds pour éviter de réveiller Lana. Je laisse ma compagne aller à la salle de bain pendant que je retire mes vêtements et vais me coucher sous les draps. Je commence déjà à m’endormir lorsque la lumière de la porte de la chambre de bain qui s’ouvre que rappelle qu’on doit discuter. Mes paupières se relèvent. J’accueille Anna dans mes bras, la portant jusqu’à mon torse par réflexe. Elle m’embrasse et m’offre une déclaration d’amour qui incite un sourire puis un second baiser moins chaste. Je me contiens, me contentant de porter mes mains à son dos pour qu’elle ne tombe pas d’un côté où de l’autre de mon corps durant la nuit. Son ventre est sur le mien, confortable et réchauffé doucement. Je ferme les yeux, laissant la respiration d’Anna m’apaiser. « Je pense que pour la maison, le plus logique et le moins cher serait de la rénover pour l’agrandir d’une chambre. On l’aime déjà tellement, alors pourquoi changer. » Je dis en chuchotant, gardant les paupières closent. « Sauf qu’on aurait les moyens de changer complètement. Je veux dire par là de nous faire construire une maison sur mesure après l’achat d’un terrain vacant à South Bay. Ça va prendre plusieurs semaines à construire, excluant le temps d’acquisition du terrain et de la conception de la maison. Donc le délai sera probablement serré. Mais on a aussi ce choix là. » Je soupire doucement, de plus en plus relaxe. « On a finalement l’option « ne rien faire ». Donc attendre la naissance, faire dormir les jumeaux dans la même chambre et déménager dès qu’ils auraient deux ou trois ans. D’ici là le marché immobilier aura peut-être bougé en mieux ou en pire. On ne peut pas prédire. Mais si on veut et qu’on trouve ça trop stressant présentement, on peut reporter à quelques années sans problème. » J’ouvre les yeux, afin d’écouter ce qu’elle pense du sujet.

Le meilleur endroit sur terre, en ce qui me concerne, ce trouve être entre les bras de Brendon. Je pourrais y rester des heures entières si la vie n’exigeait pas que l’on quitte notre lit de temps à autre. Je pourrais d’ailleurs me montrer également plus coquine si une petite miss ne dormait pas dans une chambre voisine. Cependant, ce n’est le cas malheureusement. C’est toutefois l’unique aspect que je trouve négative au fait d’avoir Lana quelques jours en vacances à la maison. Je ne peux pas exprimer librement ma libido qui se trouve décupler depuis quelques temps. Mais bon. Sa maman a aussi besoin de vivre sa vie de femme alors… je serais sage. Du moins, jusqu’à ce que l’on retrouve notre intimité. Ensuite… Hum… je n’en dirais pas plus. Surtout que ce n’est pas le sujet le plus important. Ce qui l’est, c’est cette histoire de déménagement que nous avons abordés rapidement suite à ma première échographie. Nous sommes aux devants d’un imprévu conséquent : l’arrivé de deux enfants. C’est un problème puisque la maison ne contient pas assez d’espace pour cela. Brendon m’énumère donc les options que nous avons, pendant que je pose ma tête contre son épaule les yeux clos. La première, la plus logique et économique : serait d’agrandir l’étage. Elle nous permettrait de rester dans cette maison à laquelle nous tenons, sans nous soucier d’où aller vivre ensuite. La seconde, plus onéreuse et longue dans le temps : acheter un terrain sur lequel nous ferions bâtir celle de nos rêves directement. Celle-ci nous offrirait l’avantage de vivre dans un endroit spécialement conçu pour notre famille, offrant sans doute bien plus d’espace aux jumeaux. La troisième, la moins immédiate autant qu’incertaine : ne rien faire dans l’absolu et attendre que nos enfants ait deux/trois ans pour prendre cette décision. Hum. Je la rejette immédiatement. Je veux que nos enfants aient directement tout le confort dont ils auront besoin. Du moins, que j’estime qu’ils auront besoin alors j’annonce, d’une voix paisible. « Pas la troisième option. Je veux qu’on résolve cette histoire maintenant. » Inutile de faire durer en longueur. « La deux est pas mal mais comme tu l’as dis, nous aimons trop cette maison pour nous résoudre à la quitter alors… je préfère que l’on considère plus sérieusement cette histoire de travaux de rénovations. Le mieux serait bien évidemment de les faire avant la naissance des jumeaux, qu’ils aient leurs chambres qui les attendent. » Je refuse que nos bébés souffrent des pollutions auditives que représentent d’aussi lourd travaux. De plus, cela va faire énormément de poussière. Non. Définitivement. Le climat doit être parfaitement agréable lorsqu’ils auront quittés le confort de mon ventre. Je ne doute pas que le papa ait cette même philosophie. Il prend déjà tellement soin d’eux dès à présent. Je sourie à la pensée qu’ils sont en ce moment entre leur maman et leur papa, dans cette position. Brendon me fournit son avis sur la question. Il me semble comprendre que nous sommes d’accord mais le sommeil me fait perdre un peu le fil de ces propos. Je tente de m’accrocher mais, en vain. Soudainement je perds pied avec la réalité, et je m’endors.

Je suis content voir même étonnamment soulagé de pouvoir aborder le sujet de la maison avec mon compagne. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est l’un de ces sujets qui me mettait la pression puisque la décision que nous allons prendre est majeure. Donc forcément, peu importe le choix, il y aura des conséquences importantes. Si je suis quelqu’un qui a apprit à s’adapter rapidement aux changements dans le domaine du travail, je demeure assez traditionnel, voir même lent d’adaptation, lorsqu’il s’agit de ma vie domestique. Si quelque chose est changée de place par exemple, je mets plusieurs fois à chercher l’objet avant de me souvenir qu’il a été rangé ailleurs. C’est surtout vrai pour le rangement et l’organisation, mais je me fais plutôt rapidement à des modifications comme repeindre un mur. Il ne faut pas chercher à comprendre, je ne saisis pas moi-même comment mon cerveau peut s’adapter plus à l’un qu’à l’autre. Je ne cherche pas non plus à comprendre. Je veux juste avoir l’opinion de la mère de nos futurs jumeaux. Des jumeaux. Même après presque un mois à savoir qu’ils sont sagement dans le ventre d’Anna à grandir lentement, j’ai encore beaucoup de mal à me le figurer. Je vais probablement le réaliser pleinement seulement en les voyant tous les deux le jour de l’accouchement. Nous leur avons déjà trouvés des prénoms, ce qui est très bien. Cela me fait plaisir de savoir qu’ils ne sont plus bébé numéro un et bébé numéro deux. Ils ont désormais une identité. Nous ne connaissons pas encore leur sexe respectif, mais j’ai un fort pressentiment pour à la fois un garçon et une fille. Pour un Rory et pour une Amelia. L’image est forte dans mon esprit. Trop probablement. Je sais qu’Anna souhaite qu’au fond je ne sois pas déçu si mon scénario de rêve ne se produit pas. Je ne vais pas l’être. Sérieusement. Nous allons avoir deux bébés ensembles. Et ils sont en santé, surtout. C’est tout ce qui compte et me remplis de joie. Le reste est superficiel. Couché dans le lit auprès de la femme que j’aime, j’hausse les sourcils alors qu’elle souhaite régler la question maintenant en rejetant l’option numéro trois. Cette initiative d’Anna me plait énormément. Je ne sais pas pourquoi ça me plait au point d’éprouver un fort désir pour elle d’un coup. Disons que c’est la fatigue qui me rend plus fluctuant à ce niveau. Je me concentre rapidement sur la suite, même si mon corps garde secrètement l’idée d’une partie de jambes en l’air. Ce n’est pas vraiment le moment, pas avec Lana chez nous. Je serre mes bras un peu plus autour d’elle. Je considère son opinion énormément. Elle pense au final comme moi, il semblerait. « D’accord. Je vais me référer dès demain à une entreprise de construction pour faire venir le plus tôt possible un évaluateur pour voir nos options de rénovation. Il va pouvoir nous produire des plans. Après, on pourra prendre une décision sur ce qu’on veut vraiment selon les choix et les prix qu’il va nous proposer. Je suis d’accord, il faut faire cela avant la naissance des jumeaux pour éviter à toi et à eux du stress inutile. » Je souris, satisfait. Je remarque ensuite qu’Anna ne bouge plus et respire plus lentement. Elle s’est endormie. Je secoue la tête sur mon oreiller. Je vais lui répéter tout ce que je viens de dire demain puisque je ne sais pas quels mots elle a manqué au juste. Inutile de la réprimander. Je lui pardonnerai n’importe quoi. Je ferme donc les yeux en soupirant de bonheur.

FIN