Evie - C'est trop banal d'être sentimentale

Evie Bane-Levy

La plupart des gens disent qu’on a besoin d’amour pour vivre.

les informations en vrac

la partie anecdotes ○ Ses origines colombiennes lui viennent de sa mère "biologique" oui entre guillemets parce qu'en fait Evie des mères, elle en a deux, Zella et Jodie, et même si elle n'a aucun lien génétique avec Jodie elle ne fait aucune différence - Elle a aussi un petit frère à qui elle adore rappeler ses 4 ans de plus, mais pour Reid elle donnerait sa vie. Si lui a contrario a été porté par Jodie il n'en reste pas moins son frère - Elle a toujours trouvé le choix de ses mamans poétiques, qu'elles portent chacune l'un de leur enfants et qu'elles fassent usage du même donneur pour qu'ils aient la moitié des mêmes gênes - Elle parle espagnol, langue apprise par son grand-père d'origine colombienne - Elle n'a pas programmé sa vie comme sur du papier à musique, non, mais elle n'aime pas laisser place à la surprise, la vie peut être une vraie garce, autant essayer de l'empêcher de vous mettre des couteaux dans le dos en la contrôlant un minimum - Des listes, toujours et encore, c'est depuis qu'elle est gamine, des rêves trop grands, trop d'envies en même temps, trop de choses à faire, alors la petite fille a commencé à tout classer, tout ranger, tout organiser, maniaque ? Allez-y, dites-le, elle vous mettra un coup dans les dents - Manuelle, elle sait faire usage de ses dix doigts, c'est simple quand elle voit quelque chose dans une boutique elle ne se demande pas si elle va l'acheter mais comment elle va pouvoir se fabriquer le même, couture, coiffure, peinture, acupuncture, elle bricole aussi un peu, enfin elle regarde des tutos et après elle se débrouille avec les outils qu'elle a sous la main - elle a une passion pour les meubles de récup, des vieilleries vous dirons certaines personnes de son entourage, des trésors elle rétorquera - On qualifie sa famille d'atypique, parfois d'original ce à quoi elle répond sarcastique "oh oui c'est hilarant". Que les gens tiquent encore à l'idée qu'un couple homosexuel élève des enfants la met hors d'elle - depuis le divorce de ses parents  il y a 7 ans, Evie se méfie particulièrement de l'amour, elle a cru pouvoir y croire à nouveau une fois et elle s'est méchamment pris une poutre. Alors oui c'est bien joli mais elle a bien compris que ça ne durait pas, que c'était bien trop fragile, bien trop compliqué à entretenir, que la flamme pouvait s'éteindre du jour au lendemain, que l'amour pouvait cesser sans réelle raison, c'est bien trop imprévisible et incontrôlable pour elle - Dans la vie elle est maquilleuse pro, sa spécialité les effets spéciaux. Elle manie avec patience l'argile, la mousse de polyuréthane, le silicone, la mousse de latex et l'aérographe jusqu'à obtenir un personnage digne d'un film de science-fiction aussi vrai que nature. Son métier elle l'exerce un peu partout quand le besoin se fait, ça passe par des commandes sur internet pour un déguisement unique, par un maquillage beauté pour un défilé, pour une chaîne télé ou une publicité en passant par les studios de cinéma de Wellington. Elle tient d'ailleurs un blog avec la catalogue d'une grande partie de ses créations - Elle conduisait une moto avant... une belle Harley aussi rouillé qu'indémarrable, qu'elle avait achetée avec ses deux premiers salaires d'étudiantes, elle l'a retapé avec l'aide de son grand-père pendant un an, mais elle est incapable de remonter dessus maintenant -  Sourire d'enfer (ma vie devient un compliquée), surnom qu'elle a porté de 12 à 14 ans, mais maintenant elle a un sourire bien aligné - Être élevé par deux femmes peut en effet avoir fait d'elle une fille féminine, elle aime le maquillage, les fringues, le vernis et les bougies qui sentent le monoï, c'est toujours mieux que quand ça put la merde, mais entre autres choses elle aime aussi manger bien gras, mater le sport à la télé, surtout si c'est du rugby, elle bave un peu devant les All black elle avoue, boire de la bière et du vin aussi, enfin l'alcool en général même si elle a du mal à le tenir - Actuellement elle vit en colocation avec son meilleur ami Max, faut pas s'étonner si quand vous entrez dans l'appart ils sont en train de manger des céréales dans le canapé en regardant les dessins animés - Elle a quasiment grandi dans un hôpital, pas comme patiente heureusement mais ses mamans sont toutes deux chirurgiennes - Elle a travaillé comme serveuse dans un bar pendant plusieurs années, un job d'étudiant qui lui a quand même apporté de bons souvenirs, elle en est presque nostalgique aujourd'hui - Bien qu'elle est une aversion pour l'imprévu, elle n'a pour autant pas peur du danger, seulement il faut que ce soit inscrit sur sa liste - autre petit détail, tout petit, petit... elle est enceinte de 4 mois. Un heureux événement qui est une grande source d'angoisse pour la jeune femme et pour une simple et bonne raison, ce n'était pas du tout prévu.

les indiscrétions sur le joueur

 

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<pris>○ avatar pris</pris> diane guerrero

l'histoire de ma vie

En fait, on a surtout besoin d’oxygène.

"Evelyn qu'est-ce que tu es en train de faire ?" Tonne la voix sévère de Jodie, aka Maman pour la petite fille. Oh... ça sent pas bon, non ça sent même la connerie à plein nez et la petite fille le sait. Elle savait déjà que ce qu'elle faisait n'était pas autorisé, mais le "Evelyn" lui annonce bien plus de problème encore, parce que seules les maîtresses d'écoles s’obstinent à l'appeler ainsi, sinon il n'est prononcé que par Reid lorsqu'il veut l’embêter et par ses mères lorsqu'elle est prise en flagrant délit d'une bêtise plus grande qu'elle. Une petite moue déjà adorable sur les lèvres, la petite fille du haut de ses 7 ans sait comment amadouer son monde... sauf que là, ça ne va pas suffire, vêtue d'une blouse d’hôpital piquer dans une réserve, Evie a déjà commencé à peindre de jolies fleurs sur le mur atrocement neutre à son goût de l’hôpital. "Mais maman... c'était vraiment tout moche ici " explique l'enfant, ce n'est pas la première fois qu'elle le dit, les murs blancs sont trop tristes, même-elle ça la déprime. "Evie, je t'ai déjà dit que tu ne pouvais pas utiliser ta peinture dans les chambres, tu sais que les effluves ne sont pas bonnes pour Thomas" Oui, la petite fille le sait, parce que ce n'est pas la première fois qu'on lui dit, mais elle est trop jeune pour vraiment comprendre et elle ne sait même pas ce "qu'effluve" veut dire. "Mais il aime bien mes dessins, il sera content quand il reviendra du bloc." Oui, il aurait surement adoré, mais il n'est jamais remonté du bloc et les petites fleurs se sont effacées au fil des années.

Le problème quand on passe son enfance dans un l’hôpital et qu'on passe son temps à fuir la garderie comme Reid et Evie c'est qu'on fait des rencontres, on crée des liens. Avec des personnes parfois éphémères. Evie ne l'a que trop bien compris et elle a toujours été assez consciente de sa fragilité, de ses épaules pas assez solides pour s'orienter dans une carrière en lien avec la médecine. Bien entendu à côté de ça, tout comme son frère elle passe régulièrement entre les murs de ce qu'elle appelle sa "deuxième" maison, elle vient divertir les grands et les petits, elle lit des histoires, joue aux cartes dans la salle de chimiothérapie et traîne dans les couloirs comme quand elle était gamine... Ici tout le monde la connaît Evie, les infirmières, les médecins, chirurgiens, aide-soignants, c'est aussi une deuxième famille pour elle. Ils ont tous une anecdote sur elle, un souvenir embarrassant d'elle en petite infirmière, une blouse trop grande sur le dos et un bloc note à la main qui prescrit des bonbons à tout le monde. Cette deuxième maison elle est comme toutes les maisons familiales finalement, elle regorge de souvenir parfois triste et parfois joyeux. Un exemple de souvenir heureux ? sa rencontre avec Max la menace, au troisième étage. Le pauvre il a fait une telle chute en voyant l'aiguille qu'Evie est certaine que ça a eu des conséquences cérébrales, alors profitant de ce moment de faiblesse l'infirmière miniature lui a prescrit des emmerdes à vie ou plus exactement une meilleure amie en or et indépétrable. Rien ne pourrait les séparer. Pas même le boulot de ses rêves bien que départ fut foutrement douloureux pour la petite brune.

"Toi tu vas faire le tour du monde et moi... je t'attends là, t'oublie pas de revenir à un moment ok ? Puis tu m'envoies des photos. Et des cadeaux." marmonne-t-elle tristement dans le t-shirt de Max. Ses bras l'enserrent comme pour le retenir, peut-être que si elle l'étouffe il restera avec elle... "Tu pourrais aussi partir avec moi, ça serait cool." propose-t-il alors qu'il sait très bien que non, c'est impossible, elle ne fera jamais une chose pareille. "Non, c'est ton expérience. Ton rêve. Puis avec le divorce et tout... je dois rester avec Reid." elle rajouterait bien "et avec Brooke" mais elle se tait, elle sait bien que c'est déjà assez difficile pour lui. La semaine est compliquée, l'annonce du divorce de ses mères a été un coup dur, un coup de massue inattendu puis la séparation de Brax, ouais elle aimait bien les appeler comme ça, sa propre version de Brandgelina et enfin l'heure des au revoir, trop de changements imprévus pour la petite brune. Même si quelques semaines plus tôt elle avait été très heureuse pour lui, même si elle l'est toujours d'ailleurs, elle sait que c'est une chance unique qui exige des sacrifices. C'est juste pas la bonne semaine. "Tu veux pas emmener l'anglais avec toi, si t'es pas là il va me sembler encore plus chiant que d'habitude." soupire Evie en grimaçant la joue toujours plaquée contre la poitrine de son meilleur ami. "C'est marrant il m'a demandé la même chose."rigole Max en déposant un baiser sur son front. "Si quand tu rentres il est mort faudra pas te plaindre." Et elle plaisante qu'a moitié. Non en réalité c'est faux, elle est bien contente qu'Hunter reste avec elle, elle est pas certaine qu'ils ne s'étriperont pas en l'absence du médiateur mais elle est prête à prendre le risque, il va bien lui falloir un souffre-douleur pour compenser le vide que laisse Max. "On s'appelle ok ? Faut que j'aille bosser, ça fait chier j'aurais voulu venir avec toi à l'aéroport mais tu risques de pleurer et ça va être embarrassant."le taquine-t-elle alors que c'est elle qui est plus qu'à deux doigts d'éclater en sanglots en le suppliant comme une enfant de ne pas l'abandonner. Sans élégance elle renifle et s’essuie avec le revers de sa manche, elle en profite effacer les traces de quelques larmes sur ses joues. Ça fait un mal de chien d'avoir la sensation de le regarder pour la dernière fois, depuis qu'ils sont gamins ils n'ont jamais été séparés plus de quelques semaines lors des vacances. Mais ils sont adultes maintenant... ça devait bien finir par arriver.

Si Evie a tiré une leçon de cette semaine rude en émotion, c'est que les sentiments ça rend vulnérable, elle a aussi compris que l'amour ne suffisait pas toujours, que c'était fragile et pas si indestructible, Max avait choisi sa carrière et après des années de mariage ses mères divorçaient sans grandes explications, juste comme si l'amour s'était épuisée jusqu'à s'effacer. En résumé, ce n'était pas fait pour elle, elle qui n'avait jusque-là jamais eu à souffrir d'un coeur brisé venait presque de fêler le sien et sans même être amoureuse, alors hors de question que ça arrive un jour. Mais même le plus grand des hypocondriaques finit par s'enrhumer, un manteau et une écharpe c'est pas toujours suffisant, alors de simples mots sur une liste ecrit et soulignés en rouge non plus.

"Bon.... bon, bon, bon... maman j'ai besoin d'aide." tonne la voix tremblante d'Evie en entrant dans la salle de repos de l’hôpital, elle pose son sac sur la table puis fait les cent pas dans la pièce en se rongeant les ongles. Anxieuse comme si elle venait de tuer quelqu'un. "Evelyn, qu'est-ce qui se passe?" l'inquiétude dans la voix de sa mère est grave, l'angoisse monte en elle à son tour et lorsqu'Evie ouvre la bouche pour dire : "Je... je crois, je dis bien, je crois que je suis amoureuse de Bart. Et ça c'était clairement pas prévu du tout." Zella éclate d'un rire de soulagement. "Evie il faut vraiment que je te réapprenne le sens des priorités, j'ai cru que c'était grave tu sais." rit-elle toujours en levant les yeux au ciel reprenant son mug de café fumant. "mais c'est grave ! t'as pas entendu ? j'ai dit que... oh non, je peux même pas le redire. De toute façon je vais arranger ça." reprend Evie sans cesser de tourner en rond, être amoureuse hors de question, c'est la perte assurée, elle s'était jurée de ne jamais se laisser piéger. Elle est certaine de pouvoir régler ça comme un problème de maths... "Arranger les choses ?" reprend sa mère en souriant d'un air amusé, ce même air qu'elle prenait quand petite, Evie écorchait les termes médicaux qu'elle apprenait avec les infirmières."ça ne marche pas comme ça chérie." Lui assure sa mère, mais la petite brune du haut de son 1m58 et demi, le demi est très important c'est ce qui la rapproche le plus du 60, n'est pas du tout d'accord, elle est convaincue que ça sera d'une simplicité à toutes épreuves elle argumente en faisant bien sur référence au divorce et ajoute que ça ne fait que quelques mois avec Bart. Comme solution elle a trouvé un truc simple, faire une liste des contres pour la ramener sur terre. "Chaton il faut que tu arrêtes d'avoir peur de l'amour comme ça, oui parfois ça ne dure pas, oui ça peut-être douloureux mais y a bien plus de côté positif, tu devrais plutôt faire une liste la dessus." déclare tendrement Zella en prenant la main de sa fille dans la sienne mais Evie s'empresse de soupirer, récupère son sac et râle en rebroussant chemin. "Bon laisse tomber, je vais plutôt aller voir Brooke, elle me comprend elle."

Elle  n'a pas réussi, non finalement ce n'était pas aussi simple, surtout parce qu'elle a réalisé que ce n'était finalement pas si compliqué, de tomber amoureux. Quand elle a dit à Bart qu'ils devraient se séparer car elle était amoureuse de lui, ça l'a fait rire. Il a dit pour plaisanter qu'il pensait que c'était une chose surmontable. Mais en réalité ça ne l'était pas. C'était... sans prise de tête entre eux, ils se sont rencontrés dans un bar, ont parié, flirté, rigolé, bu un peu trop puis on finit la soirée dans le même lit. Ça aurait pu s'arrêter là mais le feeling est passé, ils se sont revus, d'abord sans grandes arrières pensées puis le destin y a mis son grain de sel, elle avait besoin d'un appart, et lui d'un colocataire. Équation simple. Se protéger de l'amour ne voulait pas dire s'interdire de jouer, la drague et la séduction elle aime bien ça, le jeu aussi et puis le sexe... ça n'a rien à voir avec l'amour. Alors au début c'était juste... tranquille, pas trop de dispute, pas mal de rire et de désir, ça ne faisait même pas peur à la grande angoissée des sentiments. Sans vraiment le vouloir, autant pour elle que pour lui, Bart a réussi à s’installer jusque dans son cœur. C'est simple elle a commencé à se sentir comme ses filles dans les téléfilms cucul de l'après-midi, elle était amoureuse de son regard, de son sourire, de sa voix, de son caractère à la con parfois mais qui supportait le sien, de tout. Et évidemment quand le château de cartes est tombé, la petite Evie elle a morflé. Parce qu'avec le temps, les choses ont changé, des disputes devenues trop présentes et la vie à deux pesante. Si Evie avait surmonté sans même sans rendre compte sa peur de l'engagement, de l'amour et de l'attachement, Bart lui n'était pas encore dans cette optique, ses vieux démons l'avaient surement rattrapé, elle n'a pas trop compris et su pourquoi soudain ça ne fonctionnait plus, il lui a dit qu'il n'était pas fait pour ça, qu'il pensait pouvoir mais que l'amour et lui c'était deux choses incompatibles. Elle a encaissé en tentant de rester de marbre, elle n'allait pas s'abaisser à pleurer devant lui, alors elle a fait comme si elle avait compris. Elle s'est pas vraiment battue, elle avait peur de souffrir encore plus en s'accrochant, de s’abîmer. Alors elle est retournée vivre avec Hunter et même lui n'a pas osé la charrier à ce sujet.

Donc oui parfois les rêves d'Evie se sont effrités, la réalité lui est revenue en pleine face et son cœur a pris quelques coups durs mais il n'a cessé de battre qu'une seule fois... c'était il y a huit mois. Ce jour là, elle était occupée sur une création, les mains pleines d'argile et la musique à fond, elle n'a pas entendu son portable sonner dans son atelier. Sur son portable une vingtaine d'appels manqués, de Jodie, Zella, Brooke, Gus, Hunter, mais elle ne remarque rien, elle ne le voit même pas lorsqu'elle répond enfin après avoir couper la musique. "Bordel Evie qu'est-ce-que tu fous ?! ça fait quinze fois que j'essaye de t'appeler je.-" "Détends toi l'anglais, j'étais occupé, qu'est ce que tu veux ? Je te préviens si je-" "Evie." la coupe-t-il à son tour, qu'il emploie son prénom sonne comme une alarme en elle et le timbre de sa voix est si grave qu'elle se tait immédiatement. "Evie écoutes moi, c'est Reid, il est à l’hôpital. Il faut que tu viennes." Elle ne sait même pas comment elle a eu la force de tenir sur ses jambes après cette annonce, son téléphone lui n'a pas survécu mais c'était le cadet de ses soucis, elle a juste couru jusqu'à l’hôpital en un temps-record, sans même penser à prendre sa moto. Quand elle a vu son petite frère dans son lit d’hôpital, relier à une multitude de fils, le teint blafard et quelques ecchymoses sur le corps elle a cru mourir.

Cette chambre d’hôpital elle la déteste, elle est comme maudite pour Evie, elle tourne son regard sur le mur clinique, de nouveau blanc, il a été repeint lors des rénovations quelques années plus tôt, effaçant les quatre petites fleurs dessiner plus de 20 ans plus tôt. Fixer les murs blanc et froid elle a pas su faire il fallait qu'elle s'occupe. Il ne lui a pas fallu bien longtemps pour alors elle a refait la moitié de la déco. Elle a ramené à Reid sa couverture et ses oreillers, certaines de ses affaires et a même customisé sa perfusion. Le pistolet à colle fait des miracles. Pour les murs, pas de peinture cette fois, elle sait ce que sont les effluves maintenant, alors elle a pris ses fusains et elle a passé ses journées à dessiner sur les murs une chose sans queue ni tête, un mélange d'arabesques et de formes en harmonies et pourtant aussi dense que la forêt amazonienne, un truc qui sort de son esprit, un besoin de s'occuper. Elle discute en même temps avec Reid, comme s'il pouvait lui répondre, elle lui parle de tout et de rien comme elle le ferait habituellement, elle rigole a ses propres blagues, imagine ses réactions et parvient même à se chamailler avec lui. Personne ne lui dit rien, personne n'ose vraiment parce qu'ils savent tous que l'en empêcher ça la ferait sombrer, il ne lui faut pas grand-chose pour perdre pied. Nuit et jour elle est là, elle lui tient la main et sans le formuler et le supplie de revenir. 3 mois. 12 semaines. 90 jours. 2190 heures. et doucement enfin la main de Reid fait pression sur celle d'Evie, c'est aussi léger qu'un souffle, ses yeux clos depuis trop longtemps s'ouvrent en douceur, son regard croisé celui de sa sœur à ses côtés et tout ce qu'elle arrive à dire c'est : "Tu m'en voudras pas, j'ai testé des mascaras sur toi..." Ça fait bien longtemps qu'il ne la laisse plus être son mannequin sur patte, sa tête à coiffer, son modèle, son effet 3D. Puis elle fond en larmes en s'allongeant à ses côtés.

Après ça elle n'est plus jamais monté sur une moto et la vie lui a semblé encore plus imprévisible. Ce même jour où Reid a ouvert les yeux, il y a presque 5 mois maintenant, elle a croisé Bart au supermarché. Et elle s'est dit que la vie était trop courte. Elle l'a croisé au détour d'une allée, le pauvre sur le coup il n'a pas dû bien comprendre quand elle s'est presque jetée sur ses lèvres au rayon frais après seulement quelques mots. Mais ils n'ont pas eu besoin de parler. Ça a été sa façon à elle de célébrer la vie mais ils auraient peut-être dû en profiter pour prendre des préservatifs ce jour-là dans le supermarché, même si techniquement elle était sous contraceptif. C'est elle qui l'a dit, elle a soufflé entre deux baisers enflammés "Pas besoin, je suis couverte." hors de question à ce moment-là pour elle de le laisser s'échapper pour aller chercher une protection dans sa table de chevet, il faut dire qu'ils n'avait même pas encore atteint la chambre, le chemin semblait bien trop long, même si c'est dans cette pièce qu'elle s'est réveillée le lendemain. Elle aurait quand même dû faire preuve de patience, d'intelligence, parce que visiblement elle n'était pas si couverte, ce n'était pas si fiable à 100%.

Elle qui a horreur des surprises n'a apparemment pas fini d'être servie.