you're okay?! ► finn

Endormi, il a l'impression qu'il ne peut faire que cela pour pouvoir avancer, pour que les jours avancent, que son état revienne à la normale. Mais il n'arrive pas à dormir plus de dix minutes, parce qu'il se réveille à cause de douleurs, de l'inconfort qu'il doit subir. Il repense sans cesse à l'accident, à l'impact, a comment cela à bien pu se produire. Cloué à son lit d’hôpital, il avait reçu la visite de sa sœur Abby, celle d'Evie également. Peu de temps après le départ de son amie, il s'était plaint de douleurs à la poitrine et au cou. Il refuse de manger également. Il n'a pas d'appétit, il boit à peine, afin de rester hydrater, mais il est toujours aussi confus, seul avec sa douleur, ses pensées sombres. On avait fini par changer d'ampoule pour une moins forte, parce qu'elle lui crevait les yeux selon ses dires. Ce n'est qu'à un moment, que l'on vient le chercher pour passer de nouveaux tests, pour ses poumons, sa colonne vertébrale également et autres trucs dont les termes lui échappent. Il se laisse examiner, sans dire un mot, si ce n'est que de temps en autre des petits gémissements dû à la douleur. Après avoir terminé les tests, il revient à sa chambre, c'est là qu'il voit Nina, il la repère de loin, avec sa chevelure rousse. L'infirmière l'empêche de bouger, même de parler, parce qu'on ne peut pas dire qu'elle soit bien gentille la dame. Il regarde Nina dans les yeux, alors que l'on remet son lit à sa place, dans sa chambre et il tourne la tête vers le cadre de porte, il espère juste qu'elle va venir le voir, que l'on va la laisser entrer ou qu'elle trouvera un moyen d'y parvenir.

Une journée folle. Un enfer. Il avait vécu un sale enfer et ce n'était même pas terminé. Finn savait que cela n'était que le début, il allait devoir se faire à sa nouvelle condition et encore, il n'arrive même pas à saisir ce que les médecins lui disent, ça rentre dans une oreille et ça sort par l'autre. Il ne veut juste pas y croire, croire que c'est la réalité et non pas un rêve, un sale cauchemar. Il est un peu dans son monde, celui où il est muet, celui où il n'a pas envie de parler à personne, qu'il veut être seul, un monde sombre auquel il n'a jamais accédé, pas même après des ruptures ou la mort de son aîné. Finn était de retour dans sa chambre, il avait bien vu Nina, mais honnêtement, si son regard voulait en dire long, sa voix n'avait pas envie de quitter ses lèvres pâles. Mais elle arrive à pénétrer dans la pièce, à la rejoindre. Il tourne doucement la tête vers la rousse. Elle est sous le choc, ou c'est juste une impression, mais ses yeux ont l'air humides et lui, il est impuissant, parce qu'il ne peut pas se lever pour la réconforter. Il prend le verre d'eau et il boit quelques gorgées pour s'aider à parler. « Je sais.. » Il baisse légèrement la tête. Il n'a pas envie de pleurer, de céder à la tentation, d'être faible, plus qu'il ne l'est déjà. Il a constamment envie de vomir, mais là, c'est pire. Parce que Nina, ce n'est pas n'importe qui, elle n'est peut-être pas de sa famille, mais elle est plus que cela, elle arrive à faire battre son cœur. Il renifle discrètement, aussi discret qu'il le peut et il relève la tête vers elle. « Je ne veux pas que tu me voies.. dans cet état.. » Minable, blessé, affaibli, comme une pauvre bête.

Finn avait envie de rester seul, d'être loin de ses proches, parce qu'il n'a pas envie que l'on voit dans cet état. Il ne sent bien trop invulnérable, prêt à pleurer à tout moment, comme un gamin qui n'a pas eu son dessert. Il essaye de rester fort, mais ça lui est presque impossible quoi. Oui, il a besoin d'eux, mais il ne va pas l'avouer, pas dans l'immédiat. Finn secoue légèrement la tête, il ne souhaite pas qu'elle le voie dans cet état, pas qu'il n'est pas content de la voir, au contraire, ça lui réchauffe le cœur, plus que tout. Sûrement qu'elle a vécu pire avec sa mère, il ignore les détails, mais ce n'est pas un endroit dans lequel il veut la rencontrer. Il ravale sa salive, tandis qu'elle le supplie presque de rester à ses côtés. Il est muet, il détourne le regard. Ça n'a pas de sens, il ne peut pas lui dire ça, pourtant, il l'a fait, il souhaite qu'elle parte, mais si ce n'est pas une pensée sincère. « Peut-être que j'aurai dû mourir alors, comme ça, fini l'abonnement à l’hôpital ! C'est ça que tu veux faire de ta vie ? Me voir constamment à l'hôpital ?  » Il fronce les sourcils avant de la regarder dans les yeux. Il s'énerve légèrement et s'agite un peu dans son lit, comme un enfant qui boude, et il ne sent même pas ses jambes, cette drôle de sensation, c'est comme s'il n'avait plus rien. Finn prend une grande respiration, il tente, ça lui fait mal aux côtes, aux poumons. Il détache son regard du sien, c'est trop dur, il n'y arrive pas.

Ce n'est pas lui, ça ne lui ressemble pas. Il adore la vie, il aime profiter de chaque moment, il casse les pieds aux autres avec son bonheur, sa joie de vivre, ses sourires niaient. Pourtant, ça venait de sortir de sa bouche comme s'il n'avait pas pu se retenir, que c'était sorti spontanément sans pouvoir y réfléchir. Il venait de lui balancer qu'il aurait dû y laisser sa vie et qu'elle n'a sûrement pas envie de passer ses journées à l'hosto comme une infirmière qui veille sur son cas. Il ne répond même pas. Il l'avait dit, il ne s'excusait même pas et il semblait insensible à ses larmes, alors que c'est faux, sa peau tremble, ses doigts gigotent légèrement, il a froid comme jamais. Il se sent mal, il n'est pas bien dans sa peau. « Je ne te mérite même pas.. » Finit-il par avouer. Finn avait fait quelque chose et que même, s'ils n'étaient pas officiellement un couple, il n'aurait jamais dû se laisser emporter par ses désirs. Il ne sait pas S'il devrait lui dire, peut-être qu'en le disant, elle va finir par partir. Il lève les yeux avant de secouer la tête. « Je ne veux pas vivre comme ça, que ça soit temporaire ou non. Je vais être un fardeau pour tout le monde. » Un putain de fardeau pour tous ses proches et le connaissant, il ne va rien dire, parce qu'il n'aime pas se plaindre, il n'aime pas faire savoir qu'il est en douleur. Ce n'est pas par fierté, juste la peur que l'on dise de lui que c'est un plaignard, qu'il en demande trop. Finn, il aime plaire aux autres, mais là, il ne peut plus rien faire, une tête inutile avec un corps abîmé.

Il n'est pas capable de lui faire face, de la regarder dans les yeux. La situation n'est pas la même que la dernière fois qu'il était à l'hosto. Il n'était pas blessé, les sentiments étaient différents entre eux. Il ignorait que la connexion entre eux allait se transformer en quelque chose de plus sentimental. Il sent que son corps réagit face à ses annonces, face au fait qu'il aurait pu mourir, qu'il va devoir être dans une chaise roulante durant quelques mois, peut-être un an, qui sait. Il n'a plus foi en rien, il ne veut plus rien savoir. Il refuse de la regarder, de planter ses yeux dans les siens, et ce, même si elle lui touche la main, qu'elle lui demande. Elle ose finalement, elle le force à la regarder, alors, qu'il veut juste détourner son regard. Finn sent qu'il va finir par vomir, parce qu'il ne se sent pas bien, que les médicaments le rendent encore plus mal. En tout cas, c'est l'impression qu'il ressent. Il secoue la tête, non, c'est faux, il veut prouver que c'est faux, qu'il n'est pas la meilleure chose qu'il lui soit arrivé. Il a des larmes, plus elle parle, plus il sent sur son corps réagi autrement, que quelque chose cloche, que son cœur lui fait mal, qu'il sent ce pincement violent qui se produit à travers sa poitrine. Nina lui avoue ses sentiments, qu'elle l'aime, il n'a pas le temps de répondre, de réagir, que le moniteur se met à s'affoler, cette pression, ses peurs, ses nausées ont raison de lui, de son cœur. Il se met à convulser, avant de s'arrêter nettement, son cœur ne bat plus.

Pourquoi est-ce que tout devenait si lointain ? Les paroles, sa voix, les images, les objets alentour de lui. Sa vue embrouillée et plus rien, son corps qui s'agite un court instant, avant de complètement s'arrêter, de rester cloué sur le matelas. Ses larmes avaient fini par couler sur ses joues, laissant un Finn sans respiration, sans pouls. Il l'avait entendu lui dire je t'aime, mais c'était noir à présent, plus rien, plus de lumière, plus de rayon de soleil. Son cœur avait cédé, cédé à la peur, aux sentiments, à la vie, comme il l'avait dit peu de temps avant, qu'il aurait dû mourir. Peut-être que ses prières avaient été entendues. Des médecins sont rapidement arrivés dans la chambre, tentant de lui faire un massage cardiaque, mais rien, son cœur ne répond pas, il ne veut pas réagir, il se sent partir, prêt à faire le grand voyage, à rejoindre son frère aîné dans les nuages là-haut. Et puis une seconde et une troisième, un médecin décide d'utiliser le défibrillateur, alors que normalement, ça ne devrait même pas être conseillé pour son cœur fragile, que les puissants chocs pourraient juste empirer la chose. Le temps passe, les chances deviennent de plus en plus minces, jusqu'à ce que l'on entende les bips sur le moniteur cardiaque. Son cœur s'est remis à fonctionner après une deuxième tentative. Il bat lent, mais il bat. Mais il reste inconscient pour le moment. On lui met un masque pour respirer, ils font une panoplie de choses sur Finn, des tests, de quoi à prendre des précautions etc. On est souvent venu vérifier son état. Ses paupières bougent légèrement, ses doigts aussi, son corps, il ne réagit pas vraiment, probablement parce qu'il est paralysé des jambes. Il se réveille au bout de quelques heures, c'est déjà le matin, un autre jour. Il ignore s'il est seul, mais il commence doucement à ouvrir les paupières, à bouger ses yeux, c'est flou, mais au moins, tout est redevenu en couleurs.

La vie est si fragile, il n'a jamais cessé de le répéter tout le long de sa courte vie. Il a fait en sorte de vivre comme il l'entendait, sans contrainte, vivre jour pour jour. Ça toujours été son mode de vie, sa philosophie. Cette joie de vivre, ses sourires, ses blagues à la con, son énergie débordante. Tout cela venait de s'arrêter en une fraction de seconde. Plus rien, plus de souffle, de battement, que le vide, le néant. Elle venait de s'arrêter, sa vie, c'est apparemment l'heure de partir, de faire le grand voyage, de rejoindre le royaume des morts. Il n'a jamais pensé qu'il pourrait mourir aussi jeune, à vrai dire, il n'a même jamais pensé à une telle chose, de comment il allait mourir, ce qu'il aimerait pour ses funérailles. Finn n'était pas du genre à se voir dans le futur, parce qu'il n'aime pas savoir ce qui va se produire, parce que c'est souvent le contraire qui se produit, jamais comme on l'avait espéré. En voilà une preuve, son cœur s'était arrêté et on ne semblait pas capable de le ramener à la vie, un peu plus longtemps et il serait devenu invivable, respirant par un simple tube et là, ça aurait été la catastrophe, une vie qu'il n'aurait jamais voulue, préférant partir plutôt que de vivre avec un tuyau dans le fond de la gorge. Un peu plus longtemps, et il n'aurait tout simplement pas pu revenir à la surface de la lumière. Pourtant, ils ont réussi. Il était de nouveau parmi les vivants, à respirer, difficilement, mais au moins, son cœur était reparti. Il restait quand même inconscient, c'est un choc de mourir, de partir à la dérive, vers le fond, vers la noirceur, un trou noir, sans pouvoir allumer la lumière et se laisser guider par celle-ci. Finn a toujours été un battant, mais pour être honnête, il n'aurait peut-être pas été le battant de tous les jours, c'est surtout grâce aux médecins, à leurs espoirs, peut-être même aux paroles de Nina, juste avant sa crise. Après une longue nuit forte en émotion, il avait fini par se réveiller, la bouche pâteuse, douleur à la poitrine, toutes ces sensations étranges qui se propagent dans tout son corps. Il a du mal à cerner ce qui se passe, à peine les yeux ouverts, on l'agresse avec des paroles, ça sonne chinois à ses oreilles. Il ne bouge même plus, tellement il a peur de se briser à nouveau, telle une poupée de porcelaine. Il tourne légèrement la tête, juste assez pour apercevoir Nina dans le lit d'accoter. Il ne comprend pas pourquoi elle est là, a-t-elle eu un malaise ? Il lui est arrivé quelque chose ? Finn regarde l'infirmière. « Non. » Dit-il à travers son masque. Pourtant, il en aurait besoin, mais il sent qu'il finirait par vomir le repas, qu'il a juste besoin d'eau. Alors, il pointe le verre vide, c'est juste ce dont il a besoin, ça et que Nina lui parle.