Ce que l’aube garde des nuits... (leeth & noa)

Je me glisse hors du lit, très lentement, pour ne pas faire de bruit ni entrainé les draps avec moi. Le sol est frais. L’air est frais sur mon corps nu. Je ne sais pas quelle heure il est. Une lumière matinale, accompagnée des derniers zestes d’éclairage des lampadaires, filtre par la fenêtre. J’enfile mon tee-shirt abandonné par terre. Je poursuis mon périple jusqu’aux toilettes. Quand je reviens dans la chambre, je regarde le lit. Il n’a pas bougé. Je cherche ma veste sans succès. Je me rabbats sur mon pantalon. Je fouille les poches pour trouver un paquet de cigarettes écrasé. J’en extrais une qui ressemble à rien. Toute tordue. Moribonde. Je la garde entre mes doigts sans l’allumer. Je soulève le rideau. La rue est encore déserte. C’est l’heure où les amants d’une nuit se quittent, silencieux, sans un regard en arrière, sans un mot sur la table, sans échanger de numéro de portable. C’est ce que je fais habituellement. Lui aussi quand il passe la nuit chez moi. J’observe la rue qui m’attend. Au lieu de la rejoindre, je reste là, debout, les bras croisés, elle pour témoin. La rue, elle se remplie petit à petit. Des gens qui vont à leur travail, à pied, en voiture. Il y a même un bus qui passe. Le lit grince. Je me tourne. Il bouge. C’est sa tignasse qui émerge en premier de dessous le drap. Je ne me moque pas, j’aime bien ses cheveux. Et puis les miens ! Le vert d’il y a quelques jours, même après plusieurs lavages, est toujours là. Quoique... J’ai repéré quelques mèches virant au bleu. C’est pas mieux ! Putain de coloration ! Il bouge. Un bras, un oeil qui s’ouvre, le second. Oui, ce matin, je ne suis pas partie avant qu’il ne revienne dans le monde des éveillés. Alors, je lui souris, tout simplement. Je n’ai aucune idée de comment il est au petit matin. Je prends le risque.

t'es pas du genre à t'éterniser quand tu dors chez une de tes conquêtes nocturne, et t'es pas non plus du genre à réellement apprécier les réveils contre un autre corps et les putains de câlins que certaines ou certains essayent de te voler quand tu dors à moitié. t'es comme ça toi. t'es un éphémère. et t'aimes les histoires d'un soir, quelques baisers et soupirs volés, avant de rentrer à la maison ou de te retrouver seul dans son appartement. tu demandes rien de plus, juste qu'on te foute la paix et qu'on ne vienne pas te parler d'une quelconque histoire ou d'une connerie dans le genre. t'émerges assez tôt, ce matin. ou alors il fait moche dehors, parce que la luminosité n'est pas trop dérangeante encore. et t'as un peu de mal à ouvrir les yeux, t'as l'impression que la fatigue t’assomme encore et sans doute qu'il doit encore être tôt. tu termines par éloigner les draps de ton visage, ouvrant doucement les yeux et .. tombant sur noa. merde, tu ne pensais carrément pas qu'elle serait encore la, et encore moins à t'observer. tu fronces un peu les sourcils et étouffes un bâillement contre ta main. salut. tu lâches finalement, la voix encore légèrement rauque de sommeil, alors que tu te redresses un peu pour t'appuyer contre la tête de lit, tirant ton coussin dans ta nuque. t'es déjà partie d'habitude. j'avoue qu'ça m'arrangeait. tu pointes en arquant un sourcil. tu sais pas vraiment quoi dire d'autres, en réalité. et c'est déjà un bon point qu'elle soit habillée et pas dans ton lit. p'être qu'elle était sur le départ. tu t'en fiches bien, de toute manière. tu viens passer un bras derrière ta tête, t'appuyant contre ce dernier, alors que tu te grattes la joue de ta main libre. et t'es pas encore totalement réveillé. sans doute pour ça que t'es assez ... calme, et sympa, avec noa.

— Salut. Réponse en miroir au premier mot qu’il parvient à articuler. Le reste de ses paroles me fait lâcher un rire bref. Il l’a dit, il s’en est rendu compte lui aussi, peut-être, “habitude”. Le reste de ses paroles me laisse supposer que le motif qui m’a fait rester ce matin, sera plus facile à aborder. Je n’ai pas tourné mon regard, il est toujours le sujet qui occupe tout mon champs de vision. Je prends le temps. Je prends le calme qui règne dans la chambre pour le mettre dans ma respiration et dans ma voix. — Tu sais que cela fait six fois qu’on couche ensemble en à peine deux mois ? Je sais pas toi, mais moi ça tient du record. Six fois la même personne en si peu de temps. Je ne range pas mon sourire, il est toujours sur mes lèvres. — Il semble que le hasard insiste pour nous mettre sur le même chemin. Il y a eu la première fois et ensuite il y a eu surtout du silence entre nous. Se croiser, se regarder et savoir exactement ce qu’on voulait l’un de l’autre. Cette simplicité est parfaite. Sauf qu’au bout de six fois en si peu de temps, je me pose la question de la place du hasard. Une fois, je l’ai cherché parce que je ne pouvais pas passé la nuit seule. L’obscurité m’était intolérable, elle portait trop de solitude et de craquements de murs. Les maisons ne savent pas se taire. J’ai fait le tour des lieux de nos précédentes rencontres. C’était hier soir. Le trouver m’a rassuré. Mais ce matin, cela me dérange. — Je ne voudrais pas que tu t’imagines quelque chose qui n’est pas. Je m’apprête à mettre ma cigarette entre mes lèvres, machinalement, en voyant le bout sombre je me souviens qu’elle n’est pas allumée, de toute façon dans son état, je n’aurais pas pu la fumer. Je laisse tomber mon bras en soupirant. — Une nuit. Je secoue la tête parce que, une c’est passé depuis longtemps. — Des nuits. Rien plus. Je n’attends rien de plus. Je demande rien de plus. J’espère qu’il est assez réveillé pour capter ce que je lui dis.

salut. tu fronces un peu les sourcils, te mordant l'intérieur de la joue. t'es pas certain de savoir ce que ça t'fais de te réveiller et de constater qu'elle t'observe, sans doute depuis plusieurs minutes. et t'as absolument aucune idée de la signification de son petit rire et du sourire qui aborde ses lèvres. tu veux bien faire des efforts, parfois, pour comprendre la société, mais tu viens de te réveiller, alors ... tu sais que cela fait six fois qu’on couche ensemble en à peine deux mois ? se sais pas toi, mais moi ça tient du record. six fois la même personne en si peu de temps. il semble que le hasard insiste pour nous mettre sur le même chemin. tu arques un sourcil, tu penses pas à ce genre de conneries toi. ou alors ça veut juste dire que j'suis un bon coup ? tu lances, un rire sur le bout des lèvres. sans doute que si tom t'entendait, il te foutrait une claque derrière le crâne. mais t'en as franchement rien à foutre de son avis. je ne voudrais pas que tu t’imagines quelque chose qui n’est pas. tu hausses les épaules. j'imagine rien du tout moi. tu lâches en te redressant. on a couché ensemble, ok, j'vois pas le souci. tu ajoutes, soupirant doucement. tu t'extirpes du lit. glorieuse nudité. t'attrapes ton pantalon de jogging que t'enfiles sans prendre la peine de mettre un boxer avant. tu l'observes, septique face à sa propre cigarette. une nuit. des nuits. rien plus. je n’attends rien de plus. je demande rien de plus. tu traverses la pièce, encore un peu groogie de sommeil pour récupérer ton propre paquet de clope. t'en glisses une entre tes lèvres et l'allume dans la foulée. tu lui tends ton paquet. j'attends rien non plus. tu lâches simplement. tu passes à côté d'elle pour ouvrir la fenêtre et aérer la pièce. tu frisonnes un peu quand l'air frais du matin frappe ton torse encore nu. tes doigts glissent dans tes cheveux et tu tires longues sur ta clope, soufflant la fumée à l'extérieur - tant qu'on y est - alors que tu te retournes vers noa. qu'est ce que tu fous la ? tu demandes finalement, haussant les épaules. tu t'es déjà barrée d'habitude. tu pointes seulement l'information, ta cigarette coincée entre tes doigts.

Il se réveille. Il se lève, s’habille en partie. Il m’offre une cigarette à la place de la mienne. Y’a pas photo, celle-ci n’attend qu’une chose c’est qu’on la fume. Je glisse l’autre dans ma poche et me sers. — Merci. Il ouvre la fenêtre et la rue s’invite. Fraicheur de l’air matinal. Le bruit aussi. Tout à l’heure, quand je regardais dehors, il était resté pour la plus grande partie à l’extérieur. Un murmure seulement me parvenait, me disait que la vie préfére investir le jour que la nuit. Maintenant, on sait que cet instant est le début d’une journée active. Il fait une remarque sur le fait que les autres fois, il se réveille seul. — Oui. Je suis comme toi, je ne traîne pas. Je ne cherche pas à glaner un numéro de téléphone. Ni à programmer des rendez-vous. Je regarde par terre comme si mes pieds avaient les réponses à toutes les questions. On va dire que je leur fais confiance pour trouver la sortie des appartements au petit matin. — Je ne voulais pas qu’il y est un malentendu entre nous. Je tire sur ma cigarette et souffle lentement. Contrairement à lui, je ne suis pas avare de sourires et celui-là... Je me tourne vers lui, parce que ce qu’il a dit tout à l’heure... — Bon coup ? Je le regarde, un peu espiègle. — Toi ou moi ? Tout les deux ? Parce que, tu n’as pas tourné la tête quand c’est moi qui me suis approchée. Les soirs et les nuits, les choses sont différentes. En le voyant dans la lumière, en l’écoutant, je me dis qu’on ne doit pas avoir grand chose en commun, hormis cette sexualité qui refuse tout projet de rapprochement autour d'un plus si affinité. Au final, c’est bien si nous n’en avons pas, pas de remords, pas de regrets.

t'as clairement pas l'habitude de te réveiller en étant observé. et t'en viens à te demander si c'est pas cette sensation, justement, de se sentir observé, qui t'as tiré du sommeil. c'est trop tard pour le savoir maintenant. tu enfiles un simple pantalon de jogging pour te couvrir - pas que la nudité soit gênante pour toi, loin de la - et tu proposes une clope à noa, voyant bien sa mine dégoûtée face à son propre paquet qui a terminé écrasé. merci. tu ouvres la fenêtre, haussant simplement les épaules. t'es pas à une cloque près, de toute manière. t'en glisses une entre tes lèvres et inspires lentement la fumée, un soupir sur les lèvres pour la laisser s'échapper de tes poumons. oui. je suis comme toi, je ne traîne pas. je ne cherche pas à glaner un numéro de téléphone. ni à programmer des rendez-vous. tu te pinces légèrement les lèvres, ta clope coincée entre tes doigts. le pire, les rendez-vous. tu exagères un peu la moue qui déforme tes lèvres, alors que tu ne cherches pas trop d'explications au fait que c'est pas la première nuit que vous passez ensemble. tu retiens un soupir. je ne voulais pas qu’il y est un malentendu entre nous. il n'y en a pas. tes doigts glissent une nouvelle fois dans tes cheveux blonds, les écartant de ton visage. t'as clairement une tête un peu merdique au réveil. bon coup ? toi ou moi ? tout les deux ? parce que, tu n’as pas tourné la tête quand c’est moi qui me suis approchée. tu arques un sourcil, un petit sourire au coin des lèvres, alors que tu fais tomber la cendre de ta clope par la fenêtre. tu fumes rarement dans ta chambre. pourquoi détourner le regard ? tu demandes simplement, tes prunelles pâles se posant au même instant sur noa. tu l'observes quelques secondes. j'dois avouer que t'es pas trop mal ... tu ajoutes, taquin sur ce coup-là. après tout, tu peux pas juste la foutre à la porte, si ? sans doute. tant pis pour cette fois, ce sera pour la prochaine.

Il avoue que je ne suis pas trop mal. Je mords dans ma cigarette pour éviter de rire. Je baisse la tête, au cas où un pli au coin de mes lèvres en dirait plus que je ne veux. Je n’ai pas envie de lui montrer que sa remarque me fait plaisir. Pas du tout envie de me pavaner dans la chambre avec une danse triomphale. Ce petit rire que je retiens vaillamment c’est parce qu’une miette de son indifférence affichée vient de s’envoler avec la cendre de sa clope. Il a osé donner un avis positif. Il a de la chance que ce soit moi. Une autre risquait de se jeter à son cou en lui déposant des baisers encadrant un lancinant “Oh mon loulou, t’es trop gentil”. Il a pris le risque que je squatte un peu plus. Je me contente de pencher la tête pour l’avoir dans mon champs de vision. — T’es pas mal toi aussi. Les goûts et les couleurs, comme on dit ! Les mecs bodybuildés à gueule d’ange qui se mettent en vitrine sur les plages, j’en ai trop vu pour apprécier, j’ai même testé quelques spécimens. Un coup, pas deux, ça mérite surtout pas deux. Lui, il est nickel en fait. Pile ce qu’il faut, sans excès et sans manque. — Je vais pas t’embarrasser le plancher plus longtemps. Mon regard fait le tour de la pièce. Encore à la recherche de ma veste. Je pense que je l’ai laissé dans l’autre pièce. — On se revoit au hasard de nos chemins qui se croisent... Ou pas. Je hausse les épaules. Va savoir ce que l’avenir nous réserve. Je ne l’embrasse pas. Pourquoi faire ? Nous n’avons pas de marque de tendresse de la sorte à nous échanger. Nous ne sommes pas adeptes de ce genre d’effusion au sein de la relation particulière que nous avons. J’avance vers la porte. — T’inquiète, je connais la sortie. Sous-entendu “tu n'as pas besoin de me raccompagner jusqu'à la porte”.

tu n'as jamais été très doué dans tout ce qui concerne le sentimental. faire des compliments, faire attention à ce que ressentent les autres ... tu ne le fais pas exprès, au fond. des médecins - qui se croient plus haut que tout simplement parce qu'ils ont fait médecine - avaient posé un mot la dessus. tu sais pas trop, t'en as globalement rien à foutre, au fond. et pourtant, tu viens de souffler à noa qu'elle n'était pas si mal que ça ... en soit, c'est déjà énorme. t’es pas mal toi aussi. un léger rire s'échappe de tes lèvres, alors que tu termines par te redresser un peu, laissant la fenêtre ouverte. il fait bon, après tout. le temps se réchauffe enfin. je vais pas t’embarrasser le plancher plus longtemps. on se revoit au hasard de nos chemins qui se croisent... ou pas. tu hoches la tête en silence, suivant son regard un instant, alors que tu t'éloignes un peu pour attraper un t-shirt et l'enfiler. tu te mords l'intérieur de la joue quelques instants. sa veste. sans doute ce qu'elle cherche. éclair de lucidité alors que tu te souviens qu'elle en portait une, hier soir. t’inquiète, je connais la sortie. tu l'observes un temps, avant de la suivre pour te diriger vers la cuisine. ta veste doit être au salon. tu souffles en glissant tes doigts dans tes cheveux. j'peux t'offrir un café, si le cœur t'en dit. tu ajoutes après quelques secondes, sortant une première tasse d'un placard, te tournant légèrement vers la jeune femme pour attendre une éventuelle réponse. sans doute que tu te rends compte que tu ne connais rien d'elle, malgré les nuits passées à ses côtés. mais c'est comme ça que tu fonctionnes. elle aussi, sans doute, puisque la situation semble lui convenir telle quelle. tu viens glisser tes doigts sur ton visage, te grattant distraitement la joue.

Je quitte la chambre. L'appartement pas encore. Il me manque un élément vestimentaire et pas des moindres, parce que je n'irais pas loin sans les clés de voiture qui se trouvent dans ses poches. Leeth a la même idée que moi pour ma veste. Je l'ai abandonnée dans le salon. Il m'a suivi pour prendre la direction de la cuisine. Alors que je retrouve l'objet de ma quête abandonné sur un fauteuil, je l'entends me faire une proposition. J'ai un doute, est-ce que j'ai bien compris. J'avance vers la cuisine. Il a sorti une tasse et semble attendre ma réponse. — Et bien... Il est encore tôt. J'ai largement le temps avant d'embrayer sur ce que j'ai à faire plus tard. Pourtant j'hésite. Prendre un café, un petit déjeuner, c'est le début d'un quelque chose qui va au-delà de simples nuits entre sexfriends. Je prends une grande respiration et je me jette à l'eau. — Okay pour un café. Je lui souris. Mais pas à l'aise pour autant. Je passe ma main dans mes cheveux pour repousser une mèche alors que lui se gratte la joue. On n'est pas mal tous les deux. Je ne sais pas pourquoi, je nous imagine très bien en noir et blanc sur un écran de télévision : les deux jeunes gens qui n'osent pas aller l'un vers l'autre parce qu'on est dans les 1960 et que ça ne se fait pas comme ça. Sauf qu'on est au présent, en couleur, qu'on a déjà froissé plusieurs fois les draps et ce qui nous pose immobiles face à face c'est la question de prendre un café ensemble. Comment elles évoluent les époques ! Et les gens avec elles ! — Ben... je vais reposer ma veste sur le fauteuil. Je tourne les talons le temps d'un aller retour. Le temps d'essayer d'échapper à ce vertige étrange et stupide. C'est un café, rien de plus qu'un café. Je crois que c'est la première fois que je pose vraiment un regard sur son appartement. — C'est cool chez toi. 'tain c'est plus facile d'échanger un préservatif qu'un café ! Je dois marcher la tête à l'envers.

t'es sérieusement en train de te dire que tu devrais la laisser partir; rester silencieux. comme toujours, en soit. bien qu'habituellement tu sois encore en train de dormir ou alors, les situations sont inversées et c'est toi, qui files à l'anglaise. tu sais pas vraiment pourquoi tu lui proposes de rester boire un café. et bien... tu te mords l'intérieur de la joue, ayant déjà sortit une seconde tasse. t'as vraiment aucune idée de si t'as bien fais ou pas. okay pour un café. tu esquisses un petit sourire et t'occupes alors de faire couler le café. t'as pas tellement l'habitude d'avoir quelqu'un chez toi le matin. encore moins après plusieurs nuits passées ensembles et plusieurs départs sans rien dire. tu manques un petit soupir. ben... je vais reposer ma veste sur le fauteuil. un petit rire - nerveux sans doute - s'échappe de tes lèvres, tandis que tu hoches la tête. tu récupères vos deux tasses et te diriges vers la jeune femme; de retour au salon. tiens. tu souffles en souriant doucement. tu viens porter ta tasse à tes lèvres. c'est cool chez toi. tu jettes un petit coup d’œil à ton salon. rangé. pour une fois, qu'il l'est réellement. merci. tu souffles en venant t'installer sur le canapé, tes doigts glissant dans tes cheveux. j'suis pas très doué pour la déco par contre. tu souffles en riant un peu. quelques babioles qu'on t'a offertes à diverses occasions et pas grand chose d'autre. c'est presque impersonnel. tu te mords l'intérieur de la joue. et du coup ... tu fais quoi dans la vie ? tu souffles, sans trop savoir quoi dire ou quoi demander à la jeune femme. tu te rends compte que tu ne la connais pas, hormis son corps que tu as eu l'occasion d'explorer à plusieurs reprises.

L’invitation est peut-être plus qu’une invitation, il a sorti deux tasses sans connaitre ma réponse. C’est encore plus troublant. Leeth me rejoint dans le salon et me tend une tasse. — Merci. Alors qu’il s’installe sur le canapé, je restes debout parce que je n’ose absolument pas me poser près de lui. Ce serait bizarre. Quoique non peut-être pas. Rester debout risque de faire bizarre. Alors je me résous à rejoindre ma veste sur le fauteuil. Je la pousse sur le coin du dossier et m’installe. On parle déco. Celle de la pool house où je loge, la dépendance près de la piscine de la maison où ma mère et mon frère habitent, est loin d’être un repère d’oeuvres d’art. — Bah ! Chez moi, c’est le mobilier qui était là, ça servait de chambre d’amis. J’ai peint la vague bleue sur le mur, pour personnaliser, c’est difficilement qualifiable de belle décoration. Mon talent de peintre... s’il y a un métier dans lequel je ne me reconvertirai pas c’est bien celui-là. Métier, d’ailleurs c’est la question que Leeth me pose, ce que je fais... — Je travaille à Prime TV. Je m’occupe de logistique matériel et de planning du personnel. Je précise directement, qu’il ne m’imagine pas présenter la météo ou une émission culinaire. J’ai un léger sourire. — En gros je veille au confort de tout le monde. Pour qu’ils puissent sourire et être au mieux de leur forme quand on voit leur bouille à l’écran. Il y a aussi ma passion que je ne pratique plus autant que je le souhaiterais. — Je donne des cours de surf de temps en temps. Pas besoin de préciser, si j’enseigne c’est que je pratique. Tu lui souris entre deux gorgées. — Et toi ? Un boulot ? Des passions ? Un speed dating ! C’est quoi le sujet après le boulot ? Les passions ? Et ensuite ? Je commence à me triturer l’esprit pour avoir le bon sujet en espérant que ce soit lui qui propose.

merci. tu as sorti deux tasses par réflexe, sans attendre la réponse de la jeune femme. et pendant quelques instants, tu as ce sentiment de l'avoir obligée à rester et ... t'en sais rien, en fait. tu te mords l'intérieur de la joue en la rejoignant au salon, t'installant sur le canapé assez rapidement. vous parlez bien rapidement de la décoration quasi-existante de ton appartement. bah ! chez moi, c’est le mobilier qui était là, ça servait de chambre d’amis. j’ai peint la vague bleue sur le mur, pour personnaliser, c’est difficilement qualifiable de belle décoration. un léger rire s'échappe de tes lèvres, tandis que tu glisses tes doigts dans tes cheveux. tu viens boire une gorgée de café, tandis que la jeune femme s'est installée sur le fauteuil ou reposait sa veste. tu termines par lui poser une question sur ... ce qu'elle fait dans la vie. banal. bateau. tu sais pas vraiment. je travaille à Prime TV. je m’occupe de logistique matériel et de planning du personnel. en gros je veille au confort de tout le monde. pour qu’ils puissent sourire et être au mieux de leur forme quand on voit leur bouille à l’écran. je donne des cours de surf de temps en temps. tu hoches la tête en souriant doucement. c'est cool le surf. j'ai jamais eu l'occasion d'en faire réellement. tu souffles en riant un peu. j'y connais rien dans ton métier alors ... j'suppose que c'est bien. tu ajoutes en secouant un peu la tête. tu viens te gratter distraitement la joue. et toi ? un boulot ? des passions ? tu te pinces légèrement les lèvres à sa question. j'ai ma propre affaire. le disquaire au centre, un peu plus haut dans la rue. tu souffles. tu sais pas si elle a déjà fait attention ou non, en passant dans la rue un peu au hasard. sinon hm ... j'aime beaucoup la musique, logique tu me diras. tu ris un peu. je joue du violon. assez bien, sans vouloir m'en venter. tu souffles simplement. passion qui t'habite depuis des années maintenant, même si tu sembles indifférent à tout. la musique, c'est ton moyen d'expression, quand tu laisses les gens t'écouter.

Leeth est disquaire. Je connais le lieu où il travaille pour être passée devant plus d’une fois mais je n’ai jamais poussé la porte. Je télécharge toutes les musiques de ma playlist. Tout à coup je me sens mal vis à vis de lui. C’est son gagne pain. Moi je pirate, j’échange des fichiers MP3 avec mes amis. Et lui, il attend un client derrière son comptoir. Je mords ma lèvre inférieure. Je suis nulle sur ce coup. — Je m’arrêterais la prochaine fois que je passe dans le quartier. Enfin, si ça dérange pas. Je veux pas venir déranger si... si... Si tu n’as pas envie de me voir en dehors de nos nuits. Je souris. Enfin, je ne suis pas certaine que ce soit un sourire. Un truc entre grimace et sourire. Je tente de reprendre une contenance normale. — Ma belle-mère a une collection de 33 tours. Là c’est un sourire, un vrai, un beau. — Ouais, je viendrais te voir, des fois que tu aurais quelque chose pour lui faire plaisir à un prochain anniversaire. Là j’ai une super raison de m’arrêter le voir qu’il ne peut pas refuser. Il me faut une raison pour le voir ? Faut que je me justifie ? A qui d’ailleurs ? A lui ou à moi ? Je bois une gorgée de café. Leeth jouant du violon. Du violon, ça me parait tellement... beau. — Du violon ? C’est pas banal. Là je dois dire une stupidité. Il y a des tas de gens qui jouent du violon. C’est le premier que je connais, c’est tout. Le premier qui me le dit en tout cas. — La musique, j’écoute mais... J’hausse les épaules. — Je ne suis pas musicienne. Je chante très faux. Je le regarde. J’ai presque peur. On aurait si peu en commun ? Je suis toujours en mouvement, limite tornade qui passe, un besoin, éliminer mon trop plein d’énergie dans le sport. Lui, il a l’air si calme, il est musicien... On dit que les contraires s’attirent. — Quelqu’un m’a parlé qu’il y aurait un truc caritatif au mois février. Est-ce que c’est le genre de truc qui te branche ? Je ne sais pas pourquoi je dis ça. La dernière sortie que des amis m’avaient vendue comme génialissime, je me suis retrouvée enfermée dans une bibliothèque avec des inconnus pas très marrants. Mais peut-être qu’avec lui...

c'est un peu étrange, comme situation. t'as pas vraiment l'habitude de simplement discuter, en apprendre un peu plus sur la vie de l'autre, un café entre les doigts. tu retiens un léger soupir, parce que ce n'est pas si désagréable que ça, au final. je m’arrêterais la prochaine fois que je passe dans le quartier. enfin, si ça dérange pas. je veux pas venir déranger si... si... tu te mords l'intérieur de la joue, arquant légèrement un sourcil. tu sais pas vraiment, au fond. c'est vraiment pas une situation dont tu as l'habitude. tu retiens un léger souffle et tu te contentes de venir boire une gorgée de café. ma belle-mère a une collection de 33 tours. ouais, je viendrais te voir, des fois que tu aurais quelque chose pour lui faire plaisir à un prochain anniversaire. un nouveau sourire sur tes lèvres, sincère cette fois. on trouve de tout chez-moi, t'en fais pas. tu souffles en riant, la situation te semblant bien moins délicate maintenant. j'ai de plus en plus de demandes de vinyles, ça revient à la mode. et puis, y'a toujours moyen de les commander à des plus gros fournisseurs. tu ajoutes. tu passes quand tu veux. tu ajoutes après quelques instants. ouai, t'aimerais bien qu'elle passe te voir. sans savoir pourquoi. sourire sur le bord des lèvres, tu glisses tes doigts dans tes cheveux. tu termines par lui apprendre que tu joues du violon, et sa réaction te fait rire. pas un rire moqueur ou quelque chose dans le genre. un vrai rire. sincère. du violon ? c'est pas banal. tu secoues un peu la tête pour  te calmer un peu. désolé, c'était pas méchant. c'est juste que les gens ont toujours cette réaction. soit c'est pas banal, soit j'ai pas la tête pour en jouer. tu ajoutes, un sourire toujours sur les lèvres. la musique, j’écoute mais... je ne suis pas musicienne. je chante très faux. vos regards se croisent quelques instants, et tu viens doucement hausser les épaules. tu te pinces les lèvres et te penches un peu pour poser ta tasse sur la table-basse. je chante pas vraiment non plus, si ça peut te rassurer. même s'il paraît que je chante pas très faux, mais ... j'suis pas convaincu. tu ajoutes. tu n'aimes pas spécialement chanter, en réalité. tu préfères jouer d'un instrument, simplement. c'est un échappatoire, simplement. quelqu’un m’a parlé qu’il y aurait un truc caritatif au mois février. est-ce que c’est le genre de truc qui te branche ? tu fronces légèrement les sourcils aux mots de noa. février. œuvres caritatives. saint-valentin. sérieusement ? tu te mords l'intérieur de la joue. ah oui, ça fait quelques années qu'ils font ça. tu termines par souffler. j'y suis jamais allé, pour être franc. ouai, t'as jamais trop compris pourquoi les gens voulaient absolument s'y rendre. mais ... pourquoi pas. ça peut être sympa. tu termines par souffler, sans même y avoir totalement réfléchis. et puis, ça peut vraiment être sympa, en compagnie de la jeune femme. tu te mords l'intérieur de la joue, attrapant ta tasse pour terminer ton café.

Ce n’est pas un rancard. Absolument pas. Les rencards ça ne se prévoit pas des semaines, des mois à l’avance. C’est pour demain ou après-demain. Alors non, ce n’est pas un rencard, c’est... c’est... C’est un oui ? Il a dit « pourquoi pas », c’est comme un oui en y mettant l’incertitude des événements temporels qui vont se dérouler entre les deux, l’aléatoire temps qui nous emmène d’un point A à un point B avec parfois des détours par C prévus ou par D imprévus. Il a dit oui ! Je reste figée un instant avant de prendre une grande inspiration. — J’y suis jamais allée moi non plus. Ce sera une découverte. Je ne connais même pas leur programme, ce qu’ils proposent... Je vais quand même pas l’écoeurer maintenant qu’il a dit oui, bon un presque oui, parce que c’est dans longtemps. Je reste calme, je pense positif et j’en rajoutes pas une couche qui rendrait les chose compliquées. — Une dose d’aventure. Oui, ça peut être sympa. Je souris, mais pas trop. Il bois son café. A la manière de lever la tasse, j’en déduis qu’elle va être vide dans deux gorgées. Je regarde le contenu de la mienne. Il en reste encore. Je me décide à la vider à mon tour. Sinon ce serait faire genre je m’attarde pour... euh... je sais pas quoi. Faut pas que j’abuse. Je pose ma tasse dont le café a disparu pour lui montrer que je ne vais pas m’imposer plus qu’il ne voudrait. — Okay donc, euh... peut-être qu’on se recroisera avant la... Allez, balance le mot ! Parce que la fameuse soirée où tu viens de l’inviter, elle ne tombe pas n’importe quel jour. — La Saint Valentin. J’avale ma salive. Je l’ai invité pour la Saint Valentin ! — Ou je passerais avant pour un disque, ou... Je hausse les épaules. Une nuit... dix nuits... Je n’ose pas le dire, même si j’espère qu’il y en ait une, dix... Je me lève. La table basse entre nous, c’est une bonne chose, ça évite de se poser la question de s’embrasser avant de se quitter. — Merci pour le café. Je pourrais prendre le prétexte qu’il se fait tard, que j’ai des choses à faire, mon boulot qui m’attend, mais je m’en fous de l’heure. Je le regarde. Je lui souris. Ma main cherche ma veste, derrière moi sur le dossier du fauteuil, à tâtons, parce que mon regard ne le quitte pas.