Ce qu'il reste de bon dans ce monde...

La journée va encore être chargée. Des rendez-vous professionnels à n’en plus finir. Préparer le prochain tournage de la sitcom qui passera à l’heure de pointe pour le public rivé à son écran en début d’après-midi à la maison. Je n’avais pas imaginé tous les critères qui entraient en ligne de compte quand il s’agit de mettre en place les grilles de diffusion, j’ai découvert en travaillant à Prime TV ces détails. J’enchaine une émission jeunesse où il faut batailler avec le réalisateur qui voit un peu grand, un peu trop onéreux pour des 3-6 ans, puis la vérification des costumes pour un téléfilm qui se passe au XIIIVe siècle. Veiller que le tournage de l’émission de cuisine se passe bien, une tête de lard l’animateur qui se prend pour un grand chef. Trouver la perle rare d’intérimaire pour seconder le preneur de son au JT. Et j’en passe. Alors pour bien commencer, je m’arrête au food truck qui stationne prêt de l’immeuble de la chaîne. Certes, j'ai pris mon petit déj il n'y a pas longtemps, mais j'ai pris des habitudes ici. Les distributeurs automatiques dans les couloirs de l'entreprises servent des cafés et des encas nettement moins bons, tant qu'à la salle de repos où sont mis à disposition cafetière, micro-ondes et compagnie, quelqu'un prend un malin plaisir à tout salir sans jamais nettoyer. Je repars avec un grand verre en carton. Côté fringues, j’ai réussi à trouver mes tenues de croisière. Toujours bien habillée, au bord de la mode, mais en gardant un confort sport pour pouvoir bouger sans contrainte. J’ai repris le chemin vers mon lieu de travail. C’est ce moment-là qu’un coursier en vélo choisit pour faire du rodéo entre les voitures et finir sa trajectoire sur le trottoir pour éviter un fourgon. Rien ne l’arrête, surtout pas les piétons. Je me jette littéralement sur la gauche heurtant brutalement un homme. Je l’ai baptisé avec mon cappuccino. — Je suis désolée. Je regarde la tâche sur son vêtement. Le pauvre ! Je me retourne pour engueuler le cycliste qui n’hésite pas lever son doigt ! Quel tact ! Je suis en colère. Monstrueusement en colère. Je reviens sur le malheureux qui a absorbé ma boisson de la mauvaise façon. — Comment est-ce que je peux faire pour réparer ? Même si je ne suis pas totalement fautive. Je lève les yeux vers son visage. Il ne m’est pas totalement inconnu. De là à dire où je l’ai vu... Son regard... Sa voix... Je crois que je reste bouche bée en le regardant. S’il y a bien quelqu’un que je ne pensais pas recroiser à Wellington, c’est bien... ce flic ! Panique ! Je crois qu’il m’a reconnu, j’en suis sûre. Je recule. Peut-être que non, je n’ai plus les mèches de cheveux vertes, et puis il faisait nuit, et puis peut-être que avec le stress, les coups de feu, il avait d'autres choses à penser... Je croise les doigts pour qu'il ne m'ait pas reconnue. — Sinon... vous m'envoyez la note du pressing... Mauvaise idée, je ne vais pas lui laisser mon nom et mon adresse. On sait jamais. — En fait non, c'est plutôt à l'entreprise de coursiers que vous devriez envoyer la note parce que c'est de la faute au cycliste. Je recule encore un peu. S'il a le moindre geste, la moindre parole qui signale qu'il m'a reconnue, j'me barre en courant. Sinon, je file quand même mais avec le sourire.

Je secoue la tête. — Oh ! Euh... non je ne crois pas qu’on se connaisse. Je tente un sourire crispé. — Je me souviendrais... D’un beau mec comme vous. Heureusement, je me suis arrêtée à temps dans ma phrase. Si je fais ce genre de réflexion, il va croire que je lui fais des avance. C’est pour le coup qu’il va s’accrocher. Ouais, sinon, c’est vrai qu’il n’est pas moche, mais c’est pas le problème du jour. Vous étiez pas … ? Merde ! Ça y est, il a mis le doigt dessus. Je pâlis, mon gobelet me glisse entre les doigts et tombe sur le trottoir répandant ce qu’il restait de boisson. Je recule. Ce n’est pas suffisant pour mettre de la distance entre nous. J’ai plus choix. Je secoue la tête dans un dernier effort pour dire non. “Non laisse tomber, laisse tomber, flic.” Mais j’y crois plus ! Je fais un demi tour direct et me mets à courir avec le même dédain pour les passants que le coursier. Sur un trottoir bondé de gens qui partent embaucher, j’aurai moins de chance de m’en sortir que dans une rue déserte la nuit. Je m’en rends compte très vite ! Et je n’ai pas les bonnes chaussures pour ce type d’opération. Je tourne dans une rue puis une autre. Je me retourne pour voir s’il me suit. Mauvaise idée. Je heurte quelqu’un de plein fouet. Nous tombons tous les deux. Je l’inonde d’excuses mais le type râle à s’égosiller. En me relevant, je vérifie si le flic est là. Trop de monde. Je ne vois pas sa tête. A peine sur mes deux pieds, je reprends ma course. Je ne sais pas où je vais. Je crois que je tourne en rond. J’en sais rien. C’est dans ma tête que ça tourne. J’entre dans un magasin de vêtements. Je m’enfonce dans les rayons tout en observant la rue. Je le vois passer. J’attends cinq secondes et je ressors. Direction opposée. Fuir loin. Le bus ! Il passe près de moi. Pas le temps d’atteindre l’arrêt, il est reparti. Je l’ai raté de deux secondes. Je suis essoufflée. Zigzaguer entre les passants c’est épuisant. Une nouvelle fois je me retourne. J’ai réussi à le semer. Est-ce possible ? Je reprends pourtant ma course. Les bureaux de la chaine de télé sont là, juste devant moi. Si je l’ai semé, je peux reprendre le cours de ma vie, je suis en retard... J’entre par la grande porte vitrée. Le hall d’entrée. Direction l’ascenseur. Une main se pose sur mon poignet et me stoppe. Pas ça ! Non pas ça ! Pas lui !

Me débattre, le frapper, tenter une nouvelle fois de me sauver, je n’en ai plus la force. Maintenant qu’il sait que je ne suis pas étrangère aux activités qui se situent dans ce bâtiment. Il suffirait d’un passage de sa plaque sous le nez d’un bureaucrate les étages pour qu’il sorte tous les dossiers du personnel. Pourtant si je pouvais... Il me lâche quand un homme approche. Qu’est-ce que je pourrais lui dire ? C’est un flic en face de moi. Prétendre à un petit ami violent. A un voleur ? A un violeur ? J’aurais du mal à faire passer l’histoire. Alors je serre les dents alors que l’employé appuie sur le bouton d’appel de l’ascenseur, alors qu’il s’engouffre à l’intérieur, alors que les portes se referment. Quand on se retrouve seul, le flic me pose une question. Là-bas ? Le squat ? Je secoue la tête pour un non. Je te dirai pas que j’y étais pour acheter une arme. — Qu’est-ce que ça peut faire ? C’était interdit d’être là-bas ? J’ai pas vu de panneau, propriété privé défense d’entrée. Arrogance. Je lui rendre dans le lard avec le ton que j’emploie. — J’ai fait de mal à personne. J’te signale que c’est pas moi qui tirais dans tous les sens. J’te signale que si j’avais pas été là, on te rendrait les honneurs au cimetière à cette heure-ci. On s’est sauvé mutuellement, parce qu’à coup sûr, j’aurais été dans la merde, s’il n’avait pas été là. J’aurais pris une balle. Je serais morte peut-être. En parfaite inconnue, je me serais retrouvée sur la table du légiste. Je fronce les sourcils. Je regarde par terre. Le légiste. Ce type super sympa qui a veillé sur moi toute une nuit. Nathan. Même morte, j’aurais senti sa peine. Et ma famille, ils n’aurait peut-être jamais su ce que j’étais devenu. J’aurais grossi les rangs des disparus sans laisser d’adresse. Sauf si le dossier de l’inconnue du squat était arrivé sur le bureau de Lukas. — Fous moi la paix. J’ai vraiment rien fait de mal. Je me suis trouvée au mauvais endroit c’est tout. Tu reprends ton chemin et moi le mien. Je recule. Bien l’intention de le planter là. Si les portes de l’ascenseur pouvaient s’ouvrir. Oui maintenant, j’irais en force. Si quelqu’un passe, je l’interpelle. Faut que je dégage de là. Je me retourne pour appuyer sur le bouton de l’ascenseur.

Tout peut virer à l’apocalypse en un quart de seconde. Si je ne fais pas profil bas, ce flic risque de faire valoir son droit de flic. Menottes aux poignets, je passe mon tour. En fait les charges qu’il énumère, témoin, délit de fuite, ça reste léger. Il n’y a pas vol d’arme à feu. J’en déduis que pour ça je peux souffler. Si je peux éviter le pire et de me faire officiellement arrêter. Je soupire. Je baisse la tête pour peser le pour et le contre. C’est vite fait, y’a pas photo. — Okay. On va faire comme vous dites. Je vais avec vous. Pas besoin que ça remonte à la hiérarchie. Même si je suis sur un siège éjectable, un poste de remplacement et la personne doit revenir dans pas longtemps. J’aimerais cependant repartir avec une bonne référence, alors une arrestation, oui je m’en passe. Je repère un collègue qui s’apprête à monter dans les étages. Je l’interpelle. — Neal ! Il s’arrête, alors que je me tourne vers mon officier de police en civil. — Vous permettez une seconde, faut au moins que je prévienne, je ne peux pas partir comme ça. Non, je ne peux pas disparaitre de mon lieu de travail sans que quelqu’un soit au courant, avec tout ce que j’avais à faire, mon absence va frôler le problème, alors... — Je dois m’absenter. Une truc incontournable que je dois régler au commissariat. Est-ce que tu peux prévenir que je reviens plus tard ? Aucune idée du temps que ça va prendre au poste de police. Il acquiesce. Son regard sur nous deux est interrogateur mais il se garde de poser une question. J’apprécie. Peut-être qu’au retour ce sera moins le cas. Si mon chef s’énerve sur le travail non fait, mais pas le choix. — On y va. Plus vite se sera fait... Plus vite je serais débarrassé de ce flic, de la procédure, de ce bordel. Je prends la direction de la sortie. J’avance rapidement, sans rien dire, en regardant droit devant moi. Pas la peine qu’il m’indique le chemin, je connais. Le poste de police, je connais parfaitement. Lieu de travail de Lukas et surtout là où j’ai fait ma déposition suite à l’enlèvement. J’y ai passé du temps pour regarder des photos de criminels et aider pour un portrait robot.

Je me suis laissée aller à la provocation, à tenter de le bouler comme un boulet, à le traiter d’égal à égal, à le prendre comme un pseudo allié comme dans ce squat, cette arrière cour, au milieu de cette fusillade où nos vies n’ont tenues que grâce à l’autre. Ouais, ça crée de la camaraderie. Mais pas possible, pas réussi, il ne veut pas lâcher son statut de flic. Alors je reviens à ce que je suis à cet instant, à ce qu’il est. Je remets en place le respect qu’il doit y avoir entre deux personnes qui doivent tenir leur rôle au milieu de mon lieu de travail, au milieu de la rue. En plein jour, je ne suis pas cette fille capable de tout transgresser pour poser le canon d’une arme sur la tempe d’un homme. La nuit, je sais par contre, que l’enfer n’ai pas loin.

J'ignore s’il veut être poli et entamer une conversation banale avec sa question sur mon boulot ou s’il commence son interrogatoire. — Je bosse là oui. Je hausse les épaules. — J’suis pas devant la caméra. Je suis à la prod. C’est provisoire. Un remplacement. Je monterais derrière s’il était un chauffeur de taxi qui m’emmène à l’aéroport, ce qu’il n’est pas. Et en plus il propose. Je monte à côté de lui. Le trajet ne sera pas long. Le plus dur c’est de trouver une place en centre ville. Je suppose que faisant parti de la police, il a un moyen d’en avoir une facile, parking réservé. Parcours bref, le temps d’une seule question avant qu’on arrive. — Ça vous arrive souvent de risquer votre vie ? Sous-entendu pour des inconnus tel que moi, dans ce squat. Quand la voiture s’arrête je sens une nouvelle angoisse monter. Pourvu que je ne croise pas Lukas dans les couloirs du commissariat. J’ai du mal à ouvrir la portière, difficile de descendre. Je le regarde lui. — Je suppose que si je dis que je n’aime pas les postes de police... y’a des gens qui n’aiment pas les hôpitaux. Pas pour les mêmes raisons.

Se faire embaucher ? Avec l'embrouille d'aujourd'hui, les rendez-vous loupés, le boulot qui se fera pas !!! Il se moque ? Il ironise ? Il est sérieux ? — Ben, une embauche, j'y crois pas trop. Hormis si une licorne traverse la route au prochain passage piéton. Et je suis trop conne de regarder à droite et à gauche si... Peut-être qu’au prochain magasin de jouets sur la route, ils auront sorti une mascotte en forme de... Je m’enfonce dans le siège de la voiture. Je le regarde quand on parle de fusillade. Métier dangereux. Flic c’est pas cool comme job. Tu subis, moi l’adrénaline je préfère choisir le moment et comment la faire monter. On arrive. Brève ballade. Pas vu de licorne. J’aurais mieux fait de me taire, le voilà qui pense que j’ai fait un séjour en cellule... une fois, quelques heures en cellule de dégrisement, c’est tout. Le commissariat, si je n’aime pas c’est pour d’autres raisons. Je ne réponds pas. S’il veut savoir des choses sur moi, il se débrouille comme un grand. Dans d’autres circonstances, j’aurais pensé que ce flic est galant à ouvrir les portes. J’entre dans le hall et prends la direction du bureau où j’ai passé des heures à regarder des photos de criminels. Je m’arrête au milieu du couloir. Bêtement. Comme s’il n’y avait qu’un bureau. Y’a celui de Lukas... Y’a celui du légiste au sous-sol, oui, ça au moins il n’aura pas dans ses fichiers mon entrée illicite dans la morgue pour faire un dernier adieu à mon ami assassiné. Il aura le reste. Je me retourne lentement. Je regarde le sol. — Les toilettes sont toujours au bout du couloir ? Je suppose que c'st le truc qui ne change pas de place. Mais je suppose que votre bureau n’est pas là. Je me souviens aussi de la pièce, la première fois que je suis venue pour faire ma déposition concernant l’enlèvement. L’inspecteur Varenko m’avait reçu. Je sais pas si elle est encore en poste ici. — C’est pas ce que vous croyez. Je suis pas une habituée du poste de police pour ce que vous croyez. J’ai toujours la tête baissée.

Je secoue la tête. Les toilettes, ce n’est pas la peine. Pas pour l’instant en tout cas, sauf si mon séjour dans les locaux de la police doit s’éterniser. — Non. Pas maintenant. Il cherche la raison pour laquelle je connais un peu le plan du bâtiment. Pas trop tout de même, quelques lieux seulement. Mais c’est suffisant pour mettre le doigt sur le fait que je suis déjà venue plusieurs fois. — Pas de copain policier. Je hausse les épaules. Est-ce nécessaire de parler de Lukas ? Il saura, ce n’est qu’une question de temps. Je me mure dans le silence, le regard au raz du sol. Il m’entraine vers un bureau. On s’y installe. Le voilà prêt devant son écran, prêt à fouiller mon passé. Une pièce d’identité, il veut mon nom. Inutile de se buter là-dessus, c’est trop tard. Je la pose sur le bureau et la pousse du bout des doigts vers lui. Noa Lane, née le 28 février 1994, résidant 8 South Bay, Island Bay. L’ordinateur va lui fournir un numéro de dossier. Une histoire d’enlèvement, de meurtre, l’histoire d’une fille qui parvient contre tout attente à contacter sa “belle-mère”, même si le terme n’est pas écrit, le lieutenant de police Lukas Antonelli, écartée de l’affaire car trop proche de la “victime”. Rançon non versée. Kidnappeurs toujours en fuite. Je n’arrive pas à le regarder en face. J’ai l’impression de revenir plusieurs mois en arrière quand ces flics voulaient tout savoir. Leur cent mille questions pour connaitre les moindres détails. J’ai pas donné tous les détails. Certains n’appartiennent qu’à Jack et moi, notre intimité nocturne de cette nuit tragique. Certains n’appartiennent qu’à moi et celui qui m’a massacrée, et il a des comptes à me rendre sur ce sujet. J’attends. J’attends qu’il ouvre dossier après dossier, qu’il lise. Je finis par lever la tête vers lui. — Alors ? Vous avez des réponses ? Il doit aussi avoir de nouvelles ses questions. Pourquoi, j’étais là-bas l’autre nuit ? A ton avis, mec, pourquoi ?

Je bataille avec ce flic pour lui filer entre les doigts dure depuis une éternité il me semble, autant l’autre nuit que tout à l’heure dans la rue ou sur mon lieu de travail, mais maintenant, il a tout en main. Presque tout. Ce qu’il n’a pas c’est une autre histoire qui n’est encore qu’une ébauche, pas encore écrite. Cela viendra en son temps. Pour l’heure, j’ai droit à ses condoléances. — Merci. Deuil difficile parce qu’un sentiment de culpabilité l’a empêché longtemps. Le tourbillon de la vie m’a emmenée plus loin malgré cette cicatrice que je pense porter jusqu’au bout de ma propre existence. Je me tords les doigts dans tous les sens, je ne pense pas qu’il le voit depuis l’autre côté du bureau, mais s’il bouge un peu, peut-être. Parce qu’on est toujours à cette question, qu’est-ce que je faisais dans ce coin pourri. Heureusement pour moi, il a une idée qui lui vient. Quelque part c’est une chance que ce vendeur d’armes était aussi dealer. Je hoche la tête pour abonder dans son sens. Je n’ai pas envie de m’étaler sur le sujet et surtout entrer dans des détails qui pourraient fausser la donne. Il évoque la présence de psys à disposition des victimes. — On m’en a parlé oui. Je soupire en avalant difficilement ma salive. — Je pensais m’en sortir seule. On m’a dit qu’il fallait du temps. Je sais pas combien de temps. J’ai un boulot très prenant, je pensais que ça aussi ça occuperait mon esprit suffisamment pour qu’il n’y ait plus place pour... Mais il en reste de la place. Enormément. Je soupire encore. J’évite son regard parce que je me sens tellement mal à l’aise. A la façon qu’il a de me parler, il n’est pas dans le jugement. C’est de l’aide qu’il propose. Et moi... je fuis, je voudrais être ailleurs, ne pas l’avoir croisé, je crois que je suis même en train de m’en vouloir par rapport à lui. — Je sais pas. Vous feriez quoi, vous ? Je hausse les épaules. — Non, vous vous seriez pas mis dans une galère pareil. Vous auriez eu la force de tout balayer. Je pose enfin mon regard sur lui. — Vous savez, je fais du surf et parfois la vague parait insurmontable et pourtant on la dompte. De nouveau mon regard s'échappe. — Je croyais que ce serait pareil... C’est vrai que dans ce bureau, en face de lui, à cet instant, je sens tout l’égarement qui cisaille ma vie en deux parties. Je ne mens pas sur ma détresse, j’omets de montrer ma colère qui me fait faire de terribles choix.