You're cute, you know [Lily & Ivan]

« Merci. » Je réponds à son souhait de ne pas vouloir couper les ponts avec ma fille. Kaleigh partage aussi une grande affection pour Lily. Puisqu’elle est jeune et d’un caractère similaire, ma petite a tendance à voir la blonde un peu plus comme une grande sœur et non pas comme une gardienne ou une voisine. Je ne voulais donc pas que ce baiser vienne détruire ce qui existe entre elles et que cela leur cause mutuellement du chagrin. Je suis particulièrement reconnaissant que Lily accepte ma proposition. La suite de cette conversation me prend totalement par surprise toutefois. La question de l’étudiante en médecine est légitime. C’est surtout mon absence de réponse concrète qui me perturbe. Je réalise ainsi que je ne suis pas aussi innocent qu’on pourrait le croire. Je n’ai pas repoussé le geste affectueux d’une autre femme que celle que j’ai marié il y a six ans. Je n’ai même pas songé à le faire une seule seconde à vrai dire. C’est honteux de ma part. Je suis donc infidèle. Je n’ai peut-être pas initié le baiser mais ça ne change rien au fait que j’y ai participé. Ma confusion se décuple donc au début, avant de finir par arriver à dire un semblant d’explication. Je trouve pourtant dans son regard toujours aucune hostilité. Ai-je réussis à lui offrir une réponse potable en fin de compte ? Elle m’assure que la raison de ses larmes n’est pas moi. Encore une fois elle se met le blâme sur les épaules et j’ai de plus en plus de mal à accepter qu’elle le fasse. Maintenant que je sais que nous avons tous les deux commis la faute, j’ai l’impression qu’il me faut assumer une partie du tort également. Là ce n’est pas ce qui est en train d’arriver. Elle augmente la pression de sa main sur mon genou, me faisant réaliser que nous nous touchons. Je baisse les yeux brièvement sur son geste avant d’être absorbé aussitôt par ses nouvelles paroles. Est-ce que j’ai inconsciemment désiré ce baiser ? Peut-être, c’est trop confus dans mon esprit pour parvenir à le déterminer à cet instant. J’ouvre la bouche pour lui répondre mais rien ne sort. Alors, je referme les lèvres, la fixant avec plus de douceur tandis que sa paume réchauffe affectueusement ma joue. Les mots continuent à être prononcés et à me faire perdre un peu plus mes moyens. Bon sang, je n’arrive plus à rien penser ou rien faire d’un coup. Je suis paralysé par la trop grande importance du moment, des phrases qui me sont dites. Même lorsqu’elle me relâche et s’éloigne je demeure figé. Je me ranime uniquement lorsqu’elle évoque le souhait de partir. L’orage est terminé ? Je lève stupidement la tête vers le plafond, comme si ça pouvait me le confirmer. J’écoute un moment le silence. Effectivement, il n’y a plus de coups de tonnerre. Je ramène mon regard à Lily. J’expire longuement. Je ne peux plus la retenir. « D’accord. On reste en contact. Je t’enverrais un message texte pour te signaler quand je peux t’envoyer Kal’. » Je dis tellement calmement que je me demande si je ne suis pas en train d’imaginer cette conversation plutôt que de la vivre. Je me lève pourtant. Mon corps semble être sur le pilote automatique puisque ma tête est KO. Une fois à la porte d’entrée pourtant, je viens la retenir en effleurant du bout des doigts son coude. Mes lèvres se posent doucement sur sa joue pour un contact de quelques secondes. Lorsque je recule, mon visage est un peu plus serein mais mon regard demeure parfaitement confus. Je n’ai aucune idée de pourquoi je lui offre un second baiser de la sorte. « Fait attention à toi. » Est ce que je lui dis ensuite, une pointe d’inquiétude dans la voix.