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contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
mai 2024
6° - 16° // un peu de soleil pour faire plaisir !
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.


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 Happy birthday ! (ft. Murphy)

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MessageSujet: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyDim 11 Mar - 22:25

Cela faisait quelques jours que Caïn préparait la petite fête qu'il allait donner en l'honneur des dix-huit ans de sa fille, Murphy. Il n'avait pas prévu de grande fête avec tous les amis, finalement. La jeune fille avait vécu trop de drames pour qu'il prenne le risque de la braquer avec quelque chose d'indécent. Sur conseil de Kenny, il avait choisi le dîner. Ce soir, ce serait hamburgers maison, faits ensemble. Un moment privilégié comme le trader en recherchait fréquemment. Sa progéniture ne lui rendait pas la tâche facile, en dépit des efforts qu'il voulait faire pour rattraper le coup. Elle ne lui pardonnait pas vraiment l'abandon à sa naissance. Comment lui en vouloir ? Caïn s'en sentait tellement coupable... Attentionné, il avait veillé à tout acheter, les steaks, pur boeuf, parce qu'il estimait que l'être humain était carnivore et que toutes les conneries vegan n'avaient pas leur place dans cette maison. Salade fraîche, oignons doux, tomates bien mûres, cornichons, cheddar, sauces et surtout le pain. Il n'achetait rien dans les supermarchés. Il allait se fournir directement à certaines adresses de la ville, chez des artisans de luxe, qui ne le décevaient jamais. Les pains étaient donc tout sauf industriels et dégueulasses. Ils sentaient bons le four au feu de bois, dont ils étaient sortis. Il avait aussi acheté des pommes de terre, pour les frites. Pour le dessert, son dévolu s'était jeté sur un petit gâteau, une mousse aux fruits, puisqu'elle n'aimait ni le chocolat, ni le café. Vers 18 heures, comme Murphy n'allait pas tarder, il commença à laver et couper les pommes de terre. Caïn savait se débrouiller en cuisine. Certes, il ne ressemblait pas à un chef étoilé, mais ce qu'il mitonait se mangeait bien ! Il avait passé l'après-midi à décorer un peu la maison, avec des ballons, des bonbons. Oui, elle allait fêter sa majorité, mais elle n'en restait pas moins sa petite fille.

Habillé d'un t-shirt et d'un short, Caïn avait profité d'être seul à la maison pour envoyer une photo de lui aux fourneaux à Kenny, avec un message équivoque "Bon à savoir pour toi : je manie bien le rouleau à pâtisserie ! (a)". Une façon pour lui de se faire un peu pardonner, puisqu'il avait dit à Kenny de ne pas se manifester ni par SMS, ni par téléphone, ni même physiquement. Il n'assumait toujours pas leur relation et encore moins devant sa fille. Pourtant, elle vivait ici désormais et cela devenait compliqué de voir Mathisson sans attirer les soupçons. Gallagher prétextait souvent des heures supplémentaires à son travail. Cela excusait qu'il rentre à minuit, mais pas qu'il découche. Il faisait donc attention à tous les détails. Il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et cela le fit sourire. Murphy avait le pouvoir de le rendre heureux. Il laissa son couteau sur le plan de travail et s'avança vers le couloir. Il marchait pieds nus, c'était une règle qu'il avait mise en place pour la maison. Ca salissait moins et puis il trouvait ça plus propre. Ils ne s'étaient pas vus de la journée. Aussi, Caïn s'approcha d'elle et écarta les bras pour un câlin. Il fit une bise sur son front et il l'enlaça quelques instants.

- Coucou, trésor ! Il parait que c'est un jour spécial aujourd'hui ! Joyeux anniversaire !

Il se détacha. Il savait qu'elle n'aimait pas trop qu'il la prenne dans ses bras. Elle avait du mal à faire abstraction de la haine qu'elle éprouvait à son égard. Mais Caïn ne perdait pas espoir et persévérait. Et puis, aujourd'hui, c'était un jour un peu spécial ! Il espérait qu'elle soit plus indulgente. Pas sûr qu'elle réponde à son attente. Le salon ressemblait plus à une cour de récré, avec cette décoration enfantine. Il avait fait de son mieux, mais il restait maladroit et mal à l'aise dans son rôle de père.

- J'ai pensé que tu préfèrerais une soirée tranquille, toi et moi. J'ai prévu des hamburgers, on va se les faire ensemble ! Avec des frites ! Et puis après manger, on fait ce que tu veux ! Ici ou ailleurs, je te suis !

Une soirée père/fille, voilà qui avait de quoi exaspérer n'importe quel ado. Murphy allait-elle s'en agacer ? La laissant découvrir le salon, il questionna, l'air de rien :

- Comment vas-tu ? Ta journée, ça a été ?

Caïn était heureux. Il avait enfin sa fille avec lui et plus rien ne l'empêchait de se racheter auprès d'elle. La tristesse de Murphy à la mort de ses frères l'avait touché. Mais lui, personnellement, il ne les regrettait absolument pas. Il avait même bu une coupe de champagne pour fêter ça. Derrière ce papa poule se cachait un homme bien mystérieux et sombre, qui n'avait absolument aucune pitié pour ceux qui se mettaient en travers de sa route. Il n'allait quand même pas aimer les frangins pour se donner une bonne conscience. Ils étaient morts, enterrés. Bien fait pour eux. Comme quoi, le bon Dieu existait peut-être et rendait justice ! Tout ça appartenait au passé. Caïn attendait une réaction de Murphy, comme un gamin attend un miracle.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyDim 11 Mar - 22:56

Son anniversaire. Le deuxième sans eux.
La jeune fille avait passée sa journée à se sentir triste. Elle avait eu cours ce matin, mais n'avait pas réussi à rester concentrée. En fait, son esprit était ailleurs. La jolie blonde n'avait pas décroché un mot à qui que ce soit de la journée, forçant ses lèvres a dessiner des sourires aux visages qu'elle connaissait et qu'elle croisait dans les couloirs. De toutes façons, personne ne savait que c'était son anniversaire aujourd'hui. Elle n'avait pas facebook alors forcément... et pas de téléphone portable non plus. Donc non, personne ne lui avait souhaité et c'était la première année qu'elle se sentait... à ce point si seule. En fait, Murphy n'aimait pas cette journée. La société oblige les gens à fêter le jour de la naissance de chacun. Elle trouvait ça débile maintenant que sa mère et ses frères n'étaient plus de ce monde. En réalité, ça n'avait même, plus aucun sens. Alors après son lunch, la jeune fille n'était pas retournée à l'université comme elle aurait du. Elle avait prit le bus pour se rendre au seul endroit où elle avait envie d'être. Avec eux. Marchant en silence, la jeune étudiante pénétra dans le cimetière de la ville. Ses pieds glissaient presque sur les gravillons blancs. Longeant les allées, la jolie blonde avançait vers l'endroit du cimetière où sa mère et ses frères étaient enterrés. Après plusieurs minutes de marche sous un beau soleil, Murphy grimpa sur la pelouse pour s'approcher des pierres tombales de sa famille. Son cœur se serra, mais malgré tout, elle sourit doucement arrivant à la hauteur des stèles en granit. Sa main caressa la pièce chauffée légèrement par le soleil et elle murmura tout bas « bonjour maman » avant de saluer également ses frères. Se plaçant devant les pierres tombales, la jolie blonde s'assit en tailleur, laissant tomber son sac entre ses jambes. Dans sa tête, elle était déjà en train de leur parler, doucement. Elle leur disait qu'ils lui manquaient terriblement, et qu'elle serait prête à tout donner pour les retrouver le temps de cette journée. Après un long moment de silence, une larme coula sur sa joue. Elle s'empressa de l'essuyer avant de se forcer à sourire et de dire à voix haute « vous vous souvenez de cet anniversaire où Matt avait fait tomber le gâteau dans la cuisine ? » rigola t-elle en revoyant la scène au ralenti. Elle avait pleuré ce jour-là et pour essayer de remplacer le désastre du gâteau, sa mère les avait emmené manger un dessert français dans une pâtisserie en ville. Ils avaient passés un super moment. Finalement, Murphy se remémora un tas de souvenir de ce genre, où rien n'était parfait, ou le plus souvent même, ça avait été un désastre, mais où finalement, tout avait été parfait. Parce qu'ils étaient là. Et que dans le fond, elle n'avait jamais eu besoin de rien d'autre qu'eux. Alors Murphy resta là, assise devant ce qu'il restait de sa famille, sans rien dire d'autre que de repenser aux bons moments. Elle s'imaginait ce que sa mère aurait pu lui dire, en ce jour. Etait-elle fière d'elle ? Etait-elle contente de sa fille ? Ou lui en voulait-elle de pactiser avec le diable ? Murphy ignorait tout ça. Elle ne savait rien, et son imagination tordait ses espérances en douleurs. Les heures passèrent, elle n'avait aucune envie de bouger. Aucune envie de les quitter. Aucune envie d'être ailleurs qu'à cet endroit. Seulement voilà, ces moments passés avec sa famille était son secret et elle ne voulait pas que son père le sache. Il ne fallait pas qu'il ait des soupçons et qu'elle rentre tard. La jeune femme se leva lentement, déposant un baiser sur sa main, qui vint caresser la pierre refroidie à présent. Elle se força à sourire à nouveau et contourna les tombes, balançant son sac sur son épaule. D'une démarche lente, presque à reculons, Murphy prit la direction de l'arrêt de bus pour rentrer chez son père. Assise sur son siège, elle se rongeait les ongles. L'idée de se retrouver seule ce soir avec lui... ça lui faisait bizarre. Elle se doutait bien qu'il allait vouloir faire un truc... mais quoi ? Elle ne savait pas à quoi s'attendre, mais rien que ça, ça la gonflait. Elle ne voulait pas faire la fête. Après dix minutes en bus, elle arriva en bas de la rue riche où vivait son père. Elle grimpa la côte, arrivant à la hauteur de la villa Gallagher. Elle marcha jusqu'à la porte et ouvrit celle-ci. La tête basse, elle retira ses chaussures tandis que son père faisait déjà son entrée. Violent. C'était quoi ce surnom débile ? Il arriva presque à toute vitesse vers elle, tendant les bras et la forçant à s'y coller. Elle grogna et chercha à s'éloigner de lui, posant ses mains contre son torse pour se décoller de lui. Il lui annonçait le programme, une soirée ici, avec des hamburgers. Le regard de son père la dépassa, et elle le suivit pour regarder l'atroce décoration dans le salon. Il avait acheté et installé des guirlandes avec les princesses de Disney dessus. Mon dieu.... il y avait des ballons, des paillettes, du rose... bref... tout ce qu'elle aimait. Elle ne savait même pas quoi faire entre pleurer ou rire. « Je savais pas que Kubrick aimait le transformisme... » lança t-elle. C'était pas compliqué de retenir ça quand même. Elle n'aimait que Kubrick, s'il fallait lui faire plaisir, c'était avec un livre de ses photographies en noir et blanc, absolument pas connues du grand public, ou bien un des nombreux livres qu'il existait, ou une édition collector d'un de ses films, sinon tous, ou encore des affiches chinées aux cinémas, ou bien des trucs liés à lui quoi. Non mais Disney quoi... il croyait quoi ? Qu'elle avait quatre ans ? Murphy se gratta nerveusement le sourcil préférant ne rien dire pour ne pas être méchante. Son père semblait si fier de lui, en fait cette journée ne rendait heureux que lui décidément. Il lui demanda comment elle allait. Elle soupira intérieurement. De toutes façons, ça servait à rien de parler sincèrement avec lui, alors autant mentir. « Bien, et la tienne ? » faire mine d'en avoir quelque chose à foutre, faire mine que ça va, faire mine qu'aujourd'hui est un jour de joie intense. Alors qu'au fond, Murphy va tellement mal. Qu'elle sent comme une étrangère, portant le nom d'un étranger, dans une maison qu'elle déteste. Alors qu'elle se sent brisée de l'intérieur, sans parvenir même avec le temps, à recoller les morceaux. Alors qu'elle se sent tellement seule... douloureusement si seule au monde.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyMar 13 Mar - 22:03

Certes, les décorations comportaient clairement un caractère enfantin. Caïn n’avait pas forcément du recul quand il s’agissait de sa fille. Il agissait souvent au feeling, en se disant que ça allait lui plaire. Et jusqu’à maintenant, elle n’avait pas manqué de lui signifier lorsque ce n’était pas le cas. Souvent, même. Elle savait se montrer cassante mais manque de bol ou par chance, son père était quelqu’un d’obstiné et de coriace. Il ne baissait pas les bras facilement. Cette personnalité, elle en avait hérité. Elle savait mettre le doigt où ça faisait mal. C’est un peu ce qu’elle fit avec sa remarque sur Kubrick et le transformisme. Celle-ci tomba complètement à l’eau. En effet, le trader détestait le cinéma. Il n’aimait pas les films, quel qu’en soit le genre. Lorsqu’il avait 10 ans, sa mère lui avait fait une dissertation qui relevait plus du sermon, disant que le cinéma et le théâtre restaient les arts de Satan. Que ce n’était pas pour rien que par le passé, avant que la parole de Dieu ne soit corrompue, on excommuniait les acteurs. Oui, sa génitrice n’aimait pas grand monde... les étrangers, les homosexuels, les acteurs... la liste de ses intolérances était tellement longue ! Mais cela expliquait Caïn en majeure partie.

- Moi, ça a été. J’ai préparé mes ordres de bourse pour l’ouverture et j’ai piloté tout ca depuis mon ordinateur. J’ai fait de bonnes affaires, comme toujours.

En témoignaient les post-it collés ça et là un peu partout. C’était sa grande manie. Il notait et collait tout dans une logique que lui seul parvenait à comprendre. Il savait exactement où il devait chercher au besoin. Sur le papier, son écriture de chat représentait des chiffres et des abréviations. Illisible pour le commun des mortels. Limpide pour lui. Il n’entra pas plus dans le détail. Il préférait ne pas s’attarder sur son métier puisque généralement ça ne passionnait personne à part lui-même, il en était conscient.

- Sinon, eh bien, je suis allé faire les courses pour ce soir. J’ai pris le meilleur ! Ensuite, j’ai nettoyé un peu. D’ailleurs à ce propos, quand tu auras cinq minutes, tu mettras ton linge dans la machine.

Il avait dit ça gentiment, sans lui chercher des poux. Caïn avait promis de respecter l’intimité de sa fille. Il ne rentrait donc pas dans sa chambre. Il laissait Murphy y faire le ménage et s’occuper de ses lessives. Jusqu’à présent ça fonctionnait plutôt bien. Caïn poursuivit :

- Et puis je me suis mis à tout préparer ! Tu dois avoir faim ! Viens, commençons les hamburgers !

Enthousiaste malgré le fait que sa fille ne soit pas loquace, il retourna dans la cuisine. Alors qu’il continuait de couper les pommes de terre en frites, il reprit la parole :

- Je suis content que ta journée se soit bien passée ! Et que ailles un peu mieux. Je sais que ça n’a pas été facile du tout, ces derniers temps, mais tu peux compter sur moi. Bref ! C’est ton anniversaire aujourd’hui ! On va fêter ça dignement ! Tu m’aides à faire cuire les steaks ? Ça va sinon la déco ? Ça fait pas trop kitsch ?

Il avait un petit air fier, parce qu’il y avait mis son énergie et son amour. Il était loin de se douter qu’elle n’aimait pas du tout. Gallagher avait changé depuis la crise d’anorexie. Il ne cherchait plus à l’interroger ou la fliquer. Ce qui était bien appréciable. Au point de ne pas saisir la perche pour ne pas le remballer ?
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyMer 14 Mar - 11:21

Il lui raconte sa journée, parle de son travail, elle ne comprend rien. En fait, elle n'écoute déjà plus ce qu'il dit. Murphy, elle s'est habituée à être là, sans vraiment être là. A savoir sourire quand il le faut, à savoir répondre lorsqu'il le fallait pour que personne ne se doute jamais de rien. A l'intérieur, c'était comme un voyage au dessus d'un nid de coucou. Elle s'envole, elle part, elle est déjà tellement loin. Parfois, elle fixe les gens qui lui parlent, ils ont l'impression qu'elle est passionnée par ce qu'ils disent alors qu'en fait, elle s'imagine ailleurs, parfois seule, parfois avec sa mère, parfois dans une vie totalement différente de la sienne. Vous savez, ce genre de scène imaginée qui traverse nos yeux comme une pellicule de film ? On imagine ce qu'aurait été notre vie si quelque chose avait été différent. Murphy aurait aimé que ça soit Kubrick. Mais à huit ans, elle n'était pas encore une fervente admiratrice de l'artiste et connaissait déjà l'identité de son père... Etre la fille de Kubrick... mon dieu. Son père la fait venir jusqu'à la cuisine et elle, elle le suit, sans rien dire, sans être vraiment là. Non, elle s'imagine déjà dans une immense villa, avec Kubrick comme père, et puis sa mère aurait encore été en vie dans cette vie là. Parce que les maladies n'existent pas voyons. Ses frères seraient là, ils travailleraient sur les films de papa... et puis elle, elle serait la source d'inspiration de son père, après tout, pourquoi pas ? Murphy s'est assise machinalement sur un tabouret, les mains jointe sur le plan de travail, elle tripote un morceau de papier qui traînait là. En même temps, avec tous les post-it de son père -qui lui filent toujours autant les j'tons- il y avait de la matière. Elle est dans la Lune, elle est bien trop loin pour écouter ce que son père lui dit. Elle fixe le bout de papier qu'elle martyrise sans même s'en rendre compte et sourit, imaginant cette vie là. Et puis finalement, la réalité la submerge. Son père ne serait jamais là. Il coucherait sûrement avec toutes ses actrices. Elle apprendrait qu'elle n'est pas sa fille, mais la fille d'une liaison. Sa mère mourrait quand même. Ses frères aussi. Elle se réveille. « Hein ? » elle n'a rien écouté de ce que lui dit son père, mais il semble attendre une réponse de sa part. La décoration ? « Ah » elle tourne la tête vers le salon pour la regarder et chercher quoi dire sur ça. « C'est absolument dégueulasse mais j'pense qu'au fond tu d'vais t'en douter, ou alors... tu as vraiment des goûts pourris... en même temps quand on voit la gueule de ton short... » ses yeux glissent sur son vêtement, une grimace se dessine sur son visage. Murphy elle est comme ça, on ne sait jamais si elle plaisante, ou si elle est sérieuse. Elle transforme toujours ses phrases en soi-disant blagues, pour se protéger au cas où sa franchise ne passe pas. Elle voit bien qu'elle a peut-être été trop dure. Elle baisse les yeux et lance « mais c'est gentil d'avoir essayé » tout bas. Son papier prend tellement cher, elle fini par le laisser tranquille et se lever du tabouret pour se prendre une boisson fraîche. Il y a des sodas, il y a de la limonade, des bières... elle peut toujours tenter le coup, après tout en Europe, à dix-huit ans, ils sont majeurs non ? « J'ai le droit de boire une bière ? » tournant sa tête pour voir la tronche de son père. Il ne lui dit jamais non de toutes façons, et il le fera pas aujourd'hui. Enfin... elle dit ça, mais concernant l'alcool et tout ce qui « décoince » un peu... son père ressemble à une vraie nonne avec un pieu dans le cul. Parfois il est vraiment « vieux jeu », et elle le trouve beaucoup trop strict et serré des fesses. Tout le contraire de sa mère en fait. Et la vie ici, n'a rien à voir avec la vie dans la maison de maman. La vie là-bas, elle était... parfaite. Elle ne recevait pas vraiment d'ordre, et c'était pas l'anarchie pour autant. Murphy ne serait pas décrire la vie avec sa famille. C'était complètement différent. Ils se connaissaient et se faisait confiance en fait. Pas comme ici.
Se saisissant d'une boisson fraîche, la jeune femme revint s'installer sur son tabouret pour l'ouvrir et en boire une première gorgée. Son père était déjà en train de préparer à manger, il n'était même pas dix huit heures. Murphy n'avait aucune envie de l'aider. En voyant les steaks venant tout droit d'un marché vu la taille des morceaux de viande, Murphy grimaça un peu. Elle en mangeait de la viande mais là... ça ne lui donnait pas vraiment envie. C'était beaucoup trop. Ca faisait la taille de sa main. « Je ferai le miens moi-même, et sans viande » précisa t-elle en se levant pour prendre un pain à hamburger. Il y avait un peu plein de choses à mettre dedans. Elle regarda celui de son père qui prenait déjà forme et lança « j'vais faire griller mon pain avant de mettre les aliments moi » et s'approcha du four pour y déposer son pain afin qu'il se grille à l'intérieur.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyJeu 15 Mar - 22:08

Caïn n’était pas réputé pour avoir un humour très prononcé. C’était même tout l’inverse. Il faisait des blagues de temps en temps mais jamais il n’aurait lancé son one-man show. Il restait trop terre à terre pour ça. Aussi quand Murphy lui envoya dans les dents que la décoration était dégueulasse, il prit ça au sérieux. Les mots de Murphy avaient un don pour le blesser plus que n’importe qui d’autre. C’était douloureux... comme si on lui plantait un coup de couteau. Et cela ne l’aidait pas à se confier lui-même. Il aurait aimé commencer à parler de certaines choses mais il craignait sa réaction. Il préférait se murer dans le silence. Il regarda respectivement la décoration et son short. C’était gratuit pour celui-là... il le portait régulièrement en été. Et il n’avait rien de moche. Murphy avait du sentir qu’elle venait de le plomber. Ces derniers temps, Caïn avait un peu plus de mal à masquer rapidement les impacts qu’elle pouvait avoir sur lui. Aussi quand elle relativisa et qu’elle lui dit que c’était gentil qu’il ait essayé, le trader fut un peu soulagé. Elle tempérait. Il releva le regard et ne put s’empêcher de passer sa main dans ses cheveux, avec un sourire :

- Ok, je retiens pour l’an prochain. Pas de ballons Disney.

Il voyait les petits mots de Murphy d’un bon oeil et ne doutait pas de leur sincérité. Sa fille ouvrit le frigo et demanda si elle pouvait boire une bière. Caïn resta un moment à la fixer. Son regard était dur mais il semblait hésiter. L’équation était simple. Il voulait dire non. Mais il ne possédait aucun argument pour le faire...

- Cela ne me plait pas trop... mais aux yeux de l’état, tu es majeure... donc tu peux prendre une bière. Mais une seule. Après plus d’alcool ! Il faut y aller progressivement. Tu peux m’en sortir une, s’il te plaît ?

Apparemment cela ne lui plaisait pas puisque qu’elle referma le frigo sans l’entendre. Il n’insista pas, préférant se recentrer sur la nourriture, en pensant qu’elle ne l’avait pas entendu. Il la regarda décapsuler sa bière. On sentait que ca ne l’enchantait pas. Encore moins quand elle en but une autre gorgée. Il reprit sa tâche pour faire abstraction du fait que sa fille consommait de l’alcool. Mais elle ne tarda pas à se rappeler à lui en lui indiquant qu’elle ferait elle même son hamburger... sans viande. Plus que l’alcool, cet aveu le choqua. Il resta plusieurs secondes à la regarder couteau en main, en mode électrocuté. Elle aussi, elle était devenue végétarienne ??? L’espace d’un instant, dans son esprit, passa l’idée que l’on devait bruler tous ces vegans, véritables cancers de l’humanité. Sa mère l’aurait pleinement approuvé. Il prit énormément sur lui, pour ne pas se jeter dans ce débat avec violence. Cela lui en couta ! Mais il ne voulait pas gâcher l’anniversaire de sa fille. Il se tut donc. À vrai dire Murphy attira l’attention en indiquant qu’elle allait faire griller son pain. Il hocha la tête.

- Mais oui bien sûr ! Excellente idée de faire griller le pain d’abord !

Il s’empressa de faire de même. Murphy avait eu une idée de génie ! Ca le rendait fier d’elle ! Tandis que les pains commençaient doucement à dorer, Caïn regarda la décoration et fit un aveu, le regard animé par une lueur complice.

- Je vais te faire une confidence... je déteste le rose... Il y a un couteau dans le tiroir. Et si on allait éclater toutes ces horreurs, toi et moi ? Les pains vont mettre un peu de temps pour dorer. Ca nous fera du bien.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyJeu 15 Mar - 22:42

Son père... il était étrange. Un peu comme elle, même si pour le moment, elle ne voulait rien voir. Ils étaient là, à faire semblant, l'un avec l'autre, l'un contre l'autre. Comme si chacun jouait dans une équipe adverse, comme si l'esprit d'équipe n'existait pas, comme s'ils ne pouvaient pas faire autrement. Murphy avait posé sa bière sur le plan de travail près de l'évier, alors qu'elle s'était approchée du fou pour y mettre son pain. Son père avait l'air assez enthousiaste à cette idée et se décida à faire la même chose. Murphy décala alors son pain pour laisser celui de son père s'installer sur la grille. Une fois cela fait, elle enfourna la plaque au four, tandis que son père réglait le thermostat. Une fois que cela fut fait, son père lui proposa quelque chose. Aller éclater tous les ballons du salon avec des grands couteaux de cuisine. Murphy le regarda, juste après avoir reprit sa bière, et resta conne. Elle le voyait presque de dos, il venait de poser son couteau et fixait ses ballons comme s'ils étaient devenus d'horribles furoncles sur sa maison aux allures de temple grec. Murphy se retenu de rire, amusée par l'idée de son père. Pour le coup, il était surprenant. Elle ne dit rien, cachant son sourire aux yeux de son père. Elle saisit un couteau dans le petit bloc de bois posé près d'elle et posa sa bière en criant « hahaha » retrouvant d'un coup une pêche et une joie de vivre. Courant à toute allure jusqu'au salon, l'étudiante grimpa sur le canapé pour gagner de la hauteur et commença à planter son arme en direction des ballons roses. Dans la peau d'Anthony Perkins face à Janet Leigh dans la fameuse scène de la douche, de Psychose, Murphy pointait sans crainte le gros couteau à tatons pour exploser les ballons. Si au départ c'était un jeu, la jeune femme commença à perdre son sourire au fur et à mesure des coups lancés dans le vide, ou sur les parois de plastiques étirées au maximum. Sa lame tombait le plus souvent dans le vide, elle devait s'y prendre à plusieurs fois avant de percer véritablement la paroi des ballons roses à l'effigie des salopes de disney. L'amusement n'était plus à l'honneur, désormais, il fallait qu'elle achève ces ballons, qu'elle les explose tous. Un faciès exultant sa rage intérieure, la jeune femme commença à perdre totalement la notion de jeu, entrant alors dans un exercice libérateur. Toujours sur le canapé, les jambes écartées pour obtenir un meilleur équilibre, la gamine venait de péter tous les ballons en l'air, si bien qu'elle commença à tirer sur les ficelles des ballons suspendus. Tirant dessus comme une acharnée, elle commençait littéralement à s'énerver dessus, retenant sa rage. Son regard était dur, presque rageux. Son couteau tomba sur le sol et la jeune femme ne chercha pas à le ramasser. Devant la ténacité de certaines ficelles, la jeune femme commença à s'enrouler dans plusieurs lanières de ballons roses, se retrouvant un peu embourbée dans un bordel où la colère surgissait subitement. Ses gestes étaient grands, violents, plein de rage. Elle ne s'amusait plus, elle se défoulait. Elle s'acharnait sur ses ballons, comme si elle en avait besoin. Comme si son corps avait besoin d'évacuer sa rage contenue, là, tout de suite, maintenant. Etait-ce le fait d'avoir porté un couteau comme une arme ? Etait-ce le fait d'anéantir la décoration ? Etait-ce le fait d'en vouloir à son père ? Etait-ce le fait de s'en vouloir à soi-même ? Etait-ce toute sa tristesse qui s'échappait ? Il n'y avait plus de ballons, son pied venait d'éclater le dernier sur le sol du salon, ripant au passage sur l'arrondi du ballon, l'étudiante venait de se casser la gueule par terre. Sur le sol, Murphy se calma enfin. Sa respiration était accélérée, ses yeux rageux. Qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Elle n'avait pas l'air d'une folle là ? Elle leva les yeux vers son père sans rien dire. Se redressant sans l'aide de personne, elle fini par s'asseoir sur le bord du canapé sur lequel elle avait sauté quelques secondes auparavant et passa une main sur ses cheveux pour les dégager de son visage, vers l'arrière, en soupirant longuement.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptySam 17 Mar - 11:09

C’était plaisant pour Caïn de voir qu’il avait réussi à motiver sa fille. Ca faisait au moins quelque chose de réussi pour la soirée ! Il aurait pu pourtant bien mal le prendre puisque toute la décoration lui avait pris du temps ! Mais plutôt que de pourrir la soirée en se vexant, il préférait prendre ça avec tact. Murphy restait la seule à avoir cette influence. Même Kenny n’arrivait pas à empêcher les colères et les accès de rage. Pour sa fille, il aurait tout donné, même sa vie. Les années d’abandon étaient perdues. Il espérait les rattraper et se faire pardonner un jour. Pour le moment, la place était à l’euphorie. Équipée de son couteau, Murphy se rua sur les ballons, Caïn en dégomma quelques uns mais il fut rapidement dépassé par sa fille, qu’il laissa faire. Bien vite, il vit son changement de comportement. Le rire laissa la place à la bête. Ainsi donc, elle avait la même en elle. Cette personnalité sombre, qui la poussait à se défouler, à agir avec rage. Il aurait voulu ne jamais l’avoir condamné à vivre avec ça. Murphy, dans un état second, n’aurait jamais pu faire un travail pour se ressaisir. Il était trop tard. Il la laissa donc se déchaîner sans intervenir ou se manifester. Il avança lorsqu’elle tomba, mais elle se remit sur pied très vite. Que dire après ce spectacle ? Pas grand chose... Caïn récupéra le couteau et le posa sur la banque, où ils prenaient leur petit-déjeuner. Il y eut un court silence. Que faire dans ses cas là ? Il n’en savait rien. Il vint s’asseoir à côté d’elle, le visage indéchiffrable.

- Ca va aller ! Tu ne t’es pas fait mal ? Je vais peut être garder l’idée des ballons pour l’an prochain en fin de compte ! Quelle énergie !

Il ne savait pas trop quoi faire. Murphy n’avait pas l’habitude de se confier. Et lui non plus. Il écartait direct l’idée de lui tirer les vers du nez. Elle allait se braquer et ne passerait pas un bon moment. Pour rien au monde, il voulait lui gâcher son anniversaire. Il commenta néanmoins d’une voix neutre, pour lui faire relativiser un peu la situation.

- Ca fait du bien de se lâcher de temps en temps. Tu m’as quand même rappelé mes vingt ans... à sauter haut comme ça ! J’aurais pas tenté, il aurait plus manqué que je me casse quelque chose !

Il se leva pour récupérer les boissons et apporta sa bière à Murphy. Il se réinstalla sur le canapé, confortablement.

- Nous n’avons pas trinqué ! À tes dix-huit ans ! Le début de la vie d’adulte ! Le temps passe si vite...

Rétrospectivement, Gallagher avait vécu les dix dernières années en se murant dans son travail. Il bossait sans relâche, ce qui lui permettait de très bien gagner sa vie. Il profita d’avoir amorcé le sujet pour tenter une confidence.

- Je te revois il y a dix ans, tenant la main à ta mère... lorsque nous nous sommes croisés dans la rue. Tu as tellement changé ! Tu n’es plus une petite fille timide. Tu es devenue une femme, affirmée et brillante. Je sais que je ne suis pas le mieux placé pour parler de ça. Mais je tenais à te dire que je suis fier de toi.

Mettre sur le tapis ce jour où ils s’étaient rencontrés... voilà qui ne symbolisait pas l’idée du siècle ! Il ne pensait pas aux conséquences que cela pourrait avoir. Et pourtant, ce jour là, Murphy avait fait connaissance avec son lâche de père. Une rencontre qui bouleversa sa vie. Et pas forcément dans le bon sens. Caïn avait une sincérité touchante. Il ne mentait pas. Il affichait un air convaincu et franc.

- Qu'est-ce que tu aimerais faire après manger ? On peut sortir si cela te dit ! Je te laisse décider, c'est ton anniversaire après tout !
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptySam 17 Mar - 17:37

Murphy sourit timidement lorsque son père parla de cette idée des ballons pour l'année prochaine. L'année prochaine... cela faisait un petit peu plus d'un an qu'ils vivaient ensemble à présent. La jeune femme n'était pas encore totalement faîte à cette idée. Les jambes tendues face à elle, sur le tapis, les mains entre ses cuisses, elle ne savait pas trop quoi dire. Lorsqu'il parla de lui à vingt ans, elle hocha la tête, faisant tomber ses cheveux sur son visage. Elle commençait déjà à se braquer. Pourquoi ? Parce qu'il parlait de lui à vingt ans, à son âge -ou presque- et qu'elle ne savait rien de cette époque, ni même de lui en fait. Murphy y pensait de plus en plus, elle en avait même parlé à Lily, cette fille rencontrée lors d'une fausse attaque terroriste à la bibliothèque de la fac. Elle ne connaissait pas cet homme chez qui elle vivait, duquel elle portait le nom de famille. Elle ne savait rien de son passé, rien des décisions qu'il avait pu prendre par le passé, ni même de l'homme qu'il était aujourd'hui. Elle ne savait pas ce qu'il aimait dans la vie, elle ne savait pas s'il avait quelqu'un, elle ne savait pas ce qu'il avait fait de sa vie, ce qu'il avait fait comme études, la ville dans laquelle il était né, ni même ses aspirations pour son avenir. Elle ne savait strictement rien de lui, ce qui lui donnait systématiquement l'impression de vivre avec un étranger, dans un perpétuel mensonge. Et elle n'y arrivait plus. Quand elle avait vidé son sac avec Lily, Murphy avait réalisé que non, elle n'arrivait plus à vivre comme ça. Son père se leva pour aller chercher sa bière et une autre pour lui dans le frigo. Murphy attrapa celle qu'elle avait déjà commencé un petit peu plus tôt dans la cuisine et remercia doucement son père. Buvant une lampée, elle fit tenir l'arrondis du culot de la bouteille sur l'arrondis de son genoux étiré. Il leva sa bière, enjoué, pour trinquer à ses dix-huit ans. Murphy passa un doigt sur sa mèche pour dégager son visage et trinqua sa bière dans celle de son père. Il parlait de la vie d'adulte, du temps qui passait si vite. Elle avait envie à la fois de pleurer et de l'engueuler. Pour elle, non, le temps ne passait pas vite. La douleur de la perte de sa famille était toujours aussi intense, la rancoeur envers l'abandon de son père ne s'effaçait pas non plus, et puis pour ce qui était de la vie d'adulte... ça ne voulait rien dire. Ils ne discutaient jamais comme deux adultes parce qu'ils ne discutaient jamais. Lorsqu'il parla de sa maman, Murphy sentit son cœur se serrer. Elle prit une lampée de sa bière pour penser à autre chose. Pourquoi parlait-il de sa maman ? Pourquoi entamait-il ce sujet, alors qu'à chaque fois qu'elle essayait de le lancer, ou d'y répondre, il se cloîtrait dans le silence ? Ca lui faisait trop de mal qu'il fasse ça. Et puis même, elle n'aimait pas qu'il s'approprie ces souvenirs qu'elle avait partagé avec elle, sa mère. Oui, il avait été présent ce jour, puisqu'elle l'avait rencontré pour la première fois, mais c'était un souvenir qu'elle avait toujours partagé avec sa mère, pas avec lui. Il dit qu'il était fier d'elle, mais ça ne lui faisait rien. Parce qu'à ses yeux... il n'était pas grand chose pour elle. Ils ne partageaient rien, ils ne se connaissaient pas, ils ne communiquaient pas... quelle relation avaient-ils si ce n'est que de partager un nom de famille et une maison ? Ca n'avait aucun sens. Murphy se dit que beaucoup de jeunes de son âge prieraient pour profiter de leurs parents partis trop tôt et qu'elle... elle ne savourait pas d'avoir ce père à ses côtés. C'était triste, c'était dommage. Il lui posa une question, ce qu'elle voulait faire après les hamburgers qui crépitaient à la fois au four et puis dans la poelle au loin. Murphy bu une gorgée, silencieuse. Elle réfléchissait. En fait oui, elle avait une idée. Une idée bien précise. C'était quitte ou double. Soit ça passait, soit ça cassait. Elle tourna sa tête vers son géniteur, croisant son regard. « J'ai le droit d'être honnête, pour une fois ? » commença t-elle doucement, attendant sa réponse. Lorsque son père lui répondit, Murphy passa une jambe sous ses fesses, se tournant un peu plus vers lui. Posant sa bière sur sa paume de main, elle la fixait, n'osant pas affronter le regard de son père. « Tu parles d'être adulte... alors j'aimerai qu'on discute comme deux adultes » lança t-elle d'une voix presque éteinte, levant désormais les yeux vers son père. Murphy sentait son cœur battre fort dans sa poitrine, mais elle se souvint de ce que Lily avait dit : si elle avait besoin, elle pouvait se réfugier chez elle à n'importe quel moment. Attendant une réaction de la part de son père, la jeune femme prit une respiration, les mains fixées sur sa bouteille en verre pour éviter qu'elles ne tremblent. « Y'a plein de choses que j'te dis pas... parce qu'on s'parle jamais » commença t-elle à dire. « Je sais que tu veux que ça se passe bien, que tu fais en sorte que ça se passe bien mais... j'te sens pas sincère avec moi » avoua t-elle. Elle parlait en général, pas de ce soir précisément. « J'te mentirai si je te disais que j'ai oublié toutes ces années sans toi. Que j'ai oublié ce qu'on me disait à l'école sur le fait que j'avais pas de père, sur ton comportement avec Lazslo après la mort de... maman. J'te mentirai si je te disais que je t'en voulais pas de faire comme si tout allait bien alors que non, c'est pas le cas. J't'en veux de faire comme si maman n'était plus là, comme si son souvenir n'existait pas... » elle baissa les yeux. En fait, tout sortait en vrac, c'était pas prévu comme ça, mais elle était lancée et ses idées désorganisées. « Tu as l'air si... heureux... j't'en veux, parce que moi j'y arrive pas » avoua t-elle alors qu'un voile passait devant ses yeux. Non, elle ne devait pas craquer. Elle devait continuer. Vider son sac. Retirer l'aiguille d'un coup sec et franc. « J'connais rien de toi, je sais même pas quel âge tu as... » avoua t-elle la voix tremblante. « Tu me parles jamais de maman, tu m'as jamais expliqué pourquoi tu m'as abandonné, pourquoi tu n'as pas voulu de moi, pourquoi t'es revenu la bouche en cœur en voulant jouer au papa modèle... » elle s'en voulait d'être aussi rude, mais il fallait que ça sorte. Comme une bouteille de soda trop remuée qui explose dès qu'on ouvre un peu le bouchon. « On s'parle pas, on fait comme si, mais... j'ai l'impression de vivre dans une maison inconnue, avec un étranger » avoua t-elle alors. Son ongle s'efforçait à décoller l'autocollant de sa bière, nerveusement. Elle ne pouvait pas continuer à vider son sac, parce que ce qu'elle aurait pu dire, c'était ça : j'aurai aimé que ça soit toi qui parte, et eux qui restent. Mais non, elle ne pouvait pas lui faire ça, même avec toute la rancoeur qu'elle pouvait avoir envers lui, elle ne serait jamais aussi conne que de se rabaisser à faire du mal gratuitement, par vengeance.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyDim 18 Mar - 22:56

Caïn ne pensait pas un seul instant que ce qu'il venait d'évoquer allait avoir de plus amples conséquences. Il était loin d'imaginer la tempête qui allait suivre. Pour lui, Murphy se plaisait ici, puisqu'il était avec elle. Sa suffisance et son orgueil l'empêchaient de voir la réalité en face. Il remarquait quelquefois sa tristesse, mais il mettait ça sur le compte de la mort de ses frères, rien de plus. Cela dit, il ne savait pas vraiment ce qu'elle pensait de lui. Parfois, il avait maladroitement essayé de lui tendre la main, mais Murphy considérait ça comme une tentative de s'immiscer dans ses affaires. Du reste, Caïn n'était pas quelqu'un de très avenant et de très enclin à parler de sa vie personnelle, pas même avec elle. Du coup, ils muraient dans le silence, échangeant des banalités. Quand elle lui demanda si elle pouvait parler franchement, il fut surpris et fronça les sourcils. Cela voulait donc dire qu'elle ne le faisait pas les fois précédentes ? Il manqua le lui faire remarquer. Il porta un regard sur elle, et se radoucit presque instantanément. Il hocha la tête pour lui donner son accord. Ce fut sans doute la pire décision de toute sa vie. Il venait d'ouvrir la boite de Pandore. Il le regretta amèrement, à mesure que sa fille continua de parler. Elle ramena sur la table ses années d'absence, lui signifiant bien qu'elle n'avait RIEN oublié, malgré ce qu'il essayait de faire. Elle lui envoya dans les dents qu'elle ne lui pardonnait pas non plus son attitude avec Laszlo. Il fallait bien avouer qu'il avait été d'une violence inouïe avec le jeune homme. En fait, tout sortit ou presque. La bombe venait de lui péter au visage. Il resta silencieux, encaissant les coups, ne sachant pas quoi lui répondre. S'il jouait franc-jeu, il allait lui dire que oui, il était bien content que ce petit con de Laszlo serve de nourriture aux vers de terre, parce qu'il pouvait pas le blairer, qu'il était suffisant, immature, irresponsable et surtout qu'il avait essayé de lui voler sa garde. Pourtant, il n'en fit rien. Parce qu'il savait que cela lui ferait beaucoup plus mal. Elle lui asséna le coup de grâce lorsqu'elle avoua le considérer comme un étranger. Caïn posa sa bière sur la table basse, sans la boire. Il regarda longtemps en face lui, à travers la fenêtre. Le ciel du soir d'été était en train de virer à l'orange.

- Je ne suis pas revenu la bouche en coeur pour jouer le papa modèle... je suis revenu pour essayer de réparer mon erreur. Tu peux me croire ou ne pas me croire, mais je suis heureux parce que tu fais partie de ma vie.

Caïn se leva, le visage fermé. Il venait de prendre conscience que ce bonheur n'était qu'à sens unique. Sa fille ne l'aimait pas, elle était ici par la force des choses, mais si elle avait pu, elle se serait tirée depuis un moment. Impassible, il lui dit :

- Les pains et les steaks sont prêts. Je te laisse les sortir du four. Je reviens.

Il quitta la pièce, dans un silence de mort. Caïn monta à l'étage de la villa et se rendit dans la salle de bains pour se passer un peu d'eau froide sur le visage. Il se regarda longuement dans le miroir, sévèrement. La haine qu'il éprouvait contre lui-même fut telle qu'il fracassa son poing sur le miroir, le fissurant littéralement en plein d'endroits, s'entaillant les doigts. Il sortit de la pièce et se dirigea vers sa chambre, pour récupèrer des mouchoirs afin d'absorber le sang. Le saignement, légèrement endigué, il retira son short et comme soudain possédé par un démon, il le réduisit littéralement en lambeaux, arrachant même le tissu avec ses dents, comme un animal enragé. Le pauvre short, fidèle pourtant depuis de nombreuses années, ne méritait pas un tel remerciement. Surtout qu'il fut remplacé par un jean, banal. Un truc que Murphy ne pourrait pas critiquer, puisqu'elle en portait elle aussi. Tout en boutonnant son pantalon, il se résigna, dans sa tête à n'être finalement que celui en qui elle n'aurait jamais confiance. Pour la première fois de sa vie, il baissait les bras. Il ne voyait pas comment faire pour être un bon père... il avait tout essayé. A part la franchise, mais c'était exclu. Il refusait de parler des raisons pour lesquelles il était parti... pas des vraies en tout cas. Il se dirigea vers le mur, déplaça le portrait et ouvrit son coffre pour en sortir une boite en carton. Il referma la porte blindée, remit son tableau et se décida à quitter la chambre pour aller rejoindre Murphy. Il posa le carton sur la table basse, sèchement. Il s'assit sur le canapé et l'ouvrit :

- Il n'y a pas qu'à toi que ta mère manque. A moi aussi. Elle a accepté de me faire parvenir des photos, avec des mots pour chacune, peu après que nous nous soyons croisés. Je les ai rangées dans un album. Je ne suis sur aucune. J'imagine que tu peux donc le prendre...


Il lui tendit le livre. Celui-ci était un véritable trésor. La reliure, magnifique, présageait du contenu. Les photos avait été disposées, avec une légende brève et la date à côté, écrites par Caïn. Il ne s'était pas aperçu qu'en lui tendant le livre, une photo était tombée, ancienne. Une photo de famille où il figurait. Sur l'image, une femme austère, regard perçant, chignon très serré. A ses côtés, un petit garçon blond, de cinq ans, sourire timide et regard encore enfantin, loin de la froideur de l'adulte qu'il était devenu, aujourd'hui. Sur le cliché, pas de père. Juste lui et sa mère.

- J'ai essayé de faire de mon mieux... je t'assure que j'ai essayé, Murphy... J'ai voulu faire en sorte que tu sois heureuse. Je ne pourrais pas la ramener... j'essaie de veiller sur toi, pour elle. Mais il n'y a pas de mode d'emploi pour être père...

Il fixait le sol. Entre la photo par terre et ce qu'il venait de dire, ça laissait trainer pas mal d'indices. Mais Caïn n'avouerait jamais qu'il avait été abandonné avant sa naissance par son père. Qu'il ne l'avait jamais connu. Ce secret là, il le gardait enfoui en lui, terrible blessure donc il ne s'était jamais vraiment remis en dépit des apparences. L'ambiance était devenue bizarre en tout cas. Cela n'avait plus rien à voir avec une fête d'anniversaire. Le trader n'avait même plus faim.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyLun 19 Mar - 8:06

Lorsqu'elle avait commencé à avouer le fond de sa pensée, Murphy n'avait pas une seule seconde pensé à ce que son père allait se prendre dans la gueule. Dans sa tête, le schéma était clair : elle était sincère, il le serait en retour et tout se passerait mieux entre eux. Sauf qu'en fait, non. Son père s'était littéralement fermé sur lui-même. Perdant son sourire, perdant son regard, il s'était mis à fixer le vide par la fenêtre, tout en répondant sèchement. Il ne semblait pas sur la même longueur d'onde qu'elle. Il semblait aussi touché par les paroles de la jeune femme qui ne se rendit compte qu'à ce moment-là que ses propos étaient durs. Surtout pour quelqu'un qui ne s'y attendait pas. Il était revenu pour réparer une erreur. C'était ce qu'il venait de dire. Alors abandonner Murphy était une erreur ? Pourquoi ne pas être revenu plus tôt dans ces cas là ? Murphy ne comprenait pas qu'il puisse y avoir le facteur de la peur, de la honte, de la colère, de la fierté qui puissent entrer potentiellement en jeu. Elle observait le visage de son père se décomposer. Il commençait à ne plus vraiment être là, sa voix était robotique, mécanique. Et puis là, la phrase emblématique qui résumait tout. « Je reviens ». Cette fameuse phrase qui rejoignait les « je ne veux pas en parler », « on en parlera une autre fois », « pas ce soir », « pas maintenant » et qui amenait son père à prendre la fuite, encore et encore, et de ne jamais répondre aux questions de sa fille. Murphy baissa la tête, soupirant et le regarda partir à l'étage. Il ne répondrait pas à ses questions. Même après tout ça... pourquoi continuait-elle d'attendre ? A quoi ça servait au juste ? Elle se sentait trahie, parce qu'elle avait été sincère et que ça n'était pas plus facile pour elle ; et son père « revenait ». Et puis tout en ayant la haine contre son père qui fuyait et qui ne lui répondait pas, elle commençait à s'en vouloir. Ses propos avaient été violents, son ton agressif, le moment n'était peut-être pas le meilleur... mais y'en aurait-il eu un de propice ? Dans tous les cas, il n'y a jamais de bons ou de mauvais moments, il n'y a que l'instant présent. Murphy l'avait comprit ça. Une bonne journée à l'école et le soir même on t'annonce que ta mère va mourir dans trois jours maximum. Une bonne nuit avec de beaux rêves, avant que la police ne t'annonce que tes deux frères sont morts en même temps.... alors non, il n'y a jamais de bon moment. Murphy obéit à son père. Se retrouvant seule, elle avança jusqu'à la cuisine. Elle commença par éteindre la plaque pour les steaks de son père et puis ensuite, elle ouvrit le four pour sortir les pains. Saisissant la plaque à l'aise d'un gant, la jeune femme prit les pains qu'elle fit glisser dans une assiette, avant de remettre la plaque au four et de l'éteindre. Les pains dans l'assiette, Murphy se dirigea vers l'îlot central, où il y avait tous les ingrédients. Elle commença d'abord à mettre de la sauce sur le pain, puis des oignons, enfin de la salade, de la tomate aussi et puis pour son père, une viande, un fromage et puis une seconde viande. Pour elle, elle s'arrêta au premier fromage. Elle était en train de finir son hamburger lorsque son père déboula. Il était revenu ? Il portait un jean, il s'était changé ? C'était quoi ce qu'il tenait dans sa main et qui venait d'attérir sur la table basse ? Murphy prit les deux assiettes et retourna au salon. Elle déposa le repas de son père devant lui et posa son assiette alors qu'elle fixait la boîte que son père avait ramené. Il était déjà en train de l'ouvrir, en avouant qu'à lui aussi sa mère lui manquait. Murphy l'ignorait. Elle se mit à le fixer longuement, avant de se rendre compte que sa main était couverte par des mouchoirs ensanglantés. « T'as fait quoi ? » lança t-elle en prenant la main de son père dans les siennes. Assise sur le sol du salon, à hauteur de la table basse, elle tenait la main de son père dans ses mains et très vite, retira les mouchoirs collants de sang aux plaies de son père. « Oh... » grimaça t-elle. Elle lui précisa qu'elle allait chercher la trousse de secours et alla la chercher avant de revenir. S'asseyant à côté de son père, elle reprit sa main qu'elle posa sur sa cuisse et retira les mouchoirs complètement. Il y avait des bouts de verre dans les plaies de son père. Qu'avait-il fait ? Il avait frappé dans quelque chose ? A priori un miroir, mais pourquoi ? A ce moment là, Murphy s'en voulait. Parce qu'elle se rendait compte qu'elle lui avait fait de la peine, et qu'il était énervé, et qu'il ne lui criait pas dessus. La jeune femme soupira, le visage bas et commença à retirer les morceaux de verre implantés dans la chair de son père, à l'aide d'une pince à épiler. Il n'y avait que des petits morceaux, mais quand même. Son père parla d'un album photo, qu'il prit du carton qu'il avait précédément ramené d'on ne sait où. Il lui dit qu'elle pourrait le prendre. Murphy était en train de nettoyer la plaie à présent avec un coton imbibé d'une lotion quand l'album arriva presque devant son nez. Elle laissa à son père le soin de soigner sa plaie et saisit l'album qu'il lui tendait. Une photo tomba sur ses genoux au moment où elle ouvrait la première page. Dans le livre, une photo d'elle collée dessus, soigneusement. A côté, écrit au stylo noir, une date, et quelques mots. La page suivante, Murphy sourit. C'était pendant Noël, ses frères lui avaient fait porter un chapeau ridicule. La photo suivante, c'était pendant des vacances. Sur chacune des photos, il y avait Murphy dans une situation précise, entourée de sa mère, parfois de ses frères. Une petite bible d'elle, dont elle ignorait l'existence. Son père avait prit soin des souvenirs qu'il n'avait pas connu. Murphy sentit un picotement spécial au fond de son cœur. Elle s'en voulait, profondément. Et puis elle se rendait compte qu'elle ne savait rien de lui : oui ; alors autant imaginer le meilleur le concernant que de penser au pire, non ? Elle observa toutes les pages avec attention, souriant en se remémorant les souvenirs de ces photographies. De voir sa mère si jeune, en bonne santé, si forte et heureuse. Voir ses frères aussi. Ca lui faisait du bien. Surtout que ces photo là... Murphy les découvrait. Sa mère ne les avait pas gardées elle. Son père reprit la parole, il n'y avait pas de mode d'emploi. Ouais, c'était une évidence. Et les trois premières années où on peut se permettre de faire des erreurs sans que le bébé ne s'en souvienne.... elles étaient révolues. Alors ouais, Murphy comprenait qu'elle ne lui laissait rien passer, qu'elle était intransigeante avec lui alors que lui... il lui passait tout. A commencer par maintenant. Murphy se sentait honteuse, gênée, mal à l'aise parce qu'elle voyait bien que son père était mal mais... elle ne savait pas quoi lui dire. Alors qu'elle refermait le précieux livre, la gamine y laissa glisser sa main sur la couverture. Elle sourit, faiblement, émue par ce livre. Ces pages de souvenirs que son père avait de son côté. Il n'avait pas vécu ces moments avec eux, mais il les connaissait. C'était différent oui, mais c'était au moins ça. Ce n'est qu'à ce moment là que Murphy se rendit compte qu'une photo était tombée de l'album. Posant celui-ci sur le sol, elle se saisit de la photo. Ce n'était pas une photo d'elle et de sa mère. Une femme, fine, grande, le visage dur, portant un tailleur sans forme, austère. A côté, un gamin blond qui lui ressemblait beaucoup. En fait, Murphy avait l'impression de se voir à cinq ans... ils se ressemblaient beaucoup. Souriante d'un coup d'éclat, Murphy montra la photo à son père et demanda, un sourire aux lèvres « c'est toi ? »  Son père semblait surprit de voir cette photo. Murphy l'observait, son dos vint se coller tout près d'une des jambes de son père, tandis qu'elle fixait intensément cette photo. « On se ressemble beaucoup... je ne le savais pas » avoua t-elle doucement. Son père était mignon sur cette photo. Et surtout, c'était la seule preuve, le seul indice, le seul petit quelque chose qu'elle n'avait jamais vu, ni connu de son père. Elle n'avait jamais vu une photo de lui, qu'il soit enfant, adolescent ou jeune adulte. C'était la toute première fois. Et à côté c'était donc sa mère, non ? Remarque qu'elle ressemblait beaucoup à ces femmes vivants dans des couvents... est-ce qu'il avait été abandonné lui aussi ? Où était son père ? Murphy ouvrit un peu la bouche et se figea sur place. Est-ce qu'il allait lui répondre si elle posait des questions, ou bien est-ce qu'il allait se braquer ? Elle ne le savait pas, tout ce qu'elle avait envie de dire pour le moment, ne concernait pas vraiment cette photo. La posant sur la table basse, face à elle, la gamine se retourna pour grimper sur le canapé à côté de son père. Elle baissa la tête et lança, presque d'une traite « j'suis désolée, j't'ai fait de la peine » elle n'assumait pas de croiser son regard, alors elle lança en fixant les hamburger « j'pense toujours qu'à ma gueule en fait, j'viens de comprendre » avoua t-elle avant de continuer plus tard « c'est toujours moi qui m'énerve, moi qui te répond, moi qui pète un plomb... moi qui me plains, moi qui te fait la leçon et qui a le plus souffert d'entre nous deux... » réalisant alors qu'elle avait été un véritable tyran envers son père pendant plus d'un an, elle sentit sa voix trembler. Ses ongles, nerveux, venaient torturer ses doigts, alors que son visage était toujours dirigé vers ses mains. « J'suis toujours partie du principe que tu devais payer et encaisser sans rien dire pour tout ça... sauf qu'en fait... c'était pas facile pour toi non plus et que tu n'as personne sur qui tu peux te venger » en disant ces derniers mots, Murphy eu la sensation de vivre avec le poids d'une solitude et d'une douleur coupable sur les épaules, tout d'un coup. C'était comme si elle venait de se mettre à la place de son père, le temps d'une seconde comprenant réellement ce qu'il avait pu vivre aussi de son côté, pendant tout ce temps. Murphy n'avait pas été correcte avec lui, à aucun moment. Et tous les reproches qu'elle venait de lui faire se retrouvaient bien efficaces pour elle. Surtout qu'elle... elle savait ce que c'était que d'être une fille. Elle connaissait déjà le mode d'emploi, elle n'avait juste pas eu envie de faire ce cadeau à son père. Parce que quoi qu'il arrive, il était son père. Et que juste, là, maintenant, dans cette seconde de l'instant présent, Murphy réalisait qu'elle avait plus de reproche à encaisser qu'à balancer à son père. Elle était loin d'être parfaite, loin d'être irréprochable et même s'il ne lui disait jamais rien de trop méchant, elle était en train de tout comprendre, maintenant. Murphy renifla rapidement, passant la paume de sa main sous ses narines. Son visage bas, elle pouvait voir la cuisse et la main de son père dans son champ de vision. Son cœur battait fort mais d'un geste lent, elle posa sa main sur celle de son père. C'était peut-être la première fois qu'elle avait un geste physique, tendre, envers lui. Relevant honteusement le regard vers l'homme qu'elle venait de blesser, elle sentit un sentiment de culpabilité l'envahir, fiévreusement. Elle avait envie de pleurer. Vraiment. « J'te... j'te demande pardon pour tout ce que je t'ai dit... je... je te juge et... et j'suis loin d'être irréprochable... » elle sentit que l'émotion était en train de la gagner. Elle renifla encore et lança, la voix tiraillée par les sanglots naissants « j'veux... j'voulais juste que ça change.... et... et qu'on soit... normaux ? » par normaux, elle voulait simplement traduire une phrase qu'elle ne parvenait pas à dire : avoir une vraie relation père-fille.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyMar 20 Mar - 0:42

Caïn n'eut pas le temps de retirer sa main que sa fille s'en était emparée. Elle était vive, fugace, il fallait qu'il se méfie, car elle restait plus habile que lui ! La ferveur de la jeunesse, sans doute. Evidemment, elle se hâta d'aller chercher de quoi soigner la plaie. Il aurait voulu l'en empêcher mais le coup au moral qu'elle lui avait porté, le sonnait considérablement. En temps normal, il aurait prétexté s'être fait mal bêtement avec un truc dans la salle de bains, mais il était clair que le trader avait subi une sorte de choc. En réalité, la situation lui donnait le bourdon. Tous ces efforts, toutes ses tentatives, pour s'entendre dire qu'il n'était qu'un étranger. Murphy venait littéralement de le plomber et elle avait raison. Il ne parlait pas, il se renfermait sur lui-même dès qu'elle était dans les parages. Il s'oubliait, en fait, à son profit. Il cherchait à lui montrer que lorsqu'elle se trouvait à ses côtés, il n'existait plus. Il faisait l'abnégation de lui-même. Seulement, sa fille avait besoin de réponses. Il avait évité la question de l'abandon depuis trop longtemps. Mais en même temps, comment lui dire la vérité alors qu'il n'assumait pas ? Que devait-il lui dire : j'ai plaqué ta mère parce qu'en fait, j'aime les hommes ? Il se refusait à l'admettre publiquement, même si au fond, il savait que c'était pour cette raison. Murphy laissa sa plaie tranquille pour se focaliser sur l'album photo. Chaque cliché, que Murphy y soit seule ou avec quelqu'un était consigné. Control freak comme il était, il avait tout bien rangé, par ordre chronologique, avec une légende, sobre, sans fioritures. Pas de petits coeurs ou de surnoms débiles, il détestait ça. Juste les grandes étapes de sa vie qu'il n'avait pas connu et qu'il regrettait. En réalité, cet album photo lui rappelait au quotidien l'illustre bêtise dont il avait fait preuve. Il venait lui confirmer qu'il avait besoin de se repentir, encore et toujours, pour cette faute impardonnable. Hélas, Caïn était quelqu'un d'extrême, il ne se pardonnerait jamais d'être parti et de lui avoir fait du mal. Et ce, même si Murphy l'excusait, même si elle finissait par en connaitre les raisons. Impitoyable avec les autres, il l'était d'autant plus avec lui-même. De toute façon, son âme était vouée à brûler en enfer, damnée pour l'éternité.

Elle le tira de sa torpeur en lui montrant une photo. Caïn posa son regard sur le cliché et son regard s'assombrit. Il détestait cette photo. Mais c'était la seule qu'il possédait de sa mère, alors il la gardait. D'une voix grave où on sentait bien qu'il était irrité, il maugréa :

- C'est ta grand-mère oui. Et là, c'est moi.

Il lui arracha la photo des mains pour la retourner et la cacher de tout regard. En vérité, ce qui lui faisait le plus mal sur cette image, c'était de ne pas avoir de père à côté d'eux. Il haïssait son enfance, autant qu'il détestait se livrer. Derrière ce mur épais que Murphy tentait d'ouvrir, il cachait une détresse et une peine incommensurable, celle d'un petit garçon qui effectivement, se retrouvait seul face au monde. Il laissa Murphy parler, en la regardant. Il ne lui en voulait pas. Parce qu'il trouvait en elle l'écho de son propre passé. A la différence près c'est que lui n'avait jamais eu personne pour converser et pour poser ses questions. Il n'avait pu compter que sur lui-même. Même sa mère avait emporté son secret dans la tombe. Les mots de sa fille lui fendirent le coeur en deux. S'il n'avait pas été aussi endurci, il aurait pleuré. Mais il lui faudrait une détresse terrible pour que cela n'arrive. Il sentait en revanche, qu'elle était prête à craquer. Alors doucement, il s'accroupit à son niveau et la serra contre lui, un peu fort sans doute, mais le moment d'émotion voulait ça. Il déposa un baiser dans ses cheveux, et la berça doucement. Ces gestes témoignaient d'un amour pur, pour elle. Ils n'avaient pas besoin de s'accompagner de mots pour être compréhensibles. Pourtant, Caïn brisa le silence et se mit à parler, calmement :

- Tu n'as pas à demander pardon... surtout pas... Je n'ai que ce que je mérite. Tu as raison, je pensais que me pointer la bouche en coeur dans ta vie effacerait tout. Je pensais que m'occuper de ce qui ne me regarde pas te concernant était légitime. Que j'avais le droit de régenter ta vie, au point d'exiger que tu vives avec moi. Mais ça n'est pas si simple. Je ne pourrais jamais rattraper ces huit années d'absence. C'est à moi de te demander pardon pour être parti... de t'avoir abandonné et fait comme si tu n'existais pas. Aucune excuse ne peut justifier ça. Je mérite ta rage et ton désamour. Largement. Tu n'en aurais pas si je n'avais pas été lâche. Tu serais pleine de joie et de vie, tu m'appellerais papa. Je ne suis pas un père. Je suis une sorte d'OVNI dans ta vie... un emmerdeur, un étranger, comme tu l'as dit. Parfois je regrette que ta mère ne soit plus là... Elle aurait su quoi faire. Elle savait toujours quoi faire. Quand je t'ai emmenée à la fête forraine, pour tes dix ans, c'est elle qui m'a conseillé de t'acheter une barbe à papa, au goût de fraise car tu adorais ça. C'est elle qui me conseillait pour l'achat des vêtements... peut-être qu'il aurait mieux valu que tout s'inverse. Que ça soit moi qui tombe malade et qu'elle soit restée pour continuer à veiller sur toi, comme elle savait si bien le faire.

Il marqua une courte pause, en continuant de la serrer contre lui. Puis il reprit :

- Elle a été forte, comme toi. Elle avait une énergie débordante, toujours prompte à rire, toujours prête à aider les autres. Je lui ai brisé le coeur... et pourtant, contre toute attente, elle m'a pardonné. C'était quelqu'un de bien, dans tous les sens du terme. Je ne suis pas fier d'être ton père, en réalité, je suis fier que tu sois sa fille et que tu n'aies rien hérité de moi. Parce que non, je ne suis pas quelqu'un de bien. J'ai commis une chose atroce il y a plus de dix-huit ans. Je vis avec cette croix sur mon dos et j'ai eu l'orgueil de croire que je pouvais m'en débarasser. Je ne t'en veux pas, Murphy... je ne pourrais jamais t'en vouloir.

L'ambiance était lourde, elle n'avait plus rien à voir avec un anniversaire. Caïn n'avait toutefois pas l'intention de laisser sa dernière question sans réponse. Il se détacha un peu, pour la laisser respirer. Sa main se contracta, réduisant la photo de sa mère et de lui, jeune, en une boulette toute froissée. Il la laissa tomber sur le sol, comme un déchet.

- J'imagine que par normaux, tu veux dire que tu devrais connaitre mon âge ? 35 ans... oui, je suis un croûlant, pour toi... Je n'étais pas prêt à être père... à avoir une vie de famille... j'ai paniqué, je suis parti quand j'ai appris que ta mère était enceinte. J'avais 17 ans... ce n'est pas une excuse, je ne cherche pas à justifier quoique ce soit. Mais je ne t'ai pas abandonnée parce que je te détestais... je n'ai jamais ressenti cela à ton égard... Je n'ai eu personne pour me guider. J'ai répété un schéma stupide, pour me mettre à l'abri de mes responsabilités. Quand je t'ai vu, ce jour là, avec ton visage d'ange, j'ai su que j'avais eu tort. Il ne se passe pas un jour sans que je ne regrette ce que j'ai fait. Pourtant, c'est trop tard. Ca ne te rendra pas plus heureuse. Ca ne comblera jamais le vide. Ta grand-mère ne cessait de dire que les immondes seraient punis dans les flammes de l'enfer. Je suis de ceux-là. Il y a des choses que les religions à la con ne peuvent absoudre.

Sa voix devint alors tranchante, glaciale. Elle faisait froid dans le dos.

- J'espérais t'offrir un bon moment pour ton anniversaire et même ça, j'en suis incapable... je suis désolé.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyMar 20 Mar - 9:14

Son père ressenti très probablement les vibrations émises de sa gorge, par l'émotion qui la faisait frissonner. En quelques secondes, il avait quitté le canapé pour venir près de sa fille, sur le tapis du salon, entre le sofa et la table basse. Tout cela se passa en quelques secondes, très vite, Caïn entoura sa fille de ses larges bras pour venir la coller contre lui. Et cette fois-ci, Murphy n'essayait pas de s'en défaire, bien au contraire. Elle aussi, venait d'entourer le corps bien plus large que le sien, de son père. Serrant la pression au niveau de ses bras, la jeune femme avait posé sa tête près de son épaule, laissant ses cheveux blonds se confondre dans la barbe de son père. Elle avait fermé les yeux pour éviter de laisser s'échapper les quelques larmes qui commençaient à se former aux coins de ses yeux. Son père la défendait, encore. Il disait qu'elle avait raison, et que tout était de sa faute. Qui d'autre qu'un père agirait ainsi envers son enfant ? Ou plutôt, qui d'autre qu'un père se sentant coupable, agirait ainsi envers son enfant ? Parce que c'était bien ça qui faisait toute la différence. Murphy l'écoutait parler, ou plutôt se punir lui-même, tandis qu'elle continuait d'encercler le corps de son père. Les jambes de ce dernier était pliées, autour du bassin de la jeune femme qui n'avait qu'à se nicher contre le corps de son père. Chose qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps. Et jamais aussi sincèrement qu'aujourd'hui. Son père ne tarda pas à déposer un baiser sur son crâne. Et à ce geste, en plus de tout le reste, la jeune femme ressenti tout l'amour qu'il pouvait sincèrement lui porter. Son père continuait de parler, et elle ne pouvait qu'écouter ses explications. Il n'avait jamais autant parlé, il n'avait jamais semblé aussi sincère. Murphy avait toujours les yeux fermés. Elle ne voulait pas les ouvrir et se rendre compte que rien de tout cela ne se passait. Qu'elle vivait une hallucination, qu'en fait, ils étaient à la cuisine, en train de faire griller leurs pains et que tout cela ne s'était pas encore produit. Il reprenait ses termes, parlant d'être un étranger et non un père. Murphy laissa sa main saisir le textile du tee-shirt de son père. Ce qu'il disait lui faisait mal. Ca lui faisait vraiment du mal. Elle se rendait compte à quel point elle avait été méchante et surtout, que ce n'était pas ce qu'elle voulait entendre finalement. Non. Elle avait eu tord. Très vite, son père commença à parler de sa maman. A peine eut-il commencé à parler d'elle, que Murphy ne pu tenir plus longtemps le coup. A peine eut-il finit le mot « mère » que Murphy comprit qu'elle ne tiendrait pas plus longtemps dans sa fierté. Ses yeux clos ne retenaient plus rien. Comme si le barrage de son chagrin venait se céder, à l'instant même. Une fissure présente depuis si longtemps, que l'on en oublierait presque son danger et une seule larme, suffisante pour tout faire exploser. La jeune femme, fêtant aujourd'hui son dix-huitième anniversaire était comme une enfant prise à un fardeau bien trop pesant pour elle. S'effondrant littéralement dans les bras de son père, la jeune fille cacha son visage dans l'épaule de son père, honteuse de pleurer ainsi. Il disait que sa mère avait toujours su quoi faire. Et c'était vrai. Sa mère avait toujours su quoi dire, quoi faire, elle avait écrit elle-même le mode d'emploi, sans en laisser aucune note à Caïn. Et elle, Murphy, se permettait de lui crier dessus ainsi. Quelle conne. Tout était en train de se mélanger dans son esprit. Le fait que son père sache qu'il ait fait une connerie en l'abandonnant. Que son père regrette sa mère, qu'il trouvait formidable. Que finalement, ils étaient tous les deux en train de souffrir dans leurs coins, sans jamais réaliser qu'ils pouvaient s'unir, véritablement, l'un à l'autre pour devenir plus forts. Non. Jamais dans l'esprit de la petite blonde ça lui était venu à l'esprit que son père souffrait, qu'il vivait la même chose dans le sens opposé à elle. Non, elle n'avait pas le monopole de la souffrance, de la douleur. Qu'est-ce qu'elle pouvait être égoïste. Alors que son père l'excusait encore une fois, lui cherchant toutes les excuses du monde pour s'incriminer davantage, la jeune femme se rendait compte à quel point elle ne lui avait jamais laissé une seule chance. Elle l'avait condamné bien avant leur rencontre. Bien avant son premier mot, son premier regard, son premier geste : il avait été un condamné. Marchant dans un couloir de la mort pour elle, tandis que pour lui, ça avait toujours été le couloir de la rédemption. Quelle ingrate, quelle égoïste, quelle gamine. Et elle fêtait aujourd'hui ses dix-huit ans ? Elle agissait comme la gamine de huit ans qui se retrouvait face à son père pour la première fois. Soudain, son père grogna quelques mots. Des mots qu'elle avait pensé quelques instants plus tôt et qui désormais, lui écorchait le cœur. Lui aussi, il aurait voulu partir à la place de la mère de Murphy. Quelle personne pouvait dire ça, si ce n'était un père connaissant parfaitement le ressenti de sa fille ? Il était prêt à tout laisser de sa vie, juste pour que sa fille soit heureuse. Etre réduit à néant, à l'absolu RIEN, juste pour elle. Murphy ne parvenait pas à se calmer, elle aurait voulu lui couper la parole, intervenir, le contredire. Mais elle ne faisait que de pleurer. Comme si cette conversation venait de réveiller énormément de choses endormies depuis bien trop longtemps. Les mots qu'elle entendait aujourd'hui, étaient ceux qu'elle avait attendu depuis trois ans maintenant. Seulement à trop les attendre, on en oublie leur nécessité, leur moralité, leur justesse. Non, ces mots là, aujourd'hui, elle ne voulait pas les entendre. Mais elle le comprenait bien trop tard. Murphy sentait que son père lui aussi, serrait la pression sur elle. Comme s'ils étaient deux pauvres moules s'accrochant l'une à l'autre pour survivre aux vagues déchirantes qui menaçaient à chaque instant d'en emporter une à tout jamais. Caïn avoua avoir brisé le cœur de la maman de Murphy, et qu'elle lui avait pardonné. A ces mots, Murphy pleura encore. Parce qu'elle était incapable de faire ce que sa mère savait faire de mieux : pardonner. Etre bienveillante, humble, altruiste. Ne pas jeter uniquement la faute sur les autres, reconnaître sa part de responsabilité, d'erreur et avancer. Ne jamais s'arrêter. Murphy avait tout oublié des leçons de sa mère. Elle n'avait jamais ouvert la porte à son père, elle ne lui avait jamais fait confiance, elle ne lui avait jamais laissé une chance, jamais. A toujours le traiter à la fois de criminel et de bourreau, à toujours se proclamer victime. Seulement d'un point de vue bien plus juste, elle aussi tenait une hache entre ses mains. Son père disait qu'il n'était pas quelqu'un de bien. Qu'il avait fait une chose horrible il y a dix-huit ans et qu'il s'infligeait de vivre avec cette croix pour le restant de sa vie. Murphy fit non de la tête, toujours contre l'épaule de son père. Ce n'était pas juste et jamais ils ne sortiraient de cette boucle, s'ils ne le faisaient pas ensemble, tous les deux. Il lui murmura alors qu'il ne pourrait jamais lui en vouloir. Pourtant, il devait. Il le devait. Son père s'écarta un peu, Murphy n'en avait aucune envie. Passant ses mains sous ses yeux pour en essuyer les larmes et se calmer, elle observa son père récupérer la photo de son enfance. Il avoua que Murphy était arrivé au cours de sa dix-septième année. Elle n'avait jamais réalisé ça. Son père était jeune en fait. Et surtout le jour de sa naissance. Qu'aurait-elle fait à dix-sept ans elle ? Que faisait-elle il y a un an ? Elle passait son bac, perdait ses deux frères, changeait de vie. Et ça avait été dur, ça avait été laborieux, on ne lui avait pas laissé le choix, on ne l'avait pas écouté. Mais et si elle avait eu le choix ? Qu'aurait-elle fait ? N'aurait-elle pas abandonné son père, comme il avait pu le faire ? Répondre à cette question était difficile. Qu'est-ce que j'aurai fait dans ce même contexte ? Personne ne peut répondre à ça. Il y a trop de facteurs, de faits à prendre en compte. C'est bien trop délicat et surtout hypocrite que de dire : je n'aurai pas fait la même chose. Murphy savait au fond d'elle, qu'elle aurait agit de la même façon que son père. La peur, l'angoisse, la terreur, l'avenir qui s'assombrit... oui, elle comprenait. Son père expliqua avoir répété un schéma stupide. Dans sa tête, tout devenu très clair. L'absence de père sur cette photo n'était pas anodin, il n'en avait donc pas eu. Seulement là encore, elle ne pouvait pas se mettre à sa place. Parce qu'elle, elle en avait un. Il était là. Huit ans après, oui, mais il était bel et bien là. Et à en croire ce que disait son père à demi-mots, le sien n'était jamais revenu. Son père s'en voulait et il se flagellait pensant que ça allait l'aider à se sentir mieux, que c'était sa punition, qu'il n'y avait que ça qui comptait. Quand il parla de sa mère, la grand-mère de Murphy, la jeune femme ne pu s'empêcher de rire légèrement et de dire mécaniquement pour essayer de faire retomber un peu de pression parce que son père était devenu un véritable glaçon sans aucune expressivité sinon celle de la colère « j'trouve ça pratique pour allumer un barbecue perso ? » C'était quoi cette folle ? Une religieuse ? Sérieux ? Murphy avait un peu d'elle dans le sang, et peu importe comment elle était, elle aimait que son père en parle. Essayer de savoir si elle a un peu d'elle ou non dans sa façon d'être, de faire, de parler peut-être ? Murphy aurait voulu que son père la reprenne contre lui, parce qu'il était plus simple de parler sans croiser son regard. Mais elle n'osa pas se coller contre lui. Pas encore du moins. Quand il s'excusa de ne pas lui offrir l'anniversaire de rêve qu'il s'était imaginé, elle sourit. Replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle dit tout bas en jouant nerveusement avec les poils du tapis au sol « tu m'offres plus qu'un anniversaire tu sais » levant les yeux vers ceux de son père, elle continua « tu m'as fait grandir. J'comprends aujourd'hui que j'ai été profondément égoïste... qu'à aucun moment je ne me suis soucié de toi, de ta douleur, ou même de ton passé. J'ai jamais cherché à savoir... ok y'a eu toutes ces fois où j'voulais qu'on parle de maman c'est vrai... mais... j't'ai jamais posé de question sur toi et j'viens te reprocher le fait que tu m'parles pas... » elle marqua une pause. « Tu dis que tu t'en veux, et que tu te punis toi-même pour ça... tu parles de maman... qu'elle t'avait pardonné » sa voix se brisa. Elle renifla. « J'suis pas comme elle... parce que moi, j'ai jamais eu envie de te pardonner jusqu'à maintenant. Je me suis toujours défoulé sur toi... je t'ai jamais laissé une seule vraie chance en fait » avoua t-elle en passant sa main sous ses narines en reniflant. « J't'ai jamais laissé une seule chance d'être mon père... alors que tu es parfait dans ce rôle... » baissant les yeux, elle avoua « tu as toujours été là. Quand j'en ai eu besoin et que j'voulais pas de ton aide, quand j'étais malade, quand j'avais besoin qu'on me gueule dessus, quand j'avais besoin d'air... j't'ai fait courir dans tous les sens et tu es toujours là... ». Elle aurait pu relever les yeux vers lui, mais non, sans lever les yeux, la jeune femme s'approcha un petit peu et lança d'une voix enfantine « calin ». Ne lui laissant pas vraiment le choix, elle se retrouva directement contre lui. Comme si non, elle n'assumait pas de vouloir lui faire un calin, ou plutôt, d'avoir besoin de ça. La chaleur du corps de son père, les battements de son cœur, la force de ses bras, Murphy ne disait plus rien. Mais elle s'apaisait, tranquillement. Les yeux clos encore, la jeune femme resta ainsi en silence, avant de finalement reprendre « j'ai été odieuse avec toi et je veux te demander pardon pour tout ce que je t'ai dit, ou tout ce que je t'ai fait... » elle savait que son père ne voudrait pas de ses excuses, parce qu'il se pensait coupable, mais elle devait le faire. « J'vais changer maintenant... » murmura t-elle tout bas. « Je dis que j'suis une adulte, mais j'ai toujours agit comme une enfant avec toi... t'as l'impression d'avoir rattrapé le temps perdu ? » plaisanta t-elle alors. « Tu sais.... tu dis que je ressemble à maman... mais j'crois qu'on se ressemble plus qu'on ne le pense toi et moi... je ne sais pas si je serai restée si j'avais été à ta place non plus. Et... et moi j'ai la chance d'avoir un père formidable à mes côtés... et... et je n'en profite même pas... je... je fais tout pour que tu t'en ailles.... » sa voix trembla. Une larme perla sur sa joue et elle lança presque comme un vœux « je regrette ce que je t'ai dit... j'voulais te faire réagir... j'ai peur que toi aussi tu... tu partes comme les autres... encore... et que j'sois toute seule et... et que je n'ai pas profité de toi... » avouant ses mots les yeux humides, la jeune femme se raccrocha à nouveau au tee-shirt de son père, enfonçant davantage son visage contre son épaule. « J'veux pas que tu partes, ni que tu meures... s'il te plait promets moi de pas me laisser toi non plus ». En disant ces mots, on pouvait entendre tout le traumatisme de la jeune femme face à la mort. A cette dame noire qui venait faucher tous les gens qui l'approchaient d'un peu trop prêt. Comme si elle était maudite, comme si en elle vivait une malédiction qui réduisant à néant toutes les personnes qu'elle aimait. Aussi, il était plus simple pour elle de détester son père, afin de le protéger et se protéger elle, d'une certaine façon. En trompant tout le monde, en faisant croire qu'elle le détestait... la mort ne viendrait pas le chercher, pas vrai ? « J'ai l'impression d'être maudite et que.... et que tout ceux que j'aime finisse par mourir.... j'ai l'impression d'être toute seule... tout le temps... » d'avoir une force surhumaine, omniprésente, omnipotente qui régit tout de là-haut. Qui décide. Qui fait d'elle un pion. « J'veux pas un autre père que toi, j'veux pas d'une autre maison non plus... je suis désolée papa.... » avoua t-elle en se mettant à pleurer à chaudes larmes comme une enfant qui venait d'avouer sa plus grande peur avant d'aller dormir.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyJeu 22 Mar - 23:37

C'était la séquence émotion, ce soir. Caïn ne s'attendait pas du tout à ce que les événements prennent une telle tournure. Et si on le lui avait dit, alors il aurait prétexté avoir beaucoup de travail et aurait probablement découché. Il aurait passé sa soirée avec Kenny dans le but de se changer les idées et de fuir cet échange, comme il l'avait fait depuis... ben le début, finalement. Il détestait parler de ses sentiments. Toutes les années passées à construire une carapace autour de lui, à pulvériser ses adversaires, à écraser tous ceux qui tentaient de l'affronter, le rendaient dur, renfermé. Son petit ami éprouvait encore des difficultés pour voir qui se cachait derrière le Gallagher infâme, raciste, violent et autoritaire. La seule qui possédait le privilège rare de voir de temps à autre le vrai Caïn, c'était Murphy. Mais la colère, la rancune faussaient sa vision. Elle le traitait comme un étranger, le malmenait à la moindre occasion. Et lui, résigné à l'idée de n'être qu'un monstre, encaissait sans rien dire. Il lui pardonnait ses caprices, ses mots grossiers, ses râleries, ses échecs scolaires. Il aurait tout accepté, même des baffes, venant d'elle. Il voulait simplement essayer d'être un bon père, et il se donnait à 200% pour ça. Le jour où il avait appris son anorexie, son mal être, ça avait été un vrai drame. Il s'était tellement acharné sur lui-même, démontant toute la maison, fracassant tête, main et objects sur le double vitrage, jusqu'à s'en faire saigner. Il s'était haï... autant qu'il avait haï Lazslo. Et là, ce soir, après les mots très durs de sa fille, il s'était détesté, au point de fracasser le miroir en mille morceaux.

Il serra sa fille contre lui, alors qu'elle s'effondrait littéralement. Et là, il sentit son impuissance. Il ne pouvait pas l'empêcher d'être triste et malheureuse. Il ne pouvait pas arrêter ses pleurs. Cela le terrifait. Non seulement, on ne lui avait pas appris à être père, mais personne n'avait pris la peine de lui montrer comme réconforter quelqu'un. Il subissait tout ça, paralysé, ne sachant pas comment réagir. Sa mère avait toujours détesté les sanglots. Très vite, enfant, elle lui avait appris à pleurer pour de bonnes raisons. Quand il chouinait, elle en collait une et le punissait pour qu'il ait de bonnes raisons de se lamenter. Autant le dire, ça calmait les ardeurs. On ne parlait pas de la tristesse, on ne parlait pas de ses sentiments. C'était l'apanage de Dieu, que de lire en nous comme dans une bible ouverte, disait-elle. A aucun moment, Caïn ne fut préparé à affronter une telle situation. Ce fut une vraie torture pour lui, tant et si bien, qu'à un moment, il frotta son dos et la supplia, sans s'en rendre compte :

- Je t'en prie, trésor... s'il te plait... arrête de pleurer... je n'aime pas quand tu pleures... ça va aller...

Conscient qu'il fallait reprendre la main, il embraya :

- Tu n'es pas seule... je suis là... je ne t'abandonnerai plus jamais... je t'en fais le serment sur ma vie. Mais il faut que tu arrêtes d'être malheureuse... ça m'oppresse... C'est du passé, ça n'a pas d'importance ce que tu m'as dit, c'est oublié. Ca ne peut pas être défait. Il faut que tu penses au moment présent... c'est ton anniversaire. C'est un jour important...

Pas sûr que ça soit le meilleur argument, mais il poursuivit :

- On est ensemble, toi et moi. Je compte bien emmerder le monde au moins pour 60 ans de plus, tu peux en être sûre ! Je vais pas me laisser prendre par la faucheuse ! Je vais lui faire la misère et la pourrir, jusqu'à mon dernier souffle ! Il y a des choses que je ne peux pas encore te dire, je ne suis pas prêt, je te demande simplement de m'accorder du temps... beaucoup de temps... c'est... compliqué, pour moi.

Au final, elle ne savait pas pour quelle raison exactement il l'avait abandonnée, ni pourquoi il n'avait pas redonné signe de vie. Il était loin, très loin de se sentir prêt à lui avouer qu'il aimait les hommes, qu'il avait préféré partir, couvert de honte, sans rien dire, pour ne pas briser le coeur de sa mère et puis pour éviter aussi d'admettre sa véritable attirance. Trop de barrières, dans son éducation. Kenny contribuait à les ôter toutes, au fur et à mesure. Mais le beau brun ne pouvait pas effectuer le travail lui-même. Il laissait le trader se mettre en harmonie avec sa personnalité.

- Quand j'étais gamin, ma mère venait me border et elle me lisait un passage de la Bible, l'évangile de Marc. Il y avait cette phrase : "Et quand les gens d’une famille se battent entre eux, cette famille ne pourra pas continuer à exister". Je veux que nous soyons une famille. Même si je ne sais pas ce que c'est... parfois, je crois bien faire, mais je m'aperçois que je me suis trompé. Les ballons, tout à l'heure, ça a été le parfait exemple.


Il aurait aussi pu parler du short, qui avait connu un destin tragique, en subissant sa rage. Que Caïn était un père maladroit, ça ne faisait absolument aucun doute. Les impairs ne manquaient jamais, avec lui.

- Moi aussi, je n'ai plus que toi. Et je ne voudrais changer ça pour rien au monde, Murphy. Je peux être un meilleur père, je vais m'y évertuer. Ce n'est pas facile pour moi de m'ouvrir. C'est quelque chose que j'ai jamais fait. Je vais te paraitre mystérieux, encore un peu inconnu, c'est certain... Mais je vais faire des efforts, promis. Et je vais arrêter de choisir de la déco ringarde. Encore que tu as échappé au pire, je pense. J'avais envisagé d'inviter tes camarades et de me déguiser en Batman... Ne me regarde pas comme ça, j'ai acheté un vrai costume et tout...

Il affichait un sourire. L'atmosphère était trop lourde pour lui. Il voulait que ça retombe, qu'ils parlent de choses plus légères. Il proposa :

- Et si on mangeait un peu ? On a quand même fait ces hamburgers pour les jeter, si ? Merde... je n'ai pas de bougies ! Si je vais te chercher un cierge et que je le mets sur ton pain, tu vas définitivement me classer dans la catégorie des fanatiques religieux ou bien des gros lourds ?
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptyVen 23 Mar - 8:24

Son père se refusait de la voir aussi meurtrie. Il l'avait reprise contre lui, pressant la paume de sa main contre son dos. Sa voix était moins tranchante, sinon tranchée par son propre malaise. Pourtant, il faisait bonne figure et Murphy n'y voyait que du feu. Fermant les yeux et restant ainsi dans les bras de son père, la jeune femme ne bougea pas. Assise tout près, un bras autour de son père, l'autre ballant, la petite blonde n'avait même pas la force de bouger pour le moment. Elle l'écoutait, elle avait besoin de l'écouter ; lui dire qu'il ne l'abandonnerait plus, qu'il ne la laisserait jamais et qu'il ne partirait pas. Murphy était contente d'entendre ces quelques mots, autant qu'elle savait que juste de les entendre ne suffirait pas à effacer sa crainte. Cela faisait déjà un an qu'il lui montrait tous les jours que non, il ne comptait pas partir. Mais apparemment, ce n'était pas suffisant face au traumatisme de l'abandon auquel Murphy était sujette. Son père lui fit l’aveu de se sentir oppressé lorsque sa fille n'allait pas bien. Pourquoi ? Il voulait penser au moment présent, à son anniversaire qu'ils étaient en train de fêter à la base. C'était un jour important, et c'était vrai. Murphy ne se souvient même pas comment tout était passé du jour, à la nuit. Comment ils en étaient là, assis par terre dans le salon, au milieu de cadavres de ballons explosés, devant des assiettes de hamburgers presque froids, l'un avec une main bandée et l'autre en larmes ? Que s'était-il passé au juste ? Murphy resta un moment de plus contre son père, calquant sa respiration à la sienne, elle pu ainsi parvenir enfin à se calmer un petit peu. Son père fini tout de même par lui dire quelque chose auquel elle ne s'attendait pas. Qu'effectivement, il voulait lui parler de certaines choses. Mais qu'il n'était pas prêt. Et à dire vrai, Murphy n'avait pas le besoin d'en savoir plus pour le moment. Cette unique phrase lui convenait très bien. Elle savait donc qu'il y avait quelque chose, il y avait véritablement quelque chose derrière tout ça. Et il le reconnaissait aussi. Il ne se cachait plus. Il se préparait juste pour un combat dont Murphy ignorait le sujet. Mais savoir que son père était honnête avec elle, c'était aussi ce qu'elle avait besoin d'entendre et de constater. Il n'était plus en train de tout éviter, de tout contourner, non. Il lui avoua que tout ceci était compliqué pour lui. Murphy ne le comprenait que maintenant, presque dix ans après leur première rencontre. Son père lui fit la promesse d'essayer de s'ouvrir davantage, et Murphy sourit contre lui. Au final, cet anniversaire aura un souvenir non plus amer, mais presque tendre. Il avait servit à quelque chose. Elle avait perdue le contrôle, elle avait vidé son sac, ils avaient parlé un peu de sa mère... et il s'était ouvert. Murphy avait toujours la joue collée contre l'épaule de son père, les yeux rivés sur le carton aux milles souvenirs de sa mère. Est-ce que sa maman serait contente de là-haut ? De ce qu'elle voyait ? Lorsque son père la coupa en pleine réflexion en parlant d'une fête surprise et d'un costume de Batman, la jeune femme écarquilla les yeux en se décollant de lui. Par la même occasion, elle en profita pour sécher ses larmes d'un passage de main sous ses yeux gonflés. « Tu aurai fait ça... je t'aurai renié » avoua t-elle un léger sourire aux lèvres. De toutes façons, il n'y avait plus personne à inviter chez elle. Murphy avait un peu perdu contact avec ses amis de lycée et à la fac... elle avait encore du mal. Il y avait Lily, et c'était tout. Mais c'était déjà pas mal. D'ailleurs, elle devrait la présenter à son père bientôt, puisque les deux jeunes filles avaient prévu une soirée cinéma et pâtisserie bientôt. Son père la tira de ses pensées en réalisant qu'il n'avait pas de bougies. L'idée du cierge fit rire la jeune fille. Franchement, ouais, c'était un truc de fanatique religieux, mais c'était une partie de la vie de son père et à en croire ce qu'il disait, de sa grand-mère. Donc une partie d'elle. « Va pour le cierge ! » lança t-elle en s'installant les jambes croisées et plaçant correctement les assiettes tandis que son père était partit chercher la bougie. Mais l'idée que ça soit Batman qui lui fasse souffler ses bougies... ok, ça c'était drôle. Gueulant du salon, Murphy lança à son père en espérant qu'il entende « est-ce que Batman veut me faire souffler mes bougies ? » Rigolant alors à imaginer son père débarquer ainsi, la jeune fille repensa à ce que son père lui avait dit. Être une famille, une vraie. Oui, elle aussi c'était ce qu'elle voulait. Elle ne voulait plus perdre de temps, ni d'énergie à se battre contre le seul être qu'il soit encore à ses côtés et qui prenne soin d'elle, du mieux qu'on lui avait apprit. Il n'était pas parfait, mais elle ne l'était pas non plus. Il s'en sortait peut-être même mieux qu'elle à ce sujet. Il ne lui avait jamais fait de mal lui. Il ne l'avait jamais vraiment faite pleurer par plaisir, par méchanceté. Non. Au contraire même. Murphy s'en voulait vraiment d'avoir agit ainsi avec lui pendant tout ce temps. Elle aurait aimé qu'il l'engueule, qu'il trouve la force de la disputer quand c'était nécessaire. Mais elle savait très bien que son père ne le ferait jamais. Il ne le pouvait pas. Il avait bien trop peur qu'elle parte. Murphy entendit du bruit au dessus, ce qui la fit sourire. Batman semblait en difficulté. La jeune femme souriait et se leva du sol pour partir à la recherche du polaroïd. Elle voudrait immortaliser cette entrée là et pourquoi pas l'ajouter à l'album que son père venait de lui donner ? Trouvant l'objet, la jeune femme avançait vers le salon tranquillement, pointant déjà l'appareil en direction de l'entrée du salon.
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MessageSujet: Re: Happy birthday ! (ft. Murphy) (#)   Happy birthday ! (ft. Murphy) EmptySam 7 Avr - 14:35

Caïn ne se fit pas prier pour reprendre le cours des choses de façon normale. Ce n'était pas un secret, il avait tendance à ne pas être démonstratif. Il n'aimait pas les moments comme celui qu'il venait de vivre, parce qu'il fallait parler avec son coeur et retirer son armure. Pourtant, il avait réussi l'exploit de mettre de côté l'image froide qu'il renvoyait pour réconforter Murphy, son petit ange, qui grandissait tellement vite. Il ne s'était posé aucune question quant à ce qu'il devait faire. En cherchant le cierge, dans un buffet non loin, il se rendit compte que finalement, être père, ça venait assez naturellement, ça ne s'apprenait pas. Depuis 10 ans, il cherchait un moyen de tout contrôler, pour être un papa parfait. Il tournait en rond, à vouloir rendre sa petite fille d'amour, heureuse. Mais finalement, l'instinct paternel ne pouvait pas être forcé ou inculqué. On l'avait ou pas. Il pensa à son propre père, qui l'avait abandonné sans jamais revenir. Il ne le connaissait même pas, sa mère était morte en emportant avec elle, dans la tombe, son nom et son identité. Lui était réellement le fils de personne, le bâtard que l'on laisse sur le bas côté, pour poursuivre son bonhomme de chemin. Et pendant des années, il se voyait comme un monstre, un truc hideux que l'on ne pouvait assumer, qu'il valait mieux laisser derrière lui, et oublier. Finalement, le monstre, ça n'était pas lui, mais son père. A l'inverse de ce dernier, il était revenu, il avait pris la décision d'essayer de recoller les morceaux. Tout ne devenait pas parfait en une soirée. Murphy et lui possédaient un trop sale caractère pour que tout soit paradisiaque. Sa fille l'enverrait probablement paître parce qu'il avait des tendances un peu trop autoritaires, surtout sur la question du ménage. Il finit par trouver le cierge lors que sa fille lui lança une sorte de défi. Elle demanda à ce que Batman lui fasse souffler les bougies. Caïn n'était absolument pas du genre à refuser de relever un défi. Au contraire, dans son travail et dans la vie de tous les jours, c'était ce qui lui donnait la pêche et le faisait avancer. Il adorait la compétition, trop. Il se souvenait de la course, où il avait fini premier, mais où il avait bien senti le malaise avec Kenny et ses amis. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi. Il n'allait quand même pas courir juste pour courir ! Il voulait gagner, tout le temps. Il voyait la vie comme une combinaison binaire : soit il y a victoire et dans ce cas, c'est de la survie, soit il y a défaite et là, c'est la mort. Quand la gazelle détale pour échapper aux lionnes, c'est comme ça que ça se déroule. Caïn ne supportait pas l'échec. Il pouvait faire preuve d'une extrême violence contre lui-même s'il perdait. Sa blessure à la main en témoignait.

Il ne revint pas tout de suite dans le salon, mais remonta à l'étage, pour rejoindre sa chambre. Il y avait du sang sur le sol, qui commençait à sécher. Il le nettoierait plus tard. Il ouvrit sa penderie pour en sortir le costume de Batman. Le moins que l'on pouvait dire, c'est qu'il était classe. Il n'avait pas acheté un déguisement à la con dans un magasin de farce-et-attrapes. Il s'était rendu chez un vrai costumier, pour l'adapter à sa carrure, commander certaines pièces pour que le tout soit au plus proche du costume que l'on voyait dans les derniers films. Il y avait eu un vrai travail et cela se voyait, indubitablement. Il retira son pantalon pour enfiler le costume. Il collait un peu à la peau, heureusement qu'il l'avait demandé assez léger. Il garda le t-shirt pour la partie haute. A un moment, légèrement déséquilibré il se rattrapa brusquement à la commode, la déplaçant de plusieurs centimètres. Murphy avait sans doute entendu. Tant pis pour l'effet de surprise. Il rabattit le masque sur son visage. C'était bluffant, il ressemblait aux héros des comics, comme ça. Bon, en vérité, Caïn n'avait pas acheté le costume uniquement pour sa fille. Il voulait surtout jouer avec le fantasme de Kenny, qui ne pouvait plus se tenir dès qu'il le voyait en Batman. Mais ça, il n'allait certainement pas le lui avouer. Elle ne savait pas qu'il était homosexuel, encore moins qu'il était en couple avec Mathisson. Jamais, elle ne saurait que le premier objet de ce costume, c'était un jeu sexuel. Jamais. Parfaitement accoutré, Caïn récupéra le cierge et en profita pour prendre les deux cadeaux qu'il avait achetés. Il redescendit et fut accueilli dans la salon par un flash qui le surprit. Il ne s'attendait pas à être pris en photo. L'idée ne lui plaisait pas franchement, d'ailleurs, mais il se tut. Le costume lui donnait un air encore plus froid et mystérieux. Il aurait pu jouer le super-héros, clairement. Il fit un sourire et montra le cierge, qui devait faire 30 centimètres de long et au moins 3 cm de large !

- Il ne m'en reste plus qu'un ! Tu as de la chance, car normalement, tu aurais du en souffler 18, des comme ça !

Ca ne serait jamais rentré sur le pain du burger. Il récupéra les assiettes pour aller les faire un peu réchauffer au micro-ondes. Il s'échappait parce qu'il ne voulait pas voir la photo. Ni même savoir ce que Murphy allait en faire. Ce n'était pas plus mal, qu'il ne la voie pas la mettre dans l'album, parce que ça viendrait réellement le chambouler et gâcherait la soirée. Les larmes, il avait eu sa dose pour aujourd'hui, même si les siennes ne s'étaient pas pointées. Le pire restait les pleurs intérieurs, ceux qui refusent de sortir mais qui dévastent beaucoup de choses sur leur passage. Pour meubler un peu la conversation, il donna des détails sur le costume :

- J'avais envie de faire une petite folie, l'autre jour. Alors je suis allé chez Garand's Suits, à Wellington. C'est un costumier de très bonne qualité. Il vend de belles pièces, en tout genre. A la base, je cherchais un cadeau pour toi, mais j'ai vu le costume de Batman, et je me suis dit que ça pouvait être bien de l'acheter. Je voulais organiser une méga-fête, parce que 18 ans, ça se célèbre. Mais, je me suis ravisé, je pense que c'est peut-être trop tôt, pour toi. J'ai bien fait, finalement.

Une sonnerie indiqua que les micro-ondes finissait sa besogne. Caïn récupéra les burgers, des allumettes et revint dans le salon pour s'asseoir. Il s'installa sur le canapé, enfonça le cierge dans le pain de Murphy, ce qui généra un gros trou et l'alluma. Il fut obligé de le tenir, car l'objet, trop lourd, ne tenait pas droit. Il commença à chanter un joyeux anniversaire. Ce n'était toujours pas juste, mais comme tous les ans, il y mettait son coeur et s'améliorait légèrement. Une fois que Murphy eut soufflé sa bougie, il retira le cierge et le coucha à côté. Ils pouvaient attaquer leurs hamburgers. Caïn avait retrouvé son appétit. En une bouchée, il dégomma le tiers de son repas. Il se passa quelques instants, pendant lesquels il mâcha, la bouche pleine, puis après avoir avalé, il reprit la parole :

- Je n'arrive pas à croire que tu as 18 ans... je prends un méga coup de vieux, là... Tu as grandi si vite ! Tu es maintenant une femme, tu vas faire des études, trouver un travail, te trouver un petit ami...

Et puis, partir de la maison aussi... La vie était cruelle. Maintenant que l'embellie entre eux semblait se confirmer sérieusement, Murphy marchait vers plus d'indépendance. Elle finirait par habiter ailleurs, et Caïn en reviendrait à sa solitude. A moins que Kenny n'emménage, mais là, ce n'était pas gagné du tout.

- S'il te plait, je te le demande vraiment du fond du coeur, attends au moins que j'ai 50 berges pour me faire grand-père !
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Happy birthday ! (ft. Murphy)
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