leave a light on (sierlin)

Son téléphone qui vibre encore, il lève les yeux au ciel, se retient de ne pas l'insulter à nouveau dans sa tête. Colin est mort de trouille, il sait à quel point c'est difficile pour Sierra en ce moment. Il n'ose pas la brusquer, mais visiblement, ça doit être le soir de trop. Celle qu'il ne supporte plus. Le loft est vide, elle n'est pas là pour se blottir contre lui quand ils se mettent devant de la télé. Alors oui, c'est le soir de trop ; mais visiblement, c'est aussi l'heure des vérités, les mots qui sortent, qui font mal, qui font du bien. Colin prend les clés de la voiture, laisse son téléphone sur le canapé et sort en claquant la porte. Il est bien trop en colère, bien trop inquiet. Alors, l'ancien taulard se précipite, roule vite, serrant tellement fort le volant que les jointures de ses mains deviennent blanches.

Il ne sait pas comment il arrive à la plage sans qu'il ne provoque un accident. Colin claque la porte, ne prend pas le soin de la verrouiller, visualisant de la fumée, provenant sans doute d'un feu de camp. Il y a de la musique, aussi, alors c'est qu'elle doit sûrement être dans cette soirée. Il souffle un bon coup, marche avec difficulté dans le sable, se rapprochant du lieu de l'action. Il est tard, les personnes sont littéralement bourrées, ça lui fait vraiment mal au coeur de voir tout ça. C'est vraiment pas le même monde que le sien ; Colin n'a jamais été tenter d'aller dans une soirée dans le simple but de se défoncer la gueule. Il pousse les gens, Colin. Celles qui se rapprochent de lui, les verres qui se forcent à être dans sa main et qui finissent dans le sol. Le regard qui observe chaque visage, jusqu'à ce qu'il l'a voit elle. Elle, avec un autre homme, les corps bien trop proches, la colère qui monte d'un cran. Alors Colin, il s'rapproche, pousse le type en question en s'en branlent des réprimandes. « Tu t'fous vraiment de ma gueule bordel. » Il le pense. Pourquoi lui faire des révélations si c'est pour embrasser un inconnu dans la minute qui suit ? « Magne toi, j'suis pas baby-sitter. »

Ce n'est pas ta journée. C'est le coup de trop. Ton père qui s'en va. Qui vous laisse seuls, Hélios et toi. Tu as ce sentiment d'abandon. Ce sentiment d'avoir littéralement tout fait de travers. Alors quand tu as quitté Hélios quelques heures plus tôt, tu as décidé d'aller te promener sur la plage. Le vent chaud qui te faisait du bien. Et tu es tombée sur ce groupe de jeunes. Beaucoup plus jeunes que toi, à peine majeurs même. Et tu t'es plus ou moins incrustée à cette soirée. Ils ont bien voulu de toi, et tu avais besoin d'eux. Ou plutôt de l'alcool qui se trouve à cette petite sauterie. Alors, tu as bu. Beaucoup trop. Tu as peut-être mis pris plus que de l'alcool ; tu n'en sais trop rien. Mais bordel que tu as eu l'impression que ça te faisait du bien.

Tu regardes ton téléphone à plusieurs reprises. Plus aucun message. Plus aucune nouvelle de Colin. Tu as bien eu l'impression qu'il déconnait pas quand il t'a menacé de venir te chercher ; mais il n'est toujours pas là. Non, tu scrutes les visages jusqu'à espérer l'apercevoir. Tu attends quelqu'un ? Tu hausses doucement les épaules. Ouais, plus ou moins. Mais les minutes passent et tu as l'impression que tu attends en vain. Peut-être bien que tu l'as fais flipper, Colin. Avec tes confessions. Alors, tu hoches doucement la tête d'un signe négatif. Viens danser alors. Te dit le type. Tu te saisis de sa main pour t'aider à te relever, une bouteille que tient encore précieusement tes doigts. Après tout, ça n'a rien de méchant de faire danser avec quelqu'un. Et tu sais qu'il se fait trop insistant, le type. Que tu devrais clairement le repousser. Mais tu n'en as pas la force. Tu n'as pas le courage de dire non alors que ses mains descendent beaucoup trop bas dans ton dos et que ses lèvres viennent te voler un baiser. Bordel. Coliiiiiin ! Tu tangues. Tu viens carrément atterrir dans ses bras parce que tu manques de tomber sur le sable. Bordel qu'il t'a manqué. J'te présente ... Euh, tu t'appelles comment déjà ? L'autre type bougonne un prénom mais franchement tu ne l'écoutes même pas. Il m'a tenu compagnie pendant que je t'attendais. Tu souffles en hochant la tête. Ton regard glisse sur lui, et il n'a franchement pas l'air ravi d'être là. Oh Colin, détend-toi ! Bois donc une gorgée de cette délicieuuuuse tequila. Mais avant de lui tendre la bouteille, tu en profites une dernière fois. Tu as pris mon maillot ? Tu lui murmures finalement après t'être mise sur la pointe des pieds.

Elle est complètement ivre. Au fond, ça lui fout les jetons à Colin, c'est tellement bizarre de voir Sierra comme ça. Elle lui présente le type, mais il en a rien à foutre colin. Il a juste envie de rentrer à la maison, de rester dans son confort. C'est drôle, parce que depuis qu'il est sorti de prison, il préfère amplement rester dans son confort que d'être brusquer. C'était l'été, il aurait pu sortir, profiter des chaleurs, mais non, c'était pas son truc. Là, il y a tout qui part en couille ; peut-être que c'st ça façon à elle de faire son deuil, mais ça lui fait mal de la voir autant comme ça. C'est carrément insupportable. « Mais sierra, regarde-toi. » Il est las dans ces mots, son débit est lent, elle est en train de se détruire toute seule avec ces conneries. Il l'a repousse, elle pue l'alcool, c'est insupportable. « On rentre. » Il se répète, attrapant la bouteille de ses mains pour la jeter sur le sol. Les coquillages seront heureux d'avoir un peu de liqueur. Lui, il a pas envie de rire, pas envie de quoi que ce soit d'ailleurs. Il est trop inquiet, ne comprend vraiment plus son amie.

Alors il lui prend le bras, serre un peu pour être certaine qu'elle ne va pas tenter de se débattre, puis dans le pire des cas, il lui lancera un simple ta gueule et elle la fermera. Aussi simple comme bonjour. Et là, faire un pas devant l'autre est compliqué, mais colin reste silencieux, sentant son corps qui tremble à cause de toute la colère qu'il essaye de canaliser. La voiture face à eux. « T'as intérêt de pas gerber. » Qu'il dit, tout simplement, ouvrant la voiture et l'aidant à s'y installer. La soirée va être longue, parce que ce soir, il ne va pas la laisser faire comme si de rien n'était. Lui ouvrir les yeux est une bien meilleure solution.

Bon, il n'est vraiment pas là pour déconner. Tu le comprends rapidos quand tu vois son regard sur toi. Il est énervé. C'est con, mais tu le connais déjà trop bien Colin. Tu arrives à lire dans son regard. Tu arrives à savoir quand il t'en veut. Et là, c'est clairement le cas. Mais toi, tu as envie de t'amuser ce soir. Tu as envie d'oublier toute cette journée. Et l'alcool, ça t'aide. Ça t'aide tellement que tu y retournes régulièrement. Ce n'est pas ta première soirée à être dans un tel état, Colin a raison. Et ce n'est sûrement pas la dernière. Tu n'es vraiment pas marrant. Tu souffles alors que la bouteille s'est déjà échouée sur le sol. Non, vraiment, il abuse là. A croire qu'il n'y comprend vraiment rien, Colin. Qu'il ne te comprend pas. Mais tu n'as pas vraiment le choix. Ses doigts serrent ton bras pour te tirer vers la voiture. Pas la peine de protester, c'est une cause perdue. Alors, tout ce que tu fais, c'est de bouder. Ouais, tu boudes littéralement. Tu t'écroules dans la voiture, la ceinture que tu peines à attacher et tu viens croiser les bras sur ta poitrine. Tu n'as même pas envie de répondre à sa remarque. Tu sais te tenir. Et puis, si un accident vient à arriver, tu nettoieras demain. Tant pis.

Le paysage défile sous tes yeux. Tu as l'impression qu'il roule à vive allure. Tu voudrais bien lui demander de ralentir, ouais. Mais non, tu restes dans ta bouderie. A croire que tu es une gamine. Finalement, vous arrivez bien trop rapidement au loft. Tu peines à descendre de la voiture et tu te diriges non sans mal vers l'habitation. Tes chaussures que tu retires alors que tu es enfin arrivée à destination. C'est quoi ton problème, Colin ? Tu sors finalement de ton mutisme. Et tu aimerais bien qu'il en fasse de même. Le temps de la route t'a suffit pour faire descendre les effets de l'alcool. Juste assez pour que tu y vois plus clair. Non pas que tu regrettes tes actes. Tu te crois innocente dans cette affaire.

Le silence dans la voiture donne des frissons dans le dos ; ce n'est pas dans leurs habitudes de ne pas s'adresser la parole ; ils sont toujours en train de rire, d'avoir des conversations des fois plus sérieuses, mais jamais dans un ton froid comme celui-là. C'est perturbant ; c'est loin d'être eux. Mais, colin est en colère, Colin lui en veut, et pour le moment, il n'est pas prêt à baisser la garde, à vouloir faire le premier pas. Il peut comprendre à quel point ça doit être difficile pour elle à l'heure actuel, jamais il ne va lui en vouloir pour ça, mais il y a des choses qu'il faut savoir régler. Colin ne va pas laisser la jeune femme tomber au plus bas, c'est juste hors de question. Alors tant pis si elle est contre ça, tant pis si elle veut lui faire vivre la misère par la suite, il ne va pas la laisser tomber.

Alors quand ils arrivent enfin au loft, Colin prend soin de fermer la porte, et il serait prêt à rester cloîtrer devant celle-ci pour empêcher la jeune femme de partir à nouveau. Il est soulagé qu'elle n'ai pas énormément bu, parce que pour le moment, l'envie de vomir lui semble loin et il n'avait pas envie de lui tenir les cheveux ; elle ne le mérite pas pour le moment. Sauf que Sierra ouvre la bouche,
brise le silence,
et ça suffit à Colin pour exploser.

« C'est quoi MON problème ? » Il a l'impression d'halluciner, face à ces mots. « Mon problème à l'heure présent, c'est toi putain ! » Il essaye de se calmer, mais c'est trop tard. Bombe à retardement, visiblement. « Alors tu vas te bourrer la gueule tous les soirs depuis que ta mère est morte, t'es prête à coucher avec n'importe qui sous prétexte que je ramène des filles pour me les serrer ! Et putain t'es vraiment trop bête que, quand je te dis c'que je pense de nous t'es sur le point d'aller sauter un mec ! » C'est pas tout, mais ça lui fait déjà du bien. Sauf qu'il a la drôle de sensation d'être complètement vivre. « Tu sais quoi Sierra, fait c'que tu veux, moi j'suis fatigué de tout ça. » Il récupère ses affaires, et se retourne pour aller dans sa chambre, prenant soin de claquer la porte.

Tu boudes, clairement. Non pas que tu sois tellement énervée après Colin. Seulement, tu aurais préféré rester à cette soirée. Gamine presque trop gâtée. Ou peut-être que ce qu'il te vexe, c'est qu'il soit si froid avec toi. Ça ne vous ressemble pas ; loin de là. Votre relation, elle a toujours été légère. Ça a toujours été facile entre vous. Presque trop naturel. Il n'y a jamais eu de questions à se poser. Il n'y a jamais eu besoin d'élever la voix. Normalement, vous riez, vous vous taquinez. Tes soirées, tu les passes blottie dans ses bras devant un film. Tu cuisines pour lui faire plaisir. Tu ris pour le voir sourire. Parce que ce qu'il t'importe, c'est son bonheur à Colin. C'est qu'il puisse être heureux maintenant qu'il est libre. Mais tu déconnes carrément. Tu déconnes parce que tu as besoin de sortir, en ce moment. Tu as besoin de ces états d'ivresse. A cause du décès de ta mère. Parce que Azra est cloué dans un fauteuil à cause de toi. Parce que tu n'as clairement pas assuré avec Hélios en lui mentant sur ce qu'est ton réel passé. Parce que tu as été trop égoïste avec Ash et Gabin. Et ton père qui s'en va. Qui part loin, qui te laisse. C'en est trop pour toi ; tu as besoin d'oublier.

Finalement, tu sors de ton mutisme. Tu n'arrives pas à comprendre son comportement. Sûrement parce que ton état t'empêche d'avoir les idées claires. Mais c'en est trop. Tu bouillonnes intérieurement alors qu'il te crie dessus. Tu retiens des sanglots. Ce serait trop facile. Et tu le regardes s'éloigner. Tu sursautes quand tu entends la porte claquer et tu restes là, Sie. Totalement immobile. Presque ébahie. Tu as besoin de quelques secondes avant de reprendre tes esprits. Avant de tout remettre dans l'ordre dans tes pensées. Alors, il ne te faut pas beaucoup de temps avant d'exploser à ton tour.

T'es sérieux là ? Tu demandes alors que tu es à peine entrer dans la chambre. Tu t'en fiches bien ; le code "je suis occupé avec quelqu'un d'autre" n'a pas été mis en place. Et puis, tu es chez toi, merde. Alors, tu fais ce que tu veux. J'ai couché avec personne depuis que t'es là ! Enfin ... Peut-être que si. Mais j'ramène pas tout Island Bay au loft moi ! Tes accusations sont totalement infondées, tu le sais. Mais toi aussi tu as besoin de vider ton sac. Alors tu t'es approchée de lui. Tu es énervée, clairement. Tu ne supportes pas qu'il puisse penser ça de toi. Et puis, ce type là, tu lui as rien demandé. L'autre sur la plage, tu allais le repousser. C'est juste que ta tête te tournait bien trop. C'est juste que ton coeur te faisait trop mal. Et tu viens le pousser un peu trop violemment Colin. Frêle gamine qui se croit plus forte que tout. Et encore moins depuis que j'me suis rendue compte que je t'aimais ! Merde. Pourquoi tu lui as dis ça ?

Depuis qu'ils vivent ensembles, c'est bien la première fois qu'une aussi grosse dispute éclate. Celle qui brise le coeur, qui fait mal. Il claque la porte de sa chambre en ayant la sensation d'avoir définitivement tout raté, il cherche son paquet de clopes et il s'empresse d'en réceptionner un, ouvrant la fenêtre de sa chambre, allumant le briquet sans aucune pitié. Il tremble comme une feuille, Colin, n'arrive pas à avoir l'esprit clair, n'arrive pas à essayer de se détendre, ça devient insupportable. Observant un point fixe, Sierra arrive d'un seul coup et les choses se compliquent encore plus.

Les mots qui blessent, qui pénètrent dans son coeur, ne voulant pas essayer de s'échapper. Il regarde Sie, clignant des yeux plusieurs fois, pour être certain de ne pas halluciner. Elle dit ça d'une bonne façon, mais ça blesse, ça lui donne la sensation d'être une simple pute. « C'est vrai que ramener trois filles, ça fait de moi la traînée d'Island Bay. » Il n'a même plus l'envie de se battre, de donner des arguments. Il ne pensait pas qu'une simple dispute ; voir une première dispute, puisse faire autant de maux dans le bide. Il devient impuissant, démuni, perd totalement la confiance qu'il peut encore avoir à l'instant précis. Elle lui balance des sentiments, mais ça semble trop beau pour être totalement sincère. « Non. » Il se relève, tire sur sa clope en se rapprochant d'elle, n'hésitant pas à lui recracher la fumée dans la gueule. « C'est l'alcool qui te fait parler. » Il y croit. « C'est pas ma Sierra, ça. Elle oserait jamais me parler comme ça. »

Colin est vraiment blessé, depuis sa sortie de prison, sierra est la seule à vraiment être là pour lui, à ne jamais le laisser tomber. En une soirée, il a l'impression que les choses sont différentes, qu'il est tombé dans une autre vie, un monde presque parallèle. « Vos bouches étaient collés, tu vas pas m'dire que tu as trébuché sur sa bouche. » Ouais, fatigué. « Putain puis ça t'amuse ? De boire comme une conne ? De t'habiller pour te faire sauter ? De faire de la merde ? T'as pensé à ton frère ? T'as pensé aux personnes que tu as pu décevoir ? A moins que tu veuilles juste en finir avec ta vie, j'en sais rien moi. » Il délire, il sait. Mais il est tellement blessé qu'il parle plus qu'il ne réfléchi. « Tu veux te suicider ? Tu veux boire au point de tomber dans l'coma Sie ? Bah fait le, j'te donne une corde si tu veux, par contre, tu risques de finir comme ton pote en fauteuil roulant. »

Alors que sa conscience lui hurler d'arrêter, et de simplement lui dire ; je t'aime aussi.

Tu n'avais clairement pas besoin de ça. Tu n'avais pas besoin de ces mots là aujourd'hui. Qu'il te regarde de cette manière là, Colin. Qu'il déteste ce que tu es devenue en quelques semaines. Non, pas du tout. Ça t'enfonce encore un peu plus. Ça te brise clairement le coeur alors qu'il te crie encore dessus. Ça ne vous ressemble pas, ça. Ça n'est pas vous. Parce que toi, tu aimes rire avec. Tu aimes t'endormir dans ses bras alors que tu as presque piqué une crise pour regarder ce film alors qu'il aurait voulu en voir un autre. Tu aimes l'entendre rire. Tu veux l'entendre rire. Mais là, tu ne le reconnais pas. Son regard, il te fait peur. Ses mots, ils t'achèvent.

Et tu sais pas pourquoi tu dis ça. Pourquoi les mots sortent aussi rapidement d'entre tes lippes. Tu l'aimes, bien sûr. Tu t'en es rendue compte parce que ça te brisait de ne pas le savoir avec toi. Tu l'as su parce que tu es toujours en train de penser à lui. Il hante ton esprit, Colin. Il te hante. Ouais, tu l'aimes. Même si tu fais tout depuis des mois pour cacher ça. Même si tu veux te contraindre à oublier tout ce que tu peux ressentir pour lui. Tu l'aimes, et tu viens de lui dire. Mais il percute pas. Il ne te croit pas. Et tu as carrément du mal à encaisser ça. Et tu tousses doucement alors que la fumée de sa cigarette vient chatouiller ta gorge. Tu crois ça ? Il pense vraiment que c'est l'alcool qui te fait dire ça ? Non, il se trompe. C'est tout ce que tu ressens. Tout ce que tu as enfoui ces derniers mois. Ton coeur, il menace d'exploser. Bordel, ça te fait mal. Cette dispute. C'est plus douloureux que tout ce que tu aurais pu imaginer. Presque plus douloureux que tout ce que tu vis actuellement.
Et c'est juste le coup de trop que tu reçois.

Putain, je t'interdis de parler d'Azra ! Tout le reste, tu t'en fiches bien. Qu'il pense que tu t'auto-détruis. Qu'il te balance des énormités sur ton mode de vie. Qu'il puisse insinuer que tu t'habilles comme une putain pour plaire aux mecs. Et même lorsqu'il parle de cet autre type. Tu en as juste rien à foutre ; mais pas Azraël. Non, pas lui. Pas alors que tu te sens encore coupable. Pas alors que tu es celle qui l'a mis dans cette situation. Et il le sait, Colin. Il sait ce que tu ressens. Tu t'es confiée à lui. Et peut-être que tu n'aurais pas dû. Alors, tu exploses Sierra. Parce qu'alors que vos deux visages sont encore proches, tu viens lui coller ton poing dans la figure, à Colin. Tu y as mis tout ce que tu avais. Et il ne faut pas de sous-estimer ; c'est ton travail de maîtriser des types comme lui. Si bien que tu arrives à le faire tomber au sol. Ton minuscule corps qui se met à califourchon sur Colin tandis que tu continues à le marteler de coups. Tu as mal aux poings. Et des larmes coulent forcément sur tes joues. Bordel Colin, pourquoi tu fais ça, hein ? Pourquoi tu veux à tout prix te mêler de ma vie ? J'suis juste nocive, tu le sais. Tu devrais t'en aller. Tu devrais pas rester.

Si, bien sûr que tu veux qu'il reste.
Tu veux juste que tout redevienne comme avant.

Il le savait ; qu'il touchait le sujet sensible, qu'il allait finir par avoir ce qu'il voulait. Colin ne fait pas non plus ça pour être méchant, il connaît Sierra comme sa poche, il sait où faire mal pour qu'elle finisse enfin par exploser. Ce n'est pas l'alcool qui va aider la jeune femme, c'est un soutient, une main tendu, c'est craqué pour essayer de mieux avancer. Enfin. Il se dit, même si le coup qu'il se prend dans la mâchoire le déstabilise complètement, lui arrache une douleur impressionnante, sentant ses dents qui claquent, se mordant la langue. Il y a le goût du sang, c'est foutrement désagréable, ça lui arrache une grimace. Il a perdu l'équilibre, est un peu sonné, ne réalise pas encore que Sierra est sur lui, continuant à lâcher toute la haine qu'elle a en elle sur son corps. Et sur le coup, il souri. Parce qu'il est content qu'elle se lâche enfin, qu'elle sorte tout. Mais les larmes qu'il voit sur son visage le détruit, pas plus que les mots qu'elle fini par lui sortir. Bordel, ça lui fait extrêmement mal.

Alors Colin attrape les poings de Sierra, tout en se redressant légèrement, même s'il reste assis sur le sol. Et sans hésitation, il passe ses bras autour de sa taille pour serrer son corps contre le sien. « Je ne partirais pas. » Il dit ça, tranchant la décision sans hésitation. C'est hors de question qu'il laisse la jeune femme toute seule. « Je suis là pour toi, d'accord ? J'pars pas, j'partirais jamais. » Sa main se dépose sur ses cheveux, qu'il se met à caresser. Puis il pose ses yeux sur son visage, chassant les larmes qui glissent sur ses joues. Il ne supporte pas de voir Sierra dans un état comme ça, elle ne mérite pas toute cette pression. Il devrait voir son beau sourire, pas tout ça. « Pardon pour tout ce que je t'ai dit, j'avais besoin qu'tu craques. » Et tant pis, il s'en fout des coups, il s'en fout de la douleur, elle est bien moins forte que ce que peut ressentir Sierra. « Je suis là. » Qu'il promet, en finissant par poser ses lèvres sur les siennes.

Ça fait des jours que tu menaces d'exploser. Des jours que tu sembles ne plus être toi-même. Que l'alcool coule constamment dans tes veines. Parce que ça te fait du bien. Parce que tu préfères fuir tout ça plutôt que d'affronter la réalité. Le fuir, lui. Mais il est allé trop loin, cette fois. Il te fait trop mal, Colin. Quand il ne te croit pas. Quand tu fais face à son déni après lui avoir dis ce que tu ressens pour lui. Quand il te parle d'Azra. Non, il n'a pas le droit. Il a aucun droit de parler de lui, de vous et encore moins de son accident. Alors tu exploses. Les coups partent. Le coeur s'allège. Et tu as l'impression d'être totalement vidée lorsqu'il vient arrêter tes mouvements. Tu ne te débats pas. Tu n'en as pas la force. Tes yeux qui glissent sur son visage. Témoin de ta violence. J'suis désolée. Tu couines comme une enfant. Désolée pour les coups. Désolée de ne plus être son amie. Tu t'excuses de tout ce que tu peux lui faire subir depuis que tout est parti en vrille. Tu t'excuses d'être aussi nocive pour lui. D'être aussi nocive pour tout le monde.

Et tu éclates en sanglot, Sierra. Quand Colin vient te serrer contre lui. Quand tu passes tes mains blessées derrière son dos pour ne plus jamais qu'il ne se sépare de toi. Tu exploses à nouveau ; mais tu montres ta faiblesse, cette fois. Tu montres que tu n'es pas si forte que ça. Alors, tu fourres ton visage dans son cou. Tu te laisses bercer par ses mots qui te rassurent. Jusqu'à relever le visage pour affronter son regard. Vos lèvres qui viennent se rencontrer. Et c'est comme si tout avait disparu. Comme si la douleur pouvait s'apaiser à son simple contact. Comme si tu attendais ça depuis des mois. Tes sanglots s'apaisent. Les larmes roulent encore sur tes joues mais se font plus rares. Ça te réchauffe le coeur. Ça enlève ce couteau de tes entrailles. Cette boule dans ton ventre qui t'empêchait de respirer. Et il dure, ce baiser. Tu le prolonges jusqu'à être obligée de te séparer de Colin par manque d'oxygène. Il était temps. Tu murmures contre ses lèvres. Il était temps qu'il se décide, Colin. Parce que tu as l'impression que tu attendais ça depuis des lustres. C'est pas l'alcool qui parlait toute à l'heure, Colin. Pas quand je t'ai dis que je t'aimais, en tout cas. Et ça franchit encore tes lippes sans qu'il n'y ait de filtres. Tu insistes, tu as peur. Mais tu prends le risque. Même si finalement, tu relâches la pression. Tes bras qui quittent son étreinte. Tu secoues la tête, le sang te monte aux joues. Et tu te dis que tu n'aurais peut-être pas dû insister. Je. Oublies. Je vais ... Tu veux peut-être dormir, non ? Ou, attend, j'vais t'aider à nettoyer ça. Il vaudrait peut-être mieux que je quitte cette chambre. Faut surtout que je m'éloigne de toi, si j'veux pas ...
Devenir folle. Tu parles trop, et beaucoup trop vite.

Il secoue la tête, il s'en fout des excuses, il ne va jamais lui reprocher ce qu'il s'est passé. « C'est moi qui m'excuse. » Il dit sincèrement, parce que malgré tout, il sait qu'il a été fortement difficile dans ses mots, qu'il a choisi les sujets les plus douloureux alors que Sierra lui a parlé pour ce type ; il a compris à quel point elle s'en veut de tout ça, mais qu'à ce qu'il a compris, ils sont trois dans l'histoire à se remettre la faute sur le dos. Mais la plus sensible des trois, c'est Sierra. Colin était là pour lui, pour lui offrir une épaule sur laquelle pleurer quand ça devenait bien trop difficile. « Je sais que j'ai fait le sujet trop sensible, j'sais que tu t'en veux encore beaucoup, et j'aurais pas dû. » Il serre à nouveau Sierra contre lui, déposant ses lèvres sur sa tempe. Il s'en veut énormément, malgré tout, mais ça lui a permis de se libérer.

Et puis, leurs lèvres se découvrent, parce qu'il a enfin fait le premier pas. Il l'embrasse avec tout l'amour du monde, ne souhaitant pas que ce moment s'arrête. C'est beaucoup trop fort, trop sincère, l'acte vaut bien plus que des simples mots. Et puis, leurs lèvres se séparent, et Sierra, plus calme, mais véritablement sincère s'exprime à nouveau. « Je sais, sierra. » Mais Colin est incapable de lui exprimer ses sentiments ; parce qu'il a peur. La dernière fois qu'il a dit à une fille qu'il l'aimait, elle l'a dénoncé pour un acte qu'il n'avait pas vraiment commis. C'est trop tôt, pour ça, la peur de l'abandon est bien trop fort. Elle se relève, et Colin panique. Il choppe sa main, la forçant à rester. « C'est trop tôt pour moi, pour avoir le courage de te dire ce que tu veux entendre. La dernière fois que je l'ai fait, ça m'a mis au plus mauvais point et j'ai peur Sierra. Mais j'veux pas que tu partes. » Il s'en fout, de nettoyer, de tout remettre en ordre. « Reste avec moi. » Pas que ce soir, pour toujours.

Cette journée t'aura fait ressentir une multitude de sentiments. Bien trop d'émotions pour ton si petit coeur. Tu as l'impression d'être sur une montagne russe émotionnelle. La vie se moque de toi. Et il y a Colin. Il est là depuis des mois. Il est là depuis que tu l'as rencontré, même. Derrières ces fichus barreaux qui lui ont pris sa liberté pendant trop longtemps. Il est là parce que vous deux, ça a toujours été une évidence. Pas dans le sens amoureux du terme. Non, c'est bien plus fort que ça. Bien plus fort que tout. Et tu ne le remercies pas assez, Colin. Tu ne le remercies pas assez d'être à tes côtés. D'être celui qui te pousse à bout au point que exploses à ce point là. Au point que tu te démènes à le frapper si fort. Tu as mal, Sierra. Tu as mal au coeur. Tu as mal à tes phalanges. Et toi, tu secoues la tête. Tu n'en veux pas de ses excuses, à Colin. Tu le veux lui. Et c'est tout. Mais les mots ont à peine franchi tes lippes que tu te mets déjà à paniquer. Tu ne sais pas, toi. Tu ne sais pas comment aimer. Ça fait tellement longtemps. Beaucoup trop d'années se sont écoulées depuis la dernière fois que tu as ressenti ça. Parce que c'est beaucoup plus beau et plus fort que ça n'a pu l'être auparavant lorsque vos lèvres se découvrent enfin. Et ça te fait peur, à toi, tout ce que tu peux ressentir.

Sauf que Colin, il t'empêche de fuir. Ses doigts qui se lient aux tiens. Et sûrement qu'il y a encore un peu des effets de l'alcool ; parce que les gestes sont trop brusques. Si bien que tu viens doucement tomber sur lui, reprenant ta place initiale. J'reste avec toi. Tu murmures, sincère. Tu n'iras nul part. Pas maintenant. Jamais. Pas tant qu'il te sera vital d'être à ses côtés. Tu as besoin de lui, Sierra. Ce n'est pas pour rien s'il est là. Ce n'est pas pour rien s'il est arrivé dans ta vie, Colin. Tu en es persuadé. Alors, tu viens doucement caresser sa joue. Tu t'imprègnes de chacun des traits de son visage. Et tu arrives même à étirer un sourire. Plus de blondes ? Tu demandes en venant déposer un baiser à la commissure de ses lèvres. Tu ne demandes pas de grandes paroles, toi. Tu ne veux pas qu'il te dise ce qu'il ressent. Les mots, ça n'a aucun sens. Et ça. Juste ça. Ça te suffit.

Elle reste. C'est elle-même qui lui dit, c'est elle-même qui l'avoue. Alors, à partir de ce moment là, son coeur se met à battre rapidement contre sa cage thoracique, il remet ses bras à sa place, voulant serrer à nouveau le corps de la jeune femme contre le sien. Puis, sa main remonte jusqu'à sa nuque, frissonnant au simple fait que leurs lèvres se frôlent. Mais Colin peut pas s'empêcher de pouffer de rire. « Plus de blondes. » Plus personne. Il n'a pas besoin de ramener d'autres filles, il en a pas non plus envie de toute manière. Puis, ces filles n'étaient pas Sierra, alors elles étaient beaucoup moins intéressantes. « Par contre, toi, plus de boissons. » Il dit, en le pensant sincèrement. Parce que ça devient insupportable de devoir essayer de supporter une Sierra complètement ivre. Il n'apprécie pas cette facette d'elle, mais il supporte encore moins toute cette mauvaise période qu'ils sont en train de vivre, parce qu’inconsciemment, Colin est en train de vivre dans tout ça. Il n'oubliera jamais quand la jeune femme lui a annoncé la mort de sa mère, et même si elle n'a pas voulu qu'il vienne avec elle, il a tellement pensé à elle le jour de l'enterrement. Par contre, il ne pensait vraiment pas qu'elle tomberait au plus bas que ça.

Colin se relève, simplement pour s'installer dans son lit, et prendre son paquet de cigarettes. Vraiment en savourer une, sachant que pour ce soir, la tempête est enfin terminée. Peut-être que demain, les nuages vont être encore là, mais pas ce soir. « Tu en veux une ? » Il demande, sans hésitation, parce qu'il sait que peut-être, elle peut dire oui. Il préfère qu'elle fume pour canaliser, plutôt qu'elle boit pour oublier. « T'es pas obligé, j'propose juste, c'est même pas un joint. » Un tout autre homme aurait commencé à l'embrasser, à la dénuder, mais pas Colin. il veut prendre son temps ; il en a besoin.

Tu ne veux pas partir, non. Tu ne veux pas le laisser, jamais. Tu veux rester là, comme ça. Tu veux rester blottie dans ses bras. Parce que tu es bien là. C'est bien mieux que n'importe où ailleurs. Et tu n'as pas besoin d'entendre ces mots. Tu n'as pas besoin qu'il te fasse de longs discours, Colin. Parce que cette simple phrase te suffit amplement. Plus de blondes. Ni même n'importe qui d'autre. Et c'est comme si ça scellait un peu cette merdique soirée. C'est comme si ça te donnait un nouvel élan, Sierra. Un nouvel élan pour te battre. Pour arrêter de te laisser t'engouffrer. Ça ne sera pas facile ; mais tu essayeras. Pour lui, juste pour lui. Même plus d'eau ou de café ? Tu demandes d'un air léger. Tu as bien compris le sérieux de sa demande. Ouais, tu as capté qu'il s'inquiétait pour toi et qu'il n'en pouvait plus. Alors, tu reprends ton sérieux. Tu hoches finalement la tête. Plus sans modération. Tu vas essayer, ouais. Tu vas tenter de te sortir de l'eau. Et ça ne sera pas tous les jours facile, tu le sais. Mais, tu veux te battre pour lui. Pour vous. Tu veux te battre pour éviter que ce genre de soirées recommencent. Tu veux faire cet effort pour pouvoir avancer avec Colin. Pour que tu n'ais plus à lui donner l'impression qu'il vit avec une parfaite inconnue.

Et puis, il s'éloigne de toi. Ça te fait même tirer une grimace. Tu aurais voulu rester là pendant des heures. Tu restes assise quelques secondes au sol avant de venir le rejoindre. Tu t'allonges sur le lit, à côté de lui. Non, merci. Tu n'aimes pas trop ça, la nicotine. Ça ne t'a jamais vraiment attiré. Même si tu as cédé à la tentation ces derniers jours. Même si tu as tiré quelques taffes sur une cigarette lors de l'enterrement de Gemma. Et puis quelques autres fois, aussi. Mais là, tu n'en as pas envie. Mais un joint, j'dirais pas non. Ça t'échappe carrément. Tu n'as pas fumé depuis des années. Tu n'as pas touché à un joint depuis dix ans. Depuis que ça s'est terminé entre Azra et toi. Ouais, c'était lui qui te faisait fumer. C'était votre truc à vous. C'était son truc à lui. Alors, pourquoi pas recommencer l'expérience ? Même dix ans après. Et tu ne sais pas trop comment expliquer cette soudaine envie. Sûrement parce que tu te sens bien, là. Sûrement parce que tu ne t'étais pas sentie comme ça depuis dix ans, justement.

Un simple rire ; c'est vrai qu'il en demande sûrement trop Colin, mais c'était vraiment insupportable de voir Sierra titubait dans le loft, ça lui brisait les tripes, parce qu'il savait, et il le sait toujours d'ailleurs, que faire un deuil est sans doute la chose la plus horrible au monde. Son deuil n'est pas le même, mais il a accepté le fait que pour lui, il était mort aux yeux de sa famille. C'est déchirant de s'imaginer des années en arrière, à rire avec l'un de ses frères, pour désormais ne plus avoir l'espoir qu'ils vont finir par le contacter. Il est passé devant la maison familiale à plusieurs reprises en voiture, il a aperçu la silhouette de sa mère une seule fois, et il n'oubliera jamais la douleur qu'il a pu ressentir à ce moment là. Ouais, c'est déstabilisant, mais il a fini par s'y faire, accepter. C'est pas le même deuil, mais il est certain que le taux de la douleur reste exactement la même.

Il sent l'odeur du parfum de Sierra à ses côtés, ça lui réveille des sens, c'est assez impressionnant de voir l'effet qu'il ressent, qu'elle lui fait ressentir. Sauf que colin ne s'attendait pas à ça ; elle ne dit pas non au joint. Il est complètement déstabilisé, c'est pas pour autant qu'il va lui dire non. Alors il l'observe, est certain qu'elle dise ça parce qu'elle le veut vraiment. Puis il se lève, quelques secondes, juste pour prendre une fameuse boîte. Dans le silence le plus complet, il se concentre sur cette tâche. C'est tout un art, un joint, mais il le fait pas fort, ne met pas énormément de drogue, il sait que ça ne lui fera pas d'effet, mais assez pour qu'elle puisse en avoir un minimum de sensations. Et, ça dure quelques minutes, mais arrive le temps où le joint découvre ses lippes, et que le briquet scintille.

Une grande inspiration, et tout commence. « Il est pas fort. » Il promet, en lui tendant. Sa main se pose sur sa joue, qu'il caresse du bout des doigts. « Te force pas par contre, si t'en as pas envie. » Il sait très bien que c'est le meilleur moyen pour que ça parte en vrille, qu'elle fasse un bad trip et c'est vraiment pas ce qu'il veut.