leave a light on (sierlin)

Cette demande t'étonne toi-même. Elle ne te ressemble pas. Mais, faut l'avouer, tu n'es plus vraiment toi-même depuis ces dernières semaines. Alors, forcément que ça étonne Colin. Parce que tu lui as toujours interdit de s'approcher de toi avec ça -ou même avec une cigarette. Sa chambre, c'est le seul endroit où il peut fumer dans le loft. Et encore, tu as eu du mal à le laisser faire. J'en ai envie. Tu souffles alors que tu te saisis du joint. Tu le regardes quelques secondes avant de tirer une première latte dessus. C'est pas que tu hésites, non. Tu es persuadée que ça ne te fera pas de mal, après tout. C'est juste que tu te souviens de ces souvenirs. Ces instants que tu as partagé avec Azraël lorsque tu étais en couple avec lui. Parce qu'il est le seul à t'avoir vu dans cet état là. Et si tu décides de sauter le pas avec Colin, c'est parce que tu te sens bien avec. Il te rassure. Il te rend heureuse. Même si ce n'est pas tout rose aujourd'hui. Même si tu n'as pas assuré ces derniers temps. Loin de là. Alors, tu tires sur la cigarette magique, une seconde fois. Puis tu viens t'allonger, le cendrier sur ton ventre. Bordel que tu te sens bien, là. Et ce n'est pas qu'à cause de l'herbe, non. C'est aussi grâce à Colin. Parce qu'il est là. Parce qu'il restera là. Alors, tu ne peux empêcher un sourire totalement idiot d'étirer les traits de ton visage. Ça m'avait presque manqué. Presque parce qu'en réalité tu n'as jamais ressenti un quelconque manque. Mais la soirée s'y prête. C'est comme ce goût de renouveau qui plane au-dessus de vos têtes. J'ai l'impression de retourner dix ans en arrière. Tu étais jeune. Plus jeune. Tu n'étais qu'une adolescente. Une gamine. Et ce n'était pas Colin qui se tenait à tes côtés ; mais Azraël. Y'a que ça qui change dans ce que tu ressens. Parce qu'à l'heure actuelle, ce n'est plus Azra qui compte mais bien Colin. Ce n'est pas l'avenir de deux adolescents qui te questionne, mais celui de deux adultes qui se découvrent seulement. Tu viens lui rendre le pétard, le cendrier que tu poses entre vous. Assez bas pour que tu puisses venir poser ta tête contre le torse de Colin et dessiner des cercles imaginaires sur sa poitrine.

Tu restes silencieuse quelques minutes. Les yeux clos. Perdue dans tes pensées. Et, cette fois, elles ne te font pas mal. Non, tu arrives à ressentir sans souffrir et ça fait du bien. Beaucoup trop de bien. Tu ne sais pas trop où ça vous mènera tout ça. Ni même de quoi sera fait demain. Mais tu t'en fiches bien. Merci d'être là. Tu murmures finalement. Et puis, tu ne peux pas t'en empêcher. Tu te relèves un peu pour accéder à ses lèvres. C'est furtif, ça ne dure pas longtemps. Juste assez pour te satisfaire. Juste assez pour que tu viennes reposer ta tête contre son torse et que tu te sentes encore mieux. Si bien que tu t'endors contre lui. Toujours habillée. Toujours maquillée. Mais dans ses bras. Et ça, ça n'a aucun prix à tes yeux.