cinéma, gâteaux & cannabis ft. lily

Le moyen de communication avec Lily alors que Murphy n'a toujours pas de portable ? Le mail. En fait, c'est plus rapide que d'aller toquer à sa porte pour lui demander de ramener ses fesses ici. Murphy avait prit l'habitude de laisser sa boîte mail ouverte, ça marchait comme le principe des sms elle le supposait. Elle lui avait envoyé un mail en rentrant de l'université en fin d'après-midi « Hé ! Mon père sera pas là ce soir, on a la maison, on se fait notre soirée ciné-gâteaux ? Et j'ai une surprise aussi ! » La petite blonde s'était décidé à entamer ses recherches pour un exposé sur son ordinateur, assise au bureau de sa chambre, lorsqu'elle reçu la réponse de sa voisine. Lily était okay. Murphy sourit derrière son ordinateur. C'était cool. Elle fit glisser sa chaise de bureau qui était à roulettes vers son lit pour ouvrir son sac à dos. A l'intérieur, elle avait un petit sachet transparent où se trouvait deux joints déjà prêts à l'intérieur. Quelqu'un de sa promo le lui avait donné gratuitement, pensant que de faire fumer gratuitement des gens allaient sûrement lui apporter de futurs clients dans le futur ? Murphy n'avait jamais fumé de sa vie, mais face à ce type, elle n'avait pas osé le lui dire et avait accepté sans broncher. Seulement maintenant que ça traînait dans son sac, elle ne se sentait pas spécialement à l'aise. Déjà parce que si son père était un jour au courant de ça, il allait la pourrir. Et surtout, parce qu'elle ne se voyait pas fumer ça toute seule comme une toxicomane. Autant il lui arrivait parfois de fumer une cigarette sur le toît de sa maison, autant fumer un joint pour la première fois toute seule, ça ne lui disait rien. La jeune blondinette sortit donc le sachet qu'elle plaça dans la poche arrière de son jeans et se remit à bosser. Lily avait besoin de temps avant de venir chez elle, ce qui lui laissait un peu de temps pour continuer à avancer dans ses recherches. Depuis leur discussion sur la plage, les deux voisines s'étaient recroisées à l'université et elles avaient même mangé plusieurs fois ensemble sur le campus. C'était vraiment plus agréable de partager son repas du midi -surtout quand on est une ancienne anorexique- avec une amie. Au moins, on passe un agréable moment lors du repas, qui est une source de stress et d'anxiété, même des années après. Enfin des années... Murphy avait toujours du mal avec la nourriture. Elle n'était pas gourmande, elle mangeait ses trois repas par jour et si jamais elle sentait qu'elle avait fait n'importe quoi, qu'elle avait trop mangé par exemple, elle ne parvenait pas toujours à se retenir de se faire vomir. Avec son père, ça allait beaucoup mieux. Depuis son anniversaire, les relations étaient bien meilleures avec Caïn, elle avait enfin pu lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur et même si son anniversaire avait été bercé par un peu de drama, il avait eu une bonne finalité. Malheureusement, de là à dire que tout allait bien mieux, ce n'était pas le cas. Il y avait eu cette histoire d'agression à l'université, après son cours de cinéma. Un type l'avait attrapé et menacé. Et depuis, la petite bonde avait un peu peur de traîner dans les couloirs et sur le campus de l'université toute seule. Elle en avait parlé brièvement à Lily, lui expliquant qu'elle avait été agressée, mais sans entrer dans les détails, puisque les détails ne concernaient personne d'autres. Murphy laissait cette histoire entre les mains des Gallagher et aussi celles de Kenny, puisque c'était lui qui avait été présent pour s'occuper d'elle suite à l'agression. La petite blonde continuait de travailler sur son ordinateur lorsque finalement, la sonnette se fit entendre dans la villa. Elle sursauta et sourit. Descendant l'escalier presque au galop, la petite blonde arriva en trombe contre la porte et l'ouvrit en souriant à Lily qui se trouvait juste devant elle. « Hey ! » lança t-elle en faisant la bise à son amie. La laissant entrer dans sa maison -ou plutôt celle de son père- la jeune fille lui demanda « ça va ? » tout en souriant. Elle referma la porte derrière son amie, toujours son sourire aux lèvres.

Lily ne tarda pas à lui tendre une boîte apparemment remplie de gateaux faits maison. Murphy sourit de toutes ses dents en saisissant la boite pour l'ouvrir. Elle avait hâte de voir ce qu'elle avait préparé. La petite blonde avait pu apercevoir les talents de cuistot de Lily rien qu'en voyant la gueule de son lunch à l'université. Ca n'avait rien à voir avec les sandwich en triangle qu'elle ou son père se préparait pour le lendemain. Non, Lily, elle avait tout un attirail, des petits bols colorés, des petites boîtes sympas, avec des couverts en bois, une petite serviette en coton et toujours des plats qui donnaient l'eau à la bouche. D'ailleurs Lily aimait bien prendre ses repas en photo, ce qui avait toujours intrigué Murphy. Les gâteaux avaient l'air délicieux, Murphy n'en revenait pas. Il s'agissait de petits muffins aux fruits et aussi au chocolat. Lily n'était pas censé savoir que Murphy n'aimait pas le chocolat, mais ceux aux fruits lui donnaient déjà l'eau à la bouche, clairement. Murphy fit un pas vers le salon et lança, les gâteaux à la main « ils ont l'air tellement bons ! » avant de refermer la boîte alors qu'elles entraient dans le grand salon Gallagher. « Vas-y assieds toi, tu veux boire un truc ? » proposa t-elle en posant la boîte à gâteaux sur la table. Une fois que Lily lui répondit, la blondinette traversa l'entrée pour rejoindre la cuisine et ouvrit le frigo pour voir ce qu'il y avait de frais. Son père avait fait un jus, avec plein de fruits. « Mon père a fait du jus, ça te dit ? » demanda t-elle en saisissant le pichet bien frais du frigo. La gamine prit aussi deux grands verres et retourna au salon. S'installant à genoux sur le tapis du salon, elle posa ses verres sur la table basse en verre ainsi que le pichet. Elle servit son amie, puis se servit un verre et lança « bon pour les films, j'ai plusieurs options... tu choisiras ce qui te tente le plus. On a de la science-fiction ou un thriller » proposa t-elle en levant les yeux vers Lily. Bien évidemment, elle allait la tester sur Kubrick dès ce soir. Si Lily n'aimait pas du tout Kubrick... ça allait être décisif de leur amitié. Non, bien sûr que non, mais étant donné que Murphy aimait réellement le travail de Stanley Kubrick... elle serait forcément déçue si Lily n'appréciait pas son travail. Elle donna son verra à Lily et saisit le sien au passage pour trinquer « à notre soirée entre meufs » lança t-elle souriante, avant de porter son verre à ses lèvres pour goûter le jus inconnu. Il semblait y avoir du citron et du kiwi... pour le reste, aucune idée, mais c'était bon. Murphy regardait le liquide de son verre, cherchant à en percer les mystères.

Lily avait apparemment déjà vu un Kubrick. Shining. L'un des meilleurs selon la petite blonde. Elle sourit quand elle apprit que son amie l'avait déjà vu. Ce film avait été le tout premier que Murphy avait vu de Kubrick, sans savoir qui était ce réalisateur. Outre le filtre vintage de ce film, dû à son époque de réalisation, ce film était magique. Il ne semblait pas avoir prit une ride et tout semble encore si moderne. C'était d'ailleurs le second choix pour ce soir, mais Lily annonça à son amie vouloir davantage se tourner vers de la science-fiction. Murphy qui lui servait à présent son jus et qui prenait place sur le tapis du salon, hocha la tête et répondit « j'hésitais entre Shining et puis l'autre film, qu'on va sans doute regarder du coup » sourit-elle. Murphy leva son verre vers Lily pour trinquer avec elle et lorsque la jolie blonde lui rappela sa surprise, la petite blonde hésita. En réalité, elle ne voulait pas passer pour une droguée, ni une mauvaise fréquentation. C'était la première fois qu'elle faisait ça et elle savait aussi que l'univers de la drogue faisait peur à pas mal de monde. Elle avait peur que Lily prenne la fuite en voyant le sachet et qu'elles ne se voient plus par la suite. « En fait à la fac, un gars de ma promo m'a refilé un truc... sauf que j'voulais pas faire ça toute seule » commença t-elle à dire en fouillant ses poches à la recherche du pochon. Elle avait placé le sachet dans la poche arrière de son jeans. Le sortant, sous la table, la jeune femme joua un peu avec dans ses mains tout en lançant à Lily « si tu n'as pas envie d'essayer avec moi... enfin... peut-être que tu as déjà essayé... mais si tu veux pas, c'est pas grave hein » lança t-elle avant de lever le sachet à la hauteur de son visage pour le secouer un peu. A l'intérieur, il y avait quelques joints déjà roulés, prêts à être fumés. Murphy attendit donc la réaction de sa nouvelle amie, avec une pointe de stress tout de même. Et si Lily était totalement contre tout ça ? Et si elle quittait la maison fâchée, et qu'elle en parle au père de Murphy ? Il n'y avait rien de trop grave à fumer un joint, pensait la gamine. C'était d'en fumer plusieurs, tous les jours, pendant un long moment qui pouvait être étrange. Mais là encore, n'était-ce pas symptomatique d'un besoin ? D'une envie ? D'un stress ? D'une angoisse ? Murphy avait peur que Lily ne se sente pas à l'aise avec elle, au point de se laisser aller à cette expérience. Parce que la jeune Gallagher voyait ça comme telle. Une expérience, rien de plus, enfin... elle n'en savait rien. Murphy posa le pochon sur la table en verre et ne tarda pas à l'ouvrir. L'odeur n'était pas très forte, étant donné que les joints étaient roulés et le bout fermés, la weed ne pouvait pas se faire sentir ainsi. La jeune fille sortit un joint du bout des doigts et le garda entre ses doigts, l'observant alors en silence. Elle attendait que Lily lui donne la permission, l'autorisation, comme si elle en avait besoin. C'était surtout qu'elle ne voulait pas mettre mal à l'aise son amie et qu'elle ne voulait pas la faire partir en courant.

Ce que Lily pensait de Shining fit rire Murphy, c'était tellement vrai. Murphy trouvait elle aussi que ce film était très moderne pour son époque et qu'il y résonnait comme un écho encore de nos jours. C'était étonnant de voir que deux filles que physiquement, tout appose, se trouve des points communs comme celui-ci. Murphy ne l'aurait jamais imaginé et pourtant, à constater, c'était amusant. Finalement, quand le pochon vint glisser sur la table en verre, qu'elle s'en était saisit d'un et que Lily avait fait la même chose ; Murphy se sentit soulagée. Lily n'avait jamais essayé non plus cette « expérience » comme elles disaient toutes les deux. Elle semblait assez enthousiaste à l'idée de partager ce moment avec elle. Murphy se sentait rassurée, elle se sentait bien moins coupable d'avoir sortit ça de sa poche. Lily lui demanda comment quelqu'un avait pu lui donner ça comme ça. Murphy s'étonna elle-même et répondit « c'est un garçon de mon cours de cinéma... il m'a donné ça discrètement à la fin d'un cours... j'ai pas trop regardé finalement, j'ai mis le truc dans mon sac et puis quand j'ai réalisé ce que c'était... j'étais déjà ici... » et c'était vrai. Le type devait sûrement faire pousser et chercher de nouveaux acheteurs et l'idée de créer de la demande pour pouvoir sauter sur l'offre... c'était bien joué. La petite blonde prit le joint qu'elle tenait entre ses doigts et l'apporta entre ses lèvres. Le même principe qu'une clope, rien de bien compliqué pour apprendre à fumer pour elle. Seulement, elle ajouta tout de même, toujours le joint coincé entre les lèvres « j'crois pas du tout que ça soit un stratagème pour coucher avec moi » sourit-elle alors avant de continuer « j'pense qu'il doit faire pousser et se cherche une clientèle... j'ai pas eu la foi de les jeter en rentrant... j'me suis dit que j'voulais essayer en fait ». Murphy allait saisir le briquet qui était posé sur la table, lorsque Lily s'en empara en première. Elle plaça l'objet devant le joint et la flamme vint en griller les premiers millimètres. La fumée épaisse se mit à apparaître, tandis que Lily était très concentrée sur sa démarche. Toussant la fumée nocive à la première bouffée, Murphy ne pu s'empêcher de sourire de toutes ses dents, rire aurait été malpolie, sûrement. Très vite, la petite Gallagher prit à son tour le briquet pour allumer son joint. S'imaginant fumer une clope, comme elle le faisait parfois, elle ne se serait jamais attendue à une fumée si dense et ce picotement arriver directement le long de sa gorge. Elle aussi, elle se mit à tousser, dispersant alors la fumée devant elle par petite touche. Très vite, leurs regards se croisèrent et Murphy ne pu s'empêcher de rire. Lily expliqua son ressenti et très vite, Murphy lui répondit « ouais, j'm'attendais pas à ça non plus » avant de rire un peu et tout comme Lily, de reprendre une bouffée. Cette fois-ci, elle ne toussa pas et parvint à « avaler » la fumée pour finalement la recracher à son tour. Ses yeux se plissaient lorsqu'elle tirait sur le joint, provoquant une légère grimace. Tout comme Lily, Murphy n'irait pas au delà d'un joint, c'était une évidence. Elle avait même pensé à partager un joint seulement avec Lily, mais lorsqu'elle en avait prit un, elle s'était sentie un peu obligé de faire de même. Les voilà à présent assises sur le sol du salon, sur le tapis, un joint chacune à la main, leurs verres devant elles. Et là, Murphy imagina que son père entre, genre maintenant. Elle ne pu s'empêcher de rire, un rire pas vraiment contenu, pas vraiment fort, même assez ridicule, comme un pouffement finalement. Son père allait la défoncer s'il la voyait en ce moment même. Heureusement qu'il n'en saurait jamais rien, mon dieu !

Lily parlait d'expérience en plus. Il s'agissait d'une expérience de la vie étudiante. Comme d'aller à un parté, de boire de l'alcool, de fumer une cigarette, de faire l'amour. Ce sont des expériences liées à la vie à l'université, c'est plutôt bien connu même. Mais avant d'aller jusqu'à toutes ces étapes, il fallait déjà commencer par les bases. Concernant les garçons, la petite blonde était vraiment à côté de la plaque. Elle n'était jamais sortie avec personne, et n'avait jamais échangé ne serait-ce qu'un baiser. Elle ne savait pas ce que c'était, ni comment ça se passait. Lily ne cessait de tirer sur le joint, ci bien qu'il réduisait à vue d'oeil. Murphy avait entendu dire qu'il fallait prendre son temps pour le fumer, sinon, on pouvait être malade la première fois. Elle n'avait tiré que quelques lattes. Lily avait chaud, elle riait sans arrêt, sans doute pour les mêmes raisons que Murphy : aucunes. Depuis quelques minutes déjà, les deux jolies blondes se prenaient en fou-rires, sans réellement savoir pourquoi -en tous cas pour Murphy. D'ailleurs, pendant que Lily était en train de retirer une couche de vêtement, Murphy tendit le bras pour attraper la télécommande de la chaîne hifi. Elle alluma l'enceinte et en quelques secondes seulement, une musique résonna à l'intérieur de cette maison. Murphy monta le son, fermant les yeux comme si cette grimace lui faisait savourer davantage la mélodie. Il s'agissait de cette chanson. Un son funky, soul, r&b, de la black pop' un peu disco quoi. « J'me sens trop bien moi »répondit-elle à la soudaine chaleur de sa partenaire. La musique parfaite lorsqu'on est défoncé. Murphy commença à danser sans même s'en rendre compte, enfin danser... remuer les épaules tranquillement plutôt. Lily lui posa ensuite une question personnelle. Elle avait bien le droit, après toutes les questions perso qu'elle lui avait posé sur la plage ce soir-là. Sa voisine voulait savoir si elle avait quelqu'un en vue. Et là... quelque chose la troubla. Lily était là, assise, souriante parce qu'elle était défoncée, en tee-shirt, dévoilant ses bras nus. Ses cheveux étaient baignés d'une lumière jaune-orangée, créant une sorte d'aura lumineuse autour d'elle. Ses yeux étaient défoncés oui, donc un peu vitreux, mais il y avait quelque chose qui était émanant d'elle, quelque chose à la fois de fascinant, de beau, d'incompréhensible. Murphy lui sourit, elle était peut-être gênée, elle ne le savait pas. Tirant sur son joint, tranquillement, elle souriait sans s'interrompre. Finalement, regardant la très jolie blonde en face d'elle, elle avoua tel un péché « j'suis jamais... j'ai jamais rien fait avec personne » ne pouvant de retenir de sourire face à son malaise, la jeune femme sourit tout en recrachant sa fumée, au dessus de Lily. Elle ne tarda pas à boire un peu de son jus pour aider la fumée à dégager sa gorge et très vite, posa son joint au dessus du cendrier pour se lever, tendant la main à Lily « on danse » proposa t-elle à la fois comme une obligation et une proposition. Et les deux jeunes femmes se mirent à danser sur cette musique dont la mélodie résonnait à fond dans cette villa toute entière. Elles étaient simplement là, en train de vivre. Le joint procurait cet effet -selon les drogues- du carpe diem. Elles étaient juste en train de vivre, à deux cents pour cent, ce moment.

Lily avait l'air d'aimer elle aussi cette musique. Murphy était contente, parce que cette musique était une des musiques qu'elle préférait. Elle avait le don de lui donner de l'énergie, la pêche, de la motivation et un sourire sur son visage si souvent fermé. Les deux jeunes filles se mirent alors à danser, sans aucune pensée autre que celle de s'amuser pleinement. Murphy remuait les bras, tout en sautillant d'un endroit à un autre, remuant parfois les hanches de façon maladroite, elle ne se privait pas de rire d'elle-même. En temps normal, elle n'aurait jamais fait ça, elle aurait eu trop honte de faire ça, de ce sentiment de liberté que prônait Lily. C'était ça, ne plus être attachée par les dictats, par la peur, par la honte, par quoi que ce soit d'autre. Il n'y avait rien de plus qui comptait que ce moment là, tout simplement. Murphy se sentait comme adoucit, comme totalement en accord avec elle. Comme si la douleur quotidienne de la perte de sa famille s'était soudainement, envolée. C'était la première fois qu'elle n'y pensait plus. C'était étrange, surtout qu'elle ne s'en rendait absolument pas compte. Elle se sentait légère, aérienne et il n'y avait rien contre ça. Elles se mirent à rire ensemble, tandis que Murphy eut une idée. Augmentant encore plus le son, elle prit la main de son amie pour l'entraîner dans sa danse, ou plutôt, sa cadence. Les deux blondes s'amusèrent ainsi jusqu'à la fin de la chanson, et lorsque celle-ci s'arrêta, Murphy se laissa tomber comme une masse sur le canapé. Elle aussi elle avait chaud maintenant. Elle tira un peu sur son col pour se faire de l'air, comme si ce simple geste pouvait l'aider à ce moment-là. Elle se redressa pour prendre un peu de son jus et le boire presque entièrement. « Ah mon dieu ça fait du bien ! » précisa t-elle alors. Elle se leva pour faire le tour de la table basse et très vite, se saisit du joint qu'elle avait déposé un petit peu plus tôt. Le coinçant entre ses lèvres, elle tendit le bras pour attrape le briquet afin de l'allumer de nouveau. La fumée s'échappa lentement, avant qu'elle ne recrache la fumée par la bouche. Elle observait le joint et lança « j'trouve ça plutôt cool en vrai » plissant à moitié les yeux tout en regardant Lily. Elle ne pu s'empêcher de rire à voix haute, comme une gosse. C'était vrai, ce sentiment de liberté était décuplé, et agréable. Doux. La jeune femme fit tomber sa cendre au dessus du cendrier avant de demander à son amie « et toi... tu as quelqu'un ? » d'un ton innocent.

Lily et Murphy étaient sur la même longueur d'onde, ce qui était franchement agréable. De trouver quelqu'un avec qui on se sent bien, qui pense comme soi en règle générale, qui voit et ressent les mêmes choses. Plus forcément besoin de communiquer. C'est juste agréable et encore plus dans cet état de défonce. Parce que se retrouver défoncée avec quelqu'un qui ne l'est pas, ou qui n'est pas dans le même délire... c'est autre chose. Affalées sur le canapé Gallagher, les deux blondinettes commencèrent à discuter. Lily venait de se choisir un muffin et Murphy lui emboîta le pas. Sa main se dirigea automatiquement vers ceux aux fruits. Ils étaient moelleux. Murphy croqua dedans, mettant des miettes partout sur le canapé et sur son tee-shirt. Elle pouffa de rire à nouveau avant de dire « putain comment ils sont trop bons tes muffins Lily ! » la bouche encore pleine du petit gâteau. Elle était hallucinée, elle ne se serait jamais dit que Lily cuisinait aussi bien. Parce qu'il y avait savoir cuisiner, savoir bien cuisiner, et puis être putain de douée dans la cuisine. Lily semblait avoir un vrai don. Dans ces muffins, il y avait quelque chose, une note, un ingrédient que Murphy ne saurait pas deviner, qui faisait la différence. Elle était totalement sous le charme. Alors qu'elle était en train de dévorer son muffin à s'en mordre le bout des doigts par gourmandise, Lily répondit à sa précédente question. Atrocement curieuse sous les effets du joint, Murphy se tourna vers elle la bouche pleine et lança « ah ouais ? Comment il s'appelle ? » lança t-elle automatiquement. Elle ne s'imaginait absolument rien, mais partait du principe que c'était un mec. Probablement suite aux confidences de tout à l'heure. Lily parlait des mecs lourdingues qui la draguaient en boite... Murphy avait donc suivi cette piste là. Finalement, elle en vint se lécher les doigts, mais la sensation d'avoir une bouche pâteuse se fit ressentir, et pour ça, le muffin n'aidait franchement pas. Murphy se leva du canapé pour se diriger vers la cuisine et ouvrit le frigo à la recherche d'un truc à boire. Elle resta bloquée sur ce frigo ouvert devant elle pendant de longues secondes, avant de finalement, prendre la cruche du jus de tout à l'heure. Oh putain, elle ne se rendait même pas compte qu'elle bloquait comme ça. Enfin bon, c'était peut-être un des effets du joint, enfin c'était un effet du joint, voilà tout.

Quand Lily annonça à haute voix qu'il semblait évident que la petite blonde préfère les muffins aux fruits, Murphy sourit, toujours la bouche pleine. « Je déteste le chocolat » avoua t-elle comme un péché prononcé à demi-mots dans une cathédrale. C'était un fait, annoncer ne pas aimer le chocolat dans une génération comme la leur était vu souvent comme un aveux vraiment condamnable. Mais c'était comme ça, et ce depuis toujours. Un homme du quartier... ? Murphy s'étonna soudainement en regardant son amie. Elle essayait de visualiser tous les hommes célibataires de leur rue, mais hormis un p'tit vieux de l'autre côté, veuf depuis dix ans... il ne semblait pas y avoir de célibataire. Sauf... son père. Murphy déglutit. Oh non pas ça. Murphy était en train de tout imaginer dans sa tête, alors que la voix de Lily se fit de nouveau entendre. Elle disait qu'il était marié. A ce mot quasi magique, la petite Gallagher posa sa main à plat sur son cœur et se laissa tomber en criant son soulagement dans le fond du canapé. « Oh putain j'ai eu peur » lança t-elle alors, coupant presque la parole de la joie blonde. « J'ai eu peur que tu parles de mon père » avoua t-elle avant de se mettre à rire. Son père était bien conservé, en tous cas, c'était ce que la plupart des gens lui disaient. Enfin... du peu d'amis qui s'était amené jusqu'ici en fait. Non, mais elle voyait bien comment les femmes regardaient son père dans la rue, elles avaient toutes la langue par terre. Ca n'aurait pas été étonnant que Lily tombe sous son charme. Mais dans le sens inverse... Murphy bloqua. Elle n'avait jamais vu son père avec quelqu'un... et depuis les dernières photos vues sans en avoir le droit, sur le portable de son père... elle avait un doute. Elle pensait qu'il avait quelqu'un... mais tout ça restait assez flou en vérité. Murphy chercha du regard une photo de son père accrochée dans la maison, mais il n'y en avait aucune. Son père détestait ça. Elle soupira et face au discours sincère de son amie, Murphy se redressa un petit peu sur le canapé avant de dire « beh tu n'as rien fait de mal hein » et c'était vrai. « Toi tu es célibataire, j'pense que tu es dans une démarche sincère... mais lui, il est marié, donc de base, il ne fait pas les choses correctement... » pensait-elle à voix haute. « A voir s'il veut quitter sa femme et partir avec toi hein... mais j'crois que dans ce genre de situation... les hommes mariés ne font jamais ça » et elle pensait très fort dans sa tête : ne sois pas cette femme de la nuit, que l'on fait attendre, dont on joue avec les sentiments et qui fini toujours seule, abandonnée et profondément blessée. Mais qui était-elle, Murphy Gallagher pour parler ainsi ? Pour donner des leçons ou des conseils dans un univers dont elle ignorait absolument tout ? « Enfin... j'pense pas que je sois la mieux placée pour te donner des conseils... J'y connais strictement rien » sourit-elle gênée.