twins surprise birthday (noa, kenzo, aoline, lukas & parker)

« Chérie où est le reste des boissons ? » Je commence à angoisser, ça y est. Et Lenny qui pleure sans arrêt depuis quelques jours à cause de ses nouvelles dents qui sont en train de pousser, je suis à deux doigts du burn out. Lukas arrive avec notre fils dans ses bras pour répondre à ma question et je souffle un bon coup. Noa et Kenzo ne vont plus tarder, tout est presque prêt pour leur anniversaire surprise mais j’ai l’impression que quelque chose ne va pas. Je voudrais que tout soit parfait, je ne suis même pas prête. Quelqu’un sonne à la porte et je sens mon coeur s’emballer. Ce ne sont pas les enfants, ils ne prendraient pas la peine de sonner à la porte de leur propre maison. « Je vais ouvrir. » Je trottine jusqu’à la porte d’entrée et l’ouvre à la volée. « Oh mon Dieu Aoline tu tombes bien, j’ai pas encore fini je suis en plein stress ! » Je m’approche de la jeune femme pour la serrer dans mes bras et retourne à la cuisine où se trouve encore Lukas. « Chérie j’te présente Aoline, c’est la… l’amie de Kenzo. » Bien sûr que j’ai parlé d’Aline à Lukas, bien sûr qu’elle en a aussi entendu parler de la bouche de Kenzo, tout le monde sait qui elle est ici, et pourtant je ne veux pas la mettre mal à l’aise. C’est la première fois qu’elle rencontre Lukas d’ailleurs. « Tout est presque prêt, je voulais installer les banderoles et les ballons, pour mettre une jolie ambiance, vous voulez bien vous en charger le temps que je monte me changer avant qu’ils arrivent ? » Un regard sur ma montre et je souffle un peu. « Il devraient arriver d’ici une demi-heure, j’ai regardé la fin de la séance de ciné. Faut pas traîner, je compte sur vous ! » Je récupère Lenny dans les bras de sa mère, plaquant un baiser sur sa tempe. « Viens mon coeur, je te garde avec moi là haut je temps que tout le monde s’active en bas ! » Il galope déjà vite et bien, je voudrais éviter qu’elles aient le petit garçon dans leurs pattes, je préfère autant l’avoir dans les miennes, une porte fermée, j’ai toujours un oeil sur lui au moins. Je le fais sauter dans mes bras jusqu’à l’étage et le pose par terre dans la chambre le temps de me changer et me remaquiller rapidement. Pas questions qu’ils rentrent et que je ne sois pas en bas avec Lukas et Aoline pour les accueillir.

C’est l’anniversaire des Twins et Parker ne tient pas en place. Elle passe d’un endroit à l’autre comme Speedy Gonzales et le tout sur ses talons aiguilles, j’admire. Mon fils ronchon dans les bras, en train de faire ses dents, et à qui je fais tout pour qu’il pense à autre chose, je ne cesse de superviser les opérations pour éviter à sa seconde mère une crise de nerfs. Ça va très vite chez Parker et ce serait dommage de réveiller le dragon PDG de BMW Nouvelle-Zélande, personne n’a envie de voir ça, je vous le promets ! « Chérie où est le reste des boissons ? » « Dans le coffre de la voiture bébé, calme-toi ! On est dans les temps, on souffle. » Je suis pour gérer les choses tranquillement, pas que je ne sois pas speed mais je me dis qu’à courir partout on sera moins efficaces, bien que j’ai conscience de ne pas pouvoir la calmer avant au moins la moitié de la nuit, quand la soirée sera finie. « Et le cadeau de Kenzo, il est où ? » Nous entendons sonner et Parker repart dans son élan d’énergie à 100 à l’heure. « Je vais ouvrir. » Je lui fais signe d’y aller tout en comptant ce dont on a besoin pour la soirée, au moins au niveau de l’alcool. Ca va, ils sont grands ! « Chérie j’te présente Aoline, c’est la… l’amie de Kenzo. » « Oh, bien sûr. Bonjour, bienvenue. Je suis Lukas. La belle-mère. » Changeant mon fils de bras pour faire la bise à l’amie de Kenzo, après tout, autant devenir familières tout de suite et la mettre à l’aise dans cette maison si elle doit venir y voir son petit ami, non ? Mes propre copains craignaient tellement mon père qu’ils me payaient une chambre d’hôtel à 17 ans. « Tout est presque prêt, je voulais installer les banderoles et les ballons, pour mettre une jolie ambiance, vous voulez bien vous en charger le temps que je monte me changer avant qu’ils arrivent ? » « Oui, on va faire ça et toi tu baisses en pression Parker. » Je la vois déjà partir en vrille et se mélanger les pinceaux, elle est adorable mais ça reste une chef d’entreprise, et là, tout le monde le sens. « Il devraient arriver d’ici une demi-heure, j’ai regardé la fin de la séance de ciné. Faut pas traîner, je compte sur vous ! » « Ce sera prêt… » Je soupire, comme une gamine à qui on dit de se bouger pour ranger sa chambre alors que l’intention n’y est absolument pas. Et elle me retire même mon fils des bras ! « Viens mon coeur, je te garde avec moi là haut je temps que tout le monde s’active en bas ! » « Mais t’es qu’une tortionnaire en fait ! » Je la laisse monter, parce que ça fera du bien à tout le monde. Je lance un regard à Aoline, souffle un grand coup et sourit. « Une fois détendue elle est adorable. » Je ris légèrement et sors les banderoles de leurs sachets. « Laquelle on met ? Je crois que Parker a tout pris en triple. » Ils sont adultes et je ne suis même pas sûre qu’ils soient fans des ballons… Mais l’intention y est, c’est déjà ça !

Et hop ! Encore une robe qui vole à travers la pièce. Je soupire. Ma chambre ressemble à Bagdad, c'est horrible. Cela doit bien faire une heure que je cherche quoi porter. River est partie depuis quelques semaines à présent, et je me retrouve seule dans cette grande villa. Du coup, j’ai deux chambres de libre et je me dis que je devrais peut-être me trouver au moins une colocataire. Pas pour le loyer, mes parents m’ont donné suffisamment pour subvenir à mes besoins, mais pour la compagnie. Ne plus être seule. Ou alors je déménage. Tandis que je me perds en digression, l’heure tourne. Allez Line, faut que tu te bouges ! J’opte pour une tenue simple, une robe bleu clair et une paire de chaussures compensées. Il faut tout de même que je dois à l’aise pour me déplacer. Très peu de maquillage et mes cheveux détachés feront l’affaire. Je descends et récupère mes précieux sésames. Qui dit anniversaire dit cadeaux. J’ai essayé de taper juste mais ce n’est pas toujours évident. Mes clés en main, je me dirige vers leur villa. Je me souviens de ma dernière visite, elle avait mieux terminé qu’elle n’avait commencé. Entre temps, il s’en était passé des choses. Une fois à la porte, je sonne et cette dernière ne tarde pas à s’ouvrir. Madame Lane se tient dans l’encadrement «  Oh mon Dieu Aoline tu tombes bien, j’ai pas encore fini je suis en plein stress ! » Je lui souris et lui rends son étreinte avant de la suivre bien sagement. Elle me présente Lukas, que je prends le temps de saluer « Bonjour Lukas, enchantée, et salut toi » Lenny se trouve dans les bras de la jeune femme, et je dois bien avouer qu’il est craquant. Je deviens alors spectatrice de l’échange entre Madame Lane et sa femme et je ne peux m’empêcher de sourire. Elle veut que tout soit parfait pour ses enfants. Elle finit par monter avec son fils tout en nous donnant quelques consignes de dernière minute. Le calme se fait dans la pièce et Lukas ironise. Je me mets à rire « Oui c’est vrai. Avant de commencer, je pose ça où ? » Je désigne le paquet pour Kenzo et l’enveloppe pour Noa. J’espère simplement que ça leur plaira. Lukas m’indique la table juste derrière moi. « Laquelle on met ? Je crois que Parker a tout pris en triple. » Je souris. L’avantage c’est que la villa est grande, donc techniquement il y a de quoi faire. Après, vu la quantité présente, je me dis qu’on risque de ne plus rien y voir si on accroche tout. J’attrape le paquet de ballon, prête à donner des poumons « On peut se répartir les tâches, ça ira plus vite. Pour les guirlandes, on voit au fur et à mesure quitte à prévoir un temps pour ajuster si Madame Lane pense qu’il en faut plus. » Je m’active à gonfler les ballons le plus vite possible et les disperse un peu partout dans la pièce. J’en accroche au mur histoire qu’on ne prenne pas trop les pieds dedans. Le résultat n’est pas si mal. Comme si elle l’avait senti, la maitresse de maison nous rejoint. Verdict ?

J’ai choisi le film. Le mega film du moment. Black Panther. Nous y allons ensemble, nous l’avons déjà vu tous les deux de notre côté alors pas de risque de me faire spoiler sur quoique que ce soit. J’avais vraiment envie de le revoir avec mon frère. Et puis on avait prévu de se faire une toile après nos aventures-aveux “sentimenthàleauderose”, de l’action sur grand écran ça nettoie du stress subi, c’est parfait. Séance de 17 heures. Je pensais qu’il y aurait moins de monde, mais pas du tout, la salle s’est remplie. Mon voisin de droite s’empiffre de pop-corn depuis qu’il s’est assis et s’empare les accoudoirs du fauteuil comme s’il était seul au monde. On a même eu un échange digne d’un court de tennis avec la manche de sa veste qu’il a étalée plus de mon côté que du sien. S’il me pourrit le film, je sens que ma bouteille d’eau va se déverser malencontreusement sur une partie de son anatomie que je n’aurai absolument pas visée. Kenzo se trémousse sur son siège, inutile de regarder l’écran pour savoir ce qui se passe. Je sais exactement à quel moment on est de l’action. Cela me fait sourire. J’en ai bien besoin. Horriblement besoin. Parce que depuis quelques temps, ma vie c’est de la merde. C’est loin de s’arranger depuis l’enlèvement. On peut dire qu’il n’y a qu’un seul et unique point positif, Leeth. Le reste, c’est aïe ! aïe ! aïe !

Voilà près d’un mois que je fais en sorte d’éviter Lukas. Est-ce que le flic du squat lui a parlé ? Gros mystère. Je ne sais pas si je dois chercher à l’élucider. Je n’ai pas envie de l’affronter. Si elle sait, est-ce que maman est au courant, lui en a-telle parlé ? Le fait d’habiter dans la pool house m’arrange énormément, je passe moins de temps à la maison. Quoiqu’en fait pas vraiment. C’est la cuisine qui est le lieu que j’occupe le plus. Je me suis mise à prendre des cours pour lui mitonner des petits plats. Heureusement que je n’en parle à personne, ça tient du délire. “Lui”, c’est Connor. Entretenir une relation culinaire avec un ex qui m’a broyé le coeur en son temps alors qu’un autre le fait vibrer actuellement. Merveilleuse idée n’est-ce pas ? J’ai une raison. Une sacrée raison ! Mais... plus je le côtoie, plus j’ai du mal à savoir si c’est une bonne idée. Ah et puis cerise sur le gâteau, je n’ai plus de job. Mon remplacement chez Prime TV est fini ! Alors la séance ciné, c’est que du bonheur. Même les ronchonnements de Kenzo quand une scène ne lui convient pas sont plaisants. Je ne sais pas si cette sortie à deux c’est mon cadeau d’anniv pour mon frère ou l’inverse. Je crois que c’est lui qui m’offre un merveilleux moment. J’ai même réussi à supporter mon voisin jusqu’au moment où il s’est levé pile avant la première scène post-générique. — Oups ! Désolée. Un petit baptême à l’eau minérale n’a jamais tué personne, mais ça fait tellement de bien quand c’est soit-même qui tient la bouteille.

J’ai l’impression que tout manque, que tout ne sera pas prêt quand les enfants rentreront. Je veux que tout soit parfait, comme à mon habitude. Ce ne serait pas du tout ‘moi’ que de laisser les autres faire sans donner mes directives, ou même sans vérifier que tout soit exactement comme je l’ai décidé. Lukas essaie d’atténuer cette partie de moi, elle y arrive plutôt pas mal, je suis moins rigide qu’il y a quelques années, et c’est les enfants qui en sont les plus heureux, je crois. Une fois dans ma chambre, je me change pour enfiler quelque chose d’à la fois élégant et décontracté, j’opte pour une robe claire légèrement fleurie, Lukas l’adore. Je garde un oeil sur Lenny qui gambade dans la chambre à la recherche d’une bêtise à faire, et cette vision me détend. Je reprends dans mes bras mon petit crapaud et redescends pour voir où en sont les préparatifs. Aoline et Lukas ont très bien travaillé. « C’est parfait, merci beaucoup ! » Je gagatise légèrement avec Lenny qui a envie d’attraper les ballons et, je le remets dans les bras de Lukas avant d’aller chercher les cadeaux. Emballés tous les deux dans un immense carton rempli de billes de polystyrène. A l’intérieur, une petite boîte pour Noa, renfermant une clé de voiture flambant neuve, et une enveloppe pour Kenzo, avec à l’intérieur deux billets pour une voyage de 10 jours au Japon, à partager avec la personne de son choix. J’espère que nous avons bien choisi, je suis maintenant aussi stressée qu’impatiente de les voir arriver. Tout est prêt, je fais le tour de la maison pendant qu’Aoline guête la venue des jumeaux. Et quand enfin ils arrivent, je trépigne. La poignée de porte s’abaisse, et lorsque la porte s’ouvre, nous crions tous ensemble un joyeux « SURPRIIIIIIIISE ! » Ils s’y attendaient sans doute, mais l’attention est là, n’est-ce pas le plus important ?

Parker peut être fière de nous, nous avons rendu le salon digne d’un anniversaire de haut rang ! Je me dis quand même que les ballons c’est un peu trop, ils sont grands maintenant, adultes même. Ils ont des relations sexuelles, c’est ce que je tente de faire comprendre à ma femme qui refuse de se dire que leur adolescence est terminée. Mais si, Kenzo a une petite amie, charmante au demeurant et Noa a des histoires dont elle ne parle plus à sa mère depuis un moment ! Mais c’est plutôt bien au final qu’elle ait son jardin secret, tout n’est pas bon à dire à sa mère. Elle me le dit à moi, ça suffit !
Une fois la pièce rendue comme elle l’entendait, elle nous rejoint dans le salon avec Lenny, qui gazouille une fois de plus en regardant tout autour de lui pour voir ce qu’il serait susceptible de chopper en premier. Pas de bêtise tout de suite mon fils ! « C’est parfait, merci beaucoup ! » « Maman est contente ! On va prier je ne sais qui, mais on va le remercier. Maintenant je vais me préparer et toi aussi mon fils, let’s go. » Je prends Lenny dans mes bras, embrasse Parker au passage et monte prendre une douche rapide en laissant mon fils dans son parc, sur sa couverture d’éveil.
J’enfile mon jean le moins troué, une chemise blanche et bleue, ainsi qu’une paire de Converses blanches, classe sans trop l’être.
J’use de mon pouvoir à être seule à l’habiller pour enfiler à mon fils son petit body ACDC et un jean à la mode, avec une paire de baskets factices. Une fois prêt lui aussi, nous descendons tous les deux pour finir de préparer les derniers détails, quand enfin la porte s’ouvre… « SURPRIIIIIIIISE ! » Lenny se met à rire, et je prends un malin plaisir à voir la surprise se lire dans leurs yeux. Je m’approche des jumeaux pour les embrasser. « Désolée pour les ballons, j’ai rien pu faire contre la brigade Parker… mais j’ai tenté. »

Madame Lane souhaite que tout se passe bien et soit parfait pour ses enfants, ce que je peux comprendre. Alors lorsqu'elle décide de nous confier la décoration, je prends la tâche très au sérieux. Lukas et moi nous mettons au travail afin que tout soit terminé dans les temps. Après s'être débattue avec les ballons et les guirlandes, la maitresse de maison nous rejoint. Sa femme s'éclipse quelques minutes pour se changer et je contemple le salon. Le résultat n'est pas si mal. Je trépigne d'impatience à l'idée de voir Kenzo mais je suis plus sur la réserve en ce qui concerne Noa. Je me doute qu'elle ne sera pas très ravie de me voir, surtout qu'elle comprendra qui je suis pour son frère. C'est d'ailleurs la raison qui m'a poussé, à la fin de notre première rencontre, de l'adresser à un confrère. Le conflit d'intérêt est trop important. Je chasse rapidement ses pensées. Tout le monde s'agglutine dans le salon pour les accueillir et lorsque la porte s'ouvre « SURPRIIIIIIIISE ! » Ils devaient s'attendre à quelque chose, mais pas à ça. J'attends patiemment qu'ils se saluent puis m'avance timidement vers Kenzo. Je dépose un léger baiser sur ses lèvres « bon anniversaire ! » Je me tourne vers Noa. A son expression, je constate qu'elle m'a reconnu mais je sais aussi qu'elle évitera un esclandre. Sa famille n'est pas au courant de ce qui s'est passé et je ne suis pas certaine que ce soit le bon moment. Je tends la main vers elle « Bonjour Noa, Aoline enchantée. » Elle la saisit. Bon, c'est parti !

C'est une blague ! On est entré dans la quatrième dimension en franchissant la porte de la maison ! Je rembobine ! Tout a commencé par une séance ciné parfaite. Un petit accrochage à la fin mais qui s'est soldé par le départ du connard assis à côté de moi. La classe mon frangin pour faire fuir le type, ça lui va bien d'être amoureux. Une discussion avec Kenzo autour du film, le scénario, les acteurs, les multiples sous-entendus et clins d'oeil ainsi que les écueils évités, alors que nous revenons tranquillement en vélo. L'entrée et la tant attendue "surprise" comme tous les ans. Jusque-là le classique bonheur de nos anniversaires, ballons et guirlandes comprises. Là où on commence a avoir une différence avec le schéma classique de ce jour festif et familial, c'est quand une jeune femme embrasse mon frère. Bon on est tous au courant qu'il y a une demoiselle dans sa vie. Mais celle-ci ! N'importe laquelle mais pas celle-ci ! A mon regard noir posé sur elle, «Mademoiselle Sandersen» n'aura pas besoin de ses talents de psy pour comprendre que je n'apprécie pas du tout la situation. Quoi ? On fait comme si de rien était ? Elle me tend la main en se présentant. Je lui rentre dans le lard tout de suite ou j'attends un peu ? Oh ! Cette fois j'ai droit à son prénom, ben voyons ! Je prends une grande inspiration et me décide à mettre ma main dans la sienne. — Oui bien sûr, tu sais exactement qui je suis... Aoline. J'insiste sur son prénom. C'est froid et cinglant alors que je serre mes doigts sur sa main un peu plus fort que raisonnablement, un peu plus longtemps que normalement. Je la lâche pour m'éloigner et prendre dans mes bras mon petit frère. J'ai besoin d'un câlin d'un être pur et innocent. A cette instant précis, j'ai l'impression qu'il n'y a que lui à l'être ici. Je suis en train de perdre toute confiance en chacun à cause de cette sensation d'être engluée dans un plan machiavélique. — Tu préfères lesquels, Lenny ? Les ballons jaunes, les verts, les bleus ? Les rouges, ils sont pour moi. On va se faire un super concours d'explosion de ballons toi et moi. On laisse les grands entre eux, à manigancer leurs histoires de grandes personnes. Je le soulève pour qu'il saisisse un jaune bien dodu. — On attend après le gâteau, quand on aura soufflé les bougies. Ça fera plein de boum comme un feu d'artifice mais sans les lumières. Encore que... j'ai plein d'étincelles devant les yeux. Je blottie mon visage sur le ventre de Lenny qui joue avec son ballon et rit généreusement.

Je crois que je vais devoir apprendre à voir grandir mes enfants, j’ai encore l’impression qu’ils ont sept ou huit ans. A l’époque, ce genre de petite surprise les faisait sauter au plafond, mais là, ce n’est plus véritablement le cas. Seul Kenzo semble touché par cette attention, en revanche, Noa elle, fait assez bien comprendre de par ses expressions de visage que quelque chose ne va pas. Mais quoi ? Depuis notre discussion toutes les deux dans le salon où elle s’est confiée à moi, je n’ai plus vraiment eu de nouvelles d’elle, elle ne me parle que par intermittence, tout comme sa présence ici d’ailleurs. Je ne peux m’empêcher de sourire envoyant Aoline et Kenzo échanger un timide baiser et je tourne la tête pour sourire à Lukas qui de ce fait, vient de comprendre ce qui lie les deux jeunes adultes. J’ignore cependant ce qu’il se passe entre Noa et Aoline, mais quelque chose cloche. Pourtant, je préfère ne pas mettre les pieds dans le plat maintenant. Ma fille vient prendre son petit frère dans ses bras et comment à lui parler, la fin de sa phrase me fait pourtant grimacer. « On laisse les grands entre eux, à manigancer leurs histoires de grandes personnes. » Kenzo s’oppose à l’explosion des ballons et file chercher son appareil photo pendant que je me saisis tendrement de la main de Lukas qui est désormais libre de la présence de notre bébé. Je plaque un baiser sur sa joue, plutôt heureuse de voir que notre surprise ne semble pas être tombée à l’eau. Mais c’est plus fort que moi et je regarde Aoline, puis Noa pendant que Kenzo n’est pas là. « C’est la première fois que vous vous rencontrez ? » Je ne veux pas gâcher la fête, mais je voudrais surtout qu’il n’y ait aucun malaise. Sauf que ça, je ne peux pas le contrôler.

Je sais que Parker fait tout ce qu’elle peut pour se persuader que son fils est encore un bébé. Si nous sommes au courant depuis longtemps des pratiques de Noa avec les garçons (que je pratiquais moi aussi, ainsi que sa mère, plus que largement au même âge), concernant Kenzo, c’est différent. C’est le jeune homme poli, attentif et présent, très immature affectivement qui nous rassure sur notre condition et notre besoin de câlins, qu’ils ne veulent plus faire à leur âge. Ils sont adultes et presque indépendants, ils le pourraient, même si le cocon familial est rassurant. Mais le prendre en pleine tête fait un drôle de choc à Parker. Je fais la maligne mais quand mon fils viendra à embrasser sa première petite amie devant moi… ! Ca me fera tout autrement rire. Mais je trouve Aoline très douce et tout à fait comme il faut pour un jeune homme comme Kenzo, qui, je le sais, dois se conduire comme un parfait gentleman. C’est même presque étonnant de voir à quel point il peut être gentil avec les femmes sans avoir eu le moindre modèle masculin. « Ne donne pas de mauvaises habitudes à ton frère toi, tu viendras pas te plaindre quand il éclatera tout ce qu’il trouve pour voir si ça fait le même bruit. » Menaçant ironiquement ma belle-fille, avec qui je suis très complice. Elle a tout un stock de conneries à apprendre à mon fils, je le sais, mais c’est son rôle…
Seulement quand en on vient à parler de son frère et de sa petite amie, en tout cas quand elle a à lui adresser la parole, Noa devient tout à coup beaucoup moins courtoise. Et je soupçonne une histoire de jalousie. Je ne supportais pas que les filles s’approchent de mon frère et pourtant Dieu sait s’il a pu en ramasser et en ramasse encore. Ce qui n’est pas le cas de Kenzo qui est plutôt d’un parti amoureux. « C’est la première fois que vous vous rencontrez ? » Je pose une main sur la main de Parker. Je ne suis pas sûre que Noa appércie beaucoup les questions et encore moins ce soir. « Bon, on mange un bout ? » Mon estomac me rappelle et Lenny commence à s’agiter, rattrapé lui aussi par son estomac. Il est toujours en train de me rappeler que c’est un estomac sur pattes ! Kenzo ne devrait pas tarder à revenir avec l’appareil photo et quand il apparaît en bas des escaliers je lui lance un regard pour le rassurer. Qu’il ne panique pas, on va se débrouiller pour apaiser les tensions. Mais qu’il me raconte tout une fois la fête finie !

Les jumeaux sont enfin arrivés ! Kenzo affiche une mine radieuse et je ne peux m’empêcher de sourire face à son expression. Noa en revanche, perd de sa superbe en m’apercevant. Je sens que cette situation va être complexe. Elle insiste sur mon prénom et me serre la main plus longtemps que de raison. Bon, ça va être sympa mais comment lui en vouloir ? Je comprends sa réaction. J’espère juste qu’en temps voulu, elle comprendra que je cherchais à l’aider. Son frère s’approche de moi et me prend la main. Je constate qu’il est un peu plus facile pour nous d’être ensemble, de se tenir la main, s’embrasser. Toutes ces petites choses que les gens trouvent aisées mais qui n’ont pas été naturelles immédiatement pour Kenzo et moi. A présent, c’est instinctif. Je me surprends moi-même à chercher sa compagnie, ou son contact lorsqu’il est dans la même pièce. Enfin même quand il n’est pas là à vrai dire. Il me complimente et je rougis légèrement. Ça par contre, je ne suis pas certaine de m’y habituer un jour. « merci. Je suis contente que la surprise te plaise. » Et avant même que je n’ai le temps de protester, Kenzo m’entraine aux côtés de sa jumelle et ses mamans. Si me retrouver auprès de madame Lane et Lukas ne me dérange en rien, pour Noa c’est différent. Je ne veux pas gâcher la fête, même si quelque part j’aurais dû m’attendre à ce résultat. La question fatidique tombe. J’essaie de rester le plus impassible possible et j’évite également de me tourner vers la jeune femme. Non pas par peur ou autre, mais plutôt parce que ce sujet est sensible pour elle. Si je réfléchis en tant que psychologue, je dois respecter la déontologie et ne rien révéler. Mais c’est en tant qu’être humain que je pense, malgré ce qu’elle doit penser de moi actuellement qui me pousse à ne rien dire. Ce n’est pas mon secret, ce ne sont pas mes sentiments. Il m’a fallu des années avant d’assimiler et assumer ce qu’il m’était arrivée. Alors je ne souhaite pas la forcer. Lukas nous sauve la mise en proposant d’attaquer le gâteau. Je pourrais l’embrasser ! Kenzo nous rejoint enfin et je ne peux m’empêcher de me sentir soulagée. Je lui pique l’appareil en souriant. C’est son anniversaire et compte-tenu de tout ce qu’il se passe, je crois que je ne me sentirais pas à ma place en posant avec eux « Va avec ta famille, je vais prendre la photo » Heureusement qu’il ne s’agit pas d’un téléphone, sinon on en avait pour deux heures. Je vois que Noa fait un effort pour sourire mais je reste concentrée. « A trois. Un … deux … trois … cheese ! »

Lukas ! Si elle n’existait pas, ce serait... un monde d’horreurs dans lequel nous nous agiterions. Sa remarque me dessine un sourire que je ne parviens pas à bloquer au milieu de cette situation qui n’a rien de joyeuse. Je me mets à imaginer Lenny en train de crever les pneus des voitures pour écouter le son qui en sort. Il faudra que je lui explique quels véhicules il faut éviter s’il ne veut pas se retrouver à l’hôpital les quatre membres dans le plâtre. Lukas et le gâteau ! Ça aussi c’est le genre de choses qui allège l’atmosphère. Là ce n’est pas l’avenir mais les souvenirs de nos anciens anniversaires qui me reviennent. Complices. A trois. A quatre. A se chiper joyeusement les dernières miettes du traditionnel gâteau d’anniversaire. Lukas, heureusement ! Parce que mon frère veut une photo de famille et qu’il me colle à côté de la seule personne que je n’ai pas envie de voir de près ! Ça me bouffe. Parce que maman, elle, a la phrase qui tue ! Je serre les poings. Je serre les dents. Je crois que c’est le pire anniversaire de ma vie. Personne n’a répondu à la question de ma mère. Faut reconnaitre qu’Aoline a un minimum de tact. Sauvées par le retour de mon frère armé de son appareil photo, par la main que Lukas a posé sur celle de maman. Ceci dit, je la sais suffisant impliquée dans nos vies pour se rendre compte qu’il y a un soucis et tenter d’en connaitre le fond, comme toute mère. Je la comprends, surtout maintenant qu’il y a Lenny. Je comprends la fragilité d’un petit enfant et quand c’est le sien, la louve protectrice montre ses crocs. Lenny n’est que mon frère mais il fait ressortir des sensations... Diable, cette image de Leeth, moi et... Leeth père ? Je crois que j’aurais plus vite fait le chemin jusqu’à la maternité que lui, si tant est qu’il le fasse un jour. L’image m’aide à sortir un sourire pour la photo, même crispé, c’est un sourire. Alors que Lenny tente un grand écart des bras entre Lukas et moi, je passe mes doigts entre ceux de Kenzo qui est venu poser près de moi. J’espère que ce ne sera pas notre dernier moment complice lui est moi, parce qu'il y a une personne qui n'est pas la bienvenue entre nous. Quand la photo est prise, je m’approche de Lukas pour que Lenny achève son transfert de haute voltige et pour poser un baiser sur sa joue. Je n’ai pas d’explication plus qu’une autre, c’est un besoin. Ma façon de lui communiquer que si la soirée se passe mal je compte sur elle pour être là pour ma mère et mon frère. — Gâteau tu as dit. Premier arrivé, premier servi. Je prends une grande inspiration à la recherche d’un peu de sérénité. Ouais, y’en a pas.