twins surprise birthday (noa, kenzo, aoline, lukas & parker)

Je sens la main de Lukas se poser sur la mienne l’instant suivant ma question. Je vois bien le regard de Noa, je connais ma fille, elle tient de moi sur bon nombre de points et si elle peut réussir à planquer ce qu’elle ressent vis à vis des autres, avec moi, ça ne marche pas. La présence d’Aoline n’est pas la bienvenue pour Noa, et je finirai par savoir pourquoi. Il n’est pas question que les réunions de famille se détériorent parce qu’il y a des non dits, ou des différends entre Noa et la petite amie de Kenzo. Il a l’air amoureux, j’espère qu’elle l’est aussi, je ne voudrais surtout pas que tout tombe à l’eau pour des querelles ou des enfantillages. Je ne connais pas encore les tenants et aboutissants, mais j’y veillerai très prochainement. en attendant, Aoline prend la photo et une fois fait, nous nous dirigeons vers la table de la salle à manger pour déguster le gâteau. Les jumeaux n’ont pas tout à fait les mêmes goûts et ce n’est pas toujours facile de trouver un gâteau qui leur plaise à tous les deux, mais celui-ci est leur préféré, je le sais, ce n’est pas pour rien que c’est celui de leur anniversaire, depuis de longues années déjà. Tout le monde autour de la table, Kenzo sert le gâteau en partageant équitablement les petites fioritures qui rendent la pâtisserie plus festive, et chacun peut alors commencer à le déguster. Je regarde Lenny passer de bras en bras avec le sourire, et je me rassure en voyant que malgré les querelles sous-jacentes, la petite fête a l’air d’être sauvée. « Je crois que c’est le moment des cadeaux ! » Je me lève avec une pointe d’excitation, en espérant que leur cadeaux leur plaise, même si je n’en doute pas vraiment.« Chérie tu viens m’aider ? » Je tends la main à Lukas qui soit se faire violence pour quitter sa part de gâteau pas terminée. Elle a peut-être peur que Noa finisse sa part une fois le dos tourné. Je récupère la main de ma femme et nous quittons la table pour aller chercher les deux gros cartons remplis de polystyrène dans le garage. Le garage, c’est là aussi où est garée la voiture de Noa, garage bien scellé à clé, personne n’a pu voir la surprise avant aujourd’hui. Dans le gros carton de Kenzo se trouve une enveloppe avec deux billets aller/retour pour Tokyo, et dans le carton de Noa, une petite boîte avec à l’intérieur un trousseau de clé avec celle du garage et celle de la voiture. Nous revenons dans la salle à manger avec Lukas et les deux gros cartons que nous posons sur la table. « Et voilà. A vous de choisir lequel, il y en a un pour chacun, et pas d’inquiétude, si vous tombez pas sur le bon, vous pourrez échanger ! Joyeux anniversaire mes amours. » C’est mieux oui. Il y a marqué le prénom de Kenzo sur l’enveloppe et celui de Noa sur la petite boîte. Pas de risque de se tromper.

HJ:

Je pense sincèrement que nous ne sommes pas en mesure de prendre la considération de toute la situation. Les gamins savent quelque chose qui nous dépasse fortement et je ne laisse pas une heure à Parker pour s’énerver de tout ça. Ne pas tout contrôler la rend dingue, encore qu’elle ait tendance à ne pas supporter ce qu’elle ne peut pas empêcher. Comme voir Kenzo coincé entre deux sentiments. Le plaisir de retrouver sa petite amie à son anniversaire et celui de faire de la peine à sa sœur. Sa moitié. Même s’ils se disputent, Kenzo et Noa sont deux parties d’un tout qu’on ne pourra jamais vraiment comprendre. Mais j’en ai pris mon parti, Parker, je ne suis pas encore certaine. Encore qu’elle est dans leurs confidences, un peu plus que n’importe qui, de par son statut de mère. Noa a tendance à vouloir l’épargner et me confie beaucoup de choses à moi, que je garde entre nous, selon son bon vouloir. Elle sort d’une épreuve on ne peut plus éprouvante et je m’en voudrais jusqu’à la fin de mes jours de ne pas avoir su anticiper, ni même lui épargner tout ça.

Le moment tant attendu, le gâteau. Et je ne me fais pas prier pour prendre une part un peu plus grande que la moyenne. Je me jette dessus, et c’est ce moment-là que choisi ma femme pour me demander de l’aide… « Chérie tu viens m’aider ? » Je lui lance un regard façon t’abuses ! Elle le comprend tout de suite mais me fait signe que c’est important. Alors à regrets je laisse ma part de gâteau dans un coin, et la suit. Je sais qu’elle veut surtout éviter de se mêler de l’affaire des jeunes, et une fois que nous attrapons les cadeaux, je lui confie assez bas pour ne pas risquer de nous faire entendre : « C’est une histoire de nanas, un truc auquel on n’est pas censé comprendre quoi que ce soit. Mais si Kenzo avait besoin de conseil, il nous le demanderait. Alors tu poses pas de questions tant qu’il ne te demande rien. Et Noa, on a intérêt à veiller à ce qu’elle n’étripe pas la copine de son frère. Mais pour le moment je trouve que ça se passe plutôt bien. »
Nous apportons les deux cadeaux au milieu du salon. Parker est on ne peut plus fière.  « Et voilà. A vous de choisir lequel, il y en a un pour chacun, et pas d’inquiétude, si vous tombez pas sur le bon, vous pourrez échanger ! Joyeux anniversaire mes amours. » Je me colle à ma femme, les laissant découvrir leurs cadeaux respectifs. Je sais qu’elle aura tapé juste, comme à chaque fois qu’elle veut leur faire plaisir. Si Parker a parfois des airs de mère un peu distante, froide, en tout cas de femme froide, elle n’en n’est pour autant rien d’autre qu’une mère poule. Comme moi qui récupère mon fils dans mes bras, tout en profitant du spectacle des jumeaux découvrant leur graal.

Spoiler:

J’évite la photo de famille, pour le coup, je ne me sens pas à ma place. Je crois qu’il va falloir que je règle cette histoire avec Noa. Mais j’ignore comment m’y prendre. J’ai conscience d’être en faute d’un point de vue déontologique. Je la connaissais lorsqu’elle a passé la porte de mon bureau. Enfin, je savais qui elle était. Cette situation pourrait dégénérer rapidement. Madame Lane et Lukas ne sont pas idiotes. Bien au contraire. Si bien qu’on nous demande si Noa et moi nous sommes déjà rencontrées. Mais sa femme nous sauve la mise. J’essaie de masquer mon soulagement le mieux possible. C’est plus difficile que prévu. Nous nous installons pour manger le gâteau. Kenzo, fidèle à lui-même se tâche. Sa maladresse me fera toujours rire. Il s’éclipse le temps de se changer. Il revient rapidement et se réinstalle à côté de moi. Je sens bien qu’il m’observe. Je tourne la tête vers lui et me mets aussitôt à rougir. Lorsqu’il me regarde ainsi, j’ai l’impression d’être la seule personne présente dans la pièce. Finalement, le moment des cadeaux arrive. Nous nous retrouvons entre enfants quelques instants. Je me demande si Kenzo perçoit mon malaise et les regards assassins que je devine de la part de Noa. Bien vite, les jumeaux se retrouvent avec leurs paquets dans les mains. La joie de mon petit ami me ferait presque oublier la complexité de ce moment. Je me lève et pose les cadeaux que j’ai choisi pour eux sur la table. Ils auront tout le temps de les ouvrir après. Mon téléphone vibre. Un coup d’œil sur l’écran. Le boulot. Je suis tentée de l’ignorer mais on ne m’appelle jamais le week-end. « Excusez-moi, je dois répondre, c’est le travail. » Je m’éloigne et me dirige vers la salle de bain. Je serai tranquille et je ne dérangerai pas les autres. J’ai le temps de décrocher avant qu’il ne soit trop tard. « allô ? » C’est l’un des inspecteurs. Il m’explique son problème et je l’écoute attentivement. Je ne veux pas paraitre expéditive, mais j’entends les autres s’exclamer. Visiblement les cadeaux ont été découverts. « Ça marche. Passe me voir lundi matin, je jetterai un coup. » Je me demande si un jour je serai amenée à travailler avec Lukas. Qui sait ? Je raccroche et m’apprête de retourner avec les autres. Mais le destin en décide autrement. Noa se tient devant moi et elle n’est clairement pas contente. Bien, j’imagine que le moment de vérité est venu. Je regarde la porte, qu’elle ferme. Au moins nous aurons un peu d’intimité. « Je ne vais pas me chercher d’excuses, il n’y en a pas. Tu te sens trahie et je ne peux pas t’en vouloir. Je tiens cependant à ce que tu saches que tout ce que j’ai pu te dire est la vérité. » Ce que j’ai partagé avec elle venait de mon histoire, et il est important qu’elle le sache. « Lorsque Jax est venu me voir, il n’a jamais cité ton nom. Il m’a expliqué ce qui s’était passé et je n’ai eu le dossier en main qu’au dernier moment. Le jour où tu es venue me voir. Je n’ai jamais cherché à te piéger. » J’aimerais parvenir à lui faire comprendre que je ne pensais pas à mal. Elle a vécu quelque chose de traumatisant et c’est également mon cas. Je voulais l’aider, mais je m’y suis très mal prise. « Je pensais pouvoir t’apporter mon aide. Tu ne me fais pas confiance et je le comprends. Mais je ne voulais pas te blesser »

L’instant cadeau est arrivé. Kenzo et moi sommes grands, mais maman et Lukas trouve toujours moyen de nous offrir le truc qui convient parfaitement. Cadeau agrémenté d’un petit jeu surprise, lequel est pour mon frère, lequel est pour moi. Aoline a prévu aussi des cadeaux pour nous deux. Ma respiration s’arrête. Comment peut-elle m’offrir quelque chose après ce qui s’est passée entre nous ? Un cadeau en guise de calumet de la paix ? Du grand n'importe quoi ! On va éviter de trop laisser le monde cogiter, je prends un des paquets familiales et le secoue légèrement. — Pas fragile j’espère. On se cale mon frère et moi pour ouvrir en même temps, sinon ce ne serait pas drôle. Et découvrir une enveloppe à son nom et une clé. Je lève la tête vers Lukas. Je me souviens de la conversation qu’on a eu dans le parc, il y a quelque temps. Je lui avais parlé des réparations sur ma Mustang. Le logo sur le porte-clé ne laisse pas de doute, une BMW ! Même sans voir le modèle, je sais que ce ne sera pas une caisse à savon passer entre une dizaine de mains. Je m’approche de ma mère pour passer mon bras au-dessus de son épaule et l’enlacer. — Merci. C’est trop. Je suis sûre qu’elle est trop bien pour moi. Je vais devoir frimer comme une malade pour la mettre en valeur et me trouver le job d’enfer qui va avec. J’ai à peine lâché ma mère que Lukas a droit au même gros câlin. — Tu l’as essayée ? Elle ronronne bien ? Notre complicité passe par la promesse que je lui ai faite à l’époque de cette discussion sur le premier salaire, lui laisser faire le tour du pâté de maisons avec ce “joli joujou”. Alors si elle l’a fait, j’ai toute confiance, j’attends son verdict sur la tenue de route.

Il reste les cadeaux d’Aoline sur la table. Je ne doute pas de la joie et du plaisir de Kenzo à ouvrir ce nouveau paquet. Moi je n’ai pas du tout envie de le faire. Je dépose une bise sur la joue de Kenzo, mon cadeau du jour. Je suppose que pour lui, c'est le meilleur anniversaire qu'il ait eu. C’est le moment que la belle choisit pour s’échapper avec son téléphone. C’est l’occasion inespérée de me trouver en tête à tête avec elle. — Désolée, je vous laisse un instant. Je m'éclipse à mon tour. J’ai repéré la direction prise par la petite amie de mon frère. Je la retrouve dans la salle de bain. J’entre sans lui laisser la possibilité de dire non. Je ferme derrière moi et me cale contre la porte. Elle me sort un baratin qui ne peut en aucun cas adoucir les circonstances et les conséquences de notre première rencontre. Je tente de rester calme mais c’est dur. — Sandersen ! Bien sûr, tellement plus facile de te présenter sous ton nom que sous ton prénom. J’aurais douté, j’aurais demandé confirmation avant. Tu aurais pu me le dire directement qui tu étais au lieu de jouer la psy tellement pro avec ses jolis conseils. On aurait pu discuter tout autant si j’avais su qui tu étais. Surtout connaissant ce que tu as vécu. Sauf que...  t’as pas été honnête. Au moins, tu reconnais que tu as totalement abusé de ma confiance. Cool. Ouais, t'as raison, la confiance, y’en a plus. Je m’approche d’elle, en la regardant droit dans les yeux. — Moi je vais l’être avec toi. Honnête. Tu te comportes de la même manière avec mon frère, en le trahissant, en bafouant sa confiance et ses sentiments, et je te casse la gueule. Peut-être que si je suis bien lunée, j’irai même jusqu’à te donner à bouffer aux poissons de l’océan. Je sais où passent les courants qui emmènent les petits baigneurs au large. Et ce n’est pas une simple menace, c’est une certitude. Je recule sans la lâcher du regard. Je suis trop écoeurée par son comportement tellement irresponsable, sa façon malsaine d'être rentrée dans ma vie. J’ouvre la porte et me retrouve dans le couloir.

Je sens que quelque chose de mauvais se passe et je n’aime pas ça. J’ai vite interprété les regards de Noa et Aoline et ça me chagrine. Il faut que je sache ce qui se trame entre ces deux là, je refuse que ce soit Kenzo qui en fasse les frais. « C’est une histoire de nanas, un truc auquel on n’est pas censé comprendre quoi que ce soit. Mais si Kenzo avait besoin de conseil, il nous le demanderait. Alors tu poses pas de questions tant qu’il ne te demande rien. Et Noa, on a intérêt à veiller à ce qu’elle n’étripe pas la copine de son frère. Mais pour le moment je trouve que ça se passe plutôt bien. » Je regarde Lukas, les yeux ronds. Elle trouve que ça se passe plutôt bien ? Mais elle est aveugle ou quoi ? Je serre un peu les mâchoires et me contente d’un soupir d’exaspération avant de quitter la cuisine pour faire l’ouverture des cadeaux. Je compte bien savoir ce qu’il se passe, mais en attendant, je vais écouter les conseils de Lukas. Si Kenzo a besoin, il sait où nous trouver. Bien que pour le coup, j’imagine qu’il n’est au courant de rien vu la façon dont il se comporte. Je préfère le voir comme ça c’est sûr, mais j’ai peur de la chute au moment où il comprendra que 2 des femmes qu’il aime le plus au monde ne se supportent pas. En tout cas, même si je n’ai pas le fond de l’histoire, c’est ce que je ressens. Mes enfants ouvrent leur paquet, avec un peu de chance, ils ouvriront chacun le leur. Bingo. « Merci. C’est trop. Je suis sûre qu’elle est trop bien pour moi. Je vais devoir frimer comme une malade pour la mettre en valeur et me trouver le job d’enfer qui va avec. » Je souris largement face à la réaction de Noa, j’avais peur qu’elle ne soit pas contente, qu’elle préfère faire les réparations sur sa vieille voiture. Elle la gardera, c’est une voiture de collection maintenant, elle faudra sûrement très cher quand elle voudra la revendre. Je récupère ma fille dans mes bras et plaque un baiser sur sa tempe face à son remerciement, alors qu’elle demande déjà à Lukas si elle l’a essayée. Kenzo ouvre lui aussi son enveloppe et je me nourris de ses yeux brillants. Je crois qu’il est heureux. Le voilà qui saute à son tour, criant le nom de la destination choisie. Noa en profite pour s’éclipser, et je ne suis pas dupe, je sais qu’elle va discuter avec Aoline. Si ça peut leur permettre de mettre les choses à plat et arrêter de plomber l’ambiance… Je garde mon fils dans mes bras et l’embrasse à plusieurs reprises, avant qu’il ne décide d’ouvrir le cadeau d’Aoline. Il n’y a plus que Lukas et moi en tant que spectatrices, et Lenny qui voit son modèle s’habiller d’un T-Shirt à l’effigie de Star Wars. Et puis après ça, tout le monde disparaît. C’est pas l’anniversaire auquel je m’attendais je dois dire. Je laisse échapper un soupir. « Tu crois que je dois aller voir ? J’ai pas envie d’un bain de sang dans ma maison… surtout si c’est Aoline qui gagne ! » dis-je à Lukas sur un ton semi-humoristique.