{Noomes} - Roméo+Juliette+Sarah

Evidemment qu’elle était heureuse, ça faisait plus de deux ans qu’elle ne s’était plus sentie aussi bien dans sa peau. Elle n’était pas chez elle et pourtant, Noomi avait la très agréable impression d’être pile à l’endroit où elle devait être. Encore que l’endroit en question importât peu. L’endroit n’avait même jamais vraiment d’importance puisqu’elle avait eu tout le loisir de remarquer que son appartement était beaucoup moins « chez elle » quand Sarah n’y vivait pas. Plus vide, plus froid, plus étranger. Il en allait inversement pour cet appartement qu’elle ne connaissait que depuis très peu de temps sans doute mais où elle se sentait bien. En dépit du fait qu’elle n’avait pas du tout retenu où quoi que ce soit se trouvait. Et bien sûr, ce qui contribuait grandement à son bonheur, c’était de constater avait l’air tout aussi heureux qu’elle. L’espace d’une seconde, la blonde avait tout de même eu peur que ça ne soit pas le cas ; qu’il ait été déçu par allez savoir quoi, ça pouvait arriver, et qu’en fin de compte il change d’avis. Ça aussi, ç’aurait pu arriver. Mais à en juger par sa façon de lui rendre son salut et sa réponse, elle dirait que ça s’était plutôt très bien passé. Elle réprima un quelconque geste qui pourrait minimiser la magnifique créature qu’elle semblait être aux yeux de Jimmy et lui rendit un sourire ravageur à la place. Songeant à nouveau qu’il était plaisant de sourire parce qu’on en avait envie et non pas par obligation.

« Super bien ! Mieux que depuis… pfiou, j’me rappelle même plus ! »

Ce qui n’étonnera personne, évidemment. D’ailleurs, en parler de se rappeler et tandis qu’elle lui mettait une tasse de café entre les mains, Jimmy s’enquit de ce dont elle se souvenait, tout prêt à lui rafraîchir la mémoire s’il le fallait. Si ça ne prouvait pas une fois de plus qu’il était la personne parfaite pour elle, vraiment. Quoi qu’il en soit, il devait se douter qu’elle se rappelait de certaines choses, sinon elle aurait probablement fui à l’heure qu’il est. Enfin, sûrement pas mais la surprise et le choc auraient très bien pu la faire réagir de manière insensée. Mais non, Noomi était là, fidèle au poste. Elle fit la moue avant de se pencher pour s’accouder au plan de travail, une main touillant son café, son menton reposant dans la paume de l’autre.

« C’est un peu flou. Mais j’ai quelques chansons en mémoire. »

La grecque sourit en coin ; ça n’avait rien d’étrange qu’elle se souvienne tout particulièrement de ce qui était en lien avec la musique, étant donné qu’elle y accordait tant d’importance. Elle avait la vision de Jimmy sous sa fenêtre en train de lui chanter la sérénade, puis une autre de lui encore en train de chanter pour elle et finalement d’un duo. Flou certes, il aurait pu s’agir d’un rêve. Si seulement elle se souvenait de ses rêves, elle aurait d’ailleurs pu y croire. Ça et puis si elle ne s’était pas réveillée nue dans un lit qui n’était pas le sien avec Jimmy tout aussi vêtu à ses côtés, évidemment. Partant de là, elle n’avait plus qu’à relier les points entre eux pour deviner ce qui s’était passé ensuite – comme cet appartement, par exemple, elle se doutait bien qu’ils n’étaient pas entrés par effraction chez quelqu’un pour y passer la nuit, ça devait donc être le sien et ainsi de suite. Mais ça, c’était la facilité voire même un brin de paresse. Et ça ne faisait pas partie des exercices que les médecins lui avaient recommandé de faire. En revanche, ce qui en faisait partie, c’était d’essayer de reconstituer la journée précédente. Chose que Noomi ne faisait que très rarement puisque, sans l’aide de ses sacro-saints post-it, elle ramait sévèrement. Au point que c’en était parfois si frustrant que, de la même façon que pour le piano, elle préférait souvent laisser tomber. Elle but une gorgée de son café avant de se hisser sur ledit plan de travail, attrapant un croissant dans lequel elle mordit au passage.

« Cela dit, s’il te semble que j’oublie certaines choses essentielles, n’hésite pas. »

Bien sûr qu’elle aurait pu poser des tas de questions : comment ? Pourquoi ? et tout ce qui s’ensuit mais elle se doutait également qu’elle avait dû les poser la veille alors elle préférait se fier à ce qu’elle ressentait. Ainsi qu’aux diverses réactions de Jimmy, qui étaient sans aucun doute possible encore un meilleur indicateur étant donné qu’elle en avait toujours un peu – beaucoup – pincé pour lui, secrètement.

Hormis quand Sarah était dans les parages, parce qu’elle était une bonne mère, il n’y avait habituellement jamais de petit déjeuner. Son rythme de vie depuis qu’elle bossait de nuit était bien trop en décalage pour qu’elle s’en soucie et quitte à sauter plusieurs repas, autant que celui-ci en fasse partie. Autant que ça la change, Noomi, voire même que ça lui rappellerait le bon vieux temps. Car elle avait à peu près autant aimé la vie de couple qu’elle ne l’avait détestée. Evidemment, il n’y avait pas eu que des mauvais côtés, il y en avait même eu de très bons mais ça faisait si longtemps. Si elle prenait la peine de compter, la blonde avait vécu autant d’années seule avec sa fille qu’en couple, maintenant, pas étonnant que ça lui paraisse si lointain. Par chance, la mémoire sélective qui fait qu’on ne se souvient volontairement pratiquement que des bons moments était un outil précieux dans ce cas précis : elle arrivait à s’imaginer revivre ça. En l’idéalisant un maximum, évidemment, sans le moindre nuage à l’horizon. Mais elle ne pouvait pas faire autrement que d’idéaliser tout ce qui touchait à Jimmy, il en avait toujours été ainsi. Quoi qu’il en soit, sa remarque sur l’aide-mémoire la fit rire.

« J’aimerais que ça soit toujours le cas. Mais je crains que tu n’rentres pas aussi facilement dans une de mes poches. »

Quel dommage, elle aimerait beaucoup pouvoir trimballer un Jimmy miniature partout avec elle, si elle le pouvait. Toujours est-il que si elle voulait lui poser des questions sur ces fameuses zones d’ombre, il fallait que Noomi se prête au jeu – ou plutôt à l’exercice – de retracer leur journée d’hier. Qu’à cela ne tienne, ça ne pourrait lui être que bénéfique. Ses sourcils se froncèrent donc un peu de concentration. Si quelques moments phares de leur journée avaient eu la bonne idée de se faire une place dans sa mémoire à court-terme pour ne plus en bouger jusqu’à ce qu’ils passent d’eux-mêmes dans sa mémoire à plus long terme, il n’en allait pas de même pour des détails ou des moments charnières. Ainsi, elle se rappelait de Sarah – un peu de la même façon que la musique, Noomi se rappelait plus facilement de ce qui avait un lien avec sa fille -, ils l’avaient croisée mais où et comment ils avaient géré la situation restaient un mystère. Enfin, plus ou moins car encore une fois, la grecque pouvait en tirer des conclusions.

« Y avait Sarah hier. Y avait Frank aussi ? On lui a dit quoi ? A Sarah, pas à Frank. »

Fatalement, s’il y avait Sarah, il devait y avoir forcément Frank aussi étant donné que ce n’était pas une de ses journées de garde et que si Frank la laissait se balader toute seule alors ça ferait un motif très valable de récupérer sa garde exclusive plus vite que prévu. Mais ce n’était clairement pas ce qui comptait le plus. Et puis elle n’avait plus aucun compte à lui rendre depuis longtemps, alors qu’à Sarah, c’était une autre histoire. Ils n’avaient rien dû lui dire de trop équivoques, ça serait sans doute la pire façon de lui annoncer qu’elle n’était pas du tout familière avec le concept mais qu’elle allait avoir un beau-père. Noomi se faisait d’ailleurs très certainement des idées à ce sujet, il n’y avait vraiment aucune raison que ça se passe mal.

« D’une manière plus générale est-ce qu’on a parlé de nous à quelqu’un ? »

Cette question ne l’obsédait ni ne la dérangeait pas le moins du monde, c’est juste que, comme ils étaient tout deux des personnalités publiques en quelques sortes, il fallait s’attendre à des répercussions, non ? Ce qui ne l’effrayait bien sûr pas. Ça ne fait peur qu’aux gens qui accordent trop d’importance à ce que les autres peuvent bien penser et ça, c’était toujours contre-productif. Mais ça y est, elle venait d’employer le mot « nous » ! Peut-être s’en était-elle déjà extasiée la veille mais puisqu’elle ne s’en souvenait pas, il n’y avait pas de mal à ce qu’elle le refasse. Ce qui amenait d’ailleurs à la question suivante :

« Et pour finir, j’ai pas été du genre trop… collante ? »

C’était peut-être pas le bon mot mais elle était bien consciente qu’elle pouvait en faire des tonnes lorsqu’elle se sentait bien avec quelqu’un. Et puisque c’était le genre de reproches que son ex-mari ne se privait pas de lui faire de temps à autres, mieux valait éviter de recommencer. Cela dit, c’était peut-être bien devenu une sorte de réflexe de Pavlov maintenant, étant donné qu’elle parvenait plutôt bien à se maîtriser, là, à se retenir de lui sauter dessus alors qu’elle en mourait pourtant d’envie. Encore une fois.

Ce que ça pouvait être rafraîchissant de tomber sur quelqu’un qui ne se défilerait pas à la moindre occasion. Et ce qui était encore plus merveilleux, c’était qu’elle connaissait suffisamment Jimmy pour savoir qu’il ne s’agissait pas de plaisanterie. Si elle avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, lui pas. Il avait l’air tout prêt à l’accompagner partout, à lui tenir la main dans les moments difficiles et tant de dévotion envers sa petite personne lui faisait monter le rouge aux joues. Noomi ne voulait dépendre de personne – son père mis à part, à l’évidence - ; elle s’était forgé une carapace au fil du temps, s’auto-convainquant qu’elle n’avait besoin de l’aide de personne mais il fallait parfois se rendre à l’évidence : elle n’était pas Wonder Woman et peut-être même que c’était le genre de choses qu’elle avait envie d’entendre sans vraiment oser se l’avouer. Mais après autant de temps à s’être pourtant persuadée du contraire, ça faisait pas mal de choses à digérer et puis elle n’avait pas non plus envie de plomber l’ambiance en rendant ce moment trop solennel, c’est pourquoi elle préféra en sourire et replier le bras pour gonfler son biceps en une pose digne de Monsieur Muscles. Bon, pas vraiment de muscles en ce qui la concernait mais de la rage à revendre, ce qui par moment, ça faisait tout aussi bien l’affaire.

« V’z’en faites pas, M’sieur Terrier, v’z’êtes tombé sur une dure à cuire ! »

Ça, il avait eu le temps de s’en rendre compte, tout comme il savait pertinemment que ce n’était en rien une critique envers Amelia, évidemment, elle n’y penserait même pas. Puis la conversation s’orienta sur ce dont elle se remémorait de la veille. Ou plutôt l’inverse ; vint donc le moment des questions et le moins que l’on puisse dire, c’est que Jimmy était un excellent aide-mémoire. Bien plus que ne l’avaient jamais été ses post-it, principalement parce qu’il avait le souci du détail. Ce qui faisait donc tout naturellement défaut aux petits carrés de papier jaune. Ainsi, la blonde apprit donc que c’était au restaurant italien qu’ils avaient croisé sa fille et, chose un peu moins réjouissante : son ex-mari. Mais, comme dit précédemment, on se fichait bien de lui, dans le cas présent. Ce qui importait, ce qui importerait toujours, c’était Sarah. Et effectivement, ça la rassurait un peu de savoir que, malgré l’envie de le crier sur tous les toits, du moins de son côté, ils s’étaient montrés raisonnables et faisant comme Jimmy était en simple visite, comme ça arrivait parfois. Noomi opina du chef.

« Bien, j’m’en doutais un peu. On verra comment ça se passe ce week-end, alors, qu'est-ce que t'en penses ? »

Pourtant, c’était bien son genre de tout balancer sans prendre la peine d’y réfléchir mais la grecque s’était quelque peu tempérée au contact de Sarah ; elle n’agissait plus uniquement au gré de ses envies ou sur un coup de tête, non, elle faisait ce que toute bonne mère ferait à sa place : elle réfléchissait au bien de sa fille. Oh bien sûr, il n’était pas question de trop tarder non plus ; Noomi voulait éviter que Sarah se sente trahie, d’autant qu’elle aimait à croire que sa fille était un peu plus intelligente que la normale, arriverait bien un moment où l’excuse du « Jimmy est en visite comme d’habitude » ne fonctionnerait plus mais elle voulait d’abord un peu prendre la température, éventuellement glisser une allusion ou l’autre par-ci, par-là, histoire de voir comment Sarah réagissait. Bref, il lui faudrait faire preuve d’une certaine subtilité dont elle n’était pas du tout coutumière. Enfin soit, elle avait quelques jours, voire éventuellement semaines pour se préparer de concert avec Jimmy bien sûr, puisqu’il était tout aussi impliqué qu’elle. Puis elle gloussa en secouant la tête en apprenant que pas moins qu’une bonne partie de ses auditeurs étaient déjà au courant pour eux. Voilà, ça, c’était du Noomi tout craché.

« Bon, une bonne chose de faite. Tu crois qu’il va falloir qu’on engage des gardes du corps et tout ce qui va avec ou c’est plutôt safe ? C’est que t’es pas loin d’être une rockstar ! »

D’ailleurs, si on lui posait la question, elle dirait que ça faisait très rockstar de prendre son petit-déj en t-shirt et en caleçon en plein après-midi. Et ça lui plaisait bien, ça faisait même carrément partie du charme de sortir avec un musicien. Mais pour en revenir à leur discussion, c’est regard et d’un baiser – auquel elle répondit toujours avec autant de ferveur -, qu’il lui fit comprendre que non, elle n’avait pas été trop collante. Et, tandis qu’elle enroulait ses bras autour de sa taille afin de le garder aussi près d’elle que possible, il alla même jusqu’à ajouter qu’à moins qu’elle ne se fasse piquer par une araignée qui la transformerait en Spider-Woman.

« J’avoue, en plus tout le monde dirait que tu t’es pris dans ma toile et ça serait littéralement le cas. Mais ça serait quand même cool de pratiquement voler de gratte-ciel en gratte-ciel tous les deux. »

Bien que, si elle pouvait choisir, elle préférerait une super-méchante plutôt qu’une super-héroïne et pas forcément une qui vole. Enfin si, mais pas tout à fait dans le sens de Spider-Woman.

A la façon dont Jimmy tâta son biceps, Noomi éclata de rire. Il avait l’air si sérieux alors qu’en termes de muscles, il se posait là, lui qui l’avait soulevée comme si elle ne pesait pas plus lourd qu’un fétu de paille – le baiser qu’ils venaient d’échanger avait eu le bon goût de lui remémorer certains évènements pas désagréables de la veille par flashs. Mais il la connaissait et savait donc qu’il ne valait mieux pas s’y fier. Elle le dévisagea quelques secondes avec tendresse – et fut une fois de plus frappée par la beauté de ses traits, dans la lumière non pas matinale mais de cet après-midi, il avait tout d’une œuvre d’art -, en songeant qu’évidemment, elle voulait de son cœur. Ainsi que de son corps, d’ailleurs. Elle le voulait tout entier rien que pour elle. Mais elle voulait surtout que ça dure, si pas éternellement – il n’y avait que les gamines pour croire encore à un amour plus fort que la mort -, alors le plus longtemps possible donc elle s’efforçait de ne pas brûler les étapes. Et ça n’en a peut-être pas l’air mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ça lui en demandait beaucoup, des efforts. Mais bon, le fait de devenir mère lui avait au moins appris la patience. Oh, elle n’aimait toujours pas attendre mais elle avait bien compris que dans certaines circonstances, il n’y a tout simplement pas de meilleur, voire d’autre choix.

En ce qui concernait Sarah, Jimmy ne fit aucun commentaire et la blonde supposa donc qu’il préférait la laisser gérer ça. Il est vrai qu’elle était sans doute la plus à même de savoir ce qu’il convenait de faire exactement ; c’était sa fille et elle la connaissait comme si elle l’avait faite – sans blague ! Il en serait donc ainsi, elle irait à l’instinct. Comment souvent, au final mais quand il s’agissait de Sarah c’était toujours son instinct qui la trompait le moins souvent. A croire qu’elle avait ça dans le sang, contre toute attente, surtout les siennes. Enfin bref, sa réplique en ce qui concernait le fait que c’était plutôt elle la rockstar ici la fit pouffer de rire. Elle aurait aimé à une époque et même si son quotidien avait autrefois fois été rythmé par la fameuse devise « sex, drugs and rock’n’roll », elle n’avait cependant jamais fait passer de télé pour la fenêtre d’une chambre d’hôtel, un incontournable pour une rockstar. Non, et si elle avait bien des fans aujourd’hui et que sa tête était placardée à l’arrière des bus de Wellington, la moyenne d’âge de ses auditeurs devait tourner autour des quinze-vingt ans. Peut-être un peu plus au vu de l’horaire auquel son émission était diffusée mais il n’empêche qu’elle avait tendance à plutôt les voir comme des adolescents. Et à se considérer elle-même comme une starlette plutôt locale. Quoi qu’il en soit, ce fut à son tour d’afficher une petite moue de déception feinte.

« J’croyais que tu t’auto-proclamerais gardien de mon corps mais bon, tant pis. »

En revanche, ça n’avait pas l’air de le tenter plus que ça de voler de gratte-ciel en gratte-ciel comme elle le proposait. Il semblait préférer qu’ils gardent les pieds sur terre, ce qui la fit sourire. Une preuve supplémentaire qu’il l’aimait pour ce qu’elle était s’il en fallait davantage. La grecque se saisit de la main qui avait caressé sa joue pour déposer un baiser au creux de sa paume.

« T’as raison. Sinon, il faudrait probablement qu’on déménage à New York et j’en ai bizarrement pas très envie. »

Qu’on ne lui demande pas pourquoi car elle en ignorait la raison mais elle n’était pas une grande fan de New York. Enfin si, elle savait pourquoi : les gens qui y vivaient avaient l’air de vivre une vie en accéléré. Alors certes, elle aurait dû se sentir comme un poisson dans l’eau dans la ville qui ne dort jamais mais c’était plutôt une sensation d’étouffement qui s’en dégageait. Elle préférait nettement son bayou paisible où l’on entendait que les bruits des marais ou encore cette bonne vieille Island Bay qu’elle avait appris à aimer au fil du temps. Soit, ça ne ferait de toute façon pas partie de leurs projets sauf cas de force majeure donc bon. Ce fut le ventre de Jimmy qui les rappela à l’ordre et Noomi lui tendit le sachet de viennoiseries grand ouvert.

« Tu devrais en prendre un. »

Puis elle sauta au bas du plan de travail et chercha son téléphone histoire de vérifier que Sarah ou son école n’avaient pas essayé de l’appeler. Non, au lieu de ça, elle vit une flopée d’appels manqués de la part de son père sur son écran. Soit il avait regardé l’émission de cette nuit comme ça lui arrivait parfois, soit quelqu’un lui avait raconté mais la blonde estima que, dans un cas comme dans l’autre, ça pouvait attendre, elle le rappellerait plus tard.

« Tu voudrais faire quoi ? T’as envie de traîner un peu ou bien tu préfères que je joue les guides touristiques ? »

En fonction de ce qu’il connaissait déjà de la ville étant donné que ce n’était pas non plus la première fois qu’il venait et aussi ce qu’il avait eu le temps de découvrir par lui-même depuis qu’il était là.

Noomi ne put que s’amuser d’entendre Jimmy déclarer que l’option garde du corps faisait partie du pack. Bon, la voilà rassurée. Même si elle ne faisait clairement pas partie des demoiselles en détresse et qu’elle possédait un mode furie qui, une fois enclenché, était pour le moins difficile à arrêter et avait quelque chose de réellement intimidant, en dépit du fait de son gabarit qui ne payait pas de mine, elle aimait tout de même l’idée d’avoir un protecteur, quelqu’un pour veiller sur elle. Justement parce qu’elle avait enfin compris qu’elle avait ses limites. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’était pas toujours facile de devoir se rendre à l’évidence. Mais bon, ainsi va la vie. La blonde se contenta de grimacer un brin.

« Oups. V’voyez, c’est pour ça que j’me fais souvent avoir, m’sieur. »

Du moins, ça, c’est ce que son père n’arrêtait pas de répéter : toujours lire jusqu’au dernier petit caractère avant de signer. Chose qu’elle ne prenait bien évidemment jamais le temps de faire, qui avait ce temps à perdre, d’ailleurs ? Des tas de gens intelligents, sûrement, mais comme elle n’en faisait pas partie… Quoi qu’il en soit, elle se doutait qu’il n’y aurait pas de vice caché en ce qui concernait Jimmy. On pourrait croire qu’elle était en train de l’idéaliser mais en fait, c’était surtout leur relation qu’elle idéalisait pour l’instant ; lui en revanche, elle le connaissait. Et ça ne lui effleura pas l’esprit une seule seconde qu’il puisse être autre chose que ce qu’il avait prétendu être jusqu’ici, évidemment, pas après toutes ces années. De la même façon qu’elle avait toujours été vraie avec lui. Comme elle l’était avec tout le monde étant donné qu’elle partait du principe qu’il valait mieux voir quels étaient les gens prêts à vous accepter tel que vous êtes. Bien sûr, elle savait aussi que ce n’était pas le cas de tout le monde mais elle avait tout de même l’impression d’être parvenue à s’entourer de gens qui avaient un peu la même vision des choses qu’elle.

Soit, les voici en train de débattre de s’ils feraient de bons super-héros ou pas. Jimmy semblait croire que non et il surenchérit en argumentant que l’imaginer en collants avec un slip par-dessus, ça serait ridicule. C’est vrai que dit comme ça, la grecque n’était pas sûre que ça lui vende du rêve mais avec un peu d’imagination et en restant très objective, elle était à peu près sûre que ça lui plairait quand même. En vérité et pour être tout à fait honnête, elle voudrait de lui-même s’il était uniquement vêtu d’un sac à patates en permanence.

« Mais j’suis sûre que les collants t’iraient à merveilles ! En revanche, ce qui n’irait pas du tout, c’est la cape, ça, j’suis d’accord. Puis au final, j’crois que j’te préfère sans collants, sans cape, sans rien, à choisir. »

Pas de cape, jamais, c’était une des règles d’or. Histoire de ne pas finir découpé en petits morceaux par un réacteur d’avion ou quelque chose comme ça, Edna Mode avait été très claire sur ce sujet dans les Indestructibles et Noomi partageait assez son point de vue et les capes ça faisait tellement drama… inutile de rejouer une pièce de Shakespeare, elles sont pratiquement toutes déprimantes à souhait. Sauf lorsqu’il était question de chanter la sérénade à la fenêtre de sa dulcinée, bien entendu. Puis de toute façon, fuck Marvel et DC et vive les Hargreeves, voilà ce qu’elle en pensait.

Et les voici donc en train de planifier le reste de leur journée autour d’un café et d’un croissant comme si ça faisait partie de leurs habitudes depuis des lustres. La blonde n’avait pas de préférences ; ils pouvaient tout aussi bien rester là, à se grimper dessus durant des heures – c’était précisément ce qui faisait tout le charme des nouvelles relations –, ou bien ils pouvaient partir explorer la capitale et ses alentours, tout lui convenait tant qu’elle passait du temps en sa compagnie. Quoi qu’il en soit, elle arqua un sourcil de manière suggestive à sa réplique, ne pouvant décemment pas passer à côté.

« Voilà comment on fidélise la clientèle chez les Savalas. On dirait bien que ça marche. »

Pour peu qu’on veuille la fidéliser, évidemment. Ce qui était loin d’être toujours le cas mais en l’occurrence, clairement, oui. Un petit sourire malicieux étira ses lèvres tandis qu’elle tâchait de fouiller sa mémoire un peu défectueuse à la recherche des endroits qu’elle pourrait encore lui faire visiter.

« Des tas et des tas de réserves naturelles et autres jardins botaniques, j’crois qu’une seule vie ne suffirait pas pour tous les visiter, des plages mais c’est pas vraiment la saison idéale pour ça. Ou alors, si tu te sens d’attaque, je peux t’emmener voir des vieux trucs en ruines. C’est sans doute pas le plus attirant en termes de tourisme mais ça a son charme aussi. »

Oui bon d’accord, il fallait bien le chercher, c’est vrai mais ça leur permettrait de sortir des sentiers battus.

Si Noomi avait osé parfois un peu rêver de ces instants-là avant de l’interdire aussi sec pour ne pas non plus trop se faire de mal, croyant qu’ils ne se produiraient jamais, elle ne savait pas trop à quoi s’attendre, à quoi ça pourrait ressembler entre eux, s’ils parviendraient à rester amis puisque c’était irrémédiablement ce que toutes les comédies romantiques vous vendaient : qu’une relation de couple allait presque inévitablement ruiner une amitié. Et bien sûr, c’était tout ce qu’elle ne souhaitait pas. Surtout qu’elle gardait dans un coin de son esprit que ça pouvait se finir de la même façon qu’avec Frank et ça, ça lui faisait horreur. Rien que d’imaginer qu’elle pourrait un jour haïr Jimmy de la même manière qu’elle haïssait Frank aujourd’hui lui était insupportable. Ce n’était que maintenant qu’elle comprenait qu’il n’en serait rien ; que ça se passerait peut-être même toujours comme ça entre eux. Avec des hauts et des bas comme dans tous les couples mais eux, feraient en sorte que ça marche toujours. Oh je sais ce que vous pensez : que c’est toujours ce qu’on se dit au début d’une relation parce qu’on veut vraiment y croire. Si fort qu’on préfère se voiler la face mais ce n’était pas le cas de Noomi. Enfin oui, bien sûr qu’elle voulait y croire mais surtout parce qu’elle sentait que c’était à leur portée. Et s’ils parvenaient à faire en sorte que tous les matins soient aussi doux que celui-ci, alors ils auraient pris la meilleure décision de leur vie. Ce dont la grecque ne doutait même plus, soit dit en passant car plus elle posait les yeux sur lui – ce dont elle ne se privait bien sûr plus étant donné qu’elle n’était plus obligée de le faire à la dérobée -, plus elle était convaincue de n’avoir jamais ressenti quelque chose d’aussi fort. Hormis quand elle regardait sa fille, bien sûr, mais c’était encore bien différent, incomparable.

Ainsi, elle le croyait donc sur paroles lorsqu’il disait qu’il veillerait à ce qu’elle ne se fasse plus jamais avoir. Jimmy savait mener sa barque d’une main de maître, ça, elle avait déjà pu le remarquer par le passé ; il avait cette patience qui lui faisait trop souvent défaut, même s’il y avait définitivement du mieux depuis la naissance de Sarah. En ça, on peut dire que Noomi était le stéréotype de la fille impulsive : celle qui tire d’abord et essaye de discuter ensuite. Il faut croire qu’elle n’était pas à moitié américaine pour rien, tous des cow-boys. Ou presque. Enfin soit, bien que l’idée soit des plus tentantes, ils décident tous deux de profiter de leur journée de libre pour aller se balader au lieu de la passer au lit. Les attrapes-touristes, ce n’est clairement pas ça qui manque dans la région mais ça tombe bien puisque la blonde vivait depuis plus de quinze ans maintenant, elle avait donc largement eu l’occasion de chercher autre chose à faire découvrir. Et des ruines, il y en avait plein les landes.

« J’dois quand même t’avertir : t’attends pas à quelque chose d’hyper exotique. Mais la vue est plutôt très jolie. »

Bien sûr, elle ne parlait pas de celle imprenable qu’il aurait sur elle bien qu’elle y pensât pourtant très fort. D’ailleurs, si elle avait pu lire dans ses pensées en cet instant précis, elle n’aurait pas manqué de noter qu’une fois de plus, ils étaient sur la même longueur d’onde. Puis, visiblement fière de sa trouvaille, elle s’exclama :

« Tu sais quoi ? J’ai une super idée ! On a qu’à se faire un pique-nique. »

Sur des ruines, oui, pourquoi pas ? A moins que la pluie ne vienne s’en mêler mais dans ce cas il y aurait toujours le plan B qui n’était autre que de zoner dans sa voiture. Une autre idée qui la branchait pas mal aussi, d’ailleurs.

« Je m’occupe de tout pendant que tu te changes. Sauf si tu veux sortir comme ça, moi ça m’dérange pas. »

Le tout accompagné d’un haussement de sourcils qui en disait long. Ça ne la dérangeait pas plus que d’elle-même sortir comme ça mais tout de même, rien qu’une chemise sur le dos, ce n’est peut-être pas l’idéal pour partir à l’aventure.

Toute à son affaire, Noomi cherchait déjà quel pouvait bien être le coin idéal à faire découvrir à Jimmy. Au bout du compte, elle savait très bien qu’elle finirait par tous les lui montrer car même si elle avait pour habitude de partir en exploration seule, elle aimait bien partager ses découvertes. Sans doute plus qu’elle ne voulait bien l’admettre la plupart du temps, d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, elle se sent un peu dans l’obligation de prévenir Jimmy que ces coins n’étaient pas des plus exotiques, notamment à cause de la colonisation sans compter que la grisaille de cette période de l’année ne rendait pas grand-chose vraiment exotique mais que la vue en valait quand même la peine. Et sa réponse la fit littéralement rayonner tandis qu’elle l’admirait à son tour, poussant un petit soupir de contentement.

« J’peux en dire autant. »

Surtout qu’elle ne risquait pas de se lasser de ce qu’elle avait sous les yeux en cet instant, pas comme des landes. Et puis, après qu’elle ait formulé à haute voix sa prétendue idée de génie, Jimmy mentionna le fait qu’il ne possédait pas la fameuse nappe à carreaux rouges et blancs indispensable à tous pique-nique. Ce qui ne manqua pas de l’amuser tandis qu’un détail lui revenait en mémoire – alléluia, tout arrive !

« Alors j’ai peut-être bien une alternative au fond de mon coffre qui pourrait faire l’affaire : une espèce de truc à mi-chemin entre un plaid et une serviette de bain Reine des Neiges. »

Appartenant bien sûr à Sarah puisqu’elle était la seule autre personne que Noomi emmenait pique-niquer. Et oui, bon, la grecque avait bien essayé d’intéresser sa fille à des dessins animés plus cool que ça mais que voulez-vous ? Elle était aussi têtue que sa mère, cette petite et Noomi s’était bien souvent retrouvée à devoir en chanter les chansons comme berceuses. Mais bon, que ne ferait-elle pas pour sa fille ? Rien. S’ensuivit un vif hochement de la tête de la part de la blonde confirmant qu’elle s’occupait de tout puis elle se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ses lèvres pour lui donner du courage – c’est qu’il en faut du courage pour s’habiller parfois, elle comprenait, elle vivait ça tous les « matins ». Puis elle se mit alors à la recherche de son short perdu dans lequel elle sauta avant de repartir faire des courses.

Dire qu’elle n’avait même pas de panier non plus ; il faut croire qu’avec elle, tout était souvent dans l’à peu près, un peu comme leur dîner aux chandelles de la veille – merci à Jimmy qui l’aidait déjà à faire ressurgir des souvenirs enfouis et non pas définitivement portés disparus, manifestement. De toute façon, elle n’avait pas non plus l’intention de faire un million d’arrêts, elle n’avait aucune envie de le faire attendre trop longtemps. Une fois de retour, elle lui envoya un SMS pour lui faire savoir que tout était prêt et baissa la musique qui allait toujours à fond dans sa voiture dès l’instant où elle le vit sortir. Elle lui fit alors signe de grimper, grand sourire aux lèvres et mit le cap sur la destination qu’elle avait fini par choisir. La première d’une longue série. Bien sûr, il fallait s’éloigner un peu voire beaucoup de la ville ce qu’ils firent en discutant de tout et de rien, jusqu’à ce qu’ils commencent à s’enfoncer dans la nature.

« J’sais ce que tu te dis : que c’est un endroit parfait pour planquer des preuves compromettantes et j’te rassure, j’y ai pensé aussi. »

Mais était-ce vraiment rassurant ? Rien n’était moins sûr en vérité même si dans ses rêves les plus fous, il ne s’agissait jamais que du corps de Frank. Elle lui adressa ensuite un sourire plein de malice.

« Mais ce n’est pas le but de la visite, t’en fais pas. »

En revanche, la blonde entreprit alors de faire de savants calculs pour rapprocher la voiture au maximum sans pour autant risquer de la rayer. C’est son père qui serait vraiment furax s’il savait qu’elle s’amusait avec la Mustang comme avec un 4x4 parfois. Bien sûr, il devait bien s’en douter mais ça ne l’empêchait pas de faire quand même très attention.

Si ça la dérangeait qu’il s’asseye sur Elsa ? Grands dieux non, ça serait peut-être même la seule autre fille sur laquelle elle permettrait qu’il s’asseye même si bon, ça risquerait plus de les tuer qu’autre chose, c’est certain, et puis elle ne permettrait pas l’inverse, ça non… Enfin bref, nous nous égarons. La tuer, c’est de ça qu’il s’agit en l’occurrence. Elsa et personne d’autre évidemment. De toute façon, vous commencez à le comprendre, Noomi n’était pas du genre à souhaiter la mort de quelqu’un, à l’exception de qui vous savez. Et donc d’Elsa mais est-ce que ça compte, puisque ce n’est jamais qu’un personnage de dessin animé ? La question demeure.

« J’t’en prie, fais donc. Et si tu pouvais faire en sorte qu’elle se taise à jamais, ça m’arrangerait. »

Mais Noomi exagérait tout de même un peu ; elle n’avait pas si mal aimé le numéro deux que ça. Ni même les chansons qui étaient plus à son goût que dans le premier. Et dont le monde entier avait moins fait une rengaine, c’est sûr que ça aidait grandement. D’ailleurs, elle lui était reconnaissante de ne pas avoir poussé la chansonnette. Bien qu’il serait encore capable de la lui faire apprécier, si c’était lui qui la chantait. Bref, arriva alors le moment de se mettre au travail ; pour Jimmy en allant se changer, pour elle en allant faire deux ou trois courses. Et puis, c’est parti pour l’aventure !

Une fois qu’ils se furent suffisamment éloignés de la ville pour découvrir des choses vraiment dignes d’intérêt, la blonde se sentit obligée de le rassurer. Non parce qu’elle avait de la chance qu’il lui fasse aveuglément confiance, sans quoi, il aurait pu se poser des questions. Et la vérité c’est qu’il s’en posait mais pas celles auxquelles elle aurait pu faire référence. Non, au lieu de ça, c’était comme s’il avait lu dans son esprit et elle ne put qu’en rire aux éclats.

« Quelle idée géniale pour un rencard que de t’emmener à l’endroit précis où j’ai décidé d’enterrer mon ex-mari. Non, j’te rassure pour ça aussi : j’ai bel et bien un endroit en tête mais c’n’est pas ici. »

Parce que oui, évidemment qu’elle y avait réfléchi. Des tas de fois, même. Où, quand et comment, tout avait été savamment pensé à maintes reprises, tant et si bien que si l’envie lui prenait de passer un jour à l’acte, elle était à peu près sûre de ne pas se faire prendre. Le problème c’est que le risque zéro – et le crime parfait, en l’occurrence – n’existait pas. Et puis bon, peut-être bien que Frank le mériterait – à n’en pas douter -, mais elle n’était pas une espèce de psychopathe et ça lui tenait à cœur de prouver qu’elle valait mieux que lui. Ne serait-ce que pour une fois.

Lorsqu’il ne lui fut plus possible d’avancer avec la voiture tant la route était accidentée, Noomi se décida à la garer sur le bas-côté de la « route » si l’on peut dire et en sortit pour non pas récupérer le panier à pique-nique mais bien un sac à dos, qui lui aussi traînait au fond de son coffre, en cas de besoin – c’est qu’on pourrait en trouver des choses là-dedans si on prenait la peine de regarder -, où elle avait rangé toutes ses courses. Habituée des explorations solo, elle le chargea sur son épaule sans même y réfléchir et prit la tête de l’expédition. Le vent soufflait fort mais ils ne tarderaient pas à pouvoir s’en abriter ; il leur suffisait de marcher une dizaine de minutes pour tomber sur les ruines d’un ancien village de colons, sans doute. Dire qu’elle connaissait l’endroit sans pour autant s’être jamais renseignée plus que ça. Des petites maisons en bois tenant à peine debout, d’autres en pierres mais pas mieux loties et une église au plein milieu, elle aussi faisant grise mine, un peu comme si une seule bourrasque suffirait à l’emporter. Et pourtant, elle tenait bon depuis des années et des années. Ce n’était pas tant les ruines qui avaient de l’importance, bien que Noomi se soit tout de même amusée à les explorer autrefois, prenant ainsi le risque de choper le tétanos ou de voir les constructions s’effondrer sur sa tête mais bon, c’était ça, l’urbex, mais bien la vie qu’ils avaient de là puisque le village se trouvait sur une falaise surplombant l’océan. C’était encore mieux de nuit, quand on avait l’impression qu’une mer d’encre venait s’écraser sur les rochers en contrebas mais même de jour, ça en valait le détour.