you sent us to camp, they made us sing → noomes

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce récit était riche en rebondissements, ce qui n’était bien sûr pas pour leur déplaire, ni à Sarah ni à elle. Ainsi attendaient-elles donc d’en connaître le dénouement. Mais pour l’heure, il fallait tout d’abord savoir ce qu’il allait advenir du chevalier, de son sauveur – dit comme ça, c’est le comble -, ainsi que du fameux cheval volant. Aux prises avec un dragon ? Mais non voyons, puisque c’est précisément ce moment que choisit la fabuleuse Noomi de l’histoire pour réapparaître. Et sauver la fine équipe. Ou en tout cas l’emmener quelque part. Le tout en faisant un saut de la foi digne du meilleur assassin. Ou de notre chère Lara Croft puisqu’elle aimait bien cette comparaison en particulier. Ce qui amusait la vraie, c’était d’entendre son double fantastique mettre en garde tout le monde contre les zombies dévoreurs. Mais les loups-garous, qu’est-ce que ça fait, au juste ? Maintenant qu’elle y pense, la blonde n’avait aucune idée de si les loups-garous étaient censés dévorer les humains classiques ou non. Tout ce qu’elle savait à leur sujet, c’est qu’ils étaient vaguement menaçants parce que clairement, ça reste une forme de loups, mais en dehors de ça ? Ah oui, il fallait manifestement des balles d’argent pour les tuer. L’argent, c’est apparemment très fort contre toutes les créatures surnaturelles si on en croit les différentes fictions. Mais dans ce cas, pourquoi est-ce que ça se revend si peu cher ? Voilà un mystère qui ne sera très certainement jamais résolu. Trêve de digressions. Tout ça pour dire qu’un jour ou l’autre, elle devrait quand même se pencher un peu plus sur le mythe de ces créatures. Tant que ça n’allait pas jusqu’à regarder Twilight…

Dans tous les cas, et aussi surprenant que ça puisse être, pour l’instant on pouvait compter sur la Noomi de Jimmy. Alors certes, elle avait laissé sa meute derrière elle mais c’était un mal nécessaire pour venir en aide à ce héros en carton – mais encore une fois, comme tous les héros – et ses deux sidekicks rigolos. Et puis en tant que femelle alpha, elle pouvait bien se le permettre. Cependant, elle n’écartait toujours pas la possibilité d’un revirement de situation. Ce qui ne semblait déjà plus être le cas de sa fille, du moins pour l’instant, à en juger par les petites étoiles brillant dans ses yeux à l’évocation du saut de l’ange. Et voilà comment on parvient à gagner le cœur d’une fillette. En revanche, elle espérait bien qu’elle n’irait jusqu’à lui demander de reproduire ce saut la prochaine fois qu’elles iraient à la piscine. Non parce que ça risquait de se terminer en plat d’anthologie cette histoire. Enfin bref, ils n’en étaient pas là. Pour l’heure, tout le monde se questionnait sur ses prétendues bonnes intentions, à Noomi. Pourtant, si elle avait voulu les tuer, elle viendrait de laisser filer une occasion en or. Vous l’aurez compris, la grecque ne cessait de changer d’avis au sujet de son doppelganger : un coup elle lui faisait confiance, l’autre non. Mais c’était justement l’effet recherché. Et ça ne fonctionnait d’ailleurs pas à merveille que sur elle, mais sur Sarah aussi. Sûrement encore mieux, au passage.

« En plus d’être lourdaud, il est vraiment pas malin, ce dragon. »

La blonde pouffa une fois de plus. Après oui, les dragons c’est pas vraiment connu pour être malin, surtout très imposant, en plus du fait que, Noomi insiste sur ce point mais il faut pas oublier, ça crache du feu.

Au plus fort de l’action – enfin non, mais ça reste un énorme bloc d’action avec des phases un peu plus calmes que d’autres -, Jimmy fit une pause dans son récit. Y a pas à dire, il savait drôlement y faire pour tenir son public en haleine. D’autant qu’il prenait le risque de s’attirer les foudres d’une petite blonde en faisant ça. Non, pas d’elle mais bien de sa fille. Mais ça serait le sous-estimer de penser qu’il n’avait pas déjà un plan. Du pur génie, selon Noomi en tout cas, c’était comme ces bouquins dont vous êtes le héros, elle en avait acheté plus d’un à Sarah. Un très bon exercice pour lui faire développer son imagination. Parfois, sa blondinette avait juste la flemme – et ça ne serait pas Noomi qui lui jetterait la pierre sur ce point -, mais d’autres fois, elle adorait ça. Elle ne doutait pas que ça serait le cas cette fois-ci étant donné qu’elle avait déjà participé en lançant des hypothèses par-ci, par-là, ça prouvait bien qu’elle était à fond dedans. D’ailleurs, elle ne mit pas bien longtemps avant de prendre la parole.
« Je voudrais quand même pas que le dragon meurt. Il est peut-être pas très malin mais il est pas forcément méchant, pas vrai maman ? »
Noomi ne sut pas tout de suite quoi répondre à ça. Non, sûrement que sa fille n’avait pas tort ; il s’agissait peut-être d’un dragon employé par une très vilaine sorcière et, dès lors, il n’était qu’un instrument, un vulgaire pion dans toute cette histoire, mais tout de même. Sacrée menace que voilà.
« Hum, y a peut-être moyen d’l’apprivoiser, ouais. »
Comme Daenerys mais en plus cool parce que ce personnage a quand même été vraiment très mal écrit. Dans la série, dans les bouquins, peu importe, la grecque ne l’avait jamais aimée. Son défunt mari, en revanche, c’était une autre histoire.
« Et dans ce cas, ça manquerait d’une sorcière. Mais pas une toute vieille ridée qui est juste méchante pour être méchante, hein, on en veut une trop badasse. Dans le genre de Maléfique. Avec une vraie motivation. »
Pauvre Jimmy, elle ne l’aidait décidément pas à lui demander tout ça. Toujours est-il qu’au nom de Maléfique, un petit éclat brilla au fond du regard de sa fille. Une des meilleures méchantes Disney ? Indéniablement pour peu qu’on fasse abstraction du film avec Angelina Jolie. Maintenant qu’elle y pensait, ce film ne refaisait jamais surface dans sa mémoire que lorsqu’il était question de le comparer au dessin animé. Pour en dire du mal, bien sûr. Bref, la sorcière était en option : une menace de plus parmi les zombies et autres loups-garous. Alors certes, la crédibilité de cette histoire en prenait un coup mais personne ne s’attendrait à mieux de la part d’une histoire d’horreur fantastique. Personne. Tant et si bien que même l’apparition de Pégase en bon Deus Ex Machina qu’il était ne surprenait pas tant que ça. Ou alors peut-être un peu mais il ne dénotait pas, il avait tout à fait sa place dans ce récit. En ce qui concernait la Noomi de l’histoire, celle-ci semblait avoir été momentanément oubliée. Ou vue comme une gentille. Voilà ce que c’était de vouloir jouer les mystérieuses à tout prix, on y gagne pas souvent quelque chose de bon. Toutefois, la vraie était toujours en confiance à son sujet pour l’instant, le fait qu’elle ait délaissé sa meute quelques minutes ne voulait pas systématiquement dire que ses intentions étaient mauvaises. La grande question c’était plutôt qu’avait-elle à y gagner en agissant ainsi ? Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle avait hâte de le découvrir.

Même lorsqu’il laissait de côté son rôle de narrateur pour obtenir leurs avis, Jimmy laissait planer le doute. Ainsi, il y aurait peut-être une sorcière. Ou peut-être pas ; il avait pris bonne note de leurs suggestions mais se gardait le droit de les intégrer à son histoire ou pas. Malin. De son côté, Sarah avait l’air sûre et certaine d’avoir donné d’excellents conseils qu’il faudrait suivre à la lettre alors qu’en ce qui concernait Noomi, disons qu’elle ne prendrait pas mal le fait que Jimmy prenne un autre chemin que celui qu’elle venait de lui indiquer ; elle n’était jamais contre le fait d’être surprise. Pour peu que ça soit cohérent. Enfin, en temps normal, quand elle regardait un film ou une série mais pour ce qui était d’une histoire pour enfants, elle se montrerait plus raisonnable, bien sûr. Ça serait déjà ça. Retour à l’histoire. L’autre Noomi avait pris la tête de cette petite troupe, les guidant tel Gollum guidant Sam et Frodon jusqu’aux portes du Mordor. Certes, la comparaison n’était pas des plus flatteuses mais puisque Jimmy venait de rappeler qu’elle était belle – comme l’originale, en somme -, on peut bien se le permettre. Non seulement elle était belle mais en plus, elle avait l’air vive et futée. Sans doute plus que la vraie, soit dit en passant.

Bien que ça ne fût pas son idée d’envoyer Pégase faire diversion, ç’aurait carrément pu. Mais bon, la blonde comprenait qu’il fallait en laisser un peu pour les autres aussi. Pendant ce temps-là, elles apprirent ce qu’il était advenu de sa meute : elle était présentement en train de se régaler de chair de zombies. Enfin, si tant est qu’on puisse vraiment appeler ça un régal parce qu’on a tout de même connu plus frais. Avec un peu d’imagination, on pouvait se dire que c’était ça, son but réel : trouver de la chair fraîche pour le reste de son clan. Mais si ça se trouve, ils n’avaient pas le moindre souci de ce côté-là en temps normal et elle ne faisait qu’extrapoler, allez savoir ? Dans tous les cas, les deux héros n’avaient pas d’autres choix que de la suivre pour le moment étant donné qu’ils n’avaient pas pris la peine de faire un petit repérage avant de se lancer tête baissée dans cette entreprise. Moins malin. Enfin si, ils avaient bien une autre option : se séparer. Ah, le voilà ! Le parfait cliché de film d’horreur. Noomi ne saurait dire si elle était pour ou contre. Parfois ça semblait parfaitement con car l’union fait la force mais dans d’autres cas… mieux valait sacrifier certains de ses potes pour ne pas finir complètement raide. C’est généralement ce qu’on appelle l’instinct de survie. Ce qui la surprit en revanche, c’est que ce fut le James de l’histoire qui prit cette initiative. James ? Ne pas suivre Noomi ? Impensable. Bon, moins qu’Hades si on s’en référait à la vraie vie, certes, mais tout de même, quel scandale ! D’ailleurs, la grecque désapprouvait ce comportement, ça se voyait à la tête qu’elle était en train de tirer.

« J’suis pas du tout sûre que ça soit une très bonne idée de se séparer maintenant. A moins que James soit doté de super-pouvoirs ? »

Sans quoi, est-ce que ça ne reviendrait à abandonner son ami aux mains d’une parfaite inconnue ? Que ses intentions soient bonnes ou mauvaises, aucun d’eux ne le savait encore alors c’était prendre un gros risque. Mais d’un autre côté, si la Noomi du récit les conduisait tout droit dans un piège, alors peut-être valait-il mieux mieux qu’ils ne tombent pas tous les deux dedans, en effet. Difficile d’en dire plus pour l’instant.

« En tout cas, il vole pas. Sinon il aurait pas eu besoin de Pégase, il n’aurait eu qu’à le porter. »

Ce qui serait pas du tout humiliant pour un prétendu héros, tiens, ça.

Si le James de l’histoire avait réellement une botte secrète face à cette situation, alors il devait avoir des talents de médium insoupçonnés. Qui sait ? C’était peut-être le cas et on découvrirait à la fin qu’il était le fils de caché de Madame Irma. Ou peut-être de Madame Nazar, la célèbre romanichelle de Red Dead Redemption. Oh, ça serait vraiment cool. Pas du tout crédible mais très cool. En même temps, ça siérait parfaitement à l’univers fantaisiste de cette histoire. Bref, les filles se partagèrent une canette de soda pendant que la princesse faisait enfin son apparition. Sans mot dire puisqu’à l’instar d’Aurore, elle était plongée dans un profond coma sommeil. Mais contrairement à la princesse Disney, ça ne serait pas un baiser d’amour qui la réveillerait – à moins que ça soit Blanche-Neige, ça ? Ou peut-être les deux -, juste une personne en particulier. Cette information fit sourire la grecque qui s’imagina évidemment des tas de façons de réveiller une princesse, pour peu qu’il s’agisse de la bonne personne. En lui mettant des petites claques ou en la tasant, ça pourrait marcher ? Bon, en théorie, les tasers n’existaient pas encore à cette époque mais il devait bien y avoir quelque chose qui y ressemblait de près ou de loin. Enfin, dans ce cas précis, la princesse étant une version de sa fille, il n’était bien sûr pas question de la taser ni de lui mettre des claques mais n’importe quelle autre princesse ferait l’affaire.

Soit, ce fut précisément à ce moment-là que la Noomi du récit marcha sur une dalle qui libéra alors des loups-garous zombifiés. Quelle éclate, on se serait cru dans les derniers Resident Evil. De toute évidence, c’était donc un piège. Restait à savoir pourquoi ? Qu’est-ce que Noomi pouvait bien avoir à y gagner ? A moins que ça soit par jalousie ? Ou encore par vengeance ? Mais tout de même, ça serait se donner beaucoup de mal sachant qu’il existe une personne sur terre capable de faire capoter ses plans. Alors quoi ? Ils montaient la garde au cas où cette personne déboulerait un jour, par hasard ? Un énorme gâchis de moyens, si vous vouliez son avis. Mais peut-être que les loups-garous étaient à la solde de la sorcière ? Cette raison-ci lui paraissait déjà un peu plus logique. Alors oui, ça serait toujours un énorme gâchis de moyens mais pas venant de son alter égo fantastique, plutôt d’une tierce personne. Elle préférait ça.

« Cet Hades, il est beaucoup moins malin que le nôtre. »

Là-dessus, Sarah prit la tête de son chien entre ses mains pour lui faire un bisou sur le sommet du crâne. Noomi, quant à elle, n’était pas du tout sûre que ça soit vrai ; elle trouvait surtout que Jimmy avait parfaitement réussi à bien refléter la personnalité du labrador mais elle préféra s’abstenir de tout commentaire, des fois que sa fille se froisse en entendant ça.

« C’est évidemment Jimmy… pardon, James, qui va les sauver ! »

La blonde en avait bien l’impression, elle aussi. En gros, James serait le Sam de cette histoire. Car il était exclu qu’elles aient droit à un revirement de situation total leur apprenant qu’en fait, James était un loup-garou-zombie lui aussi, n’est-ce pas ? Non, ça ne risquerait pas de plaire à la moitié la plus difficile en affaires de l’audience.

« Et à ton avis, la princesse va finir par se réveiller ? »

Sarah fronça les sourcils sous l’effet de la réflexion.

« Oui, Hades va lui faire une léchouille sur la joue. Et c’est elle qui aura le super-pouvoir de voler ! »

Pile au moment où elle terminait sa phrase, leur Hades lui léchait effectivement la joue. Quand j’vous dit que l’art imite la vie.

Ainsi, James avait bel et bien une botte secrète. Qui n’était autre que sa botte. Littéralement. Ou en tout cas l’une d’elle. Et celle-ci avait le pouvoir de stopper momentanément le temps. Y a pas à dire, c’est une sacrée botte ! Qui ? Comment ? Pourquoi ? L’explication ne tarda pas à tomber : la sorcière. Enfin, explication à moitié parce qu’encore une fois, on peut parler ici de deus ex machina. Etant grecque, Noomi et Sarah ne pouvaient que bien aimer ça. Dans tous les cas, ça les fit bien rire toutes les deux. Quoi qu’il en soit, ce petit tour de magie permit à James de récupérer aussi bien Hades que la princesse qui filèrent à dos de cheval ailé ayant fait une petite réapparition pour le final. Sauf qu’à présent, la sorcière leur barrait le passage. Et que Noomi et son super gang de la mort qui tue ne mirent pas bien longtemps à les rattraper. Une fois de plus, ils se retrouvaient piégés. Toujours plus de questions dans cette histoire. La sorcière ? Bonne ou mauvaise ? La blonde aurait tendance à dire mauvaise ; c’était pas son dragon apprivoisé qui gardait ‘endroit où la princesse était retenue captive ? A moins qu’elle veuille tout simplement la protéger des loups-garous, des zombies puis des loups-garous-zombies ? Mais dans ce cas, qu’avait donc cette princesse de si spécial ? Elle en était là de ses réflexions lorsque la voix de sa fille se fit une fois de plus entendre.

« Je comprends plus, c’est qui les méchants dans l’histoire ? »

Il est vrai que tout ce que Noomi en comprenait n’était que suppositions. Du coup, il serait bon d’avoir l’avis de l’auteur en personne. Qui pourrait tout à fait choisir de rester vague à ce sujet. Rien de plus simple : il suffirait de dire qu’il n’y a jamais de gentils ou de méchants mais que tout le monde est un peu des deux et que souvent, tout dépend du point de vue. Ça ferait très intellectuel comme discours. Peut-être trop pour une fillette de l’âge de Sarah, cela dit. Mais ça restait néanmoins une possibilité. Cependant, Noomi avait confiance en Jimmy pour trouver une explication à tout dans le dénouement final si besoin. Même si c’était parfois un peu bancal dans les faits, tant que ça parvenait à convaincre Sarah, ça serait le principal.

« Attends de voir, on arrive à l’affrontement final. »

Au fond peu importait puisque, qui que ce fût, il ne ferait sans doute pas le poids contre une sorcière accompagnée de son dragon. Bien sûr, Jimmy pouvait également faire en sorte de ne tuer personne. Alors ça serait pas trop dans l’esprit des contes de fées en règle générale mais ça pourrait se glisser dans la case conte de fées des temps modernes. Parce qu’à force de se recevoir des menaces de mort, les scénaristes n’avaient parfois pas d’autres choix que d’obéir à la demande des fans. Mouraient alors ceux que la majorité voulait voir mourir – souvent des personnages incompris car la majorité est stupide, c’est un fait -, et survivaient ceux qu’on voulait voir survivre. Qu’importe si ça avait du sens ou non. Le souci dans ce cas précis, c’est que l’audience ne voulait voir personne mourir en particulier. Qu’à cela ne tienne, les méchants pouvaient finir dans un cachot ou quelque chose comme ça. Parfois c’était pire que la mort mais Noomi s’abstiendrait de tout commentaire là-dessus ; l’heure de dormir approchait, pas celle des débats qui ne trouveraient de toute manière pas de réponses dans l’immédiat.

On a souvent tendance à clamer haut et fort que le genre le plus codifié du cinéma, c’est le slasher. Mais Noomi n’y croyait pas ; elle pensait qu’absolument tous les genres l’étaient à un certain degré. Et si on parle de cinéma c’est parce qu’elle s’y connaît un peu mieux qu’en littérature. D’autant plus, que pour ce qu’elle en connaît, en littérature, les auteurs peuvent se permettre bien plus de libertés et donc plus facilement casser les codes, sans doute. Mais qu’en était-il des conteurs ? La blonde supposait que ça se classait plus facilement dans la case « spectacle » que dans la case « création » mais, encore une fois, elle ne s’y connaissait pas suffisamment pour se permettre de juger. Dans tous les cas, ça expliquait que, dans son esprit, certains personnages avaient plus le profil type du méchant que d’autres. Ainsi, la princesse ne pourrait pas en faire partie, comme dit précédemment, dans les contes, les personnages sont rarement beaux et méchants à moins qu’il soit du genre masculin. Dans ce cas, comment expliquer qu’on arrivait difficilement à placer la Noomi du récit d’un côté ou de l’autre alors qu’il avait été dit qu’elle était belle ? Simple : il s’agissait également d’une femme de pouvoir et on ne sait apparemment jamais sur quel pied danser avec des femmes comme ça. Et puis, bien que ça puisse paraître un peu narcissique sur les bords – et ça l’était sûrement -, elle l’imaginait sexy. Et sexy égale diabolique, évidemment. Bref, on pourrait se pencher sur la question des heures durant, ce qui s’appliquait à ces différentes activités de manière générale ne s’appliquait pas à celle-ci en particulier alors elle avait beau avoir des tas de très jolies théories à ce propos, ça n’empêcherait pas que, si Jimmy décidait que la princesse était la méchante et la sorcière la gentille de l’histoire, alors ça serait le cas.

Ainsi donc les deux Savalas embarquèrent-elles pour le grand final de cette histoire. Il s’avéra qu’Hades n’était pas l’élu, le véritable sauveur de la princesse, mais que cette tâche incombait à James. Ah, ça non plus, la grecque ne l’avait pas vu venir. Ni sa fille à en juger par l’air surpris qu’elle affichât bien vite. Pourtant, ça n’eut pas l’air de lui déplaire. Ben tiens. Un petit sourire espiègle étira les lèvres de Noomi ; elle s’était toujours doutée que sa fille avait elle aussi un léger faible pour Jimmy. Et qui pouvait se vanter du contraire ? Pas les filles de la piscine en tout cas. La princesse était donc enfin sauvée et les loups-garous tous libérés de leur malédiction. Ce qui fait que Jimmy avait opté pour un schéma classique en fin de compte étant donné que les seuls méchants de l’histoire n’étaient autre que les zombies ainsi que la sorcière elle-même. Plutôt malin. Mais pas autant que le cliffhanger qui suivit. Bien sûr, il se doutait que Sarah en réclamerait d’autres, des histoires, alors c’était très bien vu de sa part de garder ses personnages déjà établis. On prend toujours plus de plaisir à retrouver des personnages qu’on connaît déjà. Noomi applaudit, bien vite imitée par Sarah qui s’exclama :

« C’était super ! »

Ça ne serait pas Noomi qui dirait le contraire car c’était vraiment pas donné à tout le monde d’inventer une histoire à brûle-pourpoint comme ça. Elle se leva à son tour et vint déposer un baiser sur la joue de Jimmy en lui soufflant à l’oreille :

« Bravo, t’as assuré. »

Avant de se tourner vers sa fille.

« Allez, c’est l’heure du dodo. S’il faut aller aux toilettes c’est maintenant ou jamais. »

Non parce qu’elle voyait ça d’ici ; sa fille ne prenant pas ses précautions et se réveiller au beau milieu de la nuit, les réveillant également au passage pour que ça se termine en expédition à travers tout le camping, lampe-torche à la main.