la course au jouet → dorian

Ce qui lui avait pris d’attendre quasiment la mi-décembre pour se lancer à la recherche de ses cadeaux de Noël quand elle savait pertinemment que beaucoup d’autres gens n’y auraient pas pensé jusqu’à maintenant et que d’autres n’auront tout simplement pas eu le temps d’aller faire les magasins avant la dernière minute ? La raison était très simple : Sarah voulait une poupée. Pas n’importe laquelle, celle qui faisait fureur en ce moment et qui était en rupture de stock depuis deux mois déjà. Bien qu’en attente de réapprovisionnement. Alors vous pensez bien que, depuis deux mois, Noomi vérifiait tous les sites et contactaient toutes les boutiques de jouets susceptibles de vendre ladite poupée pour s’assurer qu’ils n’en avaient pas reçu une nouvelle fournée. Puis, ce jour était finalement arrivé et c’était aujourd’hui. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne seraient pas trop de deux pour accomplir la très ardue mission ; elle aurait pu embarquer bien des gens dans cette galère mais son choix s’était finalement porté sur Dorian. Pourquoi ? Me demanderez-vous ; eh bien pourquoi pas ? Dorian était un sportif qui pourrait jouer de sa rapidité ainsi que de ses épaules pour se frayer un chemin jusqu’au Saint Graal. Enfin, dans une certaine limite parce qu’elle le connaissait bien, à force et elle savait qu’il n’était pas forcément le plus féroce. Qu’à cela ne tienne, elle avait de la férocité pour deux.

En début d’après-midi, elle prit la direction du centre-commercial mais ça ne serait que leur premier arrêt si par malheur, toutes les poupées avaient disparu avant qu’ils aient pu mettre la main dessus. Après s’être garée deux roues sur la route et deux roues dans une flaque de boue par manque de place puisqu’évidemment, tout Wellington semblait avoir eu la même idée qu’elle, elle retrouva son ami qui l’attendait devant les portes. Grand sourire aux lèvres, elle s’avança vers lui.
« Hello ! J’espère que t’es prêt à jouer des coudes parce qu’il faut impérativement qu’on reparte avec l’une de ces poupées. J’t’envoie la photo d’la poupée en question et la liste des magasins qui sont censés en avoir reçu cet après-midi, des fois qu’on s’rait séparés. »
Et quelque chose lui disait qu’il y avait de fortes chances que ça arrive. En fait, Noomi voyait ça comme une espèce de guerre et, en ce qui la concernait en tout cas, elle n’avait pas l’intention de se montrer tendre avec qui que ce soit.

L’organisation n’avait jamais été le fort de Noomi. En tout cas jusqu’à son accident. Avant ça, tout n’était qu’impro mais le fait de perdre la mémoire avait tout changé puisqu’il lui avait alors fallu prendre le pli de tout noter en permanence sur des post-it sans jamais rien laisser au hasard. Ou le moins possible en tout cas. Et bien que sa mémoire aille mieux désormais, c’était une habitude qu’elle n’avait pas perdue. Encore moins quand il s’agissait de faire des cadeaux à sa fille. Heureusement pour elle, elle savait également s’entourer de gens qui avaient l’organisation dans le sang et qui étaient tout aussi motivés qu’elle, comme ça pouvait être le cas de Dorian ici présent. Puis, suite à sa phrase, la blonde regarda autour d’elle et approuva d’un signe de tête.
« M’en parle pas, ça a été la galère pour me garer. Par contre, ça m’étonnerait quand même qu’ils soient tous là pour la poupée, c’est d’jà ça. »
Néanmoins, elle tâcherait de ne pas parler trop vite, des fois que… Mais non, pas possible ; dans le tas, il devait au moins y avoir les ados fans de mode qui venaient s’acheter des fringues chez H&M, non ? Bien sûr que oui. Et puis d’autres gens encore, venus terminer leurs achats de Noël en général et pas que ceux pour les fillettes. Dans tous les cas, Noomi ne comptait en faire qu’une bouchée s’ils osaient se mettre entre cette poupée et elle. Bref, ils étaient parés.
« Alors on y va ! »
Pénétrant dans le centre-commercial, elle songea que ces chants de Noël allaient très probablement lui taper sur le système au bout d’un moment et plaignit les gens qui devaient travailler dans cette ambiance festive de neuf heures à vingt heures. Tous les jours. Quel enfer. Heureusement que ça ne durait qu’un mois. Elle prit la direction du magasin de jouets où une file monstre s’accumulait devant les portes.
« Ah… D’accord. Moi qui m’attendais à devoir arracher violemment la poupée des mains d’une autre maman pour partir en courant avec, j’t’avouerais que j’suis un poil déçue de devoir simplement attendre mon tour. »
Mais elle imaginait aisément que c’était pour éviter ce genre d’incidents qu’ils en étaient arrivés là. Parce qu’elle n’était sûrement pas la seule à utiliser ses poings par réflexe. Bref, la grecque se mit en bout de file et attendit. Dix minutes. Sans avancer. C’était trop long. Et puis au vu de la file, pas sûr qu’ils aient des poupées pour tout le monde.
« Bon, et si on grugeait un peu ? »

Non, tout ce monde ne pouvait quand même pas être là pour une poupée, Dorian était d’accord avec elle. Mais il était aussi d’accord de ne pas perdre de temps parce qu’il devait malgré tout y en avoir dans le tas qui n’étaient là que pour ça et que, s’ils traînaient, elle pourrait tout à fait leur passer sous le nez. Ce à quoi la blonde acquiesça tout en pénétrant dans le centre-commercial et en se frayant un chemin jusqu’au magasin de jouets. Où une longue file attendait déjà. Et si y avait bien quelque chose que Noomi détestait, c’était de devoir attendre. D’ailleurs, elle pensait que personne n’aimait perdre son temps. Sauf si c’était à Disneyland parce qu’on avait payé assez cher pour ça. Et que généralement, on n’avait de toute manière rien de mieux à faire, ces jours-là. Pas qu’elle ait quelque chose à faire ce jour-ci non plus, remarquez, mais si elle perdait trop de temps dans cette file d’attente sans parvenir à mettre la main sur la fameuse poupée, alors ça serait autant de temps qu’elle ne pourrait pas consacrer à la visite d’autres magasins susceptibles de l’avoir en stock, vous voyez ? Ça, c’était la logique de Noomi.

Raison pour laquelle elle demanda, au bout de plusieurs minutes quand même, s’il ne serait pas temps de gruger. Quelque chose lui disait que oui et comme son ami n’avait pas l’air d’être contre cette idée… Madame Terrier, d’ailleurs. Ça sonnait pas mal. Peut-être un jour, même si elle ne renoncerait pas entièrement au nom des Savalas aussi facilement. Elle ne l’avait pas fait la première fois, elle ne le ferait pas la deuxième – et seconde, on l’espère. Bref, autant ne pas trop y penser ; pour quelqu’un d’un peu superstitieux, ça pourrait porter la poisse.
« Tu nous f’rais pas une p’tit crise d’hypoglycémie ou une chute de tension des fois ? T’es tout pâlichon. »
Ça serait quand même dommage de ne pas mettre de potentiels dons d’acteur à contribution, non ? De meilleurs que les siens, s’entend, mais ça, comme vous l’aurez compris à force, ça n’était pas bien difficile. Elle lui adressa un clin d’œil en espérant qu’il jouerait le jeu. Puis si pas, elle s’y collerait, mais elle ne jurerait pas pouvoir faire ça de façon assez subtile pour qu’on y croit. Après, comme on le dit souvent : plus c’est gros, plus ça passe.

L’espace d’une seconde, Noomi détailla Dorian du regard. Certes, elle avait tendance à oublier la façon dont il était taillé mais elle partait du principe que tout le monde pouvait être sujet à une crise d’hypoglycémie, une chute de tension ou n’importe quoi d’autre capable de provoquer un malaise vagal. Dans tous les cas, ça ne l’étonnerait pas plus que ça de le voir en faire un, elle, alors elle se disait qu’il y en avait forcément d’autres que ça ne surprendrait pas non plus. Mais, en disant ça, il s’avérait que son ami avait une autre idée derrière la tête. Qu’elle prétexte une envie pressante tout en faisant semblant d’être enceinte. En soi, ça ne la dérangeait pas le moins du monde d’utiliser ce subterfuge, mais disons qu’au vu de son profil, ça serait quand même difficile à croire. Non parce qu’elle était toujours aussi longiligne et que, pour commencer à ressentir ces envies de pisser si urgentes qu’elles ne pouvaient pas du tout attendre, il fallait que le bébé appuie sur la vessie. Or ça prenait quand même quelques mois de développement pour en arriver là.
« S’tu veux mon avis, c’est à ça qu’personne croira. Et s’il y a quelqu’un pour y croire, il se prendra mon poing dans la gueule, tu peux m’croire. »
Parce que ça voudrait alors dire qu’elle avait l’air enceinte et ça, c’était pas très flatteur. En revanche, son ami n’avait pas tout à fait tort quand il disait que de feindre un malaise aurait plus vite fait de les expédier au poste de secours qu’à l’intérieur du magasin. La blonde continua donc de regarder autour d’elle, une autre idée en rapport avec ce que Dorian venait de proposer germant peu à peu dans sa petite tête. Sollicitant alors tous ses talents d’actrice, elle fit mine d’avoir un haut-le-cœur, s’exclamant ensuite bien fort pour que les gens à la ronde puissent entendre :
« Wow, j’me sens toute barbouillée aujourd’hui. J’espère que c’est qu’une intoxication alimentaire et pas une gastro. J’sais qu’ça court en c’moment à l’école de Sarah. »
Voilà, elle avait prononcé le mot magique, celui qui marchait à tous les coups pour disperser les foules parce que personne n’avait jamais envie de l’attraper : gastro. La personne se trouvant juste devant eux se tourna alors dans leur direction en leur proposant gentiment de passer devant elle. Elle ne fut d’ailleurs pas la seule et ainsi purent-ils remonter quelques places dans la file d’attente. Adressant un clin d’œil à Dorian, elle commenta :
« C’est d’jà pas si mal ! »
En fait, ç’aurait même été super si à ce moment-là, un vendeur n’était pas sorti du magasin de jouets pour leur apprendre que le stock de poupées venait d’être malheureusement écoulé.

Dans le doute, tout miser sur la gastro, bien sûr ! Contrairement aux dires de Dorian, Noomi n’avait probablement pas le teint verdâtre – et s’il disait vrai, alors il faudrait quand même commencer à se poser des questions étant donné qu’elle avait quand même eu des symptômes récemment – mais personne n’allait venir vérifier de trop près. Son ami en rajouta donc une sacrée couche, comme si tout le monde se baladait avec une bassine sur lui au cas où un ami, une connaissance ou un collègue avait la nausée. Cette réplique la surprit d’ailleurs tellement qu’elle faillit en rire. Mais non, il fallait qu’elle garde son sérieux. Assez longtemps pour gagner quelques places dans la file d’attente, tout du moins. Ce qui fonctionna sans trop de souci. Mais ça ne servit en revanche à rien puisqu’à peine eurent-ils grugé une ou deux places que voilà qu’un vendeur sort du magasin pour faire savoir à tout le monde qu’ils viennent tout juste de vendre leur dernière poupée en stock. Ah… Ben voilà qui les avançait bien. Râlant dans sa barbe, la grecque regarda autour d’elle comme si on venait de lui annoncer une fin de monde imminente plutôt qu’une poupée en rupture de stock, en oubliant totalement de continuer à jouer les malades.
« Incroyable, mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec cette foutue poupée ?? »
C’était à se demander. Non parce que si Noomi n’avait rien contre l’idée, c’était Sarah qui ne demandait plus trop à sa mère de jouer à la poupée avec elle, préférant emporter les siennes chez ses amies ou encore attendre une réunion à l’appartement pour faire ça toutes ensemble alors elle n’avait pas pris la peine de se renseigner. Est-ce qu’elle marchait ? Autrement que celles qui étaient supposées marcher durant l’enfance de la blonde et qui, au lieu de ça, faisait un bruit vraiment flippant à chaque mouvement et finissait toujours par se coincer, s’entend. Est-ce qu’elle parlait ? Avec de réglages permettant de changer sa voix et de la remplacer par celle de Mister T, par exemple ? Ça, c’est sûr que Noomi s’y intéresserait si elle était capable de faire une chose pareille. Peut-être même qu’elle s’amuserait à faire des blagues à Jimmy, en supposant qu’il n’ait pas cette bonne idée avant elle, évidemment.
« Ouais, allez viens, on s’casse d’ici. »
Direction le prochain magasin de jouets. Et en vitesse, avant que tout le monde ait la même idée.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Dorian était carrément dévoué à son rôle. Non parce qu’elle n’avait jamais vraiment eu d’amis prêts à l’accompagner jusqu’aux toilettes pour lui tenir les cheveux pendant qu’elle vomissait au cours d’une soirée un peu trop arrosée, par exemple. Sans parler d’un quelconque virus… Non, dans ces moments-là, tout le monde avait généralement tendance à quitter le navire. Et elle ne leur jetait pas la pierre puisqu’avant d’avoir Sarah, elle aurait fait exactement la même chose. Mais avoir à s’occuper d’un bébé changeait radicalement les choses. Ce qui avait tendance à vous dégoûter autrefois faisait à présent partie intégrante de votre quotidien et c’est ainsi que Noomi en était arrivée à la conclusion qu’on s’habitue vraiment à tout. Bref, ils quittèrent donc la file avec un peu d’avance sur tout le monde, ce qui permit à son ami de se renseigner sur le prochain magasin qu’ils visiteraient. Celui-ci se trouvait toujours dans le centre-commercial mais à l’autre bout, apparemment. Il allait leur falloir courir. Bon, personne n’en sera surpris mais ça n’était pas vraiment le fort de la grecque qui s’essoufflait au bout d’une ou deux minutes à peine déjà par manque d’habitude mais aussi parce qu’elle fumait.
« Quelle conne, j’y ai pas pensé ! »
Et c’est vrai qu’elle aurait pu venir en rollers. Alors peut-être pas depuis West Bay sans quoi il lui aurait fallu quitter l’appartement aux aurores, mais elle aurait pu les balancer dans son coffre et changer une fois arrivée à destination. Le problème, c’est qu’elle aurait perdu beaucoup de temps à le faire à chaque fois qu’il lui aurait fallu reprendre la voiture.
« Bon, j’compte sur toi du coup. Pars devant, j’te rejoins ! »
Ce qui ne voulait pas non plus dire qu’elle allait prendre son temps, non, elle arriverait quand même essoufflée, ne vous en faites pas, mais sans doute pas au point de tomber dans les pommes. Ce qui aurait tout à fait pu être le cas, sinon. Et ç’aurait été drôle puisque c’était aussi ce qu’elle avait proposé de feindre un peu plus tôt. Elle laissa donc Dorian prendre de l’avance et leur assurer une bonne place dans la queue et suivit au petit trot. C’était toujours dans ces moments-là qu’elle regrettait d’avoir retouché à une clope après son accident, quand elle était au fond du trou. Mais y avait toujours de l’espoir ; elle avait pu arrêter une fois, elle devrait pouvoir le refaire.

Un arrêt cardiaque, carrément. Noomi aurait bien aimé lui balancer une réplique bien sentie, mais elle n’en eut pas le temps, Dorian avait déjà filé. Et c’était tant mieux parce qu’elle n’avait pas peur de ne pas y arriver, non, elle avait surtout peur d’y arriver trop tard. Maintenant en revanche, elle pouvait prendre tout son temps. Ce qu’elle ne fit bien sûr pas parce que c’était pas son genre de laisser les autres faire les choses à sa place. La grecque pressa donc le pas, slalomant gentiment – le plus souvent en tout cas - parmi toute cette foule. Et quand arrivèrent les escaliers, son regard chercha bien un ascenseur pas trop loin mais elle en vint rapidement à la conclusion que si elle choisissait cette option, elle perdrait du temps pour rien. Donc non, une marche après l’autre. D’abord d’un bon pas et puis un peu plus lentement à chaque marche. Mais ça n’avait aucune espèce d’importance puisqu’elle parvint au sommet à peine essoufflée. Enfin, peut-être un peu plus qu’à peine mais elle n’était pas encore à terre. Puis elle finit par rejoindre son ami ayant déjà pris place dans la file d’attente bien moins longue que la précédente.
« Tu vois, toujours vivante. »
Toujours debout, comme dirait l’autre. Puis elle l’interrogea, aussi bien du regard qu’à l’oral.
« Alors ? Ça dit quoi ? »
Histoire qu’ils ne soient pas en train de perdre leur temps pour rien. Dans tous les cas, les gens qui avaient fait la queue à l’autre magasin, tout comme eux, avaient dû aussi avoir eu vent de l’info parce qu’elle les vit pratiquement foncer sur eux tel le troupeau sorti de la jungle de Jumanji. Mais Noomi ne bougea pas d’un millimètre, bien décidée à leur montrer de quel bois elle se chauffait. Ce qui en l’occurrence, était un peu idiot parce que c’était certain qu’elle ne l’aurait jamais si elle se faisait piétiner, cette poupée. Mais c’était Noomi et parfois, ce qu’elle faisait n’avait tout simplement aucun sens. Par chance, le troupeau se stoppa à quelques centimètres d’elle. Sans incident aucun ; pas de chute, pas d’emboutissage. Un miracle. De Noël, peut-être.
« J’ai bien fait d’te faire partir devant. »
La blonde l’avait senti, c’était exactement pareil qu’en période de soldes, les gens se comportaient comme de vrais animaux et ça pouvait intimider. Oui enfin, seulement quand on ne s’appelait pas Savalas.

En toute franchise, Noomi ne se fiait qu’à moitié à toutes ces applications. Par flemme – appelons un chat, un chat, au bout d’un moment -, il lui était bien sûr déjà arrivé de se faire livrer. Ses courses – il est vrai que Sarah adorait ça et généralement, la blonde attendait que sa fille soit à l’appartement pour aller faire les siennes même si ça signifiait toujours plus de dépenses qu’escompté parce que vous connaissez les enfants, ils veulent toujours quelque chose en bons petits capitalistes bien éduqués qu’ils sont – ou bien quelque chose de plus spécifique dont elle aurait pu avoir besoin sur Amazon, par exemple. En fait, elle s’était très vite rendue compte qu’elle pourrait commander à peu près n’importe quoi sur Internet et se passer de magasins pour tout en dehors des fringues. Ça, c’était tout sauf pratique. Non, bien que ça soit à ses yeux une corvée plus que barbante, autant se déplacer et tout essayer sur place parce que renvoyer, échanger et tout ce qui s’ensuit était une corvée encore plus chiante, selon elle. Bref, tout ça pour dire qu’il lui arrivait parfois de commander via des applications de ce genre, alors elle savait très bien que ce n’était pas toujours à jour et qu’il valait mieux s’en méfier.

Comme de ce troupeau qui venait tout juste d’arriver et de prendre place derrière eux. Encore heureux que Noomi l’avait vu venir et qu’elle avait envoyé Dorian en mission avant que tout le monde ne déboule, ça leur laissait une petite mais assez confortable longueur d’avance. Contente d’elle, la grecque acquiesça avec un petit sourire. Jusqu’à ce qu’elle sente que ça commençait à pousser derrière. Ah, ça, ça n’allait clairement pas le faire. Elle laissa passer. Une fois, deux fois. A la troisième, elle finit par se retourner et vit un type en train de remonter la file en prétextant qu’il connaissait quelqu’un juste devant les portes. Mouais… Noomi n’y croyait pas une seule seconde.
« Ah ouais ? Ben vous allez quand même devoir rester là. Si c’est vrai, alors y a pas besoin d’être deux. Dans tous les cas, nous, on vous laisse pas passer. »
Quand je vous dis que ce genre de choses avait le don de transformer n’importe qui en animal, Noomi ne faisait bien sûr pas exception à la règle. Quand bien même c’était carrément le genre de ruses qu’elle-même était prête à utiliser. Quoi qu’il en soit, le ton commença à monter entre les deux.