I was born for this [Lexie & Liam]

Drake prend le pendentif entre ces doigts. Je frissonne au bref contact de ces derniers sur ma peau lorsqu’il s’en empare. Il l’observe sous tous ces côtés avec grande attention. J’en fais de même avec son visage. C’est fou l’effet que cet homme me fait, en cet instant. J’aimerais me fondre dans le creux de ces bras pour goûter à nouveau à la douceur de ces lèvres sur les miennes. Ce désir me faire sourire légèrement, soudainement. Il me ramène au souvenir de la première fois où je l’ai embrassée, en juin dernier. Cela fait déjà six mois. Le temps passe tellement vite, c’est hallucinant. Je ne saurais même plus décrire avec exactitude la sensation que j’ai éprouvée en lui offrant ce baiser à sens unique. Tout ce que je pourrais dire à ce sujet, à la rigueur, c’est qu’il a été suffisamment intense pour que je ne l’oublie pas totalement. Je serais assez curieuse de savoir si un nouveau serait identique ou totalement différent. Toutefois, je ne fais rien pour répondre à cette interrogation. Au contraire. Je me mords la lèvre inférieure, pour me dissuader de provoquer un tel rapprochement que j’estime malvenu, tandis que le métal de mon pendentif retrouve sa place contre mon sternum. Le verdict de Drake tombe. Je devrais le garder sur moi, selon lui. Il fait partie de ma personne. Il est également à une place privilégiée autour de mon cou. Je fronce quelque peu les sourcils à ces derniers mots. Qu’entends t’il par là ? Qu’il aimerait avoir cette place si cela était possible ? Hum. Je ne crois pas, non. Cela n’a aucun réel sens. De plus, Drake est beaucoup trop intelligent pour sous-entendre quelque chose dans ce genre là. Non. C’est uniquement un compliment. Je l’en remercie d’un sourire charmant, d’ailleurs. Enfin, je le remercie également pour son avis sincère au sujet du collier. Grâce à lui je peux le garder sans me demander si j’ai raison ou non de le porter avec cette robe.

_ Bon, je pense que nous sommes prêt dans ce cas.

Dis je doucement, alors que Drake me tend déjà le bras pour quitter la chambre. Ce dont je ne me fais pas prier. J’enroule mon bras au sien, tandis que nous quittons la chambre qui se referme sur nos pas. Je profite que nous marchions en direction de l’ascenseur pour l’informer.

_ N’ayant aucune poche, je n’ai pas me carte magnétique sur moi, j’espère que tu as la tienne ?

Ce ne serait pas un grave problème s’il l’avait oublié dans la chambre. La réception nous en fournirait une nouvelle sur demande, et nous regagnerions notre suite sens encombre. Toutefois, si nous pouvions nous abstenir d’un tel détour au moment d’aller nous coucher, cela ne serait pas plus mal. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur nous. Immédiatement, j’appuie sur le bouton zéro pour descendre au rez-de-chaussée. Lorsque nous sortons de la cabine de fer à cette étage, nous apercevons des couples bien habillés prendre la direction de la salle de réception. Nous prenons instantanément leur suite. Je profite de ce moment pour observer cette zone de l’hôtel que je n’ai pas encore vu depuis notre arrivée. Tant de dorures, c’est presque gênant pour quelqu’un qui vient comme moi de la savane. Cependant, je n’en laisse rien voir. Je continue, d’une démarche assuré, d’avancer en direction de l’endroit où aura lieu le gala. Nous croisons un vestiaire en chemin. Je me rend compte que c’est une chance que notre chambre soit à quelques étages au dessus, nous gagnons ainsi quelques minutes en n’y faisant aucune halte. Au bout du couloir où nous nous trouvons, se présente la salle de réception. Elle est décorée de façon aussi exagérée que le reste de l’hôtel. Je me sens encore moins dans mon élément que je ne le pensais. Toutefois, hors de question de repartir dans mes vieux travers. Je m’en fiche du regard des gens, et même de l’ambiance. Je suis ici pour passer un bon moment en compagnie de Drake. Nos pas s’arrêtent derrière deux couples dans une file d’attente. Le jeune homme à l’entrée s’assure qu’ils soient bien sur sa liste, avant de les laisser entrer avec leurs numéros de tables. Il en fait de même avec nous. Je lui sourie brièvement tandis que Drake nous emmène déjà en direction de celle-ci. Elle se trouve tout au bout de la salle. J’ignore si c’est une bonne place ou non. Tout ce que je sais, c’est que cela nous donne l’occasion de la traverser et donc deviner ce qu’ils nous attends. Un dîner buffet, ainsi qu’une soirée dansante j’imagine. Enfin, nous verrons. Je prends place sur le siège en face de mon nom. Il y a les mêmes gants de boxe dessinée à côté de celui-ci que sur le porte-clefs qu’on m’a donné hier. Je repense soudainement au tatouage de la vendeuse, Savannah. En voilà une qui doit envisager d’avoir recours au laser pour s’ôter le nom de Liam Drake de la peau. Je serais tentée de rire mais je m’en abstiens. Surtout à cause de l’arrivée d’un serveur, tout vêtu de blanc, qui dépose devant nous deux flûtes de champagne. Je lui sourie en guise de remerciement, tandis que Drake me propose un toast. Je rie quelque peu au sujet sur lequel il veut trinquer. Très honnêtement, j’aimerais croire que mon inexpérience est visible comme le nez au milieu du visage mais, quelque chose me dit qu’il a obtenu cette information d’une autre façon que suite à une observation élaborée. Est-ce que j’en voudrais à mon meilleur ami s’il s’avère que c’est lui qui l’en a informé ? Non. Ce que j’ai appris hier m’a fait changer radicalement à ce sujet. Je trinque donc sans arrière pensé.

_ A mon premier gala, oui.

Fais-je amusée, avant de boire une gorgée de mon champagne. Il est excellent. Oui, je sais, ma résolution de vivre sans alcool prend une sacrée claque depuis hier soir. Cependant, je ne me vois pas demander un jus d’orange dans une telle réception. Je m’en accommode donc. De retour à la maison, je reprendrais mes bonnes résolutions cependant. Alors que je dépose ma flûte sur la table, je détourne mon regard en la direction de Drake. Il est vraiment magnifique dans son beau costume. C’est incroyable comme chaque facette que je découvre chez lui me fascine, me séduit. J’ai soudainement l’envie d’en savoir plus sur lui. C’est cette envie qui m’encourage à diriger mon corps en sa direction tandis que je lui dis, charmante.

_ Bien, en attendant que les autres invités assignés à cette table n’arrivent, que dirais-tu qu’on joue un petit jeu toi et moi ? L’idée vient de m’effleurer l’esprit. Je me dis que ça peut-être plus drôle qu’on fasse connaissance en « jouant ». _ Je t’explique le principe. Tu vas voir, c’est très simple. Je te pose une question, tu me poses une question, et ainsi de suite. Celui qui refuse de répondre à un gage. C’est on ne peut plus basique comme règles, vous en conviendrez. _ Je commence. J’annonce souriante pour qu’on est le temps de faire au moins un tour. _ Dis moi, a quand remonte ta dernière relation sérieuse avec une femme ?

Il sait pour Adriel. Je ne vois donc pas pourquoi je ne pourrais pas savoir ce qu’il en est de son côté à ce sujet. De plus, je ne demande pas de détail. Juste une période de sa vie. Libre à lui de m’en dire plus, ou non.

Lexie n’a pas à s’en faire, j’ai tout ce qu’il faut sur moi pour que la soirée se passe bien, y compris ma carte magnétique pour revenir à la suite à la fin du gala. Je me contente donc de tapoter de ma main libre sur la poche de mon veston qui coïncide presque avec l’endroit où se trouve mon cœur. Le geste me fait rire alors que nous rejoignons l’ascenseur. Nous atteignons la salle de réception dans les minutes qui suivent puis nous gagnons lentement notre table numérotée par le nombre six. Elle se trouve au fond de la salle, ce que je trouve bien car nous pouvons durant le chemin pour nous y rendre observer un peu autour de nous. La table est ronde et comprends quatre autres chaises libres une fois que nous avons prit place. Du coup, deux autres couples seront jumelés avec nous. Je demande à voir lesquels. En attendant, un serveur nous dépose deux flûtes de champagne devant nous et je décide de faire trinquer Lexie pour souligner sa première expérience de gala. Je souris alors qu’elle ne fait aucun commentaire sur comment je suis au courant de ce fait, respectant plutôt le toast en buvant une gorgée simultanément à moi. Je redépose mon verre sur la table et je me tourne pour l’admirer une nouvelle fois. Elle m’observe également, ce que je ne manque pas de remarquer. La jeune femme se tourne complètement vers moi, se retrouvant perpendiculaire à sa chaise. Je suis curieux de savoir ce qui l’intéresse autant d’un coup. Elle me propose de jouer à un jeu et je suis surpris par cette demande, mais d’autant plus intrigué. Lexie semble vouloir jouer à une sorte de « vérité ou conséquence » et je souris alors qu’elle propose de commencer. J’ai l’impression qu’au cours de nos multiples rencontres, elle n’en a pas assez appris sur moi. Elle désire plus, beaucoup plus. Je suis en effet une personne qui ne s’expose pas sans raison, pas spontanément. Comme je n’ai pas l’intention de lui mentir ce soir tout comme j’ai toujours et que je compte toujours être honnête avec elle, disons qu’elle a trouver le moyen d’obtenir de moi ces informations sans mal. Je me retourne donc moi aussi complètement vers elle, faisant en sorte que nos genoux se frôlent désormais. Je la regarde dans les yeux alors qu’elle s’apprête à me poser sa question. Je ne prends pas mal qu’elle cherche à savoir à quand remonte ma dernière relation sérieuse avec une femme. Sauf que la réponse pourrait la déranger. Je viens reprendre de ma main gauche la flûte de champagne m’appartenant, sans la quitter du regard. « À octobre dernier. Jessie. Nous avons été ensemble trois ans. » Pourquoi lui cacher ? Elle va faire les conclusions seules dans son esprit. Je me contente de réfléchir à mon tour à une question afin de ne pas laisser ses réflexions devenir empoisonnées par des gestes du passé que l’on ne peut changer. Moi et Jessie s’est terminés. C’est tout ce qu’elle doit prendre en considération. « Ton tour. Qu’est-ce qui t’intéresse autant chez la boxe ? » Je suis curieux de savoir ce qui la passionne dans ce sport. Si ce sont les mêmes raisons que moi. Alors que je l’observe, l’un des couples de notre table prend place juste à côté de moi, faisant en sorte que de ma position actuelle je fais dos à la femme qui s’assoit. Je tourne la tête pour les saluer d’un sourire. L’homme qui est encore debout me reconnait. Il ose venir plus près de moi et me tendre une main que je prends sans hésitation. « Liam Drake, c’est un honneur. Je suis Paul Gibson. » Je ne connais pas son visage mais je connais son nom. Il est le cinquième meilleur temps de la journée. Je serre donc sa main avant de me souvenir de ce qu’il est. « Le nageur reconverti en chanteur. » Paul rit et hoche la tête. « C’est bien moi. » Il se désigne et je me retourne alors qu’il nous présente sa femme, Laura. Comme elle me tend une main, je viens y apposer un baiser galant qu’elle semble apprécier. Je désigne ensuite la blonde pour l’introduire à son tour. « Voici Lexie Storm. Une amie proche qui a rejoint mon équipe récemment. » Inutile de leur dire que l’adhésion a eut lieu hier. Paul s’approche pour lui faire un baisemain aussi et Laura se lève même pour aller lui faire la bise. Nous allons tous nous assoir à nos places et le deuxième couple reçoit à leur tour des flûtes de champagne. Alors qu’ils parlent entre eux, je me penche vers Lexie. « Tu veux toujours poursuivre le jeu ? » Je lui demande avec un véritable intérêt pour la réponse. Surtout que si on continue, il va peut-être falloir faire les confessions directement dans l’oreille de l’autre.

Drake ne refuse pas de jouer. Au contraire. Il se tourne vers moi pour qu’on puisse en faire une partie. Je me sens comme Lana lorsque j’accepte de partager avec elle un moment de jeu, euphorique. Je pourrais presque sautiller sur ma chaise tant l’idée d’en découvrir plus sur lui, par ce biais, me remplie de joie. Je commence, d’ailleurs. Je lui demande ouvertement à quand remonte sa dernière relation sérieuse avec une femme. Cela semble être une question intéressée mais ce n’est pas le cas. Je suis juste curieuse de savoir s’il est un coureur de jupon comme on le soupçonne, ou s’il est aussi sérieux que je le pense. Verdict ? Il est sérieux. Très même. Il a été en couple avec une certaine Jessie, durant trois ans. Leur histoire c’est terminé en octobre. J’acquiesce souriante, ravie de sa franchise, lorsque je percute un petit détail bien embarrassant. Lequel ? Le baiser de juin dernier, sur la bouche. Je lui ai offert sans prendre en considération l’éventualité qu’il ait une petite amie. Voir même une épouse, également. Du coup, je me sens un peu gênée par ce geste spontané de ma part. J’en rie nerveusement, même, en attrapant ma flute pour en boire une nouvelle gorgée. C’est lorsque je la redépose sur la table que je me rends compte que ma réaction est grotesque. Ce baiser n’a eu aucune importance de son côté, aucune conséquence. De plus, par le passé, j’ai embrassé des hommes en couple qui m’ont ensuite fait comprendre qu’ils étaient fidèles alors, ce n’est pas grave. C’est au tour du boxeur de me poser une question. Je l’écoute avec attention, sourire vissé aux lèvres. Il me demande ce qui m’intéresse autant dans la boxe. Hum. C’est une excellente question. J’avoue ne jamais vraiment avoir analyser la raison m’encourageant à apprécier ce sport. J’y réfléchie tandis qu’un couple nous rejoins à notre table. Je les salue courtoisement, l’esprit toujours préoccupé par ma future réponse. Enfin, si j’ai encore l’occasion de la fournir sinon, ce sera plus tard au cours d’une autre conversation. Je compte bien instaurer un peu plus les dialogues dans notre duo. L’homme qui vient d’arriver se présente à Drake en lui serrant la main. Son nom ne m’est pas inconnu. Je cherche où je l’ai déjà entendu lorsque le boxeur me fournit indirectement la réponse. C’est un chanteur connu, nationalement. On le voit de temps à autre dans les shows musicaux à la télévision. Je serais plus intéressé par la célébrité des autres, je crois que je serais sur un petit nuage à la seule idée d’être entourée de vedettes de différents domaines. Ce qui n’est pas le cas. Je me sens juste honorée de pouvoir les côtoyer pour un temps très court. Paul nous présente sa femme, Laura. Elle est assise derrière Drake. Elle lui tend la main aussitôt. Galamment, Drake y appose un baiser. La veinarde. Je ne dirais pas non à une telle attention, moi non plus. C’est à mon tour d’être présentée au couple. Je suis une amie proche de Drake, ayant rejoint récemment son équipe. J’apprécie énormément ce statut. J’apprécie également beaucoup le baisemain du chanteur a qui j’offre un sourire charmant. Je crois que je vais m’intéresser plus à sa carrière, pour la peine. Sa femme vient me faire la bise. Je suis étonnée. Je ne pensais pas qu’elle serait si familière. Peut-être ai-je une vision faussée de cette classe sociale où évoluent les gens riches, finalement. Chacun ayant prit place à table, Drake et moi retrouvons en quelque sorte notre tête-à-tête. Il se penche aussitôt vers moi pour me demander si je désire toujours poursuivre le jeu. Je sourie de toutes mes dents, ravie qu’il me le propose.

_ Ouiiii. Fais-je enjouée, discrètement, avant de lui rappeler. _ D’ailleurs, c’était à mon tour de te répondre. Ce que je fais, immédiatement. _ Alors, après brèves réflexions, je pense que ce qui m’intéresse autant chez la boxe, au delà de voir des hommes se frapper dessus, autant être honnête sur le fait que cela fait le charme de ce sport à mes yeux. _ c'est la stratégie qu’il y a derrière. Je marque une pause. _ Depuis que je te connais, je me suis rendu compte que la boxe était plus cérébrale qu’il n’y paraît et j’adore vraiment ça. Ce n’est pas être violent pour être violent. C’est… Je m’interromps pour rire. _ Enfin. Tu connais mieux que moi le sujet donc il est inutile que je t’explique. Surtout que c’est lui qui m’a dévoilé cette facette de ce sport. _ A ton tour. Je marque une pause pour réfléchir à la question, quand je la trouve. _ Dis moi, pourquoi m’avoir choisie comme accompagnatrice ?

C’est une question qui peut-être posée. Pourquoi moi alors que personne n’a trouvé grâce à ces yeux.

Lexie accepte de poursuivre le jeu et je garde donc ma tête proche de la sienne. Nous pouvons ainsi échanger ce qui nous plait sans risque d’être entendu si c’est vraiment personnel ou sans déranger l’autre couple à notre table. Cette proximité ne me dérange pas. Je viens même appuyer une main sur le rebord de la chaise de Lexie pour m’assurer une stabilité dans cette position. Mes doigts entrent en contact avec sa cuisse, caressant ainsi quelques secondes le tissu de sa robe. Sauf que je n’abuse pas de ce geste. Je demeure focalisé sur le jeu en cours, sur la réponse que la blonde doit me fournir. Je l’observe de proche alors qu’elle m’avoue avoir réalisé que la boxe était davantage stratégique qu’elle ne l’avait cru. Je laisse mon regard descendre à sa bouche alors qu’elle rit. Je m’intéresse un peu trop longtemps à ses lèvres que je sais être douce. Combien de baisers sur la joue ou sur le front ai-je reçus de la part de ses lèvres pour à présent en connaître la délicatesse ? Je remarque que je me suis rapproché inconsciemment. Que le côté de ma tête frôle désormais ses cheveux habilement coiffés. Je ne tente pas de m’éloigner. Je demeure ainsi à proximité, sentant la chaleur de son corps à quelques centimètres du mien. C’est apparemment à mon tour de répondre et je lève mon regard vers le sien. Je capture la réflexion que je remarque dans ses prunelles avant qu’elle recommence à briller dès qu’elles trouvent une question à me poser. Je suis attentif. Pourquoi elle comme accompagnatrice ? Je souris légèrement. Je n’ai pas une réponse très longue à lui fournir pour cette question. J’espère ne pas la décevoir de la sorte. « Parce que je voulais que ce soit toi. Je voulais te faire vivre cette expérience. Que tu la partage avec moi. » Je dis non loin de son oreille. J’inspire un coup. Une main vient se poser sur mon épaule. Je m’éloigne de Lexie pour voir de qui il s’agit. Une femme. Jane Nash. La petite sœur de Mark Nash, le boxeur que je vais affronter en janvier. Elle est de son côté animatrice culturelle pour une chaîne de télévision de Wellington mais surtout historienne de formation. Je souris en la voyant, me levant pour la prendre dans mes bras. « Ça fait plaisir de te revoir, Drake. » Elle me dit en répondant à mon accolade. Je cherche quelqu’un du regard lorsque nous nous séparons enfin. « Lucy n’est pas avec toi ? » La jeune femme lève les yeux au ciel en soupirant. « Tu la connais, elle a oublié son sac à main dans la chambre. » Je me tourne vers Lexie pour lui introduire Jane comme j’ai fais pour Paul et sa femme. Je présente la blonde de la même façon. Sauf que j’ajoute au moment de lui présenter celle ayant enregistré le vingtième meilleur temps de la journée : « La fiancée de Jane, Lucy, devrait nous rejoindre sous peu. » Jane, qui gardait jusque là un bras dans mon dos me relâche afin de faire les présentations avec Paul et son épouse. Je vois au loin Lucy qui court presque du haut de ses talons aiguilles. Dès qu’elle arrive vers nous, le tend les bras pour l’arrêter alors qu’elle arrive trop vite. Elle relève la tête vers moi avec un regard accusateur. « Tout était sous contrôle, Drake. » Je n’en crois rien. Je la laisse rejoindre sa fiancée qui a un regard maternel sur elle. « Tu as de la chance qu’un homme aussi élégant t’ai empêché de te ridiculiser, Lucy. » Elle la réprimande avant de l’embrasser un bref coup sur les lèvres. Elles se disputent un peu comme un vieux couple en baissant d’un ton et en prenant leur place. Je me rassois également, venant me rapprocher à nouveau de Lexie pour lui expliquer. « Lucy est du genre très gaffeuse, surtout en talons hauts. La dernière fois elle a perdu pieds à côté de la table des cocktails et elle a entraîné la nappe avec elle. L’ensemble des verres sont tombés et se sont cassés au sol. Roy avait rit à s’en décrocher la mâchoire. C’était vraiment hilarant. » J’avoue en souriant. Je reprends mon sérieux. « Sinon, c’est à mon tour de poser une question. Toi qui est une ancienne globetrotteuse comme moi, quel endroit rêve tu de visiter et que tu n’as toujours pas eu la chance de photographier ? » Ma main retrouve sa place sur le rebord de sa chaise, frôlant de nouveau sa cuisse au passage.

Une proximité s’instaure entre nous au fur et à mesure que je reprends le jeu, répondant à sa première question. J’essaye d’en faire abstraction pour ne pas perdre le fil de mes paroles mais, je dois l’avouer, c’est très délicat. Surtout lorsque je sens ces doigts caresser très brièvement le tissu de ma robe au niveau de ma cuisse ; ou encore quand je perçois son regard s’attardant à mes lèvres qui laissent échapper un rire sincère. Il serait tentant de poser un geste qui effacerait les derniers centimètres qui nous gardent éloignés l’un de l’autre, vraiment. Or, je n’en ferais rien. Pas parce que l’envie me manque ou que nous avons des témoins à proximité, non. Parce que j’estime que si Drake désire franchir cette limite entre l’amitié et… l’amour, peut-être ? C’est à lui de le faire en premier. En attendant, je serais cette amie proche qu’il présente à tout le monde, rien de plus. C’est en tant que tel que j’amorce son tour. Je réfléchie brièvement à ce que j’aimerais savoir sur lui, lorsque la question qui suit me semble être une évidence. Pourquoi m’a t’il choisit comme accompagnatrice alors que je sais, de son propre aveu à la salle d’entraînement de Wellington, qu’il n’envisageait d’inviter personne. Qu’ai-je de potentiellement unique pour l’avoir fait changer d’avis. La réponse ne tarde pas à se faire entendre. Suite à un léger sourire, Drake me confit non loin de l’oreille qu’il voulait simplement que ce soit moi. Qu’il voulait que je vive cette expérience. Mieux. Que je la partage avec lui. Je suis satisfaite de cette réponse. Je lui fais savoir d’un immense sourire tandis qu’une main se dépose sur son épaule. Immédiatement, je porte mon regard sur la nouvelle venue. Au sourire qu’elle arbore, je suppose qu’elle connaît bien le boxeur. Ce qui se confirme. Il se lève pour la serrer dans ses bras, tandis qu’elle affirme son plaisir de le revoir. Je ne bouge pas d’un cil. Je me contente de lui sourire, courtoisement. Drake l’interroge sur l’absence d’une certaine Lucy. La femme lui répond qu’elle a oublié son sac à main dans la chambre, comme ce que je suppose être une habitude. Je me rends compte que je ne suis finalement pas si féminine que je le pensais. Je n’ai même pas de pochette pour ce genre de réception. En même temps, on ne m’a jamais convié à cela auparavant alors, quel intérêt j’aurais eu à m’en acheter une ? Pour les fêtes organisés à la société financière ? Non. Les poches de Brendy sont une excellente alternative. Je sors de mes pensées lorsque Drake me présente à la nouvelle venue. Je n’avais pas remarquée qu’il y ait une femme au classement, tout à l’heure. Je suis naturellement impressionnée. Je pense d’ailleurs que si j’étais une meilleure conductrice, j’aurais aimée être à sa place.

_ Enchanté.

Lui dis-je sincère en lui serrant la main, pendant que Drake me précise qui est Lucy. Sa fiancée, donc. Cela ne me choque pas. Je suis de ces gens qui pensent que chacun fait ce qu’il veut de sa vie, tant que ça l’épanouie. Je n’éprouve donc aucune indisposition à l’idée de partager cette soirée avec un couple lesbien. Au contraire. Alors que la pilote, Jane Nash (Tiens, comme le boxeur que doit affronter Drake.) se présente à l’autre couple de la table, je remarque que ce dernier lève les bras en direction d’une femme nous rejoignant au pas de course. Lucy, je présume. Et je présume bien vu comment elle l’aborde. Cependant, je ne saisie pas le sens de sa phrase. Tout était sous contrôle. A quel propos ? Hum. Excellente question. Je pense en avoir une petite idée à la remarque que lui lance sa fiancée. Lucy serait t’elle du genre miss catastrophe ? C’est ce que Drake me confirme dès qu’il retrouve sa place à mes côtés, pendant que le couple s’installe en se disputant discrètement. Je ne sais pas comment elles font. Moi, je me ferais immédiatement remarqué. Je suppose que c’est l‘habitude d’être exposé publiquement. Je rie quelque peu à l’image qui se dessine à mon esprit, à la vision de Lucy tombant à côté de la table des cocktails, entraînant tout ainsi sur son passage. Je n’imagine pas à quel point cela a pu être embarrassant, pour elle. D’ailleurs, à la réflexion, il est préférable que je ne me moque pas trop. J’ai autant d’équilibre sur des hauts talons qu’elle n’en a elle-même. Je ne crois pas exagérer en songeant que je serais bien capable de provoquer une même catastrophe. Idée que je chasse de mon esprit pour reprendre le jeu. C’est à mon tour de répondre. Je réfléchis à nouveau au sujet de la question qui m’ait posé. Elle est très intéressante.

_ Hum… J’entame, toujours pensive, non loin de son oreille pour conserver cette conservation privée. _ L’Australie. J’adorerais photographier autant les espaces sauvages de ce pays que la capitale, Sydney. Je précise. _ D’ailleurs, mon animal préféré est le Koala. Je me suis toujours promis d’en approcher un. Un sourire nostalgique apparaît à ce que j’évoque, spontanément. _ Je devais y aller en 2010, après mon détour par la Nouvelle-Zélande. Finalement cela ne s’est pas fait. Je suis restée pour tu sais qui. Je sourie, sereine. Je ne regrette plus autant ce choix, bizarrement. On dirait que Drake m’a appris à faire la paix avec ça. _ J’aimerais aussi visiter les petites îles paradisiaques type Les Seychelles ou Hawaï. Bref, ces minuscules coins de paradis prisés par les vacanciers. Je rie quelque peu à ce mot. Vacanciers. _ A toi. Euh… Je lève les yeux au ciel pour réfléchir à une nouvelle interrogation. _ Je sais. Je lui sourie, ancrant mes prunelles dans les siennes. _ Si demain tu devais te consacrer à un autre sport, à des fins professionnels, lequel serait t’il ?

J’aimerais savoir quel autre domaine sportif serait susceptible de le séduire autant que la boxe.

J’écoute Lexie alors qu’elle me raconte les destinations qu’elle aimerait visiter. L’Australie n’est pas très loin d’ici et pourtant depuis sept ans, elle n’a encore jamais eut la possibilité d’y faire un tour. Elle m’avoue ensuite son attirance pour les petites îles paradisiaques. Les décors turquoises, verts et blancs doivent donc lui plaire. Il est vrai qu’aller à Hawaï ou encore dans les Seychelles est dispendieux sauf que rien ne l’arrête vraiment. Tout est juste une question d’organisation avec son travail et surtout avec sa fille. Mais les deux problèmes ont la même solution puisque son patron est également son meilleur ami. Lui et Anna sont à mon avis ceux gardant en ce moment la petite de bientôt cinq ans. L’instinct des deux futurs parents est indéniablement très puissant en ce moment. Je souris légèrement donc en me disant que ces destinations de rêves sont à sa portée. Il suffit de se convaincre d’y aller, ce qui est en général la partie qui bloque la majorité des gens. J’observe ensuite Lexie réfléchir avant d’accueillir son regard dans le mien le temps de poser sa nouvelle question. Elle veut savoir quel autre sport je voudrais pratiquer professionnellement. J’ai beau avoir un corps entraîné, je ne pourrais pas faire n’importe quel sport et y performer surtout. Je prends donc la peine de réfléchir à sa question. J’inspire un grand coup avant de me redresser légèrement, faisant glisser des mèches de ses cheveux contre ma joue. Répondre à celle-là ne sera pas simple. Je décide de lui expliquer mon raisonnement. « Et bien, je n’ai pas la grandeur ou la carrure pour pratiquer des sports comme le hockey, le basketball ou encore la natation. Je n’aime pas particulièrement les sports qui demande d’attendre, du genre le baseball ou le golf. Je ne suis non plus pas très fan des sports d’équipe. J’apprécie la performance, me fixer un objectif à réaliser. Qu’il y ait un classement individuel donc. Je pencherais dans ce cas pour la course automobile ou le tennis. » Je souris puisque je n’avais pas besoin de lui dire tout ça pour en arriver à cette conclusion, mais je tenais à lui expliquer le genre de sportif que je suis. « Le truc c’est que je ne suis pas compétitif. Pas vraiment. Donc autant la course que le tennis seraient parfaits car s’est centré sur des performances personnelles avant tout qui mènent à des récompenses régulières. Surtout que j’ai un excellent revers, je t’assure. » Je me tourne pour voir l’état de la salle. Tout le monde semble là et à sa place, parlant ensemble. Les organisateurs sont arrivés aussi, préparant leurs tables. Je reviens à la blonde me rapprochant encore un peu. « Prochaine question. J’ai remarqué que tu n’aimes pas vraiment le sport de ton côté. Ce qui ne va pas m’empêcher de t’entraîner, je t’assure… » Je souris très grand, ayant le sentiment qu’elle aurait peut-être aimé que je lui en dispense au final. « … Du coup, qu’est-ce que tu aimes faire dans tes temps libres ? Parce que je pense que tu l’as deviné mais avec moi c’est de surprise en surprise. Tu as d’ailleurs fait un deal avec moi en sachant justement que je n’allais pas te laisser tranquillement te reposer dans la suite. Du coup, ça m’intéresse de savoir ce que tu fais quand je ne suis pas là. » Je sais que je ce que je demande n’est pas vraiment indiscret, du coup je m’attends à une réponse aussi honnête que celles qui ont été donnés précédemment autant par elle que par moi. Dans mon dos, il y a des coups désagréables qui sont donnés à un micro. Il y a des parasites audios. Je ne me retourne pas, me doutant qu’il ne s’agit que du technicien de son qui prépare le matériel pour les organisateurs de l’évènement. Ça va commencer bientôt.

Drake apporte une réponse détaillée à ma question. Il énumère les sports qu’il ne pourrait pas faire, à cause de sa grandeur ou de sa carrure, avant de m’expliquer qu’il n’apprécie que très peu les sports d’équipes. Cela ne me surprends pas. Le boxeur m’apparaît depuis notre rencontre comme quelqu’un de nature solitaire. Pas qu’il n’apprécie pas le contact humain puisque, à maintes reprises, j’ai pu constaté qu’il savait se faire apprécier de son entourage. Toutefois, je ne le vois pas non plus être en permanence accompagné. Bien au contraire. Peut-être est-ce ça, finalement, qu’il aime dans la boxe ? Cette solitude que lui offre un combat sur un ring ? (Rires) Voilà que cela me reprend. Je tente d’analyser ces propos, alors qu’il me dit ouvertement ce qu’il aime dans le sport : la performance, les objectifs à atteindre, et les classements individuels. Il fait de bons choix, selon moi. Je le vois parfaitement en pilote de course ou tennisman. Je sourie à l’image qui profile dans mon esprit, à cette idée. Je l’imagine dans les deux situations, vêtu de circonstance. Il est mignon en tennisman mais j’avoue avoir une nette préférence pour la combinaison de pilote. Peut-être parce que j’aime les sports à sensations, pour lui. Hum. Oui. C’est sûrement ça. Je rie brièvement au fait que Drake me certifie qu’il a un excellent revers. Comme si je pouvais en douter, sérieusement.

_ Je n’en doute pas une seconde. Je lui confie, souriante. _ Toutefois, en cas d’une reconversion professionnelle, je te conseillerais pilote personnellement. Je marque une pause, réfléchie à cette phrase, puis éclate de rire. En faite, je me rends compte que mon avis est biaisé par ce que nous vivons présentement. Par conséquent je lui en fait pars, avec amusement. _ En faite je viens de m’apercevoir que ta performance de ce matin ne me rendait plus impartiale à ce sujet alors, oublie ce que je viens de dire.

De toute façon, il n’est pas question qu’il change de domaine. Par conséquent, autant que nous suivions le fil du jeu comme si de rien n’était. C’est à mon tour, à nouveau. J’écoute attentivement Drake qui se reproche encore un peu plus de moi pour m’énoncer sa prochaine question. Il fait référence au sport, au fait qu’il a remarqué que je n’aime pas vraiment le sport. Il faut dire que je n’ai pas été très subtile, je le crains. Mais j’accepte que cela ne m’épargne pas l’entraînement qu’il a décidé de me faire suivre. Cependant, doucement, je crois bon de lui préciser.

_ Pas de soucie, Drake. Je ferais chaque exercice que tu me donneras sans ronchonner. Cependant… Je m’approche de son oreille comme si j’allais lui confier un secret. _ N’oublie pas que je me suis engagée auprès de Sophie à ce que tu restes la priorité au cours de nos futurs entraînements. Je compte donc tenir cette parole, avant tout. Je me recule légèrement. _ C’est que je ne tiens pas à perdre ma place de seconde assistante, vois tu.

Je lui offre un clin d’œil à ces mots. J’ai l’air de plaisanter, mais je suis très sérieuse. Je veux conserver aussi longtemps que possible ma place dans son équipe. Par conséquent, je ferais tout pour satisfaire autant ces attentes que celle de son entraîneuse. Je n’oublie d’ailleurs pas qu’un certain Nash l’attend sur le ring dans quelques semaines. Je tiens à ce qu’il sorte victorieux de ce combat. Néanmoins, comme là n’est pas le sujet, j’écoute à nouveau Drake avec grande attention. Il me demande ce que j’aime faire de mon temps libre. Je rie quelque peu, comme si c’était une bonne blague, puis acquiesce à la suite de ces paroles. Effectivement, je savais pertinemment à quoi je m’engagée en proposant ce deal hier, au restaurant. Et je ne le regrette absolument pas.

_ Te proposer ça est l’une des meilleures décisions que j’ai prise depuis que nous sommes ici.

Dis-je en prémisse à la réponse qui l’intéresse vraiment car, je sais qu’il le sait. Mon comportement de se soir est même une preuve irréfutable que m’en remettre à lui me fait du bien, véritablement. Pourquoi je l’énonce à haute voix dans ce cas ? Pour qu’il n’en doute pas. Maintenant ou plus tard.

_ Mais, pour en revenir au sujet de ta question hé bien… je soupire un peu, honteuse de l’admettre face à lui. _ Je ne fais rien de mon temps libre. Enfin. Je rectifie. _ Ce n’est pas tout à fait exact. En réalité, je ne m’accorde pas de temps libre. Je suis toujours avec Brendon, ou Lana. De quelques façons que se soit, d’ailleurs. La preuve. Dès que tu m'as laissé seule au cours de cette journée, j’étais au téléphone avec eux. Je rie quelque peu, même si ça paraît navrant, puis annonce. _ A toi.

Or, je n’aurais pas le temps de lui poser une nouvelle question, je crains. Une voix réclame notre attention au micro. Le gala commence. Je me pince les lèvres, déçu, avant de lui confier dans un souffle.

_ La partie s’arrête ici, je crois.

J’espère que nous aurons d’autres occasions pour recommencer ultérieurement avant notre retour à Wellington. C’est plaisant de converser avec lui. Je reprends ma position pour observer l’homme au loin, sur l’estrade. Son discours a commencé depuis quelques secondes maintenant, et comme on l’imagine, il est là pour nous remercier de notre présence ainsi que nous faire part de sa joie d’être là ce soir. Il nous encourage à applaudir les pilotes amateurs qui ont acceptés de donner de leur temps pour cette œuvre caritative, et je le fais volontiers. Les trois pilotes à ma table font déjà à eux-seuls véritablement preuve de générosité en étant présent. Ils ont toute mon admiration. Enfin, sauf peut-être Dave Kerry, je dois l’avouer. Toutefois, je ne peux pas faire comme s’il n’existait pas. Une fois son discours terminé, l’organisateur de l’événement cède le micro au chef des recherches contre le cancer. Il nous explique les progrès enregistrés dans la recherche grâce à cette course annuelle, ainsi que  les projets qui suivront celle de cette année. Je décroche bien vite, je dois l’avouer. Pas que cela ne m’intéresse pas, attention. Je suis juste préoccupé par la déception qui m’habite d’avoir été interrompue dans mon petit jeu avec Drake. En est t’il de même de son côté ? Hum. Difficile à dire, même après quelques observations du coin de l’œil en sa direction. Alors que je bois une gorgée de champagne, l’organisateur reprend le micro pour nous annoncer le programme à venir. Pour commencer, nous avons droit à un – de son avis – délicieux buffet offert par l’un des plus grands traiteurs de cette région de Nouvelle Zélande. Ensuite, un DJ très connu – dont le nom m’échappe – viendra nous faire danser jusqu’au bout de la nuit. Du moins, il se ravisse vite pour faire preuve d’humour en soulignant que le mieux serait que les pilotes songent à dormir tôt pour avoir les yeux bien ouverts à la course qui aura lieu demain matin. Il vaudrait mieux, oui. Je m’abstiens de le souligner avec humour à Drake que je regarde, souriante. J’irais me chercher à manger en même temps que lui. Je l’attends donc tandis que les invités se dirigent déjà vers le buffet où des serveurs sont chargés de nous servir.

Lexie est la seule à pouvoir juger de son impartialité. Pour moi, il n’y a jamais eu de problème à ce niveau depuis le début de notre jeu servant à passer le temps. C’est surtout qu’en donnant ma réponse j’étais moi-même sous l’effet enivrant des récentes qualifications, ne me rendant pas complètement objectif non plus. Il n’y a donc pas de mal à ce qu’elle me voit davantage en pilote automobile. J’enchaîne avec sa question à elle. Je trouve pertinent de connaître ses activités en dehors du sport puisque ce n’est visiblement pas sa tasse de thé. Ce qui ne va pas la dispenser de mon entraînement tel qu’entendu. Je souris un peu plus grand en voyant qu’elle tient à ce point à sa place de seconde assistante. Donc qu’elle craint vraiment que sa présence me fasse lésiner sur l’entraînement et que par conséquent la menace de Sophie soit mise à exécution. Je laisse sa voix caresser mon oreille avant de lui offrir un regard amusé. Elle m’a vu très brièvement à l’entraînement hier. Lexie ne connait donc pas mon plein potentiel lorsqu’il est en action. Un sportif demande à être poussé, à se dépasser. Roy parlait de nous comme des taureaux lancés à vive allure. Si on se trouve dans le chemin, on va se faire empaler. Appelons cela de la confiance trop élevée, je sais que la blonde va garder sa place car je serai prêt en janvier pour affronter Nash. Je la regarde attentivement alors qu’elle m’assure que notre deal est la meilleure décision qu’elle ait prise depuis notre arrivée dans la ville. Certainement parce que cela allège son esprit d’une lutte constante contre moi. Contre elle surtout. Que peu importe ce que je propose, qu’au fond elle sait que je ne vais pas nous tuer. Du moins, je ne compte rien faire de dangereux à part conduire une voiture à plus de cent-soixante kilomètres heures durant soixante-cinq tours demain. Encore là, elle a démontré finalement sa confiance en moi et c’est ce qui m’a autant plu dans ce deal. Rendre le tout mémorable n’est pas très difficile, il suffit d’être moi-même et je sais que je finis toujours par la faire craquer. C’est ça le vrai jeu auquel je m’adonne seul depuis quelques temps : réussir à chaque fois à la faire rire, sourire, participer à mes folies. Ce deal est pour moi la consécration de tous mes efforts depuis des semaines. Je suis donc bien heureux qu’il ait été proposé par elle hier soir. Elle m’avoue alors ne jamais s’accorder de temps libre car elle est soit avec son meilleur ami Brendon soit avec sa fille Lana. Elle a même été au téléphone avec eux ce midi dans le salon des pilotes. Je pouffe de rire. « Tu ne dois pas avoir honte de ça. Je ne voulais pas savoir ce que tu fais dans tes temps libres à titre comparatif. La majorité des miens est consacré à plus d’entraînement. Ce qui est considéré dans mon milieu comme des heures supplémentaires. Pourtant, on ne devrait pas se priver de temps avec nous même. On devrait toujours trouver le temps et ne pas se sentir coupable d’être avec soi et pas avec une autre personne. » J’en ai passé beaucoup du temps avec moi récemment. Lors de mon deuil, je me suis isolé et je ne souhaitais voir personne. Me couper du reste du monde a été dur, mais nécessaire car cela m’a permis de remettre les choses en perspective. Comment Lexie veut arriver à réfléchir tranquillement sur sa vie si elle ne s’en donne jamais la chance ? Sauf que c’est à mon tour de recevoir une nouvelle question. Malheureusement, le temps est écoulé puisque le gala commence officiellement. Je me retourne donc pour faire face à la table des organisateurs. J’écoute avec attention les propos qui sont dits. Je me montre particulièrement intéressé à tout ce que le chef de la recherche sur le cancer néozélandais a à dire. Je suis captivé par cette nouvelle technologie de dépistage sur lequel lui et son équipe travaille et qui sera en partie financée par la course de demain. Je regrette qu’il ne l’explique pas plus en détail. Je vais devoir faire des recherches par moi-même dès que possible. Je décroche mon esprit de la table pour revenir à la nôtre alors que le buffet est dressé et que nous pouvons aller nous chercher ce que nous voulons. Je me tourne vers Lexie. J’ai personnellement très faim. Je me lève donc en posant instinctivement ma main dans le creux de son dos pour la préserver de la foule encore une fois. Nous faisons la file et nous prenons des assiettes et des ustensiles dans notre attente. On nous offre le choix entre du porc en sauce, un bar à pâtes variés ou un plat végétarien ressemblant à un gratin. J’opte pour le porc que l’on me dépose sur du riz assaisonné. Je prends une cuillère de légumes colorés et je me saisis de la coupe de vin blanc qu’on me propose pour se marier avec mon choix. Pour le dessert, il sera servi plus tard dans la soirée. J’attends donc que Lexie ait récupéré tout ce qu’elle voulait avant de revenir à notre table. Dès que mes fesses se posent sur la chaise, je commence à manger. J’ai droit à des commentaires de Laura et de Lucy sur ma façon rapide de manger alors que je termine et qu’elles n’ont toujours rien entre les mains. Je me concentre sur mon vin alors que les derniers invités sont servis. Je suis l’un des seuls à avoir finis, ce qui me place en spectateur pour observer les autres manger. Je serais tenté de me lever afin de me resservir mais je vois qu’il n’y a déjà presque plus rien dans le buffet. Je me tourne vers Lexie pour observer où elle en est. « Je peux te donner mon restant. » Plaisante alors Jane. Je la regarde. « Ce ne sera pas nécessaire. » Je lui dis en prenant une voix différente. Elle éclate de rire. « Qui est-ce que tu imites comme ça ? » Se questionne Paul, le sourire aux lèvres. Je réponds avant Jane. « Son frère a cet accent bizarre depuis qu’il a passé deux ans en Écosse. » La jeune femme secoue vivement la tête, croisant les bras sur la poitrine. « Son accent n’est pas bizarre, il est sophistiqué. » Nous éclatons tous de rire pour une raison que je n’arrive pas à déterminer. « Ça c’est lui qui le dit. » Ajoute Lucy entre deux bouchées. « Mark en dit beaucoup des choses, crois-moi. Il me chuchote des trucs à l’oreille parfois sur le ring. » Je souris, voyant Jane passer bien près de s’étouffer avec son vin. « On veut des exemples, Drake ! » Réclame Paul, riant à moitié. « Oh, tu ne veux pas savoir. » Nouvel vague de rires. Jane me pointe avec sa fourchette. « Si mon frère tente de t’intimider, tu n’as qu’à faire comme moi. » Elle commence avant que sa fiancée prenne l’opportunité lancée. « Le frapper dans les couilles ? » Elle propose, amenant Paul à littéralement s’étouffer de rire. Je fronce les sourcils. « C’est illégal, Lucy. Oh et Jane, invite-moi à la prochaine réunion de famille. J’amène la glace. » La jeune Nash tente de s’arrêter de rire pour dire ce qu’elle cherche tant à me conseiller. Elle met un doigt sur les lèvres de sa compagne pour lui imposer le silence. « Non ! » Elle dit en retrouvant son souffle. « Tu lui proposes de faire de la poterie avec toi. Ça marche à tous les coups. » Je la regarde en souriant très grand. « De la poterie. Intéressant. »

Je ne donne pas tort à Drake. Il n’y pas de honte à avoir à ne pas s’accorder du temps libre, c’est vrai. Et ce n’est pas ce qui m’embarrassait lorsque je lui ai fournie cette réponse. Ce qui m’embarrassait plutôt, c’était de constater que je n’ai aucun passe-temps. Que je n’ai aucune activité, aucun loisir, qui m’encourage à m’isoler de temps à autre. C’est triste n’est-ce pas ? (Rires) Moi je trouve que si, un peu. Enfin. Bref. Ce n’est pas le moment de songer à cela. Le gala commence, les discours s’enchaînent, et j’éprouve une forme de difficulté à me concentrer autant sur les paroles de l’organisateur que le chef de recherche. La cause ? La déception d’avoir dû interrompre mon petit jeu avec Drake, je dois l’avouer. Je trouve finalement plus plaisant l’idée de converser avec lui que de participer réellement à ce gala. Cela vous choque ? Moi pas. Autant que je sois honnête avec moi-même, après tout. Si je suis ici ce n’est pas réellement pour la cause de toutes ces personnes souffrant du cancer, même si cela me touche comme chaque être humain ayant un cœur. La vérité c’est que je suis ici principalement parce que je voulais passer du temps avec le boxeur. Le reste m’est un peu totalement égale. Enfin. Ça l’est parce que je ne crois pas plus aux miracles divins qu’aux soi-disant progrès dont parle ce chercheur. Mon père est mort d’une tumeur au cerveau foudroyante. Il n’existait rien pour l’en empêchait, et il n’existera jamais rien pour sauver les futures victimes de cette putain de maladie. J’ai l’air en colère en disant cela mais ce n’est pas le cas. Je suis juste réaliste. L’argent qu’investissent les personnes à la tête de cette course ne mènera à aucun résultat concret. Juste des « progrès ». Ça me ferait presque rire. Enfin soit. J‘écouterais les discours plus attentivement quand des vrais traitements auront été trouvés, si j’y suis convié. En attentant, je vais faire ce pourquoi je suis là. Profiter du buffet qui nous ait réservé, avant de peut-être apprendre à faire connaissance avec les personnes partageant notre table. Déjà, j’attends le feu vert silencieux de Drake pour aller me servir en sa compagnie. Il y a un monde fou qui attend déjà sur place. Nous sommes obligés de faire une file d’attente avant d’accéder aux couverts. La main du boxeur dans mon dos m’assure qu’il est bien toujours prés de moi. Lorsque c’est à mon tour de passer, j’opte pour des pâtes aux deux saumons avec un peu de parmesan, avant de prendre le verre de vin blanc se mariant à mon plat. Ensuite, je regagne ma place en compagnie de Drake. J’observe brièvement le contenu de son assiette. Du porc en sauce sur du riz et des petits légumes. Cela n’a pas l’air mauvais. Je commence à déguster mon plat lorsque les premières remarques sur Drake, quant à sa vitesse pour manger, se font entendre. Il est vrai que c’est surprenant quand on n’a pas l’habitude. Moi, ça ne me fait plus rien. Je sais qu’il aura finit bien avant que j’aurais entamée la seconde partie de mon plat, rudement délicieux, et ça ne me gêne pas. Au fur et à mesure, les autres invités à table nous rejoignent servis. Le repas se passe en silence tandis que Drake nous observe, son verre de vin en main. Il a déjà terminé. Il ne lui reste plus que cela à faire. Pour ma part, je suis presque au terme de mon contenu lorsque je croise brièvement son regard en ma direction. Jane lui propose avec humour de lui donner son reste. Drake décline avec un drôle d’accent. Je l’observe intriguée de savoir, également, ce qu’il imite. Le boxeur nous déclare qu’il s’agit de l’accent de Nash depuis son retour de son séjour de deux ans en Écosse. J’ignorais qu’ils avaient cet accent là, tiens. Jane prend immédiatement la défense de son frère, arguant que ce n’est pas bizarre mais sophistiqué. Je ne partage pas son avis. Cependant, je ne me permets pas de le souligner. Je ne connais pas suffisamment les gens de cette table pour me permettre encore de participer à leurs conversations. D’autant plus sur une tierce personne que je ne connais pas. Je me permets toutefois de sourire, amusée par la tournure du sujet. Apparemment, Nash fait des confidences à Drake sur un ring. C’est intéressant de l’apprendre. Néanmoins, je n’irais pas jusqu’à demander des détails comme le fait l’autre pilote masculin de la table. Au contraire. Je termine mon assiette tranquillement tandis qu’ils rient tous à cœur joie des conseils de Jane pour calmer son frère lorsqu’il tente de l’intimider. Je ne comprends pas trop le rapport avec la poterie mais, on va dire que ce n’est pas grave. Je bois une gorgée de mon vin blanc lorsque Lucy se penche un peu vers moi pour lire quelque chose. Je baisse mon regard aussitôt sur mon collier. Il est à l’envers, rendant la date de naissance de Lana bien visible.

_ Il s’est passé quoi de particulier le 25 décembre 2012 ? Me demande t’elle, curieuse.
_ Ma fille est venue au monde. Je réponds souriante, en déposant mon verre sur la table.
_ Oh. Sérieusement ? On ne saurait pas le dire que t’es maman. Surtout quand on voit ta taille fine. Me déclare t’elle en riant, amusée.
_ Merci du compliment. Je rie quelque peu.
_ Cela explique mieux pourquoi vous êtes aussi calme. Déclare Laura, avec douceur. _ Vous avez l’esprit avec elle en ce moment.
_ C’est tout à fait ça, oui. Vous m’avez démasqué.

Je rie quelque peu à cette boutade qui les amuse. Ils n’ont pas besoin de savoir que ce n’est pas la vérité.

_ Ce n’est jamais évident de s’en séparer lorsqu’ils sont si jeunes mais vous vous y habituerez vite. Laura se veut réconfortante. Je suis touchée de cette attention même si elle est inutile.
_ Puis vois le bon côté des choses. Ajoute Lucy. _ Ça te permet à toi de souffler un peu. Quoique… Elle observe Drake, songeuse, puis déclare sur le ton de la plaisanterie. _ Avec notre accro au sport, je doute que tu puisses vraiment te reposer.

J’éclate de rire. Je dois avouer que là-dessus, elle n’a pas totalement tort. Toutefois, c’est ce que je recherche donc cela ne me gêne pas.

Comme mon attention n’est plus sur mon assiette, je peux observer ce qui se passe autour de nous. Des serveurs passent entre les tables pour ramasser les plats et les coupes de vin vident. Les tables du buffet ont été débarrassées et sont à présents refaites pour accueillir des gâteaux, diverses pâtisseries ainsi que des confiseries. J’ai comme l’impression que la surabondance qui est mise sur ces tables sera disponible pour nous pour le reste de la soirée où au moins pour quelques heures. Les gens pourront donc se servir dès qu’ils le veulent et ce qu’ils veulent. Et ce, bien évidemment, autant de fois qu’ils le souhaitent. Je ne pense pas aller toucher à cela ce soir. Surtout pas après le cornet que j’ai eu un peu plus tôt. J’ai eu ma dose de sucre pour la journée. Je suis surtout content de voir un homme installer du matériel dans le coin réservé pour le DJ. Les gens à toutes des tables parlent librement en ce moment. Mais dans peu de temps ils ne le pourront plus sans crier car la musique sera trop forte. Cela me fait sourire, ce qui attire l’attention de Paul. « Tu as vu quelque chose qui te plait ? » Il me demande alors que sa femme lance une réplique à Lexie que j’enregistre sans pour autant y prêter attention. « J’ai hâte qu’il y ait de la musique. » J’avoue au chanteur. Il me sourit très grand. Jade nous lance une réplique en ce joignant à notre conversation. « Drake adore danser. S’il pouvait, il le ferait une nuit entière. » Paul hausse les sourcils, impressionnés. « Je suis impatient de voir le maître à l’œuvre. » Il glousse alors que je souris. À côté de moi, Lexie éclate de rire et je croise le regard de Lucy. « Qu’est-ce que vous complotez toutes les deux ? » Je leur demande. « Rien, on parlait simplement de tes beaux yeux, Drake. » Je n’en crois pas un mot. Mais je me contente de hocher la tête négativement. Laura pose une main sur mon bras. Je me penche dans sa direction alors que son mari discute avec Jane de la même façon. « Tu sais, je trouve ton amie adorable et elle semble avoir un cœur en or. » Elle commence à me dire. Je ne sais pas où elle veut en venir, je la laisse donc poursuivre. « Fais-lui attention. » Elle vient dire un peu plus bas. Laura connait le milieu sportif pour avoir déjà connu son mari comme un grand athlète. Elle sait que parfois les choses tournent mal lorsqu’on combine amour et profession sportive. Surtout avec une popularité aussi grande que la mienne. Je la regarde dans les yeux et aussitôt, elle s’apaise. Je n’ai pas besoin de lui dire pour qu’elle comprenne. « Ah. Alors dans ce cas, ne laisse personne te la voler. Surtout dans cette robe. » Elle rit et je l’imite en me redressant. Je me penche vers Lexie. « Alors, tu t’amuses bien ? » Je lui demande avec un réel souci de connaître la réponse. « Je pense que le bar à desserts est prêt si jamais tu veux aller y faire un tour. » En effet, une dizaine de personnes s’y sont déjà agglutinées alors que les serveurs continuent à libérer les tables des assiettes. Je remarque qu’à la place de la table des organisateurs du gala, on est en train d’installer un bar à alcool. J’ai soudainement soif de plus que du champagne ou du vin. Jane le remarque en même temps que moi. « Le démon ambré, Drake. » Elle me dit alors que je me retourne pour lui sourire machinalement. Je baisse ensuite les yeux. La jeune femme se lève et sous le regard des autres, elle me serre dans ses bras. « Mes condoléances. Il va tous nous manquer. » Elle chuchote à mon oreille. Je lui souris légèrement alors qu’elle prend mon visage entre ses deux mains un instant et retourne s’assoir auprès de Lucy. Elle se penche aussitôt pour lui donner des explications sur ce qui vient d’arriver. Moi je fixe la piste de danse, les yeux perdus. Le « démon ambré » était ainsi que Roy appelait l’alcool depuis l’accident de Jeffrey. C’est bien connu dans le milieu de la boxe, puisqu’il l’employait pour nous dissuader tous nous saouler lors des soirs de célébration. Il tenait surtout à ce que moi je boive modérément. Je soupire doucement. Soudainement, la musique commence. Je relève la tête. Je cesse de réfléchir. Il n’y a encore personne sur la piste de danse mais je m’en fiche. Je me retourne pour prendre la main de Lexie et je la tire doucement avec moi afin de nous y rendre.

Drake nous soupçonne de comploter. J’éclate de rire à cette idée. Je ne vois vraiment pas ce que nous pourrions prévoir dans un tel endroit. Peut-être un vol de pâtisserie mais… serait-ce bien utile sachant qu’elles seront gratuitement à notre disposition ? Hum. J’en doute. Sincèrement. Non le mieux est de ce contenter d’une conversation normale, ce que me propose Lucy en revenant sur le sujet de ma fille. Appuyant ces coudes sur la table, elle me demande son prénom, son caractère, avant de me faire un bond dans le passé de cinq ans pour parler de ma grossesse. Je lui explique, sans entrer dans les détails de mon histoire passée avec le père, combien cette période a été autant épanouissante que délicate. Elle me trouve courageuse, admirable. Elle va même, avec légèreté, me confier qu’elle me trouve bien plus forte que les sportifs réunis dans cette salle de réception. Je ne lui cache pas qu’elle exagère, en riant. Après tout, être une mère célibataire ne me rend pas meilleurs que Drake ou les autres pilotes. Ils ont des qualités que je ne possède pas, n’envie pas. Chose qu’elle approuve en me signifiant qu’elle apprécie cette façon de pensé. Nous échangeons un sourire quand Drake se tourne vers moi à nouveau pour me demander si je m’amuse.

_ Ça va, oui.

Je lui assure, charmante. Ce n’est pas l’amusement dans toute sa splendeur mais c’est plaisant de converser avec Lucy. Jane ne doit pas s’ennuyer avec elle. Il me semble déceler un fort tempérament sous cette douceur qu’elle a laissé transparaitre en parlant de bébé. J’imagine que c’est dû à un désir de maternité latent. Toutefois, je n’aurais pas l’indélicatesse de m’en assurer. Le sujet doit être déjà suffisamment délicat, au vu de la spécificité de leur couple qui rend la procréation moins accessible, pour que je lui amène le sujet sur le tapis. Drake m’informe ensuite que le buffet des desserts est prêt. Je jette un œil en la direction de la table susnommée pour effectivement y découvrir les différents mets sucrés que le traiteur à préparer. Je serais bien tenté par quelques douceurs mais, plus tard. Mon assiette de pâte m’a suffisamment calé l’estomac pour le moment, ce que j’informe au boxeur.

_ Non, pas tout de suite. Le repas que j’ai choisi était copieux.

Ça me touche qu’il y pense pour moi, cependant. Il aurait pu le voir et ne pas m’en informer, après tout. C’est donc une délicate attention que j’apprécie à sa juste valeur. Jane fait allusion à un démon ambré. Je fronce les sourcils, brièvement. Je ne saisie pas trop l’allusion. C’est quand je vois une autre table devenir un bar à alcool que je percute. Immédiatement, je porte mon attention sur Drake. Il a les yeux baissés. Je sens mon cœur s’étreindre à cette vision de lui, triste. J’ai envie de poser ma main sur la sienne, en signe de réconfort, mais je n’en fais rien quand je vois son amie venir le serrer dans ces bras. Je comprends qu’ils parlent de Roy. C’est un sujet que je n’oserais pas aborder, avec lui. Même dans le cadre de notre petit jeu tout à l’heure, je n’aurais jamais posée une question ayant un rapport de prés ou de loin de son deuil ou de son entraineur. J’ignore si c’est un tort. Peut-être. Je soupire, perplexe. Le mieux actuellement serait surtout qu’il retrouve sa joie de vivre. Elle le porte, l’aide à avancer. Je veux que ces efforts poursuivent en ce sens. Seulement, comment le divertir ? Lui proposer qu’on reprenne notre petit jeu de tout à l’heure ? Inutile. La musique vient à mon secours. Aussitôt, Drake glisse sa main dans la mienne pour m’entraîner sur la piste de danse, vide. Contrairement à hier au restaurant, je n’éprouve aucune gêne à l’idée qu’on puisse nous regarder danser, au contraire. Je commence d’ailleurs déjà à bouger en rythme alors que nous l’atteignons à peine. Désormais en son centre, je danse sans retenue au rythme du mix qui passe. Je sourie même à Drake lorsque nos prunelles se croisent, heureuse de pouvoir enfin réellement profiter de cette soirée comme il se doit. Au bout de quelques minutes, la piste commence à se remplir. Nous nous rapprochons l’un de l’autre pour que la petite foule autour de nous ne puisse pas nous séparer. Je ne regrette pas le choix du bustier. Je commence très sérieusement à avoir chaud à m’activer ainsi, ce qui n’est pas le cas de mon partenaire. Encore une fois, on sent bien la différence qu’il y a entre lui, habitué à se bouger, et moi qui finalement est moins active que je ne l’aurais crue. Mais le plus impressionnant pour moi est ces qualités de danseurs. Je suis curieuse de savoir si c’est un don de naissance, où s’il a apprit en allant souvent en boite de nuit au cours de son adolescence. Je me décide à lui demander. J’attrape sa main, de sorte de l’inviter à pencher son oreille en direction de mes lèvres, pour ensuite lui dire ces mots assez fortement pour qu’il les entendent bien.

_ Je peux savoir où tu tiens ton talent de danseur ? Ça fait partie de tes entraînements de boxe ?

C’est de l’humour, bien entendu. Je sais bien que sa carrière n’a rien à voir là-dedans. Du moins, je présume.

J’attendais l’arrivée de la musique avec impatience. Tout simplement parce que la musique fait partie intégrante de ma vie. Elle m’accompagne partout. Elle est présente dans mes meilleurs comme dans mes pires moments. Je l’utilise beaucoup pour m’aider à dépenser mon trop plein d’énergie. Je mets la musique à fond dans mes écouteurs lorsque vient le temps de faire mon jogging. Mon ancien gym de L.A. avait également des hauts parleurs permettant d’y connecter un fil ou une clé USB pour ainsi diffuser de la musique à plein volume. Elle m’a accompagnée alors que je m’entraînais d’arrache-pied pour devenir le boxeur que je suis présentement. La musique a quelque chose de rassurant également. C’est donc pour cela que je l’attends encore une fois ce soir. Dès que les premières notes résonnent, je ne peux rester en place. Je m’empare de la main de Lexie qui ne résiste pas à mon invitation silencieuse. Je suis même souriant en constatant qu’elle bouge déjà sous le rythme de la musique alors que nos mains sont toujours jointes. Je me retourne dans sa direction une fois au centre de la piste et je commence à danser à mon tour. D’autres personnes commencent à affluer et à se déhancher également. Moi et la blonde nous rapprochons donc de concert pour demeurer partenaires au milieu de cette petite foule qui se crée. La musique change pour devenir encore plus rythmée. Les gens exclament leur joie à travers la piste. J’adapte mon propre rythme pour suivre aisément la musique. Je suis en extase, immensément satisfait par le fait que ce DJ soit présent ce soir pour nous faire bouger. Je ne pouvais pas espérer mieux. Je garde pourtant mon regard sur Lexie. Je suis heureux qu’elle soit là avec moi. Qu’elle partage ce moment de folie qui visiblement lui plait tout autant. Voir son sourire me motive à conserver le mien, à chanter même sous les quelques paroles qui sont reconnaissables à travers les mix du DJ. Des chansons récentes surtout. Rien de comparable avec ce que nous avons entendu hier à travers le jukebox. C’est un autre univers musical. Elle attrape ma main et je me penche vers elle aussitôt, collant presque nos têtes alors que je lui offre une oreille. Sa voix est forte mais suffisamment claire à travers la musique pour que je comprenne ce qu’elle me demande. Je ris même à sa question. Je fais durer la proximité entre nous. Je rapproche encore plus mon corps au point d’entendre désormais sa respiration plus soutenue et de lui laisser percevoir la mienne. Je viens coller mes lèvres à son oreille cette fois. « Danser améliore la coordination des mouvements. » Je me contente de lui répondre. Je viens poser mes mains à sa taille et je la fais reculer doucement pour nous isoler quelque peu des plus proches danseurs. Par la suite, je m’empare de ses mains et je la fais danser avec moi. Par moment, je la tire d’un bras dans ma direction pour nous faire changer de place. Voilà pourquoi j’ai besoin de plus d’espace. Je m’amuse comme un fou à la faire bouger de la sorte. On ne peut m’arracher mon sourire. Puis, la musique change d’un coup pour quelque chose de vraiment plus lent. Au lieu de m’arrêter, je viens combler la distance qui nous sépare et à nouveau attraper la taille de Lexie. Mes doigts caressent le tissu de sa robe magnifique sous les mouvements du slow. Ma tête s’est collée à la sienne. Mes cheveux qui commencent à se mouiller de sueur à sa coiffure qui tient bon. Ma respiration se calme alors que je l’expulse de plus en plus lentement sur son épaule. La salle en entier vient de s’apaiser d’un coup, profitant de cette pause inespérée pour reprendre son souffle. Je ne dis rien. Je me contente de profiter du moment qui nous est offert. Puis, au bout de longues minutes de la sorte, la musique s’arrête l’espace de quelques secondes. Tout cela pour reprendre avec un nouveau rythme endiablé qui s’accroit graduellement comme pour pousser les danser à se réveiller et recommencer à se déhancher. Je fais partie de cette catégorie. Je me libère de l’emprise de Lexie en lui souriant et la pousse à nouveau à suivre le rythme. J’éclate de rire alors qu’elle me suit. Jane a raison. Si je le pouvais, je danserais toute la nuit.

Ma question fait rire Drake qui se rapproche plus de moi. Je rie également quelque peu, par automatisme. Ensuite, ses lèvres se collent à mon oreille pour me fournir une réponse. Je frissonne légèrement à ce contact. Apparemment, de ce que je comprends, la musique n’est pas si étrangère à son domaine sportif. Elle aide à coordonnée les mouvements. Inutile que je lui demande comment. Il suffit de suivre le rythme d’une chanson, telle qu’elle soit, pour comprendre que c’est instinctif. Enfin, si on a le sens du mouvement sinon c’est plus galère. Drake dépose ses mains sur mes hanches pour me faire reculer. Je ne résiste pas, je me décale en marche arrière du centre de la piste. Je n’ai aucune idée du pourquoi il fait ça. Je ne le découvre que lorsqu’il s’empare de mes mains pour me faire danser avec lui. J’adapte mes pas aux siens, large sourire aux lèvres. J’aime vraiment danser comme ça, avec lui. J’aime aussi le fait que nos mains ne se lâchent pas, qu’importe la direction qu’il m’ordonne de prendre. Nos positions s’alternent, de temps à autre. Il semble s’amuser comme un fou, et le plaisir est partagé. Alors que je m’apprête à prendre ma première initiative, le rythme de la musique ralentie tout d’un coup. Un slow. Notre troisième, je songe brièvement tandis que ces mains retrouvent place sur mes hanches. J’enroule mes bras autour de son cou aussitôt, avant d’apporter une nouveauté à celui-ci en me rapprochant étroitement de son corps. Sa chaleur corporelle m’enveloppe, me donnant plus chaud encore. Nos têtes se collent l’une à l’autre. La transpiration de son cuir chevelu vient se déposer sur moi. Cela ne me gêne pas. Au contraire. Je ferme les yeux pour profiter de cette petite pause que vient nous offrir le DJ. La légère caresse de ses doigts sur mes hanches m’offre un effet apaisant immédiat. Les battements de mon cœur se calme, tout comme ma respiration qui retrouve un rythme régulier. Je plonge brièvement mes prunelles dans celles de Drake. Il n’y a besoin d’aucun mot pour qu’il comprenne que j’apprécie réellement sa proximité. Bon sang. Je crois que je suis réellement amoureuse. Du moins, plus que je n’avais peur de l’admettre par le passé. Cela m’effraie toujours de le reconnaitre, puisque c’est voué à être à sens unique mais, le nier maintenant serait ridicule. Je n’apprécie pas cet homme, je l’aime. La musique s’arrête quelques secondes. C’est suffisant pour qu’on croie qu’elle est responsable de mon soudain trouble. Le rythme endiablé reprend, progressivement. La salle émerge de ce moment de torpeur commun. Progressivement, les danseurs non loin de nous retrouvent l’excitation passée des premières musiques. C’est aussi le cas de Drake qui se détache de moi, sans me lâcher la main, pour m’imposer de reprendre aussi le rythme. J’éclate de rire devant l’énergie qu’il dégage. C’est un vrai démon de la danse. Il pourrait danser toute la nuit que je suis certaine qu’il ne serait pas plus fatigué que présentement. Personnellement, ce n’est pas mon cas. J’ai perdu l’habitude d’enchainer les soirées sur les pistes de danse de boites de nuits. J’ai besoin d’une toute petite pause pour aller chercher ce qui m’aidera à reprendre de l’énergie : le sucre à profusion se trouvant au buffet. Je m’approche de Drake pour accéder de ma bouche à son oreille. Je me mets sur la pointe des pieds pour lui éviter de trop se contorsionner. Nos torses se retrouvent pressés l’un contre l’autre dans le mouvement. J’en fais fie alors que je lui annonce clairement.

_ Je vais me chercher quelques confiseries. Ne bouge pas de là, j’arrive.

Je l’embrasse furtivement sur la joue, lui sourie en lui offrant un clin d’œil, puis lâche ses mains au moment de nous désunir. Je le regarde une dernière fois alors que je m’éloigne de la piste pour rejoindre le buffet. Par chance, les confiseries ne sont pas ce qui attirent le plus les invités assit aux tables à converser. Il y a l’embarras du choix. J’en chipe quelques uns qui me tentent, avant d’en gober certain. Je bouge toujours quelque peu ma tête en rythme, comme si la musique me possédait. C’est très étrange. Une fois que j’ai tout ce dont j’ai besoin, je retourne auprès de Drake en dansant. Quand j’arrive à sa hauteur, il me reste deux bonbons. J’en mets un en bouche, puis amène l’autre aux lèvres du boxeur. Je veux qu’il me fasse le plaisir de le goûter. Je l’y invite d’un immense sourire.

Le rythme reprend et je suis toujours autant enchaîné à celui-ci. Je suis heureux de pouvoir compter Lexie près de moi, qui continue à me suivre sans protester. La piste de danse devient de plus en plus étouffante de chaleur. Les corps qui bougent et qui s’additionnent amplifie graduellement cette sensation. Cela n’est pas suffisant pour me faire fuir. Je garde ma place sur la piste, faisant en sorte d’occuper l’espace suffisamment avec ma partenaire pour que personne ne vienne nous embêter. Sauf que je vois bien qu’à mesure que les heures passent que les gens sont de plus en plus festifs. Bientôt, nous ne pourront plus nous mouvoir de la sorte sans risquer d’entrer en collision avec quelqu’un. Je ne change pourtant pas d’avis. Je veux continuer à danser. La chaleur à beau faire coller le tissu et les cheveux sur ma peau, la fatigue est loin de m’avoir ébranlée. Je suis déterminé à danser encore plus longtemps. Sauf que lorsque je me retourne, Lexie vient entrer en collision avec mon torse. Je stabilise ma position pour ne pas la pousser davantage. Ses lèvres retrouvent mon oreille. Je l’écoute à travers la musique et les battements de mon cœur qui résonnent sous l’effort physique. Elle veut goûter aux confiseries et du coup elle me demande de l’attendre ici. Je fronce les sourcils, comme si l’idée qu’elle parte comme ça soit inconcevable. Puis, elle m’embrasse sur la joue encore une fois. J’expire un grand coup avant de la sentir s’éloigner. Elle m’observe alors que je l’observe. Puis, je fais un tour sur moi-même et je reprends le rythme inconsciemment. Je trouve cela soudainement moins agréable d’être sur la piste de danse. Je n’ai pourtant pas l’habitude d’avoir une partenaire pour m’accompagner. Je suis presque toujours seul à danser lorsque l’opportunité se présente. En ce moment, je me sens comme si quelque chose manquait. La chanson change. Je la reconnais immédiatement. Elle n’a été que peu altéré par la technologie du DJ. Il s’agit de That’s the way de KC & The Sunshine Band. Une chanson des années 1970, tiens. Je commence immédiatement à chanter tout en réagissant au rythme. En me retournant, je vois Lexie qui est réapparue à côté de moi. Elle porte une confiserie à mes lèvres que je gobe sans hésiter tout en continuant à chanter. « When you take me by the hand. Tell me I'm your lovin’ man. When you give me all your love and do it. Babe, the very best you can. Oh, that's the way, I like it. That's the way, I like it. That's the way, I like it. » Tout en croquant dans le bonbon, je me saisis de Lexie par la taille que je soulève complètement de terre. Je la fais tourner un tour avant de la redéposer sur la piste de danse. Je continue à chanter jusqu’à la toute fin de la chanson, recommençant à faire danser la blonde comme si elle n’était jamais partie. Il va bien falloir que quelqu’un m’arrête parce que je vais vraiment finir par l’épuiser. Pourtant, elle ne me demande pas de me stopper. Elle garde le contact avec mon regard et sourit tout autant que moi. J’ai donc toute la motivation qu’il me faut pour poursuivre dans cette voie aussi longtemps qu’on me le permettra. Je sens une goûte de sueur glisser de mes cheveux puis tout le long de mon nez. Je souffle d’un coup comme si je me réveillais. Depuis combien de temps nous dansons frénétiquement sans nous arrêter ? Je vois notre table au loin, la numéro six. Elle est vide. Les quatre autres personnes y étant assignées ne sont pourtant pas sur la piste. Il n’y a d’ailleurs presque plus personnes sur la dite piste. Je m’arrête lorsque la chanson prend fin, haletant. Je baisse les yeux vers ma montre. Il est presque deux heures du matin. Merde. Je porte ma manche à mon front et vient essuyer une grande quantité de sueur. Je secoue la tête et je remarque que Lexie est encore à côté de moi. Bon sang, elle a tenue tout ce temps ! Je lui attrape la main et je la dirige lentement vers la sortie de la salle. Sauf qu’au lieu de prendre le couloir pour rejoindre l’ascenseur vers notre suite, je passe à travers une porte qui nous mène directement dehors, dans l’air de stationnement. Aussitôt, ma peau brûlante se rafraîchit avec la fraicheur de la nuit. Je frissonne sous l’intensité du changement de température. J’expire un grand coup. « Seigneur, il y avait quoi dans tes bonbons ? » Je blague en riant malgré mon essoufflement.

Le style de musique change tout d’un coup. La chanson que le DJ diffuse, Thats the way I like it, date des années soixante-dix. Je la connais parce que mes parents l’écoutaient beaucoup lorsque j’étais gamine. Toutefois, pas au point de pouvoir chanter autre chose que le titre, que le chanteur répète je ne sais combien de fois dans la chanson, ou encore les vocalises des chœurs féminins. Drake, par contre, il la connaît du bout des doigts. C’est impressionnant. A tel point que rien ne le perturbe. Pas plus le bonbon que je lui offre, qu’il croque sans hésiter, que le fait de me porter par la taille pour nous faire un tour complet sur lui-même. J’éclate de rire. Je ne m’attendais pas du tout à un tel accueil, je dois l’avouer. C’est plaisant. Mes pieds regagnent à nouveau le sol, Drake me fait danser comme si je n’avais fais aucune pause. Je compte sur le sucre pour m’apporter la dose nécessaire d’énergie pour suivre le rythme. Je m’en voudrais de regagner ma chaise parce que mon corps n’en puisse plus. Enfin, déjà mes pieds m’envoient des signaux d’alerte. Ils n’aiment pas être autant maltraités par mes escarpins à talons hauts. Je serais bien tenté de les en soulager en me débarrassant de mes chaussures mais, je ne tiens pas à les perdre. J’en ai encore besoin pour demain soir. Je tiens donc bon malgré la torture que cela représente. Honnêtement, sans le sourire de Drake, sa main dans la mienne, il y a longtemps que j’aurais déclaré forfait. Là, je ne ressens que l’envie de continuer à danser au delà de la fatigue qui envahit chaque membre de mon corps se mouvant au rythme endiablé de la musique, que la douleur significatif au niveau de mes voutes plantaires. Je vais certainement faire beaucoup moins la maligne demain, avec une démarche de canard, mais je m’en fiche totalement. Rien ne compte que ce moment que je partage avec le boxeur. Je nous isole d’ailleurs dans une bulle mentale. Je ne vois plus les autres danseurs, le temps qui s’écoule. Je ne vois que le plaisir que nous avons à être ensemble, à danser peut-être jusqu’au bout de la nuit. Une partie de moi à conscience que je devrais l’arrêter puisque demain la course l’attend de bonne heure, seulement l’autre refuse de le faire. J’ignore pourquoi. Il fait de plus en plus chaud. Je sens ma transpiration coller mes cheveux à même ma peau, de ma nuque à mon dos. Mon front, n’en parlons pas, il est noyé de sueur. Je l’éponge du mieux que possible de mon avant-bras. Je sais, ce n’est pas glamour. Tout d’un coup, je m’arrête. J’ai atrocement mal aux pieds. Je ne peux plus en faire abstraction. Je me penche en avant pour retirer mes escarpins, que je tiens à une main, tandis que Drake regarde sa montre. A son regard, je comprends qu’il est tard. Je me permets de le vérifier à même sa montre en le retenant de baisser son bras tout de suite. Merde. Bientôt deux heures. Il serait peut-être plus judicieux que nous allions nous coucher. Je m’apprête à le suggérer au boxeur quand il s’arrête de danser. Lierait t’il dans mes pensées ? C’est probable. Il attrape ma main pour m’emmener hors de la salle de réception où il n’y a plus grand-monde en dehors du personnel. Je soulève quelque peu le bas de ma robe pour ne pas marcher sur elle. Le fait d’être pieds nus ne me donne plus la hauteur nécessaire pour qu’elle tombe bien. D’ailleurs, c’est une chance qu’il y ait de la moquette partout. Cela apporte une forme de confort à mes voûtes plantaires qui ont rudement été maltraités par mes semelles au cours des dernières heures. Je me dirige vers le couloir menant aux ascenseurs lorsque Drake m’emmène dans une autre direction. Nous franchissons une porte qui mène au parking. L’écart de température est considérable mais bienvenue. J’apprécie l’air frais qui rentre en contact avec ma peau brûlante. Tellement, que je relâche ma tête en arrière pour soupirant d’aise. Là, je suis éreintée. Maintenant que mon corps à cesser d’être manipuler par le rythme démoniaque que diffusait le DJ, il me fait bien sentir qu’il aimerait le confort d’un matelas dès à présent. J’éclate de rire à la blague de Drake.

_ Hum… Une grande quantité de glucose, je crois. Je lui réponds, amusé. _ Mais ne blâme pas l’unique que tu as eu en bouche, veux-tu. Je lui reproche ensuite, en riant. _ Tu es possédé par le démon de la danse. Je trouverais ça moins drôle si c’était vrai. _ Aïe.

Je fais malgré moi en étant rappelé à l’ordre par mes pieds. Je risque d’avoir des cloques. Je grimace à cette idée alors que je cherche un truc pour m’asseoir.

_ Si ça ne te gêne pas, je vais m’asseoir un peu là… Je l’informe en lâchant sa main. Or, je ne trouve rien aux alentours pour faire une pause, en dehors de capots de voitures. _ Euh… Enfin je dis ça mais il n’y a rien qui puisse me le permettre. C’est con. Je rie quelque peu en lui disant. _ Bon bah tant pis, je vais faire sans. Puis ajoute sur le ton de la plaisanterie. _ Tu verras, mes petits couinements de souffrance, ma démarche en canard, c’est très sympa à voir.

Autant en rire, non ?