I was born for this [Lexie & Liam]

Lexie trouve le calme graduellement. Je sens son corps se détendre au point de ne plus être en mesure de répondre à mon étreinte. J’attends donc encore un peu pour ne pas la réveiller en la bougeant par inadvertance. Dès que j’ai le sentiment qu’elle s’est endormie, je la fais lentement tomber à l’horizontal. Mon propre corps suit le mouvement pour atténuer plus que nécessaire sa chute. Je la dépose sur l’oreiller. Les draps ne sont pas défaits sous elle. Je ne compte pas les mouvoir au risque de brusquer le sommeil fraîchement acquis de la blonde. Je me contente de libérer son corps de la chaleur du mien brièvement pour me saisir dans une armoire d’une couverture de rechange que je sais s’y trouver. Je couvre le corps de Lexie soigneusement et je commence ensuite à m’activer autour. Je ferme la lumière la plus proche d’elle et libère en silence les portes de leur obstacle. Je vais ensuite dans la salle de bain afin de rapidement me changer et me débarrasser de mon complet. Je ne compte pas abandonner Lexie seule dans la chambre pour redescendre au gala de moi-même. Je vais profiter de ce temps pour dormir afin de récupérer au maximum. Je ne prends pas de douche de peur de la réveiller avec le son de l’eau. Je m’approche de sa table de chevet et y dépose son téléphone. Je ne pense pas qu’il se mette à sonner cette nuit, du moins je l’espère. Je retourne de mon côté et branche mon propre téléphone au chargeur mural. Je vais m’installer avec précaution sous les draps qui normalement aurait du recouvrir aussi Lexie. Je mets du temps à m’endormir, surveillant attentivement l’absence de mouvement de la jeune femme. C’est sa respiration régulière qui finit par me conduire dans le sommeil.

Invercargill (Île Sud, NZ) – Jour 4

Je me réveille le premier et ce sans intervention extérieure. Je trouve difficile de me convaincre de me lever tout de même. C’est un coup d’œil à l’heure qu’indique mon téléphone qui me convainc d’agir. Il est onze heures passé. Nous avons dormis sans interruption très longtemps. Je vérifie que Lexie est dans la même position qu’hier. Oui, en effet. J’évite de la déranger. Notre vol ne partira pas avant deux heures de l’après-midi donc elle a encore le temps de se reposer. Je m’active de mon côté. Je vais dans la salle de bain où je me lave et m’habille d’un jean et d’un t-shirt simple. Je n’ai pas le choix de me coiffer comme je ne compte pas porter ma casquette dans l’avion. Une fois prêt, je termine en me brossant les dents et en me parfumant un faible coup. Je reviens à la chambre et réunis mes affaires dans ma valise avec un certain soin. Je la fais ensuite rouler jusqu’au salon. Je sors mon ordinateur portable que j’installe sur la table. Je passe en revu mes emails ainsi que des données météos pour le vol et l’arrivée. Je m’occupe d’appeler le service aux chambres pour leur demander un déjeuner-dîner pour l’occasion. En les attendant, je vais voir où en est Lexie dans la chambre. N’ayant pas ouvert les rideaux, il fait encore parfaitement noir dans la chambre. Je me décide à la réveiller en posant une main sur son front et en caressant ses cheveux. Je viens ensuite faire de même avec ses joues et je termine par glisser mes doigts le long de sa mâchoire. Elle commence à remuer lorsque l’on cogne à la porte. Je vais ouvrir. J’amène à Lexie un verre d’eau pour commencer, puisque le jus d’orange qu’elle prend d’ordinaire le matin me semble trop acide pour son estomac vide. Je termine de la réveiller en m’assoyant sur le rebord du lit. Je la garde couché d’une main sur l’épaule, afin qu’elle n’y aille pas trop vite. Dès qu’elle me semble bien consciente, je le l’aide à se redresser tout doucement en la laissant s’agripper à mon corps. Je lui tends le verre d’eau en venant porter les mèches de ses cheveux rebelles derrière son oreille. Je lui souris alors qu’elle fait son possible pour se sortir de la brume. Je ne lui demande pas comment elle va, me contentant d’une main dans la sienne pour demeurer présent le temps qu’elle soit capable de se sortir du lit au moins. Dès que c’est le cas, je l’aide même à se relever d’un bras fort et solide. Je la laisse se promener dans la chambre tout en poursuivant mes activités. Je viens ouvrir les rideaux et je rejoins la table pour manger pendant qu’elle fait un tour dans la salle de bain, j’imagine. Je la laisse avoir son intimité à partir de là, me concentrant plutôt sur mon ordinateur et sur l’omelette prosciutto et épinard que je déguste avec mon café colombien noir.

J’émerge tout doucement du sommeil, encouragée par des caresses à même mon visage. J’aime ça, véritablement. J’y sourie même légèrement en commençant à m’étendre dans le lit. Seulement, mon bien-être n’est que de courte durée. Dès que des battements surgissent au sommet de mon crâne, il s’échappe aussitôt. Ils augmentent d’ailleurs en intensité au fur et à mesure que je m’approche du réveil. Je grimace. Je gémie de douleur, aussi. Il faut que cela cesse ou sinon ma tête pourrait bien exploser. Je dépose une de mes mains sur mon front dans l’espoir de les atténuer. C’est inutile. Il me faut des aspirines. J’ouvre les yeux, prête à m’asseoir, mais Drake me retient d’une main sur mon épaule. Merde. Je suis habillée. Je me suis payée une cuite à ce que je constate et… ceci : c’est une gueule de bois. Je soupire, douloureusement. J’essaye de me rappeler ce qu’il s’est passé hier, sans succès. C’est flou, pour le moment. Je me rappelle juste de l’instant où je buvais du Whisky à table, au gala. Oh bon sang. J’espère que je ne me suis pas donnée trop en spectacle. Hum. J’aurais la réponse à cette intéressante question bien assez tôt. Les souvenirs vont devenir de plus en plus clairs à mon esprit, dans quelques heures. Je pourrais interroger Drake à ce propos mais… non. Évitons de bon matin d’aborder ce sujet. Sommes-nous bien au matin au moins ? Je m’en assure en cherchant le cadran des yeux. Merde, il est presque midi. Il faut que je me lève. Il me faut de l’aspirine, également. Drake m’aide à m’asseoir. Je m’accroche à lui en grimaçant. C’est surement psychologique mais il me semble que la migraine est plus violente dans cette position. Je redépose une main sur mon front, comme si cela pouvait m’aider. Je prends ensuite le verre d’eau que me tend le boxeur pour le boire. Je croise mentalement les doigts pour qu’il ne soulève pas mon estomac au point de me rendre malade. Je le bois doucement, sous le regard doux de Drake qui me sourit tout en ramenant mes cheveux derrière mes oreilles. Je ne lâche pas ces prunelles des miennes. Il ne semble pas en colère ni même déçu. C’est plutôt bon signe, non ? Je suppose, oui. Sinon il ne me tiendrait pas la main, j’imagine. Je la serre d’ailleurs doucement dans la mienne. C’est l’unique chose que je trouve plaisante à ce moment précis. Si je pouvais, je resterais encore quelques minutes à la tenir ainsi, sans un mot. Seulement, j’ai vraiment besoin de calmer ma migraine immédiatement alors, à regret, je rend le verre d’eau à moitié vide à Drake pour commencer à bouger du lit. Sans un mot, le boxeur m’aide à me remettre sur mes jambes. Je lui souris en guise de remerciement, avant de me diriger vers la salle de bain. Je ne marche pas très droit. C’est un miracle que je ne percute pas un mur en chemin. De plus, la lumière du jour me vrille encore plus le crâne. Je m’active à trouver mes comprimés que j’avale immédiatement à l’aide d’une gorgée d’eau du robinet. Ensuite, je me regarde dans le miroir. Constat : j’ai une tête à faire peur. Vraiment. J’ai les cheveux en pétards ainsi que le maquillage qui a coulé autour des yeux. J’ai pleurée, donc. C’est inquiétant. J’espère ne pas avoir dit de bêtise. Je pousse la porte de la salle de bain tandis que Drake mange à table. Je fais un détour par les toilettes avant de me fondre sous une douche bien chaude. J’efface toute trace de cette cuite soigneusement, pendant que je force ma mémoire à s’en souvenir. J’ai besoin de savoir ce qui m’est encore flou. Je perds du temps à faire ça. Beaucoup trop. Je m’arrête avec quelques brides de souvenirs qui ne s’imbriquent pas bien ensemble. Je quitte la cabine de douche frustrée pour le confort du peignoir fournit par l’hôtel. Ensuite, je me brosse les dents, me sèche les cheveux, pour terminer par une touche de déodorant. N’ayant pas mes vêtements propres, je quitte la salle de bain en peignoir. Je m’isole brièvement dans la chambre où je m’habille, puis je rassemble toutes mes affaires qui se trouvent dans la suite. Elles se retrouvent rangés dans ma valise, soigneusement. Mes escarpins m’aident à retrouver un bout de souvenir dont je ne suis pas fière, au passage. Une fois que celle-ci est fermée, je la fais rouler jusqu’au salon où je la laisse à côté de celle de Drake. Je commence à avoir faim. Je m’installe donc à table pour me servir, silencieusement. Je ne me montre pas généreuse sur les portions pour autant. Je préfère y aller doucement avec mon estomac barbouillé. C’est au bout de quelques minutes que j’ose enfin parler.

_ Désolé d’avoir jeter mes chaussures sur toi, cette nuit. Je commence, un peu gênée. _ Je ne sais pas encore très exactement ce qui m’a conduit à faire ça mais, une chose est sûre, je le regrette sincèrement. Je marque une pause. _ En réalité je regrette surtout d’avoir bu autant. Je… Ce n’est pas dans mes habitudes d’avoir une telle consommation d’alcool, bien au contraire. Je lui sourie, timidement. _ Pour être honnête, je ne bois plus depuis presque six ans. J’ai arrêté bien avant ma grossesse. J’inspire profondément. _ Bref, qu’importe ce qu’il y a pu se produire, j’espère que tu sauras me le pardonner.

Je n’ai pas le sentiment d’avoir fait des choses irréparables entre nous. Bien au contraire. J’ai la curieuse sensation que cela nous a rapproché. Comme si nous avions pu nous lier d’avantage au delà de mon taux d’alcoolémie élevé, d’une certaine façon. Je nous vois enlacer dans la chambre. Impossible d’en connaître l’origine encore, toutefois. Des paroles doivent y être pour quelque chose, j’imagine.

J’écoute distraitement le son de la douche au loin. Je me concentre surtout sur une conversation ayant débutée entre moi et mon entraîneuse par message texte. Elle souhaite me faire reprendre l’entraînement et surtout une diète stricte dès notre retour prévu pour dans quelques heures. Elle est toujours très sérieuse, mais j’ai l’impression que Sophie devine facilement mon laisser aller. Je ne m’oppose pas à ses consignes. Le match avec Nash arrivera bien assez tôt et je compte être aussi prêt que je l’ai promis à mon entourage. La porte de la salle de bain s’ouvre derrière moi alors que je range mon téléphone dans ma poche. Je termine également mes activités internet avant de faire tomber l’écran de l’ordinateur et de le mettre loin de ma portée sur un coin de la table. Je retourne à mon repas que je termine en croquant avec plaisir dans une pêche qui se trouve dans le panier de fruits qu’on nous serre généreusement depuis notre arrivée. Je laisse Lexie s’installer à côté de moi sans la brusquer. Je sais pour l’avoir déjà vécu quelques fois par le passé ce que ça fait d’avoir la gueule de bois. Elle m’impressionne de même s’aventurer à manger. Je tourne mon regard vers elle alors qu’elle tient à me faire des excuses. Encore. Ça devient une habitude. Elle se souvient de quelques détails, dont l’histoire avec ses escarpins. Si elle avait vraiment voulu me blesser à ce moment là je pense qu’elle aurait visé mieux. Le fait qu’elle ne boit pas depuis presque six ans explique en effet sa faible tenue à l’alcool. Je la regarde donc avec une expression que je veux neutre mais qui au final est un peu amusé malgré moi. « Tu es pardonnée. » Je n’en dis pas plus parce que j’ai l’impression qu’à mesure que ses souvenirs vont lui revenir qu’elle va calmer son inquiétude par rapport à la veille. De plus, je me montre disponible en cas de réel blanc de mémoire persistant. Je ne compte pas lui cacher mon comportement excessif. J’ai agis avec énormément de brusquerie à mon avis au moment de l’évacuer de la salle de réception. Tout aurait pu être fait autrement. Le passé ne peut être changé donc pourquoi se torturer avec ? Je sirote mon café en profitant de ces derniers instants dans cette suite. Puisque le temps nous est compté. Nous n’avons plus vraiment assez longtemps pour aller quelque part ou marcher simplement dans la ville. Dès que Lexie sera prête, nous allons prendre la route de l’aéroport. Je pense qu’elle s’en rend elle-même compte alors que je décide de me lever pour aller m’installer sur le balcon une dernière fois. Il faut chaud aujourd’hui, c’est agréable. Je regarde le paysage urbain, l’océan au loin. Je ne cache pas une certaine nostalgie précoce. Je souris plutôt en fixant l’horizon, content au final de voir Lexie se pointer sur le balcon. Avec le soleil assez fort, je lui propose, très sérieusement : « Tu veux que je te prête ma casquette ? » Je ne lui laisse même pas le temps de me répondre que déjà je passe à côté d’elle et que je me rends à ma valise. Je reviens vers la blonde sur qui je place moi-même la casquette dont je réduis un peu la circonférence en l’ajustant rapidement en chemin afin que le tout tienne convenablement sur sa tête. La casquette reste trop grande pour elle mais l’important c’est que cela l’accommode en extérieur. Je retourne m’assoir en ignorant volontairement l’heure qu’il peut être. Je n’ai jamais été quelqu’un de stressé face au temps. Si nous manquons l’avion, il y en aura toujours un autre pour nous ramener. J’imagine que ses proches lui manquent. Autant son couple d’amis que sa fille. Je ne compte donc pas nous faire véritablement rater notre vol. C’est même pour cela que j’initie notre départ. Que dans un dernier regard vers l’horizon, je dis adieu à cet endroit agréable. Je retourne dans la chambre et d’un simple coup de téléphone à la réception, je nous demande un taxi pour l’aéroport. Je fais un ultime tour de la chambre pour éviter que nous ayons autant l’un que l’autre oublié un truc avant de laisser Lexie ouvrir la marche dans le couloir en posant une main désormais habituée dans son dos.

Drake me pardonne. Je sourie en réponse, ravie, bien que cela ne suffise pas à me rassurer totalement sur ce que j’ai pu faire la veille. Son visage a une expression amusée. Cela m’encourage à imaginer le pire même si je n’en dis rien. Je pourrais là encore soulager ma curiosité en lui demandant de tout me raconter mais, je n’y tiens pas. Je préfère m’en souvenir toute seule, comme une grande. Qu’importe le temps que cela me prendra, d’ailleurs. J’ai tout un voyage en avion pour y songer. Je prends cependant de l’avance en y songeant maintenant. Je m’accroche aux souvenirs revenus pour compléter les zones de flous. Sans succès. Les mots que je crois comme à l’initiative de notre étreinte sont incompréhensibles, encore. En faite, ceux qui me sont très nettes à l’esprit s’associent très mal entre eux. J’arrête d’y réfléchir quand le reste de ma migraine se rappelle à mon bon souvenir. Je masse mes tempes pour aider les aspirines dans leur action de la faire totalement disparaître. Drake se lève à ce moment précis. Il rejoint le balcon, son endroit préféré de cette suite. Je me recentre sur mon déjeuner que je ne termine finalement pas. Il est préférable que je n’insiste pas avec mon estomac. Il est déjà gentil de ne pas me garder la tête sur la cuvette depuis mon réveil. Je quitte la table pour récupérer mon téléphone dans la chambre. La batterie ne tiendra pas plusieurs heures. Tant pis. Je profiterais qu’il soit H.S en vol pour faire ce que j’ai dit précédemment : faire activer ma mémoire au sujet de la nuit passée. Je lis les commentaires de ma dernière photo postée sur instagram, hier soir. Tout mes followers, y compris Brendy et Anna, sont d’accord pour dire que ma tenue était magnifique. Je suis d’accord. J’ai réellement un coup de cœur pour cet ensemble. J’espère avoir rapidement d’autres occasions de la porter puisque, soyons honnête, je ne suis pas à la veille d’être de nouveau convié à un gala tel qu’il soit. Est-ce que cela m’attriste ? Non. J’ai finalement bien aimé y participer, particulièrement le premier cela va s’en dire, mais pas à ce point là. Ce qui m’attriste d’avantage est de constater que ce voyage touche à sa fin. Dans quelques heures nous serons de nouveau à Wellington, nous reprendrons chacun notre petite vie et… Tu n’auras plus ce plaisir de dormir tout contre lui. (Soupir) Très juste. Mais c’est la vie. Toutes les bonnes choses ont une fin. De plus, l’aspect positif c’est que je vais retrouvée ma fille avec qui je vais aller voir les animaux ce weekend à une heure de la capitale. C’est aussi génial qu’être à l’autre bout du pays avec le boxeur. Le boxeur que je regarde brièvement de loin, assit sur le balcon, tandis que je glisse mon IPhone en poche. Mon cœur s’emballe de plus en plus. Je sourie, amusée. Il est inutile de réfléchir sur la cause de ce phénomène. Les sentiments que je lui porte, qui ne sont pas amicaux, sont beaucoup trop fort pour être nié désormais. Toutefois, je ne me vois pas lui dire je t’aime si ce n’est pas déjà fait depuis cette nuit. Au contraire. Je compte bien m’en tenir à notre relation amicale, même si je ne nierais plus que j’en sois éperdument amoureuse. Je me décide à le rejoindre, finalement. Or, dès que j’arrive à l’extérieur, le soleil m’agresse les rétines au point de raviver ma douleur au crâne. Je grogne bien malgré moi en faisant un pas de recul pour m’en protéger. Drake me propose aussitôt de me prêter sa casquette, avant d’aller la chercher. Je n’ai ni le temps d’accepter ou de refuser. Elle quitte sa valise pour trouver le sommet de ma tête. Je l’en remercie d’un immense sourire, en retenant instinctivement sa main quelques secondes. Ensuite, je le laisse aller retrouver sa place précédente, sans un mot. Désormais protégé, je m’installe sur une autre chaise pour admirer la vue une dernière fois. Cet endroit est vraiment magnifique. Cela va me manquer cette vue sur la mer. Il faut véritablement que j’envisage d’investir dans un bien sur South Bay, même si mon crédit me prend des années. C’est beaucoup plus agréable qu’un vis-à-vis sur des voisins. Drake finit par se lever pour rejoindre l’intérieur. Il appelle la réception pour qu’on nous commande un taxi. Je rentre quand il raccroche, le cœur lourd de devoir quitter cet endroit. Comme le boxeur, je m’assure que nous n’ayons rien oublié avant de quitter la suite. Je m’occupe d’ailleurs de prendre sa valise puisqu’il doit porter son Trophée. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent une dernière fois pour nous. Nous y entrons aussitôt, en silence. Je suis contente que sa main dans mon dos ait retrouvé l’apaisement que j’appréciais tant. Je suppose que c’est dû à quelque chose que nous avons dit ou vécu cette nuit. Une fois dans le hall, je dépose nos cartes magnétiques dans la boite prévu à cette effet au guichet des départs. Ensuite, je rejoins l’extérieur en sa compagnie où le chauffeur cale nos bagages dans son coffre. Je regarde rapidement l’heure sur mon téléphone. Nous avons de l’avance. Nous n’aurons pas à craindre de rater l’avion. Quand nous sommes à l’aéroport, je récupère nos valises à roulettes pour rejoindre la sécurité. Lorsque nous la franchissons, sans encombre, il est déjà l’heure d’embarquer. Je sors mon billet de mon sac à main puis rejoins avec Drake l’appareil sur la piste. Ce sont les mêmes places qu’au départ, nous sommes donc séparés. Je lui souhaite un bon vol, souriante, avant de le délaisser à regret pour rejoindre mon siège. Pas de vieille dame bavarde cette fois-ci. J’en serais presque déçue. Enfin, tant pis.

Wellington (N-Z)

Deux heures viennent de s’écouler. Nous atterrissons enfin à Wellington. Le vol c’est bien passé et ma mémoire a fait de gros progrès. Je me rappelle désormais en grande partie ce qu’il s’est produit, hier. Il reste bien encore des petits passages de blancs mais, dans l’ensemble, je trouve tout ceci presque hilarant. Surtout Drake m’embarquant sur son épaule pour m’enfermer dans notre chambre. C’est très radical comme méthode, je trouve. Enfin. Je ne lui en veux pas. J’étais devenue ingérable. Qui sait ce que j’aurais pu faire par simple envie de m’amuser. Je rejoins Drake en bas des escaliers d’embarquement. Comme à notre arrivée à Invercargill, nous allons réceptionner nos bagages avant de quitter le hall d’aéroport.

_ Ma voiture est sur le parking, là-bas. Je lui annonce une fois en extérieur, en le pointant de l’index. _ Je crois qu’il donc venu le moment de nous dire au revoir. J’ai le cœur serré dans ma poitrine, comme pour un adieu, c’est ridicule. On va se voir à l’entraînement, très rapidement. _ J’ai passée un excellent séjour à Invercargill avec toi et… j’ai beaucoup appréciée être ta passagère au cours de cette course. Je suis sincère. C’était vraiment génial. _ Encore félicitation pour cette belle victoire. Je n’arrive pas à le laisser partir, c’est con. _J’espère qu’on aura l’occasion de la fêter un peu plus dignement que la nuit dernière. J’ajoute, dans l’espoir d’une promesse d’un rendez-vous ultérieurement, en tête à tête. _ Je te promets que tu ne seras pas obligé de m’évacuer sur ton épaule si ça se fait. Je précise en riant. Autant prendre tout ceci avec humour. _ Bon, hé bien bonne fin de journée, Drake.

Je conclu le cœur déchiré, avant de déposer mes lèvres sur sa joue pour l’embrasser. Ensuite, je tourne les talons pour prendre la direction de ma voiture, cachant ainsi mes larmes. Oui. Je sais. Je suis grotesque. Je marche quelques mètres avant de me rappeler que j’ai prévu de l’inviter à boire un verre chez Brendy, la veille. Merde. Je fais demi-tour pour le rejoindre en courant, tout en l’interpellant. Une chance qu’il m’entende, il s’arrête rapidement. Quand je suis à sa hauteur, je suis un peu essoufflée, ce qui me fait rire.

_ J’ai… je viens de me rappeler que… Je lève la main pour lui assurer que ça va aller, que la suite va venir. _ Anna et Brendon serait… ravie de pouvoir…te féliciter de vive voix pour ta première place à la course. Est-ce que tu serais tenté de m’accompagner chez eux ? Il peut décliner, ce ne sera pas grave. Le champagne que Brendy a acheté sera bu à une autre grande occasion. _ Oh, et j’oubliais. Je retire soudainement sa casquette de ma tête pour lui rendre, souriante. _ Ceci t’appartient.  

Je ne vais pas me l’approprier, ce serait malpoli.

Le vol est pour moi similaire à mes expériences précédentes. Je passe le temps en écoutant ma musique. Lorsque nous atterrissons, je m’intéresse un peu plus à ce qui se passe autour, sortant de ma bulle. Je quitte l’avion pour rejoindre Lexie qui me semble un peu mieux à mesure que la journée avance. Cela me fait plaisir de le constater. Nous allons récupérer nos bagages, sauf mon trophée que j’ai du abandonner à l’autre aéroport. Il me sera livré chez moi ultérieurement. Je n’ai pas cherché à protester, je me doutais fortement que ça allait arriver. Je ne suis pas inquiet qu’il ne m’arrive pas en un seul morceau. Ce n’est pas la première fois que ce genre de « saisie » arrive. Je suis ensuite Lexie un moment jusqu’à nous retrouver dans le hall principale. Je m’arrête en même temps qu’elle alors que nous sortons à l’extérieur. C’est le temps des adieux, apparemment. Je la fixe alors qu’elle parle beaucoup trop. Cela me fait sourire, surtout lorsqu’elle rit parce que j’ai du l’évacuer sur mon épaule hier soir. Je laisse ses lèvres toucher ultimement ma joue en continuant à sourire. « À plus tard, Lexie. Content que tu aies apprécié le voyage. » Lorsque nous nous séparons, j’ajoute : « Prend soin de toi. » Je me tourne et je commence à marcher vers l’endroit où les taxis se réunissent. Je m’arrête au bout de seulement une minute, entendant mon nom de famille être prononcé par une voix très familière. Je me retourne pour voir Lexie revenir vers moi. Durant un instant, la voir ainsi fait battre mon cœur plus vigoureusement. J’ai la sensation qu’elle va me sauter dans les bras ou quelque chose, ce qu’elle ne fait au final pas. Nous ne sommes pas dans un film. La réalité est beaucoup plus ennuyeuse. Je ris en constatant qu’elle est très essoufflée. Seulement pour quelques mètres de course. Elle a choisit le tapis roulant pour son exercice d’échauffement, il me semble. Elle va vraiment finir par me détester dans le gym, je le sens. Elle m’invite à la suivre pour nous rendre chez son couple d’amis afin de célébrer ma victoire. Je trouverai ça dommage de ne pas assister à un évènement de célébration me concernant moi et la blonde. Nous sommes une équipe, à la base. Le porte-clés en forme de gant de boxe que j’ai pu garder en est le symbole. Quand elle me redonne ma casquette, je la prends mais pour mieux la remettre sur sa tête. « Garde-la. » Je lui dis en souriant. J’en ai des tiroirs pleins chez moi. Elle peut bien en garder une. C’est toujours utile. Pour le jogging, par exemple. « Il va vraiment falloir travailler ton cardio. » Je dis en continuant de rire. Je commence à avancer dans la direction opposée. Je n’ai pas donné de réponse verbale à Lexie, c’est vrai. « Tu as bien dis par là pour ta voiture, non ? » Je demande à la place de lui affirmer un oui ou un non. Elle finit par réaliser ce que j’ai décidé et je la laisse reprendre les devants. Une fois à sa voiture, je m’occupe des bagages que je place dans le coffre. Je m’assois du côté passager et je me laisse distraire par la route comme souvent. Je finis par retrouver ma connexion avec la réalité en entendant à la radio la chanson Of the night de Bastille. Je commence à chanter les paroles en me laissant même balancer de gauche à droite. Je n’ai pas évacué complètement mon envie de danser, il semblerait. Nous atteignons South Bay. Je commence à m’intéresser aux directions qu’elle prend. Nous arrivons finalement à une jolie petite maison du quartier. Je descends lorsqu’elle arrête le moteur. Naturellement, ma main se place sur son dos alors que nous rejoignons l’entrée. Elle sonne et Brendon en chemise retroussée au niveau des manches et en pantalon de complet nous accueille d’un sourire festif. Il se dirige immédiatement vers son amie qu’il prend dans ses bras en ricanant. Il termine en lui plaquant un baiser bruyant sur la joue, ce qui me fait penser à un père avec sa fille. Il se tourne finalement vers moi. « Drake, l’homme de l’heure ! » Le patron de Lexie me serre la main chaleureusement et me tape simultanément l’épaule de l’autre. Il nous invite à entrer, ce que nous faisons sans tarder. Les petits pas de Lana résonnent alors qu’elle court dans notre direction. Elle se jette sur sa mère qui la réceptionne. Je les laisse à leur réunion alors que Brendon me pousse à le suivre vers la cuisine. Je découvre sa maison d’un œil curieux. En revoyant Anna, je m’approche pour la saluer poliment de deux baisers sur les joues. Son compagnon est aussi excité qu’un enfant en attirant à nouveau mon attention. Il me pointe le champagne. « Excellent choix. » J’approuve alors qu’il rit en commençant à libérer l’une des deux bouteilles de son emballage. Je baisse la tête sur une petite main qui se retrouve dans la mienne. Je m’accroupie pour atteindre le niveau de Lana qui vient naturellement se coller contre moi pour me dire bonjour. Je frictionne son dos durant l’étreinte. Dès qu’elle me libère, elle retourne en sautillant vers sa mère. Je me redresse, croisant le regard de Brendon qui me fait un discret pouce en l’air pour me dire bien jouer. Le geste me fait pouffer de rire.

Drake rit en me voyant si essoufflé. Il a bien raison. C’est pitoyable d’être aussi épuisée pour quelques mètres de course. J’en rirais d’ailleurs presque moi-même si je n’avais pas déjà tant de mal à aller au bout de ma proposition. Je me demande comment j’ai pu oubliée que j’avais prévu cela depuis hier, soit dit en passant. Surtout que les occasions n’ont pas manqués pour lui en faire part, depuis. Enfin, l’important est que l’erreur est réparée. Maintenant, il ne me reste plus qu’à attendre sa réponse. Ah, et aussi lui rendre sa casquette également. Ce que je fais immédiatement, le sourire aux lèvres. Drake la récupère sans un mot, avant de la remettre sur ma tête. Inutile que je lui demande ce qu’il fait puisque les mots qui suivent sont on ne peut plus explicite. Il m’en fait cadeau. Je pourrais l’en remercier comme j’ai l’habitude de le faire mais, durant le vol, je me suis rappelée d’une confession de sa part au sujet de sa mère. Je décide donc de me contenter d’un immense sourire. Drake me fait une remarque sur mon cardio, qu’il va falloir travailler. J’éclate de rire. Je ne lui donne pas tort, il y a du boulot pour que je puisse m’activer comme lui sans presque cracher mes poumons. Seulement, en ai-je vraiment l’envie ? Hum… je serais tentée de répondre non mais je n’ai pas cette option. Drake a pour ambition de faire de moi une sportive alors – que ça me fasse sauter de joie au plafond ou pas – je travaillerais mon cardio. Drake se met en marche dans la direction opposée à la sienne. Je le suis machinalement, ne sachant pas si je dois prendre ce geste comme une réponse affirmative à mon invitation précédente, ou non. Je suppose que oui. A plus forte raison lorsqu’il me demande si ma voiture est bien dans la direction qu’il suit. J’acquiesce souriante. Je suis heureuse qu’il accepte de m’accompagner. Je sens mon cœur faire des bonds de bonheur dans ma poitrine. Je l’emmène en direction de ma voiture. Je la déverrouille à distance. Galamment, Drake se charge des valises qui regagnent le coffre. Je rejoins l’habitacle immédiatement. Une fois ma ceinture attachée, je démarre le moteur. Drake s’installe sur le siège passager. C’est bizarre cette inversion des rôles. J’en rie quelques peu tandis que je quitte ma place de parking pour prendre la route qui mène à South Bay. La maison de Brendy et Anna se trouve à quinze minutes de l’aéroport. La musique nous accompagne durant le trajet, à la radio. J’augmente le volume lorsque j’entends les premières notes du groupe Bastille. J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce groupe il y a quelques années. Depuis, j’achète chacun de leur disque. Je connais la chanson Of the night par cœur. C’est tout naturellement que je l’entonne avec Drake qui danse sur son siège. Le démon de la danse, c’est lui. Désormais je n’en doute plus une seconde. Bon, j’admets que si je ne conduisais pas je bougerais aussi en rythme. Nous atteignons enfin mon quartier préféré de cette ville. Il ne reste plus que quelques minutes avant que je ne me stationne devant la maison des futurs-parents. Aussitôt, je coupe le moteur, détache ma ceinture, puis quitte le véhicule que je verrouille. La main dans mon dos, Drake m’accompagne jusqu’à la porte où je sonne. Je n’ai pas envoyé de message à Brendy pour signaler mon heure d’arrivée. Je voulais lui faire la surprise. C’est réussi. Dès qu’il ouvre la porte, il rayonne d’un sourire festif avant de me prendre dans ses bras. Je lui rends son étreinte, heureuse de le retrouver. C’est fou comme il m’avait manqué, mine de rien. Je rie à son baiser bruyant sur la joue tandis qu’il accueille Drake. A son invitation, nous regagnons le hall. Ma fille arrive en courant. J’ouvre les bras pour la serrer contre moi, la couvrant de baisers. Elle glousse à ces attentions. Elle est tellement surexcitée de me voir qu’elle me parle à un débit très élevé. Apparemment, elle m’a fait pleins de dessins et une surprise nous attend en cuisine, de ce que je comprends. Je la dépose au sol pour qu’elle puisse m’y emmener. Dès que nous y sommes, elle me délaisse pour saluer Drake. Je sourie, attendrie à l’étreinte qu’ils se donnent. C’est Anna qui me ramène à la réalité en posant une de ces mains dans mon dos. Je la serre dans mes bras, ravie de la revoir. Je m’informe dans la foulée de son état. Elle va très bien, de ce qu’elle me répond. Il est vrai qu’elle est rayonnante. Elle me retourne la question avec un regard qui en dit long sur le sens de sa question. Je lui confie souriante que tout va très bien, n’entrant pas dans le détail. La raison a cela ? La présence de Drake ainsi que Lana qui glisse sa main dans la mienne. Nous en parlerons plus tard toutes les deux. Elle le sait, d’ailleurs, voilà pourquoi elle nous invite à prendre place à table où elle dépose 4 coupes pour que Brendy puisse servir le champagne.

_ Ce sera du sans-alcool pour moi. Je précise immédiatement, avant d’ajouter. _ J’ai fais un peu trop d’excès la nuit dernière alors…

Je me tais. Normalement mes amis sont assez intelligents pour avoir compris.

_ Je me sentirais moins seule. Mentionne Anna en riant tandis qu’elle est affairée avec Lana au comptoir.
_ Moi aussi je ne bois pas d’alcool tata ! Rétorque Lana, ce qui ne manque pas nous faire rire.
_ Très juste. Nous serons donc trois. Rectifie la future maman en pinçant gentiment son petit nez.
_ Ne regarde pas maman ! Me gronde ensuite gentiment celle-ci.

J’obtempère sans discussion. Je dirige mon attention vers Drake, en souriant.

_ Elle nous réserve une surprise, à ce qu’elle m’a dit.

Je lui confie, doucement. Soudainement, on nous demande à tout les deux de fermer les yeux. Avons-nous d’autre choix que d’obéir ? Non. Alors nous fermons les yeux le temps que Lana ramène à table sa surprise. Lorsque c’est bon, nous pouvons admirer deux sablées de noël nous représentant tout les deux. Je trouve ça autant adorable que drôle. Surtout lorsque Lana explique à Drake qu’elle n’avait pas de noir pour faire les dessins sur les bras.

_ Tu aimes maman ? Me demande t’elle un immense sourire aux lèvres. _ Tata m’a aidée à le faire.
_ C’est une très jolie surprise mon amour, viens là. Je la serre dans mes bras pour la remercier.
_ Et toi… Euh… Elle cherche son nom. _ Drake ? Tu aimes aussi ?

Nous sommes suspendus à ces lèvres.

Lorsque Lexie demande à avoir une boisson sans-alcool et qu’elle se justifie en affirmant qu’elle en a assez eu la nuit dernière, j’ai le droit à un regard surpris de Brendon. Il cesse même de s’occuper d’ouvrir le champagne un bref instant avant de reprendre sans commentaire alors qu’Anna est plutôt ravie par cette demande. Elle vient de me sauver sans le savoir. Mais je pense qu’elle le sait parfaitement, au fond. Je ne m’éloigne pas de Brendon pour autant, alors que l’enfant nous réserve une surprise à moi et sa mère et qu’on nous demande de fermer les yeux. J’obéis, me retrouvant avec quelque chose de rugueux dans la main. Je ne regarde que lorsqu’on m’y autorise. Il s’agit d’un biscuit sablé qui me représente, je présume. La petite me demande mon opinion sur ce qu’elle a fait. Je la regarde alors qu’elle sautille sur place. « C’est très réussis, je confirme. » Je lève les yeux vers Anna. « En Amérique, ce genre de biscuit est plutôt commercial. Je ne pensais même pas qu’on pouvait encore en faire. D’où tu tiens ta recette ? » Je demande, intrigué. Je vais ensuite cogner la tête de mon biscuit contre la tête de celui de Lexie et après un regard pour m’assurer que nous avons l’autorisation de Lana, je croque dans la représentation de moi. Le goût est encore meilleur que je le pensais. « C’est excellent. » Je dis, faisant rire la fillette qui continue à s’exciter en notre présence. Je vais m’assoir à table, levant mon verre pour rendre plus facile la tâche à Brendon de me verser le champagne. Il évite de me regarder. Je vais devoir avoir une petite conversation avec lui rapidement. Lorsque nous sommes tous servis, les femmes avec le mousseux de pomme et les hommes avec l’alcool, nous faisons un grand toast. Je dois me lever pour être capable d’atteindre celui de la petite. Nous célébrons d’un coup et portons le verre à nos lèvres. Par la suite, nous commençons à parler ensemble. Brendon est anormalement silencieux. Sauf qu’il me demande comme si de rien n’était de le rejoindre pour me montrer quelque chose. Je ne dis pas non, apportant mon verre comme il le fait. Il me conduit à l’étage supérieur, me faisant entrer dans une chambre qui semble avoir été récemment vidée. Les affaires de Lana sont dans un coin, prête à partir. « Nous allons faire des rénovations sous peu pour transformer ce coin en deux chambres distinctes. L’évaluation sera faite la semaine prochaine. » Je ne sais pas pourquoi il me dit cela, mais j’hoche la tête. Il se rapproche ensuite de moi. « Comme ça, tu as fait boire Lexie ? » Il demande sur le ton de la conversation. Voilà, je me doutais qu’il allait retomber dans son rôle de protecteur sous peu. Je ne lui mens pas. « Oui, hier soir au second gala. Elle a abusé de l’alcool suite à une mésentente entre nous juste avant. Lorsque j’ai réalisé qu’elle commençait à être saoule, je l’ai ramené à la chambre. Nous avons parlé du conflit et ça s’est réglé. Je pense qu’elle ne voulait pas vraiment se rendre aussi pompette, elle n’a pas réalisé sur le coup que c’était trop. » Il me regarde longtemps. « Ok, mais tu ne l’as pas empêché de boire. » Je ne suis pas sur de comprendre où il veut vraiment en venir. « Je ne vois pas pourquoi j’aurais du. Je lui ai acheté des verres à sa volonté même. » Il me regarde comme si je venais d’insulter Anna. « Tu as… » Il ne termine pas sa phrase. Se contentant de grogner et de soupirer ensuite. « Je l’ai gardé à l’œil. Comme je te dis, je ne l’ai pas laissé saoule en public. » Il secoue la tête négativement. Il semble découragé. « Je ne suis pas toi, Brendon. » Nouveau regard outré. Il finit par caler le fond de son verre et de venir poser sa main sur mon épaule. « Je sais que tu n’es pas moi. Je ne te demande pas de l’être. Juste de… fais plus attention à l’avenir. Lexie est importante. » Il ne me laisse pas répondre. Il sort de la chambre et je le suis sans hésitation. Il a besoin que sa meilleure amie s’éloigne un peu de lui, visiblement. Le compagnon d’Anna a toutefois du mal avec l’idée de lâcher prise et je ne lui en veux pas pour ça. J’ai compris avant même de le connaître personnellement que ça serait difficile. « Bon les filles, nous on se prend un deuxième verre ! » Affirme Brendon en se faufilant derrière la chaise de Lexie pour attraper la bouteille de champagne. Il remplit son verre. Puis, je lui tends le mien pour un refile. Il me pointe en déposant la bouteille sur le comptoir. « Oh, je dois te montrer la terrasse ! » Il affirme en souriant. Je le laisse donc me guider. Nous sortons à l’extérieur. Une fois dehors, je regarde sérieusement la terrasse, trouvant le tout spacieux. Il me conduit à deux chaises où il m’invite à prendre place. Je ne refuse pas. « Ça fait quoi de conduire une voiture de course ? » Il me demande avec un regard rêveur presque. Je souris. « C’est exactement comme tu te l’imagines, mais avec plus de virages et de freinages. » Il sourit très grand. Je bois en même temps que lui. « C’est cool d’avoir offert cette chance à Lexie. » Je hoche de la tête pour appuyer mon émotion, souriant à mon tour. « Il n’y a personne d’autre que j’aurais invité. » Il me dévisage un moment, me faisant froncer des sourcils. Il boit, délaisse son verre en ricanant puis vient me taper dans le dos. « Tu es amoureux, mon vieux. » L’affirmation le fait rire encore plus fort. « Oh Seigneur, c’est la première fois que ça se voit. » C’est à mon tour de le dévisager. Voyant mon interrogation, il finit par m’éclairer. « Tes yeux. Ils sont brillants. C’est la première fois que je les vois comme ça. Et je connais cette étincelle-là, crois-moi. » Il me tape à nouveau amicalement sur les omoplates. Je demeure silencieux. C’est la première fois également qu’on me dit que j’ai l’air amoureux. Je finis par sourire une seconde, Brendon gardant son bras sur mes épaules. Il rit en voyant que je demeure muet. Il me secoue un peu. « Ne fait pas cette tête. C’est bien ce qui t’arrive. Vraiment. » Je pouffe de rire. Il me sourit comme il l’a fait en me voyant arrivée tout à l’heure. Comment cet homme fait pour passer d’une émotion à l’autre aussi rapidement ? Il est plus imprévisible que moi sur un ring. « Je sais. » J’avoue finalement en le regardant. Il sourit plus grand encore.

Brendy devient silencieux à mon aveu sur l’abus d’alcool de cette nuit. Je soupire, doucement. Je savais que cette annonce pouvait avoir cet effet là sur lui, honnêtement. Cependant, j’étais loin d’imaginer qu’il regarderait Drake comme si cela était de sa faute. Car ce n’est pas le cas. Enfin, en partie oui puisque c’est une réaction de sa part qui m’a encouragée à boire plus d’alcool mais, ce n’est pas lui qui a tenu les verres pendant que je les enfilais à la suite. Quant au fait qu’il les payait, cela ne compte pas d’avantage dans la balance de sa responsabilité. Il aurait put tout autant ne pas débourser un dollars en alcool que j’aurais été me les offrir toute seule. De ce fait, je refuse qu’il rejette la faute sur le dos du boxeur. Je suis la seule à blâmer dans cette histoire, et je compte bien l’en informer ultérieurement. Pour le moment, le plus important est la surprise que nous a préparée Lana avec L’aide de sa tante Anna. Je trouve ça autant adorable que drôle. Drake et moi ne sommes pas très beaux en gâteau, je dois l’avouer. Toutefois, je ne le mentionne pas à ma fille. C’est déjà très bien ce qu’elle a préparé, rien que pour nous. Je l’en remercie en la serrant dans mes bras. Drake semble également apprécié le geste. Lana sautille de bonheur sous le sourire attentionné d’Anna ainsi que le mien. Le boxeur s’enquiert de savoir où l’Italienne tient sa recette. Elle lui répond aussitôt, charmante.

_ De ma tante, Silvia. Je l’aidais à en préparer à chaque noël. C’est d’ailleurs elle qui m’a offert les emportes pièces la dernière fois que je suis allée la voir à Palerme.

C’est une jolie tradition, je trouve. Je devrais peut-être instaurer ce genre de petites choses avec Lana. Elle semble avoir apprécier ce moment en cuisine avec Anna. De plus, des instants mère/fille ça peut toujours compenser mes absences dans sa vie pour le travail. Sentiment de culpabilité sous-jacent. Non. Avant ma prise de conscience, la première nuit à Invercargill, j’aurais surement dit oui sans hésiter. Depuis, je sens que j’ai comme fait la paix avec moi-même. Que j’ai appris à faire une place autant à la mère qu’à la lionne. Que la cage n’est plus verrouillée. J’en suis sortie pour y entrer à nouveau, sereinement. Je ne reviens pas sur le fait que j’ai réellement appréciée d’être seule avec Drake, à l’autre bout du pays. Je dis juste que j’apprécie tout autant réellement d’être de retour dans ma famille. Bref. Ma démarche de vouloir instaurer une activité avec le fruit de ma chair est sincère. Drake fait rencontrer la tête de son sablé a celle de mon sablé. Il est temps de goûter ces derniers, à ce que je comprends. Je croque un morceau, simultanément à Drake, en prenant soin de ne pas laisser tomber de miette. Hmmm. Il est excellent. Le boxeur m’ôte les mots de la bouche.

_ Je confirme, un délice.

Lana rit aux éclats, fière d’elle. Anna, quant à elle, son regard brille d’une étincelle de bonheur. Elle est contente de voir ma fille aussi heureuse d’avoir su satisfaire nos palais. Je lui offre un sourire reconnaissant, en retour. Je ne la remercierais jamais assez de s’occuper aussi bien de ma tête blonde. Vient le moment de prendre place à table. Brendy ne desserre toujours pas les dents, tandis qu’il remplit les coupes de Champagne et de mousseux fruité. Cela m’embête de le voir dans cet état. Je ne voulais pas le contrarier, loin de là. Je cherche une forme d’aide auprès de sa compagne qui propose qu’on lève un toast au nom de Drake, pour sa belle victoire. Nos verres s’entrechoquent, y compris celui de Lana. C’est un plaisir pour elle de faire comme les grands, et je bois ma gorgée en l’admirant. Tous assis à table, nous commençons à discuter ensemble. L’ambiance est agréable, au delà du silence tenace de Brendy. J’essaye d’en faire fie quand Anna me parle de mes tenues de gala. Je lui assure que je les porterais au moins une fois en sa présence pour qu’elle puisse mieux les voir qu’en photo. Soudainement, les hommes nous abandonnent. Cela provoque un silence entre nous deux. Nous les observons quittant la cuisine, intriguées. Lorsque leurs pas résonnent dans les escaliers, je me permets de lui demander.

_ Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant à l’étage ?
_ En dehors de la chambre qui va subir des rénovations pour en devenir deux pour les jumeaux, rien. Me confit t’elle, amusée.
_ Ah, vous ne déménagez pas finalement ?
_ Non. Nous aimons trop cette maison pour la quitter alors nous sommes tombés d’accord pour cette alternative.
_ C’est une bonne décision.

Je confirme, charmante. Après tout, pourquoi s’embêter à chercher ailleurs quand il existe une alternative, on se le demande.

_ Oui. Tiens, en parlant de décision, Brendon et moi avons enfin choisit des prénoms aux bébés.
_ Sérieux ? Je m’enquiers ravie alors qu’elle hoche de la tête en riant. _ Dis-moi !
_ Tu es certaine que tu ne préfères pas laisser le plaisir à Brendon de te les annoncer ? S’assure t’elle, amusée.
_ Brendy il montre une chambre bientôt en travaux à Drake. Je réponds en riant _ Il n’avait qu’à pas sortir de table.

C’est de l’humour, bien évidemment. Mon meilleur ami est libre de faire ce que bon lui semble.

_ Bien. Commence t’elle, le regard brillant de bonheur. _ Rory et Tom pour des garçons ; Amelia et Olivia pour des filles.
_ Owww. C’est trop mignon mais… je marque une pause _ Pourquoi Olivia ?
_ Tu n’aimes pas ? S’étonne t’elle. _ C’est pourtant adorable.
_ Pas vraiment, non. Je suis étonnée que Brendy l’ait suggéré en sachant que je n’aime pas mon second prénom.
_ C’est ton second prénom ? Elle écarquille les yeux.
_ Tu l’ignorais ?
_ Oui. Brendon l’a proposé en tout dernier, quand il était épuisé. Je pensais que ça lui été venu par hasard.

Elle semble contrariée. Je grimace. Ce n’était pas ce que je voulais en disant cela. Je pose immédiatement ma main sur la sienne pour lui assurer, doucement.

_ Hey Anna, ce n’est pas grave. J’aimerais ma filleule qu’importe qu’elle s’appelle Olivia ou non. Alors, ne te fais pas de soucie avec ça. Vos prénoms sont parfaits. Elle retrouve le sourire. Moi aussi. _ D’ailleurs, vous leur avez trouvé un parrain ?

Ma question reste sans réponse à cause du retour des hommes. Ils viennent se resservir en alcool. Lorsque c’est fait, ils repartent en direction de la terrasse. Lana les suit en courant pour aller jouer dans le jardin. Je rie un peu.

_ Lana adore le hamac. Me confit Anna, amusée.
_Je n’en doute pas, ça doit être comme une balançoire pour elle.

Nous éclatons de rire avant de boire une gorgée de notre mousseux. Il est délicieux. J’observe la bouteille pour retenir la marque qu’à choisit mon meilleur ami. Sait t’on jamais, à l’occasion.

_ Alors, vous deux ? Vous en êtes où ? Me demande soudainement Anna, malicieuse.
_ Nulle part. Je mens, en riant.
_ Arrête Lexie. Tu ne me feras pas croire que ces quatre jours en tête à tête avec Liam n’ont menés à rien.
_ Liam ? Depuis quand tu l’appelles comme ça ? Je l’interroge, en riant.
_ Ne change pas de sujet, Lexie. Réponds t’elle, hilare également.
_ Bon d’accord. Je soupire, souriante. _ Je crois que cette nuit il m’a dit qu’il m’aime.
_ Vraiment ? Mais c’est formidable ! S’extasie t’elle. _ Et toi, tu lui as dit que tu l’aimes aussi ?
_ Non attends ne t’emballe pas Anna. Je n’en suis pas très certaine. Dis-je en levant les mains pour la calmer, sérieusement. Elle fronce les sourcils.
_ Comment ça ?
_ Hé bien j’étais bourrée hier soir et… enfin ce passage est encore un peu flou. Elle acquiesce, passablement déçu.
_ Et toi ? Est-ce que tu l’aimes ?

Je jette un regard en direction de Drake, à l’extérieur, puis j’acquiesce en souriant. Elle sourie de toutes ces dents, heureuse pour moi.

_ Dieu merci, tu as enfin ôté tes œillères. J’éclate de rire. _ Allez viens, on va rejoindre ces messieurs.

Elle se lève puis me prends la main. Je la suis sans résistance jusqu’à la terrasse. Je n’ai pas le sentiment qu’on interrompe une conversation, ce qui me rassure. Anna rejoint les bras accueillant de Brendy. J’aimerais en faire autant avec le boxeur mais… Non. Cela serait déplacé.

_ Cela vous tente un barbecue pour le souper ? Nous propose tout d’un coup Anna, charmante. _ J’ai préparée la viande ce midi, en prévision. On pourrait la déguster ensemble sur cette terrasse. Qu’en dites-vous ?

Lana est emballée par l’idée. Elle sautille dans tout les sens en exprimant sa joie. Je ne me vois pas décliner l’invitation dans ces circonstances. Surtout que je n’ai pas l’envie d’être trop vite seule à mon loft. J’accepte donc en riant tandis qu’elle s’approche déjà de Drake pour lui demander, main dans la sienne.

_ Tu veux bien manger avec nous, Drake ?

Elle attend un oui, tout comme moi. Je retiens mon souffle, en le regardant. Je n’en laisse rien paraître puisque je lui sourie, doucement. Je saurais accepter un refus de sa part, comme Anna et Brendy. Mais Lana, par contre, je ne sais pas.

J’observe Lana qui s’amuse à se balancer sur un hamac au loin. Je viens de remarquer sa présence. Elle nous a suivis au moment de quitter la cuisine pour la terrasse. Je l’ai pourtant remarqué au moment où Brendon a refermé la porte derrière lui. Juste que comme la petite n’est pas venue nous déranger, je pense que je me suis laissé distraire par la conversation. Mais à présent que plus un mot n’est dit, je peux facilement me remémorer ce genre de détails. Je laisse Brendon me taper ultimement dans le dos lorsque la porte coulissante glisse derrière nous. Anna vient rejoindre son compagnon qui l’accueille dans ses bras avec un soupire de bonheur. Il vient même poser un baiser sur la tempe de la femme enceinte alors que j’observe Lana qui se rapproche de nous en gambadant. C’est son anniversaire bientôt. Cinq ans, c’est un bel âge. Le premier quart de la vingtaine. Je suis sur que pour Lexie sa petite est encore un bébé. Le temps passe si vite lorsqu’on s’attarde aux choses qu’on aime. Je tourne la tête vers le couple enlacé lorsqu’Anna propose un barbecue. Son sourire est agréable à regarder. Cela lui ferait plaisir de me recevoir, visiblement. Quant à Brendon, il m’observe encore avec ce regard un peu victorieux d’avoir découvert que je pouvais ressentir de l’amour pour sa meilleure amie. Il finit par me faire sourire moi-même assez grand avec ses yeux d’homme-enfant. Lana est celle qui m’invite réellement. Elle se saisit de ma main avec la sienne, la faisant s’élever de bas en haut alors qu’elle sautille encore légèrement. Je vois dans son regard beaucoup trop d’attente. Heureusement, je n’ai jamais eu dans l’intention de la décevoir. « Pourquoi pas. » Je réponds en regardant tout le monde un par un, terminant par Lexie dans mon dos. Lana est très heureuse de cette nouvelle et me tire de sa force minuscule. Je ne lui résiste pas, me levant pour la suivre. Elle me conduit près du hamac en commençant à me raconter ce qu’elle a fait d’autre en l’absence de sa mère. Elle parle régulièrement de sa « tante » Anna. Elle voit cette femme un peu comme sa seconde mère, comme bien plus qu’une simple gardienne. Du coin de l’œil, je vois Brendon tendre une main vers Lexie et la faire assoir là où j’étais précédemment. Il l’embrasse elle aussi sur la tempe et passe son bras disponible autour d’elle. Il se retrouve donc entouré de deux femmes qui le serrent. Je me retiens de rire à cette vision. La petite me tire encore pour que je me penche vers elle. J’obtempère en rapportant mon attention sur elle. Lana semble vouloir me parler dans le plus grand secret alors qu’elle se rapproche de mon oreille. « Merci de rester. Ma maman est contente quand tu es là. Moi aussi, beaucoup ! » Je la laisse s’exprimer alors qu’elle décide de s’emparer de mon bras pour en observer les tatouages. « Si tu frottes très fort est-ce que les dessins disparaissent ? » Je viens m’assoir carrément sur le gazon et je laisse la petite s’installer sur ma cuisse alors qu’elle est toujours autant obnubilée par mon bras. « Non. Ils ne disparaîtront pas à moins que je décide de les faire partir. Je voulais qu’ils restent sur ma peau. Pour les garder en souvenir. » Je lui explique en posant naturellement ma main sur son dos pour ne pas qu’elle tombe alors qu’elle se redresse trop vite pour me regarder. « Je peux avoir une licorne, tu crois ? J’aime beaucoup les licornes. Je veux les garder en souvenir. » Je prends son souhait très au sérieux. Alors qu’un parent lui aurait dissuadé fortement de le faire, je préfère lui parler comme je parlerais à n’importe qui. « Si c’est vraiment ce que tu souhaites, alors tu pourras le faire quand tu seras une adulte. Pour le moment, tu es trop petite. Il n’y aurait pas assez de place sur ta peau pour une licorne. » Elle regarde son propre bras et le compare même avec le mien. « Tu as raison. » Elle concède, aussi sérieuse que moi. Je la laisse décider du moment où elle souhaite réintégrer les adultes. La petite demeure donc un moment silencieuse sur ma cuisse avant d’y glisser et de courir vers Lexie et les autres. Je me relève, recevant une nouvelle tape dans le dos par Brendon alors qu’il me rejoint. Il me redonne mon verre de champagne. « Ne me laisse pas boire tout seul. C’est ta victoire qu’on célèbre. » Je ris alors qu’il me refait un toast et qu’on boit simultanément tout en observant Anna et Lexie s’activer autour du barbecue. Le récent moment avec Lana m’a réchauffé le cœur, je me sens plus ouvert à la confession. « Ça m’a manqué. » Je dis en souriant quand Lexie m’observe par hasard. « Quoi ? » Il est évident qu’il est curieux de savoir ce qui me traverse l’esprit. « La vie de famille. » Je dis simplement. Alors, que je ne reçois pas de réponse, je tourne un regard interrogateur vers Brendon. Il me fixe avec une certaine tristesse. J’ouvre la bouche pour lui dire lui demander si ça va alors qu’il vient me faire une accolade subite. Je cligne des yeux sous la surprise, ne le repoussant pas pour autant. « Tu… » Je tente, pour me faire simplement taire par une nouvelle tape dans mon dos. Il me libère, hochant la tête comme pour se convaincre de ce qu’il vient de faire. Il se racle la gorge et bois le fond de son verre en évitant mon regard. « C’était bizarre, ça. » Il finit par dire en riant. Je l’accompagne, ne sachant pas quoi faire d’autre. C’est effectivement un moment étrange que nous venons de partager, mais je n’en suis pas gêné. Brendon oui, par contre. « Je pense que cette grossesse me rend trop émotif. » Il avoue. Je le regarde, content de retrouver ses prunelles expressives. « Elle te rend plus attentif aux autres, c’est bien. Tu fais les bons choix, grâce à ça. » Il change d’expression pour laisser de l’étonnement paraître sur son visage. « Donc, ce n’était pas bizarre, alors ? Je veux dire, entre nous. » Je viens à mon tour le taper dans le dos en le poussant vers les filles. « Tu t’en fait trop. » Il ne proteste pas à ce commentaire. « Je sais. » Je m’approche de Lexie. Je remarque qu’elle n’a plus ma casquette sur la tête. Elle a dut la laisser dans la voiture. Du coup, je constate que le soleil ne l’incommode plus autant que ce matin. « Tu vas mieux, on dirait. » Je lui souris, content d’être témoin de l’effet thérapeutique de ces retrouvailles avec ses amis et sa fille.

Drake accepte de rester soupé avec nous, en famille. J’expire de soulagement. Je n’aurais pas aimé non plus qu’il décline cette invitation. Je suis donc ravie qu’il ait fait le meilleur choix des deux. Vraiment. Je lui offre un sourire, sincère, avant que ma fille ne l’emmène en direction du hamac. Je les observe pendant un moment, attendrie. C’est la main que Brendy me tend qui m’invite à détourner mon attention. Sans hésiter une seconde, je m’en saisie pour prendre l’ancienne place de Drake. Ainsi proche du couple que forme mes amis, rayonnant d’amour comme de bonheur, je peux partager un semblant d’étreinte avec Brendy. Il est heureux d’être de nouveau en présence de ces femmes. Je suis heureuse, également. D’avantage quand je vois au loin ma fille être aussi proche de Drake. C’est encourageant pour la suite. Pourquoi ? Parce que cela veut dire qu’elle l’accepte dans notre famille, qu’il est le bienvenu. C’est important à mes yeux.

_ Ils ont l’air de bien s’entendre, tout les deux. Déclare Anna, doucement, faisant ainsi écho à mes pensées.

J’acquiesce souriante, rêveuse. Cela la fait rire doucement. Je l’entends murmurer quelque chose à Brendy avant de quitter le confort de ces bras. Je les observe, intrigué. Ils ont ce même sourire victorieux aux lèvres. C’est… perturbant. Toutefois, pas le temps de leur demander ce qu’il manigance, que la future maman m’invite déjà à venir l’aider pour le repas de ce soir. J’accepte en me levant de la chaise, puis la suit en cuisine où elle sort de son réfrigérateur un plateau de légume coupée en rondelles. Je prend place au comptoir avec elle pour les piquer aux brochettes avec la viande qu’elle a fait marinée dans différentes sauces. J’ai la tentation de lui demander ce qu’elle a confiée à Brendy dans le creux de l’oreille, il y a quelques minutes. Toutefois, je n’en fais rien. Pour quel motif ? La volonté de ne pas découvrir les aspects intimes de leur relation. Je sais qu’Anna a une libido exacerbée depuis quelques temps alors, il est préférable de ne pas tenter le Diable. Je ne voudrais pas trop en savoir sur la vie sexuelle de mon frère de cœur.

_ Au faite, dis-je pour mettre un terme au silence qui s’est installé entre nous, tu ne m’as pas répondu tout à l’heure au sujet du parrain. Vous en avez trouvés un ?
_ Pas encore, non. Me déclare Anna, concentrée sur ces brochettes. _ Mais je commence à avoir une petite idée à qui j’aimerais confié ce rôle.
_ Ah oui ? C’est une excellente nouvelle. _ Je peux savoir de qui il s’agit ?

Elle me sourie, amusée. Je n’obtiendrais pas la réponse, apparemment. Du moins, je n’imagine pas avant que Brendy et elle se soient mit d’accord à ce propos. Ce que je trouve normal. Je n’insiste donc pas, au contraire. Je clos la conversation en lui demandant.

_ Tu as prévue quoi pour Lana ?
_ Saucisses à hot-dog, deux.
_ C’est parfait.

Lana raffole de ça. Je me lève de mon tabouret pour passer mes mains sous l’eau tiède. Ensuite, je lui cède la place pour sortir le plateau de légumes à griller que je pose à côté du barbecue. Je croise brièvement le regard Drake en me retournant. Spontanément, je lui offre un sourire, avant d’être distraite par Anna qui me parle de ce qu’elle a prévu en accompagnement. Elle a prévu large, selon moi. Néanmoins, je ne lui en fais pas la remarque. Cela serait gâcher son plaisir de pouvoir enfin faire ce souper dont Brendy m’a parlé, et qu’elle avait suggéré il y a quelques semaines de cela. Lana est de retour parmi nous. Elle propose son aide pour mettre la table. Anna accepte immédiatement, ce qui l’encourage à courir en direction de la cuisine pour récupérer les ustensiles que sa tante lui confira. Je l’observe en riant lorsque Drake se trouve à côté de moi, tout d’un coup. Je lui sourie, à nouveau. J’apprécie qu’il s’attarde à mon bien-être physique. Je trouve ça… adorable.

_ Oui, je vais beaucoup mieux. Je lui confirme doucement, en hochant légèrement de la tête. _ Tout ce passe bien ? Tu passes un bon moment en notre compagnie ?

Mon intérêt pour sa réponse n’est pas feint. Je désire réellement savoir si notre petite famille lui est agréable. Après tout, si les choses deviennent sérieuses entre nous, il est plus qu’envisageable qu’il l’a fréquente plus souvent. De ce fait, j’estime important de savoir s’il s’y sent à son aise. Je rectifierais le tir si cela n’est pas le cas mais, de ce que j’ai pu apercevoir avec Brendy, il me semble que nous sommes sur la bonne voie. Notre micro-conversation est interrompue lorsqu’Anna nous invite à prendre place à table. Lana est toute contente d’avoir tout installé comme une grande. Je la prends dans mes bras pour l’en féliciter, sincèrement.

_ Je peux être assise à côté de Drake ? Me demande t’elle alors que j’allais justement m’installer à côté de lui.
_ Oui, tu peux.

Je lui affirme, charmante. Je ne vais pas me battre avec une enfant de presque cinq ans pour ça, tout de même. (Rires) Je la dépose sur la chaise, puis rejoins celle d’en face. Le champagne a été remplacé par la bière pour les hommes et un cocktail de fruits pour les femmes. C’est Brendy qui l’a préparé, aux dires de l’Italienne. Je le goûte avec plaisir après un nouveau toast en l’honneur de ce premier souper tous ensemble. Les futurs parents sont véritablement fiers de cette terrasse. Elle réserve d’ailleurs quelques surprises comme ces baffles intégrés, bluetooth, diffusant la musique de la chaine-hifi se trouvant dans le salon. La playlist y est très variés. On entend autant des musiques des années 80/90, que de maintenant. Je sors de table lorsque j’estime qu’il est temps pour Lana de prendre son bain. Je m’en excuse, puis m’absente avec elle une bonne demi-heure. Lorsque nous revenons, elle est vêtue de son pyjama reine des neiges. Elle fait un mini défilé pour le montrer à tous. Oui. Son parrain et sa tante l’ont déjà vu mais, ils ont droit à la même présentation que Drake qui le découvre. J’aide Anna à débarrasser les apéritifs. Il est temps de passer au plat de résistance. Je ramène à table les plats de salades composés et l’un des plateaux de viandes. Une fois qu’elles seront cuites, nous pourrons déguster ce festin qui me donne l’eau à la bouche.

Il m’est désormais totalement naturel de me trouver en compagnie de Lexie. Je réalise que c’est également le cas pour chaque membre de sa famille, que je connais chacun individuellement, même si ce n’est que brièvement. Je me sens inclus, intégré à eux. Pourtant, je n’ai jamais exprimé le désir de me joindre à leur groupe soudé. Tout s’est passé sans que j’aie à intervenir. Ce qui est un changement. Pour une fois, tout s’est fait dans une parfaite fluidité et j’ai l’impression que c’est pour cela que je n’ai aucun problème à être en compagnie de ces gens. Lexie me confirme qu’elle va beaucoup mieux. Elle s’enquit pour ma part, si je passe un bon moment en leur compagnie. Brendon est juste à côté, il tourne la tête au moment où moi je le regarde. Je sais bien qu’il nous espionne. Il va falloir faire sous peu cette sortie au restaurant juste moi et lui pour qu’il apprenne à baisser complètement sa garde en ma présence. Il me fait confiance, mais pas encore entièrement. Ça ne saurait tarder puisqu’après notre voyage, je ne compte pas rester longtemps loin d’eux. Je retourne à Lexie lorsqu’il remarque que je l’ai vu, fait des gros yeux coupables et se détourne vers Anna. Je secoue la tête de gauche à droite en souriant. « Moi ça va. Je passe un très bon moment. » Je lui réponds enfin. Anna attire notre attention. Nous sommes conviés à table. Lana est placée ma droite et en face se trouve Lexie. J’ai Brendon qui prend l’autre place disponible à ma gauche. Il me donne un grand verre de bière que je déguste après un nouveau toast. La petite ne semble pas appréciée de me voir boire le liquide ambré. Il est vrai qu’elle n’a pas l’habitude d’observer sa mère boire ce genre de chose. Nous papotons tout en écoutant la musique qui est diffusé autour de nous. Comme j’en ai l’habitude, je me mets occasionnellement à chanter. On m’accompagne quelque fois, surtout Brendon et son amie. L’homme à ma gauche aime bien capturer mon attention en se penchant pour me dire bien souvent des choses ridicules afin de me faire craquer et rire. Il aime divertir les gens, mais sans en faire trop. C’est ce qui est bien chez lui. Il se soucie vraiment de son prochain. Lorsque Lana doit aller prendre son bain, elle et sa mère doivent nous quitter quelques temps. Je me retrouve avec les futurs parents qui me demandent comment j’ai trouvé mon séjour avec Lexie, si nous avons fait des activités spéciales. Je promets à Brendon de lui envoyé quelques photos que j’ai reçues du circuit via mon ordinateur dans mes bagages. Il y en a même une de moi et Lexie prise après notre victoire. La conversation tombe dans le sujet bébé naturellement, alors que je remarque la main d’Anna sur son ventre. « Tu veux des enfants un jour, Drake ? » Me demande d’un coup Brendon avant de finir sa bière. Je les regarde tous les deux. « Je peux, mais je ne préfère pas. » Je réponds en n’évitant pas leur regard pour être honnête avec eux. « Pourquoi, quelque chose ne va pas ? » Insiste l’autre homme. Venant de n’importe qui d’autre ça aurait passé pour de l’indiscrétion. Mais chez lui, c’est de la réelle inquiétude. Je réponds donc pour le rassurer. « Moi tout va bien. C’est l’enfant qui pourrait naître de moi qui a une chance sur quatre de ne pas l’être. » Je vis bien avec ce fait. On le remarque dans ma voix. Le truc c’est que cela crée un malaise malgré tout, forcément. Lana et son défilé de mode nous permettent d’éviter qu’il dure. Lorsque Lexie revient, nous entamons un nouveau sujet sans reparler du précédent. La cuisson des brochettes et des saucisses est terminée. Anna est en train de servir des assiettes avec l’aide de son compagnon alors que Lexie s’occupent des accompagnements. Ils forment une équipe efficace, je dois dire. En un rien de temps, tout le monde est servi et déguste son repas. Une fois de plus la nourriture est exquise. Brendon me ramène un second verre de bière simultanément au sien. J’ai l’impression qu’il adore avoir un autre homme en sa compagnie dans sa famille composée exclusivement de femmes. Il prend soin de moi comme si j’étais un ami de longue date. J’apprécie ses attentions, cette tendance à se tourner vers moi lors des conversations pour m’inclure ou discuter avec lui précisément d’un sujet. Il est plus divertissant que je ne le croyais. Il sait mettre de l’ambiance autour de lui, garder les gens souriants. Il m’impressionne. Alors que je regarde les autres terminer leur repas, Brendon se tourne justement vers moi. Le revers de sa main me cogne le bras subitement, alors qu’une pensée lui est venue. « Oh, je voulais te demander : Ton prochain match est bien contre Mark Nash ? » Je tourne mon attention vers lui. « Oui, le second jeudi de janvier si ma mémoire est bonne. » Il hoche la tête, enregistrant l’information. « Tu es fébrile ? Impatient ? » Je souris, prenant une nouvelle gorgée de bière. « Je connais Nash depuis des années. C’est de la routine pour nous. » Cela fait en sorte que le meilleur ami de Lexie lève un sourcil. « Les statistiques sont comment ? » Je vois de quoi il parle. Lequel de nous deux gagnent d’ordinaire contre l’autre. « Presque cinquante cinquante, avec un léger avantage pour lui. » Cette fois j’ai le droit à un bruit d’étonnement amusé de la part de Brendon. « Oh, intéressant. » En d’autres termes, le combat risque d’être serré. Anna se lève afin de commencer à débarrasser les assiettes. Je quitte ma chaise pour l’aider cette fois. Du coup, chacun décide de faire de même. Je me propose pour faire la vaisselle, ce qui m’est refusé puisque je suis un invité. Je retourne donc à la terrasse. Il fait noir désormais dehors. Je n’ai pas remarqué l’heure, mais je pense que nous allons rentrer respectivement chez nous sous peu. Lana est tranquille à côté de moi. Après avoir été autant excité depuis notre arrivée, j’ai l’impression qu’elle commence à tomber de fatigue. Pour passer le temps, elle me raconte une histoire à propos des étoiles qu’elle pointe dans le ciel d’encre. N’ayant pas de mal à apprécier son imagination débordante, je me laisse porter par son récit un peu tiré par les cheveux. Évidemment, elle trouve le moyen d’y intégrer quelques licornes au passage. C’est une belle histoire au final.

Le bien-être de Drake en notre compagnie n’est plus à douter. Il prend véritablement plaisir à partager notre table ce soir, et j’en suis plus que satisfaite. En faite, cela fait même mon bonheur pour être honnête. Le voir là, en face de moi, si complice avec l’autre homme de ma vie, c’est une source de satisfaction dans son état le plus pur. D’ailleurs, j’ai le sentiment que nous sommes parvenus au but que Brendy et moi nous étions inconsciemment fixés à notre rencontre : Former une famille complète, unie. Que le membre qu’il manquait depuis ces derniers mois nous a enfin rejoins. Du moins, le dernier membre important. Notre famille sera toujours suffisamment riche en amour pour s’ouvrir à d’autres personnes qui souhaiterait la rejoindre à l’avenir. Je pense notamment à Sophie et Jeffrey en disant cela. Ils sont la famille de Drake d’une certaine façon. Ils ont donc autant leur place parmi nous qu’il n’a la sienne, définitivement. Je sourie brièvement à cette idée, rêveuse. J’imagine les fêtes de fin d’année avec tout ce petit monde. Je me promets de suggérer cette idée au futur parent pour que nous puissions nous organiser tout ça, plus tard. Car oui, pour l’heure, c’est déjà la fin du repas. A l’unisson, nous nous levons tous pour aider Anna à débarrasser la table. Lorsque nous sommes en cuisine, Drake ce propose à faire la vaisselle. Nous refusons tous à l’unanimité, sans prendre la peine d’y réfléchir. Il est notre invité. Il quitte donc la cuisine sans plus de discussion tandis que j’y reste pour aider nos hôtes à la faire. Anna lave pendant que Brendy et moi-même essuyons. C’est l’occasion pour nous de discuter de mon séjour a Invercargill. Je n’ai pas grand-chose à raconter en dehors de la course et des galas, je me concentre donc sur ces sujets. J’exprime mon bonheur d’avoir été la passagère de Drake pour cette grande victoire, que je raconte surement mal, ainsi que d’avoir été sa partenaire de danse au cours du premier gala. On aborde naturellement ma cuite de la veille. Je me montre honnête en assurant à Brendy que j’ai bu autant de mon plein gré. Je le suis également sur le pourquoi. Drake a eu une réaction parfaitement gentleman en s’empêchant de laisser libre court à ces instincts primaux, j’aurais dû en être flatté au lieu d’être vexé. J’en ai conscience, désormais. Mon meilleur ami ne me tient pas rigueur de cette incartade. Je l’en remercie en le serrant fortement dans le creux de mes bras. L’étreinte dure longuement, sous le regard attendri de la future maman qui nettoie son plan de travail. Ces câlins m’avaient manqués, je dois l’avouer. Un coup d’œil à l’horloge m’indique qu’il est temps que nous rentrions. Lana est attendu au jardin d’enfant demain matin. Moi, c’est au bureau pour retrouver ma place d’assistante après ces quelques jours de vacances improvisés. Quant à Drake, j’imagine qu’il a également quelques obligations quoi doivent l’attendre. Enfin bref, la vie reprends son court. J’annonce donc mon souhait de quitter maintenant à mes amis, avant de rejoindre Drake et Lana sur la terrasse. Ils parlent ensemble, doucement. Je sourie attendrie à cette image. Puis, la mort dans l’âme, je me décide à les interrompre.

_ Lana ma chérie. Il est l’heure de rentrer. Elle tourne sa tête vers moi, aussitôt. _ Va faire des gros bisous à parrain et tata. Elle quitte sa chaise pour s’empresser de les rejoindre. _ N’oublie pas de les remercier pour s’être aussi bien occupé de toi.

Je lui signale avant qu’elle ne disparaisse à l’intérieur de la maison. Je vais en faire autant, cela va s’en dire. Ils n’étaient pas obligés de la garder autant de jours pour que je puisse mener ma vie de femme. En parlant de ça, je me retourne vers Drake en souriant pour lui annoncer.

_ Je vais te raccompagner chez toi.

Je crois que son logement est également dans ce quartier mais, même si cela ne serait pas le cas, cela ne me dérange pas de faire un détour en chemin pour lui. Au contraire. Chaque minute que nous pouvons encore avoir ensemble, je la saisie sans hésitation. Je regagne l’intérieur de la maison. Brendy a déposé le sac de Lana dans l’entrée. Je leurs dis au revoir en les remerciant pour avoir gardé ma fille. Nous savons que nous allons nous retrouver dès demain alors, cela va très vite. Je laisse le loisir à Drake de les saluer également avant de rejoindre ma voiture où je mets la valise de Lana sur le siège arrière. Ensuite, je contourne le véhicule pour l’aider à s’attacher dans son siège auto. Elle me réclame son doudou une fois que c’est fait. Je m’étends jusqu’au sac pour lui donner. Il y a de fortes chances qu’elle dorme sur le trajet. Ensuite, je rejoins ma place derrière le volant où je m’attache avant de démarrer le moteur. J’attends que Drake soit bien installé pour prendre la direction de chez lui. C’est lui qui me fournit l’adresse puisque, comme je lui explique très sincèrement, je n’ai pas souhaité que Brendy me la donne. C’était à lui de le faire. C’est désormais chose faite. Au bout de quelques minutes, je m’arrête devant une grande villa. Je l’obverse brièvement, impressionné. Je ne pensais pas qu’un homme seul pouvait vivre dans un endroit aussi grand mais, je ne juge pas. Avec ces moyens, il est vrai que ça serait stupide de s’enfermer dans un loft aussi exigu que peut être le mien en comparaison. Enfin bref, je me détache pour sortir du véhicule tandis qu’il récupère sa valise dans mon coffre. Je l’observe, souriante. Je me sens à nouveau comme devant l’aéroport, triste. Je n’ai pas envie qu’on se sépare, même si c’est juste pour quelques heures. Jusqu’à l’entrainement de demain soir. Tiens, en parlant de ça.

_ Je te rejoins demain soir à la salle dès que j’ai quitté le travail et déposer Lana chez Brendon et Anna.

Je l’informe aussitôt, doucement. Allez, bonne nuit. […] Lexie. Dis bonne nuit. […] LEX… Je sais ! Je sourie en ne le lâchant pas du regard. Je suis prête à prononcer ces mots mais… ils ne viennent pas. Ils restent bloqués au creux de ma gorge. Je pense qu’il vaut mieux que se soit  Drake qui les dit en premier. Après ça ira beaucoup mieux.

Je relève la tête lorsque Lexie nous rejoins. Il est temps de rentrer. Elle demande donc à la petite d’aller embrasser et remercier Anna et Brendon. Il va falloir que je fasse de même. Ils ont été de si bons hôtes après tout. Lexie va donc me ramener, ce à quoi je réponds d’un simple hochement de la tête. Ma valise est encore dans le coffre de sa voiture, je me doutais donc de ce fait. Je me lève et entre à l’intérieur. Au moment des aux revoir, je commence par Anna que je prends dans mes bras et embrasse sur les joues. Je me permets de la remercier personnellement pour le repas. Cela l’enchante que j’ai autant apprécié de manger en leur compagnie. Je me dirige ensuite vers Brendon. Il n’hésite pas cette fois et me prend dans ses bras. Je le serre en retour. Au moment de se reculer, il garde une main sur mon épaule. « Je te texte pour les détails du souper. Vendredi prochain, ça va toujours ? » J’acquiesce et il sourit, m’offrant une ultime accolade. Nous avons brièvement discuté par message texte de cette date mais je peux lui confirmer dès à présent, ayant étrangement hâte à ce repas ensemble. C’est la même chose pour Anna, il me tarde de la revoir bientôt et de prendre des nouvelles. Cela est hors du commun pour moi. Je ne fais ça en fait qu’avec Sophie et Jeffrey désormais. Il faut croire que je me suis trouvé d’autres membres à ajouter à ma famille. Je me tourne afin d’accompagner Lexie et Lana à la voiture de la mère. Il est temps de rejoindre ma villa, qui n’est pas très loin d’ici. La blonde n’aura donc pas à faire un si grand détour. Je me retrouve à nouveau avec le rôle de passager, ce qui ne me déplait pas même si j’ai toujours apprécié d’être le conducteur. J’indique à Lexie mon adresse ainsi que les virages à faire dans le quartier pour s’y rendre. Une fois devant la villa, je sors de la voiture afin de récupérer ma propre valise directement dans le coffre qu’elle m’ouvre. Je vais la rejoindre. Un coup d’œil par la vitre me confirme que Lana nous observe silencieusement. J’hoche la tête lorsqu’elle m’annonce qu’elle sera présente demain au gym après son travail. Je souris à cette image. Sur son visage, je distingue la même expression triste qu’à l’aéroport un peu plus tôt. Je l’observe et finis par soupirer alors qu’aucun mot n’est prononcé autant d’un côté que de l’autre. « Est-ce que vous voulez entrer quelques minutes ? Pour visiter au moins. » Je dis très doucement, portant mon index à sa joue pour faire glisser une mèche rebelle derrière son oreille. Il est tard, j’en ai conscience. Sauf que nous y sommes, juste devant ma fameuse demeure. Pourquoi ne pas y entrer le temps d’un tour guidé ? Je souris très grand lorsque j’obtiens évidemment une réponse positive. Je la laisse s’occuper de détacher sa fille et de la conduire à ma suite. Pas besoin de clé pour entrer, c’est un système de reconnaissance par numéro. Je n’ai donc qu’à faire la combinaison et la porte se déverrouille. Je fais entrer les deux visiteuses. Je laisse ma valise dans l’entrée, leurs permettant de garder leurs chaussures pour le petite tour. Je les conduis donc à travers la villa, n’oubliant aucun recoin. Je précise que la cuisine est à usage de qui le veut, même chose pour la télévision ou le téléphone. Je ne suis pas un control freak qui ne permet à personne de toucher à ses choses. La seule pièce avec une restriction d’entrée est mon petit gym personnel avec jacuzzi à l’intérieur. Je dis à Lana que si elle revient, elle ne pourra y entrer qu’avec la présence d’un adulte, jamais seule. Elle comprend la consigne même si ses paupières sont lourdes à présent. Je termine par l’étage, les conduisant en dernier à une terrasse d’un second salon qui offre une vue grandiose sur l’océan et la plage au loin. Lana s’éloigne pour grimper sur l’un des divans confortables pendant que la mère et moi observons l’horizon. En nous retournant, nous trouvons donc la petite endormie à point. Je refuse de la réveiller. Je me tourne vers Lexie. « J’ai cinq chambres de libres. Je peux vous accueillir pour la nuit sans problème, tu sais. Vous êtes épuisés, toutes les deux. Je ne vais pas vous laissez partir avec les bagages en plus en pleine nuit. Je me permets de t’offrir de rester. J’ai conscience que ce n’est pas l’idéal, alors je ne t’en voudrais pas de refuser mon offre. » Je lui explique en gardant un ton de voix bas pour ne pas perturber le sommeil de sa fille.

Le silence s’installe. Drake ne prononce pas les mots que je n’arrive pas à lui dire, également. Peut-être est-ce à moi finalement de le faire en premier ? Oui. Je suis celle qui part alors... (Silence) Non. Je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à partir. Je n’arrive pas à le laisser. Du moins, je ne parviens pas à accepter l’idée que lui et moi on va de nouveau vivre chacun de notre côté, pour ce voir quelques heures par semaine. Je sais que mon comportement est complètement stupide puisque nous ne sommes pas un couple mais… (Soupir) Je ne sais pas. Je me sens affreusement confuse soudainement. Je suis mitigé entre le sentiment que mon comportement devient déplacé, et l’espoir fou que son silence est signe qu’il est dans le même état d’esprit que moi. Impossible de me positionner plus dans une émotion qu’une autre. C’est Drake qui vient inconsciemment à ma rescousse en me proposant d’entrer quelques minutes chez lui pour visiter. Comment ? En me rendant le sourire. Car bien évidemment j’accepte, sans réfléchir. Je vais même de ce pas détacher Lana pour que nous puissions regagner sa villa. Elle n’a plus la même énergie que lorsque nous avons quittés la maison de son parrain. Cependant, je lui promets que ce ne sera pas très long. Qu’une fois la visite terminée, nous rentrerons au loft où elle pourra faire un gros dodo. Est-ce que je lui offre réellement le choix d’attendre encore quelques minutes ? Non, hélas. Je l’entraîne déjà en direction de Drake qui déverrouille sa porte d’entrée à l'aide d'un digicode. C’est impressionnant. J’ignorais que ce genre de système existait pour les particuliers. Enfin, le meilleur est l’intérieur de sa demeure qui est… gigantesque. Ce n’est pas un château, c’est sur. Or à mes yeux ça l’est presque, vraiment. En faite, vous allez trouver ça surement con mais il se trouve que je ne suis jamais entrée dans une villa de ma vie. J’en ai vu en photo sur des magasines de décorations, dans des émissions de rénovations, et c’est tout. De mes propres yeux, jamais. Là, j’ai l’impression d’être Lana la première fois que nous sommes allées à Disneyland Californie. C’est magnifique. Sobre, également. Nous suivons le boxeur dans toutes les pièces, admiratives. Enfin, surtout moi puisque Lana divague de plus en plus à cause de sa fatigue plus qu’avancée. Il nous précise que sa cuisine, son salon, et son téléphone sont libres d’accès à qui veut s’en servir. Je me demande bien pourquoi il me dit ça. Du moins, brièvement puisque mon attention est vite attiré par sa salle de gym privée. Elle est restreinte à son usage personnel. D’ailleurs, il précise à Lana que si elle revient à l’avenir, elle ne peut y aller toute seule. Je suis d’accord sur le principe sauf que… Non. Rien. Je préfère ne pas réfléchir au sens de cette consigne, ni au pourquoi de son existence. Je me contente de demander à Lana si elle a bien compris, avant de la porter dans mes bras pour l’aider à monter l’étage. Il est impressionnant, lui aussi. Je dépose Lana à sa demande quand nous arrivons finalement à un second salon donnant une terrasse. La vue me captive immédiatement.

_ Waouh Drake cette vue est… magnifique. Je souffle aussitôt, ébahie. _ Je comprends mieux pourquoi tu aimais tant le balcon de l’hôtel. Je lui signifie, avec légèreté. _ Ça devait te rappeler chez toi.

Je m’apprête à demander à Lana ce qu’elle en pense, en me tournant pour la chercher, quand je la découvre endormie sur l’un des divans. Zut. Elle est bien partie pour faire sa nuit, là. Je grimace un peu, embêté. Drake me propose immédiatement de rester chez lui pour la nuit. Les arguments qu’il déclame sont on ne peut plus justes, je dois l’avouer. Les valises en plus de Lana cela va être une galère au loft ; quant aux cinq chambres dont il dispose, elles lui permettent de nous accueillir pour la nuit sans soucie. De plus, je suis réellement épuisée. Il ne serait donc pas raisonnable de reprendre la voiture dans cet état. Je réfléchie un instant. Allez, c’est décidé.

_ J’accepte. Je lui réponds sur le même ton, souriante. _ Je partirais aux aurores demain. A ces mots, je me dirige vers le sofa pour prendre ma fille dans les bras. _ Pourrais-tu... ?

Inutile que je termine ma question. Ayant les bras occupés, Drake comprend immédiatement que j’aurais besoin de son aide pour allumer la lumière de la chambre choisie. Pas d’inquiétude quant à ma tenue de nuit, je dormirais en tee-shirt/culotte ce n’est pas un soucie. Au contraire, la saison le permet amplement. Je suis le boxeur jusqu’à la première chambre d’ami. Une fois dans celle-ci, je me dirige vers le lit dont je tire le drap pour coucher Lana à l’intérieur. Ensuite, je la borde en l’embrassant sur le front avant qu’elle ne me tourne le dos. J’en fais autant, sauf que c’est pour  rejoindre Drake encore à l’entrée de la chambre.

_ Merci de l’invitation. Je lui murmure, à sa hauteur. _ Je ne sais pas si on se verra demain matin alors, dans le doute, je te le dis maintenant. Je lui sourie doucement, les yeux ancrés dans les siens. Désormais, il est réellement venu le moment de nous souhaiter une bonne nuit. Ce que je fais. _ Bon hé bien… Bonne nuit Drake. A demain.

Je l’embrasse longuement sur la joue à défaut des lèvres, puis me saisie doucement de la porte pour la fermer sur lui. Ensuite, j’écoute ces pas s’éloigner avant de me délester de mes affaires que je pose soigneusement. Sur la table de chevet pour les objets, et la chaise pour les vêtements. Une fois ceci fait, je me glisse à mon tour dans le lit lorsque la lumière est éteinte. Je reste un moment en état d’éveil, malgré les yeux clos. Ce sont la respiration régulière de mon bébé, ainsi que les légers bruits de Drake qui viennent me bercer au point de m’endormir à mon tour profondément.

Lexie accepte ma proposition et s’empare en douceur de sa fille au creux de ses bras. Je reprends mon rôle de guide afin de la conduire à l’une des chambres comprenant une salle de bain privée pour elles demain matin. J’allume la lumière à leur entrée. Je souris ensuite en voyant Lexie revenir vers moi une fois sa fille bordée. Je laisse le contact de ses lèvres avec la peau de ma joue s’éterniser. Je me rends compte que j’ai fermé les paupières après les premières secondes du baiser. Je les ouvre donc avec une soudaine fatigue. J’ancre mes prunelles dans les siennes. « Bonne nuit. » Je dis à mon tour, venant par réflexe caresser légèrement sa joue de mon pouce. Je la laisse ensuite aller se reposer avec sa fille. Je me dirige vers ma propre chambre. Je me débarrasse de mes vêtements et enfile une paire de boxeur pour la nuit. Il est bon de retrouver mon lit. Je m’y endors à peine la tête posée sur l’oreiller. Comme si souvent, je ne réalise pas le temps qu’il peut être au moment de me réveiller. Je paresse longuement dans les draps chauds avant de finalement me rouler vers la gauche et d’ouvrir les yeux pour constater l’heure. Il est onze heures. J’inspire plus grand et je grogne tout en recommençant une roulade dans l’autre sens. Je n’ai pas eu conscience du moindre mouvement dans la maison si les filles se sont levées. Ce qui est probablement le cas. Je fais un tour à ma salle de bain adjacente pour m’habiller une fois mes séries de push-up exécutées. Je vais passer ma tête dans la chambre d’amis, pour y découvrir que le lit est fait et que les bagages qu’elles auraient pu avoir montés ce matin ne sont pas présent. Je m’en doutais. Je descends à la cuisine. Tout est parfaitement en ordre. Trop ordonné. Lexie est définitivement passée par là, même si elle a rangé et nettoyé derrière elle. Un mot est présent sur le comptoir de cuisine, à mon intention. Je m’en approche et je le lis. Lexie me remercie encore une fois pour le voyage et pour mon hospitalité. Elles m’embrassent. Lexie me confirme une fois de plus sa présence au gym ce soir. Je cherche mon téléphone portable que je retrouve sur la table du salon avec mes clés. Sophie sait que je ne me suis toujours pas activé et je souris. Cette femme à une intuition qui dépasse l’entendement. Je lui réponds qu’elle a raison, ignorant son message texte retour qui peut être résumé très familièrement par : bouge ton cul. Je me saisis de mes clés et de ma musique avant de me diriger vers l’entrée. Ma valise s’y trouve toujours, sauf que je l’ignore elle aussi. Je me saisis d’une vieille casquette accrochée à un crochet et la place sur ma tête. Je sors à l’extérieur et je commence à jogger dans le quartier. Je refais même le trajet d’hier pour me rendre devant chez Brendon et Anna. La voiture de celui-ci est absente, il doit travailler. Je continue ma route, présumant que je vais déranger si je vais cogner. Je me rends assez loin à South Bay avant de commencer à revenir en sens inverse. Il est bon de reprendre l’activité physique. Je vois bien que cela a manqué autant à mon corps que mon esprit. Il est temps de mettre les bouchées doubles afin d’ajouter une nouvelle victoire contre Nash au classement.

FIN